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Démocratie

Burundi - RCN Justice & Démocratie

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© Anne-Aël Pohu<br />

Burundi<br />

Contrairement au système de<br />

vote à la majorité employé par<br />

la justice moderne, lors des décisions<br />

des bashingantahe, le vote<br />

n’existe pas et un consensus<br />

émerge des discussions. Ainsi, la<br />

décision prise revêt un caractère<br />

plus juste, plus équitable, plus<br />

respectable et facile à mettre en<br />

application.<br />

Les tâches étaient accomplies<br />

gratuitement par les bashingantahe.<br />

S’ils recevaient des cruches<br />

de bière (agatutu k’abagabo)<br />

qu’ils partageaient avec les autres<br />

membres de la communauté<br />

en signe de réconciliation, elles<br />

ne représentaient pas au sens<br />

strict des frais de procès ou une<br />

forme de corruption. La boisson<br />

offerte s’inscrit avant tout dans<br />

le cadre d’un esprit de partage,<br />

de solidarité, de communion, un<br />

des traits fondamentaux de la<br />

culture burundaise.<br />

Balthazar NZIRAKISHIMIRIZO, Chargé d'action Juriste<br />

1<br />

« L’institution des Bashingantahe au Burundi », étude pluridisciplinaire<br />

réalisée sous la direction de Philippe Ntahombaye, Adrien Ntabona, Joseph<br />

Gahama et de Liboire Kagabo, p. 16.<br />

2<br />

Idem, p. 271<br />

3<br />

Idem, p. 35<br />

4<br />

Idem, p. 33<br />

L’institution des bashingantahe au fil du temps<br />

Institution née et largement développée sous la royauté, l’institution des bashingantahe a également<br />

connu des périodes d’éviction. Perdant son prestige durant la période coloniale, puis exclue<br />

du système judiciaire après l’indépendance, les initiatives les plus récentes ont pourtant tendance<br />

à promouvoir son rôle et à réhabiliter les bashingantahe au sein du système judiciaire.<br />

Toutes les sociétés humaines essayent par tous les<br />

moyens de mettre en place un ou des mécanismes de<br />

régulation sociale et de résolution des conflits en vue de<br />

maintenir ou de restaurer la cohésion au sein des<br />

membres qui les composent. Au Burundi, en plus de<br />

l’institution familiale qui constituait un cadre idéal de<br />

base pour l’éducation à la paix, l’institution des bashingantahe<br />

est reconnue comme un modèle original d’arbitrage,<br />

de conciliation et de médiation au sein de toutes<br />

les structures de la société burundaise.<br />

«Transcendant les structures familiales et claniques, elle<br />

existait sur toute l’étendue du territoire et jouait un rôle<br />

considérable à tous les niveaux de l’administration sur les<br />

plans politique, social et judiciaire » 1 . Selon l’anthropologue<br />

Dominik Kohlhagen, il s’agit d’une différence avec<br />

les conceptions juridiques européennes, mais également<br />

d’une spécificité par rapport à la plupart des autres<br />

sociétés d’Afrique centrale.<br />

La naissance de l’institution des bashingantahe<br />

Si on se réfère à plusieurs sources tant orales qu’écrites,<br />

le Royaume du Burundi a été institué au 18 e siècle par le<br />

Roi Ntare Rushatsi, un nom qui lui aurait été attribué car<br />

il avait de longs cheveux et était vêtu d’une peau de<br />

mouton. Il serait venu du Buha, un territoire qui fait<br />

aujourd’hui partie de la Tanzanie. En plus de l’introduc-<br />

12

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