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نبض المجتمع العدد 7

العدد السابع من مجلة نبض المجتمع

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et par les médias électroniques sous le titre de «

démêler le vrai du faux » (ii)la deuxième porte sur

la nature populaire (voire populiste) de ce discours,

qui n’est ni politique, ni savant, ni médiatique, ni

artistique. C’est un discours sauvage, spontané,

impulsif, émotionnel impossible à catégoriser dans les

guerres médiatiques telles que celles qui opposent

les Russes et pays occidentaux par exemple.

Les propos recensés sont plutôt de l’ordre de la

délinquance individuelle et de la cybercriminalité

que du contrepouvoir institutionnalisé inscrit dans

un agenda bien précis.(iii) la troisième : toutes les

catégories thématiques relevées et leurs charges

émotionnelles entretiennent des relations de

complémentarité et non d’opposition,(iv)les thèmes

sont foncièrement dénotatifs, concrets et rarement

connotatifs, abstraits(v) l’élément itératif dans tous

les thèmes répertoriés relève de la subjectivité et

de l’affectivité, et non d’une pensée rationnelle

cohérente et objective, (vi) de plus, les deux types

de textes dominants sont l’informatif et le narratif ;

absence manifeste de l’argumentatif et de l’explicatif,

(vii) les personnages (les protagonistes) des récits des

rumeurs (je, les responsables, on, les victimes) sont

généralement des anti-héros, des losers(une vision

péjorative du Marocain) , (viii) les propos dysphoriques

l’emportent sur les dimensions euphoriques.

Ces énonciations, anonymes ou pas,

s’accompagnent d’une visée dysphorique et

disjonctive liée à la quête du scandale en adoptant

une attitude de fausse dénonciation

La structure formelle

La présence d’une fausse information (faire

semblant, simuler)ne caractérise pas seulement

l’énoncé, mais subsume l’ensemble de l’énonciation

en impliquant le contexte, l’émetteur, le récepteur,

le médium. En tant qu’acte communicationnel,

sémiotique et pragmatique, le mensonge, que

qualifie le philosophe J. Austin d’ « acte parasite

non sérieux », se déploie selon une énonciation

tripolaire : (i)l’agent menteur qui , en toute mauvaise

foi, a l’intention de dissimuler un énoncé vrai(en

adéquation avec la réalité ontologique et factuelle), et

de transmettre un énoncé faux en faisant croire qu’il

croit à sa véracité, tout en persuadant autrui que le

faux est la seule vérité disponible . Mentir c’est faire.

Le menteur part toujours du postulat que son acte

sémiotique dysphorique est infaillible et indétectable,

(ii) l’instrument médium qui se compose du médium (à

savoir le message (écran, texte, audio, vidéo, photo))

et du canal diffuseur (l’écran, le Smartphone, les

réseaux sociaux, Internet) et qui est à la fois massif,

instantané et addictif (iii) le patient (la cible, la victime)

qui est généralement crédule et qui, en toute bonne

foi, délègue sa confiance au menteur et adhère sans

distance à ses propos mensongers. Conformiste, Il est

surtout incapable de distinguer une information vraie

d’une rumeur, étant démuni de l’esprit critique et de

la capacité de croiser les sources d’informations pour

détecter le faux (le fact-checking). Dans la majorité

des cas, le patient se transforme en instrument

médium, en relais, en caisse de raisonnante pour les

Fake news (clics, partages, likes, Followers)

Le caractère trompeur des Fake news et des

rumeurs, désormais genres discursifs et médiatiques

prédictibles, consiste à simuler la mise en forme et

le style des médias classiques et à usurper l’identité

des journalistes, à s’approprier de manière illicite

un discours déjà encadré par l’éthique et par la

déontologie.

Il est également aisé de constater que la circulation

des Fake news passe de la réception numérique

et écranique à l’appropriation orale, à la rumeur

classique : le patient s’improvise comme gourou,

relais divin, détenteur de la vérité auprès de ceux

qui n’ont pas la chance de posséder un Smartphone

(symptôme d’une dramatique fracture numérique

et de flagrantes disparités sociales et régionales

au Maroc). Pire : le Smartphone , le Whatsapp, le

Facebook se substituent irrésistiblement aux sources

d’information classiques (radios, télévision, presse

écrite) : « Wallah, on l’a dit sur Whatsapp. C’est vrai ,

je l’ai vu sur Facebook. »

Dans notre corpus des Fake news liées aux

coronavirus (les corona-Fake), les principaux constats

peuvent être résumés ainsi: (i)le message se compose

souvent de deux éléments (le thème et le propos ou

le prédicat) : dans le cas du Ministère de l’éducation

par exemple, le thème référentiel est le Ministère

lui-même, le propos est l’ensemble des fausses

informations qu’on lui attribue (année blanche,

réussite collective, fermeture d’écoles…) dans le but

certain de lui porter préjudice et de le décrédibiliser

aux yeux de l’opinion publique,(ii) le message

est généralement assertif et constatif (il affirme

l’existence d’un référent et d’un procès sémantique

fictifs, non attestés) mais, sa visée sous-jacente

est performative (pousser le récepteur à prendre

position). Pour ce faire, un ton sentencieux et solennel

est adopté.(iii) la mise en forme est souvent sobre

sans recherche esthétique ni plastique, le message

jouit d’une syntaxe simple et d’un vocabulaire très

rudimentaire, incapable d’exprimer une pensée

complexe et nuancée,(iv) le message ne respecte

pas les maximes conversationnelles du philosophe

P. Grice, particulièrement le principe de qualité selon

lequel il faut veiller à la véracité de l’information «

n’affirmez pas ce que vous croyez être faux, n’affirmez

pas ce que vous n’avez pas de raison suffisante de

considérer comme vrai »,(v) certains messages se

basent sur le détournement d’images existantes (les

logos, les photos…)

A ce stade de l’analyse, on ne manquera pas de

remarquer qu’il existe deux types de Fake news : les

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