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Automne 2017<br />
LA REVUE DU FELLOWSHIP NATIONAL<br />
500 ans et au-delà : l’héritage de<br />
la Réforme<br />
Les mots clés théologiques dans les<br />
missions interculturelles<br />
EN VÉRITÉ<br />
LA THÉOLOGIE DANS LES TRANCHÉES
Le mot du président<br />
LA THÉOLOGIE DANS LES<br />
TRANCHÉES<br />
Steve Jones<br />
LE MOT DU PRÉSIDENT<br />
Cette année a marqué plusieurs anniversaires : le 500 e anniversaire de la Réforme, le 150 e anniversaire du Canada, le<br />
100 e anniversaire de la bataille de la crête de Vimy.<br />
En avril 1917, des dizaines de milliers de soldats canadiens ont pris la crête de Vimy d’assaut et ont remporté la victoire<br />
en trois jours, alors que deux années de bataille n’avaient pas permis aux Français ni aux Britanniques d’être vainqueurs.<br />
L’Armée canadienne est ressortie victorieuse grâce à une bonne et exhaustive planification, l’ouverture à écouter un bon<br />
nombre d’officiers, l’excellente formation, et surtout, la foi qui animait ces soldats selon laquelle ils se battaient pour<br />
une juste cause. Des hommes ont péri, mais les pertes ont été négligeables. Mon fils et moi avons passé une journée ensemble<br />
pour visiter le cimetière militaire de Vimy ; nous avons éprouvé de la reconnaissance en ce jour de réflexion.<br />
Les conflits : nous pensons souvent à la douleur qui accompagne les conflits, mais qu’en est-il des avantages ? De bonnes<br />
choses peuvent provenir des conflits ; ils peuvent nous fortifier et nous rendre plus forts.<br />
Le vote du 14 novembre 2017<br />
Pendant trois ans, nous avons effectué une démarche, pilotée par notre Conseil national, pour discuter et nous prononcer<br />
sur le fait que nos Églises s’accorderaient à s’associer avec des Églises qui acceptent comme membres de leurs<br />
congrégations des croyants baptisés selon un autre mode que celui de l’immersion. C’est ainsi que nous avons discuté,<br />
débattu, écrit et prié : et nous demandons maintenant à Dieu sa sagesse lorsque nous voterons ensemble sur cette<br />
question.<br />
J’ai été encouragé par la manière empreinte de grâce par laquelle nous nous sommes comportés pendant nos débats sur<br />
VIVRONS-NOUS PAISIBLEMENT<br />
APRÈS LA DÉCISION FINALE ?<br />
cette question. En tant que Fellowship d’Églises, nous devons être capables de discuter et de débattre sur des questions<br />
théologiques.<br />
Quel sera notre comportement après ce vote ? Lorsque surviennent les conflits, nous devrions tenir un miroir. Avant de<br />
blâmer quelqu’un, nous devons nous regarder honnêtement.
essor-rbe.ca l’essor / 3<br />
Le verset 10a de Proverbes 13 souligne : « C’est seulement par présomption que l’on<br />
provoque une brouille […] ». Le fait de vous regarder dans un miroir permet à Dieu de<br />
vous aider à jeter un profond regard en vous-mêmes. Quelle est la motivation dans ce<br />
conflit ? Quel est le piège qui le sous-tend ? Nous avons consacré trois longues années<br />
à débattre de cette question. Après le vote, continuons donc à progresser lentement<br />
lorsque nous discutons de cette question les uns avec les autres. Les mots peuvent blesser.<br />
La Bible nous met en garde qu’il est stupide de s’extérioriser impulsivement : « Tout<br />
homme prudent agit avec connaissance […] » (Proverbes 13.16a) et « L’insensé étale tous<br />
ses sentiments, mais le sage se retient de montrer les siens. » (Proverbes 29.11) Je crois<br />
que c’est Abraham Lincoln qui a dit : « Même le stupide, quand il se tait passe pour sage. »<br />
Proverbes 17.28 est le texte avéré de ce sage conseil.<br />
Alors, entendons-nous de ne permettre qu’aucune conversation malsaine (Éphésiens<br />
4.29) n’envenime notre discours après le vote. Contribuons donc à être en paix avec tous<br />
(Romains 12.18), motivés par le désir d’expérimenter ensemble « […] la sagesse d’en haut<br />
est d’abord pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante […]. Le fruit de la justice est<br />
semé dans la paix par les artisans de paix. » Jacques 3.17-18.<br />
Mettons l’accent sur la réconciliation plutôt que sur la résolution. Il est souvent impossible<br />
de tout régler. Nous pouvons être en désaccord sans toutefois être désagréables.<br />
Nous pouvons être dans l’unité sans nécessairement être uniformes. Nous pouvons<br />
marcher main dans la main sans avoir la même opinion à propos de tout. Nous devons<br />
nous réconcilier sans avoir à tout régler. Christ nous a appelés au ministère de la réconciliation<br />
(2 Corinthiens 5.8), qui suscite l’espérance, l’optimisme, et nous lie les uns aux<br />
autres.<br />
Il y a dix ans, j’ai entendu le général Colin Powell, conférencier lors d’un événement.<br />
Voici deux phrases qu’il a prononcées : « D’abord, éviter la guerre pourvu que ce soit possible.<br />
C’est un signe de défaite. Ensuite, dans l’armée, les officiers recherchent les facteurs<br />
multiplicateurs de force : le terrain, le temps qu’il fait, l’équipement, l’artillerie, et les facteurs<br />
mathématiques qui pourraient multiplier leur force. » Il a déclaré que l’optimisme<br />
perpétuel était un facteur multiplicateur de force dans toute organisation. Il y a cent ans,<br />
l’armée canadienne a tiré avantage d’une série de facteurs multiplicateurs de forces et a<br />
ainsi expérimenté la victoire et la paix qui s’en est suivie.<br />
Souvenons-nous de l’appel au ministère de la réconciliation que nous avons reçu lorsque<br />
nous nous rassemblerons pour voter et ensemble, assumons-en les conséquences. Je<br />
conclus avec une dernière pensée provenant de l’intéressant verset de Jacques 3.18<br />
(Colombe) :<br />
« Le fruit de la justice est semé dans la paix par les artisans de la paix. »<br />
Steve Jones est président du<br />
Fellowship d’Églises Baptistes<br />
Évangéliques au Canada.<br />
Suivez Steve sur<br />
Twitter @FellowshipSteve<br />
(en anglais)<br />
Le président du Fellowship, Steve Jones
4 / l’essor Automne 2017<br />
14 LA GUERRE DES BAPTISTES<br />
DES ANNÉES 20<br />
VOICI LE VERSET THÉMATIQUE DU<br />
FELLOWSHIP EN 2017 :<br />
« […] SOYEZ ENRACINÉS<br />
ET FONDÉS EN LUI,<br />
AFFERMIS DANS<br />
LA FOI D’APRÈS<br />
LES INSTRUCTIONS<br />
QUI VOUS ONT ÉTÉ<br />
DONNÉES, ET ABONDEZ<br />
EN ACTIONS DE<br />
GRÂCE. »<br />
COLOSSIENS 2.7 (COLOMBE)<br />
2 LE MOT DU PRÉSIDENT<br />
LA THÉOLOGIE DANS LES TRANCHÉES : Steve Jones<br />
5 EN VÉRITÉ<br />
500 ANS ET AU-DELÀ : L’HÉRITAGE DE LA<br />
RÉFORME : Barry Howson<br />
POURQUOI J’AI RENONCÉ À MON PERMIS DE CÉLÉBRER LES<br />
MARIAGES : David Barker<br />
POURQUOI JE CONSERVE MON PERMIS DE CÉLÉBRER LES<br />
MARIAGES : Jonathan Stairs<br />
8 LÀ-BAS<br />
LA THÉOLOGIE AFRICAINE CHRÉTIENNE EST<br />
FLORISSANTE ! : Andrew Wildsmith<br />
LES MOTS CLÉS THÉOLOGIQUES DANS LES MISSIONS<br />
INTERCULTURELLES : Mark Naylor<br />
10 L’AMOUR RÉPANDU<br />
ESPOIR DE DEMAIN : Norman Nielsen<br />
© Le Fellowship d’Églises Baptistes<br />
Évangéliques au Canada<br />
CENTRE DES MINISTÈRES :<br />
P.O. Box 457, Guelph ON N1H 6K9<br />
TÉLÉPHONE : 519 821-4830<br />
TÉLÉCOPIEUR : 519 821-9829<br />
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NOTRE MISSION : L’Essor est la revue officielle du Fellowship<br />
d’Églises Baptistes Évangéliques au Canada. Elle a pour objectif<br />
d’édifier et d’encourager les dirigeants pastoraux et les membres des<br />
Églises locales du Fellowship en publiant des articles et des nouvelles,<br />
reflétant nos valeurs évangéliques et favorisant une identité<br />
et une vision communes parmi les Églises. L’Essor est publié<br />
trois fois l’an et est disponible tant en anglais qu’en français.<br />
12 SUR LE TERRAIN<br />
ÊTES-VOUS DANS UNE SECTE ? : Michel Michel Habib<br />
AU NOM DE JÉSUS : Garry Francis, Jim Drennan et Peter King<br />
Nouvelle Bible d’étude<br />
14 EN VÉRITÉ<br />
LA GUERRE DES BAPTISTES DES<br />
ANNÉES 20 : Michael A. G. Haykin<br />
DIRECTRICE DE RÉDACTION : Valerie Heaton ÉDITRICE POUR L’ÉDITION FRANÇAISE : Danielle Robidoux<br />
RELECTRICE : Sarah Provost CONCEPTION GRAPHIQUE : Big Footprints Inc. MANUSCRITS : Faites parvenir vos articles<br />
à Danielle Robidoux, éditrice, Le Centre des ministères, P.O. Box 457 Guelph ON N1H 6K9, Tél. :519 821-4830.<br />
Téléc. : 519 821-9829, Courriel : ebfrancais@fellowship.ca<br />
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correspondance ne pouvant être livrée au Canada à notre Service aux abonnés : P.O. Box 457, Guelph, ON N1N 6K9<br />
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essor-rbe.ca<br />
En Vérité<br />
EN VÉRITÉ : THÉOLOGIE ET TENDANCES<br />
POURQUOI J’AI<br />
RENONCÉ À MON<br />
PERMIS DE CÉLÉBRER<br />
LES MARIAGES<br />
David Barker<br />
Le 31 octobre 2016, un responsable du Bureau des<br />
mariages de la province de l’Ontario m’a informé<br />
que je n’avais plus la reconnaissance des titres de<br />
compétence pour célébrer les mariages. J’avais fait<br />
une demande à FEB Central pour que mon permis<br />
de célébrer les mariages en Ontario soit retiré et<br />
annulé. Et oui, je suis toujours un ministre du culte<br />
du Fellowship.<br />
Avec la définition élargie du mariage au Canada, je<br />
trouvais de plus en plus difficile de servir en tant que<br />
fonctionnaire provincial. Je ressens ce malaise de<br />
servir l’état, particulièrement lorsque sa définition<br />
du mariage se trouve en dehors de ce que je crois que<br />
les Écritures enseignent. Dans le passé, en tant que<br />
pasteurs ordonnés, nous avons servi en tant que fonctionnaires<br />
avec bonheur, à une époque où les points<br />
de vue traditionnels de l’Église à propos du mariage<br />
(hétérosexuel et monogame) étaient la loi ; il n’en est<br />
plus ainsi.<br />
En conséquence, je suis parvenu à la conclusion qu’il<br />
était temps que je rende mon matricule et que je<br />
permette aux commissaires de faire leur travail. En<br />
tant que pasteurs, nous pouvons quand même offrir<br />
de l’aide psychologique et célébrer des mariages à<br />
l’église, une fois les documents signés.<br />
Pour être précis, il s’agit pour moi d’un cas de<br />
conscience, qui n’est pas la position officielle de<br />
l’Heritage College and Seminary, et beaucoup d’entre<br />
nous ici à ce séminaire choisiront de demeurer<br />
accrédité.<br />
Le mariage est sacré et très bien défini dans les<br />
Écritures. Sans doute ma protestation tranquille et<br />
sûrement inaperçue de la part des instances supérieures,<br />
demeurera une petite voix qui affirme que<br />
cette institution sacrée et fondamentale constitue la<br />
volonté de Dieu sur terre.<br />
— David Barker est professeur des études de l’Ancien<br />
Testament et pastorales à l’Heritage College<br />
and Seminary à Cambridge en Ontario. Il a été pasteur<br />
de plusieurs Églises du Fellowship notamment<br />
à London, à Kitchener et ailleurs. À l’heure actuelle,<br />
il est à l’œuvre au détachement spécial de la politique<br />
sur la sexualité humaine et sur le mariage au<br />
Fellowship national.<br />
POURQUOI JE CONSERVE MON<br />
PERMIS DE CÉLÉBRER LES<br />
MARIAGES<br />
Jonathan Stairs<br />
Le jour approche au Canada où le gouvernement exigera des membres<br />
du clergé dûment accrédités, qu’ils célèbrent également le mariage<br />
de personnes différent de celui d’un homme et d’une femme. Nous devrions<br />
prier pour qu’un tel jour n’arrive pas. Voici certains motifs pour<br />
lesquels, nous, pasteurs, ne devrions pas abandonner notre rôle d’autorité<br />
de célébrants du mariage jusqu’à ce que nous soyons forcés de célébrer<br />
des mariages non bibliques :<br />
1) Notre participation à des institutions ordonnées par Dieu : le<br />
mariage a été la première institution ordonnée, Dieu en a été le premier<br />
célébrant et le premier témoin (Genèse 2.18-22). Imitateurs de<br />
Dieu (Éphésiens 5.1) nous devrions donc faire partie de l’œuvre de<br />
Dieu en unissant le mari et la femme, que ce soit deux croyants ou<br />
deux incroyants.<br />
2) Nous sommes les gardiens de la vérité : appui et pilier de la<br />
vérité (1 Timothée 3.15), l’Église doit parler avec autorité sur les<br />
questions qui touchent profondément notre société.<br />
3) Nous proclamons l’Évangile : puisque le mariage est si intrinsèquement<br />
lié à l’Évangile (Éphésiens 5.22-33), en tant que ministres<br />
de l’Évangile, nous devons faire partie de cette cérémonie tant pour<br />
les croyants que pour les incroyants.<br />
4) Nous encourageons les courageux : beaucoup de nos Églises<br />
sont aux premières lignes de la folie sur le plan moral et éthique.<br />
Les professionnels chrétiens, en médecine, en droit et en politique<br />
sont constamment poussés à faire des compromis concernant leurs<br />
convictions. En tant que berger, comment puis-je appeler les gens à<br />
être courageux concernant leurs convictions bibliques si je ne suis<br />
pas désireux de l’être moi-même ?<br />
5) Nous nous levons devant nos prédécesseurs : au troisième<br />
siècle, Claude, l’empereur romain a banni le mariage pour affaiblir<br />
les liens familiaux et recruter davantage de soldats. Le prêtre<br />
Valentin a célébré le mariage de jeunes couples dans l’Église clandestine.<br />
Il a été capturé et décapité pour avoir défendu concrètement<br />
le mariage. Tout comme Valentin, je crois qu’il vaut la peine<br />
de mourir pour avoir défendu le mariage.<br />
6) Nous voulons suivre Jésus : malgré le fait que son cousin ait<br />
perdu la tête pour avoir parlé en public contre le mariage illégitime,<br />
Jésus s’est lancé dans une controverse relative au mariage auprès<br />
des autorités judiciaires de son époque (Matthieu 19.1-9). En tant<br />
que disciples de Jésus, ne devrions-nous pas nous mobiliser auprès<br />
des autorités judiciaires de notre époque à propos du mariage ?<br />
Jésus a parlé activement à propos du désordre du mariage lors de son<br />
premier miracle relaté au deuxième chapitre de l’Évangile de Jean. Je<br />
crois qu’affronter le désordre et se sacrifier ainsi à la défense du mariage<br />
est l’appel que les bergers ont reçu et ils doivent agir en conséquence !<br />
— Le Révérend Jonathan E. Stairs est pasteur principal à la Temple<br />
Baptist Church à Cambridge en Ontario.
Automne 2017<br />
500<br />
SOLA SCRIPTURA :<br />
L’ÉCRITURE SEULE<br />
SOLA FIDE :<br />
LA FOI SEULE<br />
SOLA GRATIA :<br />
LA GRÂCE SEULE<br />
EN VÉRITÉ<br />
SOLUS CHRISTUS :<br />
CHRIST SEUL<br />
SOLI DEO GLORIA :<br />
À LA SEULE GLOIRE DE DIEU
essor-rbe.ca<br />
l’essor / 7<br />
ANS ET AU-DELÀ :<br />
L’HÉRITAGE DE LA RÉFORME<br />
Barry Howson<br />
Le 500 e anniversaire de la Réforme<br />
présente un bon moment de réflexion<br />
sur l’importance de l’Église de<br />
Jésus-Christ aujourd’hui. Au XV e siècle,<br />
l’Église s’était égarée dans son enseignement<br />
dans trois domaines : l’autorité<br />
unique des Écritures, la justification<br />
par la foi seule et le sacerdoce des<br />
croyants.<br />
Tous les réformateurs importants :<br />
Martin Luther, Ulrich Zwingli et Jean<br />
Calvin, ont soutenu que tout chrétien<br />
était un prêtre devant Dieu, puisque<br />
Jésus-Christ est le seul médiateur<br />
entre Dieu et les hommes. Ce qui était<br />
contraire à l’enseignement des catholiques<br />
romains, qui préconisait la médiation<br />
d’un prêtre pour venir à Dieu,<br />
surtout en ce qui a trait au pardon des<br />
péchés. Pour les réformateurs, la doctrine<br />
catholique de la prêtrise diminuait<br />
l’œuvre de Christ et encourageait<br />
le salut par les œuvres enracinés par<br />
cette théologie des sacrements.<br />
De plus, tous les réformateurs importants<br />
annoncèrent la justification par<br />
la foi seule en la personne et l’œuvre de<br />
Jésus-Christ. Nous considérons souvent<br />
Martin Luther comme le premier à avoir<br />
adopté cette croyance vers 1517, avec<br />
la rédaction de ses quatre-vingt-quinze<br />
thèses. Pendant plusieurs années avant<br />
cette publication, les sermons de Luther<br />
avaient porté sur les Psaumes et sur les<br />
épîtres aux Romains et aux Galates. Il est<br />
probable que son épiphanie spirituelle<br />
et sa découverte de la justification par<br />
la foi soient survenues juste après la rédaction<br />
de ses thèses. Avant celle-ci, son<br />
interprétation de Romains 1.17 se lisait<br />
ainsi : l’Évangile suscitait la justice de<br />
Dieu contre nous, pour notre condamnation.<br />
Non seulement la loi de Moïse<br />
nous condamnait-elle, mais il en était de<br />
même pour l’Évangile. Ce qu’il a compris<br />
par son étude des Écritures, et plus<br />
particulièrement par celle de l’épître<br />
aux Romains, c’est que l’Évangile ne suscitait<br />
pas la justice de Dieu contre nous,<br />
mais bien pour nous. Il s’agit du don<br />
gratuit de Dieu pour nous qui sommes<br />
des pécheurs injustes, pour que nous<br />
devenions ainsi justes à ses yeux. C’est<br />
par la grâce de Dieu que nous pouvons<br />
être libres de toute condamnation et que<br />
nous pouvons profiter de sa présence<br />
éternelle. Tel est l’effet de la Réforme que<br />
nous soulignons généralement comme<br />
étant la plus importante pour nous<br />
aujourd’hui.<br />
Je suis entièrement d’accord avec le fait<br />
que la justification par la foi seule soit<br />
une vérité indispensable. Cependant, je<br />
crois que le concept le plus important<br />
issu de la Réforme est la reconnaissance<br />
de deux concepts fondamentaux établis<br />
par Martin Luther et les autres réformateurs<br />
: l’unique autorité des Écritures.<br />
La formation de Martin Luther avait<br />
comblé son esprit d’un alliage des<br />
Écritures à celle de la tradition qui<br />
s’était propagée dans l’Église au fil des<br />
siècles, semblable à celle des pharisiens<br />
de souche. Si elle n’était pas établie par<br />
principe, la tradition l’était au moins<br />
en pratique, et constituait leur autorité.<br />
Au fur et à mesure que Luther enseignait<br />
sur les Écritures, il s’est rendu<br />
compte que même si l’Écriture avait<br />
une place prépondérante, elle était<br />
contredite par la tradition. Luther l’a<br />
compris davantage après 1517, lorsqu’il<br />
a entamé les débats avec les exégètes<br />
catholiques romains. Sa rupture véritable<br />
d’avec l’Église catholique a eu<br />
lieu en 1520, lors de la diète de Worms,<br />
lorsqu’il a compris que l’Église ne se<br />
réformerait jamais, parce qu’elle ne<br />
renoncerait jamais à l’autorité de ses<br />
traditions, et ainsi réduisait dans son<br />
essence l’enseignement fondamental<br />
des Écritures. L’importance de l’autorité<br />
de la Parole sur toute autre chose<br />
a été fondatrice tant pour Zwingli que<br />
pour Calvin, y compris les anabaptistes<br />
suisses Conrad Grebel, Michael Sattler<br />
et Félix Mainz.<br />
En 2017, tant la croyance en l’autorité<br />
exclusive de la Parole que la justification<br />
par la foi seule subissent des<br />
attaques souvent insidieuses. Telle est<br />
la façon de procéder du diable qui affaiblit<br />
l’Église lentement, mais sûrement.<br />
En tant que Fellowship d’Églises et de<br />
croyants, nous devons faire preuve de<br />
vigilance, et de toujours nous assurer<br />
que ces vérités issues de la Réforme<br />
demeurent consciemment des priorités,<br />
et ne pas permettre qu’elles soient<br />
diminuées d’aucune manière. Que le<br />
Seigneur nous donne le courage et<br />
la force de demeurer fermes : parce<br />
que ce n’est que par ces vérités que les<br />
gens sont véritablement sauvés et que<br />
l’Église glorifie notre Dieu.<br />
—Barry Howson est le directeur des<br />
études de l’Heritage College and<br />
Seminary à Cambridge en Ontario.<br />
« […] NOUS DEVONS FAIRE PREUVE DE VIGILANCE, ET DE TOUJOURS NOUS AS-<br />
SURER QUE SES VÉRITÉS ISSUES DE LA RÉFORME DEMEURENT CONSCIEMMENT<br />
DES PRIORITÉS […] »
Là-bas Automne 2017<br />
LA THÉOLOGIE<br />
AFRICAINE CHRÉTIENNE EST<br />
FLORISSANTE !<br />
Andrew Wildsmith<br />
NOMMEZ L’UNE DES IMPORTANTES<br />
LEÇONS DE LA VIE DE JOSEPH.<br />
LES CHRÉTIENS OCCIDENTAUX<br />
INDIVIDUALISTES SERAIENT TENTÉS<br />
DE DIRE : « IL A RÉSISTÉ AU PÉCHÉ<br />
AVEC LA FEMME DE POTIPHAR. »<br />
UNE RÉPONSE TYPIQUEMENT<br />
AFRICAINE, CENTRÉE SUR LA FAMILLE<br />
SE LIRAIT AINSI : « JOSEPH N’A<br />
JAMAIS OUBLIÉ SA FAMILLE. » LES<br />
DEUX RÉPONSES SONT VRAIES, MAIS<br />
DIFFÉRENTES PUISQUE SES LECTEURS<br />
CONTEXTUALISENT LA BIBLE.<br />
LÀ-BAS : LE FELLOWSHIP À L’ÉTRANGER<br />
La Bible est la Parole de Dieu, et la théologie, nos<br />
mots contextualisés à l’égard de Dieu. Lorsque les<br />
missionnaires occidentaux sont arrivés en Afrique,<br />
ils ont traduit la Bible dans les langues africaines et<br />
ont enseigné la seule théologie dont ils disposaient.<br />
Cependant, même la meilleure théologie occidentale<br />
n’était pas contextualisée et ne pouvait pas enseigner aux<br />
chrétiens africains la manière de surmonter la peur de<br />
leurs ancêtres : pourquoi la mutilation génitale féminine<br />
était-elle mal, et comment Jésus était-il à la fois Dieu et<br />
fils de Dieu, parce que les fils ont un statut moindre que<br />
leur père, même dans la mort. Les théologiens africains<br />
de tous acabits aspirent toujours à trouver des solutions<br />
chrétiennes à ces questions et à tant d’autres questions<br />
pastorales africaines pour permettre à la théologie<br />
pratique des croyants de devenir à la fois pleinement<br />
chrétienne et authentiquement africaine. Pour les évangéliques,<br />
la Bible est la source de toutes les solutions de<br />
Dieu, et la théologie africaine exprime ces solutions.<br />
En tant que genre particulier, la théologie chrétienne<br />
africaine a vu le jour à la fin des années 50 et 60, chez les<br />
Africains œcuméniques et catholiques romains. Les évangéliques,<br />
dirigés par Byang Kato, ont commencé à écrire<br />
dans les années 70. Une partie<br />
de cette influence est le Scott’s<br />
Africa Journal of Evangelical Theology<br />
(fondé en 1982), dont je suis l’actuel rédacteur en chef.<br />
Faites une recherche sur Google à l’aide des mots-clés<br />
suivants : the Africa Study Bible (2017), Africa Bible<br />
Commentary, aux éditions Adeyemo (2009), African<br />
Christian Theology (2012) et African Christian Ethics<br />
(2008) de Kunhiyop pour trouver<br />
des exemples de la théologie évangélique<br />
africaine florissante.<br />
— Andrew Wildsmith est missionnaire<br />
auprès du Fellowship<br />
à l’étranger, à l’œuvre au Scott<br />
Theological Seminary au Kenya en<br />
Afrique.
essor-rbe.ca<br />
l’essor / 9<br />
LES MOTS CLÉS THÉOLOGIQUES DANS LES<br />
MISSIONS INTERCULTURELLES Mark Naylor<br />
Les perspectives divergentes sur la<br />
contextualisation sont à l’origine<br />
des controverses actuelles liées aux<br />
missions interculturelles. Cette dernière<br />
se définit comme « La modalité<br />
d’apprentissage de l’expression d’un<br />
christianisme authentique et socio<br />
culturellement convenable. » 1 Nous<br />
considérons les différences selon nos<br />
propres perspectives façonnées par<br />
notre propre culture, si bien que les<br />
limites entre ce qui constitue les expressions<br />
tant de la foi chrétienne que<br />
celles de la théologie qui sont convenables<br />
et celles qui ne le sont pas sont<br />
souvent débattues.<br />
Les adeptes des mouvements de l’intérieur<br />
maintiennent qu’il est possible<br />
pour des gens d’être des disciples<br />
obéissants de Christ tout en conservant<br />
l’identité d’une autre religion. 2<br />
D’autres soutiennent qu’à l’instar des<br />
juifs messianiques, les musulmans<br />
et les hindous peuvent être authentiques<br />
et fidèles à Jésus tout en conservant<br />
leur identité religieuse. D’autres<br />
souligneront leurs incompatibilités<br />
avec la foi chrétienne et remettent en<br />
question le maintien de la préservation<br />
de l’intégrité de la vérité biblique.<br />
En 2012, l’organisme Wycliffe Bible<br />
Translators a fait l’objet de critiques<br />
lorsque certains de ses traducteurs ont<br />
décidé de remplacer certains mots relatifs<br />
au père et à Jésus pour tenir compte<br />
de leur lectorat musulman qui leur<br />
attribuait une connotation de relation<br />
biologique. Les traducteurs ont commencé<br />
à utiliser différentes métaphores,<br />
qui souhaitaient-ils, résulteraient en une<br />
compréhension plus juste du message<br />
biblique. 3 Cette approche a engendré<br />
une vive opposition. Bien qu’une décision<br />
définitive ait été prise favorisant<br />
l’usage d’une langue familière, la controverse<br />
demeure à cet effet.<br />
Les théologies contextuelles en tant<br />
qu’expressions de foi surviennent<br />
lorsque les gens s’investissent dans<br />
la Parole de Dieu dans leur propre<br />
contexte tant culturel qu’historique 4 .<br />
Ainsi, la majorité des gens ont perçu la<br />
vie selon les valeurs fondées sur le filtre<br />
de la honte et de l’honneur plutôt que<br />
sur celui de la culpabilité et l’innocence,<br />
plus répandu en occident. Les<br />
expressions de l’Évangile qui traitent<br />
de la honte et de l’honneur diffèrent du<br />
modèle occidental de la substitution<br />
pénale et sont perçues comme contradictoires<br />
avec les formulations théologiques<br />
traditionnelles.<br />
Ces controverses démontrent ainsi tout<br />
le sérieux avec lequel les missionnaires<br />
considèrent la tâche de présenter Jésus<br />
dans les cultures de manières pertinentes<br />
tout en préservant leur intégrité<br />
à la Parole de Dieu.<br />
— Mark Naylor<br />
est coordonnateur<br />
du rayonnement<br />
de la<br />
direction pastorale<br />
au sein<br />
du Fellowship à<br />
l’étranger.<br />
1<br />
Kraft, CH 1996. Anthropology for Christian Witness. Maryknoll: Orbis. P.376 (traduction libre)<br />
2<br />
Travis, JJ & Talman, H 2015. Understanding Insider Movements: Disciples of Jesus Within Diverse Religious Communities. Pasadena: William Cary Lib. (Traduction libre)<br />
3<br />
Une brève description de cette controverse se trouve dans l’ouvrage de Naylor, M. 2016. « Consequences of the Divine Familial Terms controversy in Bible<br />
Translation: A Neglected Voice Speaks Out » in Controversies in Mission: Theology, People, and Practice of Mission in the 21st Century, Scheuermann & Smither (Eds),<br />
Pasadena: William Carey Lib. (traduction libre)<br />
4<br />
Schreiter, RJ 1985. Constructing Local Theologies. Maryknoll : Orbis. (Traduction libre)
L’amour répandu<br />
Automne 2017<br />
LA GUÉRISON AUJOURD’HUI,<br />
L’ESPOIR<br />
DE DEMAIN<br />
Norman Nielsen<br />
L’AMOUR RÉPANDU<br />
Les réfugiés adultes doivent affronter l’instabilité, le<br />
désespoir et la peur, qui est chose difficile. Mais en tant<br />
qu’enfant, ces réalités peuvent avoir de graves conséquences<br />
sur leur avenir. D’innombrables enfants réfugiés<br />
doivent ainsi surmonter leur désespoir quotidien. Au<br />
milieu d’une telle incertitude, où peuvent-ils trouver du<br />
réconfort ?<br />
Le Clementia Learning Center de Kesserwen procure un<br />
environnement sécuritaire et stable d’apprentissage aux<br />
réfugiés comme aux enfants défavorisés au Liban depuis<br />
2014. Beaucoup d’enfants ne peuvent fréquenter l’école,<br />
étant donné leurs aptitudes et leur soutien financier<br />
restreint, les limites d’âge ou la discrimination, ce qui<br />
permet aux établissements comme le Clementia de jouer<br />
un rôle fondamental. Voici les paroles d’un enfant de dix<br />
ans, réfugié d’Alep :<br />
« SANS LE CLEMENTIA, JE NE POUR-<br />
RAIS PAS TRAVAILLER À PRÉSENT. LA<br />
GUERRE EN SYRIE M’A EMPÊCHÉ DE<br />
FRÉQUENTER L’ÉCOLE ET JE N’AI PU<br />
ÊTRE ACCEPTÉ À L’ÉCOLE PUBLIQUE<br />
AU LIBAN. MAINTENANT, JE SUIS<br />
DONC CONTENT DE POUVOIR AP-<br />
PRENDRE À LIRE ET À ÉCRIRE. »<br />
En plus d’offrir un environnement propice à l’apprentissage,<br />
le Clementia permet la guérison des enfants<br />
meurtris qui ont vu la guerre et ses réalités de très près.<br />
Soutenus d’une manière aimante par le personnel et les<br />
enseignants, les élèves bénéficient également de la présentation<br />
de la puissance guérissante de Christ.<br />
Au cours de la dernière année scolaire, le Clementia a accueilli<br />
soixante élèves à temps plein. Malheureusement,<br />
vingt autres candidats ont dû être refusés faute de places<br />
et de fonds. Les membres de la direction de cet établissement<br />
sont animés du désir de voir 120 étudiants inscrits<br />
au total dans son programme. Cette augmentation exigera<br />
des modifications au bâtiment actuel de ce centre. Cet<br />
agrandissement non seulement améliorera la capacité du<br />
centre d’héberger le nombre croissant d’élèves, mais également<br />
apportera des améliorations aux installations.<br />
L’objectif : 120 000 $<br />
Espoir de demain vise à recueillir 120 000 $ pour bénir le<br />
Clementia Learning Centre ainsi que les enfants avec lesquels<br />
ils travaillent. Les fonds recueillis soutiendront le<br />
projet d’expansion des installations de ce centre, et une<br />
portion supplémentaire de ces fonds servira à bénir particulièrement<br />
les enfants au moyen de fournitures scolaires.<br />
En effet, les enfants qui ont fui leur pays d’origine<br />
n’ont pas pu apporter leurs effets personnels et encore<br />
moins des fournitures scolaires.<br />
« Car tu as été un refuge pour le faible, un refuge pour le<br />
pauvre dans la détresse, un abri contre la pluie battante,<br />
un ombrage contre la chaleur. » Ésaïe 25.4 (Colombe)<br />
Aucun enfant ne devrait être privé d’éducation. Avec<br />
votre aide, nous pouvons offrir aux enfants réfugiés à<br />
Kesserwen une éducation, et surtout, une occasion de<br />
connaître Christ : le guérisseur suprême des cœurs et<br />
le panseur des plaies. Nous pouvons dès aujourd’hui,<br />
ensemble, conduire les enfants vers la guérison et leur<br />
apporter de l’espoir en l’avenir.<br />
— Norman Nielsen est directeur associé d’AIDE, le secours<br />
et l’assistance à l’étranger du Fellowship.
essor-rbe.ca<br />
l’essor / 11<br />
RÉPANDRE L’AMOUR À NOËL<br />
POUR OBTENIR DAVANTAGE<br />
D’INFORMATION SUR LE CALENDRIER<br />
DE L’AVENT D’AIDE, VEUILLEZ<br />
COMMUNIQUER AVEC LE CENTRE DES<br />
MINISTÈRES : 519 821-4830 POSTE 240.<br />
MERCI DE VOTRE PARTENARIAT<br />
q<br />
q<br />
Veuillez me faire parvenir plus de renseignements à propos d’AIDE<br />
Veuillez trouver ci-joint un don de ____________ $ pour le projet Espoir de demain<br />
(Les chèques ou mandats doivent être faits à l’ordre de FEBCC)<br />
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Veuillez poster le présent<br />
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à l’adresse suivante :<br />
Le Fellowship<br />
PO. Box 457<br />
Guelph, ON N1H 6K9<br />
www.fr.fellowship.ca
sur le terrain<br />
Automne 2017<br />
ÊTES-VOUS DANS UNE<br />
SECTE ?<br />
SUR LE TERRAIN : LE MINISTÈRE FRANCOPHONE<br />
Michel Michel Habib<br />
Depuis les années 60, l’empire catholique a commencé à se<br />
fissurer et à s’écrouler, en réponse à l’aspiration de la société<br />
québécoise tout entière d’être libre de toute influence de « l’Église. »<br />
Les Canadiens français ont ainsi recherché la liberté sous toutes ses<br />
facettes : sexuelle, économique et culturelle. Tout cela a placé l’Église<br />
sur la défensive, avec son message exprimant l’autorité de Dieu, de la<br />
Bible et de Christ.<br />
En effet, pendant des siècles, le clergé catholique a dénigré et diabolisé<br />
le protestantisme, ce qui a entretenu les sentiments d’aliénation<br />
à l’égard des protestants au sein de la société québécoise. Les agressions<br />
sexuelles commises envers des enfants pendant des décennies<br />
par les dirigeants des Églises tant catholiques que protestantes ont<br />
contribué au discrédit de toutes les Églises, ainsi qu’aux valeurs morales<br />
et spirituelles qu’elles préconisent. Dès lors, des soupçons se<br />
sont répandus envers le christianisme dans son ensemble.<br />
Malgré cette situation, et pendant toute cette période, Dieu a<br />
sauvé des milliers de Québécois qui ont ainsi formé des centaines<br />
d’Églises locales. Les Églises à leur tour ont prôné l’établissement<br />
d’autres Églises, de ministères d’évangélisation, de formation de<br />
disciples, ainsi que des mouvements comme « Aujourd’hui, l’Espoir<br />
» et la production d’émissions tant à la radio qu’à la télévision,<br />
diffusées au Québec.<br />
Un grand nombre d’Églises évangéliques et d’associations se sont<br />
investies dans plusieurs actions sociales reconnues dans la communauté.<br />
À l’occasion, les principaux médias ont accordé des entrevues<br />
à des dirigeants évangéliques sur divers sujets. Nous ne pouvons pas<br />
affirmer que les chrétiens évangéliques sont persécutés ou qu’ils sont<br />
l’objet de recours en justice à cause de leur foi. Nous avons toute la<br />
liberté nécessaire à l’accomplissement de notre mission !<br />
Je souhaiterais pouvoir dire que les gens cognent à notre porte pour<br />
entendre la Parole de Dieu, mais ce n’est malheureusement pas le<br />
cas. L’indifférence marquée des Québécois de souche est décourageante.<br />
La terre est aride, à l’image de la conquête ! La démonstration<br />
la plus éloquente pour convaincre nos compatriotes est<br />
d’abord et avant tout une vie qui montre la puissance de Dieu et un<br />
témoignage verbal courageux de « tous les disciples de Christ » en<br />
faveur de la Bonne nouvelle de Jésus. Beaucoup considèrent cette<br />
tâche comme le plus grand défi des dirigeants pastoraux dans les<br />
années qui viennent : mobiliser et outiller les croyants pour le travail<br />
du ministère !<br />
— Michel Michel Habib est aumônier du Fellowship à<br />
l’aéroport international Pierre Elliott Trudeau de Montréal.
essor-rbe.ca<br />
l’essor / 13<br />
AU NOM<br />
DE JÉSUS :<br />
LES RÉALITÉS DE<br />
LA RECTITUDE<br />
POLITIQUE SUR LA<br />
PLACE DU MARCHÉ<br />
DANS LE MAINTIEN DE L’ORDRE<br />
Les attentes en matière de rectitude politique demeurent grandes dans le<br />
respect de la loi, à l’instar de la plupart des organismes publics actuels. Il<br />
nous incombe d’obéir aux règles et à leurs préjugés. En tant qu’aumônier sur<br />
le terrain dans le respect de la loi, je désire que les officiers se sentent à l’aise<br />
lorsque je suis en leur présence. Ce qui signifie de pouvoir composer avec le<br />
fait d’être parfois politiquement « incorrects ». En tant que représentants de<br />
Christ dans notre domaine de ministère, lorsqu’un officier se sent véritablement<br />
à l’aise avec un aumônier, cela lui montre que Dieu est accessible, se<br />
soucie d’eux et comprend la situation unique où il se trouve. L’établissement<br />
de liens qui dirige les disciples de Jésus demeure notre objectif ultime : le fait<br />
de traiter avec les restrictions de la rectitude politique joue un rôle incontournable<br />
au sein de notre environnement de ministère.<br />
— Garry Francis aumônier du Fellowship, est à l’œuvre dans le service de<br />
police de Toronto.<br />
À L’AÉROGARE<br />
« Ne sois pas vaincu par le mal, mais vainqueur du mal par le bien. »<br />
Romains 12.21<br />
La rectitude politique revêt toutes sortes d’aspects. Que ce soit l’objection à un<br />
écrit de confession chrétienne ou une tentative de taire le nom de Jésus-Christ,<br />
cet intrus insidieux a fait son chemin dans la trame de notre société. Pourtant,<br />
mon rôle en tant qu’aumônier évangélique dans une aérogare m’a permis de découvrir<br />
le secret pour surmonter un tel obstacle : l’établissement de relations<br />
significatives par l’amour semblable à celui de Christ, la compassion et les<br />
soins. De plus, une telle approche m’a fait saisir des occasions d’exercer un<br />
ministère auprès de la communauté aéroportuaire : que ce soit la célébration<br />
d’un mariage, le counseling d’une personne troublée ou le témoignage<br />
de l’Évangile à une âme perdue !<br />
— Peter King aumônier du Fellowship, est à l’œuvre en tant qu’aumônier<br />
principal au Pearson International Airport à Toronto en Ontario.<br />
DANS LES FORCES<br />
ARMÉES<br />
Les Forces armées canadiennes sont un<br />
domaine unique où les aumôniers reçoivent<br />
une invitation au service. D’autres<br />
domaines des services gouvernementaux<br />
peuvent également faire appel à nous. J’ai<br />
reçu une telle invitation : conseiller et<br />
encourager les membres du personnel de<br />
la Commission des libérations conditionnelles<br />
du Canada, atteints de fatigue compassionnelle.<br />
Quel défi de taille d’aborder<br />
un mélange de vérités bibliques tout en<br />
évitant le jargon bibliste ou spirituel ! À<br />
la fin d’une séance d’une demi-journée,<br />
beaucoup de participants ont demandé<br />
un exemplaire de mes notes. Mission<br />
accomplie !<br />
— Jim Drennan aumônier du Fellowship,<br />
est à l’œuvre à Cornwall en Ontario, dans<br />
le cadre du programme de soutien spirituel<br />
du service de pastorale du ministère<br />
des Anciens Combattants Canada.
Sur En Vérité la même longueur d’onde<br />
Automne 2017<br />
LA GUERRE<br />
DES BAPTISTES<br />
DES ANNÉES 20<br />
Michael Haykin<br />
UNE CONTROVERSE THÉOLOGIQUE N’EST JAMAIS AGRÉABLE. POURTANT,<br />
LES SAINTS ONT DÛ Y FAIRE FACE À UN MOMENT OU L’AUTRE AU NOM DE<br />
L’INTÉGRITÉ ET DE LA FIDÉLITÉ DE LEUR SEIGNEUR ET DIEU.<br />
EN VÉRITÉ : THÉOLOGIE ET TENDANCES<br />
Il en fut ainsi dans ce qu’il est<br />
convenu d’appeler la controverse<br />
des fondamentalistes et des modernistes.<br />
Elle a frappé les baptistes,<br />
tout comme diverses confessions de<br />
foi partout en Amérique du Nord,<br />
pendant les années 20. Au milieu de<br />
cette controverse entourant la phase<br />
des baptistes de l’Ontario, figuraient<br />
les convictions théologiques de<br />
Laurance Henry Marshall (1882-<br />
1953), professeur de théologie pratique<br />
à la McMaster University, propriété<br />
de la Baptist Convention of<br />
Ontario and Quebec, près de la rue<br />
Bloor et de l’avenue Road à Toronto,<br />
l’endroit précis de l’actuel Royal<br />
Conservatory of Music. Il est essentiel<br />
de reconnaître le rôle primordial<br />
de la McMaster dans la formation<br />
des ministres du culte des Églises<br />
baptistes tant en Ontario qu’au<br />
Québec. Une éventuelle compromission<br />
de cet établissement relative<br />
aux vérités bibliques fondamentales<br />
aurait des effets dévastateurs sur les<br />
Églises qui confiaient la formation<br />
de leurs pasteurs et de leurs dirigeants<br />
à cet établissement.<br />
M. Marshall était un Britannique,<br />
doté d’une personnalité charmante<br />
ainsi que de l’éloquence d’un tribun,<br />
dont le style rappelait les grands prédicateurs<br />
victoriens. Par contre, M.<br />
Marshall était fortement animé de la<br />
pensée moderniste. Dans un article<br />
rédigé quelques années après cette<br />
controverse, M. Marshall déclarait<br />
son appui à la théorie de l’évolution,<br />
son rejet de l’infaillibilité de<br />
la Parole de Dieu, et son aversion<br />
de l’idée selon laquelle la mort du<br />
Seigneur Jésus était une punition<br />
auxiliaire des péchés de son peuple.
essor-rbe.ca<br />
l’essor / 15<br />
Il semble avoir considéré le message<br />
des Écritures comme étant inspiré,<br />
mais pas ses mots en eux-mêmes. En ce<br />
qui concerne la doctrine de l’expiation,<br />
il considérait la crucifixion de Christ<br />
comme l’exemple de l’amour suprême,<br />
mais pas la propitiation pour les péchés<br />
des pécheurs.<br />
Thomas Todhunter Shields (1873-1955)<br />
était le plus fervent critique de M.<br />
Marshall et le dirigeant de la McMaster<br />
University. Il avait été pasteur de la<br />
Jarvis Street Baptist Church à Toronto<br />
pendant la majorité de sa vie adulte.<br />
Comme l’a souligné le magazine protestant<br />
libéral The Christian Century<br />
en 1929, il était doté d’une personnalité<br />
dominante sans conteste parmi<br />
les dirigeants chrétiens conservateurs<br />
à cette époque. T. T. Shields était<br />
diamétralement différent du charmant<br />
L. H. Marshall, puisque certaines personnes<br />
le considéraient comme acerbe<br />
et souvent dominateur. Cependant,<br />
M. Shields connaissait l’importance<br />
capitale de demeurer ferme devant les<br />
vérités fondamentales de la Bible.<br />
Pendant deux années, entre le Congrès<br />
baptiste de l’Ontario et du Québec<br />
de 1925 et celui de 1927, une guerre<br />
ouverte, au moyen de discours, d’imprimés<br />
ainsi que par divers ralliements<br />
partout en Ontario a fait rage sans<br />
relâche entre M. Shields et ses alliés<br />
et ceux qui étaient du camp de M.<br />
Marshall. La controverse des années 20<br />
n’était pas une question de personnalités<br />
divergentes, mais bien sur la fidélité<br />
à la Parole de Dieu. Leslie K. Tarr,<br />
auteur de la seule étude d’importance<br />
publiée sur T. T. Shields, s’est interrogé<br />
ainsi : « Même si T. T. Shields était abrasif<br />
et provocateur, ses traits de caractère<br />
invalident-ils ses accusations ? »<br />
En définitive, nous devons reconnaître<br />
que malgré une personnalité difficile,<br />
c’est grâce à sa fidélité envers la vérité<br />
biblique que T. T. Shields a tant fait<br />
pour prévenir la dilution de la vérité<br />
biblique chez les baptistes de l’Ontario.<br />
Cette controverse a atteint son paroxysme<br />
lors du Congrès annuel de<br />
1927. M. Marshall a défendu son point<br />
de vue et a demandé aux délégués du<br />
Congrès des Églises baptistes de l’Ontario<br />
et du Québec de 1927 :<br />
« En tant que baptistes, défendrons-nous<br />
l’ignorance,<br />
l’obscurantisme et l’intolérance<br />
ou nous rallierons-nous<br />
aux grands hommes dont les<br />
noms figurent sur notre répertoire<br />
de baptistes célèbres ?<br />
Et à mon humble avis, le plus<br />
grand d’entre eux est William<br />
Carey, le grand précurseur<br />
de l’entreprise missionnaire<br />
moderne. Favoriserons-nous<br />
l’éducation biblique rigoureuse,<br />
l’amour de la vérité,<br />
la tolérance, la liberté raisonnable,<br />
avec la devise de<br />
McMaster où figurent ces<br />
mots fondateurs : “En Christ,<br />
toutes choses concourent.”<br />
L’appel de M. Marshall de se joindre “à<br />
tous les véritables grands hommes” du<br />
passé des baptistes, à William Carey<br />
(1761-1834) en particulier, l’un des<br />
grands précurseurs du mouvement<br />
missionnaire moderne, tend à soutenir<br />
que M. Marshall était convaincu<br />
que son type de théologie baptiste<br />
non confessionnelle était la norme<br />
dans l’histoire des baptistes. Certes,<br />
une faible majorité de baptistes avait<br />
démontré de la méfiance à l’égard des<br />
convictions religieuses et des confessions<br />
; cependant, M. Marshall avait<br />
tort de penser que telle était la norme<br />
ou que William Carey figurait parmi<br />
cette minorité.<br />
Lors des Congrès annuels de 1926 et<br />
de 1927, il appert que la position de M.<br />
Marshall a été adoptée et donc, la Jarvis<br />
Street Baptist Church dirigée par le<br />
pasteur T. T. Shields a été expulsée du<br />
Congrès ainsi qu’une douzaine d’autres<br />
Églises récalcitrantes. M. Shields a<br />
réagi en formant une toute nouvelle<br />
entité d’Églises baptistes, The Union<br />
of Regular Baptist Churches of Ontario<br />
and Quebec, qui à cette époque, est<br />
devenue un courant fondamental qui<br />
a mené à la création de notre Fellowship<br />
actuel. Les fondateurs de ce Fellowship<br />
connaissaient très bien la grande dette<br />
qu’ils devaient à T.T. Shields et à sa détermination<br />
pour défendre la vérité.<br />
— Michael Haykin est professeur de<br />
l’histoire de l’Église et de la spiritualité<br />
biblique et directeur<br />
du Andrew<br />
Fuller Center for<br />
Baptist Studies au<br />
Southern Baptist<br />
Theological<br />
Seminary à<br />
Louisville au<br />
Kentucky.