ASSOCIATIONDESMARCHES FOLKLORIQUESDEL'ENTRE-SAMBREET29MEUSELa Procession, la Marcheà l’origine <strong>de</strong> la fête populaireROGER GOLARDAu cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles, <strong><strong>de</strong>s</strong>dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> pèlerinsont parcouru les routes<strong>de</strong> l’Entre-<strong>Sambre</strong>-<strong>et</strong>-<strong>Meuse</strong> pour,notamment, venir prier sainteRolen<strong>de</strong> à Gerpinnes <strong>et</strong> Notre-Dameà Walcourt.Ces fidèles, bien souvent, partaient <strong>de</strong>chez eux le soir, pour arriver sur plac<strong>et</strong>ôt le matin. Accompagnés <strong>de</strong> leurspasteurs, ils égrenaient leurs chapel<strong>et</strong>s<strong>et</strong> arrivaient à jeûn, pour assister aupremier office <strong>et</strong> communier.Leurs <strong>de</strong>voirs remplis, que faisaient-ils ?C’est un lieu commun d’écrire quel’homme ne vit pas seulement <strong>de</strong>prières, mais qu’il a aussi besoin <strong>de</strong> pain.Aussi, rapi<strong>de</strong>ment, les cafés <strong>et</strong> lesmaisons transformées en débits <strong>de</strong>boissons sont pris d’assaut, pour yconsommer les provisions apportées<strong>et</strong> les boissons servies sur place.Quand il fait chaud, celles-ci sont lesbienvenues... <strong>et</strong>, généralement, unverre ne suffit pas. Rapi<strong>de</strong>ment, ladévotion qui imprégnait les visageslaisse la place à la joie : le temps dudéfoulement est arrivé, on se “déboutonne”,on rit, on se laisse emporterpar la joie ambiante, on chante... <strong>et</strong> ilne s’agit plus <strong>de</strong> psaumes ou <strong>de</strong> cantiques.Et pendant ce temps, que font leshabitants du lieu ?Peut-être, dans un premier temps, sesont-ils plus préoccupés <strong>de</strong> penser àremplir leurs poches, en vendant<strong><strong>de</strong>s</strong> boissons <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> nourritures, oulouant <strong><strong>de</strong>s</strong> emplacements pour garerles chevaux <strong>et</strong> les charr<strong>et</strong>tes.Ce grand déploiement <strong>de</strong> peuple attireaussi tous les gagne-p<strong>et</strong>it, saltimbanques,montreurs d’ours, musiciensambulants, jongleurs, ... à la recherche<strong>de</strong> quelques bonnes affaires.C’est ainsi que le pèlerinage pieux s<strong>et</strong>ransforme p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it en fête àlaquelle tous participent.(suite page <strong>30</strong>)AMIS MARCHEURSfaites reliervotre bull<strong>et</strong>in favori,il <strong>de</strong>viendra ainsiun souvenir impérissableau fil <strong><strong>de</strong>s</strong> pagesPOUR TOUS RENSEIGNEMENTS :RELIURE - RESTAURATIONCARTONNAGESRue du Moulin 4 - 6280 GERPINNESTéléphone (071) 50 52 11
ASSOCIATION<strong>30</strong>DESMARCHES FOLKLORIQUESDEL'ENTRE-SAMBREETMEUSELA PROCESSION, LA MARCHE ... (suite <strong>de</strong> la page 29)Par ailleurs, dans les <strong>de</strong>ux communescitées - <strong>et</strong> aussi dansquelques autres <strong>de</strong> la région - <strong><strong>de</strong>s</strong>escortes armées accompagnent laprocession; les musiciens, les tamboursqui en font partie, les salvesqui marquent les arrêts aux potales,tout cela contribue aussi à fairenaître c<strong>et</strong> air <strong>de</strong> fête.A un certain moment, l’autorité localese rend compte qu’il faut que la manifestationrespecte un certain ordre, sedéroule correctement; tout naturellementelle charge la “Jeunesse” <strong>de</strong>prendre la responsabilité <strong>de</strong> son organisation;<strong>de</strong> la sorte, toute la communautélocale est engagée <strong>et</strong> comme la“Jeunesse” m<strong>et</strong> aussi sur pied les fêteslocales ... la journée ne se termine passans quelques amusements.En fait, ce qui n’était au départqu’une fête religieuse voit bientôt sedévelopper à ses côtés une fête civile.Car, comme l’écrivait un journaliste<strong>de</strong> la Gaz<strong>et</strong>te <strong>de</strong> Charleroi dans unarticle paru le 21 juill<strong>et</strong> 1902, “n’allezpas croire que tous ces gens accomplissentle tour par dévotion... on les voitjuchés sur <strong><strong>de</strong>s</strong> voitures, chars <strong>et</strong> carrioles,chantant <strong><strong>de</strong>s</strong> airs profanes”.“C<strong>et</strong>te procession est une kermesse enmême temps qu’une fête religieuse; elleconsacre le double besoin que l’hommeéprouve comme être spirituel <strong>et</strong> matériel”renchérit Vers l’Avenir du 29 juin 1924.C’est tellement vrai que là où la“Marche” n’existe plus, la fête communaledisparaît : c’est ainsi que, en1851, à Châtel<strong>et</strong>, “la fête communalen’existe plus qu’à l’état <strong>de</strong> souvenirdans la mémoire <strong><strong>de</strong>s</strong> vieillards. Ils rappellentà leurs fils qu’autrefois, la jeunesse<strong>de</strong> la ville s’armait en guerre, pouraccompagner les reliques <strong>de</strong> saint Eloi...la kermesse durait parfois une semaine”.A Bouffioulx, en 1892, on constate : “sila kermesse, c<strong>et</strong>te année, a été si animée, sipittoresque, si attractive, c’est grâce à laMarche Militaire qui a eu le don <strong>de</strong> déri<strong>de</strong>rtous les fronts <strong>et</strong> <strong>de</strong> faire régner chezles jeunes comme chez les vieux, une animation,un entrain dont on n’a pas idée”.La fête est donc présente; mais commentse déroule-t-elle ?Quand on fait la fête, on doit “se fairebeau”.C’est le cas aussi dans les communes<strong>et</strong> villes où la procession se déroule<strong>et</strong> tous se sentent concernés.Plusieurs semaines à l’avance, le“grand n<strong>et</strong>toyage” commence.A Fosses, en 1935, “<strong>de</strong>puis mai, <strong><strong>de</strong>s</strong>échelles escala<strong>de</strong>nt, joyeuses, les faça<strong><strong>de</strong>s</strong>,s’accrochent <strong><strong>de</strong>s</strong> légions <strong>de</strong> peintres qui,<strong>de</strong> toute leur âme, donnent aux habitationsles couleurs les plus tendres ou lesplus vives, qui se marient sous lescaresses <strong>de</strong> l’automne”.Il en est <strong>de</strong> même à Walcourt où en1907, on note : “les peintres, les blanchisseurs(1) sont littéralement débordés.Armés <strong>de</strong> leurs longues <strong>et</strong> lentesbrosses, ils badigeonnent <strong>de</strong> blanc crujusqu’aux moindres remises <strong><strong>de</strong>s</strong> cour<strong>et</strong>tes.Au ras du sol, ils noircissent unpied <strong>de</strong> haut au goudron <strong>de</strong> houille”.Pas une maison qui n’ait son pin-