Votre Journal de Liège de juin 2018

Willy DEMEYER
Bourgmestre de Liège
Monsieur le bourgmestre, dans les
circonstances exceptionnelles qu’a
connues la Ville de Liège fin du mois
de mai, comment envisage-t-on la
résilience de Liège et de ses habitants
au lendemain d’un tel événement ?
Ma première pensée va évidemment à
Lucille, Soraya et Cyril et à leurs proches
qui sont aujourd’hui dans une peine
immense. Les autorités communales sont
bien conscientes du rôle déterminant
joué par les équipes pédagogiques et
la police le 29 mai. Un hommage leur
sera prochainement rendu.
Cette mobilisation des agents de service
public tous secteurs confondus ainsi que
de l’ensemble des policiers a permis à
notre ville de repartir de l’avant.
Les citoyens ont aussi joué un rôle important
dans ce contexte que ce soit lors de
l’hommage organisé dès le lendemain
des faits ou lors de la marche organisée
en mémoire des victimes.
En qualité de bourgmestre, je tiens
à rappeler que la mission de service
public de la Ville est d’être au service
de ses habitants. Cela doit se retrouver
dans toutes les fonctions qui permettent
le vivre ensemble.
Celui-ci s’exprime évidemment par
la culture, les valeurs qui sont celles de
notre ville et il se transmet également
à travers les missions d’éducation et de
citoyenneté de nos jeunes.
Cette mission de service au public inclut
la protection la population. Notre police
remplit cette fonction chaque jour avec
professionnalisme et détermination.
Je veille, avec le Collège de police,
au respect d’une police démocratique
qui va de pair avec des policiers bien
équipés et bien entraînés.
Les événements ont démontré l’utilité
des nombreux services et dispositifs de
sécurité mis en place à Liège.
Comment rassurer la population dans
un tel contexte ?
Nous avons la chance à Liège d’avoir
développé de nombreux services liés à la
sécurisation. Depuis 2000, un service de
l’administration travaille sur la sécurisation
des commerces et des lieux publics.
Dès 2009, nous avons élaboré un plan
de sécurisation de toutes les crèches de
la ville. En 2016, après les attentats de
Paris, ce service a mis au point, avec
la Police, des modules de formation
à destination des écoles, des salles de
spectacles et des galeries commerciales.
Le risque zéro n’existe pas et aucune
mesure matérielle n’arrête un auteur
déterminé. Partant de ce constat, nous
travaillons sur les comportements
à adopter, notamment en cas d’intrusion
armée. Savoir ce qui peut se passer,
comment agit la police en pareille
situation et quelle(s) réaction(s) adopter
est important.
On l’a vu au lycée Léonie de Waha,
ces formations sont utiles et permettent
en situation d’urgence de prendre
rapidement les mesures qui s’imposent
pour protéger et sécuriser le public.
Le service Cap Sécurité est disponible :
04 238 50 16
prevention.securisation@liege.be
La Ville de Liège se mobilise pour la mise en place rapide d'une salle de consommation à moindre risque pour les personnes toxicomanes.
Quelle est votre position sur cette initiative?
Jean-Claude
MARCOURT
Chef de groupe
La question de la toxicomanie est une
question délicate, la situation actuelle ne
contente personne : ni les personnes en
assuétude qui s’injectent des stupéfiants
dans des conditions d’hygiène déplorables,
ni les citoyens liégeois qui sont impactés
par les nuisances et dangers liés aux
comportements de manque, ni les policiers
et travailleurs sociaux démunis devant
une telle détresse. Devant ces constats,
le groupe socialiste, tous niveaux de
pouvoir confondus, se bat depuis des
années pour mettre sur pied une telle
initiative. Je tiens d’ailleurs à saluer à cet
égard le remarquable travail du Collège
qui permet à Liège de devenir le fer de
lance d’une nouvelle approche dans la lutte
contre la toxicomanie. L’objectif du projet
de salle de consommation à moindre risque
est double, il permettra d’une part de sortir
la consommation de stupéfiants de l’espace
public, et d’autre part, il permettra à toutes
ces personnes en situation de détresse et
d’assuétude de retrouver du lien social et
de la dignité grâce à l’accompagnement
social et sanitaire prévu. Enfin, ce projet
ne doit pas être considéré comme un
point d’arrivée mais comme le point de
départ d’une démarche plus large de
lutte contre les assuétudes, la précarité et
le sans-abrisme, lutte essentielle, pour
nous socialistes, au développement du
vivre-ensemble à Liège.
Christine
DEFRAIGNE
Cheffe de groupe
À Liège, approximativement 4.000 personnes
se droguent dont 2000 héroïnomanes.
Bon nombre se piquent dans l’espace public.
Une salle de shoot, c’est une initiative que
nous soutenons, mais avec des balises.
Liège doit continuer à agir et développer des
programmes pour l’ensemble des problèmes
liés à la drogue (prévention pour nos enfants,
lutte contre le trafic, notamment de rue, aide
aux familles, etc.).
Par ailleurs, pour la réussite de l’expérience,
un comité d’accompagnement doit être
mis en place afin d’assurer un suivi concret
et efficace. Nous ne voulons en aucun cas
déplacer le problème de la rue à la salle, mais
bien aider ces personnes et les resocialiser.
De plus, il est indispensable de se poser
la question : la distribution de seringues et
les produits délivrés ne provoqueront-ils pas
un appel d’air ?
Une évaluation de l’expérience est donc
nécessaire pour l’éviter. Il faut également
négocier un stand till avec les autorités
judiciaires afin qu’il n’y ait pas de poursuites
en rapport à ces salles de consommation
spécifiques car on va distribuer des produits
stupéfiants visés par la loi de 1921. Enfin,
le coût d’un tel projet n’est pas négligeable,
une salle de shoot ne peut se faire au détriment
d’autres fonctions.
Benoit
DRÈZE
Conseiller
communal
Comme président de la Fondation TADAM,
je me réjouis du soutien unanime du Conseil
communal de Liège au projet de salle de
consommation à moindre risque.
Au Parlement wallon, j’ai été le porteur
d’une résolution votée à l’unanimité (moins
une abstention) le 23 mai dernier, avec le
soutien de mes collègues Christine Defraigne
et Alain Onkelinx. Ce feu vert de la Région
wallonne, en particulier celui de la ministre
de l’Action sociale et de la Santé, Alda Greoli,
est déterminant.
Ma conviction est faite depuis une visite
parlementaire en Suisse en 2005. Liège adhère
totalement aux quatre piliers du modèle suisse
de lutte contre la toxicomanie : la prévention,
la répression, la thérapie et la réduction des
risques. Ce modèle repose sur l’adhésion de
tous les acteurs concernés : milieux médicaux
et sociaux, police, justice, autorités publiques.
Comme humanistes, les conseillers communaux
cdH sont attachés au lien social que la salle
représentera pour les toxicomanes qui s’y
rendront. Ils pourront y bénéficier d’un
réseau d’intervenants sociaux et médicaux
pour les aider à s’en sortir et renouer avec
la vie sociale. Liège est précurseur et ouvre
la voie pour d’autres grandes villes belges,
telles Charleroi, Namur, Bruxelles et Anvers.
Nous pouvons en être fiers !
Caroline
SAAL
Cheffe de groupe
En tant que consultante dans la prévention
des usages de drogues problématiques,
je soutiens la création des salles de
consommation, que le secteur toxicomanie
attend depuis 20 ans.
Elles ont fait leur preuve, et il est déplorable
que des pratiques de santé demeurent
illégales. Ecolo a d’ailleurs été à la pointe
sur ce sujet, ayant rendu différents avis et
propositions à d’autres niveaux de pouvoir.
Aujourd’hui, il importe de garantir la
durabilité du projet dans le temps pour
éviter un arrêt brutal, qui laisserait "à la
rue" les usagers sans plus aucune structure.
Pour aider les personnes qui ont des
consommations de drogues à risques
ou une dépendance, il importe d’avoir un
éventail de solutions différentes. Le travail
sur le contexte de vie des personnes est
primordial.
C’est pourquoi, concernant les usages
de drogues en rue, Ecolo demande aussi
de renforcer l’accès bas seuil au relogement
et des infirmiers de rue, qui recréent du
lien avec un public très éloigné des soins
de santé.
Sophie LECRON
Cheffe de groupe
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François SCHREUER
Chef de groupe
VEGA privilégie, sur tous les enjeux de
santé publique, les approches pragmatiques
visant à la réduction des risques. Nous
appuyons donc l'initiative, tout en insistant
sur le renforcement nécessaire des politiques
de prévention et d’accompagnement à
la sortie des assuétudes toxicomanes.
Nous nous inquiétons également
qu'une fois de plus il revienne à la Ville de
financer (seule ?) un service qui devrait
relever d'un niveau de pouvoir supérieur.
Nous appelons enfin à mettre un terme
à la criminalisation des consommateurs de
drogues car cette politique précarise, met
en danger et pousse vers la délinquance —
tout en soutenant de fait le crime organisé.
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