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234 LES RELATIONS DES j£SUITES [Vol.26
les eaux facrees du Baptefme, c'eft le gage de noftre
falut, la beaiite de noftre ame, qui en a efface les
laideurs du peclie, qui en a chaffe les demons, & nous
a fait enfans de Dieu. Que ce foit la noftre threfor,
que ce foient nos richeffes, & fi le diable & tout
I'enfer s'efforce de nous les rauir, aymons plus noil;re
bien, qu'ils ne fouhaitent noftre mal; foyons iour &
nui(5t fur nos gardes, inuoquons le fecours du Ciel,
I'affiftance des Anges, ayons recours a la priere autant
de fois [50] que nous fentirons noftre coeur attaqu6.
En vn mot eftimons le don de la Foy, aymons
vn Dieu qui nous a ayme le premier, & que tout
I'effort de nos haynes ne foit rien que pour le peche.
Refoluos nous & k la mort & aux douleurs, de cette
vie, offrons d6s maintenant le tout a Dieu, afin qu'il
en tire fa gloire, & que pour vn moment qui nous
refte h. fouffrir en terre, nous en receuions dans le
Ciel vne recompenfe eternelle. Apres ce difcours
que fa foy & fon zele enflammoit, & qu 'autre que le
S. Ef prit ne luy auoit pu fuggerer Mes
; freres, leur
dit-il, mettons nous k genoux, offrons nous tous h.
Dieu & pour la vie & pour la mort, fuiuez tous mes
paroles, afin que n'ayans tous qu'vn coeur nous n' ayons
auffi qu'vne langue & la mefme priere en bouche.
Lk deffus il s'adreffe a Dieu, mais auec des fentimes
de deuotion fi tendres, que le coeur les goufte mieux,
que le papier ne les exprime.
Ce furent Ik fes dernieres paroles lors qu'il fe fepara
d'auec nous il
y a pres d'vn an; & les graces de
Dieu que nous voyons en luy nous font maintenant
reconnoiftre [51] qu'en effet les tourmens, la captiuite,
& la mort n'ont rien qui puiffe nuire k vn coeur
vrayement Chreftien.