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Réglementation : les processus d'habilitation électrique ... - Mesures

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Solutions<br />

28<br />

RÉGLEMENTATION<br />

Les <strong>processus</strong><br />

d’habilitation <strong>électrique</strong><br />

se révisent<br />

�<br />

Travailler sur, ou au voisinage, des installations <strong>électrique</strong>s expose <strong>les</strong> personnels<br />

à des dangers liés à l’électricité. En entreprise, seule une personne habilitée peut<br />

effectuer une intervention dans ce domaine même si elle est élémentaire. De<br />

nouvel<strong>les</strong> prescriptions de sécurité <strong>électrique</strong> devraient s’appliquer à partir de<br />

2011 avec la révision du décret du 14 novembre 1988 et la parution d’un nouveau<br />

recueil d’instructions UTE C 18-510.<br />

Nul ne doit l’ignorer, le courant<br />

<strong>électrique</strong> est dangereux à<br />

partir de 10 mA et ce facteur<br />

de risque en milieu de travail<br />

reste toujours d’actualité. Encore aujourd’hui<br />

près de mille accidents du travail d’origine<br />

<strong>électrique</strong> sont recensés chaque année.<br />

Certes, <strong>les</strong> statistiques démontrent une diminution<br />

au fil des ans du nombre d’événements<br />

de cet ordre, mais soulignent toujours<br />

L’essentiel<br />

� Tout employeur doit<br />

s’assurer que <strong>les</strong> travailleurs<br />

qui utilisent ou qui effectuent<br />

des travaux, sur ou<br />

au voisinage des installations<br />

<strong>électrique</strong>s, possèdent<br />

une formation suffisante.<br />

� L’habilitation concrétise<br />

la reconnaissance, par<br />

l’employeur, de la capacité<br />

à accomplir en sécurité<br />

<strong>les</strong> tâches fixées.<br />

� La base réglementaire et<br />

technique de la prévention<br />

vis-à-vis du risque <strong>électrique</strong>,<br />

fait l’objet d’une révision,<br />

et de nouvel<strong>les</strong> règ<strong>les</strong><br />

devraient s’appliquer à partir<br />

du 1er janvier 2011.<br />

leur exceptionnelle<br />

gravité. Face à ce danger,<br />

le législateur a défini<br />

en France des règ<strong>les</strong><br />

auxquel<strong>les</strong> <strong>les</strong><br />

employeurs doivent se<br />

conformer pour protéger<br />

<strong>les</strong> personnels et<br />

prévenir <strong>les</strong> risques<br />

liés à l’électricité. Ces<br />

règ<strong>les</strong> sont édictées<br />

principalement au travers<br />

du décret n° 88-<br />

1056 du 14 novembre<br />

1988 sur la protection<br />

des travailleurs dans <strong>les</strong><br />

établissements qui<br />

mettent en œuvre des<br />

courants <strong>électrique</strong>s.<br />

El<strong>les</strong> s’appuient sur <strong>les</strong><br />

prescriptions d’un recueil<br />

d’instructions<br />

généra<strong>les</strong> de sécurité d’ordre <strong>électrique</strong>.<br />

L’UTE C 18-510 est en général considéré<br />

comme le document technique appelé par<br />

le décret. Ces deux documents, qui constituent<br />

ensemble la base réglementaire et<br />

technique de la prévention vis-à-vis du risque<br />

<strong>électrique</strong> généralement appliquée en<br />

France, bénéficient d’une importante révision.<br />

En conséquence, <strong>les</strong> entreprises doivent<br />

prévoir dès aujourd’hui une consolidation<br />

des formations aux habilitations.<br />

Pourquoi une révision ?<br />

En vigueur depuis 1988, <strong>les</strong> prescriptions<br />

applicab<strong>les</strong> aujourd’hui ont plus de vingt ans<br />

d’existence. Il était donc devenu nécessaire<br />

de clarifier un certain nombre de situations<br />

mal perçues dans <strong>les</strong> documents actuels, et<br />

de tenir compte de l’évolution du comportement<br />

et de la demande vis-à-vis de l’électricité.<br />

Il s’agissait aussi de mieux coller aux<br />

besoins du terrain et de prendre en considération<br />

le développement de nouvel<strong>les</strong> méthodes<br />

de travail (comme, par exemple, <strong>les</strong><br />

contrats de service assortis de pénalités, la<br />

maintenance déléguée, etc.).<br />

Le décret de 1988 va donc être remplacé par<br />

trois nouveaux décrets traitant chacun d’un<br />

domaine de responsabilité (voir encadré).<br />

Au niveau du recueil UTE C 18-510, qui<br />

devrait devenir le document technique de<br />

référence support à l’habilitation <strong>électrique</strong>,<br />

la révision intègre des évolutions dans la<br />

structure du document afin d’en faciliter<br />

l’accès grâce à la clarification du contenu des<br />

chapitres et une séparation entre <strong>les</strong> prescriptions<br />

et <strong>les</strong> définitions. La rédaction adopte<br />

une nouvelle approche : « la nouvelle version est<br />

construite sur l’analyse du risque à tous <strong>les</strong> échelons<br />

et non plus sur le principe d’un recueil de solutions.<br />

Elle apporte une meilleure définition du rôle de chacun<br />

dans <strong>les</strong> différentes chaînes de responsabilités tant<br />

entre <strong>les</strong> entreprises qu’entre <strong>les</strong> acteurs et intervenants<br />

», explique Bernard Pierron, ingénieur<br />

à l’UTE et secrétaire du groupe de travail en<br />

charge de la révision du recueil.<br />

L’habilitation en pratique<br />

Toute personne ayant à intervenir sur ou au<br />

voisinage d’une installation <strong>électrique</strong> doit<br />

être en possession d’une habilitation délivrée<br />

par son employeur. Cette habilitation est la<br />

reconnaissance de son aptitude à maîtriser<br />

Les opérations particulières de vérification ou de mesurage<br />

donnent lieu à des habilitations spécifiques.<br />

MESURES 824 - AVRIL 2010 - www.mesures.com<br />

Chauvin Arnoux<br />

ABB<br />

le risque <strong>électrique</strong> dans l’environnement de<br />

travail dans lequel il se trouve. Elle légitime<br />

la capacité d’une personne à effectuer en<br />

toute sécurité des tâches dans un environnement<br />

présentant un niveau de risque <strong>électrique</strong><br />

fixé, et à connaître la conduite à tenir en<br />

cas d’accident.<br />

L’habilitation <strong>électrique</strong> est délivrée par<br />

l’employeur au personnel ayant suivi une<br />

formation (interne ou externe) dans le domaine<br />

de la sécurité <strong>électrique</strong>. Elle est concrétisée<br />

par un titre d’habilitation nominatif<br />

signé par l’employeur et son titulaire. Il devient<br />

caduc dès que le lien de subordination<br />

entre l’employeur et l’employé cesse ; par<br />

Trois décrets vont remplacer le décret du 14 novembre 1988 sur<br />

la protection des travailleurs. Outre une mise à jour des principes<br />

de sécurité des personnes, cette réécriture en trois textes distincts<br />

permettra leur codification et leur introduction dans le code<br />

du travail.<br />

� Décret relatif aux dispositions que doivent observer <strong>les</strong> maîtres<br />

d’ouvrage entreprenant la construction ou l’aménagement<br />

de bâtiments destinés à recevoir des travailleurs. Ce texte<br />

renvoie aux normes de référence pour décrire <strong>les</strong> règ<strong>les</strong><br />

techniques à respecter lors de la conception des installations<br />

basse tension (NFC 15-100) et haute tension (NFC 13-100<br />

ou NFC 13 200).<br />

� Décret relatif aux obligations de l’employeur pour l’utilisation des<br />

installations <strong>électrique</strong>s des lieux de travail. Ce texte fixera <strong>les</strong><br />

règ<strong>les</strong> relatives à l’utilisation et à la modification des installations<br />

<strong>électrique</strong>s fixes et temporaires de l’établissement ainsi qu’à la<br />

MESURES 824 - AVRIL 2010 - www.mesures.com<br />

exemple lorsque le salarié quitte cette entreprise.<br />

Quand du personnel intérimaire est mis à la<br />

disposition d’un employeur, ce dernier doit<br />

s’assurer que ces salariés ont reçu la formation<br />

nécessaire, et le cas échéant la compléter,<br />

en vue de leur délivrer une habilitation valable<br />

uniquement pour la mission.<br />

En pratique, comment le chef d’entreprise<br />

doit-il aborder l’habilitation <strong>électrique</strong> ? Tout<br />

commence par une analyse de risques qui<br />

doit systématiquement être conduite avant<br />

toute opération. Le cadre de travail étant défini,<br />

il faut se poser la question : « mon salarié<br />

peut-il se trouver, même temporairement, dans une<br />

Trois nouveaux décrets pour la protection des travailleurs<br />

Un intervenant non formé à l’électricité ne pourra<br />

plus être habilité à travailler à moins de 30 cm<br />

d’une pièce nue sous tension.<br />

Solutions<br />

situation de risque <strong>électrique</strong> ? » Cette analyse est<br />

indispensable dans le cadre de travaux d’ordre<br />

<strong>électrique</strong>s ou non, dans le voisinage<br />

d’un risque <strong>électrique</strong>, ainsi que dans le cadre<br />

de travaux d’ordre général n’ayant a priori<br />

aucun rapport avec l’électricité (peinture,<br />

déplacement d’objets encombrants, manœuvre<br />

d’engins, creusement de tranchée, etc.)<br />

Travaux d’ordre général<br />

L’exécution de travaux d’ordre général à plus<br />

de 50 m d’un conducteur peut être considérée<br />

comme ne présentant pas de risque<br />

<strong>électrique</strong>. En deçà de cette limite de 50 m,<br />

mais sans qu’il soit nécessaire de s’approcher<br />

à moins de 3 m (en basse tension) ou de<br />

5 m (en haute tension) d’un conducteur nu,<br />

l’analyse doit être plus poussée et toutes <strong>les</strong><br />

précautions doivent être prises pour ne pas<br />

franchir ces limites de 3 ou 5 m. Dans cette<br />

zone (dénommée zone 0 ou Z0), si le risque<br />

de franchissement des 3 m ou 5 m existe,<br />

des instructions particulières doivent être<br />

fournies aux intervenants mais aucune habilitation<br />

n’est requise.<br />

Si <strong>les</strong> travaux d’ordre général doivent être<br />

conduits à moins de 3 ou 5 m d’un conducteur<br />

nu, il convient alors de prendre des dispositions<br />

avec l’exploitant du site pour maîtriser<br />

le risque <strong>électrique</strong>. Ce peut être, par<br />

exemple, la consignation des installations<br />

(voir encadré). Là encore, des instructions particulières<br />

doivent être fournies aux intervenants<br />

mais aucune habilitation n’est requise.<br />

Par contre, <strong>les</strong> travaux ne sont pas réalisa- ➜<br />

réalisation et à l’utilisation d’installations <strong>électrique</strong>s<br />

temporaires hors de l’établissement. L’employeur<br />

a pour obligation de maintenir l’ensemble des installations<br />

<strong>électrique</strong>s en conformité avec <strong>les</strong> dispositions des artic<strong>les</strong><br />

relatifs à la conception des installations <strong>électrique</strong>s.<br />

� Décret relatif aux opérations sur <strong>les</strong> installations <strong>électrique</strong>s<br />

et dans leur voisinage. Ce texte vise à « assurer la sécurité des<br />

travailleurs qui effectuent des opérations sur des installations<br />

<strong>électrique</strong>s ou dans leur voisinage ». Il pourrait renvoyer à la future<br />

norme C 18-510 (norme expérimentale ou homologuée).<br />

Parallèlement, un nouveau décret relatif aux travaux d’ordre<br />

non <strong>électrique</strong> dans l’environnement de lignes, canalisations<br />

et installations <strong>électrique</strong>s devrait remplacer et élargir le titre XII<br />

du décret du 8 janvier 1965 sur <strong>les</strong> mesures généra<strong>les</strong> d’hygiène<br />

et de sécurité du BTP. Il pourrait renvoyer lui aussi à la future<br />

norme C 18-510.<br />

29


Solutions<br />

30<br />

➜b<strong>les</strong><br />

tant que ces dispositions de protec-<br />

tion n’ont pas pu être mises en œuvre.<br />

Pour l’exécution de travaux d’ordre général<br />

dans l’environnement d’un conducteur<br />

isolé, la notion de voisinage est abandonnée<br />

au profit de la notion de zone d’approche<br />

prudente dont la limite se situe à 0,50 m<br />

pour un conducteur isolé invisible (souterrain<br />

par exemple) comme pour un conducteur<br />

isolé visible.<br />

Dans <strong>les</strong> deux cas, la fourniture d’une fiche<br />

d’instructions particulières et une formation<br />

des intervenants sont nécessaires, mais l’habilitation<br />

n’est pas obligatoire.<br />

Travaux dans le voisinage<br />

L’exécution des opérations qui se déroulent<br />

à moins de 3 m (en BT) ou de 5 m (en HT)<br />

d’un conducteur nu, et donc dans une zone<br />

plus ou moins rapprochée de ce conducteur,<br />

présente un réel risque <strong>électrique</strong> et entre<br />

dans le champ d’application des décrets sur<br />

la protection des travailleurs. Dans cette zone,<br />

l’habilitation est obligatoire et est déterminée<br />

en fonction de trois principaux critères :<br />

Le type de travail à réaliser : il peut s’agir<br />

d’une simple intervention (opération de<br />

courte durée qui n’intéresse qu’une faible<br />

étendue de l’ouvrage, réalisée par une personne<br />

seule, sur une installation ou un équipement<br />

dans <strong>les</strong> seuls domaines BT), de<br />

travaux (opération dont le but est de réaliser,<br />

de modifier, d’entretenir ou de réparer un<br />

ouvrage <strong>électrique</strong>) ou d’une opération particulière.<br />

Trois modes de travail sont à prendre<br />

en compte : sous tension, hors tension<br />

ou au voisinage ;<br />

La tension : domaine basse tension (BT) de<br />

0 à 1 000 volts en courant alternatif (ca) ou<br />

Statistiques accidents<br />

Le nombre des accidents du travail d’origine<br />

<strong>électrique</strong> est passé de près de 3 000 avant 1975<br />

à 834 en 2006. Il en va de même des accidents<br />

graves, dont le nombre recule de 360 en 1975<br />

à 74 en 2006. Cette tendance traduit une plus<br />

large maîtrise du risque, mais <strong>les</strong> analyses<br />

de sévérité montrent que <strong>les</strong> accidents d’origine<br />

<strong>électrique</strong> sont 17 fois plus souvent mortels<br />

que <strong>les</strong> accidents ordinaires.<br />

Les accidents se produisent surtout lors de travaux<br />

sur des installations fixes basse tension (19,6 %),<br />

au cours de l’utilisation de machines-outils<br />

portatives, d’appareils de soudure <strong>électrique</strong>,<br />

de lampes portatives, ou de ponts roulants.<br />

Les interventions sur ou au voisinage du réseau<br />

concernent <strong>les</strong> lignes aériennes, <strong>les</strong> postes<br />

de transformation et <strong>les</strong> canalisations enterrées.<br />

Tableau des principaux niveaux d’habilitation (Doc. UTE)<br />

Type d’opération Non-<strong>électrique</strong> Electrique<br />

Exécutant/<br />

chargé de chantier<br />

Exécutant Chargé de travaux<br />

Hors tension B0, H0 B1, H1 B2, H2<br />

Voisinage simple B0, H0 B1,H1 B2, H2<br />

Voisinage renforcé HT H0V H1V H2V<br />

Présence de tension BT Non applicable B1V B2V<br />

Sous tension Non applicable B1T, H1T B2T, H2T<br />

à 1 500 volts en courant continu (cc) ; domaine<br />

haute tension (HT) au-dessus ;<br />

La distance : du plus loin au plus près, il<br />

faut distinguer :<br />

- En haute tension, trois zones d’exécution<br />

des travaux : au voisinage simple (zone 1 -<br />

Z1), au voisinage renforcé (zone 2 - Z2) ou<br />

dans la zone des travaux sous tension (zone 3<br />

- Z3) ;<br />

- En basse tension, deux zones d’exécution<br />

des travaux : au voisinage simple (zone 1 -<br />

Z1) et la zone des opérations <strong>électrique</strong>s<br />

basse tension (zone 4 - Z4) ;<br />

En deçà de 50 m (limite DLI) dans un champ<br />

libre, sont ainsi déterminées (voir schéma),<br />

- Une distance limite de voisinage simple<br />

(DLVS) qui se situe à 3 (en BT) ou 5 m (en<br />

HT) ;<br />

- Une distance limite de voisinage renforcé<br />

(DLVR) en HT et pour <strong>les</strong> travaux sous tension,<br />

qui se situe en fonction de la tension,<br />

à 2 (HTA), 3 ou 4 m (HTB) ;<br />

- Une distance minimale d’approche (DMA)<br />

qui se situe à 0,30 m en BT et augmente, en<br />

fonction de la tension, de 0,60 m à plus de<br />

5 m en HT et pour <strong>les</strong> travaux sous tension<br />

(TST). En BT, la DMA et la DLVS sont confondues.<br />

En HT, la DLVS est toujours supérieure<br />

à la DMA, cette dernière marquant la<br />

distance qui préserve d’un amorçage possible<br />

pendant le travail.<br />

Le changement fondamental est l’application<br />

systématique d’une démarche globale de<br />

prévention des risques (qui n’est pas spécifique<br />

à l’électricité). Une évaluation des ris-<br />

Chargé<br />

de consignation<br />

Chargé d’intervention/<br />

d’opération particulière<br />

Consignation Non applicable BC, HC Non applicable<br />

Intervention<br />

BT<br />

Essai *<br />

Vérification<br />

Mesurage<br />

Manœuvre<br />

Non applicable Non applicable BR, BS<br />

Non applicable Non applicable BE + attribut<br />

HE + attribut<br />

* Il existe des cas pour <strong>les</strong> essais nécessitant une habilitation B2V + essai ou H2V + essai<br />

ques doit être systématiquement conduite<br />

par l’employeur avant tout commencement<br />

d’opérations. De cette évaluation découle le<br />

choix de solutions de prévention : consignation,<br />

équipements de protection collective<br />

(EPC) et/ou individuels (EPI). « L’objectif est de<br />

mettre en face de chaque risque identifié, une protection<br />

adéquate, construite et hiérarchique du chef d’établissement<br />

jusqu’à l’exécutant » expliquait Christian<br />

Atlani, expert et consultant, lors des rencontres<br />

techniques de la CSEEE (Chambre syndicale<br />

des entreprises d’équipement <strong>électrique</strong><br />

de Paris et sa région).<br />

Les nouvel<strong>les</strong> prescriptions ne bouleverse-<br />

Une habilitation appropriée est nécessaire pour accéder<br />

sans surveillance aux locaux d’accès réservés aux électriciens.<br />

MESURES 824 - AVRIL 2010 - www.mesures.com<br />

DR<br />

ront pas fondamentalement <strong>les</strong> niveaux<br />

d’habilitation mais introduiront quelques<br />

nouveautés et clarifications qui renforcent le<br />

niveau de sécurité grâce à un meilleur ciblage<br />

des titres en fonction des missions.<br />

Une mesure remarquable : la suppression du<br />

niveau d’habilitation B0V qui revient à interdire<br />

<strong>les</strong> travaux d’ordre non <strong>électrique</strong> au<br />

voisinage BT (dans la zone 4, au-delà de la<br />

DMA). « Il faut vraiment réserver cette zone à des<br />

professionnels qui connaissent l’électricité et <strong>les</strong> gestes<br />

adéquats » analyse Christian Atlani. En clair, un<br />

non-électricien ne sera plus autorisé à intervenir<br />

à moins de 30 cm d’un conducteur nu,<br />

cette situation étant celle où <strong>les</strong> accidents sont<br />

<strong>les</strong> plus importants et <strong>les</strong> plus fréquents.<br />

Habilitations :<br />

qu’est ce qui va changer ?<br />

Les habilitations exigées dans le cadre d’un<br />

travail <strong>électrique</strong> ne devraient pas connaître de<br />

changements majeurs, à l’exception d’un encadrement<br />

des travaux <strong>électrique</strong>s sans habilitation<br />

couvrant <strong>les</strong> travaux sous tension (TST) :<br />

<strong>les</strong> B1V et <strong>les</strong> B2V devront impérativement se<br />

protéger avant de travailler (par exemple, par<br />

MESURES 824 - AVRIL 2010 - www.mesures.com<br />

Consignation <strong>électrique</strong><br />

la pose de nappes isolantes ou d’écrans).<br />

Pour <strong>les</strong> interventions en BT, il est prévu un<br />

redéploiement des habilitations avec une<br />

classification des interventions suivant leur<br />

degré de complexité allant du dépannage<br />

sous tension au simple remplacement d’une<br />

lampe. Dans ce nouveau cadre, l’habilitation<br />

BR des électriciens conservera toutes ses pré-<br />

Solutions<br />

La réglementation privilégie <strong>les</strong> travaux ou <strong>les</strong> interventions hors tension sur <strong>les</strong> ouvrages<br />

en exploitation et recommande donc la consignation. Cette dernière consiste à effectuer<br />

<strong>les</strong> quatre opérations suivantes :<br />

� Séparation de l’ouvrage des sources de tension (ouverture d’un interrupteur, d’un disjoncteur,<br />

d’un sectionneur…). La séparation doit porter sur tous <strong>les</strong> conducteurs actifs ;<br />

� Condamnation des organes de séparation en position d’ouverture (pancarte d’interdiction<br />

de manœuvre, cadenas, etc.) ;<br />

� Identification de l’ouvrage mis hors tension afin d’être certain que la zone de travail est bien située<br />

sur ce même ouvrage (étude des schémas, des plans, etc.) ;<br />

� Vérification de l’absence de tension puis mise à la terre et en court-circuit sur le lieu de travail.<br />

Les deux premières opérations sont toujours réalisées par le chargé de consignation BC ou HC. Les deux<br />

opérations suivantes peuvent, dans certains cas, être réalisées par le chargé de travaux B2V ou H2V.<br />

rogatives, tandis qu’une nouvelle habilitation<br />

BS permettra à toute personne n’étant pas<br />

électricien de formation d’opérer sur tout,<br />

ou partie d’un ouvrage en exploitation, après<br />

l’avoir mis hors tension, dans le cadre de<br />

petites interventions prédéterminées par une<br />

note de service. Ouvrant des possibilités<br />

d’intervention à une nouvelle population ➜<br />

31


Solutions<br />

32<br />

Les différentes zones de travail<br />

Le recueil UTE C 18-510 répartit l’environnement en zones plus ou moins proches du risque <strong>électrique</strong>.<br />

➜(gardien<br />

d’immeuble, plombiers, etc.),<br />

cette habilitation BS couvrira des opérations<br />

simp<strong>les</strong> comme le remplacement d’une<br />

lampe ou d’un fusible, ou le raccordement<br />

d’une platine sur un circuit en attente. Un<br />

habilité BS ne peut pas consigner mais peut<br />

et doit mettre hors tension pour lui-même<br />

à l’aide de manœuvres simp<strong>les</strong> et sûres.<br />

Opérations particulières<br />

La nouvelle mouture du recueil UTE C 18-<br />

510 apportera un traitement plus détaillé de<br />

certaines opérations particulières que sont <strong>les</strong><br />

vérifications, <strong>les</strong> essais, <strong>les</strong> mesurages et <strong>les</strong><br />

manœuvres.<br />

Vérifications. Les vérifications consistent en<br />

des examens sur dossier, des essais simp<strong>les</strong><br />

(par exemple, le test des dispositifs différentiels),<br />

des examens visuels sur site et des mesurages<br />

simp<strong>les</strong> (mesurage de la résistance de<br />

terre, par exemple). Les autres types de vérifications<br />

doivent être assimilés à des essais.<br />

Ces opérations de vérifications feront l’objet<br />

d’habilitations bien particulières sous <strong>les</strong><br />

dénominations de “BE vérification” ou “HE<br />

vérification”, cet attribut associé définissant<br />

clairement la fonction couverte par l’habilitation.<br />

Elle concerne une personne qui<br />

travaille seule, même en HT, et qui ne peut<br />

pas consigner.<br />

Les formations seront mieux encadrées<br />

« Les organismes de formations participent aux travaux de révision du recueil UTE » précise<br />

Jean-Christophe Bonnamour, service formation Apave, en charge d’un sous-groupe<br />

qui travaille à la rédaction d’une annexe G traitant du contenu et de la durée des<br />

formations. « Cette nouvelle annexe définit un référentiel de formation et d’évaluation.<br />

L’accent est mis sur le savoir, le savoir-être et le savoir-faire qui devront être vérifiés.<br />

Une échelle doit être établie pour évaluer objectivement <strong>les</strong> candidats à la fin de leur<br />

formation. Cette évaluation portera sur la théorie et la pratique. Nous ne savons pas encore<br />

si cette annexe G sera ou non intégrée dans la partie normative de la future norme C 18-510,<br />

mais l’application de ce référentiel permettra de niveler <strong>les</strong> différentes formations pour<br />

aboutir à des niveaux plus homogènes qu’auparavant. »<br />

« De nouvel<strong>les</strong> formations et des stages de recyclage vont être mis en place pour assurer<br />

la transition entre l’ancien et le nouveau cadre réglementaire. Durant une période<br />

transitoire, <strong>les</strong> deux devront coexister car il n’est pas possible de reformer tout le monde<br />

en même temps. Les mises à niveau devront se faire au fil de l’eau sur une période<br />

de trois ans, et en fonction des profils d’entreprises. »<br />

Doc.UTE<br />

Essais. Les essais consistent à s’assurer du<br />

bon fonctionnement de l’ouvrage ou de<br />

l’installation par rapport au cahier des charges,<br />

à effectuer des réglages, à vérifier le<br />

fonctionnement des sécurités et du <strong>processus</strong><br />

industriel. Ils nécessitent en général la<br />

mise sous tension mais pas nécessairement<br />

la mise en service.<br />

La révision entraînera une redéfinition des<br />

chargés d’essais et de leurs compétences. Un<br />

chargé d’essais doit pouvoir consigner<br />

l’ouvrage pour lui-même et il peut avoir tout<br />

ou partie du rôle du chargé d’exploitation.<br />

L’habilitation nécessaire est la même que<br />

celle exigée pour un chargé de travaux ou<br />

pour un exécutant dans <strong>les</strong> mêmes conditions,<br />

avec en plus, pour le chargé de travaux,<br />

l’attribut complémentaire déterminant<br />

la fonction couverte. Ainsi, un chargé<br />

de travaux sera habilité B2V essai ou H2V<br />

essai. Un exécutant sera habilité B1V ou<br />

H1V. Il sera aussi possible d’habiliter des<br />

personnes ne faisant que des essais (sur des<br />

plates-formes d’essais par exemple) BE essai<br />

ou HE essai.<br />

Mesurages. Les opérations de mesurages<br />

concernent <strong>les</strong> mesures <strong>électrique</strong>s. El<strong>les</strong><br />

sont, dans la plupart des cas, intégrées dans<br />

<strong>les</strong> dépannages, vérifications et essais. Mais<br />

quand el<strong>les</strong> sont effectuées séparément en<br />

tant que tel<strong>les</strong>, el<strong>les</strong> sont généralement réalisées<br />

par une personne seule qui devra disposer<br />

d’une habilitation BE mesurage ou HE<br />

mesurage.<br />

Manœuvres. Les opérations de manœuvre<br />

concernent essentiellement <strong>les</strong> manœuvres<br />

d’exploitation. Cette habilitation permet à<br />

un opérateur disposant d’une habilitation BE<br />

manœuvre ou HE manœuvre de manœuvrer<br />

un appareillage conçu pour être utilisé<br />

au voisinage d’une partie nue sous tension.<br />

Contrôle des connaissances<br />

Compte tenu des risques, une habilitation,<br />

quel que soit son niveau, n’est en aucun<br />

cas définitivement acquise. Un réexamen<br />

de l’adéquation de l’habilitation avec le<br />

travail que l’employeur confie à son salarié<br />

est donc préconisé au moins une fois par<br />

an. Par ailleurs, un suivi et un entretien des<br />

compétences de l’habilitation doivent être<br />

réalisés avec une périodicité conseillée de<br />

trois ans, à moduler suivant la complexité<br />

des travaux et le profil de l’entreprise.<br />

De plus, la validité de l’habilitation doit être<br />

réexaminée systématiquement en cas de<br />

mutation, de changement de fonction, d’interruption<br />

longue de la pratique (de l’ordre<br />

de six mois), de restriction médicale, de<br />

non-respect des règ<strong>les</strong>, de modification im-<br />

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ABB<br />

Il sera possible d’habiliter des personnes ne faisant que des essais, par exemple sur des plates-formes d’essais.<br />

portante des ouvrages, d’évolutions des méthodes<br />

de travail, etc.<br />

La formation est de la responsabilité de<br />

l’employeur. Pour pouvoir être habilité, le<br />

personnel doit avoir acquis une formation<br />

relative à la prévention des risques <strong>électrique</strong>s<br />

et avoir reçu <strong>les</strong> instructions le rendant<br />

apte à veiller à sa propre sécurité et à celle<br />

du personnel qui est placé éventuellement<br />

sous ses ordres.<br />

Calendrier prévisionnel<br />

Le calendrier est encore incertain. Selon <strong>les</strong><br />

dernières prévisions, <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> mesures<br />

pourraient s’appliquer à partir du 1er janvier<br />

2011. Ceci suppose au préalable que le ministère<br />

du Travail publie à la fin du premier<br />

trimestre 2010, <strong>les</strong> trois nouveaux décrets<br />

qui remplaceront le décret du 14 novembre<br />

1988. Au moment de la rédaction de cet article,<br />

ces projets de décrets étaient en attente<br />

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d’examen par le Conseil d’Etat pour une publication<br />

imminente au Journal Officiel. La<br />

publication du recueil UTE C 18-510 édition<br />

2010 devrait intervenir vers la même période<br />

sous la forme d’une norme (expérimentale<br />

ou homologuée).<br />

Il est prévu par le ministère du Travail que le<br />

recueil soit identifié comme guide de référence<br />

des bonnes pratiques par un arrêté<br />

d’application du décret sur <strong>les</strong> opérations<br />

<strong>électrique</strong>s. La nouvelle édition de la norme<br />

C 18-510 remplacera la précédente de 1988<br />

qui sera annulée à la date d’application des<br />

nouveaux textes (actuellement envisagée au<br />

1er janvier 2011). Seront également annulés<br />

<strong>les</strong> carnets de prescriptions UTE C 18-530,<br />

18-540 (pour <strong>les</strong> opérations réalisées sur<br />

ouvrages <strong>électrique</strong>s) et 18-550 (pour <strong>les</strong><br />

opérations réalisées sur véhicu<strong>les</strong> <strong>électrique</strong>s)<br />

dans leur version reprenant <strong>les</strong> prescriptions<br />

de l’UTE C 18-510 de 1988. Des<br />

Codification<br />

des habilitations<br />

Solutions<br />

Les différents niveaux d’habilitation sont<br />

symbolisés par des lettres et un indice numérique.<br />

Toutes <strong>les</strong> combinaisons ne sont pas autorisées.<br />

La première lettre indique le domaine de tension<br />

des ouvrages sur lequel le titulaire peut travailler<br />

ou intervenir :<br />

� B : ouvrages du domaine BT (basse tension) ;<br />

� H : ouvrages du domaine HT (haute tension).<br />

L’indice numérique indique le niveau d’autonomie<br />

et de responsabilité des intervenants :<br />

� 0 : chargé de chantier ou exécutant réalisant<br />

des opérations exclusivement d’ordre<br />

non <strong>électrique</strong> ;<br />

� 1 : personnel exécutant des opérations d’ordre<br />

<strong>électrique</strong> ;<br />

� 2 : personnel ou chargé de travaux responsable<br />

de l’organisation du chantier.<br />

La deuxième lettre précise la nature des opérations<br />

que le titulaire peut réaliser :<br />

� T : travail sous tension ;<br />

� N : nettoyage sous tension ;<br />

� V : travail au voisinage ;<br />

� C : chargé de consignation ;<br />

� R : chargé d’interventions ;<br />

� S : interventions simp<strong>les</strong> prédéterminées<br />

par une note de service.<br />

groupes de travail viennent de se mettre en<br />

place pour travailler sur des documents de<br />

remplacement. Une fois <strong>les</strong> nouveaux décrets<br />

en application, le ministère du Travail<br />

n’exclurait pas d’autoriser, durant une période<br />

transitoire, la cohabitation des anciens<br />

et nouveaux titres d’habilitation, le temps<br />

d’assurer la nécessaire formation des habilités<br />

aux nouvel<strong>les</strong> règ<strong>les</strong>. Eric Sorlet<br />

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