FATOU SYSOCIÉTÉESCROQUERIE ENTRE DAKAR ET ISTANBULL'axe Dakar-Istanbul est très propice aux affaires depuis quelques années. En atteste le niveau trèsappréciable des échanges commerciaux entre les deux pays salué par les autorités des deux gouvernements.Seulement, ce<strong>la</strong> s'accompagne souvent d'escroquerie, d'abus de confiance, etc. Une affairelourde d'un demi-million de dol<strong>la</strong>rs, soit près de 500 millions francs Cfa est sur le point d'empoisonnerles re<strong>la</strong>tions entre les deux États au point de mobiliser même les services diplomatiques turcs.Des Turcs roulés dans de<strong>la</strong> ferraille à 500 millionsLe deal, qui n'a jamais pu être effectif,aurait dû porter sur 7000tonnes de ferraille que le GIE “DjanatouNahim'', représenté par MandiayeSyl<strong>la</strong> et Pape Fara Diop, devait livrer à <strong>la</strong>Société de droit turc “Yaman Ciko<strong>la</strong>ta”établi à Istanbul et dont le Directeur estRemzi Yaman. Le contrat qui scelle l'accordest signé à <strong>la</strong> date du 19 août 2011.Dans le document, dont EnQuête détientcopie, il est écrit ceci : “Monsieur RemziYaman au nom de <strong>la</strong> société Yaman Ciko<strong>la</strong>ta(…) verse au Gie Djanatou Nahim sisHann Maristes 2 N°Z24 (…), <strong>la</strong> somme500.000 dol<strong>la</strong>rs pour l'achat de débris deferraille. En contrepartie, Mandiaye Syl<strong>la</strong>donne en garantie 68 parcelles de terrainsde 150 mètres carrés (l'unité) (…), dont<strong>la</strong> valeur vénale est estimée à <strong>la</strong> sommede 306 millions de francs Cfa par Me BoubacarDiatta, expert''. La partie turques'engage à compléter jusqu'à hauteur dumontant convenu (Ndlr, 1.890.000 dol<strong>la</strong>rs),une fois que <strong>la</strong> marchandise seraréceptionnée, alors que Mandiaye Syl<strong>la</strong>,au nom du Gie qu'il représente, s'engageà restituer, à défaut, le montant déjà versé.Le deal est ficelé et bonjour les dégâts.Pour forcer <strong>la</strong> main des Turcs,Mandiaye Syl<strong>la</strong> joint un document attestantune cession de 68 lots de 150 m2l'unité - terrains tous localisés à Mbao - auxhommes d'affaires sénéga<strong>la</strong>is. Desterrains supposés avoir été cédés selon lesrègles qui président à l'affectation dupatrimoine foncier de l’État. Or, lesservices des Impôts et Domaines ne semblentpas être au courant d'actes administratifsposés dans ce sens. Ce qui faitcroire à l'usage de faux en écritures.En tout état de cause, du fait de blocagesdans l'exécution du contrat pourl'acquisition de débris de ferraille, RemziYaman constitue des conseils sénéga<strong>la</strong>iset portent l'affaire en justice. Car, dans lestermes du contrat, il est bien établi que <strong>la</strong>livraison de <strong>la</strong> ferraille devait se faire dansles 30 jours qui ont suivi <strong>la</strong> réception des250 millions de francs Cfa, effectivementconstatée par les livres de <strong>la</strong> Banqueat<strong>la</strong>ntique. Aucun des termes de l'accordn'ayant été respecté, voilà donc que <strong>la</strong>machine judiciaire est mise en branle.page 10Aussi, une p<strong>la</strong>inte pour escroquerie contreMandiaye Syl<strong>la</strong> et Pape Fara Diop, portantsur 250 millions de francs Cfa, a-t-elle étédéposée chez le procureur de <strong>la</strong> Républiqueprès le tribunal hors c<strong>la</strong>sse deDakar. Ce, après plusieurs re<strong>la</strong>nces infructueuses,sous forme de mises endemeure.Dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte, <strong>la</strong> partie turqueexplique comment elle a été roulée dans<strong>la</strong> farine par des affairistes qui ont usé demanœuvres frauduleuses, “notammenten présentant le rapport du 'BureauVeritas' qui ne pouvait attester de leur propriétésur <strong>la</strong> ferraille''. Une faille établie parvoie de sommation interpel<strong>la</strong>tive, en datedu 21 décembre 2011, qui révèle que si<strong>la</strong> ferraille existe bel et bien, elle n'a jamaisété <strong>la</strong> propriété de Pape Fara Diop et MandiayeSyl<strong>la</strong>.Le dossier a été piloté par <strong>la</strong> Section derecherches de <strong>la</strong> Gendarmerie nationale,qui, après bouc<strong>la</strong>ge de l'enquête, a remisses conclusions au procureur qui va déciderde <strong>la</strong> suite à donner à cette affaire...GRÈVE DES TRANSPORTEURS D'AUJOURD'HUILa Direction des transports routiers a tenu un point de presse hier dans <strong>la</strong> salle du contrôle financier,au building administratif de Dakar. Certains responsables syndicaux de transports étaient ausside <strong>la</strong> partie pour exprimer leur désapprobation à propos de cette grève.Pas de consensus autour du mot d'ordreKHADY FAYELa réussite de <strong>la</strong> grève destransporteurs des 1er et 02janvier derniers risque de nepas se répéter. En effet, les transporteursdu groupement AFTU, les chauffeursde <strong>la</strong> banlieue, le syndicat deschauffeurs de taxis, <strong>la</strong> Fédérationnationale des opérateurs privées entreautres étaient tous présents au pointde presse pour exprimer leur désapprobationà <strong>la</strong> grève des transporteursqui sera entamée aujourd'hui. Deplus, le directeur des transports routiers,Dramé Seck a révélé qu'''aucunpréavis de grève n'a été déposé à <strong>la</strong>direction des transports, donc <strong>la</strong> grèveest illégitime''. Le gouvernement duSénégal qui avait reçu une délégationdu Syndicat national des transportsroutiers du Sénégal (Sntrs), avait misen p<strong>la</strong>ce une commission techniquequi devait réfléchir à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-formerevendicative des transporteurs. Cettecommission a produit un rapport quirécapitule les réponses apportées auxdifférents points soulevés par le syndicat.“À <strong>la</strong> suite des échanges, le syndicata jugé insatisfaisantes lesréponses concernant trois doléancessur les douze que compte <strong>la</strong> p<strong>la</strong>teformerevendicative. Il s'agit notammentde celles portant sur le carburant,les assurances et les tra<strong>casser</strong>iespolicières'', informe Dramé Seck. Enoutre, Dramé Seck a jugé que pourtant“des efforts notoires ont étéconsentis par le gouvernement sur cestrois points, avec <strong>la</strong> baisse du litre decarburant de 26 francs et de 08francs alors que <strong>la</strong> tendance est à <strong>la</strong>hausse''.Gora Khouma :“Ce n'est pas le bon moment…”Les transporteurs qui ont décidé dene pas suivre le mouvement ont ainsidemandé à l'État de leur assurer <strong>la</strong>sécurité, pour qu'ils ne soient pas endanger. C'est le cas de Modou Mboup,chargé de revendications des transporteursde l'AFTU qui explique :“Nous n'allons pas suivre le mouvementet demandons aux autorités dece pays de mettre à chaque rond-pointassez d'éléments de sécurité pourassurer nos arrières''. Et d'informer surles dangers de cette grève : “Troisjours, c'est beaucoup de pertes, certainstransporteurs profiteront duGamou pour rattraper tout ce qui a étéperdu, donc il risque d'y avoir beaucoupd'accidents de <strong>la</strong> route. GoraKhouma, secrétaire général du Sntrsest quant à lui d'accord pour <strong>la</strong> grève,jugeant le carburant trop ; mais pourlui : “Ce n'est pas le bon moment,parce que le “Bourde” de Tivaouanecommence aujourd'hui (hier) et le filsaîné du Khalife général des Tidianesm'a appelé pour me demander de nepas prendre part à cette grève, et je n'yprendrai pas part tant que le Gamoune sera pas fini''.RÉINTEGRATION DES POLICIERSRADIÉS DANS LA FONCTION PUBLIQUE218 policiers renfilent leur tenueAMADOU THIAM (STAGIAIRE)Le 28 avril 1987, une loi votée àl'Assemblée nationale radiait1050 policiers de <strong>la</strong> Fonctionpublique. 25 ans après, 218 d'entre euxretrouvent leur ancienne tenue et réintègrent<strong>la</strong> police d’État. La cérémonie a eulieu, hier à l'école où ils ont été formés,l’École Nationale de Police et de FormationPermanente. Et ceci, en présencedes ministres de l'Intérieur OusmaneNgom et Aliou Sow des Collectivitéslocales, des directeurs de l’École, de <strong>la</strong>police nationale et des proches des nouveauxréintégrés. Ces agents, après desannées d'inactivité, ont subi, pour leurretour, un stage de recyc<strong>la</strong>ge et suivi desmodules de formation pour leur permettrede retrouver les réflexes et acquis sansdoute perdus. Pour Boubacar Sadio,coordonnateur des policiers radiés et fustigeantcette loi, cet acte vient réparer <strong>la</strong>plus grande injustice faite à des fonctionnairesdans notre pays. Parmi ces exradiésde <strong>la</strong> police, certains avaient étéréintégrés en 1993. Mais pour Me OusmaneNgom, cette précédente réintégrationn'a pas suffi à cicatriser les p<strong>la</strong>ies. Àsavoir les difficultés qu'enduraient lesautres. Il faut souligner que depuis leurradiation, beaucoup d'eau a coulé sousles ponts. Car nombre d'entre eux ontperdu <strong>la</strong> vie et ont <strong>la</strong>issé derrière eux desveuves et des orphelins. Ainsi, selon leministre d’État ministre de l'Intérieur, ilsseront aidés à travers des activités génératricesde revenus. Il en sera de mêmepour les retraités. Une autre décision prisepar le ministre est celle de mettre les policiersréintégrés au même pied que leursautres collègues de <strong>la</strong> corporation. Autrementdit une harmonisation des statuts.Boubacar Sadio qui était, lui, en serviceà Ziguinchor, pense que cette radiationétait une “injustice jamais égalée” auSénégal. Il ajoutera ensuite : “Nous étionssereins et sommes restés nous-mêmesdurant toute cette période''. Un défilé desdifférents corps et une prise d'armes amis fin à cette cérémonie.Pour rappel, ces policiers avaient étéradiés de <strong>la</strong> police suite aux événementsdes 13 et 14 avril 1987.AVEUX D’UN ENSEIGNANT ET D’UN ETUDIANT SURPRIS EN ÉBATS SEXUELS SUR LA CORNICHE“Nous voulions satisfaire notre curiosité”Un inspecteur de l’éducation et unétudiant ont été condamnés hier, par letribunal des f<strong>la</strong>grants délits de Dakar àquatre mois de prison ferme pourattentat à <strong>la</strong> pudeur et acte contrenature.Ousseynou Gaye et UlrichLeyinda ont été surpris en pleins ébatssexuels sur <strong>la</strong> Corniche.FATOU SY“On a voulu s’y frotter, on s’y estpiqué''. C’est ainsi qu’a expliquéle prévenu Ousseynou Gaye, lesfaits d’acte contre-nature et d’attentat à <strong>la</strong>pudeur pour lesquels, il a comparu hier, en compagniede l’étudiant gabonais, Ulrich Leyinda.Selon l’inspecteur de l’éducation, marié et pèred’un enfant, c’est à travers le réseau social facebookqu’il a connu l’étudiant qui est en annéede master. Pour <strong>la</strong> suite, a-t-il confessé dansune salle ahurie, il poursuit: “Nous avonséchangé nos numéros de téléphone et au coursde nos échanges, nous avons abordé <strong>la</strong> questionde l’homosexualité''. Poursuivant, il a ajouté:“Nous nous posions des questions sur le phénomène.C’est ainsi que je lui ai avoué qu’étantadolescent, j’avais vécu une expérience malheureuse.À ce moment-là, j’avais 15 ans''.Seulement, les deux amis ne se sont pas limitésà une discussion mais ils ont voulu passer àl’acte en se donnant rendez-vous sur <strong>la</strong> corniche,plus précisément à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge du monumentdu Souvenir africain. C’était le 19 janvierdernier, aux environs de 19 heures. Manque depot, les deux partenaires ont été surpris par unélève-policier. Celui-ci a déc<strong>la</strong>ré dans le procèsverbal: “Ousseynou Gaye était accroupi sur unrocher tandis Ulrich avait un préservatif''.“C’était une tentative. Nous ne sommes paspassés à l’acte. Nous voulions satisfaire notrecuriosité'', ont avoué tour à tour les prévenus.“J’étais à demi-nu et lui, n’était même pas enérection'', a soutenu Ousseynou Gaye. Celui-cisera conforté par l’étudiant à qui le représentantdu parquet a demandé pourquoi il se “trimbaleavec des préservatifs si ce n’était pas pour passerà l’acte''. “Je l’avais oublié dans <strong>la</strong> poche demon jean car je l’avais acheté trois jours auparavant.J’en achète à chaque fois que mafemme est en période d’ovu<strong>la</strong>tion'', a-t-ilrépondu. Un argument de défense qui n’a pasconvaincu le substitut du procureur. Celui-ci arequis six mois ferme contre les prévenus. Pour<strong>la</strong> défense, les prévenus ont plutôt besoin desuivi psychologique et non d’être emprisonnés.Aussi ont-ils condamné l’acte commis par leursclients avant de solliciter <strong>la</strong> re<strong>la</strong>xe pure et simple.Leur appel n’a pas été entendu par le tribunalqui, après délibéré, a condamné OusseynouGaye et Ulrich Leyinda à quatre mois de prisonferme.F. SYnuméro 189 • mercredi 25 janvier 2012
FATOU SY1 er SESSION ASSISES 201210 ANS DE TRAVAUX FORCÉS ET UNE AMENDE DE PLUS D’UN MILLIARD AU CUISINIER TCHÈQUEUn ressortissant tchèque a été condamné hier, par <strong>la</strong> Cour d’assises de Dakar à 10 ans de travaux forcéset à une amende d’un milliard 107 millions de francs Cfa pour contrebande et trafic international de cocaïne.Il avait fait entrer de <strong>la</strong> cocaïned’une valeur de 369 millions de F Cfa“Je m’excuse. Je regrette. Monplus grand rêve, c’est deretrouver ma mère, monfrère ainsi que ma sœur''. Frantisek Vospilqui a <strong>la</strong>ncé ces mots à <strong>la</strong> Cour d’assisesde Dakar, devra attendre jusqu’en2018. Car, hier, il a été condamné à 10ans de travaux forcés pour avoir étéProlongation de <strong>la</strong> détention provisoire pourHamidou Dembélé, Daouda Niakité,Modou Dieng, Ibrahima Seck incarcérésdepuis le 19 août 2008, ainsi que Daouda Traoréécroués suite à un mandat d’arrêt exécuté le 3 juin2010. Bien que leur dossier soit en état d’être jugé,ils doivent prendre leur mal en patience et attendreune autre session. La Cour d’assises a renvoyé leurprocès parce que le président Souleymane Sy s’estrécusé lui-même. Le juge a motivé le renvoi par lesdispositions de l’article 238 du Code de procédurepénale qui stipule que “ne peuvent faire partie de<strong>la</strong> Cour en qualité de président ou d’assesseur lesmagistrats qui, dans l’affaire soumise à <strong>la</strong> Courd’assises, ont, soit fait un acte de poursuite oud’instruction, soit participé à l’arrêt de mise enaccusation ou à une décision sur le fond re<strong>la</strong>tive àreconnu coupable de contrebande et detrafic international de cocaïne. Ce ressortissanttchèque devra payer uneamende d’un milliard 107 millions defranc Cfa. Pourtant, le projet de l'accuséétait juste de découvrir le pays de <strong>la</strong>Teranga après des vacances passées auBrésil. Seulement, en quittant l’aéroportde Sao Paulo, un individu lui a remisune valise à remettre à un certainGeorges établi à Dakar. Selon ses dires,l’individu lui a même fait uneréservation à l’hôtel “Tahiti” en luifaisant croire que <strong>la</strong> valise contenait deshabits pour bébé.Victime de sa naïvetéCependant, à son arrivée à l’aéroportinternational Léopold Sédar Senghor deDakar, le 16 juillet 2009, à bord d’unvol Turkish Airlines, les douaniers ontdécouvert que <strong>la</strong> valise contenait en réalitéde <strong>la</strong> cocaïne d’une quantité de 7 kg380 d’une valeur de 369 millions defrancs. La drogue était dissimulée dansquatre parquets noirs enveloppés dansdes draps et à l’intérieur des cavitésaménagées dans des sacs pour dame etquatre autres paquets collés dans lesdoubles fonds. A <strong>la</strong> barre, Frantisek Vospi<strong>la</strong> maintenu ses dénégations faites àl’enquête préliminaire, soutenant qu’ilignorait qu’il transportait de <strong>la</strong> drogue.Sur sa <strong>la</strong>ncée, il a expliqué qu’il s’étaitATTRAITS DEVANT LA COUR POUR TRAFIC INTERNATIONAL DE CHANVRE INDIENCinq accusés renvoyés ultérieurementsur auto-récusation du présidentLa Cour d’assises de Dakar a renvoyé à une prochaine session cinq accusés qui devaient êtrejugés pour association de malfaiteurs, trafic international de chanvre indien et complicité.AMBIANCELes sablesdu tempsSi, d’aventure, les magistrats de cesassises décident un jour de se reconvertir,professionnellement par<strong>la</strong>nt, il y auraune vocation toute prête pour eux. Celle de “maîtreszen''. Qu’il s’agisse de cultiver chez le publicle sens de <strong>la</strong> patience, de <strong>la</strong> méditation ou dequelque autre état métaphysique de transcendancetaoïste, ces trois-là n’ont pas leur pareil.Saisie de cocaïne au Sénégal le 2 août 2007<strong>la</strong> culpabilité de l’inculpé''. Or, l’actuel président de<strong>la</strong> Cour d’assises a participé en qualité d’assesseur,à l’arrêt n° 196 de <strong>la</strong> chambre d’accusation du 27octobre 2009 rejetant <strong>la</strong> demande de mise enliberté provisoire introduite par l’accusé DaoudaNiakité. C’est fort de cette raison, que l’affaire a étérenvoyée.Ajournements, suspensions, reprises, (re)suspensions…ils n’étaient pas peu ceux du public qui,hier, ont presque cru s’enraciner au carre<strong>la</strong>ge étince<strong>la</strong>ntde <strong>la</strong> salle numéro 4. Que ce soit <strong>la</strong> premièreaffaire qui a été renvoyée aux calendesgrecques parce que le président du jury n’avaitpas remarqué avoir déjà siégé, en tant que conseil,à un moment de <strong>la</strong> procédure, ou les heures passéesà trouver, puis attendre, un interprète pourl’accusé tchèque qui, finalement, avait quelquesnotions de français... on a failli s’endormir.Surtout quand l’avocat général a demandé auxjuges de récuser en fin de compte ce dernier sousprétexte qu’il pourrait être biaisé. Bref, c’est infinimentplus sage (et avec quelques cheveuxb<strong>la</strong>ncs) que les badauds soient rentrés chez euxen fin d’audience, hier après-midi.S. BENGELOUNrendu au Brésil sur invitation d’une personnequ’il a connue à travers internetet qui lui a promis un travail dans un restaurant.“Je devais gagner doublementmais j’aurais dû écouter ma mère quim’a dissuadé'', a-t-il <strong>la</strong>ncé avant de seconfondre dans des excuses. “Je n’aipas agi en responsable. C’est une erreurde jeunesse et j’ai été un con, même sij’avais le pressentiment. J’ai été tropnaïf'', a-t-il déc<strong>la</strong>ré. Suffisant pour queson avocat demande l’acquittementpour le trafic de drogue. Pour l’avocatgénéral, l’accusé a agi en toute connaissancede cause. C’est pourquoi MadiawDiaw a requis trois ans ferme pour ledélit de contrebande et 15 ans de travauxforcés pour trafic international dedrogue en sus d’une amende d’un peuplus d’un milliard de francs Cfa.Démontant les arguments du ministèrepublic, Me Moustapha Mbaye a estiméque son client est victime d’un piège etde sa naïveté. Aussi a-t-il demandé quel’accusé soit condamné au sursis pour<strong>la</strong> contrebande. “Pour le trafic, si vousavez 100% de certitude, condamnez-lemais si vous avez <strong>la</strong> moindre parcelle dedoute, acquittez-le’’, a conclu le conseilqui n’a pas été suivi.Train Dakar - Bamako :haut lieu de trafic de chanvrePour en revenir aux faits, il faut souligner queles accusés ont été arrêtés le 13 août 2008 par <strong>la</strong>section opérationnelle de l’Office central pour <strong>la</strong>répression du trafic illicite de stupéfiants(OCRTIS). C’est suite à une information faisantétat d’une opération de livraison de chanvre indiendans un immeuble situé à Colobane, près de l’ambassadede <strong>la</strong> République de Mauritanie entre desressortissants maliens et un trafiquant local.Selon les éléments de <strong>la</strong> procédure, le dispositifmis en p<strong>la</strong>ce, a permis d’interpeller vers 22h30mn, trois ressortissants maliens identifiés sousles noms de Hamidou Dembélé, Daouda Traoré,Daouda Niakité. Les deux premiers avaient chacunun sac de voyage contenant huit kg de chanvre,soit un total de 16 kg. Leurs intermédiairessénéga<strong>la</strong>is Modou Dieng et Ibrahima Seck ontégalement été pris. D’après les policiers, le lendemain14 août, alors qu’ils se rendaient en salled’interrogatoire, le dernier nommé ainsi queDaouda Traoré ont pris <strong>la</strong> fuite. Si Seck a été rattrapé,Traoré a réussi à s’échapper dans l’obscuritéau niveau des hangars de <strong>la</strong> gare ferroviaire deDakar. Entendu, Modou Dieng a déc<strong>la</strong>ré avoirconnu ses co-accusés dans le train Dakar-Bamako. Il a expliqué avoir vendu un téléphoneportable à Daouda Traoré au prix de 50.000 francsCfa. L’acheteur n’ayant pas d’argent, lui a proposéde lui trouver un acquéreur pour le chanvre indien.C’est ainsi, a-t-il ajouté, qu’il s’en est ouvert àIbrahima Seck. Autant de déc<strong>la</strong>rations corroboréespar ses co-inculpés.F. SYMOT DU JOURParcours du combattantCe fut dur à l’embrayage, hier, au Pa<strong>la</strong>is de Justice deDakar. C’est le moins qu’on puisse dire : Erreurs, oublis,nombreux retards… C’en était à se demander si les illustresrobes noires, incarnation du g<strong>la</strong>ive de notre justicenationale, ne s’étaient pas toutes levées du pied gauche,le matin…voire tombées du lit. Une pilule qui reste,néanmoins, quelque peu dans <strong>la</strong> gorge d’une certaineconscience collective, faute de meilleur mot… ou, pourtrouver une autre image, qui fait se charger les ardoises,sur nos dos de croyants, de nos culpabilités respectives.Et ce<strong>la</strong>, parce qu’on ne peut décemment <strong>la</strong>isser passerce genre de comportement quand on sait (mais peutêtrel’a-t-on oublié ?) que ce sont des vies humaines quisont en jeu.SOPHIANE BENGELOUNpage 11PROFIL DE L’ACCUSÉTouristeou dealer ?SOPHIANE BENGELOUNFrantisek Vospil, un Tchèque de25 ans, a été jugé hier en Courd’assises pour répondre descrimes de contrebande, détention,transport et trafic international decocaïne. En 2009, il avait été arrêtéavec 7 kilos de <strong>la</strong> drogue en questionsur lui, soit une “cargaison” estimée à360 millions de F Cfa. Jouant à fond <strong>la</strong>carte de <strong>la</strong> sympathie, l’accusé a basé sadéfense sur une histoire personnelleaux accents tragiques: aînée de safamille, pauvre, il a désespérémentcherché à émigrer pour aider sesparents à mettre du pain sur <strong>la</strong> table,etc. etc. C’est très bien jusqu’à ce qu’onapprenne que c’est sur un forum internetqu’un de ses contacts (qu’il n’ajamais rencontré de sa vie), l’a persuadéd’aller presque à l’autre bout du mondepour trouver du travail et, derechef, lespoches vides, sans même point dechute. On a du mal à se l’imaginer ensoutien de famille responsable aprèsça… Expliquant donc revenir d’unséjour au Brésil où il aurait cherché envain du travail, Frantisek Vospil, qui estcuisinier de formation, a dit à <strong>la</strong> barren’avoir fait escale à Dakar que pourrendre service à son bienfaiteur. Eneffet, ce serait cet homme, encore unanonyme, qui aurait proposé à l’accuséde lui payer son billet du retour au paysen échange d’un service. La nature decelui-ci? Juste déposer une valise supposéepleine d’habits de bébé à l’hôtel“Haïti” de Dakar. Frantisek Vospil, quidit avoir été tellement sur les carreauxau point de dormir dans les rues de SaoPaulo à l’époque, aurait sauté sur l’occasion.Si le degré de confiance que l’accusésemble avoir en <strong>la</strong> race humainefait sourciller plus d’un (une valisepleine de vêtements pour enfant…ben,voyons!) il n’a néanmoins pas changéde version tout au long du procès. Bienque <strong>la</strong> vérité soit au monde <strong>la</strong> chose <strong>la</strong>moins vraisemb<strong>la</strong>ble (pour paraphraserAlexandre Dumas père), on ne peuts’empêcher d’être dubitatif ou, faute demieux, de remettre sérieusement enquestion le bon sens de l’accusé. Et ce<strong>la</strong>même si, pour sa défense, il n’avait que22 ans au moment des faits.numéro 189 • mercredi 25 janvier 2012