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The Canadian Bar Association - National (English) - July/August 2012

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Cependant, beaucoup doutent de leur efficacité. « Il est<br />

important de poursuivre les responsables mais il y a un manque<br />

d’équilibre si on ne touche pas à la protection de la victime »,<br />

déplore Janet Dench, directrice du Conseil canadien pour les<br />

réfugiés. Elle aurait souhaité que le Canada en profite pour<br />

revoir ses politiques en matière d’immigration.<br />

Un marché lucratif<br />

La traite des personnes est une « industrie » florissante au<br />

niveau international. Selon l’ONU, il s’agirait de la forme de<br />

crime organisé transnational qui connaît la croissance la plus<br />

rapide. « Les groupes internationaux criminalisés s’intéressent<br />

à la traite des personnes de façon croissante, explique le<br />

Caporal St-Jean. Il s’agit d’une source de profit importante<br />

pour eux. »<br />

Cependant, ils ne sont pas les seuls à cibler ce marché<br />

puisque des groupes plus restreints tenteraient aussi de tirer leur<br />

épingle du jeu. « De plus petits réseaux décentralisés s’intéressent<br />

aussi à la traite des personnes et peuvent se spécialiser<br />

dans le recrutement, le transport ou l’hébergement de victimes,<br />

précise le Caporal St-Jean. De petits clans familiaux peuvent<br />

contrôler toute l’opération et des individus qui travaillent de<br />

Les victimes sont généralement<br />

des femmes et des enfants<br />

destinés à l’industrie du sexe,<br />

mais ce n’est pas toujours le cas.<br />

façon indépendante tirer profit de la traite des personnes. »<br />

Au Canada, les victimes de la traite se retrouvent habituellement<br />

dans les centres urbains que sont Toronto, Vancouver,<br />

Montréal et Winnipeg. Les victimes sont généralement des<br />

femmes et des enfants destinés à l’industrie du sexe, mais ce<br />

n’est pas toujours le cas. « Quoique cela soit moins fréquent,<br />

des personnes sont aussi entraînées au Canada pour effectuer<br />

du travail forcé, soutient le Caporal St-Jean. Nous avons eu vent<br />

de quelques incidents où l’agriculture et l’industrie du textile<br />

étaient en cause ainsi que le trafic de drogue. »<br />

Il y aurait aussi le cas de domestiques entrées au Canada en<br />

vertu d’un programme spécial de l’immigration leur permettant<br />

de demander la résidence permanente après 24 mois de travail<br />

au sein d’une famille, nous explique Nancy Célestin, présidente<br />

du conseil d’administration et porte-parole de l’<strong>Association</strong> des<br />

aides familiales du Québec. Certaines personnes se retrouvent<br />

dans des situations horribles une fois arrivées au pays. « Elles<br />

arrivent par l’entremise d’agences qui font parfois de fausses<br />

promesses », constate-elle.<br />

Un crime spécifique<br />

Tout juste avant le déclenchement des élections, le Parlement<br />

fédéral adopte, le 25 novembre dernier, le projet de loi C-49<br />

ajoutant trois nouvelles infractions au Code criminel. Le projet<br />

reçoit la sanction royale le même jour.<br />

Les nouveaux articles 279.01 à 279.04 du Code criminel<br />

visent directement la traite de personnes. L’article 279.01<br />

interdit le recrutement, le transport, l’hébergement ou le contrôle<br />

des déplacements d’une personne afin de l’exploiter ou<br />

d’en faciliter l’exploitation. « C’est une infraction très sérieuse<br />

puisqu’elle prévoit une peine maximale de quatorze ans<br />

JANVIER · FÉVRIER 2006 www.cba.org<br />

d’emprisonnement », commente Heather Perkins-McVey, avocate<br />

en droit pénal à Ottawa et membre de la Section nationale<br />

de droit pénal de l’<strong>Association</strong> du <strong>Bar</strong>reau canadien.<br />

Les articles 279.02 et 279.03 interdisent à quiconque de<br />

tirer sciemment un avantage financier ou tout autre avantage<br />

de la perpétration d’une infraction de traite des personnes et<br />

de conserver ou de détruire des documents comme les pièces<br />

d’identité, les documents d’immigration et de voyage d’une<br />

personne pour en faire et en faciliter la traite. Ils entraînent<br />

respectivement une peine maximale de dix et de cinq ans<br />

d’emprisonnement.<br />

L’exploitation, définie à l’article 279.04, est le concept central<br />

de ces nouvelles infractions. Une notion « vague », selon<br />

Me Perkins-McVey, qui « pourrait faire en sorte qu’une personne<br />

soit amenée à être accusée d’un crime sans savoir que les<br />

gestes qu’elle posait étaient illégaux ».<br />

On y précise qu’une personne en exploite une autre<br />

lorsqu’elle l’amène à fournir ses services, par des agissements<br />

dont il est raisonnable de croire qu’un refus de sa part mettrait en<br />

danger sa sécurité ou celle d’une personne qu’elle connaît, ou<br />

lorsqu’elle l’amène, par la tromperie à se faire prélever un organe.<br />

Me Perkins-McVey croit que des expressions telles que<br />

« amener à fournir » et « amener à se faire<br />

prélever » en disent peu sur les circonstances<br />

entourant la commission d’un tel<br />

geste et « qu’une personne qui tente d’en<br />

aider une autre pourrait être visée. »<br />

Ces dispositions ne sont pas nées dans<br />

l’urgence d’agir. Avant leur introduction,<br />

il était tout de même possible de punir la<br />

traite des personnes en ayant recours au<br />

Code criminel. Les articles portant sur<br />

l’enlèvement, l’extorsion, le complot, le contrôle ou le fait de<br />

vivre des produits de la prostitution, pouvaient être utilisés<br />

dans des circonstances spécifiques.<br />

La Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR) de<br />

2002 permet aussi, grâce à son article 118, de poursuivre<br />

quiconque sciemment organise l’entrée au Canada d’une ou de<br />

plusieurs personnes par fraude, tromperie, enlèvement ou menace<br />

ou usage de la force ou de toute autre forme de coercition.<br />

Ses effets tardent toutefois à se faire sentir. À ce jour, une<br />

seule accusation aurait été portée en vertu de l’article 118 de la<br />

LIPR, soit contre Micheal Ng, un tenancier de salon de massage<br />

de Vancouver.<br />

L’inclusion des nouvelles mesures dans le Code criminel lance<br />

un message plus sérieux, croit Me Perkins McVey. « Une accusation<br />

en vertu du Code criminel a une plus grande signification,<br />

déclare-t-elle. De plus, du point de vue de la poursuite, elle procure<br />

d’autres avantages comme le prélèvement d’ADN, les ordonnances<br />

de non-publication et des mesures facilitant le témoignage<br />

des mineurs. »<br />

Selon le Caporal St-Jean, les nouvelles infractions permettront<br />

aussi de s’attaquer aux dossiers qui n’ont pas d’aspect<br />

transfrontalier. « La traite de personnes se déroule parfois<br />

uniquement au Canada, précise-t-il. Qu’elles aient recours à la<br />

LIPR ou aux nouvelles infractions, les autorités policières seront<br />

mieux en mesure de s’assurer que l’infraction reprochée soit<br />

celle qui correspond le mieux aux faits précis en cause. »<br />

Sans-papier<br />

Il reste toutefois bien des obstacles. Aux dires de certains organismes<br />

qui œuvrent auprès des victimes, les autorités policières<br />

continueront de faire face à un problème de taille lorsqu’ils<br />

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