L.ART en LOIRE 11
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L.<strong>ART</strong><br />
<strong>en</strong> <strong>LOIRE</strong><br />
#<strong>11</strong><br />
juin 2016
#<strong>11</strong><br />
juin 2016<br />
Tous les textes, toutes les œuvres publiés rest<strong>en</strong>t la propriété<br />
exclusive de leurs auteurs respectifs et sont protégés<br />
<strong>en</strong> vertu des lois <strong>en</strong> vigueur. La rédaction n’est pas responsable<br />
des textes et images publiés, qui <strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t la seule<br />
responsabilité de leur auteur.<br />
Tous droits réservés © L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire et les artistes<br />
ISSN 2256-988X -29 Juin 2016<br />
Auto-tamponneuse © Teklal Neguib
Sommaire<br />
L.<strong>ART</strong> (Loire Atlantique Art Recherches Travaux)<br />
4 Danse magique au Grand Café [Teklal Neguib]<br />
6 Les mondes féériques du LiFE [Teklal Neguib]<br />
Poesia<br />
10 Sandrine Davin<br />
14 Bonafide Rojas<br />
18 François Ibanez<br />
Thème d’exploration : Faisons la fête ! / Let’s go to the party !<br />
24 Que la fête comm<strong>en</strong>ce ! [Teklal Neguib]<br />
36 Evelyne Charasse<br />
38 Ôde à la vie [Edith Cambrini]<br />
48 Sonia est une fête [Jacques Cauda]<br />
52 A la fin de l’hiver était le Carnaval [Patrick Vilallongue]<br />
Dialogue<br />
62 Les saisons éphémères [Teklal Neguib & L.]<br />
#Meta<br />
70 A song of hate and death [Teklal Neguib]<br />
74 #takemeanywhere [Teklal Neguib]<br />
Perspectives<br />
78 A l’ombre de la guerre [Sandrine Davin]<br />
#CarteBlanche<br />
82 AR - F.M.R, Bonbons [Gaetan Sortet]<br />
84 Sil<strong>en</strong>t voices [Paul West]<br />
Philosophia<br />
90 Le principe de causalité [Mahrk Gotié]<br />
Focus<br />
92 Olivier Lelohé et Pablo Cordoba<br />
D’arbres et de pierres<br />
100 A la ronde [Teklal Neguib]<br />
<strong>11</strong>4 François Ibanez<br />
Nouvellissima<br />
<strong>11</strong>8 La Ballade du Père Gaston [Corinne Tisserand-Simon]<br />
Francophonia<br />
124 Cicero Melo<br />
128 Corinne Tisserand-Simon<br />
130 Stéphane Poirier<br />
#Book<br />
134 Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue chez moi [Teklal Neguib]<br />
136 Dépucelage [Teklal Neguib]<br />
138 Macro : Interview of Michael Hessel-Mial [Teklal Neguib]<br />
142 Artistes<br />
144 Appel à travaux // Call for works
TEKLAL<br />
NEGUIB<br />
Vue de l’exposition de Christian Hidaka « Desert Stage », Le Grand Café, c<strong>en</strong>tre d’art contemporain, Saint-Nazaire,<br />
2016<br />
Photographie : Marc Domage<br />
Courtesy de l’artiste et Michel Rein, Paris/Brussels
Danse magique au Grand Café<br />
Du 14 mai au 4 septembre 2016, le Grand Café invite Christian Hidaka à partager avec<br />
le public nazairi<strong>en</strong> ses douces rêveries…<br />
Véritable plongée dans l’histoire de l’art, l’exposition<br />
« Desert Stage », qui ti<strong>en</strong>t son nom<br />
de l’une des toiles prés<strong>en</strong>tées à l’étage, est<br />
une facétie exc<strong>en</strong>trique, jouant avec notre<br />
mémoire et nos représ<strong>en</strong>tations du passé.<br />
Jeu de pistes, à mi-chemin <strong>en</strong>tre la peinture<br />
et le théâtre, l’œuvre nous fait découvrir l’<strong>en</strong>vers<br />
du décor, ou plutôt l’intérieur de celui-ci.<br />
En effet, la Grande Salle propose une recréation<br />
in situ du tableau prés<strong>en</strong>té à l’étage<br />
« Trobairitz ». Déambulant au travers de ce<br />
magnifique palais reconstitué, le spectateur<br />
pénètre alors le tableau, <strong>en</strong> devi<strong>en</strong>t l’un des<br />
personnages, mirant la beauté du décor, pr<strong>en</strong>ant<br />
consci<strong>en</strong>ce d’infimes détails, se laissant<br />
emporter par la magnific<strong>en</strong>ce d’une cour-jardin,<br />
<strong>en</strong>tre bassin d’eau et musici<strong>en</strong>s.<br />
Transporté par la paisibilité du « lieu » et sa<br />
musicalité théâtrale, le spectateur que nous<br />
sommes, se pr<strong>en</strong>d à rêver, à vouloir se mouvoir,<br />
à souhaiter danser au son d’un tambour<br />
pourtant objectivem<strong>en</strong>t inexistant. Ce<br />
jeu <strong>en</strong>tre réalité et imaginaire, cette fusion<br />
pourrait-on dire, a été d’autant plus vrai lors<br />
du vernissage grâce au concert de Tomoko<br />
Sauvage, jeu de sons et d’eau et celui des<br />
trois musici<strong>en</strong>s de l’Orchestre du Christ’s<br />
hospital. Ce mariage parfaitem<strong>en</strong>t réussi<br />
Horaires :<br />
Du 28 juin au 04 septembre : Mardi à<br />
dimanche de <strong>11</strong>h00 à 19h00<br />
Entrée libre<br />
Tel : 02-44-73-44-00<br />
http://www.grandcafe-saintnazaire.fr/<br />
<strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>semble des musici<strong>en</strong>s et le décor<br />
reconstitué de « Trobairitz » est un dialogue<br />
<strong>en</strong>tre œuvres sonores et œuvres plastiques.<br />
Ou comm<strong>en</strong>t des œuvres a priori sans li<strong>en</strong><br />
les unes avec les autres <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> résonnance,<br />
s’imprègn<strong>en</strong>t les unes des autres, se<br />
magnifi<strong>en</strong>t et cré<strong>en</strong>t une nouvelle histoire à<br />
part <strong>en</strong>tière…<br />
Car à déambuler <strong>en</strong>tre ici et là-bas, <strong>en</strong>tre<br />
aujourd’hui et autrefois, notre imaginaire<br />
voyage, se perd, découvre, s’amuse, et surtout<br />
s’émerveille…<br />
Entre R<strong>en</strong>aissance, et XXI° siècle, le spectateur<br />
que nous sommes s’imagine <strong>en</strong> costume<br />
dansant caroles, branles, ou courantes,<br />
à travers les étages et les diverses œuvres<br />
d’art… Un hommage finalem<strong>en</strong>t aussi tant<br />
au passé, qu’à aujourd’hui. Une façon simple<br />
de nous rappeler le temps d’avant, porteur<br />
d’imaginaire, car n’oublions jamais que sans<br />
passé, une nation n’a pas d’av<strong>en</strong>ir… Passé-refuge,<br />
passé-futur, passé-reconstitué,<br />
passé-imaginaire, passé d’aujourd’hui et de<br />
demain, passé magique, passé irréel…<br />
Danse joyeuse et magique, Desert Stage de<br />
Christian Hidaka est une exposition à découvrir<br />
pour un merveilleux voyage…<br />
Lieu d’exposition :<br />
Le Grand Café<br />
C<strong>en</strong>tre d’art contemporain<br />
Place des Quatre Z’Horloges<br />
44600 Saint Nazaire<br />
(France)
TEKLAL NEGUIB<br />
Les Mondes Féériques<br />
du LiFE<br />
Vue de l’exposition Neocodomousse par Raumlaborberlin au LiFE<br />
Photo © Teklal Neguib // Courtesy of Raumlaborberlin
Du 3 juin au 9 octobre 2016, le projet Néocodomousse s’expose au LiFE, à Saint Nazaire.<br />
Véritable création sui g<strong>en</strong>eris, il propose à voir un monde créé de toutes pièces par le<br />
collectif Raumlaborberlin, et né de ses interactions avec les habitants de la ville.<br />
À peine arrivés dans la magnifique salle<br />
du LiFE, écrasés par cette masse qu’est<br />
le bunker construit par la Wehrmacht, durant<br />
la Seconde Guerre Mondiale, nous<br />
sommes subjugués par l’imm<strong>en</strong>se mur<br />
de frigos usagés, rebuts d’une société de<br />
l’hyper-consommation, du sur-profit et du<br />
mythe de la croissance infinie. Cette société<br />
qui ne se préoccupe guère de ses déchets,<br />
a pour seul leitmotiv la production,<br />
toujours plus de production, la productivité,<br />
la sur-productivité, m<strong>en</strong>ant au burn-out<br />
d’humains, dont la seule valeur est d’être<br />
de purs ag<strong>en</strong>ts économiques, devant produire<br />
et consommer (à tout prix, d’où les<br />
crédits à la consommation) pour assurer<br />
la croissance, et le dégagem<strong>en</strong>t de profits.<br />
Mais à quel prix ?<br />
À une époque où nous vivons la plus grave<br />
crise <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale et de santé publique,<br />
connue à ce jour, Néocodomousse<br />
nous interroge sur nos possibilités de réinterpréter<br />
les déchets (les frigos prés<strong>en</strong>tés<br />
sont issus des rebuts des nazairi<strong>en</strong>s),<br />
non plus comme une chose impure, mais<br />
comme une ressource à réutiliser, à recycler.<br />
L’<strong>en</strong>semble de l’œuvre est ainsi un<br />
questionnem<strong>en</strong>t autour de : «que faire de<br />
nos déchets ?».<br />
Et la question est ici bi<strong>en</strong> plus vaste, qu’une<br />
simple problématique de gestion pure et<br />
dure de déchets d’une déchetterie. En effet,<br />
au détour des divers modules artistiques,<br />
l’œuvre questionne l’habitat, l’architecture,<br />
la matière.<br />
Maison fabriquée <strong>en</strong> poubelles, abri de<br />
rebuts de métaux découpés, amas de déchets<br />
industriels <strong>en</strong> tout g<strong>en</strong>re, cabane de<br />
bois-métal-plaques d’immatriculation, ce<br />
jeu architectural avec les déchets est une<br />
<strong>en</strong>trée dans un monde féérique, une utopie<br />
magique qui nous donne le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t<br />
d’être des petits lutins parcourant notre petit<br />
village, fait de bric et de broc, si beau et<br />
<strong>en</strong>voûtant. Car il y a une telle beauté dans<br />
ces déchets-matière !<br />
Cette œuvre est très intéressante à explorer,<br />
et devrait ravir les plus jeunes, surtout<br />
ceux qui rêv<strong>en</strong>t de cabanes dans les bois,<br />
faites de planches ou de bois flottés, et de<br />
clous à moitié rouillés. C’est aussi pour eux<br />
(et pour nous les adultes) une éducation<br />
et une prise de consci<strong>en</strong>ce du monde qui<br />
nous <strong>en</strong>toure, du respect à lui témoigner.<br />
Notre sur-production qui <strong>en</strong>traîne des problèmes<br />
d’inv<strong>en</strong>dus, de stock, d’obsolesc<strong>en</strong>ce<br />
programmée, provoque des problématiques<br />
de pollution, d’empoisonnem<strong>en</strong>t<br />
des sols et des nappes phréatiques, a des<br />
conséqu<strong>en</strong>ces non-négligeables sur le climat,<br />
etc … A la course au profit, l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,<br />
et donc nous les humains à terme,<br />
paierons (et payons déjà, <strong>en</strong> réalité) le prix<br />
fort. Envahis par nos rebuts, saurons-nous<br />
les réutilisés et dans quelles mesures afin<br />
de protéger cette Terre, qui nous accueille,<br />
nous nourrit, nous permet d’exister ?<br />
Notes :<br />
1/ De quoi l’effondrem<strong>en</strong>t est-il le nom ? La fragm<strong>en</strong>tation du monde. R<strong>en</strong>aud<br />
Duterme. Les éditions Utopia.<br />
2/ Pour plus d’informations sur les activités proposées par le LiFE durant et<br />
autour de l’exposition, ainsi que les horaires de visite :<br />
https://lelifesaintnazaire.wordpress.com/raumlaborberlin/<br />
https://lelifesaintnazaire.wordpress.com/raumlaborberlin/ateliers-workshops/
Vue de l’exposition Neocodomousse par Raumlaborberlin<br />
au LiFE<br />
Photo © Teklal Neguib // Courtesy of Raumlaborberlin
Sandrine<br />
DAVIN
« La Vieille »<br />
Elle est ici « La Vieille »<br />
Assise sur ce banc<br />
Là, au fond du parc<br />
Comme hier, comme toujours<br />
Comme demain.<br />
Des pigeons pour seuls amis<br />
Lui font la conversation<br />
Comme hier, comme toujours<br />
Comme demain.<br />
Elle est bi<strong>en</strong> seule<br />
« La Vieille »,<br />
Personne ne p<strong>en</strong>se à elle<br />
« La Vieille ».<br />
Elle pourrait bi<strong>en</strong><br />
Mourir demain<br />
Qui sera là pour lui t<strong>en</strong>ir<br />
La main ?<br />
Elle est si seule<br />
« La Vieille ».<br />
…<br />
Elle p<strong>en</strong>se et rep<strong>en</strong>se<br />
Au bon vieux temps<br />
A l’insouciance, aux fleurs des champs<br />
A son <strong>en</strong>fance,<br />
Comme hier, comme toujours<br />
Comme demain.<br />
Le soleil s’est éteint<br />
Les pigeons se sont fait la malle<br />
Elle n’est plus là<br />
« La Vieille »,<br />
Elle n’a plus mal …
Tanka 3<br />
au soleil d’été<br />
sous le cerisier <strong>en</strong> fleurs<br />
un chapeau de paille<br />
et le souv<strong>en</strong>ir de toi<br />
accroché à mes pupilles
Tanka <strong>11</strong><br />
Voile de lumière<br />
A la couture du ciel<br />
Et tes lèvres roses<br />
Effleur<strong>en</strong>t un coin de ma joue :<br />
T<strong>en</strong>dre reflet dans la glace
Bonafide<br />
ROJAS
17/30<br />
wh<strong>en</strong> i speak to my best fri<strong>en</strong>d<br />
i feel he has be<strong>en</strong> touched by Gabriel<br />
because his voice is heav<strong>en</strong>ly<br />
& his aura feels angelic<br />
wh<strong>en</strong> he speaks i feel like<br />
I am on the brink of crying<br />
because he is beautiful<br />
i love him dearly<br />
wh<strong>en</strong> i think of his history<br />
i wonder about the thing<br />
she has <strong>en</strong>dured & i am grateful<br />
he is alive, healthy & sharing<br />
his wonderful nature with other<br />
people, i will never tell you he is<br />
because th<strong>en</strong> you’ll<br />
say “oh of course, yeah he is”<br />
& th<strong>en</strong> you’ll ask me “where can i find him”<br />
& i’ll never tell.
Constellation<br />
above the bodega on the grand<br />
concourse<br />
where the robbery happ<strong>en</strong>ed<br />
above the delivery boy’s bike where he<br />
gains<br />
miles upon miles of experi<strong>en</strong>ce<br />
above the smells of manga & salami in<br />
the morning that sound like mer<strong>en</strong>gue<br />
above the the dustpan full of the father’s<br />
memories, its all they have left of him<br />
above the legally abandoned building by<br />
the city, who still has a few families in it<br />
a boy stares out the window<br />
counting the stars, give them names<br />
of his dead fri<strong>en</strong>ds, say they’ll live<br />
forever now, his eyes constellation<br />
bright, wears a captain marvel tshirt<br />
because he loves lightning bolts &<br />
is proud to knows what it means.<br />
solomon, hercules atlas,<br />
zeus, achilles, & mercury<br />
wh<strong>en</strong> he was young he wanted<br />
to be an astronaut but he was told<br />
no puerto rican kid could ever<br />
be an astronaut, he was told<br />
“Pedro can’t go into space!”<br />
“Jose can’t go into space!”<br />
“well why not?”<br />
no one ever answered him<br />
he goes to the rooftop &<br />
screams at the top of his lungs<br />
“WHY NOT ME!”<br />
“WHY NOT ME!”<br />
& the sky start sparkling<br />
the stars moving closer<br />
together, spotlight<br />
on him, the electrons<br />
are dancing off his face<br />
“why not me?” he whispers<br />
he stands on the ledge & says<br />
wisdom, str<strong>en</strong>gth, stamina<br />
power, courage, speed<br />
he levitates higher & higher & higher<br />
until he starts yelling<br />
“I’m An Astronaut!!!!”<br />
& shazam! he disappears.
Remember<br />
remember<br />
treat your<br />
life like<br />
you are an<br />
<strong>en</strong>dangered<br />
species, you<br />
are the only<br />
one of your<br />
kind, live<br />
your life like<br />
a constant<br />
amazing ev<strong>en</strong>t
FRANCOIS<br />
IBANEZ
LE CHOIX<br />
Le choix de la vie<br />
Même dans le risque de la mort<br />
Pr<strong>en</strong>dre l’arbre pour la sève<br />
Sucrée<br />
Qui desc<strong>en</strong>d<br />
Collante et verte<br />
Je m’<strong>en</strong>duis des matières<br />
Des dessous cachés<br />
Saisir dans la chair…<br />
Promiscuité
Montagne<br />
De pierre et d’os<br />
Calcinée de blancheur<br />
Sous l’Azur<br />
Des bruits sourds<br />
Au loin<br />
Parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
Soleil<br />
Sans personne<br />
Sans paroles<br />
Sous la brise<br />
Qui flotte<br />
Fantôme<br />
Ou force<br />
Dans l’ét<strong>en</strong>due<br />
Pleine
DES FILS DENUDES<br />
Des fils dénudés<br />
L’angoisse qui tord les<br />
Poignets<br />
Ces brèves incursions<br />
Ces éclairs sans effet…
Gourmandises © Teklal Neguib<br />
Faisons la fête !
Let’s go to the party !
QUE LA FÊTE COMMENCE !
TEKLAL<br />
NEGUIB
EVELYNE<br />
CHARASSE<br />
Sur les chevaux<br />
De bois<br />
De la fête<br />
On s’embarque<br />
Pour<br />
Un très long voyage<br />
Il pleut<br />
Des confettis<br />
La rue est fanfare<br />
Carnavalesque<br />
Travestie<br />
De couleurs<br />
Et de rires<br />
Les flonflons<br />
De la fête<br />
Envahiss<strong>en</strong>t<br />
La ville<br />
Les tam-tams<br />
Et les rires<br />
Déguis<strong>en</strong>t<br />
Le temps
Carnaval<br />
Confettis<br />
Et sourires<br />
A gogo<br />
Jetés au v<strong>en</strong>t<br />
Pour conjurer<br />
Le temps<br />
Manèges<br />
Tourn<strong>en</strong>t<br />
Tourn<strong>en</strong>t<br />
Et<br />
Tourne<br />
Le cœur<br />
Forain<br />
Masque<br />
Beau masque<br />
Dis-moi<br />
Qui es-tu ?<br />
Dis -moi<br />
Ton secret
Ôde à la vie<br />
EDITH<br />
CAMBRINI<br />
Par ses petites explosions<br />
Par ses cycles et manifestations<br />
Par ses multiples incarnations<br />
Synonymes de célébrations<br />
Par tous ces/ses hymnes...
Hymne à l’éclosion des fleurs<br />
Et au butinage des abeilles par leur labeur
Hymne à la vie<br />
et/dans/à/<br />
La mort...<br />
Et vice-versa...
Hymne aux couleurs<br />
Bouquet de vie...nid de fleurs
Hymne à l’amour où l’on se fait la cour
Hymne à la fête : grains de confettis et pluie<br />
de serp<strong>en</strong>tins!
Hymne à Perséphone : déesse symbolisant<br />
les cycles de la vie
Hymne à la pleine lune et à sa pluie d’étoiles
Hymne au soleil<br />
soulevant réchauffant caressant<br />
éveillant<br />
les petites merveilles...
Jacques<br />
CAUDA<br />
Fêtes Jadis © Jacques Cauda
SONIA EST UNE FÊTE<br />
Une vraie fête, se dit-il <strong>en</strong> <strong>en</strong>trant, au s<strong>en</strong>s Félibi<strong>en</strong> du mot, des feux paraissant <strong>en</strong><br />
l’air, au-dessus d’une grande table de forme octogonale recouverte du manger, de tubéreuses<br />
et d’œillets <strong>en</strong> plastique. C’était immonde et magnifique, comme dans l’<strong>en</strong>trée où<br />
la mère de Sonia avait disposé sur des étagères <strong>en</strong> coin des poupées d’Espagne et des<br />
peluches assises dans différ<strong>en</strong>tes attitudes, certaines t<strong>en</strong>ant un flageolet, d’autres des<br />
instrum<strong>en</strong>ts champêtres inconnus. Le plafond était <strong>en</strong>touré de bougies <strong>en</strong> verre, toutes<br />
munies d’ampoules et bi<strong>en</strong> espacées de trois pouces l’une de l’autre, diffusant ainsi une<br />
pâle lumière jaune d’œuf quand on allumait.<br />
Dans le séjour, <strong>en</strong> angle, une plante tombait d’une colonne <strong>en</strong> faux albâtre, colonne<br />
percée à jour depuis le bas jusqu’<strong>en</strong> haut, et qui avait sa base et son chapiteau ornés<br />
de fleurs d’orangers tournant <strong>en</strong> forme de vis torsadée comme le fameux baldaquin de<br />
l’église du Val-de-Grâce conçu par Mansart. Au-dessus du buffet, dans une niche, à<br />
droite du téléviseur, se t<strong>en</strong>ait un groupe sculpté représ<strong>en</strong>tant des chevaux aux pieds desquels<br />
des soldats de Russie posai<strong>en</strong>t sur un napperon <strong>en</strong> laine bleue, jaune et blanche,<br />
tricotée au crochet. Au sol, un grand samovar, d’une si grande finesse que l’on distinguait<br />
sa cheminée c<strong>en</strong>trale à travers. Sonia y avait fait du thé additionné de gingembre et de<br />
grandes quantités de rhum. Le canapé était recouvert d’un tissu aux motifs géométriques,<br />
des triangles isocèles, des triangles rectangles, et d’autres figures qui allai<strong>en</strong>t du<br />
point jusqu’au carré <strong>en</strong> passant par le cercle ou le polygone. Quelques chaises sans ri<strong>en</strong><br />
d’extraordinaire pour qu’il <strong>en</strong> fut fait m<strong>en</strong>tion dans le souv<strong>en</strong>ir qu’il <strong>en</strong> avait. Des chaises<br />
lisses aux pieds cannelés verticalem<strong>en</strong>t à intervalles égaux, recouvertes de petits coussins<br />
à motifs floraux ou de scènes de chasse. Celui où Sonia reposait ses fesses représ<strong>en</strong>tait<br />
un grand cerf couché au seuil d’une maison où quelqu’un accoudé à l’une des
f<strong>en</strong>êtres regardait passer un homme courir <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t nu ! Enfin, comme c’était Noël,<br />
il y avait un grand sapin dressé dans la pièce, les branches poudrées de blanc, au bout<br />
desquelles une flopée de petits lampions <strong>en</strong> forme d’accordéon, que Sonia avait peints<br />
<strong>en</strong> arg<strong>en</strong>t et <strong>en</strong> or, se balançait quand on soufflait dessus.<br />
Sonia, la bouche <strong>en</strong> rond de serviette, dans un halo de jaunes et de bleus, principaux<br />
composants de la lumière du jour, appuyée le dos à la f<strong>en</strong>être du séjour.<br />
Sonia prés<strong>en</strong>tant un énorme vatrouchka au fromage blanc parfumé au citron, farci de<br />
raisins secs, gros et rond comme une tourte géante, et décoré de croisillons.<br />
La table débarrassée sauf un magnum de Rémy Martin, REM---v.s. fine champ----<br />
au-dessus de la première étoile dorée brillant au premier tiers de l’étiquette. Deux verres<br />
sans pied, tour à facettes, col évasé, vides ou à demi plein selon qu’on doit devancer les<br />
t<strong>en</strong>tations par leurs contraires (et l’inverse) comme c’est écrit dans les Constitutions de<br />
la Compagnie de Jésus. Cinquante grammes de tabac <strong>en</strong>veloppés dans du papier d’aluminium<br />
év<strong>en</strong>tré sur la table recouverte d’une toile cirée à carreaux, r<strong>en</strong>dant les mêmes<br />
jaunes verdâtres, reflets tritons et salamandres, que ceux causés par la bouteille de cognac<br />
(gr<strong>en</strong>ouille d’ambre à l’intérieur du verre opaque), sources de voluptés immatérielles.<br />
Sonia jetant son souti<strong>en</strong>-gorge dev<strong>en</strong>u inutile et le buste rejeté <strong>en</strong> arrière, le dos appuyé<br />
au dossier de la chaise, t<strong>en</strong>ant ses seins dans ses paumes avec l’air de dire tout un tas de<br />
mots incompréh<strong>en</strong>sibles. Au pied de la table, pêle-mêle sur un tapis à motifs <strong>en</strong>trecroisés<br />
de fleurs rouges et feuilles d’artichaut, chaussures, chemisier, caleçon, chaussettes,<br />
et un grand vêtem<strong>en</strong>t très blanc tranchant sur la paire de collants fumés serp<strong>en</strong>tant à<br />
ses côtés.<br />
Légèrem<strong>en</strong>t flou, comme certains plans chez R<strong>en</strong>oir ou chez Vermeer, « peindre flou<br />
» question de savoir si c’est le regard ou la main qui distingue : Sonia, près de la porte<br />
d’<strong>en</strong>trée déjà <strong>en</strong>trouverte, prête à dire quelque chose comme : « Ça va être dur ce soir<br />
sans toi !»<br />
Sonia… Sonia réelle ou Sonia rêvée ? Ou bi<strong>en</strong> les deux à la fois ? Écarts du même ordre<br />
que ceux qu’il y a posé <strong>en</strong>tre les deux versions du Tricheur de Georges de La Tour, le premier<br />
Tricheur à l’as de carreau et le second à l’as de trèfle, et d’autres changem<strong>en</strong>ts d’une<br />
toile à l’autre, infimes, expressions des quatre personnages (assis de droite à gauche autour<br />
d’une table, le profil de l’adolesc<strong>en</strong>t dupé, la grosse femme blanche de face glissant<br />
vers la servante seule debout et le sombre tricheur de biais) couleurs des vêtem<strong>en</strong>ts,<br />
accessoires, rubans, aigrette.<br />
Sonia…
Table <strong>en</strong> fête © Jacques Cauda
A LA FIN DE L’HIVER,<br />
ETAIT LE CARNAVAL...<br />
Patrick<br />
VILALLONGUE
epos <strong>en</strong> douceur…tout <strong>en</strong> couleurs...dans la tiède noirceur... © Edith Cambrini
L. & Teklal<br />
NEGUIB<br />
La forêt<br />
Dans la brume d’un frais matin,<br />
A la cime des arbres,<br />
Perlait une goutte,<br />
Rosée t<strong>en</strong>dre de l’automne.<br />
Sur les chemins caillouteux,<br />
Des sombres forêts de montagnes,<br />
S’étreignai<strong>en</strong>t les cerfs au combat,<br />
Pour la douceur d’une biche.<br />
Le faon, né de ces amours<br />
Au loin, tout doucem<strong>en</strong>t réait,<br />
Quémandant quelque pitance<br />
De bébé tout juste né.<br />
Et l’épaisse forêt<br />
A l’orée de la nuit,<br />
S’assoupissait paisiblem<strong>en</strong>t,<br />
Parée de noir et de sil<strong>en</strong>ce.<br />
Textes de Teklal Neguib. Oeuvres plastiques (dessins et sculptures éphémères) de L, sous la direction<br />
de Teklal Neguib. Photographies de Teklal Neguib. Mise <strong>en</strong> scène Teklal Neguib et L.
Les grands frimas<br />
L’automne doré touchant à sa fin …<br />
… Ecouter le doux murmure des pépiem<strong>en</strong>ts<br />
De quelque oiseau volant dans le ciel bleu<br />
De l’hiver annoncé<br />
… Profiter de la douceur du matin<br />
Sous la faible chaleur des rayons<br />
Du soleil hivernal<br />
… Boire un thé brûlant<br />
Dans le bruissem<strong>en</strong>t du v<strong>en</strong>t<br />
Caressant les branches nues de l’arbre<br />
… Mirer un hérisson clopin-clopant<br />
Prom<strong>en</strong>ant une carcasse bi<strong>en</strong> grosse et grasse<br />
Au travers des hautes herbes cherchant la chaleur<br />
De son terrier pour une hibernation <strong>en</strong>fin v<strong>en</strong>ue<br />
… S’émouvoir des jolies mésanges<br />
Voletant <strong>en</strong>tre les fières tiges de la butte<br />
Et s’amusant à se poursuivre <strong>en</strong> une danse amoureuse,<br />
Beau ramage soyeux<br />
… S’amuser du g<strong>en</strong>êt, ce piquant g<strong>en</strong>êt,<br />
T<strong>en</strong>tant inexorablem<strong>en</strong>t de s’annoncer à la vie<br />
Lui aux t<strong>en</strong>dres fleurs le printemps v<strong>en</strong>u<br />
… Lire de doux poèmes aux dernières fleurs,<br />
Au hasard découvertes, et à cet arbre,<br />
Hautain et fier à l’été, si nu et fragile <strong>en</strong> ces frimas<br />
… Se perdre dans la beauté glacée du givre<br />
Recouvrant une nature s’<strong>en</strong>dormant<br />
En ce bel hiver <strong>en</strong> quelques journées arrivé
A l’aube des nouvelles fleurs<br />
Pluies de mars<br />
En giboulées<br />
Torr<strong>en</strong>tielles<br />
Et fougueuses<br />
Bourgeons éclatants<br />
Naissance des couleurs<br />
Scintillem<strong>en</strong>t des perles<br />
De la pluie passée<br />
Volète, volète<br />
L’oiseau amoureux<br />
Rouge, Gorgebleue,<br />
Hirondelles rev<strong>en</strong>ues<br />
Pouss<strong>en</strong>t, pouss<strong>en</strong>t<br />
Les hautes herbes<br />
Prés et prairies<br />
De coquelicots égayés<br />
Soleil réchauffant<br />
Les cœurs<br />
Des marcheurs<br />
Des chemins de pierre
Chaleur<br />
Rugissante la vague<br />
Fraîche écume blanche,<br />
L’eau glacée étanche<br />
L’harassante soif.<br />
Coule la chaleur<br />
Le long des corps<br />
Brûlante journée<br />
Sur le sable alanguie<br />
Sans souffle ni énergie<br />
Le v<strong>en</strong>t lui-même se tait
A song of hate and death<br />
or the origins of irony and cynicism of the<br />
metamodernist g<strong>en</strong>eration<br />
TEKLAL<br />
NEGUIB<br />
Reflecting about metamodernism and the characteristics of our g<strong>en</strong>eration (irony, cynicism,<br />
naivety, sincerity), I realised that these characteristics were/are part of resili<strong>en</strong>ce. Consequ<strong>en</strong>tly,<br />
I wondered why this resili<strong>en</strong>ce happ<strong>en</strong>ed and what its origins were. This text is born<br />
from a previous and a work-in-progress text about aids in the 80’s and its impacts on the<br />
young g<strong>en</strong>erations. Completely rewritt<strong>en</strong> and completed, the text is now a song, published<br />
here. The “we” used here is a g<strong>en</strong>erational “we”, the “we” of our g<strong>en</strong>eration (1976-1995).<br />
Of course, the list pres<strong>en</strong>ted in the song is not exhaustive. It’s important to precise that it’s a<br />
song, and not an essay.
We were babies, we were 5,6,7,8,9,10 years old, we were girls and boys, we were colored<br />
and white childr<strong>en</strong>, we were future gays, bis, lesbians, trans, heteros, ev<strong>en</strong> if we didn’t<br />
know at that time, we were growing up in occid<strong>en</strong>tal countries and in the third world,<br />
and we lived a horrible time.<br />
I have just read an article about the index case 1<br />
in AIDS epidemic and his research during the<br />
early 80’s. And that makes me reminding of<br />
these years which built our g<strong>en</strong>eration 2 and<br />
which were a horrible time for growing kids…<br />
Wh<strong>en</strong> they (sci<strong>en</strong>tists and journalists) thought<br />
they had found him, he was a gay steward.<br />
From now on, a lot of homophobic things<br />
were writt<strong>en</strong> and said against him. It was the<br />
excuse for hating gays and bis more than<br />
before, with the famous cliché of an irresponsible<br />
gay having (a lot of) sex without any<br />
protection.<br />
This article breaks my heart, and reminds me<br />
what I have lived as a very young kid during<br />
the 1980’s, and it reminds me too of some articles<br />
about Michael Stipe, REM former and<br />
queer singer speaking about discovering his<br />
sexuality at the aids time, the madness of that<br />
time and the accusations against bi-people<br />
(his interview broke my heart too). A very horrible<br />
time for growing kids…<br />
In the ESMA of Bu<strong>en</strong>os Aires 3 , our par<strong>en</strong>ts<br />
were tortured for fighting against a dictatorship.<br />
Our mothers were murdered wh<strong>en</strong><br />
we were born, and we were kidnapped and<br />
educated by their torturers.<br />
We began our life by our par<strong>en</strong>ts’ death.<br />
We were babies, we were 5,6,7,8,9,10 years<br />
old, we were girls and boys, we were colored<br />
and white childr<strong>en</strong>, we were future<br />
gays, bis, lesbians, trans, heteros, ev<strong>en</strong><br />
if we didn’t know at that time, we were<br />
growing up in occid<strong>en</strong>tal countries and<br />
in the third world, and we knew how the<br />
beautiful closed shutters of the beautiful<br />
bourgeois houses hid horrible thoughts<br />
and acts.<br />
With the emerg<strong>en</strong>ce of aids, a lot of heterosexuals<br />
sp<strong>en</strong>t their time being happy to see<br />
gays dying of the “gay cancer”. At the same<br />
time, they accused bi people with being at<br />
the origin of the hetero infection. The bi were<br />
insulted, and d<strong>en</strong>igrated. It was a really horrible<br />
thing from the heteros to make gays and<br />
bis responsible for the epidemic, and concerning<br />
the bis, for the hetero epidemic (ev<strong>en</strong> if<br />
it was not true).<br />
In Canada, we, the Natives, were kidnapped<br />
from our par<strong>en</strong>ts by the authorities which<br />
got rid of us in orphanages 4 , where we were<br />
molested, raped, acculturated, and whitewashed.<br />
And we began our life by the destruction<br />
of who we were…<br />
We were babies, we were 5,6,7,8,9,10 years<br />
old, we were girls and boys, we were colored<br />
and white childr<strong>en</strong>, we were future<br />
gays, bis, lesbians, trans, heteros, ev<strong>en</strong><br />
if we didn’t know at that time, we were<br />
growing up in occid<strong>en</strong>tal countries and<br />
in the third world, and we realized adults<br />
were not reliable persons.<br />
People who said all of these dreadful things<br />
wer<strong>en</strong>’t racist people, hateful people. They<br />
were normal persons, our par<strong>en</strong>ts, our families,<br />
our neighbours, our fri<strong>en</strong>ds’ par<strong>en</strong>ts, the<br />
bread baker, the butcher, our teachers … Normal<br />
persons we lived with…<br />
Normal persons who had to teach us respect<br />
of the others, love for people, and acceptance<br />
of the differ<strong>en</strong>ce. At that time, they<br />
made beautiful speeches about that, about<br />
racism but at the same time, about the gays<br />
and the bis, what did they do, what did they<br />
say in front of us?
In Europe, we saw our par<strong>en</strong>ts being the<br />
victims of an economic system which got<br />
rid of them, because they were not productive<br />
<strong>en</strong>ough to increase the b<strong>en</strong>efits. Burnout,<br />
unemploym<strong>en</strong>t, infernal production<br />
rate, suicide, depression, repression of the<br />
miners strikes, etc... The working world became<br />
the <strong>en</strong>d of humanity.<br />
At the same time, others sniffed cocaine 5<br />
to stay high and productive, for the love of<br />
money…<br />
And for the love of money, robots replaced<br />
humans, as they cost less, did not make<br />
strikes, produced more, and demanded nothing…<br />
And for the love of money, companies<br />
relocated in countries where humans<br />
cost nothing, were docile and exploited,<br />
and just wanted money to support their family.<br />
And in the third world, the directors of occid<strong>en</strong>tal<br />
businesses came to our countries<br />
to exploit our families, reduced them as<br />
slaves, and we saw our par<strong>en</strong>ts having the<br />
only right to shut up and to be exploited.<br />
We were babies, we were 5,6,7,8,9,10 years<br />
old, we were girls and boys, we were colored<br />
and white childr<strong>en</strong>, we were future<br />
gays, bis, lesbians, trans, heteros, ev<strong>en</strong><br />
if we didn’t know at that time, we were<br />
growing up in occid<strong>en</strong>tal countries and in<br />
the third world, and we knew that money<br />
was an insatiable god.<br />
Instead of the good things we would have<br />
learnt from them, they showed us the dark<br />
face of humanity by their happiness, their<br />
brilliant eyes of joy, their defamation against<br />
gays and bis whose only crime was to love.<br />
We lost our innoc<strong>en</strong>ce seeing people dying<br />
in bad conditions and understanding these<br />
adults were not as protective as they had<br />
to be, because they were happy with these<br />
deaths. What did these adults learn from<br />
the Second World War, from the Jewish and<br />
Gypsy g<strong>en</strong>ocides? Millions of people dying<br />
because of what they were, and 40 years<br />
later, what did adults do? They felt happiness<br />
for the death of gay people. What did<br />
theylearn from WWII?<br />
On television, we saw humourists mocking<br />
ourselves because we were not whites.<br />
They creased their eyes and said stupid<br />
things meaning nothing to repres<strong>en</strong>t Asian<br />
people, and said: “it’s humour”. They made<br />
blackface and said stupid things meaning<br />
nothing to repres<strong>en</strong>t African people, and<br />
said: “it’s humour”. They were dressed up<br />
as Natives, had ridiculous behaviour, and<br />
said: “it’s humour”. They made a lot of disrespectful<br />
things against all the non-white<br />
people we were, saying that it was humour.<br />
But it was not humour; it was hate, humiliation,<br />
disrespect. It was to consider us as<br />
not hu man <strong>en</strong>ough to be respected. We<br />
began our life and grew up knowing that<br />
being colored made you an inferior human,<br />
for some people.<br />
We were babies, we were 5,6,7,8,9,10 years<br />
old, we were girls and boys, we were colored<br />
and white childr<strong>en</strong>, we were future<br />
gays, bis, lesbians, trans, heteros, ev<strong>en</strong><br />
if we didn’t know at that time, we were<br />
growing up in occid<strong>en</strong>tal countries and<br />
in the third world, and we realized adults<br />
were not good persons.<br />
They hated young adults discovering their<br />
gay/bi sexuality, at a time they risked dying:<br />
sex and death, Eros and Thanatos. And instead<br />
of helping them or having sympathy,<br />
they were full of hate, and wanted death for<br />
gays/bi. The 80’s were a crazy time of death,<br />
hate and loss of innoc<strong>en</strong>ce for young gay/bi<br />
adults, gay/bi te<strong>en</strong>agers, and all the childr<strong>en</strong>.<br />
As childr<strong>en</strong>, we saw a lot of people dying<br />
without any reason (dying for loving is not
a legitimate reason to die), we saw a lot of<br />
people we knew hating other people because<br />
of their love (hating people for loving<br />
is not a legitimate reason to hate).<br />
People who were dying didn’t choose to die,<br />
but people who hated chose to hate.<br />
It was fright<strong>en</strong>ing to realize at a very young<br />
age that if your crime was to be in (gay)<br />
love, you had to die for those normal persons,<br />
for your mom and your dad, for your<br />
grand-par<strong>en</strong>ts, for the ice-cream pedlar on<br />
the beach. At a very young age, we realized<br />
that our par<strong>en</strong>ts didn’t love us, the only thing<br />
they loved was their (hetero) normality. But<br />
at a so young age, we needed to believe<br />
that adults were heroes, good and perfect,<br />
that they were only love, not that they were<br />
people inhabited with hate.<br />
On television, Western movies from the 60’s<br />
and 70’s were always shown. And we saw<br />
whites playing the colored, oft<strong>en</strong> in a ridiculous<br />
or nasty side, repeating <strong>en</strong>dlessly<br />
that a good (amer)indian is a dead (amer)<br />
indian. On television, they only pres<strong>en</strong>ted<br />
us as African kids pl<strong>en</strong>ty of glanders, suffering<br />
from starvation, and wars. But never<br />
they showed what our people built, our<br />
richness, our modernity. They filmed us<br />
close to death in a lava flow 6 . They were so<br />
voyeuristic with us. We heard white adults<br />
and white kids saying racist things against<br />
us, and in the meantime never considering<br />
themselves as racists. Ev<strong>en</strong> if whites lived<br />
in a post-colonial time, we lived in a colonial<br />
one.<br />
We were babies, we were 5,6,7,8,9,10 years<br />
old, we were girls and boys, we were colored<br />
and white childr<strong>en</strong>, we were future<br />
gays, bis, lesbians, trans, heteros, ev<strong>en</strong><br />
if we didn’t know at that time, we were<br />
growing up in occid<strong>en</strong>tal countries and/<br />
or in the third world, and the only lesson<br />
we received was that if we do not become<br />
white-heterosexual-bourgeois, we die too<br />
wh<strong>en</strong> our time comes, just like the young<br />
gays and bis of the 80’s.<br />
We lost all of our illusions, and it broke our<br />
kid’s heart seeing people dying because of<br />
love, and seeing people being hated because<br />
of love.<br />
Because of death, because of hate, because<br />
of what we saw, what we heard, what we<br />
lived and experim<strong>en</strong>ted, we cried. It was<br />
a traumatic time for the little childr<strong>en</strong> we<br />
were. So we found refuge in irony and cynicism,<br />
to survive a world pl<strong>en</strong>ty of hate and<br />
death. It was our way to become resili<strong>en</strong>t.<br />
Notes :<br />
1/ first pati<strong>en</strong>t having an epidemic disease, in medicine.<br />
To know better about the origins of aids, watch the report<br />
“Les origines du VIH” in X<strong>en</strong>ius. ArteTv. http://www.<br />
arte.tv/guide/fr/051090-041-A/x<strong>en</strong>ius?autoplay=1<br />
You can read too “Le SIDA 2.0” by Didier Lestrade and<br />
Gilles Pialloux. Ed. Fleuve Noir https://www.amazon.fr/<br />
Sida-2-0-D-LESTRADE-G-PIALOUX/dp/2265094528<br />
2/ The metamodernist g<strong>en</strong>eration was born betwe<strong>en</strong><br />
1976-1995, was raised and educated in the 80’s and the<br />
90’s<br />
3/ ESMA by Wikipedia (Spanish) https://es.wikipedia.<br />
org/wiki/C<strong>en</strong>tro_clandestino_de_det<strong>en</strong>ci%C3%B3n_<br />
(Arg<strong>en</strong>tina)#La_ESMA<br />
4/ Le Canada ouvre les portes des orphelinats de la<br />
honte par Ludovic Hirtzmann pour Le Figaro.fr http://<br />
www.lefigaro.fr/international/2013/02/08/01003-<br />
20130208<strong>ART</strong>FIG00571-le-canada-ouvre-les-portesdes-orphelinats-de-la-honte.php<br />
5/ « La cocaïne des années 80 dans la littérature » par<br />
Cécile Guilbert. Les Inrocks. http://www.lesinrocks.<br />
com/2010/07/18/actualite/societe/special-ete-la-cocaine-des-annees-80-dans-la-litterature-<strong>11</strong>27971/<br />
6/ Le calvaire d’Omayra Sanchez par R<strong>en</strong>aud Février<br />
pour L’Obs http://tempsreel.nouvelobs.com/photo/20150728.OBS3296/le-calvaire-d-omayra-sanchezmorte-sous-les-yeux-du-monde-<strong>en</strong>tier.html<br />
Omayra Sanchez et la polémique https://fr.wikipedia.<br />
org/wiki/Omayra_S%C3%A1nchez<br />
Tumba de la nina Omayra Sanchez, « atractivo turistico<br />
» 30 anos depues, Notimérica. http://<br />
www.notimerica.com/sociedad/noticia-tumba-nina-omayra-sanchez-atractivo-turistico-30-anos-despues-2015<strong>11</strong>13174935.html
TEKLAL NEGUIB<br />
Ville du Nord-Ouest. trajet de Labeouf, Rönkkö, Turner<br />
Crédits des photos :<br />
Courtesy of Labeouf/Rönkkö/Turner,Boulder Museum of Contemporary Art, The Finnish Institue in London,<br />
Frame Contemporary Art Finland, Vice<br />
Scre<strong>en</strong>shot : Teklal Neguib
#TAKEMEANYWHERE<br />
ou la traversée de l’Amérique<br />
Depuis le 23 mai 2016, les artistes Shia Labeouf, Nastja Sade Rönkkö et Luke Turner<br />
sont partis <strong>en</strong> vadrouille à travers les USA.<br />
Le projet, sur une durée d’un mois, allant du 23 mai au 23 juin, propose à toute personne<br />
le souhaitant de les pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> stop, et de les m<strong>en</strong>er où bon lui semble.<br />
Sous l’égide du Boulder Museum of<br />
Contemporary Art et The Finnish Institute<br />
in London, il bénéficie aussi du patronage<br />
du Frame Contemporary Art Finland et du<br />
magazine Vice. Cela lui a permis de faire<br />
l’objet d’un site internet 1 , où tous, locaux ou<br />
public international, peuv<strong>en</strong>t suivre les déplacem<strong>en</strong>ts<br />
des artistes, sous forme d’un<br />
trajet se dessinant sur une carte de type<br />
google maps.<br />
Cette performance, très dynamique, permet<br />
aux habitants des USA d’y participer,<br />
un autre exemple de la fusion <strong>en</strong>tre vie <strong>en</strong><br />
ligne, et vie « réelle ». En effet, pour savoir<br />
où pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> stop les artistes, les volontaires<br />
doiv<strong>en</strong>t suivre le site, les comptes<br />
Facebook et Twitter des artistes, et récupérer<br />
les données GPS.<br />
Ce que cette performance a d’intéressant<br />
dans sa partie physique est qu’elle met<br />
<strong>en</strong> jeu la question des relations sociales à<br />
l’époque d’internet, la problématique de la<br />
confiance, et une forme aussi de naïveté.<br />
Car qu’est-ce que l’auto-stop, si ce n’est<br />
une foi absolue dans l’autre, une abolition<br />
du danger, pourtant prés<strong>en</strong>t (et qui a valu<br />
d’ailleurs son déclin à ce mode de déplacem<strong>en</strong>t)?<br />
L’auto-stop est un moy<strong>en</strong> de transport<br />
très libre, peu cher, bi<strong>en</strong> à l’image des<br />
mythes fondateurs (blancs) des USA. Une<br />
forme cheap de conquête de l’espace, et<br />
de dépassem<strong>en</strong>t de la « frontière ». Une<br />
autre forme aussi de solidarité <strong>en</strong>tre inconnus.<br />
L’auto-stop r<strong>en</strong>voie de même à cette<br />
image du migrant intra-national, qui du jour<br />
au l<strong>en</strong>demain, abandonnait tout pour se reconstruire<br />
une nouvelle vie ailleurs.<br />
Cette performance peut aussi se placer<br />
dans le prolongem<strong>en</strong>t du film American<br />
Honey, où la jeune héroïne, croisant la route<br />
d’une bande de jeunes v<strong>en</strong>deurs itinérants<br />
de magazines, pr<strong>en</strong>d du jour au l<strong>en</strong>demain<br />
la route pour vivre avec eux, et de ce fait,<br />
traverse tous les USA.<br />
Cette performance sur la création de li<strong>en</strong>s<br />
sociaux, voire émotionnels, est très intéressante<br />
à suivre au travers des selfies, postés<br />
sur les réseaux sociaux, et ce d’autant plus,<br />
<strong>en</strong> ces temps de solitude sociale profonde.<br />
En effet, notre époque se caractérise par<br />
la multiplication des personnes seules, de<br />
tous âges, de toute condition : malades du<br />
sida, mères célibataires, voisins ayant quitté<br />
leur ville d’origine pour trouver du travail,<br />
handicapés, divorcés, veufs ou veuves<br />
du troisième âge,… Les foyers constitués<br />
d’une seule personne se multipli<strong>en</strong>t. La solitude<br />
explose. On accuse internet, même<br />
si ce mouvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> réalité ce mouvem<strong>en</strong>t<br />
a surtout été amplifié, voire généré par la<br />
télévision, qui a <strong>en</strong>fermé les g<strong>en</strong>s chez eux.
Internet, in fine, ne serait-il pas plutôt le salut<br />
d’une civilisation de la solitude, qui aurait<br />
trouvé le moy<strong>en</strong> de résoudre une problématique<br />
de solitude physique, comp<strong>en</strong>sée<br />
par la création de li<strong>en</strong>s dit « virtuels », (mais<br />
qui dans les faits, n’<strong>en</strong> sont pas moins réels,<br />
et pouvant d’ailleurs se traduire dans la réalité).<br />
Sur ce point, le docum<strong>en</strong>taire tiré de la performance,<br />
et qui est filmé par les artistes,<br />
permettra de mieux percevoir cette perspective<br />
de li<strong>en</strong> social, créé <strong>en</strong> premier lieu<br />
grâce à internet. Ou quand le virtuel créé<br />
du réel !<br />
Pour les personnes qui comme moi, suivait<br />
la performance sur internet, si au premier<br />
abord, la proposition pouvait paraître<br />
<strong>en</strong>nuyeuse (ri<strong>en</strong> n’étant live-streamé cette<br />
fois-ci), j’y ai très rapidem<strong>en</strong>t trouvé mon<br />
compte.<br />
Lisant au même mom<strong>en</strong>t les livres « De<br />
quoi l’effondrem<strong>en</strong>t est-il le nom ? La fragm<strong>en</strong>tation<br />
du monde » de R<strong>en</strong>aud Duterme<br />
(Les Editions Utopia), et « Le transhumanisme.<br />
Faut-il avoir peur de l’av<strong>en</strong>ir? » de<br />
Béatrice Jousset-Couturier (Editions Eyrolles),<br />
je me suis intéressée à un point<br />
<strong>en</strong> particulier, que la carte de type google<br />
maps me permettait de suivre : le rapport<br />
de classes sociales dans la répartition de<br />
l’espace.<br />
Sur les zones habitées et les villes où passai<strong>en</strong>t<br />
les artistes, j’<strong>en</strong> profitais pour zoomer<br />
(parfois pour plus de précision <strong>en</strong><br />
allant directem<strong>en</strong>t sur google maps), et<br />
étudier comm<strong>en</strong>t les classes sociales américaines<br />
s’étai<strong>en</strong>t appropriés l’espace. Dans<br />
notre société de fragm<strong>en</strong>tation sociale, il a<br />
été très intéressant pour moi de constater<br />
que l’on pouvait deviner les différ<strong>en</strong>tes catégories<br />
sociales de tels ou tels quartiers,<br />
ri<strong>en</strong> qu’<strong>en</strong> étudiant le type de maisons, et la<br />
taille des terrains (sans compter les accessoires<br />
à la maison, tels piscines, ou dép<strong>en</strong>dances).<br />
Cette ghettoïsation de toutes les classes<br />
sociales, r<strong>en</strong>fermées chacunes sur leur lotissem<strong>en</strong>t,<br />
et leur privilèges ou abs<strong>en</strong>ces<br />
de privilèges, fait craindre le pire concernant<br />
la question des solidarités sociales<br />
à l’intérieur des nations. Cette problématique<br />
est d’ailleurs soulevée dans le premier<br />
livre m<strong>en</strong>tionné, que je vous invite,<br />
vivem<strong>en</strong>t, à lire. Quand nous sommes tous<br />
<strong>en</strong>fermés sur nous-mêmes, ne connaissant<br />
du monde extérieur que nos semblables,<br />
pourquoi irions-nous aider ces autres, que<br />
nous ne connaissons pas, ces inconnus<br />
que nous ne côtoyons pas et avec lesquels<br />
nous n’avons aucune affinité ?<br />
Car <strong>en</strong> effet, ces ghettos de riches 2 (plus ou<br />
moins riches, d’ailleurs) pos<strong>en</strong>t tout autant<br />
que les ghettos de pauvres, des problématiques<br />
certaines de li<strong>en</strong>s sociaux, de solidarité,<br />
et d’empathie.<br />
L’exemple tout réc<strong>en</strong>t à Paris de la « révolte<br />
» du 16° arrondissem<strong>en</strong>t 3 <strong>en</strong> est d’ailleurs<br />
une illustration.<br />
Pour repr<strong>en</strong>dre le questionnem<strong>en</strong>t de R<strong>en</strong>aud<br />
Duterme, cette performance permet<br />
un voyage au sein de l’un des facettes de<br />
la lutte des classes actuelle : la question de<br />
l’habitat.<br />
On le voit, cette performance passionnante,<br />
soulève de nombreuses problématiques,<br />
très intéressantes à explorer, que<br />
ce soit physiquem<strong>en</strong>t ou via internet. Elle<br />
permet une plongée dans tout ce que notre<br />
société contemporaine peut avoir de plus<br />
beau, mais aussi dans ses <strong>en</strong>jeux cachés et<br />
qui ne sont pas des plus reluisants. Je vous<br />
invite donc tous à suivre la performance<br />
#takemeanywhere, à vous questionner, à<br />
explorer l’espace américain, à percevoir au<br />
travers des paysages et de leur exploitation<br />
la crise <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale et écologique et<br />
ses <strong>en</strong>jeux immédiats (désormais) pour<br />
notre santé et notre av<strong>en</strong>ir,…<br />
Partez, voguez, explorez…
Notes :<br />
1/ http://takemeanywhere.vice.com/<br />
2/Ghettos de riches. Thierry Paquot. Edition Perrin<br />
https://www.amazon.fr/Ghettos-riches-Thierry-PA-<br />
QUOT/dp/2262029792<br />
Les riches veul<strong>en</strong>t leur part du ghetto. Entreti<strong>en</strong> avec<br />
Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Marion<br />
Rousset. Regards-fr<br />
http://www.regards.fr/acces-payant/archives-web/<br />
les-riches-veul<strong>en</strong>t-leur-part-du,3008<br />
3/ Pour <strong>en</strong> savoir plus, quelques articles sur le sujet :<br />
http://www.lepoint.fr/societe/c<strong>en</strong>tre-pour-sdf-aubois-de-boulogne-revolte-dans-le-16e-arrondissem<strong>en</strong>t-15-03-2016-2025472_23.php<br />
http://www.20minutes.fr/paris/1806595-20160315-riverains-16e-revolte-contre-c<strong>en</strong>tre-hebergem<strong>en</strong>t-boisboulogne<br />
Départ de la performance. trajet de Labeouf, Rönkkö, Turner<br />
Crédits des photos :<br />
Courtesy of Labeouf/Rönkkö/Turner,Boulder Museum of Contemporary Art, The Finnish Institue in London,<br />
Frame Contemporary Art Finland, Vice<br />
Scre<strong>en</strong>shot : Teklal Neguib
Sandrine<br />
DAVIN<br />
A l’ombre de la guerre
Champ de bataille<br />
L’herbe foulée<br />
Par trop de va et vi<strong>en</strong>s<br />
Se teinte de foncé.<br />
Le bruit des gr<strong>en</strong>ades<br />
Dégoupillées<br />
Résonn<strong>en</strong>t dans la plaine.<br />
Des habits rongés<br />
Par les mites<br />
Froiss<strong>en</strong>t la peau<br />
De ces hommes.<br />
…<br />
Des douilles caress<strong>en</strong>t<br />
Le sol<br />
Où dorm<strong>en</strong>t des buissons<br />
En fils barbelés.
Lettre d’un soldat<br />
Sur un sol nauséabond<br />
Je t’écris ces quelques mots<br />
Je vais bi<strong>en</strong>, ne t’<strong>en</strong> fais pas<br />
Il me tarde, le repos.<br />
Le soleil toujours se lève<br />
Mais jamais je ne le vois<br />
Le noir habite mes rêves<br />
Mais je vais bi<strong>en</strong>, ne t’<strong>en</strong> fais pas …<br />
Les étoiles ne brill<strong>en</strong>t plus<br />
Elles ont filé au coin d’une rue,<br />
Le v<strong>en</strong>t qui était mon ami<br />
Aujourd’hui, je le maudis.<br />
Mais je vais bi<strong>en</strong>, ne t’<strong>en</strong> fais pas …<br />
Le sang coule sur ma joue<br />
Une larme de nous<br />
Il fait si froid sur ce sol<br />
Je suis seul, je décolle.<br />
Mais je vais bi<strong>en</strong>, ne t’<strong>en</strong> fais pas …<br />
Mes paupières se font lourdes<br />
Le marchand de sable va passer<br />
Et mes oreilles sont sourdes<br />
Je tire un trait sur le passé.<br />
Mais je vais bi<strong>en</strong>, ne t’<strong>en</strong> fais pas …<br />
Sur un sol nauséabond<br />
J’ai écrit ces quelques mots<br />
Je sais qu’ils te parvi<strong>en</strong>dront<br />
Pour t’annoncer mon repos.<br />
Je suis bi<strong>en</strong>, ne t’<strong>en</strong> fais pas …
A l’ombre du cerisier<br />
La terre pleure<br />
Le souv<strong>en</strong>ir de tes pas<br />
Que tes semelles ont<br />
Trop souv<strong>en</strong>t foulé.<br />
Le cerisier<br />
Ne fleurit pas,<br />
Il n’est plus là<br />
Depuis tant d’années.<br />
…<br />
Le chapeau de paille<br />
Accroché dans la grange<br />
Se repose à jamais.
Gaétan<br />
SORTET<br />
AR - F.M.R, Bonbons
C’est du bon.<br />
C’est du bonbon.<br />
C’est du bon bonbon.
Paul WEST
Sil<strong>en</strong>t Voices
Mahrk<br />
GOTIE<br />
Le principe de causalité<br />
Universellem<strong>en</strong>t admis, le principe de causalité est utilisé dans la vie de tous les jours.<br />
A priori irréfutable, les conséqu<strong>en</strong>ces de son application sont multiples. De ce principe découl<strong>en</strong>t<br />
toute une vision du monde, des croyances, des valeurs.<br />
À travers ce texte, nous exposerons la thèse suivante : appliqué rigoureusem<strong>en</strong>t, le<br />
principe de causalité s’autodétruit et révèle l’absurdité de l’univers.<br />
Le principe de causalité <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t une relation étroite avec le concept de Temps. Son<br />
application dép<strong>en</strong>d même de la notion d’événem<strong>en</strong>t. Un événem<strong>en</strong>t est un fait ou un <strong>en</strong>semble<br />
de faits se produisant dans une période temporelle déterminée. Autrem<strong>en</strong>t dit : il<br />
s’agit d’une construction m<strong>en</strong>tale. En effet, l’événem<strong>en</strong>t ne possède pas de réalité objective<br />
car le temps ne s’arrête jamais. On définit subjectivem<strong>en</strong>t un début et une fin sur l’axe temporel<br />
linéaire. Grâce à cette coupure, il est possible de définir une cause responsable d’effets<br />
donnés.<br />
Les sci<strong>en</strong>tifiques qui réalis<strong>en</strong>t des expéri<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> laboratoire afin d’analyser des phénomènes<br />
quantiques ont découvert que l’observation influ<strong>en</strong>ce les résultats des tests sans<br />
considérer qu’ils font égalem<strong>en</strong>t partie des tests ! La préparation et l’analyse de l’expéri<strong>en</strong>ce<br />
font partie intégrante de l’expéri<strong>en</strong>ce parce que le temps ne s’interrompt pas : il est interrompu<br />
arbitrairem<strong>en</strong>t pour des raisons pratiques.<br />
Ainsi, l’utilisation du principe de causalité dans la vie quotidi<strong>en</strong>ne ou dans un contexte<br />
de recherche sci<strong>en</strong>tifique conti<strong>en</strong>t déjà <strong>en</strong> lui-même une part de subjectivité, un jugem<strong>en</strong>t.<br />
Pourtant, il n’est pas question ici de nier l’exist<strong>en</strong>ce de ce principe mais d’anéantir sa pertin<strong>en</strong>ce<br />
<strong>en</strong> le plaçant <strong>en</strong> corrélation avec le concept de Temps.
Simplifions : comme l’axe temporel linéaire ne s’interrompt jamais (ce sera uniquem<strong>en</strong>t<br />
le cas lors de la disparition de l’univers!) la chaîne des causes et des effets ne s’interrompt<br />
jamais non plus. Une cause A <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre des effets B, C, D qui à leur tour <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t<br />
des effets F, G, H, I, J, K, qui <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite des effets M, N, O, etc. Donc la cause A peut<br />
pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer un nombre illimité d’effets sur une durée suffisamm<strong>en</strong>t longue.<br />
En utilisant le principe de causalité jusqu’à son extrême limite, on <strong>en</strong> révèle l’absurdité intrinsèque.<br />
Notre conception de la causalité est fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t erronée et ne s’applique que<br />
selon nos conv<strong>en</strong>tions, nos délimitations arbitraires de la temporalité. Appliqué rigoureusem<strong>en</strong>t,<br />
le principe de causalité s’autodétruit car sur l’axe temporel, toutes les causes sont<br />
toujours égalem<strong>en</strong>t des effets provoqués par une cause antérieure, liminaire, même si celleci<br />
demeure inaccessible à l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t humain. Objectivem<strong>en</strong>t, aucune cause n’est déjà<br />
plus une cause <strong>en</strong> soi. Elle s’avère toujours la conséqu<strong>en</strong>ce d’une cause plus anci<strong>en</strong>ne. Pour<br />
illustrer l’absurdité flagrante de ce principe, appliquons-le à nos propres vies : les explications<br />
de ce qui passe dans nos exist<strong>en</strong>ces individuelles provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t d’un<br />
passé séculaire ! Peu importe ce que tu fais, tu es déjà <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t un effet d’une cause plus<br />
anci<strong>en</strong>ne, un rouage dans un <strong>en</strong>semble plus complexe qui t’<strong>en</strong>globe et te dépasse ; et les<br />
conséqu<strong>en</strong>ces définitives de tes actes n’apparaîtront peut-être que des déc<strong>en</strong>nies après ta<br />
disparition.<br />
Les raisons qui pouss<strong>en</strong>t l’humanité à r<strong>en</strong>ier l’absurdité de la causalité sembl<strong>en</strong>t<br />
évid<strong>en</strong>tes : de ce principe dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t toute une vision du monde, pratiquem<strong>en</strong>t la base<br />
commune d’une civilisation. L’anéantissem<strong>en</strong>t du principe de causalité nous amène nécessairem<strong>en</strong>t<br />
à nous interroger sur des notions fondam<strong>en</strong>tales, comme par exemple la responsabilité.<br />
Dans quelle mesure suis-je responsable de mes actes si mon exist<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tière n’est<br />
que la somme des effets <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drés par des causes lointaines et inaccessibles ?<br />
La causalité annihilée met <strong>en</strong> relief la question du s<strong>en</strong>s de nos vies. L’être humain<br />
considère comme une évid<strong>en</strong>ce que son exist<strong>en</strong>ce évolue au-dessus du stade primitif de<br />
l’animalité. Notre exist<strong>en</strong>ce ne doit pas être qu’un phénomène biologique, elle doit égalem<strong>en</strong>t<br />
posséder du s<strong>en</strong>s, une valeur, contrairem<strong>en</strong>t à celle des animaux. Qui se demande<br />
sérieusem<strong>en</strong>t quel s<strong>en</strong>s peut-on attribuer à tel ou tel événem<strong>en</strong>t de la vie de telle ou telle<br />
gr<strong>en</strong>ouille ? Pourtant, appliqué à un individu particulier, à quelqu’un que nous connaissons<br />
voire à nous-mêmes, la même question semble légitime.<br />
Sans causes premières id<strong>en</strong>tifiables qui <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t des effets infinis,<br />
nos actes et nos vies apparaiss<strong>en</strong>t comme les parties d’un Tout, un nœud indémêlable de<br />
phénomènes qui éradiqu<strong>en</strong>t le s<strong>en</strong>s et la portée. Si tout est lié, alors le s<strong>en</strong>s individuel demeure<br />
fatalem<strong>en</strong>t inaccessible à l’esprit humain. Ainsi, l’application rigoureuse du principe<br />
de causalité se révèle si complexe qu’elle <strong>en</strong> devi<strong>en</strong>t absurde.
Olivier Lelohe<br />
Pablo Cordoba
A la ronde ...
TEKLAL<br />
NEGUIB
1/ Normandie, 2008<br />
2/ Chamerolles, 2002<br />
3/ Barbizon 2008
4/ et 5/ Parc de Brière, 2008
6/ Veules les Roses, 2008<br />
7/ Parc des Moutiers, 2010
8/ Normandie, 2010<br />
9/ Normandie, 2008<br />
10/ Barbizon, 2008<br />
<strong>11</strong>/ La Source, Orléans, 2002
FRANCOIS<br />
IBANEZ
Nimbus 305 coupé<br />
Des cloches du ciel<br />
L’Azur se mouille<br />
Clapotis,<br />
Eclairs de blancheur<br />
Dans les vagues une<br />
Odeur d’ess<strong>en</strong>ce<br />
Soleil <strong>en</strong> flammes<br />
Indiscret<br />
et<br />
sévère<br />
Les pierres roses<br />
Face au port<br />
Les pierres roses et mortes<br />
Et ce souv<strong>en</strong>ir qui fatigue mon cœur
DIALOGUE SUR LE FRONT DE MER<br />
Du sable et des pierres<br />
Des cheveux<br />
Qui s’<strong>en</strong>vol<strong>en</strong>t le soleil<br />
Je dépasse<br />
Disparais pour<br />
Réapparaître libéré<br />
Les traversés dialectiques<br />
Conduis<strong>en</strong>t dans<br />
Les plus fins recoins et puis<br />
Cess<strong>en</strong>t les contraires<br />
Des yeux qui se crois<strong>en</strong>t<br />
Et se compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
Enfin
Des sons se form<strong>en</strong>t<br />
Parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
Si les sons étai<strong>en</strong>t de pierre<br />
L’écho dissimule<br />
De ces minutes<br />
Brève échéance<br />
Pourquoi<br />
L’air<br />
Accepte sans<br />
Mélodie<br />
Des cœurs seuls<br />
Aux regards lavés
LA BALLADE<br />
DU PÈRE GASTON<br />
Corinne<br />
Tisserand-Simon
Par un beau matin d’avril, Rose sortit de la<br />
maison du Maître, t<strong>en</strong>ant la lessiveuse <strong>en</strong><br />
fonte à bout de bras. Malgré la vigueur de<br />
ses vingt ans, il lui fallut produire un effort<br />
dont elle ne se serait pas crue capable,<br />
pour déposer sa charge dans la carriole du<br />
père Gaston. Haletante, elle grimpa à côté<br />
de la lessiveuse. Le fouet claqua. Le cheval<br />
partit.<br />
Rose haletait <strong>en</strong>core. Son œil de biche<br />
virait au « noir-nuit-d’orage ». Le cheval,<br />
surnommé Pompon, h<strong>en</strong>nissait dans l’air<br />
frais du matin. Le père Gaston souriait, se<br />
retournant de temps <strong>en</strong> temps. Il regardait<br />
Rose et sa lessiveuse d’un air gogu<strong>en</strong>ard.<br />
Pompon amorça le virage de Saint Sever,<br />
sur la route de Mugron lorsque le Père<br />
Gaston lui intima l’ordre de s’arrêter séance<br />
t<strong>en</strong>ante. Pompon s’exécuta. Il stoppa sa<br />
course si brusquem<strong>en</strong>t que la carriole versa.<br />
Le couvercle de la lessiveuse sauta,<br />
éclaboussant les bras de Rose qui hurla de<br />
douleur. Affolé, le Père Gaston tira Rose par<br />
les jambes et la fit choir sur le talus herbeux.<br />
-Hé, ma fille, ma pauv’ fille, t’es b<strong>en</strong> arrangée<br />
comme ça...<br />
Le Père Gaston était connu dans tout le<br />
pays pour son grand cœur et sa compassion<br />
<strong>en</strong>vers ses semblables -surtout pour<br />
sa semblable-.<br />
Ainsi l’occasion fut-elle trop belle : Gaston<br />
compta furieusem<strong>en</strong>t fleurette à Rose...<br />
Leur corps-à-corps fut bestial. Rose hurlait<br />
et pleurait. Gaston besognait. Pompon<br />
soufflait.<br />
Et le Père Gaston :<br />
-Hé, ma fille, ma pauv’ fille, t’es b<strong>en</strong> arrangée<br />
comme ça...<br />
Gaston redressa la carriole. Il empoigna la<br />
lessiveuse, y <strong>en</strong>fourna le linge <strong>en</strong>core fumant<br />
et désormais souillé. Il tira Rose par<br />
les deux bras, la hissa dans la carriole, et<br />
regagna sa place. Il fouetta Pompon et se<br />
mit <strong>en</strong> route pour Montfort-<strong>en</strong>-Chalosse.<br />
Un quart d’heure plus tard, ce glorieux équipage<br />
<strong>en</strong>tra triomphalem<strong>en</strong>t dans le village.<br />
Rose hurlait toujours. Elle gesticulait, jetant<br />
bras et jambes <strong>en</strong> l’air. Les passants se retournai<strong>en</strong>t<br />
au passage de la carriole et regardai<strong>en</strong>t<br />
Rose avec perplexité et le père<br />
Gaston avec colère.<br />
-Vous... vous avez vu, c’est la Rose de<br />
Saint-Sever. On dit que son maître la favorise...<br />
-Oh, si y avait qu’lui.... Y paraît qu’elle est<br />
cul par-dessus tête tous les jours de la semaine.<br />
-Vas-tu te taire, bougre-de-ri<strong>en</strong> ?<br />
-Ha, tais-toi, la mère<br />
-Mais, c’est l’Gaston qui la trimballe...<br />
-Oh, si y faisait que la trimballer...(Rires)<br />
-Ouais, j’sais b<strong>en</strong> c’que j’lui ferai, moi, à la<br />
Rose. D’ailleurs, si ça s’trouve, il a b<strong>en</strong> fait<br />
c’qui devait y faire. C’est pour ça qu’elle<br />
gueule comme un veau.<br />
-Ah, vous, les bonshommes, vous n’avez<br />
qu’ça dans la tête. C’est tout juste si vous<br />
vous redressez sur vos deux pattes pour<br />
<strong>en</strong>granger le foin.<br />
-Pour sûr, que j’l’<strong>en</strong>grange, le foin. Si tu<br />
m’crois pas, la mère, vi<strong>en</strong>s me voir. J’t ferai<br />
r<strong>en</strong>ifler le foin...<br />
La mère lui flanqua une gifle sonore.<br />
- Ah la vache...<br />
La mère s’éloigna mi-colère, mi-riante, emportant<br />
sa lessiveuse et ses battoirs sur son<br />
petit chariot à roulettes. Elle traversa orgueilleusem<strong>en</strong>t<br />
la place, tourna à sa droite,<br />
et s’<strong>en</strong>gouffra dans le lacis de branches
formé par les bambous sauvages qui<br />
bord<strong>en</strong>t le chemin de terre p<strong>en</strong>tu qui mène<br />
au lavoir. Sa progression dev<strong>en</strong>ait de plus<br />
<strong>en</strong> plus pénible au fur et à mesure qu’elle<br />
approchait du lavoir, car le chemin se<br />
transformait <strong>en</strong> un escalier d’une c<strong>en</strong>taine<br />
de marches. Finalem<strong>en</strong>t elle abandonna le<br />
chariot <strong>en</strong> haut des marches. Elle coinça ses<br />
battoirs dans son tablier, prit la lessiveuse<br />
dans ses bras et amorça sa périlleuse desc<strong>en</strong>te.<br />
Les marches usées étai<strong>en</strong>t humides<br />
et glissantes. Elle s’aperçut bi<strong>en</strong>tôt qu’elle<br />
n’était pas la seule à desc<strong>en</strong>dre au lavoir ce<br />
jour-là. En effet, une dizaine de femmes des<br />
al<strong>en</strong>tours la précédai<strong>en</strong>t. Par curiosité, elle<br />
se retourna, et constata qu’elle ne fermait<br />
pas la marche. De nombreuses femmes la<br />
suivai<strong>en</strong>t, portant elles aussi, lessiveuses,<br />
battoirs et ballots de linges.<br />
La procession demeurait sil<strong>en</strong>cieuse, à part<br />
quelques mots étouffés que l’on saisissait<br />
de temps à autre. Les lavandières étai<strong>en</strong>t<br />
bi<strong>en</strong> trop occupées à ne pas tomber pour<br />
pouvoir lier conversation.<br />
Pourtant, dès que les premières villageoises<br />
quittèr<strong>en</strong>t l’escalier et se retrouvèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
terrain plat près du lavoir, l’atmosphère se<br />
dét<strong>en</strong>dit. Heureuses d’être arrivées à bon<br />
port, elles s’autorisèr<strong>en</strong>t quelques instants<br />
de repos. Rires et embrassades se fir<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre. On pr<strong>en</strong>ait le soleil, qui maint<strong>en</strong>ant<br />
était assez haut dans le ciel pour diffuser<br />
une douce chaleur.<br />
- Bonjour, Josette, déjà de retour ?<br />
- Comm<strong>en</strong>t ça s’est passé ?<br />
- Où c’est’y qu’il est, ton petiot ?<br />
Josette ne répondit pas tout de suite. Rougissante,<br />
elle se dandinait d’un pied sur<br />
l’autre, tortillant le coin de son tablier.<br />
Sil<strong>en</strong>ce. Puis, très vite dans un souffle :<br />
- C’est le maître qui l’a pris.<br />
Elle baissa la tête et se mit à pleurer.<br />
- C’est-y pas dieu possible, c’te affaire-là !<br />
Qu’est-ce qui t’a dit, le Maît’e ?<br />
-Ri<strong>en</strong>... Il a dit que ça ferait un beau petit<br />
gars pour la maîtresse. Il l’a emporté, et<br />
c’est tout. J’suis restée toute seule dans la<br />
petite chambre près de l’étable. Là où le<br />
maître, y m’avait attrapée, cet été.<br />
Rose, assise dans l’herbe près du lavoir, se<br />
leva d’un bond, se campa au milieu de la<br />
clairière. Mains aux hanches, jambes écartées,<br />
elle s’écria.<br />
- Eh oui, <strong>en</strong>core un salaud ! Jeunes ou vieux,<br />
tous des saligauds !<br />
- C’est toujours nous qui trinquons ! Et ces<br />
Messieurs, y dans<strong>en</strong>t la faribole dans toute<br />
la région ! Adieu veaux, vaches, cochons,<br />
couvées...<br />
- Et nous... On lave !<br />
Toutes les lavandières se levèr<strong>en</strong>t et tirèr<strong>en</strong>t<br />
ballots de linge et lessiveuses vers le<br />
lavoir. Leurs gestes battai<strong>en</strong>t la mesure <strong>en</strong><br />
cad<strong>en</strong>ce, et formai<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>semble parfait.<br />
On <strong>en</strong>levait les couvercles des lessiveuses,<br />
laissant échapper la vapeur blanche qui<br />
montait droit vers le ciel bleu et blanc. Une<br />
brise légère faisait serp<strong>en</strong>ter cette traînée<br />
immaculée.<br />
On tirait le linge fumant des baquets de<br />
fonte et on l’étalait sur la margelle.<br />
Les femmes ag<strong>en</strong>ouillées saisissai<strong>en</strong>t leur<br />
battoir à deux mains, et de toute leur force,<br />
frappai<strong>en</strong>t le linge pour <strong>en</strong> faire sortir un<br />
jus gris et mousseux qui coulait dans l’eau<br />
limpide du lavoir. Ces mouvem<strong>en</strong>ts, semblables<br />
aux rames des galères, étai<strong>en</strong>t accompagnés<br />
de Han ! Han ! Han !<br />
Pour se donner du courage et maint<strong>en</strong>ir la<br />
cad<strong>en</strong>ce, les femmes chantèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chœur:<br />
À poings t<strong>en</strong>dus, toujours battants,<br />
Courbées le long de la rivière<br />
Pour que le linge vi<strong>en</strong>ne blanc
Nous le frottons de c<strong>en</strong>t manières ;<br />
Et les échos s’<strong>en</strong> vont chantant,<br />
Pan pan pan pan pan pan pan pan<br />
Que de propos joyeusem<strong>en</strong>t<br />
Survol<strong>en</strong>t toujours la rivière<br />
Pour que le linge vi<strong>en</strong>ne blanc ;<br />
Nous le frottons de c<strong>en</strong>t manières.<br />
Les langues s’<strong>en</strong> vont tambour battant.<br />
Pan pan pan pan pan pan pan pan<br />
Mais n’allez pas injustem<strong>en</strong>t<br />
P<strong>en</strong>ser trop de mal des lavandières;<br />
Ce n’est que pour passer le temps<br />
Qu’on jase au bord de la rivière,<br />
Autant emportera le v<strong>en</strong>t.<br />
Pan pan pan pan pan pan pan pan 1<br />
Solange, une vieille paysanne revêche<br />
frappa la surface de l’eau à l’aide d’un lourd<br />
drap blanc. Toute l’assemblée fut éclaboussée.<br />
Le chant s’arrêta brusquem<strong>en</strong>t. Solange,<br />
les yeux exorbités, gesticulait. D’une voix<br />
caverneuse, telle une sorcière, ordonna aux<br />
autres de se tair<strong>en</strong>t.<br />
- Soyez mille fois maudites ! Par vos chants<br />
impies, vous allez chercher l’homme fou<br />
qui vous rossera. Il apportera malédiction<br />
et désolation sur chacune d’<strong>en</strong>tre vous !<br />
Honte à vous ! Honte à vous !<br />
À peine avait-elle fini de parler qu’un rire<br />
énorme et m<strong>en</strong>açant emplit l’air.<br />
Toutes se figèr<strong>en</strong>t :<br />
Au pied de l’escalier de pierre se t<strong>en</strong>ait le<br />
père Gaston, la mine particulièrem<strong>en</strong>t rougeaude.<br />
Il avait bu son litron quotidi<strong>en</strong>, et<br />
probablem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> d’avantage.<br />
- Hé, hé, hé, mes toutes belles ! z’avez app’lé<br />
le malin, mes mignonnes. Eh bi<strong>en</strong>, le voici !<br />
Il voulut courir après les femmes les plus<br />
proches, mais il chancela et vint s’aplatir<br />
dans la boue, face contre terre.<br />
Les femmes se mir<strong>en</strong>t à rire, toutes <strong>en</strong>semble.<br />
- J’vins chercher ma Rose, beugla le vieil<br />
homme. J’l’ai prise ce matin, et c’est ma<br />
femme. Où que t’es, ma femelle ?<br />
Brusquem<strong>en</strong>t, le sil<strong>en</strong>ce se fit.<br />
La Mère s’avança, le visage fermé, les yeux<br />
durs, le battoir à la main :<br />
- Qui que t’as dis, là, Gaston ?<br />
La mère se t<strong>en</strong>ait, sévère devant le vieillard.<br />
Gaston, toujours à plat v<strong>en</strong>tre dans la boue,<br />
releva la tête, la regarda.<br />
- J’veux ma Rose !<br />
- Elle est pas à toi, la Rose, vieux cochon !<br />
- Si. Elle est à moi ! j’veux la Rose ! C’est ma<br />
rose à moi !<br />
Gaston se remit péniblem<strong>en</strong>t debout. Il regarda<br />
la foule d’un oeil torve, et fonça droit<br />
devant lui. Les femmes s’écartèr<strong>en</strong>t, lui<br />
laissant le champ libre.<br />
La mère, souriante, fit un clin d’oeil à Rose<br />
et alla chercher le drap <strong>en</strong> lin qu’elle avait<br />
abandonné dans l’eau quelques instants<br />
plus tôt, et comm<strong>en</strong>ça à l’essorer. Rose<br />
comprit tout de suite le dessein de la mère<br />
et vint lui prêter main-forte. Elles tordir<strong>en</strong>t si<br />
fort le drap, qu’il ne tarda pas à ressembler<br />
à une corde noueuse. Elles le retrempèr<strong>en</strong>t<br />
dans l’eau pour qu’il soit dégoulinant et elles<br />
fouettèr<strong>en</strong>t Gaston avec <strong>en</strong>train, d’abord<br />
sur les jambes, puis les fesses, le buste, et<br />
<strong>en</strong>fin le visage.<br />
Les autres femmes battai<strong>en</strong>t des mains <strong>en</strong><br />
rythme.<br />
- Elles vont b<strong>en</strong> l’débarbouiller, l’Gaston !<br />
- Sûr qu’i sera moins couillu après ça !<br />
- J’veux ma Rose ! répéta le père Gaston<br />
- Eh tais-toi, t’es bourré comme coing, Tu
pues l’bouc.<br />
- Oui, oui, tu pues l’bouc !! Crièr<strong>en</strong>t les<br />
femmes toutes <strong>en</strong>semble.<br />
La mère et Rose le prir<strong>en</strong>t par la ceinture<br />
et par le fond du pantalon, l’<strong>en</strong>fournèr<strong>en</strong>t<br />
tête la première dans la grande lessiveuse<br />
de la Germaine Blanchet. Rose fixa le couvercle<br />
et s’assit dessus. Elle se mit à fredonner,<br />
l’air dégagé.<br />
Une rigole <strong>en</strong> vieux chêneAu lavoir à même<br />
l’eau<br />
De la colline prochaine<br />
Où se ti<strong>en</strong>t caché l’écho<br />
Qui jase et babille<br />
Et redit tous nos lazzis ;<br />
Car nous lavons <strong>en</strong> famille<br />
Tout le linge du pays<br />
La margelle est une pierre<br />
Aussi lisse qu’un miroir ;<br />
Un vieux toit fourni le lierre<br />
Ti<strong>en</strong>t à l’abri de lavoir ;<br />
De l’iris les feuilles vives<br />
Y dard<strong>en</strong>t leurs dards pointus ;<br />
Pour embaumer nos lessives,<br />
Sa racine a des vertus.<br />
La vieille branlant mâchoire,<br />
Qui se souvi<strong>en</strong>t de c<strong>en</strong>t ans,<br />
Conte aux jeunes quelque histoire<br />
Aussi vieille que le temps :<br />
C’est Satan qui se démène<br />
Dans le corps d’un vieux crapaud,<br />
Ou bi<strong>en</strong> c’est quelqu’âme <strong>en</strong> peine<br />
Qui, la nuit, vi<strong>en</strong>t troubler l’eau.<br />
Tout <strong>en</strong> jasant, la sorcière<br />
Tord son linge à tour de bras ;<br />
Auprès fume une chaudière,<br />
C’est comme un anci<strong>en</strong> sabbat.<br />
Mais dans un coin la fillette<br />
Qui veut plaire à son galant,<br />
Mire dans l’eau sa cornette,<br />
Sa ceinture et son bras blanc. 2<br />
- Malheureuse, ne sais-tu pas que la femme<br />
qui chante au lavoir aura un homme fou ?<br />
- Rose, att<strong>en</strong>tion à l’homme fou ! Att<strong>en</strong>tion<br />
à l’homme fou !<br />
- Ne vous inquiétez pas, il rôtit <strong>en</strong> <strong>en</strong>fer<br />
sous mon derrière !<br />
Peu à peu, les femmes se remir<strong>en</strong>t au travail.<br />
À g<strong>en</strong>oux, elles savonnai<strong>en</strong>t, battai<strong>en</strong>t,<br />
frottai<strong>en</strong>t, rinçai<strong>en</strong>t le linge, et <strong>en</strong>fin elles le<br />
tordai<strong>en</strong>t afin de pouvoir l’ét<strong>en</strong>dre sur les<br />
haies et les prairies <strong>en</strong>vironnantes.<br />
- Att<strong>en</strong>tion ! Cria la Solange, Faut tordre<br />
tous les draps dans l’ mêm’s<strong>en</strong>s, sinon on<br />
aura le mauvais œil !<br />
- Tu veux dire que l’Gaston va sauter de sa<br />
lessiveuse comme l’diable de sa boîte ? !<br />
- Oh non, y’a pas d’risques. Tant que la Rose<br />
le couve...<br />
- Faudrait voir à c’qu’ils nous fass<strong>en</strong>t pas de<br />
p’tits, c’est deux-là ...<br />
- Je sais pas, mais... Eh bé, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant, la<br />
Rose, elle fait pas son linge ! fit Justine, la<br />
servante du château de Montfort.<br />
- Hé b<strong>en</strong> c’est pas moi qui lui f’rai !!! L’avait<br />
qu’a pas niqué avec le père Gaston !<br />
- Dis pas ça, ma fille, s’exclama la mère,<br />
c’était pas b<strong>en</strong> plaisant pour elle !<br />
- On dit, ça, on dit ça ! J’parie qu’elle a aimé,<br />
elle !<br />
Rose fronça les sourcils, prit son battoir et<br />
fonça sur Justine. Une seconde plus tard,<br />
Solange s’assit sur la lessiveuse où était<br />
<strong>en</strong>fermé Gaston. Les jambes écartées, les<br />
coudes sur les g<strong>en</strong>oux, le m<strong>en</strong>ton dans la<br />
paume des mains, elle regardait Rose et<br />
Justine avec jubilation.<br />
Rose frappa Justine au visage avec son battoir,<br />
lui écrasant le nez qui se mit à saigner.<br />
De l’autre main, elle empoigna le chignon<br />
de Justine et elle tira de toutes ses forces<br />
<strong>en</strong> la traitant de putain et de salope. Justine<br />
mordit la joue de Rose jusqu’au sang et<br />
voulut lui crever l’œil. Bras et jambes s’emmêlèr<strong>en</strong>t<br />
de telle façon qu’on ne pouvait
i<strong>en</strong>tôt plus savoir à quel corps ils étai<strong>en</strong>t<br />
rattachés.<br />
Les têtes, elles aussi, se superposai<strong>en</strong>t. Les<br />
yeux, injectés de sang, lançai<strong>en</strong>t des éclairs,<br />
les bouches se tordai<strong>en</strong>t et les ongles r<strong>en</strong>trai<strong>en</strong>t<br />
dans les chairs.<br />
Des cris, tantôt rauques, tantôt suraigus<br />
ponctuai<strong>en</strong>t la scène. Les deux combattantes<br />
fur<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>tôt tout <strong>en</strong> sang.<br />
Le sil<strong>en</strong>ce s’installait peu à peu parmi les<br />
lavandières, surprises par la viol<strong>en</strong>ce de la<br />
rixe. Le visage de Solange s’était rembruni.<br />
Forte <strong>en</strong> gueule, la citoy<strong>en</strong>ne détestait<br />
les coups - qu’elle les subisse ou qu’elle <strong>en</strong><br />
soit spectatrice - Aussi, prête à séparer les<br />
belligérantes, elle se leva brusquem<strong>en</strong>t de<br />
dessus la lessiveuse. Tandis qu’elle courait<br />
vers le champ de bataille, ses jupons retroussés,<br />
le gros rire du Père Gaston se fit<br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre. Il avait réussi à soulever le couvercle<br />
de la lessiveuse et, le m<strong>en</strong>ton posé<br />
sur le bord, il reluquait d’un air gogu<strong>en</strong>ard<br />
la culotte immaculée de Solange.<br />
Notes :<br />
1/ La Ronde des Lavandières, vers 1930<br />
2/ Le Lavoir, Paroles et Musique de Pierre<br />
Dupont
Cicero<br />
MELO
LA NUIT TRANSPOSÉE<br />
L’obscurité secrète<br />
la texture<br />
d’une limace.<br />
S’agrège à la face<br />
comme une pute intestine.<br />
Et pénètre dans mes rêves.
LA MALLE<br />
Pour Ângelo Monteiro<br />
J’ai jeté la malle à la mer<br />
mais, la mer me l’à r<strong>en</strong>voyée.<br />
Je l’ai jeté, de nouveau, à la mer<br />
mais, la mer me l’a r<strong>en</strong>voyée.<br />
J’ai jeté, moi-même et la malle, à la mer.<br />
La mer a r<strong>en</strong>voyé la malle,<br />
mais elle ne m’a pas r<strong>en</strong>voyé.
LA CHANSON DU NOYÉ<br />
Fille des sources,<br />
des forêts, des bois,<br />
des fleuves sacrés,<br />
que fais transposée ?<br />
Ici c’est le côté des brumes,<br />
des marais et de l’Estige.<br />
Que fais à mon côté ?<br />
Fille des bois,<br />
des fleuves et des sources,<br />
que fais transposée<br />
à mon côté ?<br />
Ici c’est un côté sans bords,<br />
sans ombre et sans corps,<br />
un ludique lac.<br />
Fille des fleuves,<br />
que fais à côté<br />
du noyé ?
CORINNE<br />
TISSERAND<br />
SIMON<br />
LE SOURIRE PARISIEN<br />
Je me promène<br />
Pour trouver un peu d’espoir<br />
Un peu de rire<br />
Ou même un sourire<br />
Un sourire qui court<br />
Dans les rues noyées de pluie<br />
Noyées par le chagrin<br />
Des hommes dont on ne veut plus<br />
Un sourire qui danse<br />
Au creux de la ville<br />
Se faufile <strong>en</strong>tre les maisons<br />
Éclairant les façades<br />
Noires d’<strong>en</strong>nui<br />
Un sourire qui brille<br />
Au carrefour<br />
De la rue des Espoirs<br />
Et de la rue de La Grande Armée<br />
Un sourire qui habille<br />
De lumière le Boulevard Rochechouart<br />
Tout noir<br />
Quand vi<strong>en</strong>t le soir<br />
Un sourire qui se tord<br />
Au pied des arbres du square<br />
Un sourire qui se reti<strong>en</strong>t<br />
D’éclater<br />
Les jours de tempêtes<br />
Pour ne pas déranger<br />
Au coin de la rue de La Gaité<br />
Le sourire vole pourtant<br />
En éclats<br />
Et soudain<br />
Un rire tonitruant<br />
Envahit Paris
JE T’AIME MAINTENANT<br />
La pluie inonde la terre<br />
Échos liquides du cri du ciel<br />
Que nul n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />
Soleil <strong>en</strong> larmes<br />
Mort annoncée<br />
Inc<strong>en</strong>die triomphal<br />
Que nulle pluie ne peut éteindre<br />
J’ai faim de tes bras aveugles<br />
Paix volée<br />
À l’incandesc<strong>en</strong>ce du temps<br />
Je bois la liqueur verte de tes yeux<br />
Que nul ne voit<br />
Quand l’autre ne s’apparti<strong>en</strong>t déjà plus<br />
J’aime la douce vertu de tes cheveux<br />
Immobile au fond du temps<br />
Elle att<strong>en</strong>d<br />
Elle me guette<br />
L’image que l’autre a de moi<br />
De nous<br />
Puis plus ri<strong>en</strong><br />
Ri<strong>en</strong> que la pluie<br />
Fin de l’hiver<br />
Araignée douce du soir<br />
Elle se noie<br />
Dans la pluie de la nuit<br />
Je t’aime maint<strong>en</strong>ant
Stephane<br />
POIRIER
La traque<br />
L’amour est une ombre sauvage<br />
un chat <strong>en</strong>ragé<br />
pourchassant ses proies sous la tonnelle<br />
dans l’ombre des lilas <strong>en</strong> fleurs<br />
des guêpes tourbillonnantes<br />
dans un vacarme du cœur désespéré<br />
une cohue de s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts<br />
bousculant les barrières du quotidi<strong>en</strong><br />
des coups de poings<br />
dans l’air blafard de l’incertitude<br />
des larmes comme des papillons nocturnes<br />
cherchant le jour<br />
la caresse d’une main sur la peau irritée<br />
rongée par la vie<br />
des souffles semblables aux fumées grises des<br />
usines<br />
dans un ciel porteur d’éternité<br />
une femme que la vie n’a pas laissé se reposer<br />
dans un étang de cheveux<br />
sa voix plus timide que ne l’était Dieu avant de<br />
naître<br />
des doigts couverts de bagues<br />
comme autant de pigeons voyageurs<br />
coupant l’air au-dessus des terres sauvages<br />
Et ses pas sur les mi<strong>en</strong>s<br />
rafraîchiss<strong>en</strong>t les vieux tertres de solitude<br />
les croix plantées <strong>en</strong> adieu au bonheur<br />
les yeux fermés, les mains ouvertes<br />
les mots <strong>en</strong> ch<strong>en</strong>ille, rampant sur mes oreilles<br />
dans l’imbécilité des aubes, matins innoc<strong>en</strong>ts<br />
d’une lumière montante.
Des brumes innoc<strong>en</strong>tes<br />
Des brumes innoc<strong>en</strong>tes ont tapissé tes rêves<br />
toute la nuit<br />
des carillons <strong>en</strong>sorceleurs<br />
accrochés au cou des vaches<br />
du pré d’à-côté<br />
et des moutons hurleurs<br />
comme des nuages ont défilé<br />
dans ta tête<br />
le sommeil était là<br />
respirant les bronches pleines<br />
d’air frais<br />
balayant tes cheveux d’une bruine rafraîchissante<br />
et tes yeux de pays que tes pieds<br />
n’ont pas <strong>en</strong>core foulés<br />
L’herbe est humide ce matin<br />
alors que le soleil <strong>en</strong>core bas<br />
reste allongé<br />
sur l’arête du nez de l’horizon<br />
Nadine dort <strong>en</strong>core<br />
des anges échevelés blottis dans ses bras<br />
nus, et le chat mitonné sur le couvre-lit<br />
elle continue le voyage<br />
p<strong>en</strong>dant que l’arôme du café<br />
tremble dans la cuisine<br />
la guitare abandonnée sur le canapé<br />
avachi du salon<br />
les dernières braises gémiss<strong>en</strong>t leur mort<br />
dans l’âtre du poêle à bois<br />
et la pluie coure déjà vers nous<br />
de la mer des goélands<br />
Dimanche est un jour comme les autres<br />
une pincée d’heures qui gesticul<strong>en</strong>t<br />
sur ta langue et tes bras<br />
une procession de fourmis alcooliques<br />
qui nous emboît<strong>en</strong>t le pas<br />
dans la campagne profonde
Notre baraque<br />
Le chalet est couvert de neige<br />
les corbeaux ont abandonné leurs pattes dans<br />
le champs poudré de sucre<br />
et le v<strong>en</strong>t déchire le pays<br />
sans un regard pour les nuages <strong>en</strong> cavale<br />
Tu as toussé toute la nuit<br />
ton front bout d’une mauvaise fièvre<br />
du sang brûlant coule le long de tes cheveux<br />
et je te garde au lit<br />
sous les couvertures <strong>en</strong> laine<br />
Ton ours dort avec toi<br />
son pelage mité contre ta joue<br />
alors que ton souffle grésille<br />
comme ces vieilles lampes à pétrole<br />
qui lutt<strong>en</strong>t dans l’obscurité<br />
Tu n’as pas touché au thé noyé de rhum<br />
posé près du lit<br />
au milieu des mouchoirs <strong>en</strong> papier<br />
détrempés par les ouragans de ton nez<br />
Je ne te réveille pas<br />
je pose parfois un pied dans la chambre<br />
amorti par l’épaisseur des chaussettes<br />
et repars<br />
écouter le v<strong>en</strong>t<br />
qui dépoussière le paysage blanc<br />
imm<strong>en</strong>se drap ét<strong>en</strong>du<br />
devant notre baraque.
TEKLAL<br />
NEGUIB
Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue chez moi<br />
Jean Luc Petitr<strong>en</strong>aud<br />
Editions Flammarion<br />
Dernier né des ouvrages de Jean Luc Petitr<strong>en</strong>aud Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue chez moi est tout à la fois un<br />
voyage <strong>en</strong> <strong>en</strong>fance et une r<strong>en</strong>contre gourmet, au fil des régions contées par l’auteur.<br />
Grande lectrice de mémoires, j’ai tout particulièrem<strong>en</strong>t apprécié le style de l’écrivain : de la<br />
belle écriture pour de succul<strong>en</strong>tes saveurs… un bel hommage à découvrir avec plaisir… un<br />
livre où chaque mot vous fait vous remémorer les goûts et les s<strong>en</strong>teurs de votre <strong>en</strong>fance…<br />
Je me rappelle la vieille grange de mes grands-par<strong>en</strong>ts, qui y préparai<strong>en</strong>t la soupe aux orties,<br />
si goûteuse<br />
Je me rappelle ma Mémé, qui à la grande table du salon, anci<strong>en</strong> café couru, nous contait les<br />
souv<strong>en</strong>irs de famille (dont le plus anci<strong>en</strong> remontant à 1814),<br />
Et je me rappelle les merveilles, ces belles et douces merveilles de ma friponne de Mémé<br />
Anna, si succul<strong>en</strong>tes à déguster, accompagnées d’un yaourt nature légèrem<strong>en</strong>t sucré… Je<br />
les <strong>en</strong> gorgeais, gourmande et impati<strong>en</strong>te… Comme je les adorais, comme j’<strong>en</strong> redemandais<br />
à Mémé, elle qui <strong>en</strong> dét<strong>en</strong>ait tous les secrets…<br />
Un mot du livre, et le voyage comm<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong>tre souv<strong>en</strong>irs et mets…<br />
J’ai 7 ans, et je suis avec le chat Minet, qui déambule dans le jardin et se dirige vers la petite<br />
maison de pierre, qui sert de fumoir. Il y pénètre, et <strong>en</strong>tre les saucissons qui p<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t au plafond,<br />
et la porte fermée du four à pain, qui cuit quelque bon produit, à sa suite, je monte à<br />
l’étage. Entre deux bottes de paille, nous nous installons, là tous les deux, mirant au travers de<br />
la petite f<strong>en</strong>être le soleil des Pyrénées se lever au loin à l’horizon. Et nous sommes heureux,<br />
là, à cet instant, complices dans notre bonheur, nous nous regardons d’un air <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, repus<br />
de la beauté d’un si t<strong>en</strong>dre matin d’été…<br />
La nourriture est un poème, la cuisine son recueil. C’est une émotion fine, parfois fugace,<br />
mais qui aussi parfois nous accompagne tout au long de notre vie… Et c’est cela que nous<br />
rappelle le livre de Jean-Luc Petitr<strong>en</strong>aud Bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue chez moi, un livre pour ne jamais oublier<br />
les bons goûts de notre <strong>en</strong>fance, et nos mémés qui nous ont tant donné…
TEKLAL NEGUIB
Dépucelage<br />
Virginie LOU-Nony<br />
e-fractions éditions<br />
Une femme logeant à l’hôtel regarde la mer. Elle r<strong>en</strong>contre un homme, à l’appar<strong>en</strong>ce<br />
jeune. Tel est le point de départ de ce livre haletant, où tout chez l’homme n’est qu’appar<strong>en</strong>ce.<br />
Entre mystification, sexe, malaise, une relation naît…<br />
Et la mer se fait parallèle de cette bi<strong>en</strong> étrange histoire <strong>en</strong>tre une femme d’une vingtaine<br />
d’années et un homme quarant<strong>en</strong>aire, pétri de mystères.<br />
Un livre que je lis fort à propos <strong>en</strong> pleines grandes marées de printemps, <strong>en</strong>fermée <strong>en</strong>tre<br />
les quatre murs d’une maison rassurante et chaleureuse. Avis de tempête dans le livre et<br />
au dehors ou quand la littérature <strong>en</strong>tre <strong>en</strong> résonnance avec le réel.<br />
Ce livre m’a rappelé mes prom<strong>en</strong>ades <strong>en</strong> bord de mer au Tréport ou à Dieppe, mirant le<br />
soleil couchant dans le ciel métallique du mois d’octobre, et déambulant <strong>en</strong>tre les galets<br />
polis des plages normandes.<br />
Il est question ici d’une r<strong>en</strong>contre, d’âge, et de mots échangés, bi<strong>en</strong> étranges ces mots,<br />
qui n’ont de réels que la réalité que l’on veut bi<strong>en</strong> leur accorder. Les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, les émotions,<br />
l’amour : tous se conjugu<strong>en</strong>t et nous mèn<strong>en</strong>t vers un labyrinthe inextricable, où l’on<br />
suit l’héroïne, où comme elle, l’on se perd, se questionne, s’angoisse.<br />
Qui est-il ? Que veut-il ? Que faire ? Peu à peu, nous marchons dans les pas de cette<br />
jeune femme, et finissons, pris par le récit, par dev<strong>en</strong>ir Elle.<br />
J’aime le parallèle <strong>en</strong>tre ce que vit cette femme, ce couple, et ces flots qui vogu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre<br />
calme et gros grain. Cette histoire : j’avoue l’avoir adorée, et il est fort difficile de la quitter,<br />
tant l’on aimerait la poursuivre. Bellem<strong>en</strong>t écrit, le livre vous transporte dans les paysages<br />
décrits avec une telle force, que peut-être <strong>en</strong>t<strong>en</strong>drez-vous au loin le roulis des vagues,<br />
r<strong>en</strong>contrerez-vous cet homme, avec qui ri<strong>en</strong> n’est ce qu’il paraît, peut-être vivrez-vous<br />
vous aussi cette passion fugace…
TEKLAL NEGUIB
Macro<br />
An anthology of image macro<br />
Interview of Michael Hessel-Mial<br />
Hi Michael can you pres<strong>en</strong>t yourself ?<br />
Why did you decide to work with P<strong>en</strong>ny<br />
Goring ? How have you met ?<br />
P<strong>en</strong>ny and I have only met in cyberspace,<br />
but we’ve known one another for a while.<br />
Our networks brought us into contact<br />
maybe around 2012, and we’ve always giv<strong>en</strong><br />
one another little nods - since we both<br />
take the macro really seriously in differ<strong>en</strong>t<br />
ways, we’ve had a chance to see a lot of<br />
one another’s work. P<strong>en</strong>ny is an absolutely<br />
unparalleled artist and poet. There is nobody<br />
like her! P<strong>en</strong>ny and I bring differ<strong>en</strong>t<br />
things - she’s got loads of experi<strong>en</strong>ce in the<br />
art world, and I come from the «academic<br />
as poet» mindset (I was finishing my Ph.D<br />
in literature at the same time we were putting<br />
this anthology together). P<strong>en</strong>ny and I<br />
have a lot of similarities though - we both<br />
treat the art of the macro as a vehicle for<br />
exploring weirdness and pain and beauty.<br />
We share a kind of lyricism and craft despite<br />
coming from differ<strong>en</strong>t approaches and<br />
styles.<br />
You are pres<strong>en</strong>ting a book Macro, published<br />
by Boost House. Can you speak<br />
about Boost House ? Who are they ? And<br />
why did you decide to work with them ?<br />
P<strong>en</strong>ny and I <strong>en</strong>tered into preliminary talks<br />
about a macro book with a now defunct<br />
press, around early 2014. Wh<strong>en</strong> that project<br />
failed, I approached Steve Rogg<strong>en</strong>buck and<br />
started over. Boost House is a great press<br />
because it is an innovator in internet-based<br />
poetry publishing and really comes from<br />
the ethos that led to most of these macros<br />
being made in the first place. In the foreword,<br />
I talk a bit about how macros really<br />
were born of a community, and Boost<br />
House also comes from that community<br />
ethos. It just made s<strong>en</strong>se to do this project<br />
with them.<br />
The book, named Macro, is the first anthology<br />
of macro poetry. Can you explain<br />
us what is macropoetry ? Why do this art<br />
interest you ?<br />
The image macro is a combination of image<br />
and text for digital circulation. No more, no<br />
less. Macros can be memes or they can be<br />
more. Though there has be<strong>en</strong> amazing digital<br />
poetry for some time, there is something<br />
unique about the image macro that only<br />
took off rec<strong>en</strong>tly. It’s a ph<strong>en</strong>om<strong>en</strong>on of social<br />
media in particular. P<strong>en</strong>ny and I wanted<br />
to pres<strong>en</strong>t that history, and the many many<br />
ranges of style that can be called macro.<br />
P<strong>en</strong>ny and I, as well as Steve, and E.E. Jarvie<br />
and Ray Younghans, who sequ<strong>en</strong>ced<br />
and designed the book, all agreed on one<br />
thing - that MACRO is meant to be a histo-
ical slice of internet culture, and meant to<br />
feel like you’re on the internet.<br />
What is the role of internet in the rebirth<br />
and dynamism of poetry ?<br />
The internet both ext<strong>en</strong>ds and reshapes<br />
what poetry can do. It ext<strong>en</strong>ds in the s<strong>en</strong>se<br />
that you can do more - images are inexp<strong>en</strong>sive<br />
to use and circulate widely, so where in<br />
a previous time the idea of making a doz<strong>en</strong><br />
image macros would have be<strong>en</strong> outrageously<br />
exp<strong>en</strong>sive and time consuming,<br />
now it’s just like writing and speaking.<br />
Images are a new type of word now. The<br />
internet allows other things too, like sound<br />
and movem<strong>en</strong>t, but I believe images have<br />
especially be<strong>en</strong> set free to become poetry.<br />
That’s the «ext<strong>en</strong>d» part. Ev<strong>en</strong> more exciting<br />
is the «reshape» part - poetry can be<br />
created collaboratively in ways that echo<br />
the past (Arabic lyric poetry societies of the<br />
medieval period, haiku contests in Edo era<br />
Japan) but are unique to internet culture. I’m<br />
thinking about memes - not in the «funny<br />
image macro» s<strong>en</strong>se of the term, but as little<br />
circulating cultural units that gets morphed<br />
as they are reshared. That’s also the<br />
shape of poetry now, impacting the evolution<br />
of macros, and can be se<strong>en</strong> in MACRO<br />
in more detail.<br />
Can you pres<strong>en</strong>t Macro ? Why did you<br />
choose to make an anthology ?<br />
The image macro deserves a printed book.<br />
Because so many of these works can easily<br />
disappear over time, forgott<strong>en</strong>, I wanted to<br />
make sure there was a place where they<br />
could be remembered. And not just as a<br />
way of thinking about the past, but as a look<br />
to the future - how can a book of macros<br />
productively feed forward and jump start<br />
the next g<strong>en</strong>eration of poets?<br />
Speak a little about the artists, the pieces<br />
? How do you choose the pieces of art for<br />
the publication ?<br />
We wanted to capture the full range of expression<br />
you can find online. Everything<br />
from te<strong>en</strong> selfies to tumblr poetry to alt lit<br />
to net art to the aumm group, basically as<br />
many platforms and styles as we could repres<strong>en</strong>t<br />
without it getting overwhelming.<br />
So we included a lot of people, some of<br />
whom see themselves as artists and poets,<br />
others who were just making these for fun<br />
but in the process did something amazing.<br />
P<strong>en</strong>ny and I w<strong>en</strong>t through THOUSANDS<br />
of images, and over facebook messaging<br />
w<strong>en</strong>t through them one at a time, over<br />
countless hours, until we’d made a good<br />
repres<strong>en</strong>tative selection.<br />
What program(s) do you use to create<br />
your own macro poetry ?<br />
Personally? My older stuff was made on<br />
my computer. I would make collages in microsoft<br />
paint, and th<strong>en</strong> run them through<br />
a meme g<strong>en</strong>erator, Roflbot. Now I do it a<br />
bit differ<strong>en</strong>tly, using a ton of differ<strong>en</strong>t image<br />
editing programs from layer tools to differ<strong>en</strong>t<br />
glitch programs, and make greater use<br />
of differ<strong>en</strong>t fonts through apps like Phonto<br />
and Picfont. It was important for me to<br />
make the switch, because while I still do the<br />
old approach i am now getting much more<br />
experim<strong>en</strong>tal, and need to make use of all<br />
available tools. But I only use free programs<br />
and that’s part of the point - you don’t need<br />
anything fancy! Just use whatever is available<br />
and make it your own.<br />
Where/ how can we buy the book ?<br />
The order link is here!<br />
http://www.boost-house.com/store/<br />
macro-an-anthology-of-images-macros<br />
To make my final pitch - dear reader, this anthology<br />
is meant to show you what people<br />
can do with internet tools, together, to make<br />
beautiful poetry. I hope that whatever walk<br />
of life you come from, that it will speak to<br />
you in some way. Please consider taking<br />
look!
Les artistes<br />
TEKLAL NEGUIB<br />
Teklal Neguib is an artist and the editor in chief of L.<strong>ART</strong><br />
<strong>en</strong> Loire.<br />
She is based in Saint Nazaire (Brittany, France).<br />
Her rec<strong>en</strong>t work has appeared in various international magazines<br />
such as Minorités, Artefact, VoiceIn Journal, Poésie<br />
Webnet, Que<strong>en</strong> Mobs Tea House, L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire, Internet<br />
Poetry, Lorem Ipsum, in the digital book The Twitter Biography<br />
of Matthew Britton and in the anthology MACRO.<br />
She is part of the group show Audioselfie List<strong>en</strong>.<br />
The text A song of Hate and Death has be<strong>en</strong> corrected by Marie-Hélène<br />
Bazinet.<br />
Twitter : @teklalneguib<br />
Site : http://www.teklalneguib.com/<br />
GAETAN SORTET<br />
Né le 15 janvier 1974 à Namur, Belgique. Artiste pluridisciplinaire<br />
dont la base de travail est l’image (photo, vidéo,<br />
peinture) et le langage. Entré dans la poésie par le biais d’un<br />
haïku du maître japonais Bashô. Au gré de r<strong>en</strong>contres diverses<br />
dans le milieu de la poésie belge (Jacques Izoard, B<strong>en</strong><br />
Arès, David Besschops), il s’est mis à écrire des textes à la<br />
manière automatique et des aphorismes.<br />
A publié ses oeuvres dans diverses revues<br />
Travaille au sein du groupe poético-musical Tartart. (www.<br />
tartart.eu)<br />
Regroupe actuellem<strong>en</strong>t son travail sous l’appellation et la signature<br />
<strong>ART</strong>. Voir site personnel.<br />
Site personnel : www.gaetansortet-art.be<br />
FRANCOIS IBANEZ<br />
Né <strong>en</strong> 1973 à Nice, musici<strong>en</strong> de l’underground rock’n’roll<br />
(une douzaine de disques parus) mais aussi adepte de littérature,<br />
philosophie, poésie, et depuis peu quelques textes<br />
publiés au sein une poignée de revue : Comme En Poésie,<br />
Recours au Poème, Libelle, Florilège, A l’Index.<br />
http://francoisibanezpoesie.blogspot.fr/<br />
EVELYNE CHARASSE<br />
Je m’appelle Evelyne Charasse.<br />
Je suis née <strong>en</strong> 1960 à Chalon-sur-Saône. J’habite actuellem<strong>en</strong>t<br />
à La Rochelle.<br />
J’essaye d’écrire des flocons de neige .<br />
CORINNE TISSERAND-SIMON<br />
Corinne Tisserand-Simon, née à Châteauroux <strong>en</strong> 1959, vit<br />
et travaille à Bordeaux. Docteur d’université <strong>en</strong> Arts du spectacle,<br />
metteur <strong>en</strong> scène, elle fonde Les GOUPILS <strong>en</strong> 1986.<br />
Elle a mis <strong>en</strong> scène une vingtaine de pièces. Spécialiste de<br />
BECKETT, son travail a pour objets le corps, la voix et<br />
l’émotion. Sa pratique l’a conduite à collaborer avec des plastici<strong>en</strong>s,<br />
des musici<strong>en</strong>s et des chanteurs.<br />
Écrivain, elle a publié divers ouvrages, disponibles -e-book<br />
et <strong>en</strong> version papier (à la demande)- chez Smashwords, à la<br />
FNAC<br />
Twitter https://twitter.com/LesGoupils,<br />
Linkedin https://www.linkedin.com/pub/corinne-tisserand-simon/<br />
Tumblr http://cielesgoupils.tumblr.com<br />
Elle participe régulièrem<strong>en</strong>t à des ouvrages collectifs.<br />
EDITH CAMBRINI<br />
Animée par une passion pour plusieurs formes d’Art, Édith<br />
Cambrini est une artiste autodidacte. Ses principaux medium<br />
actuels sont l’écriture et la photographie. Vivre de l’Art pour<br />
(<strong>en</strong>fin) s’y consacrer pleinem<strong>en</strong>t et <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t constitue son<br />
leitmotiv. Pour l’instant, elle saisit au quotidi<strong>en</strong> là où l’Art se<br />
prés<strong>en</strong>te de façon à vivre avec et pour Lui.<br />
http://www.edithcambrini.com/<br />
SANDRINE DAVIN<br />
Sandrine DAVIN est née le 15/12/1975 à Gr<strong>en</strong>oble<br />
(FRANCE) où elle réside toujours.<br />
Elle est auteure-parolière, elle a édité 8 recueils de poésie<br />
dont le dernier s’intitule<br />
« Champ de bataille » aux éditions Thebookedition.<br />
Elle est égalem<strong>en</strong>t diplômée par la Société des Poètes Français<br />
pour l’un de ses poèmes.<br />
L.<br />
Fiston de Teklal Neguib, j’ai sept ans. J’aime la poésie et<br />
les chants. J’adore les haïkus, Soseki et Bashô. Je crée des<br />
poèmes depuis que j’ai cinq ans.<br />
JACQUES CAUDA<br />
Réalisateur, écrivain, peintre et photographe. En 2000, il interrompt<br />
sa carrière de docum<strong>en</strong>tariste pour créer le mouvem<strong>en</strong>t<br />
surfiguratif dont il exposera les grandes lignes dans un<br />
manifeste Toute la lumière sur la figure. « Surfigurer, écrit-il,<br />
c’est pr<strong>en</strong>dre pour objet des s<strong>en</strong>sations dont la source n’est<br />
plus le réel mais sa représ<strong>en</strong>tation rétini<strong>en</strong>ne. Le monde est<br />
dev<strong>en</strong>u une imm<strong>en</strong>se image aveugle qu’il faut revoir afin de<br />
lui redonner un regard ». Portraits, animaux et végétaux,<br />
sont les objets privilégiés qui (sur)figur<strong>en</strong>t dans sa peinture.<br />
PATRICK VILALLONGUE<br />
Photographe, artiste peintre, designer, décorateur.<br />
www.vilallongue.com<br />
PAUL WEST<br />
Born in Dorset, Paul West received BA (Hons) 1st class in<br />
Graphic Design from the London College of Printing in<br />
1987. Alongside graphic design he studied life-drawing, silkscre<strong>en</strong><br />
printing, litho and etching, ‘visceral’ mark-making<br />
techniques which he feels have be<strong>en</strong> a defining influ<strong>en</strong>ce on<br />
his approach to his art.<br />
After college Paul w<strong>en</strong>t on to co-found Form - a design and<br />
branding studio with roots <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>ched in his love of music –<br />
working on scores of iconic record covers for bands including<br />
Cocteau Twins (4AD), Depeche Mode (Mute) and Elbow<br />
(Fiction).<br />
Alongside music, Paul’s design ar<strong>en</strong>a of choice has always<br />
had close links to the arts. In previous employm<strong>en</strong>t he<br />
worked with the Whitechapel Art Gallery and at Form he<br />
collaborated with artists Alan Charlton, Eug<strong>en</strong>io Dittborn<br />
and Dami<strong>en</strong> Hirst on his first solo exhibition at the ICA.
In 2010, a s<strong>en</strong>se of restlessness prompted Paul to pursue his<br />
love of painting. It was during one of his frequ<strong>en</strong>t visits to<br />
Northumberland that Paul began to paint <strong>en</strong> plein air, and<br />
this is wh<strong>en</strong> he realised that the synergy of the landscape<br />
with his own emotions, while surrounded by nature, was the<br />
experi<strong>en</strong>ce that most inspired him.<br />
Paul’s works reflect a s<strong>en</strong>se of wonder with nature - brooding,<br />
landscapes, balancing quietness with fr<strong>en</strong>etic bursts of<br />
vitality. Using his preferred base of wood<strong>en</strong> board (which<br />
he finds to be “more organic and utilitarian“) Paul’s use of<br />
paint interacts with, and is informed by, its natural texture<br />
– contrasting impasto application with the roughness of the<br />
grain.<br />
Since 2014, Paul has be<strong>en</strong> working on a photo-etching series<br />
<strong>en</strong>titled “Secret Voices”, continuing his preoccupation with<br />
the landscape as an <strong>en</strong>ergy that connects us all.<br />
Site: www.p-west.co.uk<br />
Byam Shaw Art: http://byamshawart.com/west#paul<br />
Artfinder:https://www.artfinder.com/artist/paul-west/<br />
artworks/sil<strong>en</strong>t-voices-etching-series/<br />
Saatchi Art: http://www.saatchiart.com/p-west<br />
MAHRK GOTIE<br />
Mahrk Gotié est un écrivain underground qui a publié son<br />
premier roman chez I.S Edition: une comédie punk intitulée<br />
“Les invraisemblables av<strong>en</strong>tures de Monsieur tout le monde”.<br />
Il fait de son mieux pour essayer de donner naissance à une<br />
œuvre qui ne veut strictem<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> dire.<br />
PABLO CORDOBA<br />
PABLO CORDOBA est originaire d’Arg<strong>en</strong>tine. Il se<br />
consacre à la photographie depuis plusieurs années, dans le<br />
cadre d’une recherche transversale. Il interroge la notion de<br />
paysage, les scènes de rue, la photographie conceptuelle et la<br />
photographie du non-réel. L’image photographique est pour<br />
lui un phénomène complexe, qui se propose <strong>en</strong> tant que terrain<br />
de réflexion.<br />
OLIVIER LE LOHE<br />
Olivier Le Lohé, poète parisi<strong>en</strong>, né banlieusard, vit actuellem<strong>en</strong>t<br />
à Belleville. En 2014, il crée Revue Méninge, revue<br />
d’arts poétiques (revuem<strong>en</strong>inge.fr). Il a été publié dans un<br />
certain nombre de revues de poésie. Son œuvre pivote autour<br />
d’une forme minimaliste tout <strong>en</strong> préservant l’expression<br />
vivante. Le projet prés<strong>en</strong>té dans ce numéro est l’issue d’un<br />
travail artistique <strong>en</strong> collaboration avec Pablo Cordoba.<br />
Site : http://ollpoetique.comyr.com/<br />
BONAFIDE ROJAS<br />
He is the author of three collections of poetry: R<strong>en</strong>ovatio,<br />
Wh<strong>en</strong> The City Sleeps & Pelo Bu<strong>en</strong>o. He has appeared on<br />
“def poetry jam IV” & has be<strong>en</strong> published in numerous anthologies<br />
& journals including : Saul Williams’ Chorus, Bum<br />
Rush The Page, Role Call, Learn Th<strong>en</strong> Burn”, Me No Habla<br />
Con Ac<strong>en</strong>to & Palabras. He curr<strong>en</strong>tly lives in New York City.<br />
Poems published in L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire are extracts of his website<br />
: http://bonafiderojas.com/<br />
CICERO MELO<br />
Poète brésili<strong>en</strong> (Recife). Il a publié sept livres de poésie. En<br />
France, il a participé des recueils SOUS LES CANDÉLA-<br />
BRES (2012), LABYRINTHE(S) (2012) et LES VILLES<br />
MUTANTES (2013) publiés par LATéditions.<br />
STEPHANE POIRIER<br />
Stéphane Poirier est un artiste pluridisciplinaire, écrivain et<br />
photographe, né <strong>en</strong> 1966 <strong>en</strong> Ile de France.<br />
Après des études de lettres modernes et quelques cours de<br />
photographie, il choisit d’emprunter la route de l’inconnu.<br />
Dans ses écrits et photographies, il aime « le mot simple » et<br />
l’image honnête, les clichés qui dévoil<strong>en</strong>t une voix à travers<br />
l’œil des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Il n’apparti<strong>en</strong>t à aucun mouvem<strong>en</strong>t, ne<br />
suit aucune mode, ne cherche pas à faire de l’art, seulem<strong>en</strong>t<br />
à donner vie. Ses photos comme ses textes sont humanistes,<br />
et révèl<strong>en</strong>t la beauté d’âme des g<strong>en</strong>s simples « dans leur complexité<br />
», et des lieux ordinaires qu’il aime redécouvrir.<br />
Site : http://www.stephanepoirierofficiel.com/<br />
OURS<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire est une revue internationale de culture et<br />
d’expression artistique, bilingue (français/anglais), née et<br />
créée à Saint Nazaire, <strong>en</strong> France.<br />
directrice de la publication/rédactrice <strong>en</strong> chef/maquettiste<br />
(n°10 et suivants)/site web teklal neguib<br />
graphiste-maquettiste (n°2 à 9) /créateur de la maquette et<br />
du logo frédéric javelaud<br />
édition<br />
Teklal Neguib, pour L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire<br />
44600 Saint Nazaire (France)<br />
Site web de la revue lart<strong>en</strong>loire.weebly.com<br />
Facebook facebook.com/L.<strong>ART</strong><strong>en</strong><strong>LOIRE</strong><br />
Twitter twitter.com/L<strong>ART</strong><strong>en</strong>Loire<br />
Site de lecture : yumpu.com<br />
Contact : lart<strong>en</strong>loire@gmail.com<br />
ISSN 2256-988X - Dépôt légal 29/06/2016<br />
date de parution 29/06/2016<br />
Revue gratuite ne pouvant être v<strong>en</strong>due
Appel à travaux L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire 12<br />
décembre 2016<br />
Article 1<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>LOIRE</strong> est une webrevue gratuite de culture et d’expression<br />
artistique, faisant appel à des contributeurs bénévoles.<br />
Vous pouvez découvrir les anci<strong>en</strong>s numéros ici : https://www.<br />
yumpu.com/user/l.art<strong>en</strong>loire<br />
Article 2<br />
Le fait même de proposer des textes, poèmes, articles, photos…<br />
ou d’accepter d’<strong>en</strong> écrire/produire un vaut acceptation du<br />
prés<strong>en</strong>t règlem<strong>en</strong>t et autorisation de publication.<br />
Article 3<br />
Pour être publié, vous devez écrire soit <strong>en</strong> français/anglais ou<br />
être bilingue (français + autre langue). A noter que dans le<br />
cas d’œuvres bilingues, seule la version française fera foi, vous<br />
resterez seul responsable du cont<strong>en</strong>u de la version dans l’autre<br />
langue. La revue ne saurait être t<strong>en</strong>ue responsable d’une langue<br />
qu’elle ne maîtrise pas ou ne connaît pas.<br />
La section Francophonia est uniquem<strong>en</strong>t pour les francophones<br />
(<strong>en</strong> monolingue ou <strong>en</strong> bilingue). La section L.<strong>ART</strong> est réservée<br />
aux artistes de Loire Atlantique ou de Bretagne, ou les expositions<br />
artistiques ayant eu lieu sur ces deux territoires. La section<br />
théâtre est seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> français/anglais (pas de traduction).<br />
Vous déclarez et garantissez disposer de tout droit et autorisation<br />
requis pour l’exploitation d’un quelconque cont<strong>en</strong>u dans le<br />
cadre de chacune de vos contributions de façon à ne pas violer<br />
les droits des tiers (droit d’auteur, droit à l’image).<br />
Les textes/œuvres ne doiv<strong>en</strong>t pas être constitutifs de cont<strong>en</strong>u :<br />
-à caractère raciste ;<br />
-à caractère diffamatoire, injurieux, calomnieux à l’égard de<br />
tiers, personnes physiques ou morales ;<br />
-constituant une contrefaçon d’un droit de propriété intellectuelle<br />
;<br />
-contraire à la réglem<strong>en</strong>tation.<br />
Article 4<br />
Vous devez être l’auteur de l’œuvre ou des œuvres que vous proposez<br />
à L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire.<br />
Proposer un ou des travaux signifie que vous reconnaissez <strong>en</strong><br />
être le créateur ou être le dét<strong>en</strong>teur des droits relatifs à ce travail.<br />
Si votre création (poème/texte/autre) a déjà été précédemm<strong>en</strong>t<br />
publiée dans un livre, s’il vous plaît, spécifiez-le (titre, auteur,<br />
maison d’édition), et vérifiez que vous avez bi<strong>en</strong> le droit de le<br />
republier dans un magazine.<br />
Même si votre travail est publié dans L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire (magazine<br />
+ site web + diffusion sur le web -tumblr, instagram, twitter-…]<br />
avec votre nom…), vous restez le propriétaire de votre travail, et<br />
conserver tous les droits dessus.<br />
Si vous ne respectez pas les règles relatives à l’originalité de votre<br />
œuvre, le plagiat ou la contrefaçon pourrai<strong>en</strong>t vous être reprochés<br />
et vous <strong>en</strong> supporteriez alors seul toutes les conséqu<strong>en</strong>ces.<br />
Article 5<br />
Vous pouvez proposer plusieurs œuvres, mais soyez aimable de<br />
préciser simplem<strong>en</strong>t pour quelle section vous la/es soumettez.<br />
Article 6<br />
Envoyez, je vous prie, vos œuvres par mails, <strong>en</strong> pièce jointe,<br />
sous format word ou format photo classique <strong>en</strong> haute définition<br />
(<strong>en</strong>tre 3 et 10 mo), à lart<strong>en</strong>loire@gmail.com (att<strong>en</strong>tion: L minuscule<br />
+ art<strong>en</strong>loire…).<br />
La date limite pour transmettre vos œuvres est le 1er novembre<br />
2016, pour une publication <strong>en</strong> décembre 2016. Dans la mesure<br />
du possible, transmettez vos œuvres dès finition.<br />
Si vous avez des difficultés à <strong>en</strong>voyer votre message, n’hésitez pas<br />
à contacter Teklal Neguib (rédactrice <strong>en</strong> chef) sur facebook facebook.com/teklalneguib<br />
ou sur twitter twitter.com/teklalneguib<br />
Article 7<br />
À votre contribution, dans le corps de votre mél, joignez une<br />
mini auto-biographie (5 lignes maximum, pour la page AR-<br />
TISTES).<br />
Les mini-bio doiv<strong>en</strong>t être jointes à chaque <strong>en</strong>voi, même si vous<br />
avez déjà participé à d’autres numéros.<br />
Article 8<br />
Voici les différ<strong>en</strong>ts appels à textes :<br />
Section L.<strong>ART</strong><br />
Une Nouvelle de 10 pages maximum se déroulant soit <strong>en</strong> Loire<br />
Atlantique, soit <strong>en</strong> Bretagne.<br />
Un article sur une manifestation culturelle ayant eu lieu <strong>en</strong><br />
Loire-Atlantique ou <strong>en</strong> Bretagne : 5 pages maximum<br />
Section poesia<br />
Un <strong>en</strong>semble de 3 poèmes, sujet libre.<br />
Section dossier d’exploration A l’horizon lointain...<br />
Laissez vous inspirer par l’horizon, cette infinité mère de tous<br />
les possibles. Paysages grandioses, s<strong>en</strong>sualité du jour qui se lève,<br />
dernière vue avant la mort, l’horizon est aussi l’objectif que l’on<br />
se fixe, l’av<strong>en</strong>ir, le futur que l’on s’imagine... Il est un champs<br />
vertigineux d’exploration, alors laissez vous emporter par l’horizon<br />
et ses possibles...<br />
Un à trois poèmes sur le thème du dossier spécial<br />
Une nouvelle sur le thème choisi (5 pages maximum).<br />
Article sur une exposition/un artiste <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec ce thème<br />
Photos (6 à 10) et/ou peintures (6) sur ce thème<br />
Court metrage de moins de 20 minutes.<br />
Section Philosophia<br />
Un article de réflexion sur un sujet philosophique (5 pages maximum).<br />
La revue n’étant pas une revue polémiste, il s’agit bi<strong>en</strong><br />
ici d’un texte à caractère philosophique et non politique.<br />
Section D’arbres et de pierres<br />
L’art concernant un <strong>en</strong>droit qui peut être la nature, la ville, ou<br />
une pièce.<br />
Une nouvelle, 10 pages maximum sur thème libre ayant pour<br />
contexte un lieu urbain, rural, la nature ou pr<strong>en</strong>ant place dans<br />
une pièce bi<strong>en</strong> définie.<br />
Un à 3 poèmes avec cette même contrainte de lieu<br />
Un portfolio de photos avec cette même contrainte de lieu<br />
(équival<strong>en</strong>t à 6 pages de la revue).<br />
Une petite pièce de théâtre (10 pages maximum)<br />
Section Théâtre<br />
Publication d’une pièce de théâtre, sujet libre, qui peut avoir<br />
déjà été jouée/publiée. Vérifiez cep<strong>en</strong>dant que vous avez alors le<br />
droit de la publier dans la revue, et si oui, alors vous pouvez la<br />
proposer.<br />
La pièce de théâtre pourra être publiée sur plusieurs numéro<br />
de la revue (maximum 4 numéro, 20 pages maximum par<br />
numéro).<br />
Langues autorisées : français, anglais espagnol (<strong>en</strong> monolingue)<br />
Section Francophonie<br />
Une nouvelle de 10 pages maximum sur un sujet libre<br />
1 à 3 poèmes sur sujet libre<br />
Section Découverte<br />
Un article de découverte sur un livre/film/un artiste non-francophone…<br />
que vous avez aimé.
Call for works L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire 12<br />
december 2016<br />
Rule 1<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire is a free webrevue of art and literature which<br />
calls on voluntary artists to contribute to it. You can discover<br />
the previous issues: https://www.yumpu.com/user/l.art<strong>en</strong>loire<br />
Rule 2<br />
The fact to offer texts/poems/articles/photos/… or to accept to<br />
write/produce it/them means<br />
acceptance of this pres<strong>en</strong>t rules and permission to publish.<br />
Rule 3<br />
To be published you need to be Fr<strong>en</strong>ch/English speaker or bilingual<br />
(Fr<strong>en</strong>ch+ another language). Francophonia section is only<br />
for Fr<strong>en</strong>ch speaker or bilingual.<br />
Noteworthy : in the case of a bilingual publication, only the<br />
fr<strong>en</strong>ch version will be valid. You will stay the only person responsible<br />
of the cont<strong>en</strong>t of the version in the other language.<br />
The mag and its staff can’t be considered as the person responsible<br />
of the language they don’t master or know.<br />
L.<strong>ART</strong> section is only for Brittany/Loire Atlantique artists or<br />
artists exhibiting in these areas.<br />
The other sections are op<strong>en</strong>ed to all.<br />
Théâtre section is only in Fr<strong>en</strong>ch/English (no translation)<br />
You declare and assure having all the rights and permissions required<br />
for the utilization of the work(s) you offer in order to not<br />
violate the rights of others (copyrights, right to the image…)<br />
The texts/works you offer must not have a cont<strong>en</strong>t:<br />
-racist<br />
-defamatory, insulting, slanderous against a third party (who<br />
could be a legal person or a natural person)<br />
-constituting a counterfeiting of a right of an intellectual property<br />
-against the law<br />
Rule 4<br />
You need to be the creator of the work(s) you offer to L.<strong>ART</strong><br />
<strong>en</strong> Loire.<br />
Submitting work(s) means you recognize to be the creator or the<br />
owner of the rights pertaining to this work(s). If your creation<br />
(poem/text/other) was first published in a book, PLEASE specify<br />
it (title, author, book house), and check you have the right to<br />
republish it in a magazine.<br />
Ev<strong>en</strong> if your work is published in L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire (mag+ website+<br />
distribution on the web -tumblr, twitter-…] with your<br />
name…), you stay the owner of your work, and keep the rights<br />
on it.<br />
If you don’t respect the rules relating to the originality of the<br />
work you offer it could reproach you for plagiarism or counterfeiting,<br />
and th<strong>en</strong>, you would accept alone all the consequ<strong>en</strong>ces.<br />
Rule 5<br />
You can offer several works, but be kind to precise each section<br />
you want your work to be published in.<br />
Rule 6<br />
Please s<strong>en</strong>d your work(s) by Email (word format, .jpeg, or photos<br />
in High Definition format) attached to your Email and before<br />
november 1st 2016.<br />
S<strong>en</strong>d it to lart<strong>en</strong>loire@gmail.com (lowercase L + art<strong>en</strong>loire…<br />
: watch out, this is the new e-mail of the mag). if you have<br />
some difficulties to s<strong>en</strong>d the message don’t hesitate to join<br />
Teklal Neguib (CHIEF EDITOR) on facebook facebook.com/<br />
teklalneguib or on twitter twitter.com/teklalneguib<br />
The issue 12 of L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> Loire will be published in december<br />
2016.<br />
Rule 7<br />
Please include a mini-autobiography in your Email, ev<strong>en</strong> if you<br />
have contributed before (for the <strong>ART</strong>ISTS page).<br />
Rule 8<br />
The differ<strong>en</strong>t calls of works:<br />
Section L.<strong>ART</strong><br />
Short text (maximum: 10 pages) / or 1 to 3 poems from a writer<br />
living/born in Brittany/Loire Atlantique (land around Nantes<br />
and Saint Nazaire)<br />
An article about cultural action/exhibit in Loire Atlantique or<br />
Brittany (5 pages maximum)<br />
Section Poesia<br />
3 poems, free subject<br />
Section Exploration Theme : special file: At the distant horizon<br />
Let be inspired by the horizon, its infinity, mother of all the possibilities.<br />
Magnifici<strong>en</strong>t landscapes, s<strong>en</strong>suality of a sunrise, last<br />
vew before death, the horizon is too the objective we fixe, the<br />
future we imagine... The horizon is a huge field of exploration,<br />
so explore it and its possibilities...<br />
1 to 3 poems<br />
a short text (5 pages maximum)<br />
article about an exhibit/artist who studies this topics<br />
photos (6 to 10) and /or paintings about this subject<br />
short film (maxi: 20 minutes)<br />
Section philosophia<br />
Article of philosophy on a philosophical topic (5 pages maximum)<br />
Section D’arbres et de pierres (Trees and stones)<br />
Art about place which could be nature, urban, or room<br />
A short text (10 pages maximum), free topic: an urban/rural/<br />
nature <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t or taking place in a definite room being the<br />
only constraint.<br />
1 to 3 poems about an urban/rural/nature <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t or taking<br />
place in a definite room<br />
a portfolio (6 to 10) of photos an urban/rural/nature <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t<br />
or taking place in a definite room<br />
a little play (10 pages maximum)<br />
Section theater/theatre<br />
Publication of a play already play/published or not. Could be<br />
published in 4 four parts (the curr<strong>en</strong>t issue and the followings).<br />
Exclusively in Fr<strong>en</strong>ch/English or Spanish (no translation) (20<br />
pages maximum per issue)<br />
Section Francophonia (bilingual possible)<br />
A short text (10 pages maximum), free subject<br />
1 to 3 poems, free topic<br />
Section Discovery (découverte)<br />
An article to review/introduce a book/film/artist fr<strong>en</strong>ch or non<br />
Fr<strong>en</strong>ch speaker you like
#12<br />
Décembre 2016 // December 2016