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N°192 mars 2024<br />

Le TAS donne raison au CIO<br />

Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a rejeté l’appel du comité olympique russe (ROC), qui contestait sa suspension<br />

décidée mi-octobre par le Comité international olympique (CIO) en lien avec le conflit en Ukraine.<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

l s’agit d’une coïncidence,<br />

mais les parties ne<br />

vont pas l’appréhender<br />

de la même manière. A la<br />

veille du deuxième anniversaire<br />

de l’invasion de<br />

l’Ukraine par la Russie, le<br />

TAS a rejeté l’appel du comité<br />

olympique russe, qui<br />

contestait sa suspension décidée<br />

mi-octobre par le CIO.<br />

Le TAS estime que le CIO<br />

« n’a pas mis à mal les principes<br />

de légalité, d’égalité,<br />

de prédictibilité et de proportionnalité<br />

». Le TAS indique<br />

par ailleurs que sa décision<br />

est, à son niveau,<br />

« définitive et contraignante<br />

» mais qu’elle peut<br />

faire l’objet d’un appel dans<br />

un délai auprès du Tribunal<br />

fédéral suisse.<br />

Les athlètes épargnés<br />

Le CIO sanctionne le placement<br />

sous l’autorité de l’instance<br />

russe des organisations<br />

sportives des régions de<br />

Donetsk, Kherson,<br />

Louhansk et Zaporijjia, situées<br />

dans l’est de l’Ukraine<br />

et occupées par l’armée<br />

Sommaire<br />

russe. Le 12 octobre dernier,<br />

le CIO avait bousculé son<br />

agenda pour réagir à la « décision<br />

unilatérale » prise une<br />

semaine plus tôt par le comité<br />

olympique russe<br />

(ROC) d’annexer quatre organisations<br />

sportives ukrainiennes.<br />

D’après l’instance<br />

olympique, cette initiative<br />

russe constitue une « violation<br />

de l’intégrité territoriale<br />

du comité national<br />

olympique ukrainien », donc<br />

de la charte olympique.<br />

Cette suspension prive le<br />

Tribune<br />

JO de Munich 1972 : l’Allemagne veut connaître ses bourdes sécuritaires.....................................2<br />

Législation<br />

La « loi Abitbol » votée à l’Assemblée..................................................................................5<br />

Chronique judiciaire<br />

La fin d’un long bras de fer ...................................................................................................6<br />

Le club de Mulhouse accusé d’occuper la piscine publique « sans droit ni titre »...............7<br />

Baroud d’honneur judiciaire de la NCAA pour tenter de conserver son modèle amateur....8<br />

PRO.SPORT.FR<br />

ROC des subsides olympiques.<br />

Elle n’a en revanche<br />

aucune conséquence sur la<br />

présence d’athlètes russes et<br />

biélorusses n’ayant pas soutenu<br />

l’invasion russe de<br />

l’Ukraine, sous bannière<br />

neutre, aux JO 2024.<br />

Le ROC dénonce la décision<br />

du TAS, qualifiant cette mesure<br />

de « discrimination<br />

sans précédent » contre ses<br />

athlètes, soumis à des « critères<br />

humiliants » pour pouvoir<br />

participer aux JO 2024.<br />

Accusant le TAS d’avoir<br />

La Russie veut récupérer ses grands événements sportifs<br />

« ignoré les nombreux arguments<br />

juridiques » invoqués<br />

par la Russie, le Comité<br />

olympique russe accuse<br />

l’instance basée à Lausanne<br />

d’agir comme un « instrument<br />

politique » au service<br />

des Occidentaux. « Le<br />

Tribunal International<br />

d’Arbitrage du Sport a depuis<br />

longtemps perdu son<br />

objectivité par rapport à tout<br />

ce qui concerne la Russie,<br />

agissant comme un instrument<br />

politique plutôt que<br />

comme une institution de<br />

justice. »<br />

Pour la Russie, tout est normal. La ville de Kazan, initialement choisie comme hôte des Championnats<br />

du monde de natation en 2025 (délocalisés à Singapour, ndlr), avant le déclenchement du conflit en<br />

Ukraine, veut récupérer l’événement pour 2031. Le ministre des sports de la république russe du<br />

Tatarstan, Vladimir Leonov, l’explique à l’agence TASS, assurant que l’instance mondiale de la<br />

natation, World Aquatics, n’a pas rayé définitivement Kazan de ses projets. « Notre championnat n’a<br />

pas été annulé, mais reporté, selon Vladimir Leonov. La fédération internationale a déjà pris la<br />

décision d’organiser les championnats du monde de 2027 à Budapest, puis les suivants à Pékin en 2029.<br />

Mais nous sommes en discussion pour organiser l’événement en 2031. » La Russie est tellement sûre<br />

d’elle, que Kazan ambitionne également de recevoir l’organisation des Championnats d’Europe 2028.<br />

A en croire Vladimir Leonov, la ville de Kazan a déjà abordé le sujet avec Antonio Jose Silva, le<br />

président portugais de la Ligue européenne de natation (LEN). « Kazan devait accueillir les<br />

championnats d’Europe l’été prochain, mais ils ont été déplacés à Belgrade, a expliqué Vladimir<br />

Leonov. Nous avons maintenant une proposition pour accueillir l’événement en 2028. Les négociations<br />

vont se poursuivre après les Jeux du Futur. Nous ne renonçons pas à l’idée. La LEN nous a envoyé une<br />

lettre officielle contenant des propositions précises. » Après Belgrade cette année, les championnats<br />

d’Europe toutes disciplines se tiendront en 2026 à Paris. On imagine déjà le passage de témoin…<br />

L’Officiel juridique du sport<br />

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rédaction : David Tomaszek<br />

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Tribune<br />

N°192 La Lettre de l’Officiel juridique du sport mars 2024<br />

JO de Munich 1972 : l’Allemagne veut connaître<br />

ses bourdes sécuritaires<br />

Du 5 au 6 septembre 1972, le Jeux olympiques d'été de Munich ont tourné au cauchemar. Si la prise d'otages a coûté<br />

la vie à onze athlètes et accompagnateurs israéliens, cinq terroristes (les trois restants ayant été capturés) ainsi qu’à un<br />

policier bavarois, les bourdes multiples ont entaché une organisation jusqu’alors très appréciée par les visiteurs. Si les<br />

tueries ne peuvent pas lui être imputées, l’Allemagne continue cependant de faire face à des griefs venant surtout du<br />

côté israélien, raison pour laquelle la ministre de l’Intérieur fédérale, Nancy Faeser, a nommé une commission<br />

internationale d’historiens chargés de faire connaître la nature des bourdes commises (1).Désormais huit chercheurs<br />

d’universités allemandes, israéliennes, britanniques et américaines (2) se penchent sur le dossier qui présente un intérêt<br />

évident à tout organisateur des JO, présents ou à venir.<br />

Par Jacob Kornbeck, Bruxelles<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

e massacre continue<br />

de peser lourd sur<br />

l’Allemagne et la<br />

Bavière, alors que les<br />

XXème JO d’été de Munich<br />

(26 août – 11 septembre<br />

1972) avaient tout pour séduire.<br />

Les organisateurs volontaristes<br />

avaient choisi de<br />

rénover l’image d’une ville<br />

trop liée à l’émergence du<br />

nazisme (tout en la dotant<br />

d’un système de métro et de<br />

RER – U-Bahn et S-Bahn –<br />

aujourd’hui particulièrement<br />

performant). Pour ce faire, ils<br />

ont adopté une identité visuelle<br />

– la première dans<br />

l’histoire de Jeux – évitant le<br />

rouge et noir (couleurs associées<br />

aux JO nazis de 1936).<br />

Le designer et graphiste Otl<br />

Aicher (1922–1991) conçoit<br />

un schéma incluant le bleu<br />

ciel, le jaune, l’orange, l’argent<br />

le vert clair pour évoquer<br />

une journée d’été bavaroise<br />

(3). Schéma que son<br />

confrère français André<br />

Courrèges traduit en langage<br />

textile, avec des Dirndl<br />

(robes paysannes traditionnelles<br />

bavaroises) pour les<br />

hôtesses ainsi que d’autres<br />

vêtements pour les autres<br />

métiers des Jeux ; sa collection<br />

JO donnera des impulsions<br />

importantes notamment<br />

à la mode masculine<br />

(4).<br />

Des policiers non armés<br />

Quant à la sécurité, on en faisait<br />

le moins possible – non<br />

armés, de vrais fonctionnaires<br />

de police « volontaires<br />

» vêtus d’uniformes alternatifs<br />

bleu ciel et de casquettes<br />

blanches servaient<br />

comme gardiens de la paix –<br />

à la satisfaction expresse des<br />

visiteurs (israéliens aussi) –<br />

jusqu’au massacre bien entendu.<br />

Lui qui a tout changé<br />

et qui a nourri des œuvres de<br />

fiction telles le film<br />

« Munich » de Steven<br />

Spielberg racontant l’histoire<br />

d’une équipe d’agents du<br />

Mossad chargée de traquer et<br />

d’assassiner quelques responsables<br />

de cet attentat.<br />

Comme le souligne Sven<br />

Kellerhoff (5), auteur d’un<br />

ouvrage particulièrement<br />

érudit, empiriquement robuste<br />

et circonspect, jusqu’au<br />

11 septembre 2001,<br />

l’attentat de Munich allait<br />

demeurer le plus sanglant et<br />

le plus médiatisé aux yeux<br />

d’un public mondialisé (6).<br />

Pour l’Allemagne et la<br />

Bavière – acteur principal,<br />

fédéralisme oblige – les invectives<br />

incessantes gênent à<br />

la longue (7). Cependant,<br />

l’investigation menée par<br />

Kellerhoff dans plusieurs archives,<br />

puisant dans de<br />

riches fonds dont plusieurs<br />

inédits, montre plus de<br />

bourdes involontaires que de<br />

complaisance. Les quelque<br />

4000 journalistes venus du<br />

monde entier ont été reçus<br />

dans un centre de retransmission<br />

qui était alors mondialement<br />

le plus avancé, d’où ils<br />

ont diffusé des informations<br />

sensibles en flagrante violation<br />

des instructions reçues<br />

de la police. À son insu, le<br />

porte-parole du gouvernement<br />

fédéral, Conrad Ahlers,<br />

a osé caractériser l’opération<br />

policière de grand succès (8),<br />

ce qui a rendu plus choquante<br />

la vérité lorsqu’elle a<br />

finalement été publiée, le<br />

lendemain du carnage sur<br />

l’aéroport militaire de<br />

Fürstenfeldbruck. En même<br />

temps, des personnages de<br />

premier plan ont fait preuve<br />

de courage : Hans Dietrich<br />

Genscher, ministre fédéral de<br />

l’Intérieur, en se rendant personnel<br />

chez les terroristes<br />

pour négocier avec eux sans<br />

gardiens du corps ; et Peter<br />

Brandt, fils du chancelier<br />

Willy Brandt, en s’offrant<br />

comme otage de substitution<br />

(offre refusée par son père).<br />

Or, qui veut faire connaître la<br />

vérité historique – plus bordélique<br />

que noire-et-blanche<br />

– doit faire face aux idées reçues<br />

d’un public (surtout israélien)<br />

informé par des<br />

sources pas toujours très<br />

fiables. Citons par exemple<br />

le journaliste français Serge<br />

Groussard dont le livre<br />

Médaille de sang (9) a connu<br />

un succès commercial immédiat.<br />

Publié moins d’un an<br />

après les événements, puis<br />

traduit sur le tas (10), il s’agit<br />

cependant d’un reportage entaché<br />

d’éléments narratifs<br />

non historiques : un « roman<br />

factuel fortement fictionnalisé<br />

», selon Kellerhoff (11).<br />

Ce dernier, par contre, s’est<br />

penché sur des documents<br />

internes peu biaisés – notes<br />

prises par les responsables<br />

opérationnelles, protocoles<br />

de réunions, etc. – dont les<br />

auteurs n’étaient pas motivés<br />

par un souci de justifier leurs<br />

actions mais plutôt d’appuyer<br />

les opérations en<br />

cours. Kellerhoff – à la fois<br />

journaliste employé par le<br />

quotidien Die Welt et historien<br />

publiant des ouvrages<br />

Jacob Kornbeck est fonctionnaire européen. Il enseigne à l'Université allemande du Sport de Cologne<br />

(management du sport) ainsi qu’à l’Université de Lille (droit du sport). Les opinions exprimées sont<br />

strictement personnelles et ne sauraient aucunement engager les institutions de l'Union européenne.<br />

2


Tribune<br />

N°192 La Lettre de l’Officiel juridique du sport mars 2024<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

solides pour son propre<br />

compte – relate donc les événements<br />

de la journée et de la<br />

nuit heure par heure, parfois<br />

minute par minute, jusqu’au<br />

moment où les terroristes et<br />

leurs otages arrivent sur l’aéroport<br />

militaire prêts pour<br />

s’embarquer dans un avion<br />

Lufthansa. Bourde colossale,<br />

le faux équipage de bord<br />

composé de policiers n’ayant<br />

pu eu le temps d’enfiler correctement<br />

leurs uniformes<br />

bleus, un faux hôte<br />

Lufthansa porte encore un<br />

pantalon en velours brun –<br />

très années 70 en effet – sous<br />

son blazer bleu (12). Les terroristes<br />

refusent alors de<br />

s’embarquer et le carnage<br />

peut commencer.<br />

Avant ce moment tragique,<br />

cependant, les organisateurs<br />

ont littéralement enchaîné les<br />

bourdes de manière aussi insensée<br />

qu’inutile. Si la policière<br />

Annelies Graes a fait<br />

preuve d’autant de professionnalisme<br />

que de courage<br />

en assurant les communications<br />

avec « Issa », le leader<br />

des terroristes – lui parlant<br />

face à face sans être armée<br />

(elle sera décorée plus tard<br />

par le président allemand) –<br />

ses supérieurs avaient estimé<br />

correctement qu’une femme<br />

serait moins provoquante<br />

dans ce rôle qu’un homme.<br />

Au préfet de police de<br />

Munich, Manfred Schreiber,<br />

de faire une bourde particulièrement<br />

monumentale.<br />

Pour le transfert des terroristes<br />

et des otages, des appartements<br />

de la délégation<br />

israélienne vers un bus devant<br />

les emmener aux hélicoptères<br />

prévus pour le<br />

transfert vers l’aéroport, une<br />

balade a été prévue menant à<br />

travers une rue couverte ressemblant<br />

à un parking souterrain.<br />

Ayant visité les lieux<br />

en août 2022, nous avons pu<br />

les inspecter et constater leur<br />

étroitesse. Des tireurs d'élite<br />

placés derrières les colonnes<br />

auraient neutralisé les terroristes,<br />

mais un « Issa » méfiant<br />

a demandé une promenade<br />

d’essai à Schreiber.<br />

Pour éviter de se faire tirer<br />

dessus, ce dernier a crié « répétition<br />

générale »<br />

(Probegang) ce qui a alerté «<br />

Issa » au point de refuser les<br />

arrangements proposés (13).<br />

Une fois la promenade changée,<br />

les véhicules blindés à<br />

roues ne pouvait plus s’approcher<br />

dans le souterrain<br />

aux plafonds trop bas. On les<br />

voit beaucoup sur les photos<br />

illustrant les différents récits,<br />

ainsi que dans les images de<br />

la télé, et il est vrai que les<br />

blindés ont circulé martialement<br />

dans les rues – or, leur<br />

efficacité a été très limitée.<br />

Sur l’aéroport les snipers<br />

manquaient d’équipement<br />

radio (pourtant disponible à<br />

l’époque) et ont dû se barricader<br />

trop loin pour pouvoir<br />

cibler convenablement leurs<br />

tirs (14).<br />

Certes, l’absence de préparation<br />

sérieuse peut surprendre<br />

– surtout parce que<br />

l’Allemagne de l’Ouest venait<br />

justement de souffrir une<br />

série de braquages de banque<br />

commises par des terroristes<br />

de la RAF (Rote Armee<br />

Fraktion) que les forces de<br />

police impliquées avaient<br />

particulièrement mal gérées<br />

(15) – sans toutefois que<br />

l’Allemagne ait eu le monopole<br />

de l’insouciance. Avant<br />

les Jeux, les organisateurs<br />

avaient effectivement accueilli<br />

un représentant de la<br />

délégation israélienne qui a<br />

pu se renseigner sur le<br />

concept de sécurité, visiter<br />

les logements prévus pour<br />

les Israéliens, etc. Si le visitaeur<br />

a exprimé sa plus<br />

grande satisfaction, sans rien<br />

demander pour améliorer le<br />

sécurité (16), il est clair que<br />

les organisateurs retiennent<br />

la responsabilité tout de<br />

même (17). Et pourtant, les<br />

Israéliens eux aussi ont fait<br />

preuve d’insouciance voire<br />

d’imprudence, même après<br />

que la prise d’otages a commencé<br />

et qu’une partie du<br />

conseil des ministres était réunie<br />

à la résidence de la<br />

Première ministre, Golda<br />

Meir.<br />

Suite page 4<br />

1 Pressemitteilung 21.04.2023. Bundesinnenministerin Faeser setzt Kommission zur Aufarbeitung des Olympia-Attentats 1972 ein.<br />

https://www.bmi.bund.de/SharedDocs/pressemitteilungen/DE/2023/04/historikerkommission.html<br />

2 Les professeurs Ofer Ashkenazi (Université hébraïque de Jérusalem), Michael Brenner (Université de Munich et Université américaine de Washington), Shlomo Shpiro<br />

(Université Bar-Ilan University de Ramat Gan, Israël), Margit Szöllösi-Janze (Université de Munich), Petra Terhoeven (Université de Göttingen), Shulamit Volkov (Université<br />

de Tel Aviv), Klaus Weinhauer (Université de Bielefeld), Christopher Young (Université de Cambridge).<br />

3 Cf. Olympiapark München Gestaltungshandbuch 2015, https://stadt.muenchen.de/dam/jcr:15e76786-7910-443e-92f1-<br />

ab4f98a69d1b/01644_Gestaltungshandbuch_Online_Einzelseiten.pdf<br />

4 J. Werner, F. Hunger, D. Wierl, K. Schnitzler, Der Franzose André Courrèges entwirft nicht nur die berühmten Dirndl für die Hostessen – er kleidet alle Offiziellen und<br />

Helfer ein: Sein Münchner Look wirkt wie eine Vitaminspritze für die Herrenmode jener Zeit. Süddeutsche Zeitung, 30.06.2022,<br />

https://www.sueddeutsche.de/projekte/artikel/muenchen/olympia-1972-in-muenchen-endlich-bunt-e259720/?reduced=true<br />

5 S.F. Kellerhoff, Anschlag auf Olympia. Was 1972 in München wirklich geschah, by wbg Theiss, Darmstadt, WBG Theiss (2022).<br />

6 Ibid., p. 184.<br />

7 Pour donner une impression du ton souvent employé, cf. O. Aderet, Fifty Years After Munich Massacre, Germany Has Failed Again. Haaretz (06.09.2022)<br />

https://www.haaretz.com/israel-news/2022-09-06/ty-article/.premium/fifty-years-after-munich-massacre-germany-has-failed-again/00000183-0f43-d968-abc7-4fe3cee50000<br />

: ‘Many empty clichés were tossed into the air at Monday's ceremony marking the 50th anniversary of the massacre of the 11 Israeli athletes at the 1972 Munich Olympics.<br />

Words such as “responsibility,” “forgiveness” and even “shame” were heard again and again from German officials, led by President Frank-Walter Steinmeier. But the<br />

Germans have uttered the exact same words in the past, in regard to the Holocaust.’<br />

8 Kellerhoff (2022) (op.cit.), p. 129.<br />

9 S. Groussard, La Médaille de Sang. Paris : Denoël (1973).<br />

10 S. Groussard, The Blood of Israel. New York: William Morrow (1974).<br />

11 Kellerhoff (2022) (op.cit.), p. 185.<br />

12 Ibid., p. 122.<br />

13 Ibid., p. 116.<br />

14 id., p. 124.<br />

15 id., pp. 23-27.<br />

16 id., p. 32.<br />

17 id., p. 179.<br />

18 id., p. 63.<br />

19 Dayan, Mon père. Paris : Stock (1985), p. 11.<br />

20 llerhoff (2022) (op.cit.), p. 181.<br />

21 id., pp. 184-186.<br />

3


Tribune<br />

N°192 La Lettre de l’Officiel juridique du sport mars 2024<br />

JO de Munich 1972 : l’Allemagne veut connaître<br />

ses bourdes sécuritaires<br />

Suite de la page 3<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

Alors que l’option d’envoyer<br />

un commando du Mossad en<br />

Allemagne était sur la table et<br />

que son patron Zvi Zamir<br />

était présent à la réunion –<br />

Zamir étant le seul à connaître<br />

les lieux concernés – la jalousie<br />

entre les services semble<br />

lui avoir joué un sale tour.<br />

Comme le Sajeret Matkal relevait<br />

de l’armée, Moshe<br />

Dayan, ministre de la<br />

Défense et également présent<br />

à la réunion, a eu l’audace de<br />

déclarer que « l’armée allemande<br />

n’a pas besoin de nous<br />

» ajoutant que « ils possèdent<br />

une unité spécialement entraînée<br />

pour gérer de tels incidents.<br />

S’ils reçoivent l’ordre<br />

de libérer les athlètes, ils le feront.<br />

» (18) C’était archi-faux<br />

car à l’époque, seuls le<br />

Royaume-Uni et Israël possédaient<br />

de telles forces spéciales.<br />

Dayan ne pouvait pas<br />

savoir que les organisateurs<br />

Abonnement<br />

avaient choisi d’écarter l’armée<br />

des lieux – sans doute<br />

pour éviter toute ressemblance<br />

avec les Nazis – mais<br />

l’important c’est que Dayan<br />

s’est prononcé sans rien savoir,<br />

avec ses allures de grand<br />

chef militaire. En lisant ce récit<br />

nous n’avons pu nous empêcher<br />

de penser à la biographie<br />

rédigée par sa fille Yaël.<br />

Elle y décrit son expérience à<br />

la morgue, où elle avait été<br />

convoquée pour identifier son<br />

père décédé. Horrifiée par<br />

l’expression qu’elle voyait<br />

sur son visage, elle avait l’impression<br />

que Moshe serait<br />

disputé même avec la mort : «<br />

pour la première fois, pris au<br />

dépourvu, il n’avait pas eu le<br />

dernier mot » (19). En visitant<br />

les lieux, au village olympique<br />

de Munich reconverti<br />

en résidences pour étudiants<br />

et chercheurs étrangers – bel<br />

exemple de l’urbanisme des<br />

Etablissement : ............................................................................................<br />

Service :......................................................................................................<br />

Nom : .................................. Prénom : .....................................................<br />

Adresse :.....................................................................................................<br />

CP : ................. Ville :................................................................................<br />

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Mode de règlement<br />

années 60 et, avec son air optimiste,<br />

un été indien à la<br />

veille de la première crise pétrolière<br />

et de toutes les crises<br />

des années 70 – on ne peut<br />

éviter de se demander quel<br />

aurait été le résultat si le Sajet<br />

Matkal avait reçu le feu vert<br />

pour se rendre à Munich. Lui<br />

aussi a fait des bourdes – en<br />

1974, sa tentation de libérer<br />

des otages dans une école située<br />

au Nord d’Israël a provoqué<br />

28 morts et 70 blessés,<br />

majoritairement des élèves<br />

(20) – mais l’hypothèse d’une<br />

réussite ne saurait être écartée.<br />

La vanité de Dayan y a eu<br />

son mot à dire et les<br />

Allemands n’ont pas été les<br />

seuls à faire des bourdes.<br />

Alors que l’ouvrage de<br />

Kellerhoff nous apporte des<br />

enseignements importants, il<br />

nous reste d’espérer que la<br />

commission créée en 2023<br />

nous renseigne encore davantage.<br />

Ce dossier ne souffre<br />

pas d’un manque de documents<br />

historiques mais plutôt<br />

par un excédent (21). Pour<br />

tous les organisateurs de JO, il<br />

continue de servir comme référence<br />

négative, en ce qui<br />

concerne son concept de sécurité.<br />

Ce qu’on peut déplorer<br />

connaissant ses aspects positifs,<br />

également très présent, en<br />

commençant par l’identité visuelle<br />

inspirée d’une journée<br />

d’été bavaroise. Otl Aicher<br />

avait choisi un bleu ciel très<br />

pâle pour représenter le ciel<br />

marqué par le Foehn, ce vent<br />

sec et chaud qui traverse parfois<br />

les Alpes pour envelopper<br />

Munich. Que tous les organisateurs<br />

de JO présents et<br />

à l’avenir s’inspire donc de<br />

Munich 1972 – tant pour éviter<br />

leurs bourdes sécuritaires<br />

que pour retrouver l’esprit qui<br />

avait régné jusqu’au matin du<br />

5 septembre 1972.<br />

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Législation<br />

N°192 La Lettre de l’Officiel juridique du sport mars 2024<br />

La « loi Abitbol » votée à l’Assemblée<br />

Le texte, visant à mieux protéger les victimes de violences dans le sport et à davantage contrôler les encadrants<br />

bénévoles a été voté à l’unanimité par les députés à l’Assemblée nationale.<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

es 207 députés, présents<br />

dans l’hémicycle,<br />

ont voté à<br />

l’unanimité la proposition de<br />

loi visant à renforcer la protection<br />

des mineurs et l’honorabilité<br />

dans le sport. Le<br />

texte est soutenu par l’ex-patineuse<br />

Sarah Abitbol, autrice<br />

du livre Un si long silence<br />

en 2020, qui a amorcé<br />

une grande vague de libération<br />

de la parole. « Je ne laisserai<br />

pas qu’une trace sur la<br />

glace, mais aussi dans<br />

l’Histoire, s’est réjouie Sarah<br />

Abitbol. Quand, il y a 25<br />

ans, j’ai parlé à mon président<br />

de club, et que je lui ai<br />

dit à demi-mot que j’avais<br />

été violée, je n’ai pas été entendue.<br />

Aujourd’hui, ce ne<br />

serait plus possible. »<br />

Déposé au Sénat en janvier<br />

2023 par le sénateur socialiste<br />

de l’Aude, Sébastien<br />

Pla, le texte n’est arrivé à<br />

l’Assemblée nationale que<br />

début 2024. Après, donc, les<br />

longues auditions de la commission<br />

d’enquête parlementaire<br />

sur les défaillances de<br />

fonctionnement du mouvement<br />

sportif français, qui se<br />

sont déroulées à l’automne.<br />

La proposition de loi vise à<br />

renforcer le contrôle de l’honorabilité<br />

des encadrants, en<br />

particulier les bénévoles.<br />

D’après les chiffres fournis<br />

par la directrice des sports à<br />

la rapporteure du texte à<br />

l’Assemblée nationale, la députée<br />

socialiste Claudia<br />

Rouaux, « au 1er février<br />

2024, 1,66 million de bénévoles<br />

avaient vu leur honorabilité<br />

contrôlée, dont<br />

770.000 exploitants d’établissements<br />

d’activités physiques<br />

et sportives (EAPS),<br />

750.000 éducateurs sportifs<br />

et 140.000 arbitres et<br />

juges. » Un nombre en nette<br />

augmentation, mais c’est<br />

l’efficacité du contrôle qui<br />

pose problème.<br />

Le premier article de la loi<br />

vise à graver dans le marbre<br />

le principe d’annualité du<br />

contrôle de l’honorabilité de<br />

tout bénévole participant à<br />

une activité d’encadrement<br />

(juge, arbitre, éducateur, entraîneur,<br />

etc.). Ce contrôle<br />

s’opérera par une double<br />

Le casque rendu obligatoire pour faire du ski ?<br />

a députée LR de<br />

H a u t e - S a v o i e<br />

Christelle Petex a déposé<br />

une proposition de résolution<br />

visant à rendre obligatoire<br />

le port du casque sur<br />

les pistes de ski pour les personnes<br />

de moins de 1m50.<br />

Christelle Petex demande<br />

que les autorités « encouragent<br />

une culture de la sécurité,<br />

en incitant les skieurs à<br />

adopter des comportements<br />

responsables et à être pleinement<br />

conscient des<br />

risques ». Contrairement à<br />

d’autres pays (Autriche,<br />

Italie), qui ont mis en place<br />

une obligation du port du<br />

casque pour les mineurs,<br />

cette proposition de résolution<br />

cible, elle, une caractéristique<br />

physique : la taille.<br />

Plus on est petit, plus on est<br />

consultation de l’extrait B2<br />

du casier judiciaire et du fichier<br />

judiciaire national automatisé<br />

des auteurs d’infractions<br />

sexuelles (FIJAIS). Ce<br />

contrôle doit s’assurer que<br />

les encadrants n’ont pas été<br />

condamnés à des infractions<br />

qui, selon le code du sport,<br />

entraînent l’incapacité<br />

d’exercer. Ces délits vont des<br />

infractions sexuelles à l’homicide,<br />

en passant par<br />

l’usage de stupéfiants.<br />

Le second article de la loi<br />

crée une sanction administrative<br />

contre le dirigeant qui<br />

aurait eu connaissance du<br />

comportement à risque d’un<br />

éducateur mais qui se serait<br />

abstenu de le signaler et de<br />

prendre des mesures à son<br />

encontre. Le préfet aura désormais<br />

la possibilité de prononcer<br />

une suspension provisoire<br />

ou définitive contre<br />

ce dirigeant. L’objectif affiché<br />

est de ne plus tolérer les<br />

pratiques de cadres de fédération<br />

ou de club qui, par<br />

complaisance ou manque de<br />

volonté, fermeraient les<br />

yeux. Plusieurs cas problématiques<br />

avaient été révélés<br />

par les travaux de la commission<br />

d’enquête parlementaire.<br />

Sébastien Pla s’est félicité de<br />

ce texte qui vise à lutter<br />

« contre l’omerta qui pourrit<br />

le sport » et s’est dit déterminé<br />

à « chasser et traquer »<br />

les prédateurs sexuels pour<br />

qu’ils n’aient « plus aucun<br />

contact avec nos enfants ».<br />

Les élus devront encore affiner<br />

le système, pour que ne<br />

passent pas entre les gouttes<br />

les clubs non affiliés à des fédérations<br />

ou les encadrants<br />

bénévoles sans licence, et<br />

donc non contrôlés. Le texte<br />

ne fixe pas non plus d’autres<br />

mesures moins consensuelles,<br />

comme le transfert<br />

des pouvoirs disciplinaires et<br />

éthiques des fédérations à<br />

une autorité administrative<br />

indépendante, dont ne veut<br />

pas la ministre, ou la suspension<br />

automatique des athlètes<br />

en cas de signalement.<br />

Sur ces sujets, Sébastien Pla<br />

et Claudia Rouaux renvoient<br />

à une future loi Sport.<br />

vulnérable avance grosso<br />

modo le texte : « Les personnes<br />

dont la taille est inférieure<br />

ou égale à 1,50 mètre<br />

se retrouvent très souvent à<br />

entrer en collision avec des<br />

personnes plus grandes et à<br />

taper contre des points durs<br />

comme les genoux ou les<br />

hanches. Elles ont souvent<br />

une masse corporelle plus<br />

faible et une masse musculaire<br />

moins développée, ce<br />

qui peut augmenter le<br />

risque de blessures à la tête<br />

en cas de chute ou de collision.<br />

» La députée avait déposé<br />

fin janvier une proposition<br />

similaire, avant de la retirer,<br />

pour « rendre obligatoire<br />

pour tous le port de<br />

casques lors de la pratique<br />

du ski et de ses activités assimilées<br />

».<br />

5


Chronique judiciaire<br />

N°192 La Lettre de l’Officiel juridique du sport mars 2024<br />

La fin d’un long bras de fer<br />

Mais le staff de compte pas<br />

sur lui. S’engage alors une<br />

procédure prud’homale menée<br />

par les avocats du joueur,<br />

Mes Romuald Palao et<br />

Anthony Mottais. Puisque<br />

Peikrishvili n’a pas pu, en<br />

juin 2014, se faire délivrer de<br />

certificat de non contre-indication<br />

à la pratique du rugby,<br />

son contrat n’a pas pu être<br />

homologué, se défend le club<br />

francilien. Le pilier géorgien<br />

gagne en première instance<br />

mais le Racing 92 fait appel<br />

de cette décision. Un appel<br />

remporté par le club francilien.<br />

Anton Peikrishvili se<br />

pourvoit en cassation.<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

Plus de neuf ans après avoir engagé une procédure au conseil de Prud’hommes, contre le<br />

Racing 92, le pilier géorgien Anton Peikrishvili a finalement obtenu gain de cause.<br />

e Racing 92 qui avait<br />

engagé Anton<br />

Peikrishvili, aujourd’hui<br />

âgé de 36 ans,<br />

avant de se rétracter, devra<br />

lui verser l’équivalent de la<br />

totalité des salaires dus pour<br />

les trois saisons de son<br />

contrat, accompagné de plusieurs<br />

primes. Soit la somme<br />

de 736.968 €. Plus que le<br />

montant, néanmoins conséquent<br />

dans le rugby, la décision<br />

est symptomatique<br />

d’une pratique bien réelle.<br />

Rappel des faits. À la fin de<br />

la saison 2013/2014, le<br />

Racing 92 engage pour trois<br />

saisons le Géorgien Anton<br />

Peikrishvili, qui évolue alors<br />

à Castres. Mais celui-ci présente<br />

une blessure à la colonne<br />

vertébrale et n’est pas<br />

En bref<br />

apte immédiatement. Le club<br />

francilien change soudainement<br />

d’avis alors que le<br />

contrat n’a pas encore été<br />

soumis à la Ligue nationale<br />

de rugby (LNR) pour homologation.<br />

Peikrishvili assure<br />

que le club lui laisse ses installations<br />

à disposition, le<br />

temps pour lui de subir une<br />

opération et de réussir sa rééducation<br />

et sa remise en<br />

forme. Remis de sa blessure<br />

et autorisé à jouer, Anton<br />

Peikrishvili rejoint Brive dès<br />

octobre 2014 pour une saison,<br />

à la fin de laquelle il<br />

souhaite revenir en région<br />

parisienne : « Je suis désormais<br />

en capacité, comme<br />

cela avait été prévu, de reprendre<br />

mon contrat de travail<br />

à compter du terme de<br />

cette saison. Je vous remercie<br />

de m’indiquer les modalités<br />

de mon retour dans l’effectif<br />

en vous précisant que<br />

je suis très heureux de pouvoir<br />

continuer ma carrière<br />

au Racing. »<br />

L’arrêt de la Cour d’appel de<br />

Paris, le 1er février dernier,<br />

donne gain de cause au<br />

joueur. Le Racing 92 est<br />

donc condamné à lui verser<br />

la totalité des salaires qu’il<br />

aurait dû percevoir sur les<br />

trois saisons ainsi que les<br />

primes mensuelles d’éthique<br />

et d’assiduité qu’il aurait pu<br />

toucher. À ce jour, le club<br />

francilien peut encore à son<br />

tour renvoyer l’affaire en<br />

cassation.<br />

« Le cas de mon client<br />

illustre de mauvaises habitudes<br />

prises par certains<br />

clubs qui se servent d’arguments<br />

médicaux pour annuler<br />

des contrats, alors qu’ils<br />

pourraient tout à fait conserver<br />

les joueurs, les placer en<br />

arrêt le temps de leur convalescence,<br />

pour les faire rejouer<br />

ensuite », a déclaré Me<br />

Palao dans les colonnes de<br />

L’Équipe.<br />

Cheikh N’Doye débouté. Alors que le conseil des prud’hommes avait condamné le SCO Angers, à l’été 2021, à verser 450.000 € à<br />

Cheikh N’Doye, la cour d’appel du tribunal d’Angers déboute l’ancien capitaine du SCO de « l’ensemble de ses demandes ». A l’époque,<br />

le tribunal avait jugé que le document, objet du litige (un contrat de deux ans qui avait été rédigé en même temps que celui du prêt du milieu<br />

de terrain sénégalais à Angers par le club anglais de Birmingham en 2018) était une promesse d’embauche qui valait contrat de travail et<br />

que la rupture dudit contrat était à l’initiative du club. En juillet 2021, les deux parties avaient fait appel du jugement, N’Doye réclamant<br />

3 M€ à Angers pour le non-respect du précontrat de deux saisons (2019-2021). Le milieu du Red Star, aujourd’hui âgé de 37 ans, va se<br />

pourvoir en cassation.<br />

Affaire classée. L’enquête pour vérifier les accusations de favoritisme à l’encontre du directeur général délégué du Cojop Paris 2024,<br />

Michaël Aloïsio, a été classée sans suite, confirme le ministère public. « Les éléments exploités n’ayant pas permis de suspecter une atteinte<br />

aux principes d’égalité de traitement des candidats, de transparence des procédures ou de liberté d’accès à la commande publique, non<br />

plus que de trafic d’influence », précise le Parquet national financier (PNF). Le directeur général délégué du Cojop faisait l’objet d’une<br />

enquête après une plainte déposée pour favoritisme et trafic d’influence par un ex-salarié. Il dénonçait les conditions d’attribution d’un<br />

marché public émis en 2023 par la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et accusait Michaël Aloïsio d’avoir favorisé une autre agence.<br />

L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris fait l’objet actuellement de quatre enquêtes financières distinctes.<br />

Le référé de Tony Parker rejeté. Le recours en référé-suspension de Tony Parker et de sa société Infinity Nine Mountain (INM), par<br />

lequel l’ex-basketteur contestait son éviction dans une procédure de reprise de la station de ski des Gets (Haute-Savoie), a été rejeté par le<br />

tribunal administratif de Grenoble. Le tribunal administratif doit néanmoins rendre une décision sur le fond également. Début janvier, la<br />

commune avait annulé par décision municipale la procédure de délégation de service public (DSP) confiée jusqu’alors à la Sagets,<br />

exploitant historique des remontées mécaniques de la station et dont la commune des Gets est actionnaire majoritaire. Elle avait déclaré la<br />

procédure « sans suite » pour décider de constituer avec une commune voisine une société publique locale (SPL) qui reprendrait la gestion.<br />

La société INM avait requis la suspension en urgence de cette décision municipale.<br />

Stade de France : « SDF notre bien commun » dépose un recours. Seul candidat à avoir déposé une offre d’achat pour le Stade de<br />

France, le groupement « SDF notre bien commun » a déposé un recours après avoir été recalé, l’État ayant décidé que l’enceinte n’était<br />

finalement plus à vendre.<br />

6


Chronique judiciaire<br />

N°192 La Lettre de l’Officiel juridique du sport mars 2024<br />

Le club de Mulhouse accusé d’occuper la piscine<br />

publique « sans droit ni titre »<br />

Les relations sont tendues entre l’agglomération de Mulhouse (M2A) et son club phare de natation, le MON. En proie<br />

à de lourdes difficultés économiques, le Mulhouse Olympic Natation risque la fermeture de son centre.<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

e vice-président de<br />

l’agglomération,<br />

Daniel Bux, menace<br />

le club de ne plus l’aider financièrement,<br />

tant que<br />

toutes les « pièces justificatives<br />

» ne seraient pas fournies.<br />

De son côté, Franck<br />

Horter, à la tête du MON,<br />

dénonce une chasse à<br />

l’homme. Le Centre d’entraînement<br />

à la natation de<br />

Mulhouse (Haut-Rhin) est le<br />

lieu d’entraînement du<br />

Mulhouse Olympic Natation<br />

(MON) depuis treize ans.<br />

Mais il n’est plus à la disposition<br />

du club depuis septembre<br />

dernier. La convention<br />

liant ce dernier à la ville<br />

n’a pas été renouvelée. « À<br />

En bref<br />

l’issue de la convention établie<br />

pour la saison 2022-<br />

2023, fin septembre, l’association<br />

MON ne s’était pas<br />

acquittée des montants dus<br />

et des documents comptables<br />

impératifs », indique<br />

Daniel Bux.<br />

Le club aurait notamment<br />

omis de fournir les comptes<br />

annuels détaillés et le rapport<br />

du commissaire au<br />

compte de l’exercice 2022-<br />

2023. L’agglomération lui<br />

aurait accordé un délai supplémentaire,<br />

jusqu’à fin janvier,<br />

pour remplir ses obligations.<br />

Ce qu’il n’a pas fait.<br />

Le MON occupe donc désormais<br />

la piscine publique<br />

©Icon Sport<br />

« sans droit ni titre », selon<br />

Daniel Bux.<br />

Le vice-président des sports<br />

détaille la dette qui incombe<br />

au club : 50.000 € de redevances<br />

non payées sur la saison<br />

écoulée (sur les 90.000 €<br />

à payer au total) et 22.500 €<br />

« d’indemnité pour l’occupation<br />

sans droit ». Le<br />

MON devrait donc 75.000 €<br />

à l’agglomération.<br />

Le président du club, Frank<br />

Horter, s’est défendu auprès<br />

de l’AFP. Selon lui, depuis<br />

2021, l’agglomération aurait<br />

manqué de verser certaines<br />

subventions au MON.<br />

« Commencez par payer les<br />

subventions, et on vous<br />

paiera les loyers », a-t-il déclaré.<br />

Jusqu’en 2020, le club<br />

pouvait toucher jusqu’à<br />

480.000 € par an, près de la<br />

moitié de son budget total.<br />

En grande difficulté financière,<br />

le MON se présentera<br />

fin mars au tribunal de<br />

Mulhouse. Un placement en<br />

redressement ou une liquidation<br />

judiciaire sont envisagés.<br />

D’autre part, Frank<br />

Horter et d’autres membres<br />

de sa famille sont convoqués<br />

au tribunal en avril. Ils sont<br />

suspectés d’abus de<br />

confiance, abus de biens sociaux,<br />

présentations de bilans<br />

inexacts et recel. Selon<br />

le parquet, le préjudice<br />

s’élève à plusieurs centaines<br />

de milliers d’euros.<br />

« On aurait pu faire mieux »,<br />

concède Daniel Bux. Le<br />

vice-président aux sports admet<br />

que l’agglomération ne<br />

voyait pas l’utilité de contrôler<br />

l’utilisation des fonds<br />

versés au MON. En 2023, la<br />

Chambre régionale des<br />

comptes publiait un rapport<br />

dans laquelle elle reprochait<br />

à l’agglomération d’avoir<br />

« imparfaitement exercé son<br />

contrôle de l’usage des<br />

fonds qu’elle allouait ».<br />

En décembre 2021, la famille<br />

Horter avait déjà été<br />

épinglée pour sa gestion financière.<br />

La société commerciale<br />

« MON Club », en<br />

charge des activités de loisirs,<br />

avait été déclarée en<br />

cessation de paiements.<br />

Placée en liquidation judiciaire,<br />

sa dette envers l’agglomération<br />

s’élève à<br />

371.000 €.<br />

Olle Dahlin visé par une enquête. S’il s’agit d’une coutume, elle est tout de même étrange. Il ne fait pas bon présider aux destinées<br />

du biathlon mondial. Après le Norvégien Anders Besseberg, président de l’IBU pendant un quart de siècle, qui risque une peine de prison<br />

pour corruption, son successeur intéresse à son tour la justice. La chaîne norvégienne NRK rapporte que le Suédois Olle Dahlin, élu à la<br />

tête de l’IBU en 2018, reconduit pour un nouveau bail de quatre ans en 2022, est visé par une enquête en Autriche. Il serait soupçonné<br />

d’avoir négocié des accords commerciaux avec la société Infront à des prix très en-dessous du marché. Dahlin nie en bloc.<br />

L’affaire Valieva devant le Tribunal fédéral suisse. L’agence russe TASS révèle que Tribunal fédéral suisse a enregistré une procédure<br />

d’appel contre la décision du Tribunal arbitral du sport (TAS), prononcée à la fin du mois de janvier, de suspendre la patineuse russe Kamila<br />

Valieva pour une période de quatre ans, à compter du 25 décembre 2021. Une décision du TAS ne peut être contestée devant le Tribunal<br />

fédéral suisse qu’en cas de violation de la procédure. Le Tribunal fédéral n’examinera donc pas l’affaire sur le fond. S’il donnait raison à<br />

la patineuse russe, l’affaire serait renvoyée devant le TAS pour un nouvel examen.<br />

7


Chronique judiciaire<br />

N°192 La Lettre de l’Officiel juridique du sport mars 2024<br />

Baroud d’honneur judiciaire de la NCAA pour tenter<br />

de conserver son modèle amateur<br />

La March Madness démarre et met sous les projecteurs le sport universitaire américain. En coulisse, la bataille continue<br />

de faire rage au sujet du partage des revenus de la NCAA. La puissante organisation universitaire vient de subir un revers<br />

juridique important. Alors que l’amateurisme est le principe fondamental de la NCAA, un juge fédéral interdit à<br />

l’organisation d’appliquer ses règles interdisant la rémunération des athlètes.<br />

LA LETTRE DE L’OFFICIEL JURIDIQUE DU SPORT<br />

es rencontres de football<br />

américain ou de<br />

basket-ball universitaires<br />

remplissent des stades<br />

et des salles et réalisent des<br />

audiences télévisées qui dépassent<br />

parfois celles du<br />

sport professionnel. Les<br />

« student athletes » sont de<br />

vraies stars nationales sans<br />

pour autant bénéficier des<br />

retombées financières de<br />

leur notoriété, du fait de leur<br />

statut amateur. Cependant,<br />

l’époque où les universités<br />

tiraient entièrement profit de<br />

l’image de leurs athlètes est<br />

révolue.<br />

En NCAA, est entrée en vigueur<br />

à l’été 2021 la loi NIL<br />

– Name, Image et Likeness<br />

(littéralement « Nom, Image<br />

et Apparence »). Elle permet<br />

aux étudiants-athlètes de signer<br />

des contrats de sponsoring<br />

avec diverses marques,<br />

et donc d’engranger des<br />

sommes d’argent souvent<br />

importantes.<br />

Un juge du Tennessee émet<br />

une injonction qui empêche<br />

temporairement la National<br />

Collegiate Athletics<br />

Association (NCAA) de<br />

sanctionner des recrues qui<br />

ont signé des contrats NIL<br />

lors de leur processus de recrutement.<br />

Les règles actuelles<br />

interdisent aux athlètes-étudiants<br />

de signer des<br />

accords de ce type, perçus<br />

comme des incitations financières<br />

pour les persuader<br />

d’adhérer à une université en<br />

particulier.<br />

La décision n’est finalement<br />

pas une nouveauté en soi<br />

puisqu’elle ne fait que<br />

rendre légale une pratique<br />

qui existait déjà. En effet,<br />

plusieurs cas de recrues<br />

ayant signé des contrats NIL<br />

avant de signer leur lettre<br />

d’intention ont fait la Une<br />

des médias ces derniers<br />

mois. Cette ordonnance permet<br />

désormais aux recrues<br />

de signer de tels contrats<br />

NIL sans crainte de répercussions<br />

sur leur éligibilité<br />

NCAA. Cette décision du<br />

juge rend illégales toutes<br />

sanctions que la NCAA<br />

pourrait prendre contre les<br />

recrues qui auraient signé un<br />

contrat NIL lors de leur processus<br />

de recrutement. C’est<br />

un changement majeur qui<br />

met un terme à un principe<br />

fondamental du modèle<br />

d’amateurisme de la NCAA.<br />

Il est maintenant possible, au<br />

moins temporairement, de<br />

payer des recrues pour<br />

qu’elles viennent jouer pour<br />

une université plutôt qu’une<br />

autre.<br />

PRO.SPORT.FR<br />

Les procureurs généraux du<br />

Tennessee et de la Virginie<br />

ont intenté une action en justice<br />

à la suite de la décision<br />

de la NCAA d’enquêter sur<br />

l’Université du Tennessee<br />

pour des violations présumées<br />

la loi NIL.<br />

« L’interdiction de la NCAA<br />

viole probablement la loi fédérale<br />

antitrust et nuit aux<br />

étudiants-athlètes », selon la<br />

décision rendue. Dans son<br />

ordonnance, le juge note que<br />

« bien que la NCAA autorise<br />

les étudiants-athlètes à tirer<br />

profit de leurs droits à<br />

l’image et de représentation,<br />

elle ne parvient pas à démontrer<br />

en quoi le moment<br />

où un étudiant-athlète signe<br />

un tel contrat détruirait l’objectif<br />

de préserver l’amateurisme<br />

». « La NCAA n’est<br />

pas au-dessus des lois, et la<br />

loi est de notre côté », a aussitôt<br />

réagi le procureur général<br />

du Tennessee, Jonathan<br />

Skrmetti. « Nous allons intenter<br />

une action en justice<br />

pour garantir que le monopole<br />

de la NCAA ne puisse<br />

continuer à nuire aux étudiants-athlètes<br />

du<br />

Tennessee », a-t-il continué.<br />

Les procureurs généraux du<br />

Tennessee et de la Virginie<br />

allèguent que les règles de la<br />

NCAA restreignent la capacité<br />

des étudiants-athlètes à<br />

« négocier et à tirer profit »<br />

de leur droit.<br />

Le président de la NCAA,<br />

Charlie Baker, appelle à une<br />

législation fédérale sur les<br />

sports universitaires. Tout en<br />

reconnaissant qu’il est peu<br />

probable que l’action du<br />

Congrès américain ait lieu<br />

cette année, il demande<br />

d’accorder à la NCAA une<br />

exemption antitrust. La<br />

NCAA est déjà confrontée à<br />

des procès concernant<br />

ailleurs le statut d’étudiantathlète,<br />

qui pourraient à nouveau<br />

voir son autorité mise<br />

en doute par les juges.<br />

8<br />

©SUSA/Icon Sport

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