Mobilisés pour la mobilité ! - Saint-Quentin-en-Yvelines
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itinéraire<br />
ARTS PLASTIQuES<br />
Le Trappiste C<strong>la</strong>ude Erker a passé sa vie à peindre <strong>pour</strong> l’opéra, l’opérette, le cinéma,<br />
<strong>la</strong> télévision et <strong>la</strong> publicité. R<strong>en</strong>contre avec un acteur de l’<strong>en</strong>vers du décor.<br />
tête d’affiche<br />
C<strong>la</strong>ude Erker est un jeune homme<br />
de quatre-vingts ans, artiste<br />
so<strong>la</strong>ire et témoin précieux d’une<br />
époque révolue, celle où les grandes<br />
affiches peintes à <strong>la</strong> main ornai<strong>en</strong>t les<br />
frontons des cinémas.<br />
Des toiles démesurées<br />
Né à Villers-Cotterêts, dans l’Aisne,<br />
C<strong>la</strong>ude grandit à Montigny-L<strong>en</strong>coup,<br />
petit vil<strong>la</strong>ge de Seine-et-Marne, où sa<br />
mère ti<strong>en</strong>t un magasin d’alim<strong>en</strong>tation.<br />
Élève rêveur, l<strong>en</strong>t à assimiler et de santé<br />
fragile, il préfère se réfugier dans son<br />
univers intérieur et devi<strong>en</strong>t coutumier<br />
des coups de règle sur les doigts donnés<br />
par son instituteur. « J’avais <strong>pour</strong> passion<br />
le dessin, <strong>la</strong> peinture et les courses de vélo »,<br />
explique l’artiste. Consci<strong>en</strong>te de son<br />
allergie au système sco<strong>la</strong>ire et de son don<br />
<strong>pour</strong> les arts graphiques, sa mère l’inscrit<br />
à des cours par correspondance, puis à<br />
une école de peinture, à Paris. « Des cours<br />
payants dans un quartier chic, qui ont duré<br />
six mois faute de moy<strong>en</strong>s », précise C<strong>la</strong>ude.<br />
Mais sa bonne étoile veille. Une cli<strong>en</strong>te de<br />
l’épicerie, couturière de théâtre et sœur<br />
d’un ténor de l’opéra, lui signale qu’un<br />
décorateur cherche des appr<strong>en</strong>tis <strong>pour</strong><br />
réaliser des décors d’opérette. « J’ai travaillé<br />
dans cet atelier de 16 ans à 21 ans, c’était<br />
formidable ! Imaginez, peindre une toile de<br />
100 m 2 posée au sol <strong>pour</strong> créer une ambiance.<br />
Les plus grandes vedettes de l’époque, Mariano,<br />
Guétary, Lopez… nous r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t visite <strong>pour</strong><br />
découvrir leurs futurs décors. » Pas de sa<strong>la</strong>ire,<br />
juste une petite pièce du patron quand il<br />
y avait beaucoup de travail.<br />
Bardot, Delon, Gabin…<br />
Au retour du service militaire, mauvaise<br />
surprise, l’atelier a été v<strong>en</strong>du. Il se r<strong>en</strong>d<br />
au culot chez Fontanarosa, peintre de<br />
r<strong>en</strong>om r<strong>en</strong>contré lors de son appr<strong>en</strong>tissage.<br />
L’artiste lui donne une piste, celle<br />
de <strong>la</strong> Gaumont, où il réalisera p<strong>en</strong>dant<br />
plusieurs années d’imm<strong>en</strong>ses portraits<br />
de vedettes destinés aux façades : Bardot,<br />
© J.J. Kraemer<br />
Delon, Gabin, Belmondo, V<strong>en</strong>tura, Eastwood,<br />
Wayne… ils sont tous là, émouvants<br />
de vérité.<br />
C<strong>la</strong>ude est <strong>en</strong>suite dessinateur dans <strong>la</strong><br />
publicité, avant de réaliser des décors<br />
<strong>pour</strong> les studios de télévision des Buttes-<br />
Chaumont. Avec l’humilité qui le caractérise,<br />
il évoque les émissions et les<br />
séries cultes qu’il mettait <strong>en</strong> images :<br />
Le Grand Échiquier de Chancel, Discorama<br />
de G<strong>la</strong>ser, Les Rois maudits de Barma…<br />
« Nous étions des artisans, d’illustres inconnus,<br />
des travailleurs de l’ombre payés avec<br />
un <strong>la</strong>nce-pierre, mais si heureux d’être là. »<br />
Entre ses mains, un recueil de travaux<br />
dans lequel on trouve les superbes ciels<br />
surréalistes créés <strong>pour</strong> les campagnes<br />
Publicis de R<strong>en</strong>ault, Citroën et Peugeot.<br />
« Ils p<strong>la</strong>çai<strong>en</strong>t <strong>la</strong> voiture devant et filmai<strong>en</strong>t,<br />
c’était un autre temps. » Aujourd’hui<br />
C<strong>la</strong>ude continue de peindre avec bonheur.<br />
Des choses simples et vraies,<br />
comme lui. ■<br />
Dominique Ciarlo<br />
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