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vé qu’il entendit les chanteurs du pape exécuter<br />
un de ses motets comme étant de Josquin<br />
– et puis les vit le retirer de l’usage dès qu’ils<br />
connurent la véritable identité du compositeur.<br />
Néanmoins, sa production grandit rapidement<br />
: en 1515, il rejoint le service du cardinal<br />
Ippolito I d’Este, un ancien compagnon des<br />
dîners du pape, lequel s’entendait bien avec<br />
lui en termes d’excès fastueux et de passion<br />
pour la musique. Willaert restera avec Ippolito,<br />
le suivant à Ferrare et en Hongrie, jusqu’à<br />
ce que le cardinal meure d’une indigestion<br />
d’écrevisses en 1520. Malgré les offenses qu’il<br />
subissait de la part des chanteurs du pape,<br />
Willaert a joui clairement d’une grande estime<br />
dans le cercle de Léon : il avait plus de motets<br />
dans le Medici Codex que quiconque (hormis<br />
Mouton), et son Virgo gloriosa Christi ouvre le<br />
manuscrit. A la mort d’Ippolito, Willaert offre<br />
ses services au duc de Ferrare. En 1527, il<br />
assure la direction de la chapelle à San Marco<br />
de Venise, où il reste, considéré comme l’un<br />
des musiciens les plus vénérés de son temps,<br />
jusqu’à sa mort en 1562.<br />
Certains commentateurs se sont demandés<br />
si Willaert n’avait pas composé le motet<br />
Virgo gloriosa Christi pour qu’il ait cette place<br />
dans le Codex : le texte s’adresse à la sainte<br />
patronne des femmes qui attendent un enfant<br />
et Madeleine de la Tour d’Auvergne, enceinte<br />
de quelques semaines, arrive en Italie. Le<br />
compositeur résidant alors en Hongrie, cette<br />
hypothèse tombe évidemment d’elle-même<br />
; mais son point de départ, la musique,<br />
exceptionnellement écrite pour quatre voix<br />
graves, montre la maîtrise qui lui valut manifestement<br />
une telle faveur aussi rapidement :<br />
Willaert cache discrètement des prouesses<br />
techniques, comme le penchant à inverser<br />
ses motifs en imitation en une riche sonorité,<br />
remarquable par ses changements de couleur<br />
harmonique – on peut noter par exemple,<br />
comment la musique progresse presqu’imperceptiblement<br />
en partant des sonorités du<br />
mode mineur et allant vers ce qu’on pourrait<br />
entendre comme un lumineux Fa Majeur au<br />
moment de la prière « Audi preces nostras ».<br />
Avec Saluto te, sancta Virgo Maria, écrit<br />
entièrement dans un brillant mode de Fa,<br />
Willaert montre plus franchement ce qu’il doit à<br />
Mouton, dont l’influence se ressent clairement<br />
dans ces longs et sinueux duos déployés en<br />
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