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COLLOQUE NATIONAL SUR LES MALADIES DU BOIS DE LA VIGNE

colloque sur les Maladies - Institut Francais de la Vigne et du Vin

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10 h Ouverture du colloqueEtat des lieux des programmes de recherche, par Philippe Larignon (IFV)L’Appel à Projets financé par le CASDAR, par Daniel Boissières (DGER)Résultats de l’observatoire au vignoble, par Bruno Doublet (DGAL)Epidémiologie de l’Esca/BDA et étude des communautés de microbes colonisant le tronc chez lavigne, par Patrice Rey (ENITAB/INRA SAVE)Caractérisation des mécanismes impliqués dans l’expression des symptômes et identification detoxines, par Florence Fontaine (URCA)Recherche de marqueurs physiologiques et moléculaires impliqués dans la tolérance de la vigne àcertains champignons des maladies de dépérissement, par Eric Gomez (ISVV EGFV)Actions de coopération au plan international, par Philippe Larignon (IFV)Situation des maladies du bois de la vigne en Espagne, par Josep Armengol(Instituto Agroforestal Mediterráneo Universidad Politécnica de Valencia)12 h Débat, questions réponses avec le public12 h 30 Pause déjeunatoire – dégustation de vins des terroirs de France, offerts par le CNIV13 h 30 Reprise du colloquePépinière viticole et maladies du bois, par Laurent Bernos (Chambre d’Agriculture de la Gironde)Incidence des pratiques culturales sur les maladies du bois, par Christel Chevrier (ChambreRégionale d’Agriculture du Languedoc-Roussillon)Evaluation de l’efficacité d'une stratégie alternative de traitement chimique,par Jean-François Chollet (Université de Poitiers)Lutte biologique et maladies du bois, par Christophe Clément (URCA)Maladies du bois et agronomie viticole, par Philippe Kuntzmann (IFV)15 h 15 Débat, questions réponses avec le public15 h 45 ConclusionTable ronde avec M. Bernard Nadal, Président de l’IFV ; M. Michel Baldassini, Vice-Président du CNIV ;M. Eric Rosaz, Délégué Filière Vin de FranceAgriMer ; Mme Pascale Briand, Directrice Générale del’Alimentation.16 h 30 Fin du colloqueAnimation : Monsieur Jean-Pierre Van Ruyskensvelde, Directeur de l’IFV


état des lieux des programmes de recherche<strong>LA</strong>RIGNON PhilippeInstitut Français de la Vigne et du Vin, Pôle Rhône-Méditerranée, Domaine deDonadille - 30230 Rodilhan.philippe.larignon@vignevin.comLes maladies du bois attaquent les organes pérennes de la vigne, provoquant à plus ou moinslong terme la mort du cep. Deux d’entre elles, l’esca et le Black Dead Arm, étaient contrôléesjusqu’en novembre 2001 par l’utilisation de l’arsénite de sodium qui a été retiré du faitde sa toxicité non seulement pour l’homme mais aussi pour l’environnement. Sa suppressioninquiète d’autant plus les viticulteurs qu’aucune méthode de lutte de remplacement satisfaisantene leur a été proposée, et met ainsi en péril le maintien de l’outil de production etsa longévité et cela à l’échelle de toutes les régions viticoles françaises. Quant à la troisièmeprincipale maladie présente en France, l’eutypiose, même si des méthodes de lutte existent(recépage, taille tardive, système de taille, prophylaxie) pour la limiter, elle provoque toujoursdes dommages importants dans le vignoble. Les conséquences de ces maladies seront nombreusesà moyen terme : elles entraîneront soit une dépréciation de la qualité des vins suite àun rajeunissement des parcelles, soit une perte de la typicité d’un vin d’une région viticole suiteà la non replantation des cépages les plus sensibles. Dans l’objectif d’aider la viticulture à sortirde cette impasse technique, il est important d’apporter des moyens de lutte aux viticulteurspour contrôler ces maladies, qui doivent être efficaces, respectueuses de l’environnement etéconomiquement acceptables pour les exploitations. Les maladies du bois sont des dépérissementsencore mal connues et pour cette raison, le champ d’études reste large. Aucune voiene doit être négligée pour répondre le plus rapidement à la demande sociale (trouver une alternativeà l’arsénite de soude).Les études menées en France depuis ces dernières années ont porté i) sur la mise au pointd’outils de diagnostic qui sont nécessaires pour avancer sur les connaissances en épidémiologie,,ii) sur la compréhension des mécanismes impliqués dans l’expression des symptômesfoliaires de l’esca et du Black dead arm ou encore ceux de l’eutypiose au moyen des techniquestranscriptomiques, et iii) sur l’identification des agents intervenant dans les premières phasesde la maladie (expression foliaire). Ces travaux sont nécessaires non seulement pour identifierles cibles à atteindre, mais également de dégager de nouvelles pistes de recherche. Lesétudes ont porté également sur la recherche de méthodes de lutte à partir des connaissancesdéjà acquises. Le contrôle des maladies des bois peut être réalisé soit en agissant directementsur les microrganismes impliqués, soit en agissant sur la plante pour limiter l’expression dessymptômes foliaires ou pour renforcer ses défenses.Le premier axe de recherches concerne la recherche de méthodes de lutte qui ont une actiondirecte sur les champignons associés aux maladies du bois. L’objectif étant d’empêcher leurpénétration dans la plante, leur développement dans les tissus ligneux ou d’éliminer leur inoculum.Les voies choisies pour atteindre ces objectifs sont : la production de matériel sain enpépinières, la protection des voies de pénétration par des produits biologiques ou phytopharmaceutiques,la limitation de leur développement dans le cep au moyen de différents procédés(injections, pulvérisation de molécules ambimobiles gardant leur activité biologique dans laplante), l’éradication des sources d’inoculum, la recherche de système de conduite limitant lescontaminations ou l’amélioration de la prophylaxie en détectant les ceps malades avant l’extériorisationde symptômes (eutypiose).4Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011


Le deuxième axe stratégique porte sur la recherche de méthodes de lutte qui ont une actiondirecte sur la plante. Ce travail nécessite des connaissances plus approfondies sur les facteursenvironnementaux influençant l’expression des symptômes, l’objectif serait de «jouer» sur lesfacteurs impliqués pour limiter l’expression foliaire. Il concerne également sur la recherche deméthodes de lutte renforçant ses mécanismes de défense.Les travaux effectués depuis l’interdiction de l’arsénite de sodium n’ont actuellement pas permisd’apporter de solutions satisfaisantes aux viticulteurs. Les difficultés de la mise au pointde moyens de lutte efficace sont liées : à la complexité de ces maladies se manifestant sousdifférents faciès dans le vignoble, impliquant de nombreux champignons au rôle encore maldéfini ; à la non connaissance véritable des agents responsables des symptômes sur la partieherbacée ; à l’incapacité de faire pénétrer des substances efficaces in vitro au sein des tissusligneux empêchant le développement des champignons ; à l’incapacité de protéger les voies depénétration de la maladie par des méthodes économiquement acceptables par le viticulteur.Pour renforcer les travaux de recherche et d’expérimentation sur des moyens innovants deprévention et de lutte contre les maladies du bois, le Ministère de l’alimentation, de l’agricultureet de la pêche a lancé en décembre 2008 dans le cadre du plan quinquennal de modernisationde la viticulture, un appel à projets spécifique, financé à hauteur de 1,5 million d’euros parle CASDAR. Cet appel à projet est une volonté du Ministère et des professionnels du secteurviticole pour que soient trouvées des solutions durables pour lutter contre ces maladies (BlackDead Arm, esca, eutypiose). A côté de ces programmes de recherches, d’autres, financés parFranceAgriMer, le CNIV, les Régions… se sont mis en place portant sur les cycles biologiques,les méthodes de lutte, la compréhension des interactions entre la plante et le pathogène avecdes outils de haute-technologie, etc.Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 5


Les dispositifs d’observation au vignoble : l’observatoirenational et les réseaux d’épidémiosurveillanceDOUBLET BrunoDRAAF-SRAL Champagne-Ardenne, 37 av Hoche - site les Essillards - 51686 ReimsCedex 2et Jacques Grosmann, Expert Référent DGAL/SDQPV.bernard.doublet@agriculture.gouv.frLes maladies du bois de la vigne, esca, black dead arm et eutypiose, représentent l’une desprincipales préoccupations en matière de protection du vignoble, notamment du fait de leurimpact en terme de mortalité associée. La pénurie d’options disponibles pour le contrôle deces maladies amplifie encore ce constat. Suite à l’interdiction de l’arsénite de soude en novembre2001, un observatoire national pluriannuel a été mis en place en 2003 par un groupede travail sous l’égide de l’ONIVINS (actuellement FranceAgriMer). Ce dispositif unique par sataille et le nombre de structures impliquées comportait plus de 700 parcelles et 29 cépagesrépartis sur l’ensemble du territoire français. L’exploitation des données a été réalisée par laDGAL et les services régionaux de la protection des végétaux.L’observatoire répondait à deux objectifs, d’une part établir un état des lieux de la situationdes maladies du bois en observant de façon objective leur évolution, d’autre part, identifierles critères parcellaires qui influent sur les expressions de ces maladies. Un important travailstatistique a été mis en œuvre en 2006.Une synthèse des résultats couvrent la période de 2003 à 2008, soit 6 années d’observation.Elle met en évidence l’impact des facteurs cépage et âge de la vigne dans le niveau d’expressiondes symptômes. La sensibilité des différents cépages vis-à-vis de l’esca-black dead arm(les 2 syndromes ne sont pas différentiés dans les observations) et de l’eutypiose a pu êtreétablie. Les données récentes qui font l’objet de cette présentation (2010-2011) confortent ceclassement. En ce qui concerne l’âge, l’étude statistique de 2006 mettait en évidence que laprévalence (% de ceps avec symptômes) était maximale entre 12 et 18 ans et diminuait ensuiteprogressivement. A noter également que le vieillissement des parcelles initiales de l’observatoiresupposerait de fait un rajeunissement d’une partie de l’échantillon.Sur le terrain, le dispositif observatoire a pu être reconduit dans plusieurs régions sous le pilotagedes structures professionnelles déjà impliquées précédemment.A partir de 2009, la réorganisation des réseaux d’épidémiosurveillance permet d’inscrire lesuivi des maladies du bois dans les protocoles nationaux harmonisés d’observation qui prévoientune notation obligatoire pour l’esca-black dead arm et facultative pour l’eutypiose. Lespremières observations débutent en 2010; elles permettent ainsi de disposer d’informationspour tous les vignobles, notamment ceux non couverts par l’observatoire.La situation globale présentée ce jour, résulte de la synthèse des données actuelles issues deces différents réseaux. Ces résultats doivent être relativisés compte tenu de l’extrême diversitédes situations. S’ils doivent donc être considérés avec précaution, ils permettent néanmoins dedégager des tendances.Les résultats montrent qu’au-delà des fortes variations d’expression inter-annuelles, lesmoyennes masquent de grandes disparités entre parcelles et entre cépages y compris pourune même région.6Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011


éPIDéMIOLOGIE <strong>DE</strong> L’ESCA/BDA ET éTU<strong>DE</strong> <strong>DE</strong>S COMMUNAUTéS<strong>DE</strong> MICROBES COLONISANT LE TRONC CHEZ <strong>LA</strong> <strong>VIGNE</strong>REY PatriceINRA/ENITA de Bordeaux - UMR Santé et Agroécologie du vignoble, 1 Cours duGénéral de Gaulle - BP 201 - 33175 Gradignan.p-rey@enitab.frAfin de comprendre le développement des maladies du bois de la vigne, ici l’Esca/BDA, unaxe de recherche développé dans notre unitéconsiste à réaliser des expérimentations sur lacomposition, le fonctionnement et l’évolution au cours du temps des microflores colonisantlesplants atteints par l’Esca/BDA ou sains en utilisant des approches de métagénomique.Nos analyses ont montré que le bois sain de jeunes ceps (9-10 ans) n’exprimant pas de symptômesd’Esca/BDA était colonisé par un microflore fongique abondante et diversifiée (au moins44genres de champignons différents). La plupart de ces champignons sont non pathogènesde plante, un pourcentage important d’entre eux ont même des potentialités pour protéger levégétal. Par exemple, on y détecte fréquemment des Trichoderma spp., l’espèce la plus nombreuseétant Trichoderma atroviride. Il faut cependant noter que ce bois sain est aussi colonisépar des champignons potentiellement pathogènes du genre Botryosphaeria dont les espècesDiplodia seriata et Neofusicoccum parvum. Ainsi, au sein du bois de jeunes plants non atteints parl’Esca/BDA une compétition existe entre champignons potentiellement protecteurs ou pathogènesde la vigne. Chez les ceps plus âgée (15-25 ans), plusieurs nécroses typiques (centrales,sectorielles, amadou...) sont observées dans le bois et sont préférentiellement colonisées parquelques champignons pathogènes. Ainsi, Phaeomoniella chlamydospora colonise majoritairementles ponctuations noirâtres et les Botryosphearia les nécroses centrales. Dans le tronc dela vigne, une évolution caractéristique est donc observée avec passage d’une grande diversitéen champignons (bois sains, ceps jeunes) à celle où quelques pathogènes colonisent préférentiellementles zones dégradées (bois nécrosés, ceps de 15-25 ans). Plusieurs questions se posent: pourquoi le bois sain de ceps relativement jeunes (9-10 ans) devient systématiquementnécrosé chez des ceps plus âgés (15-25 ans) ? Qu’est devenue la microflore fongique initiale(en particulier les champignons potentiellement protecteurs du végétal) colonisant les cepsjeunes ? Pourquoi la diversité fongique diminue-t-elle chez les ceps âgés ? Quels évènementssont responsables de cette modification ?L’étude du bois nécrosé ou sain des ceps montre qu’il est aussi fortement colonisé par denombreuses bactéries. Les communautés bactériennes colonisant les nécroses ou le bois sainsont généralement différentes et chez les ceps de 9-10 ans étudiés, elles tendent à se différencierlors de la saison hivernale entre les plants ayant exprimés des symptômes foliaires etceux qui n’en n’ont pas exprimés. Il faut noter qu’à ce jour le rôle de ces bactéries chez la vigneestinconnu. La littérature rapporte cependant que les bactéries colonisant le bois d’arbrespeuvent agir de plusieurs manières. Elles sont capables de: destructurer le bois, décomposerdes éléments toxiques pour les champignons pathogènes… En fait elles « préparent le terrain» pour les champignons dégradateurs du bois. Leurs actions expliqueraient en partie pourquoile bois de ceps mature est fortement colonisé par des champignons qui induisent des nécrosesimportantes dans le bois de vigne. Actuellement nous caractérisons et étudions ces bactériesafin de vérifier la véracité de cette hypothèse.Une autre action de recherche conduite par Lucia Guérin-Dubrana (UMR SAVE INRA/ENITAB)consiste à étudier l’épidémiologie de l’Esca/BDA. Les méthodes de statistique probabiliste sontutilisées pour caractériser la dynamique temporelle et spatiale de la maladie à l’échelle d’uneparcelle monocépage dans le but de mesurer, modéliser et mieux comprendre les processusbiologiques sous jacents. Ces études permettront par exemple de répondre aux questions sui-8Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011


vantes : Comment la maladie est initiée ? Comment évolue-t-elle dans le temps et l’espace ?Quels sont les processus de contagion de l’Esca/BDA ? Quels sont les effets de l’environnementou des facteurs culturaux ?Les études sont possibles grâce à une base de données constituée à partir des notations del’état sanitaire de ceps cartographiés dans 43 parcelles de différentes régions viticoles françaises(entre 4 à 10 années de suivie pour une parcelle). Cette métabase a été possible grâceau partenariat développé avec les organismes professionnels publics ou privés de la filièreviticole.Les résultats de l’analyse spatiale exploratoire montre que la répartition des ceps exprimantl’Esca/BDA est généralement aléatoire lorsque le niveau de maladie est faible. Lorsque la fréquencedes ceps malades augmente, la répartition devient agrégative avec des petits regroupementsde ceps malades (3 à 4) parfois orientés selon le sens du rang. Les hypothèses decontagion par dissémination aérienne à petite distance des champignons pathogènes impliquésou par transmissionvia les outils de taille sont avancées. D’un point de vue de l’évolutiontemporelle de la maladie, les analyses statistiques ont mis en évidence que la probabilité demort partielle ou totale d’un cep augmente avec le nombre de réexpression de l’Esca/BDA.L’année d’expression précédant la mort explique beaucoup la mortalité. Cependant, il est aussiobservé de nombreux cas de ceps morts non reliés à l’expression antérieure de l’Esca/BDA ,ni à celle de l’eutypiose. La cause de mortalité de ces ceps reste à élucider.La cartographie des sols des parcelles suivies pour les maladies du bois dans la région de Bordeaux,de Bourgogne et en Champagne est réalisée. Ainsi, les données spatialisées pour desfacteurs pédologiques et écophysiologiques permettent de mettre en évidence les relationspossibles entre des indicateurs biophysiques et le degré de maladie. Les premiers résultatsmontrent, pour certaines parcelles, une plus grande fréquence de ceps exprimant l’Esca/BDAdans les zones à forte réserve utile en eau et confirment les observations effectuées entreparcelles dans la région bordelaise associant une plus forte expression de la maladie chez lesvignes cultivés dans des sols profonds et argileux.Plus globalement, la construction d’un modèle mathématiqueest en cours afin d’identifieret de hiérarchiser les facteurs liés à l’environnement pédoclimatique et aux facteurs anthropiquesexpliquant le mieux le développement de l’Esca/BDA et l’occurrence de mortalité desceps de vigne. A terme, ces études permettront d’identifier les leviers agronomiques possiblespour combattre cette maladie.Partenaires impliqués dans la réalisation du projet- Chambres d’agriculture de Côte d’Or, P. PETITOT ; de Saône-et-Loire, J. <strong>DU</strong>REUIL ; de l’Yonne,G. MORVAN et Chambre Régionale d’Agriculture de Bourgogne, C. GROSJEAN- FREDON Bourgogne, M.C. PAPUT.- Laboratoire DIQUAS (AGROSUP Dijon): S. AYACHI, P. CURMI- IFV : PH. <strong>LA</strong>RIGNON- UMR BIOGER (INRA VERSAIL<strong>LES</strong>) : A. GAUTIER, V. <strong>LA</strong>VAL, L. BRIGITTE, M.H. LEBRUN- UMR 1287 EGFV (ISVV) : E. GOMÈS- UMR SAVE (ISVV):E.BRUEZ, G.COMONT, M.F.CORIO-COSTET, J.GERBORE, P.LECOMTE,J.VAL<strong>LA</strong>NCE, L. GUERIN-<strong>DU</strong>BRANA, P. REY- UR Biométrie (INRA AVIGNON) : J. CHADOEUFFinancement des programmes de recherche sur ce thèmeBureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne, CASDAR, Conseil Régional d’Aquitaine,ENITA de Bordeaux, Fondation Poupelain, FranceAgriMer, Biovitis SA.Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 9


Caractérisation de l’interaction entre la vigne et leschampignons responsables des maladies du boisFONTAINE FlorenceUniversité de Reims Champagne-Ardenne (URCA), URVVC-SE EA 2069, Laboratoire deStress, Défenses et Reproduction des Plantes, UFR Sciences Exactes et Naturelles.Moulin de la Housse, BP 1039, 51687 Reims Cedex 2.florence.fontaine@univ-reims.frLes maladies du bois sont actuellement très préoccupantes pour la qualité et la pérennité duvignoble. L’absence de moyens de lutte efficace suite à l’interdiction de l’arsénite de sodium en2001 en France a entrainé une recrudescence de ces maladies. Face à ce fléau, la recherchesur ces maladies est de nouveau active et s’oriente sur l’épidémiologie, les micro-organismesassociés à ces maladies, la compréhension de l’interaction entre la vigne et les champignonsresponsables des maladies du bois ainsi que sur la proposition de moyens de lutte. Depuis2003, le Laboratoire Stress, Défenses et Reproduction des Plantes de l’URCA est impliquédans la caractérisation de l’interaction plante-champignons de vignes affectées par l’esca et/ou Black Dead Arm (BDA) et ceci en collaboration avec des partenaires académiques nationauxet européens et de l’interprofession viticole (cités ci-dessous). Le projet de recherche s’articuleen 3 parties complémentaires comprenant (1) une meilleure connaissance des agentspathogènes axée sur l’identification des toxines qu’ils produisent et leur rôle potentiel dansl’expression des symptômes, (2) la mise au point d’un modèle simple d’étude des symptômesfoliaires permettant un travail permanent et (3) la caractérisation de l’état physiologique de laplante affectée par l’esca/BDA dont sa capacité à activer des réponses de défense et l’impactsur le métabolisme carboné. Ce dernier a été choisi car son bon fonctionnement est vital pourla pérennité de la plante et des perturbations précoces de ce métabolisme sont de bons indicateursde stress. Ces travaux sont menés sur 2 cépages, le Chardonnay et le Gewurztraminer. Aterme, nous espérons acquérir suffisamment de connaissances sur ces maladies pour ensuitenous consacrer au développement de moyens de lutte biologique.Notre recherche basée sur l’isolement et l’identification de toxines produites par certains pathogènesa concerné 2 espèces de Botryospheriaceae, Diplodia seriata et Neofusicoccum parvum,isolées de vignobles Français (IFV) et Portugais (ISA) et associé à l’expression du BDA. De ces2 souches croissant en conditions artificielles, des molécules ont été produites et identifiées dontcertaines sont communes aux 2 espèces (Université de Fribourg). Les molécules communes identifiéessont la méllèine et la trans- et cis-4-hydroxyméllèine. D’autres molécules ont été identifiéesuniquement chez N. parvum : une toluquinone, une lactone et 7 toxines codifiées sous le nomde NpTox1 à NpTox7. La méllèine et NpTox4 sont actuellement produites en grande quantité et2 autres toxines, cis-4-hydroxyméllèine et NpTox1 sont en cours de production.Afin de déterminer la toxicité de ces molécules pour la plante, des tests sont en cours sur desdisques foliaires (URCA) et des cals, i.e. amas de cellules indifférenciées (UHA). Sur le modèlecal, nous avons observé un effet dose des toxines pour la méllèine et NpTox4 ; en effet,au-dessus d’une certaine concentration, certaines voies de défenses sont induites. De plus,les réponses de défenses induites étaient plus fortes pour les cals de Gewurztraminer queceux de Chardonnay, indiquant une sensibilité différente. En parallèle, des tests de pathogénieavec D. seriata et N. parvum sont réalisés sur des plants greffés-soudés de Chardonnay et deGewurztraminer cultivés en serre (URCA, ISA). Ces travaux sont menés en parallèle sur uncépage Portugais, le Tempranillo, car l’ISA obtient des nécroses dans les tiges et l’expressionde symptômes foliaires sur des plants de Tempranillo un an après avoir inoculé la tige herba-10Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011


cée avec D. seriata ou N. parvum. Des échantillons de tiges et de feuilles des plants infectés deTempranillo et ayant exprimés des symptômes foliaires sont actuellement en cours d’analysesafin de caractériser l’impact de cette inoculation sur la physiologie de la plante (URCA). Dansle cas des inoculations de plants de Gewurztraminer et Chardonnay, nous n’avons pas encoreobtenu de symptômes foliaires ; toutefois, l’inoculation a réussi puisque un an après, les pathogènessont réisolés au niveau de la tige qui est devenue ligneuse.Une étude physiologique est également menée au vignoble (plantation de 1987) sur des plantsde Chardonnay et de Gewurztraminer (URCA, UHA) sur lesquels une analyse fongique est réalisée(IFV, URCA). Divers mécanismes biologiques et voies métaboliques sont suivis en amontet pendant l’expression des symptômes de la maladie afin d’expliciter les corrélations hypothétiquesentre les altérations de ces voies et l’apparition des symptômes. Nous étudionsainsi l’implication de l’état des défenses naturelles de la plante (tronc, cordon, tige herbacée,feuilles) par le suivi de certains gènes, de la formation de composés antifongiques (phytoalexines)ou encore des teneurs en composés hormonaux fortement impliqués dans les stressenvironnementaux. Nous nous intéressons également au métabolisme carboné, via les mesuresphysiologiques (activité du PSII, échanges gazeux) ou encore par le suivi de l’expressionde gènes impliqués dans la photosynthèse. Au niveau des feuilles, les mécanismes photosynthétiquessont affectés précocement uniquement chez des futurs ceps apoplectiques. En effet,ces mécanismes (assimilation en CO 2, activité du photosystème II, diminution de la transcriptionde certains gènes associés à la photosynthèse) sont fortement perturbés 7 jours avantque les feuilles deviennent apoplectiques (sèches), i.e. visuellement, aucun signe ne permet dedire que la plante va prochainement exprimer des symptômes foliaires. Puis, nous observonsune amplification de l’induction ou de la répression de gènes liés à la photosynthèse et auxréponses de défense au cours de l’évolution de la sévérité des symptômes. En complément deces données, une approche globale par séquençage des mécanismes affectés dans des feuillesprélevées sur des ceps avant l’expression de la forme apoplectique de la maladie est en coursd’analyse (URCA). Au niveau de la tige herbacée, nous observons que la plante, forme lente ouapoplectique, est susceptible de modifier diverses voies métaboliques, qu’il s’agisse de métabolismesprimaires (métabolisme carboné, échange d’eau…) ou secondaires (mécanismesde détoxication, protéines de défenses, activation des voies de phénylpropanoïdes et des octadécanoïdes…)en réponse à l’attaque d’agents fongiques responsables des maladies du bois.Ces perturbations induites dans les feuilles et les tiges herbacées sont observées en l’absencephysique d’agents pathogènes puisque aucun champignon n’a été isolé dans l’ensemble deséchantillons étudiés. Au niveau des tissus lignifiés des cordons ou des troncs, nous observonségalement des perturbations de diverses voies métaboliques dans le bois nécrosé ainsi quedans le bois « sain » (bois blanc, sans thylle et sans gomme). Une caractérisation de la bandebrune est actuellement en cours.Les perspectives proposées à ce travail sont d’une part de poursuivre la caractérisation del’impact de ces maladies sur la physiologie de la plante dont les réponses de défense et d’autrepart, de proposer une stratégie de lutte basée sur les propriétés de certains micro-organismescapables de coloniser la plante, d’avoir une action antifongique avérée et/ou de stimuler lesdéfenses de la plante (élicitation) sur le lieu où se développent les champignons. Ce dernierpoint est présenté par C. Clément (Lutte biologique et maladies du bois de la vigne).L’ensemble de ces travaux de recherche ont été financés par la Région Champagne-Ardenne(programmes VINEAL 1 et 2), France AgriMer (programme « Viticulture 2 : Maladies du bois »),le Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagementdu Territoire (programme CASDAR V902) et le CNIV (programme « Séquençage esca/BDA auniveau des feuilles »).Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 11


Partenaires associés(1)Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), URVVC-SE EA 2069, Laboratoire de Stress,Défenses et Reproduction des Plantes, UFR Sciences Exactes et Naturelles. Moulin de laHousse, BP 1039, 51687 Reims Cedex 2, France. - C. Clément, M. Magnin-Robert, A.Spagnolo.,P. Letousey.(2)Université de Haute Alsace (UHA), Laboratoire Vigne Biotechnologie et Environnement EA3391, UFR Pluridisciplinaire Enseignement Professionnalisant Supérieur, 33 rue du Herrlisheim,68008 Colmar, France. – C. Bertsch, M. Ramírez-Suero, J. Chong, S. Farine, F. Mazet.(3)Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), Pôle Rhône-Méditerranée, France, Domaine deDonadille, 30230 Rodilhan, France. – P. Larignon.(4)Institut Français de la Vigne et du Vin, Pôle Alsace, France, 68000 Colmar, France. – P. Kunztmann.(5)Université de Fribourg, Département de Biologie, Unité Plantes, 3 rue Albert Gockel, 1700Fribourg, Suisse – E. Abou-Mansour.(6)Institut Supérieur d’Agronomie (ISA), Tapada da Ajuda, 1349-017 Lisbonne, Portugal.- C. Rego.(7)Moët & Chandon, 6 rue croix de Busy, 51200 Epernay. - L. Mercier.12Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011


Recherche de gènes marqueurs potentiels de la tolérancede la vigne à Eutypa lataGOMES EricUMR1287 INRA/Université de Bordeaux/ENITAB Ecophysiologie et Génomique Fonctionnellede la Vigne, Institut des Sciences de la Vigne et du Vin, 210 Chemin de Leysotte- 33140 Villenave d’Ornoneric.gomes@bordeaux.inra.frActuellement, l’impact des maladies du bois en France est considéré comme suffisammentdommageable pour menacer la pérennité du patrimoine viticole. Toutes les régions ne sontpas touchées avec la même intensité, mais le nombre de ceps improductifs atteint 10 % dansles vignobles suivis au sein de l’observatoire National des maladies du bois. L’eutypiose, dueau champignon Eutypa lata, contribue de façon significative aux dégâts dus aux maladies dubois, pour lesquelles il n’existe actuellement aucune solution curative phytosanitaire. Une desstratégies possible de lutte passe par la sélection de cépages ou de clones plus tolérants auxagents responsables de ces pathologies. Une telle sélection nécessite de déterminer des critèressimples et pertinents, liés aux réponses physiologiques et moléculaires de la plante àl’infection, et reliés à la tolérance aux champignons impliqués dans le dépérissement du boisde la vigne. Pour cela, il est nécessaire de mieux comprendre les réponses physiologiques etmoléculaires de la vigne à l‘infection par E. lata.En effet, lors de la rencontre entre une plante et un agent pathogène, l’interaction peut conduireau développement d’une maladie (apparition de symptôme et de dégâts) ou au contraire à dela tolérance (absence de symptômes visibles malgré le développement du pathogène), voire àune résistance (absence de développement du pathogène). L’issue de l’interaction dépend pourune part importante des génotypes respectifs des deux protagonistes, autrement dit de l’informationportée par l’ensemble de leurs gènes. Elle repose chez la plante sur une réponse moléculaireglobale, qui affecte le niveau d’expression de nombreux gènes, qui se traduiront parla mise en place ou non, de réponses de défense adaptées. Le séquençage complet du génomede la vigne par Jaillon et collaborateurs en 2007 permet maintenant d’effectuer chez la vignedes analyses transcriptomiques globales, c’est-à-dire d’étudier les variations d’expression del’ensemble des 30 000 gènes présents chez la vigne, sans aucun à priori, et de comparer laréponse de différents génotypes (cépages) réputés sensibles ou tolérants à l’eutypiose. Deuxprojets basés sur ce type d’approche et visant à mieux comprendre l’interaction E. lata/vignesont actuellement en cours.Le premier projet (2010-2012), cofinancé par le programme CASDAR du ministère de l’Agricultureet la Fondation Jean Poupelain, a pour but de comparer les réponses transcriptomiquesglobales au niveau du bois chez trois cépages, en réponse à E. lata ; ainsi que les réponses physiologiquesau niveau des feuilles (contenus en pigments, activités photosynthétiques), là ou semanifeste l’effet des toxines produite par le champignon. Les cépages choisis sont le Merlot,tolérant à l’eutypiose, et deux cépages sensibles : le Cabernet-Sauvignon et l’Ugni blanc. Leprojet est découpé en 4 actions : (1) l’optimisation d’un système de production de boutures végétativeshomogènes, saines ou inoculées par E. lata ; (2) l’étude des réponses physiologiquesdes feuilles à l’inoculation des boutures au niveau du bois ; (3) l’étude comparée des réponsesmoléculaires globales au niveau du bois de boutures saines et inoculées et (4) l’étude de l’expressiond’un nombre réduit de gènes identifiés lors de l’action 3 dans le bois de bouturesinoculées par des Botryospaeriaceae impliqués dans le syndrome de l’ESCA.A mi-parcours du projet, les résultats obtenus sont les suivants. L’optimisation du protocole deproduction et d’inoculation des boutures en année 1 du projet à permis de générer un nombreimportant de boutures (900 par cépage) dont la moitié a été inoculée par E. lata. L’analyse dela progression des nécroses du bois a permis de valider l’homogénéité des inoculations et deColloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 13


confirmer les différences de sensibilité des 3 cépages à E. lata, un préalable nécessaire pourpouvoir effectuer les analyses prévues dans les actions 2 et 3. La mesure du contenu en pigmentdes feuilles (chlorophylle et flavonoïdes, ces derniers étant un indicateur de stress), ainsique les mesures de photosynthèse n’ont pas permis pour l’instant de distinguer les cépagessensibles du Merlot, cépage tolérant. Ce résultat doit être confirmé par une troisième campagnede mesures, prévue 2012. Parallèlement à ces mesures physiologiques, une premièreanalyse exploratoire de la réponse moléculaire globale de chacun des trois cépages a été effectuéefin 2010/début 2011, à l’aide de « puce à ADN » représentant l’ensemble des 30 000gènes de la vigne. Les résultats de cette première campagne, prometteurs, ont permis (1) demontrer que les cépages choisis pour l’étude ont bien des réponses moléculaires globales différenciées(celle du Merlot se distinguant de celles du Cabernet-Sauvignon et de l’Ugni blanc)et (ii) de fixer le choix des temps post-inoculation qui seront analysés en détail lors de la campagne2011 (ces analyses sont en cours actuellement). Les perspectives de ce travail sont pourla dernière année du projet de valider une dizaine de gènes marqueurs potentiel de tolérance àE. lata, issus des analyses en cours. A plus long terme, ces gènes pourront éventuellement servirde marqueurs potentiels pour guider les choix de sélection dans des collections de clonesexistantes, ou bien parmi des populations issues de croisements pour l’obtention de nouveauxcépages.Le second projet, complémentaire du premier et financé par la CNIV, vise à étudier les réponsesmoléculaires globales de deux cépages (le Cabernet-Sauvignon et le Merlot) au niveaudes feuilles de boutures cultivées en serre, et inoculées ou non par E. lata. L’objectif ici est decomprendre l’effet des toxines émises par le champignon depuis le bois et qui vont conduireà l’apparition de symptômes foliaires. Les résultats obtenus, en cours d’analyse, indiquentque les réponses d’expression géniques détectées dans les feuilles de Merlot et de Cabernet-Sauvignon diffèrent. En particulier, le nombre de transcrits induits par la présence d’E. lata etliés aux réponses de stress ou aux réactions de défense de la plante vis-à-vis des agents pathogènes,est plus important chez le Merlot que chez le Cabernet-Sauvignon.Partenaires techniques impliqués(1)UMR INRA/Université de Bordeaux/ENITAB 1287 Ecophysiologie et Génomique Fonctionnellede la Vigne – Bordeaux – A. Destrac, E. Gomès, JP. Goutouly, C. Leon, I. Merlin, T. Robert.(2)UMR INRA/ENITAB 1065 Santé et Agroécologie du Vignoble – Bordeaux – G. Caumont,MF. Corio-Costé, MC. Dufour, S. Gambier, P. Lecomte, JM. Liminana(3)FRE CNRS/Université de Poitiers 3091 PhyMoTS – Poitiers – P. Coutos-Thévenot, S. Lacaméra,A. Legras(4)Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) – Cognac – V. Dumot, G. Ferrari14Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011


actions de coopération au plan international<strong>LA</strong>RIGNON PhilippeInstitut Français de la Vigne et du Vin, Pôle Rhône-Méditerranée, Domaine deDonadille - 30230 Rodilhan.philippe.larignon@vignevin.comLa sensibilisation de plusieurs chercheurs – Ian Pascoe (Australie), Laura Mugnai (Italie), LucieMorton (Virginie), Lisa van de Walter (USA), Luigi Chiarappa (Californie), Philippe Larignon(France) - aux maladies de dépérissement (plus particulièrement la maladie de Petri) a permisde créer lors d’une visite du vignoble californien en 1998 un groupe international sur lesmaladies du bois de la vigne appelé ICGTD (International Council Grapevine Trunk Disease)qui s’est réuni pour la première fois en 1999 à Sienne et se réunit actuellement tous les deuxans : Lisbonne (2001), Christchurch (2003), Stellenbosch (2005), Davis (2006), Florence (2008),Santa Cruz du Chili (2010), Valence en Espagne (2012). Il regroupe maintenant une centainede chercheurs venant de tous les pays viticoles. Les congrès ont pour but de partager lesconnaissances acquises lors des différentes recherches menées et de réfléchir sur les futuresétudes à conduire, bien sûr dans l’objectif de trouver une méthode de lutte efficace à l’égarddes maladies du bois. Ne traitant tout d’abord que le problème de l’Esca, il s’est élargi sur lesautres maladies du bois de la vigne (Eutypiose, Botryosphaerioses, Hoja de Malvon, Pied noir,Maladie de Petri...).Les thèmes de recherches touchent les différents aspects de la pathologie. Ils concernent1) la détermination des causes responsables des dépérissements observés dans le vignoble,et l’identification de l’agent pathogène par des méthodes de biologie moléculaire et par la descriptionmorphologique (taxinomie), 2) l’épidémiologie, 3) l’identification des facteurs environnementaux,4) les interactions entre la plante et l’agent pathogène (toxines, enzymes) et 5) lesméthodes de lutte (lutte chimique, lutte biologique, pratiques culturales).Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 15


CURRENT STATE OF GRAPEVINE TRUNK DISEASES IN SPAIN(SITUATION <strong>DE</strong>S <strong>MA<strong>LA</strong>DIES</strong> <strong>DU</strong> <strong>BOIS</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>VIGNE</strong> EN ESPAGNE)ARMENGOL JosepInstituto Agroforestal Mediterráneo, Universidad Politécnica de Valencia, Camino deVera s/n, 46022-Valencia (Spain).jarmengo@eaf.upv.esThe problem of grapevine trunk diseases (GTDs) has become one of the major limiting factorsfor this crop in Spain. In recent decades, an alarming increase in vine death, as a consequenceof these diseases, has been detected in both new plantings and adult vineyards.During the last five years, the research on GTDs has been conducted with several projects coordinatedamong four Research Institutions: IRTA (Institut per a la Recerca i Tecnologia Agroalimentàries,Cataluña), NEIKER (Instituto Vasco de Investigación y Desarrollo, País Vasco),IMIDRA (Instituto Madrileño de Investigación y Desarrollo Rural, Agrario y Alimentario, Comunidadde Madrid) and IAM-UPV (Instituto Agroforestal Mediterráneo-Universidad Politécnicade Valencia, Comunidad Valenciana). The overall objective was to improve the understanding ofthe ethiology and the epidemiology of GTDs, up to the ultimate goal of developing more effectivecontrol measures than the currently available ones, in order to reduce the impact of thesediseases.These projects have broadened the knowledge of many aspects of GTDs, such as the identificationand characterization of new fungal pathogens and the development of new detection techniques.As a result, more than thirty fungal species, belonging to different taxonomically unrelatedgenera, have been found associated with GTDs in Spain. This complex situation points outan urgent need for new detailed studies about the epidemiology of GTDs, with a special interestin the processes of pathogen dispersal, plant infection and pathogenesis in the nursery andfield. Moreover we need also to evaluate the efficacy of commercial plant protection productsand to develop new methods of GTDs control, in order to improve the sanitary status of multiplicationmaterial in nurseries and the available field control strategies.In recent years interesting results have been obtained about the sanitary status of the grapevinenursery process in Spain and the control of these diseases, in particular in relation tothe use of hot water treatment to improve the quality standards in the production of plantingmaterial. However, we are still far away from having reached satisfactory levels in the controlof GTDs, especially with regard to adult vines. Thus, current research lines are focusing in thedetection of grapevine fungal trunk pathogens in soil, the epidemiology of these pathogens inadult vineyards and the application of chemical strategies to protect pruning wounds.16Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011


pépinière viticole et maladies du boisBERNOS LaurentChambre d’Agriculture de la Gironde - Vinopôle Bordeaux-Aquitaine - 39 rue MichelMontaigne - 33294 Blanquefort Cedex.l.bernos@gironde.chambagri.frDes études menées en pépinière ont montré que certains champignons associés à l’Esca et auBlack Dead Arm (BDA) sont présents lors des étapes de production des plants. Il est possiblequ’au cours de ces étapes, des champignons présents en surface des bois pénètrent à l’intérieurdes tissus. Bien qu’aucune étude n’ait établi un lien de causalité entre la contaminationdes plants en sortie de pépinière et le développement des maladies du bois au vignoble, il apparaîtimportant de limiter la propagation et la contamination des plants lors de leur production.Ce projet a pour objectif d’améliorer la qualité de l’état sanitaire de plants par l’étude et lamise au point de processus optimisés de production. Parallèlement à la mise en place d’essaisvisant à améliorer le processus de production des plants, il vise à mettre au point des outilsmoléculaires d’identification et de quantification des champignons inféodés aux maladies dubois plus souples et plus performants. Ce projet a été découpé en 4 actions :Action 1 : Développer de nouveaux outils de diagnostic des champignons pour le contrôle dela qualité des plants : adaptation de la PCR quantitativeCette action a permis de valider des amorces pour développer un outil de PCR quantitative entemps réel permettant d’identifier et de quantifier les principaux champignons (Botryosphaeriaespp, Phaemoniella chlamydospora, Phaeocrmonium aleophilum) impliqués dans chaquetype de maladies du bois. Au travers de ce développement, l’échantillonnage et la préparationdes bois ont été optimisés. Ces techniques sont aujourd’hui validées sur divers matériels végétauxet sont donc appliquées pour les partenaires impliqués dans les autres étapes du projetafin de tester l’efficacité des moyens de lutte proposés.Action 2 : Définir des processus de multiplication des plants permettant de garantir la productiond’un matériel indemne de champignons associés aux maladies du bois en sortie depépinière.Dans un premier temps, il s’agit d’évaluer l’effet de l’état sanitaire des bois sur la qualité desplants en sortie de pépinières. Pour cela des parcelles ont été identifiées. Des bois ont été prélevéspour produire des plants sur lesquels seront recherchés les champignons.La possibilité d’assainir les bois avec de nouveaux produits de désinfection, avant leur utilisationest également testée. 5 produits ont été retenus et sont aujourd’hui à l’étude.La stratification est une étape critique vis–à-vis de la contamination des plants. Douze substratssont testés : les niveaux de reprise et de contamination des plants sont ensuite étudiés.Onze substrats assurent une bonne reprise des plants. Cependant, La nature du substrat destratification a statistiquement peu d’effet sur le développement des espèces de champignonassociées aux maladies du bois (Botryospheriacées en particulier).Enfin, la technique du greffage en vert a été utilisée pour produire des plants. Aucun champignonresponsable des maladies du bois n’a été retrouvé.Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 17


Action 3 : Etudier en plein champ l’intérêt du traitement à l’eau chaude des plants au coursde leur productionLe traitement à l’eau chaude (trempage des bois ou des plants dans l’eau à 50°C pendant 45minutes) permet de réduire la présence d’un certain nombre de champignons dans les tissusdes bois. Une première étude porte sur des parcelles différentes traitées ou non à l’eauchaude. Les premières observations montrent un niveau d’expression des symptômes trèsfaible par les maladies du bois. Aucune différence significative n’est notée malgré une légèreprépondérance des symptômes d’Esca/BDA sur les parcelles non traitées.La seconde étude concerne des parcelles plantées pour partie avec des plants traités ou non àl’eau chaude. Les résultats montrent aussi des niveaux d’expression très faibles et peu marquéentre les modalités.Action 4 : Diffuser à l’ensemble de la profession les acquis scientifiques et avancées techniquesobtenusLa diffusion cible les pépiniéristes, les viticulteurs, les techniciens et les lycées agricoles parl’intermédiaire des différents supports actuels de communication. Depuis le démarrage duprojet de nombreuses communications orales et écrites ont été réalisées. Elles ont concernédans un premier temps la présentation du projet et actuellement les premiers résultats sontdiffusés.Du fait des cycles végétatifs, les résultats de la seconde année ne sont pas tous disponibles.Le déroulé respecte le calendrier initial et les premiers résultats permettront d’apporter desréponses à quelques-unes des questions soulevées dans ce projet.18Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011


L’impact des pratiques des viticulteurs sur le développementdes maladies du boisCHEVRIER ChristelChambre régionale d’agriculture du Languedoc-Roussillon - CS 30012 - 39875 LattesCedex.christel.chevrier@languedocroussillon.chambagri.frLes maladies du bois (eutypiose, esca et BDA), longtemps considérées comme secondaires,sont devenues une préoccupation grandissante des viticulteurs. En l’absence de moyens delutte préventifs ou curatifs, des mesures prophylactiques préconisées sont très inégalementsuivies. Ce projet n’a qu’une seule finalité : apprendre à vivre avec les maladies du bois en limitantleur développement. Pour cela, il s’appuie sur des objectifs opérationnels.Des études sur le caractère épidémiologique de ces maladies ont déjà été conduites. Survignes en place, des méthodologies de lutte appropriée n’existent pas aujourd’hui. Il faut doncproposer aux vignerons des alternatives à une lutte chimique. Seule une connaissance des impactsdu matériel végétal et des pratiques culturales peut permettre aux vignerons d’attendreque les recherches menées (à long terme) leur proposent des solutions économiquement etsatisfaisantes d’un point de vue environnemental.La situation des maladies du bois inquiète fortement les professionnels de la filière. Pourapporter des éléments de réponses aux questions posées par ce projet, la collecte raisonnéed’un volume important de données est cruciale. C’est pourquoi l’APCA (Assemblée Permanentedes Chambres d’Agriculture) a sollicité son réseau des Chambres d’agriculture viticoles(Ardèche, Drome, Bourgogne, Yonne, Saône et Loire, Vaucluse, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Lot, Gironde et Loir et Cher) pour bâtir ce projet en s’appuyant ainsi sur l’habitudede travailler en réseau et sur un maillage fin du territoire viticole. Elle s’appuie sur d’autrespartenaires dont l’IFV, Ferme expérimentale du Lot, ATVB, Synthèse et Informatique, Lycéesagricoles. L’INRA apporte son expertise. Le financement de ce projet est de 60 % par le CAS-DAR, d’une contribution du Bureau interprofessionnel des Vins de Bourgogne.Le caractère évolutif, lent et variable, de l’expression des symptômes, oblige les partenaires àretenir des parcelles dont l’historique est connu.Les actions menées dans ce projet s’appuieront sur des parcelles identifiées issues soit :- des parcelles d’expérimentation,- des vignes-mères de greffons appartenant aux partenaires ou sous contrat.Ces parcelles existantes présentent déjà des ceps exprimant les symptômes des maladies dubois. Les partenaires sont conscients de la difficulté d’obtenir des réponses immédiates et reproductibles.Ainsi sur les trois années du projet, et suivant les protocoles présentés, l’équipeétablira des règles de décision ou bien définira des hypothèses de réflexion pour des actionsultérieures.Impact du matériel végétalEn se basant sur les acquis du dépérissement de la syrah, il est apparu que l’évolution de cettemaladie était variable suivant le clone. Ce facteur aurait-il également une influence sur le développementdes maladies du bois ?Les cépages étant nombreux et de sensibilité variable, les partenaires ont choisi de concentrerleur étude de différence de comportement sur un nombre restreint d’entre eux. Grâceaux références et expériences acquise (observatoire national, expérimentation…), le choix descépages s’est porté sur des variétés classées sensibles, très largement répandues ou présentantun intérêt économique important pour différents types de vins :- Sauvignon : 24 473 ha cultivées en France en 2006 ; 20 clones sont agréés ; le choix des clonespour l’étude est fonction des listes de clones les plus diffusés : 108, 159, 241, 242, 297, 376, 530,Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 19


évaluation de l’efficacité d’une stratégie alternativede traitement chimiqueCHOLLET Jean-François (1) , ROCHER Françoise (1) et BONNEMAIN Jean-Louis (2)(1)Laboratoire Synthèse et Réactivité des Substances Naturelles, Unité Mixte deRecherche CNRS 6514, équipe Biogéochimie organique, Université de Poitiers,40 avenue du Recteur Pineau - 86022 Poitiers Cedex.(2)Laboratoire de Catalyse en Chimie Organique, Unité Mixte de Recherche CNRS 6503,équipe PHYMOTS, Université de Poitiers - 40 avenue du Recteur Pineau - 86022Poitiers Cedex.jean.franc.chollet@univ-poitiers.frDepuis l’interdiction de l’usage de l’arsénite de sodium en 2001, on assiste à une forte recrudescencedes maladies du bois chez la vigne, en particulier l’esca et le black dead arm (BDA).Aucune alternative crédible de lutte n’a été proposée aux viticulteurs depuis cette date et l’impactde ces maladies sur la production est maintenant tel que certaines exploitations sontmaintenant en péril.L’objectif de notre projet de recherche est de proposer des stratégies de traitements chimiquespour lutter contre les maladies du bois chez la vigne avec une application par pulvérisationfoliaire classique. Les fongicides actuellement sur le marché sont dénués d’efficacité contrece type de maladies à localisation vasculaire car ils ne sont pas ou insuffisamment mobilesaprès application foliaire. Ces produits ne peuvent donc pas atteindre leur cible. La stratégieque nous développons découle de la recherche fondamentale que nous avons effectuée aulaboratoire dans le domaine de la mobilité des molécules chez les plantes. Pour accroître leschances d’aboutir à une efficacité in planta et en prenant en compte la difficulté de lutte contreces maladies notamment en raison du grand nombre de champignons impliqués, nous noussommes intéressés à deux types de composés aux modes d’action différents et complémentaires.Nous avons tout d’abord utilisé des molécules existantes modifiées pour obtenir desproduits capables, après une application foliaire, de circuler jusqu’au cœur du cep où sontlocalisés les pathogènes. En complément à ces fongicides systémiques, nous avons associéune molécule stimulatrice des défenses de la plante en ayant montré par ailleurs qu’elle étaitmobile.Sur des boutures de Sauvignon - cépage connu pour être particulièrement sensible à l’esca- cultivées en milieu hydroponique sur pains de laine de roche, quatre espèces fongiquesmajeures ont été inoculées durant l’année n : Eutypa lata (El), Neofusicoccum parvum (Np),Phaeomoniella chlamydospora (Pch) et Phaeoacremonium aleophilum (Pal). Une partie de cesessais a subi cette même année n une série de traitements avec une solution associant unfongicide rendu mobile (famille des phénylpyrroles) et un stimulateur des réactions de défense(analogue halogéné de l’acide salicylique, le principe actif de l’aspirine). Les observations desparties aériennes réalisées au cours de l’année n + 1 ont montré deux cas de figure : i/ lesindividus inoculés avec les champignons à développement lent (Pal et/ou Pch) ne présententpas de symptômes visuels et donc aucun effet du traitement n’est observable ; ii/ les individusinoculés avec des champignons à croissance rapide (Np ou El) présentent des symptômesparfois très marqués sur les parties aériennes, ce qui a permis d’observer l’état sanitaire plussatisfaisant des plantes traitées par rapport aux plantes témoins. Après une nouvelle série detraitements lors de l’année n + 1, toutes les plantes ont été observées puis disséquées à n + 2afin d’évaluer la propagation des nécroses. Il s’avère que le taux de mortalité est moins importantchez les plantes traitées que chez les témoins et ce, quel que soit le pathogène considéré.Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 21


Par ailleurs, si l’on observe les nécroses qui se sont développées dans l’onglet laissé lors dela taille de l’année n + 1, cette partie présente un état sanitaire relativement meilleur chez lesplantes traitées et ici aussi, quel que soit le champignon incriminé (El, Np, Pal ou Pch).Enfin, au vu de ces résultats, de nouveaux essais ont été mis en place avec les mêmes matérielsvégétaux et fongiques mais sur un plus grand nombre d’individus pour voir si l’effet dutraitement est reproductible puis pour tenter d’expliquer quel est l’effecteur essentiel du traitement: le fongicide mobile, le stimulateur des réactions de défense ou la synergie des deuxcomposés. Nous avons également réalisé la synthèse de plusieurs nouveaux composés fongicidesmobiles dont les premiers tests laissent à penser que l’un d’entre eux se comporteraitcomme une prodrogue.RemerciementsCes travaux ont pu être réalisés grâce au soutien et à la participation financière de FranceAgriMer et d’InterLoire.22Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011


Lutte biologique et maladies du bois chez la VigneClément Christophe (1)Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), URVVC-SE EA 2069, Laboratoire deStress, Défenses et Reproduction des Plantes, UFR Sciences Exactes et Naturelles. Moulin dela Housse, BP 1039, 51687 Reims Cedex 2.christophe.clement@univ-reims.frLes maladies du bois de la Vigne représentent actuellement un souci croissant des viticulteurspour la qualité et la pérennité du vignoble. L’absence de moyens de lutte suite à l’interdiction del’utilisation de l’arsénite de sodium en 2001 a entraîné une propagation incontrôlée de l’épidémieen France et en Europe, mettant en péril l’ensemble du vignoble. A ce jour, il n’existe pasde moyen efficace pour endiguer la progression de ces maladies : (i) les fongicides n’atteignentpas les champignons pathogènes dans les bois, (ii) les éliciteurs demeurent sans action, (iii)l’utilisation des OGM n’est pas autorisée et (iv) l’avènement de nouveaux cépages potentiellementrésistants demeure un objectif lointain qui soulève en outre de nombreux questionnements(cépages, appellation...). En outre, la symptomatologie est particulièrement complexe(plusieurs champignons impliqués, différents types de symptômes, discontinuité de l’expressiondes symptômes), rendant difficile l’établissement d’une stratégie adaptée.La lutte biologique faisant appel à des micro-organismes bénéfiques pourrait constituer unesolution. Il s’agit d’associer des micro-organismes sélectionnés à la Vigne, ce qui peut luiconférer un certain niveau de tolérance/résistance aux maladies. Cette technologie est utiliséepour de nombreuses cultures herbacées et pourrait être adaptée à une plante ligneuse commela Vigne. La stratégie est basée sur les propriétés de certains micro-organismes capables decoloniser la plante, d’avoir une action antifongique avérée et/ou de stimuler les défenses de laplante (élicitation) sur le lieu où se développent les champignons.La lutte biologique peut être utilisée à titre curatif ou préventif mais une approche préventivesemble plus adaptée aux plantes ligneuses comme la Vigne. Cette technologie se décomposeen plusieurs étapes : (i) sélection de micro-organismes à propriétés antifongiques directes ouélicitrices des défenses de la Vigne, (ii) colonisation de la Vigne en conditions contrôlées (invitro), (iii) vérification de l’effet protecteur des microorganismes, (iv) multiplication des plantscolonisés, (v) adaptation des plants colonisés aux conditions du vignoble et (vi) vérification de laqualité des baies et des vins issus de ces plants. Dans le cadre de la lutte contre la pourrituregrise, médiée par le champignon Botrytis cinerea, la lutte biologique donne des résultats particulièrementprobants, ce qui suggère fortement d’étendre la stratégie à d’autres maladies.Cette piste de recherche prometteuse à plusieurs titres. D’une part elle représente une desrares perspectives crédibles de lutte contre les maladies du bois à moyen terme et, d’autrepart, l’emploi de micro-organismes conférant une résistance aux maladies du bois ne nécessitepas d’utiliser des fongicides chimiques et s’inscrit parfaitement dans le développementd’une viticulture durable.La mise en place d’une telle démarche nécessite une collaboration des différents acteurs dela filière. Les premières étapes sont d’ores et déjà développées au sein des laboratoires derecherche et seront présentées. La multiplication des plants colonisés reviendrait aux pépiniéristeset les tests des plantes aux vignobles pourraient être assurées par les professionnels(viticulteurs, instituts techniques, coopératives, chambres d’agriculture...).(1)Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), URVVC EA 2069, Laboratoire de Stress,Défenses et Reproduction des Plantes, UFR Sciences Exactes et Naturelles. Moulin de laHousse, BP 1039, 51687 Reims Cedex 2, FranceC. Clément, F. Fontaine, E Aït Barka, C. Jacquard, L Sanchez, M. Magnin-Robert, A. Spagnolo.Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 23


les maladies du bois chez la VigneKUNTZMANN philippeInstitut Français de la Vigne et du Vin, Pôle Alsace - Biopôle - 28 rue Herrlisheim -68000 Colmar.philippe.kuntzmann@vignevin.comEn Alsace les suivis sur les parcelles de l’observatoire des maladies du bois ont été maintenusà l’initiative de l’IFV, de la Chambre d’Agriculture du Haut-Rhin, de la Chambre d’Agriculture duBas-Rhin et de la FREDON Alsace.La figure 1 montre que l’expression des symptômes en végétation d’esca et de BDA a diminuéentre 2010 et 2011, puisque le Gewurztraminer passe de 10.12 % à 8.47 %, le Riesling de 8.50%à 6.20 % et l’Auxerrois de 4.54 % à 3.53 %. Cette diminution est un peu plus marquée pour leRiesling que pour les deux autres cépages suivis. Mais la baisse observée ne permet pas deretrouver les niveaux d’expression de l’année 2003, ou plutôt de l’année 2004, les conditionsclimatiques atypiques de la première ayant certainement contribué à masquer une partie dessymptômes, et les niveaux d’expression restent encore élevés pour le Riesling et le Gewurztraminer.Par ailleurs, ces évolutions moyennes peuvent cacher de grandes disparités entre parcelles,aussi bien en terme d’évolution des symptômes sur la végétation que dans la fréquence despieds concernés par ceux-ci, comme le montre une sélection de parcelles, données figure 2 àfigure 5.Pour les parcelles suivies à Wettolsheim et Ammerschwihr, l’expression des symptômes estrestée élevée pour le Gewurztraminer à Wettolsheim, et pour la parcelle de Riesling de cemême domaine après une baisse en 2009 (Figure 2), alors qu’à Ammerschwihr (Figure 3) onobserve une chute de l’expression des symptômes pour la parcelle de Gewurztraminer entre2007 et 2009, qui se maintien plus ou moins à des niveaux inférieurs à la moyenne en 2010 et2011. De même le Riesling suivi sur ce domaine retrouve des valeurs proches de la moyennedu cépage. Pour les deux domaines les parcelles d’Auxerrois sont toujours dans la moyennedu cépage.A Orschwiller (Figure 4) les niveaux d’expression sont toujours largement sous la moyennepour l’Auxerrois et le Riesling, un peu moins pour le Gewurztraminer qui se maintien à un niveauun peu plus élevé.A Hattstatt (Figure 5), les trois parcelles suivies se caractérisaient par leur très faible niveaud’expression. Pour le Riesling et le Gewurztraminer les niveaux d’expression ont augmentépour se situer ou se rapprocher de la moyenne. L’Auxerrois suivi sur ce domaine montre toujoursencore un faible niveau d’expression.Concernant la légère baisse globale d’expression des symptômes observée sur les parcellesdu réseau, qui semble devoir être représentative de la tendance générale en Alsace, le volumede récolte plus faible enregistré en 2010 en raison de la coulûre, du millerandage et aussi dugel d’hiver, pourrait être un facteur parmi d’autres expliquant cette baisse.Concernant les variations individuelles, des facteurs propres à chaque exploitation ou parcellepeuvent intervenir.Par exemple pour la parcelle de Gewurztraminer d’Ammerschwihr le viticulteur a effectué unrecépage systématique de la parcelle, ainsi tous les pieds ont été recépés entre 2007 et 2009,l’opération étant achevée en 2009. Parallèlement à cette opération de recépage on constateque le niveau d’expression des symptômes a fortement baissé, cette parcelle ayant fait partiedes parcelles les plus atteintes du réseau les années précédentes. Il sera intéressant de voircombien d’années cet effet va perdurer dans le temps, pour savoir si le recépage systématiquedes parcelles dès l’apparition des premiers symptômes peut être considéré comme une méthodede lutte efficace.24Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011


Afin de déterminer la nature des facteurs qui peuvent expliquer ces différences et l’évolutionau cours du temps de l’expression des maladies du bois, nous avons réalisé un entretien avecles viticulteurs et des observations complémentaires, qui ont permis de caractériser les parcellesdans leur environnement physique, de collecter des renseignements sur les pratiquesculturales réalisées sur les parcelles et de noter certains paramètres agronomiques.Nous montrons un lien entre l’expression des symptômes d’esca et de BDA sur les parcelleset des pratiques culturales réalisées pendant la période considérée, pour partie étroitementliées à l’usage de la vendange, lui-même dépendant de la nature du cépage. La significationde cette relation ainsi que les conséquences sur la façon d’appréhender ces dépérissementssont discutés.Figure 1 : Evolution de la fréquence de piedsexprimant des symptômes d’esca et de BDAFigure 2 : Evolution de l’esca et de BDA(Wettolsheim)12,00 %25,00 %10,00 %8,00 %AuxerroisGewurztraminerRieslingmoyenne20,00 %15,00 %AuxerroisGewurzt.Rieslingmoyenne EBDA(réseau complet)6,00 %10,00 %4,00 %2,00 %5,00 %0,00 %2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 20110,00 %2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 201140,00 %35,00 %30,00 %25,00 %20,00 %15,00 %10,00 %5,00 %Figure 3 : Evolution de l’esca et de BDA(Ammerschwihr)AuxerroisGewurzt.Rieslingmoyenne EBDA(réseau complet)9,00 %8,00 %7,00 %6,00 %5,00 %4,00 %3,00 %2,00 %1,00 %Figure 4 : Evolution de l’esca et de BDA(Orschwiller)AuxerroisGewurzt.Rieslingmoyenne EBDA(réseau complet)0,00 %2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 20110,00 %2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011Figure 5 : Evolution de l’esca et de BDA (Hattstatt)10,00 %9,00 %8,00 %7,00 %AuxerroisGewurzt.Rieslingmoyenne EBDA(réseau complet)6,00 %5,00 %4,00 %3,00 %2,00 %1,00 %0,00 %2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011 25


MINISTERE <strong>DE</strong> L'AGRICULTURE,<strong>DE</strong> L'ALIMENTATION, <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> PÊCHE,<strong>DE</strong> <strong>LA</strong> RURALITE ET <strong>DE</strong> L'AMENAGEMENT<strong>DU</strong> TERRITOIREavec la contribution financière du compted'affectation spéciale "Développement agricole et rural"26Colloque Maladies du bois - 9 décembre 2011

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