Démocratie
Burundi - RCN Justice & Démocratie
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Rwanda<br />
Les femmes et la justice traditionnelle<br />
Si les femmes ont longtemps été écartées de la résolution traditionnelle<br />
des conflits, leur implication au sein de la justice traditionnelle institutionnalisée<br />
semble aujourd’hui acquise.<br />
En kinyarwanda, la bière traditionnelle utilisée dans la résolution des conflits<br />
est appelée inzoga y’abagabo, ce qui littéralement veut dire « la bière des hommes».<br />
Abagabo signifie tout à la fois « hommes » et « témoins », car dans la tradition<br />
rwandaise, seuls les hommes pouvaient participer à la résolution des<br />
conflits en tant que médiateurs ou témoins.<br />
Les femmes ont longtemps été écartées de la résolution en public des conflits,<br />
et par conséquent écartées de la bière qui accompagnait la réconciliation des<br />
parties. Dans la justice traditionnelle communautaire, les femmes ne participaient<br />
pas à la résolution des conflits, car elles ne pouvaient pas prendre la<br />
parole en public. Elles restaient sous la protection de la famille et lorsqu’elles<br />
étaient impliquées dans un conflit, leur affaire était prise en main par leurs<br />
frères, par un autre membre masculin de la famille ou par un proche de la<br />
famille. La participation des femmes dans la résolution des conflits était cantonnée<br />
à la sphère privée, aux conflits entre femmes.<br />
Progressivement, les femmes ont été impliquées dans la résolution des conflits<br />
au sein de la justice traditionnelle institutionnalisée. Elles peuvent désormais<br />
prendre place et prendre la parole auprès des hommes. De nombreuses femmes<br />
font aujourd’hui partie des sages ou sont chefs de village (Umudugudu). La loi<br />
organique instituant les Comités de conciliateurs (Abunzi) de 2010 exige qu’au<br />
moins 30% des membres de ces Comités soient des femmes. Actuellement, on ne<br />
peut plus se passer d’elles dans la résolution des conflits et leur contribution est<br />
pleinement reconnue, à l’instar de cet homme interrogé lors des activités de<br />
monitoring de RCN J&D sur le fonctionnement des Abunzi : « Les femmes<br />
[Abunzi] étaient très actives. Elles voulaient à tout prix que nous aboutissions à<br />
la conciliation. Elles donnaient beaucoup de conseils. »<br />
Les femmes médiatrices des conflits surgissant dans la sphère privée existent<br />
encore actuellement. Elles ont été institutionnalisées avec le Conseil national des<br />
femmes (CNF), créé en 2008 par la loi N o 27/2003, et ayant pour objectif d’être<br />
« un forum social où les filles et les femmes mettent ensemble leurs points de<br />
vue pour résoudre leurs propres problèmes, participer et avoir un mot dans le<br />
développement du pays » 1 . Aujourd’hui, le CNF s’occupe essentiellement des<br />
conflits impliquant des femmes entre elles et avec leurs conjoints.<br />
Angèle NIRERE<br />
Chargée d’action résolution et prévention des conflits fonciers<br />
1<br />
Ministère du Genre et de la promotion de la famille, http://www.migeprof.gov.rw/?National-Women-s-Council,60<br />
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