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88 LES RELATIONS DES /^SUITES [Vol.26
infbruire, que t'auons nous fait pour nous abandonner
de la forte? II
y a fi long-temps qu'on t'inuite, tous
nos gens defirent de croire. II ne tient qu'a toy qu'ils
ne foient tous baptifez. Prens courage, viens chez
nous, & au pluftoft, ayes pitie
de tant d'ames qui fe
perdent, prie Dieu pour moy. le n'ay plus qu'vne
demande a te faire,
tu faffes communier ma
c'eft que
fille. II me femble que ie m'en irois plus contente
& de ce lieu & de ce monde, fi
ie la voyois participer
a ce Sacrement: elle n'eft [199] plus folle comme
elle eftoit auant fon Baptefme. Ne crains pas, elle
eft toute autre. En effet elle difoit vray. Cette
fille auant fon Baptefme eftoit extremement remuante
& volage, maintenant fa modeftie eft admirable,
& I'a fait iuger digne de ce Sacrement, qui eft le pain
des grands & le vin qui fait
germer les Vierges.
II ne reftoit plus en cette famille qu'vn ieune
homme de vingt ans k baptifer, on n'ofoit luy confier
ce Sacrement, apprehendant ce qui efl a craindre en
tous les autres ieunes hommes, qu'il ne fe mariaft
contre les loix de I'Eglife, mais enfin fon importunite
luy fit obtenir ce qu'il demandoit. Le P. Buteux
eftoit pour lors affez occupe, & feignoit encore de
I'eftre dauantage.
II le renuoyoit
pour I'efprouuer, cela ne le rebutoit pas,
fouuent a deffein
il reuenoit
cinq & fix fois le iour pour eftre inftruit, & ne s'inquietoit
point quand on le faifoit attendre, s'
occupant
pour lors a dire fon chapelet & repeter a part ce qu'on
luy auoit appris, & perfiftoit demandant toufiours la
mefme chofe: [200] Quand fera-ce que ie feray baptife?
Ie ne partiray pas d'icy, ny mon oncle. (c'eftoit
le Capitaine de cette nation) que ie ne fois baptife.
II le fut, & le zele qu'il a monllre cet "k
hyuer enfei-