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EN VÉRITÉ LA THÉOLOGIE DANS LES TRANCHÉES

EN VÉRITÉ
LA THÉOLOGIE DANS LES TRANCHÉES

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Automne 2017<br />

LA REVUE DU FELLOWSHIP NATIONAL<br />

500 ans et au-delà : l’héritage de<br />

la Réforme<br />

Les mots clés théologiques dans les<br />

missions interculturelles<br />

EN VÉRITÉ<br />

LA THÉOLOGIE DANS LES TRANCHÉES


Le mot du président<br />

LA THÉOLOGIE DANS LES<br />

TRANCHÉES<br />

Steve Jones<br />

LE MOT DU PRÉSIDENT<br />

Cette année a marqué plusieurs anniversaires : le 500 e anniversaire de la Réforme, le 150 e anniversaire du Canada, le<br />

100 e anniversaire de la bataille de la crête de Vimy.<br />

En avril 1917, des dizaines de milliers de soldats canadiens ont pris la crête de Vimy d’assaut et ont remporté la victoire<br />

en trois jours, alors que deux années de bataille n’avaient pas permis aux Français ni aux Britanniques d’être vainqueurs.<br />

L’Armée canadienne est ressortie victorieuse grâce à une bonne et exhaustive planification, l’ouverture à écouter un bon<br />

nombre d’officiers, l’excellente formation, et surtout, la foi qui animait ces soldats selon laquelle ils se battaient pour<br />

une juste cause. Des hommes ont péri, mais les pertes ont été négligeables. Mon fils et moi avons passé une journée ensemble<br />

pour visiter le cimetière militaire de Vimy ; nous avons éprouvé de la reconnaissance en ce jour de réflexion.<br />

Les conflits : nous pensons souvent à la douleur qui accompagne les conflits, mais qu’en est-il des avantages ? De bonnes<br />

choses peuvent provenir des conflits ; ils peuvent nous fortifier et nous rendre plus forts.<br />

Le vote du 14 novembre 2017<br />

Pendant trois ans, nous avons effectué une démarche, pilotée par notre Conseil national, pour discuter et nous prononcer<br />

sur le fait que nos Églises s’accorderaient à s’associer avec des Églises qui acceptent comme membres de leurs<br />

congrégations des croyants baptisés selon un autre mode que celui de l’immersion. C’est ainsi que nous avons discuté,<br />

débattu, écrit et prié : et nous demandons maintenant à Dieu sa sagesse lorsque nous voterons ensemble sur cette<br />

question.<br />

J’ai été encouragé par la manière empreinte de grâce par laquelle nous nous sommes comportés pendant nos débats sur<br />

VIVRONS-NOUS PAISIBLEMENT<br />

APRÈS LA DÉCISION FINALE ?<br />

cette question. En tant que Fellowship d’Églises, nous devons être capables de discuter et de débattre sur des questions<br />

théologiques.<br />

Quel sera notre comportement après ce vote ? Lorsque surviennent les conflits, nous devrions tenir un miroir. Avant de<br />

blâmer quelqu’un, nous devons nous regarder honnêtement.


essor-rbe.ca l’essor / 3<br />

Le verset 10a de Proverbes 13 souligne : « C’est seulement par présomption que l’on<br />

provoque une brouille […] ». Le fait de vous regarder dans un miroir permet à Dieu de<br />

vous aider à jeter un profond regard en vous-mêmes. Quelle est la motivation dans ce<br />

conflit ? Quel est le piège qui le sous-tend ? Nous avons consacré trois longues années<br />

à débattre de cette question. Après le vote, continuons donc à progresser lentement<br />

lorsque nous discutons de cette question les uns avec les autres. Les mots peuvent blesser.<br />

La Bible nous met en garde qu’il est stupide de s’extérioriser impulsivement : « Tout<br />

homme prudent agit avec connaissance […] » (Proverbes 13.16a) et « L’insensé étale tous<br />

ses sentiments, mais le sage se retient de montrer les siens. » (Proverbes 29.11) Je crois<br />

que c’est Abraham Lincoln qui a dit : « Même le stupide, quand il se tait passe pour sage. »<br />

Proverbes 17.28 est le texte avéré de ce sage conseil.<br />

Alors, entendons-nous de ne permettre qu’aucune conversation malsaine (Éphésiens<br />

4.29) n’envenime notre discours après le vote. Contribuons donc à être en paix avec tous<br />

(Romains 12.18), motivés par le désir d’expérimenter ensemble « […] la sagesse d’en haut<br />

est d’abord pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante […]. Le fruit de la justice est<br />

semé dans la paix par les artisans de paix. » Jacques 3.17-18.<br />

Mettons l’accent sur la réconciliation plutôt que sur la résolution. Il est souvent impossible<br />

de tout régler. Nous pouvons être en désaccord sans toutefois être désagréables.<br />

Nous pouvons être dans l’unité sans nécessairement être uniformes. Nous pouvons<br />

marcher main dans la main sans avoir la même opinion à propos de tout. Nous devons<br />

nous réconcilier sans avoir à tout régler. Christ nous a appelés au ministère de la réconciliation<br />

(2 Corinthiens 5.8), qui suscite l’espérance, l’optimisme, et nous lie les uns aux<br />

autres.<br />

Il y a dix ans, j’ai entendu le général Colin Powell, conférencier lors d’un événement.<br />

Voici deux phrases qu’il a prononcées : « D’abord, éviter la guerre pourvu que ce soit possible.<br />

C’est un signe de défaite. Ensuite, dans l’armée, les officiers recherchent les facteurs<br />

multiplicateurs de force : le terrain, le temps qu’il fait, l’équipement, l’artillerie, et les facteurs<br />

mathématiques qui pourraient multiplier leur force. » Il a déclaré que l’optimisme<br />

perpétuel était un facteur multiplicateur de force dans toute organisation. Il y a cent ans,<br />

l’armée canadienne a tiré avantage d’une série de facteurs multiplicateurs de forces et a<br />

ainsi expérimenté la victoire et la paix qui s’en est suivie.<br />

Souvenons-nous de l’appel au ministère de la réconciliation que nous avons reçu lorsque<br />

nous nous rassemblerons pour voter et ensemble, assumons-en les conséquences. Je<br />

conclus avec une dernière pensée provenant de l’intéressant verset de Jacques 3.18<br />

(Colombe) :<br />

« Le fruit de la justice est semé dans la paix par les artisans de la paix. »<br />

Steve Jones est président du<br />

Fellowship d’Églises Baptistes<br />

Évangéliques au Canada.<br />

Suivez Steve sur<br />

Twitter @FellowshipSteve<br />

(en anglais)<br />

Le président du Fellowship, Steve Jones


4 / l’essor Automne 2017<br />

14 LA GUERRE DES BAPTISTES<br />

DES ANNÉES 20<br />

VOICI LE VERSET THÉMATIQUE DU<br />

FELLOWSHIP EN 2017 :<br />

« […] SOYEZ ENRACINÉS<br />

ET FONDÉS EN LUI,<br />

AFFERMIS DANS<br />

LA FOI D’APRÈS<br />

LES INSTRUCTIONS<br />

QUI VOUS ONT ÉTÉ<br />

DONNÉES, ET ABONDEZ<br />

EN ACTIONS DE<br />

GRÂCE. »<br />

COLOSSIENS 2.7 (COLOMBE)<br />

2 LE MOT DU PRÉSIDENT<br />

LA THÉOLOGIE DANS LES TRANCHÉES : Steve Jones<br />

5 EN VÉRITÉ<br />

500 ANS ET AU-DELÀ : L’HÉRITAGE DE LA<br />

RÉFORME : Barry Howson<br />

POURQUOI J’AI RENONCÉ À MON PERMIS DE CÉLÉBRER LES<br />

MARIAGES : David Barker<br />

POURQUOI JE CONSERVE MON PERMIS DE CÉLÉBRER LES<br />

MARIAGES : Jonathan Stairs<br />

8 LÀ-BAS<br />

LA THÉOLOGIE AFRICAINE CHRÉTIENNE EST<br />

FLORISSANTE ! : Andrew Wildsmith<br />

LES MOTS CLÉS THÉOLOGIQUES DANS LES MISSIONS<br />

INTERCULTURELLES : Mark Naylor<br />

10 L’AMOUR RÉPANDU<br />

ESPOIR DE DEMAIN : Norman Nielsen<br />

© Le Fellowship d’Églises Baptistes<br />

Évangéliques au Canada<br />

CENTRE DES MINISTÈRES :<br />

P.O. Box 457, Guelph ON N1H 6K9<br />

TÉLÉPHONE : 519 821-4830<br />

TÉLÉCOPIEUR : 519 821-9829<br />

COURRIEL : president@fellowship.ca<br />

www.essor-rbe.ca<br />

POUR LIRE<br />

DAVANTAGE<br />

D’ARTICLES,<br />

CONSULTEZ<br />

NOTRE SITE WEB :<br />

www.essor-rbe.ca<br />

NOTRE MISSION : L’Essor est la revue officielle du Fellowship<br />

d’Églises Baptistes Évangéliques au Canada. Elle a pour objectif<br />

d’édifier et d’encourager les dirigeants pastoraux et les membres des<br />

Églises locales du Fellowship en publiant des articles et des nouvelles,<br />

reflétant nos valeurs évangéliques et favorisant une identité<br />

et une vision communes parmi les Églises. L’Essor est publié<br />

trois fois l’an et est disponible tant en anglais qu’en français.<br />

12 SUR LE TERRAIN<br />

ÊTES-VOUS DANS UNE SECTE ? : Michel Michel Habib<br />

AU NOM DE JÉSUS : Garry Francis, Jim Drennan et Peter King<br />

Nouvelle Bible d’étude<br />

14 EN VÉRITÉ<br />

LA GUERRE DES BAPTISTES DES<br />

ANNÉES 20 : Michael A. G. Haykin<br />

DIRECTRICE DE RÉDACTION : Valerie Heaton ÉDITRICE POUR L’ÉDITION FRANÇAISE : Danielle Robidoux<br />

RELECTRICE : Sarah Provost CONCEPTION GRAPHIQUE : Big Footprints Inc. MANUSCRITS : Faites parvenir vos articles<br />

à Danielle Robidoux, éditrice, Le Centre des ministères, P.O. Box 457 Guelph ON N1H 6K9, Tél. :519 821-4830.<br />

Téléc. : 519 821-9829, Courriel : ebfrancais@fellowship.ca<br />

PUBLICITÉ : Des espaces publicitaires sont disponibles tant dans l’édition imprimée sur le Web. Retourner toutt<br />

correspondance ne pouvant être livrée au Canada à notre Service aux abonnés : P.O. Box 457, Guelph, ON N1N 6K9<br />

Spécial<br />

45 $<br />

gty@gtycanada.org 1-800-565-2425


essor-rbe.ca<br />

En Vérité<br />

EN VÉRITÉ : THÉOLOGIE ET TENDANCES<br />

POURQUOI J’AI<br />

RENONCÉ À MON<br />

PERMIS DE CÉLÉBRER<br />

LES MARIAGES<br />

David Barker<br />

Le 31 octobre 2016, un responsable du Bureau des<br />

mariages de la province de l’Ontario m’a informé<br />

que je n’avais plus la reconnaissance des titres de<br />

compétence pour célébrer les mariages. J’avais fait<br />

une demande à FEB Central pour que mon permis<br />

de célébrer les mariages en Ontario soit retiré et<br />

annulé. Et oui, je suis toujours un ministre du culte<br />

du Fellowship.<br />

Avec la définition élargie du mariage au Canada, je<br />

trouvais de plus en plus difficile de servir en tant que<br />

fonctionnaire provincial. Je ressens ce malaise de<br />

servir l’état, particulièrement lorsque sa définition<br />

du mariage se trouve en dehors de ce que je crois que<br />

les Écritures enseignent. Dans le passé, en tant que<br />

pasteurs ordonnés, nous avons servi en tant que fonctionnaires<br />

avec bonheur, à une époque où les points<br />

de vue traditionnels de l’Église à propos du mariage<br />

(hétérosexuel et monogame) étaient la loi ; il n’en est<br />

plus ainsi.<br />

En conséquence, je suis parvenu à la conclusion qu’il<br />

était temps que je rende mon matricule et que je<br />

permette aux commissaires de faire leur travail. En<br />

tant que pasteurs, nous pouvons quand même offrir<br />

de l’aide psychologique et célébrer des mariages à<br />

l’église, une fois les documents signés.<br />

Pour être précis, il s’agit pour moi d’un cas de<br />

conscience, qui n’est pas la position officielle de<br />

l’Heritage College and Seminary, et beaucoup d’entre<br />

nous ici à ce séminaire choisiront de demeurer<br />

accrédité.<br />

Le mariage est sacré et très bien défini dans les<br />

Écritures. Sans doute ma protestation tranquille et<br />

sûrement inaperçue de la part des instances supérieures,<br />

demeurera une petite voix qui affirme que<br />

cette institution sacrée et fondamentale constitue la<br />

volonté de Dieu sur terre.<br />

— David Barker est professeur des études de l’Ancien<br />

Testament et pastorales à l’Heritage College<br />

and Seminary à Cambridge en Ontario. Il a été pasteur<br />

de plusieurs Églises du Fellowship notamment<br />

à London, à Kitchener et ailleurs. À l’heure actuelle,<br />

il est à l’œuvre au détachement spécial de la politique<br />

sur la sexualité humaine et sur le mariage au<br />

Fellowship national.<br />

POURQUOI JE CONSERVE MON<br />

PERMIS DE CÉLÉBRER LES<br />

MARIAGES<br />

Jonathan Stairs<br />

Le jour approche au Canada où le gouvernement exigera des membres<br />

du clergé dûment accrédités, qu’ils célèbrent également le mariage<br />

de personnes différent de celui d’un homme et d’une femme. Nous devrions<br />

prier pour qu’un tel jour n’arrive pas. Voici certains motifs pour<br />

lesquels, nous, pasteurs, ne devrions pas abandonner notre rôle d’autorité<br />

de célébrants du mariage jusqu’à ce que nous soyons forcés de célébrer<br />

des mariages non bibliques :<br />

1) Notre participation à des institutions ordonnées par Dieu : le<br />

mariage a été la première institution ordonnée, Dieu en a été le premier<br />

célébrant et le premier témoin (Genèse 2.18-22). Imitateurs de<br />

Dieu (Éphésiens 5.1) nous devrions donc faire partie de l’œuvre de<br />

Dieu en unissant le mari et la femme, que ce soit deux croyants ou<br />

deux incroyants.<br />

2) Nous sommes les gardiens de la vérité : appui et pilier de la<br />

vérité (1 Timothée 3.15), l’Église doit parler avec autorité sur les<br />

questions qui touchent profondément notre société.<br />

3) Nous proclamons l’Évangile : puisque le mariage est si intrinsèquement<br />

lié à l’Évangile (Éphésiens 5.22-33), en tant que ministres<br />

de l’Évangile, nous devons faire partie de cette cérémonie tant pour<br />

les croyants que pour les incroyants.<br />

4) Nous encourageons les courageux : beaucoup de nos Églises<br />

sont aux premières lignes de la folie sur le plan moral et éthique.<br />

Les professionnels chrétiens, en médecine, en droit et en politique<br />

sont constamment poussés à faire des compromis concernant leurs<br />

convictions. En tant que berger, comment puis-je appeler les gens à<br />

être courageux concernant leurs convictions bibliques si je ne suis<br />

pas désireux de l’être moi-même ?<br />

5) Nous nous levons devant nos prédécesseurs : au troisième<br />

siècle, Claude, l’empereur romain a banni le mariage pour affaiblir<br />

les liens familiaux et recruter davantage de soldats. Le prêtre<br />

Valentin a célébré le mariage de jeunes couples dans l’Église clandestine.<br />

Il a été capturé et décapité pour avoir défendu concrètement<br />

le mariage. Tout comme Valentin, je crois qu’il vaut la peine<br />

de mourir pour avoir défendu le mariage.<br />

6) Nous voulons suivre Jésus : malgré le fait que son cousin ait<br />

perdu la tête pour avoir parlé en public contre le mariage illégitime,<br />

Jésus s’est lancé dans une controverse relative au mariage auprès<br />

des autorités judiciaires de son époque (Matthieu 19.1-9). En tant<br />

que disciples de Jésus, ne devrions-nous pas nous mobiliser auprès<br />

des autorités judiciaires de notre époque à propos du mariage ?<br />

Jésus a parlé activement à propos du désordre du mariage lors de son<br />

premier miracle relaté au deuxième chapitre de l’Évangile de Jean. Je<br />

crois qu’affronter le désordre et se sacrifier ainsi à la défense du mariage<br />

est l’appel que les bergers ont reçu et ils doivent agir en conséquence !<br />

— Le Révérend Jonathan E. Stairs est pasteur principal à la Temple<br />

Baptist Church à Cambridge en Ontario.


Automne 2017<br />

500<br />

SOLA SCRIPTURA :<br />

L’ÉCRITURE SEULE<br />

SOLA FIDE :<br />

LA FOI SEULE<br />

SOLA GRATIA :<br />

LA GRÂCE SEULE<br />

EN VÉRITÉ<br />

SOLUS CHRISTUS :<br />

CHRIST SEUL<br />

SOLI DEO GLORIA :<br />

À LA SEULE GLOIRE DE DIEU


essor-rbe.ca<br />

l’essor / 7<br />

ANS ET AU-DELÀ :<br />

L’HÉRITAGE DE LA RÉFORME<br />

Barry Howson<br />

Le 500 e anniversaire de la Réforme<br />

présente un bon moment de réflexion<br />

sur l’importance de l’Église de<br />

Jésus-Christ aujourd’hui. Au XV e siècle,<br />

l’Église s’était égarée dans son enseignement<br />

dans trois domaines : l’autorité<br />

unique des Écritures, la justification<br />

par la foi seule et le sacerdoce des<br />

croyants.<br />

Tous les réformateurs importants :<br />

Martin Luther, Ulrich Zwingli et Jean<br />

Calvin, ont soutenu que tout chrétien<br />

était un prêtre devant Dieu, puisque<br />

Jésus-Christ est le seul médiateur<br />

entre Dieu et les hommes. Ce qui était<br />

contraire à l’enseignement des catholiques<br />

romains, qui préconisait la médiation<br />

d’un prêtre pour venir à Dieu,<br />

surtout en ce qui a trait au pardon des<br />

péchés. Pour les réformateurs, la doctrine<br />

catholique de la prêtrise diminuait<br />

l’œuvre de Christ et encourageait<br />

le salut par les œuvres enracinés par<br />

cette théologie des sacrements.<br />

De plus, tous les réformateurs importants<br />

annoncèrent la justification par<br />

la foi seule en la personne et l’œuvre de<br />

Jésus-Christ. Nous considérons souvent<br />

Martin Luther comme le premier à avoir<br />

adopté cette croyance vers 1517, avec<br />

la rédaction de ses quatre-vingt-quinze<br />

thèses. Pendant plusieurs années avant<br />

cette publication, les sermons de Luther<br />

avaient porté sur les Psaumes et sur les<br />

épîtres aux Romains et aux Galates. Il est<br />

probable que son épiphanie spirituelle<br />

et sa découverte de la justification par<br />

la foi soient survenues juste après la rédaction<br />

de ses thèses. Avant celle-ci, son<br />

interprétation de Romains 1.17 se lisait<br />

ainsi : l’Évangile suscitait la justice de<br />

Dieu contre nous, pour notre condamnation.<br />

Non seulement la loi de Moïse<br />

nous condamnait-elle, mais il en était de<br />

même pour l’Évangile. Ce qu’il a compris<br />

par son étude des Écritures, et plus<br />

particulièrement par celle de l’épître<br />

aux Romains, c’est que l’Évangile ne suscitait<br />

pas la justice de Dieu contre nous,<br />

mais bien pour nous. Il s’agit du don<br />

gratuit de Dieu pour nous qui sommes<br />

des pécheurs injustes, pour que nous<br />

devenions ainsi justes à ses yeux. C’est<br />

par la grâce de Dieu que nous pouvons<br />

être libres de toute condamnation et que<br />

nous pouvons profiter de sa présence<br />

éternelle. Tel est l’effet de la Réforme que<br />

nous soulignons généralement comme<br />

étant la plus importante pour nous<br />

aujourd’hui.<br />

Je suis entièrement d’accord avec le fait<br />

que la justification par la foi seule soit<br />

une vérité indispensable. Cependant, je<br />

crois que le concept le plus important<br />

issu de la Réforme est la reconnaissance<br />

de deux concepts fondamentaux établis<br />

par Martin Luther et les autres réformateurs<br />

: l’unique autorité des Écritures.<br />

La formation de Martin Luther avait<br />

comblé son esprit d’un alliage des<br />

Écritures à celle de la tradition qui<br />

s’était propagée dans l’Église au fil des<br />

siècles, semblable à celle des pharisiens<br />

de souche. Si elle n’était pas établie par<br />

principe, la tradition l’était au moins<br />

en pratique, et constituait leur autorité.<br />

Au fur et à mesure que Luther enseignait<br />

sur les Écritures, il s’est rendu<br />

compte que même si l’Écriture avait<br />

une place prépondérante, elle était<br />

contredite par la tradition. Luther l’a<br />

compris davantage après 1517, lorsqu’il<br />

a entamé les débats avec les exégètes<br />

catholiques romains. Sa rupture véritable<br />

d’avec l’Église catholique a eu<br />

lieu en 1520, lors de la diète de Worms,<br />

lorsqu’il a compris que l’Église ne se<br />

réformerait jamais, parce qu’elle ne<br />

renoncerait jamais à l’autorité de ses<br />

traditions, et ainsi réduisait dans son<br />

essence l’enseignement fondamental<br />

des Écritures. L’importance de l’autorité<br />

de la Parole sur toute autre chose<br />

a été fondatrice tant pour Zwingli que<br />

pour Calvin, y compris les anabaptistes<br />

suisses Conrad Grebel, Michael Sattler<br />

et Félix Mainz.<br />

En 2017, tant la croyance en l’autorité<br />

exclusive de la Parole que la justification<br />

par la foi seule subissent des<br />

attaques souvent insidieuses. Telle est<br />

la façon de procéder du diable qui affaiblit<br />

l’Église lentement, mais sûrement.<br />

En tant que Fellowship d’Églises et de<br />

croyants, nous devons faire preuve de<br />

vigilance, et de toujours nous assurer<br />

que ces vérités issues de la Réforme<br />

demeurent consciemment des priorités,<br />

et ne pas permettre qu’elles soient<br />

diminuées d’aucune manière. Que le<br />

Seigneur nous donne le courage et<br />

la force de demeurer fermes : parce<br />

que ce n’est que par ces vérités que les<br />

gens sont véritablement sauvés et que<br />

l’Église glorifie notre Dieu.<br />

—Barry Howson est le directeur des<br />

études de l’Heritage College and<br />

Seminary à Cambridge en Ontario.<br />

« […] NOUS DEVONS FAIRE PREUVE DE VIGILANCE, ET DE TOUJOURS NOUS AS-<br />

SURER QUE SES VÉRITÉS ISSUES DE LA RÉFORME DEMEURENT CONSCIEMMENT<br />

DES PRIORITÉS […] »


Là-bas Automne 2017<br />

LA THÉOLOGIE<br />

AFRICAINE CHRÉTIENNE EST<br />

FLORISSANTE !<br />

Andrew Wildsmith<br />

NOMMEZ L’UNE DES IMPORTANTES<br />

LEÇONS DE LA VIE DE JOSEPH.<br />

LES CHRÉTIENS OCCIDENTAUX<br />

INDIVIDUALISTES SERAIENT TENTÉS<br />

DE DIRE : « IL A RÉSISTÉ AU PÉCHÉ<br />

AVEC LA FEMME DE POTIPHAR. »<br />

UNE RÉPONSE TYPIQUEMENT<br />

AFRICAINE, CENTRÉE SUR LA FAMILLE<br />

SE LIRAIT AINSI : « JOSEPH N’A<br />

JAMAIS OUBLIÉ SA FAMILLE. » LES<br />

DEUX RÉPONSES SONT VRAIES, MAIS<br />

DIFFÉRENTES PUISQUE SES LECTEURS<br />

CONTEXTUALISENT LA BIBLE.<br />

LÀ-BAS : LE FELLOWSHIP À L’ÉTRANGER<br />

La Bible est la Parole de Dieu, et la théologie, nos<br />

mots contextualisés à l’égard de Dieu. Lorsque les<br />

missionnaires occidentaux sont arrivés en Afrique,<br />

ils ont traduit la Bible dans les langues africaines et<br />

ont enseigné la seule théologie dont ils disposaient.<br />

Cependant, même la meilleure théologie occidentale<br />

n’était pas contextualisée et ne pouvait pas enseigner aux<br />

chrétiens africains la manière de surmonter la peur de<br />

leurs ancêtres : pourquoi la mutilation génitale féminine<br />

était-elle mal, et comment Jésus était-il à la fois Dieu et<br />

fils de Dieu, parce que les fils ont un statut moindre que<br />

leur père, même dans la mort. Les théologiens africains<br />

de tous acabits aspirent toujours à trouver des solutions<br />

chrétiennes à ces questions et à tant d’autres questions<br />

pastorales africaines pour permettre à la théologie<br />

pratique des croyants de devenir à la fois pleinement<br />

chrétienne et authentiquement africaine. Pour les évangéliques,<br />

la Bible est la source de toutes les solutions de<br />

Dieu, et la théologie africaine exprime ces solutions.<br />

En tant que genre particulier, la théologie chrétienne<br />

africaine a vu le jour à la fin des années 50 et 60, chez les<br />

Africains œcuméniques et catholiques romains. Les évangéliques,<br />

dirigés par Byang Kato, ont commencé à écrire<br />

dans les années 70. Une partie<br />

de cette influence est le Scott’s<br />

Africa Journal of Evangelical Theology<br />

(fondé en 1982), dont je suis l’actuel rédacteur en chef.<br />

Faites une recherche sur Google à l’aide des mots-clés<br />

suivants : the Africa Study Bible (2017), Africa Bible<br />

Commentary, aux éditions Adeyemo (2009), African<br />

Christian Theology (2012) et African Christian Ethics<br />

(2008) de Kunhiyop pour trouver<br />

des exemples de la théologie évangélique<br />

africaine florissante.<br />

— Andrew Wildsmith est missionnaire<br />

auprès du Fellowship<br />

à l’étranger, à l’œuvre au Scott<br />

Theological Seminary au Kenya en<br />

Afrique.


essor-rbe.ca<br />

l’essor / 9<br />

LES MOTS CLÉS THÉOLOGIQUES DANS LES<br />

MISSIONS INTERCULTURELLES Mark Naylor<br />

Les perspectives divergentes sur la<br />

contextualisation sont à l’origine<br />

des controverses actuelles liées aux<br />

missions interculturelles. Cette dernière<br />

se définit comme « La modalité<br />

d’apprentissage de l’expression d’un<br />

christianisme authentique et socio<br />

culturellement convenable. » 1 Nous<br />

considérons les différences selon nos<br />

propres perspectives façonnées par<br />

notre propre culture, si bien que les<br />

limites entre ce qui constitue les expressions<br />

tant de la foi chrétienne que<br />

celles de la théologie qui sont convenables<br />

et celles qui ne le sont pas sont<br />

souvent débattues.<br />

Les adeptes des mouvements de l’intérieur<br />

maintiennent qu’il est possible<br />

pour des gens d’être des disciples<br />

obéissants de Christ tout en conservant<br />

l’identité d’une autre religion. 2<br />

D’autres soutiennent qu’à l’instar des<br />

juifs messianiques, les musulmans<br />

et les hindous peuvent être authentiques<br />

et fidèles à Jésus tout en conservant<br />

leur identité religieuse. D’autres<br />

souligneront leurs incompatibilités<br />

avec la foi chrétienne et remettent en<br />

question le maintien de la préservation<br />

de l’intégrité de la vérité biblique.<br />

En 2012, l’organisme Wycliffe Bible<br />

Translators a fait l’objet de critiques<br />

lorsque certains de ses traducteurs ont<br />

décidé de remplacer certains mots relatifs<br />

au père et à Jésus pour tenir compte<br />

de leur lectorat musulman qui leur<br />

attribuait une connotation de relation<br />

biologique. Les traducteurs ont commencé<br />

à utiliser différentes métaphores,<br />

qui souhaitaient-ils, résulteraient en une<br />

compréhension plus juste du message<br />

biblique. 3 Cette approche a engendré<br />

une vive opposition. Bien qu’une décision<br />

définitive ait été prise favorisant<br />

l’usage d’une langue familière, la controverse<br />

demeure à cet effet.<br />

Les théologies contextuelles en tant<br />

qu’expressions de foi surviennent<br />

lorsque les gens s’investissent dans<br />

la Parole de Dieu dans leur propre<br />

contexte tant culturel qu’historique 4 .<br />

Ainsi, la majorité des gens ont perçu la<br />

vie selon les valeurs fondées sur le filtre<br />

de la honte et de l’honneur plutôt que<br />

sur celui de la culpabilité et l’innocence,<br />

plus répandu en occident. Les<br />

expressions de l’Évangile qui traitent<br />

de la honte et de l’honneur diffèrent du<br />

modèle occidental de la substitution<br />

pénale et sont perçues comme contradictoires<br />

avec les formulations théologiques<br />

traditionnelles.<br />

Ces controverses démontrent ainsi tout<br />

le sérieux avec lequel les missionnaires<br />

considèrent la tâche de présenter Jésus<br />

dans les cultures de manières pertinentes<br />

tout en préservant leur intégrité<br />

à la Parole de Dieu.<br />

— Mark Naylor<br />

est coordonnateur<br />

du rayonnement<br />

de la<br />

direction pastorale<br />

au sein<br />

du Fellowship à<br />

l’étranger.<br />

1<br />

Kraft, CH 1996. Anthropology for Christian Witness. Maryknoll: Orbis. P.376 (traduction libre)<br />

2<br />

Travis, JJ & Talman, H 2015. Understanding Insider Movements: Disciples of Jesus Within Diverse Religious Communities. Pasadena: William Cary Lib. (Traduction libre)<br />

3<br />

Une brève description de cette controverse se trouve dans l’ouvrage de Naylor, M. 2016. « Consequences of the Divine Familial Terms controversy in Bible<br />

Translation: A Neglected Voice Speaks Out » in Controversies in Mission: Theology, People, and Practice of Mission in the 21st Century, Scheuermann & Smither (Eds),<br />

Pasadena: William Carey Lib. (traduction libre)<br />

4<br />

Schreiter, RJ 1985. Constructing Local Theologies. Maryknoll : Orbis. (Traduction libre)


L’amour répandu<br />

Automne 2017<br />

LA GUÉRISON AUJOURD’HUI,<br />

L’ESPOIR<br />

DE DEMAIN<br />

Norman Nielsen<br />

L’AMOUR RÉPANDU<br />

Les réfugiés adultes doivent affronter l’instabilité, le<br />

désespoir et la peur, qui est chose difficile. Mais en tant<br />

qu’enfant, ces réalités peuvent avoir de graves conséquences<br />

sur leur avenir. D’innombrables enfants réfugiés<br />

doivent ainsi surmonter leur désespoir quotidien. Au<br />

milieu d’une telle incertitude, où peuvent-ils trouver du<br />

réconfort ?<br />

Le Clementia Learning Center de Kesserwen procure un<br />

environnement sécuritaire et stable d’apprentissage aux<br />

réfugiés comme aux enfants défavorisés au Liban depuis<br />

2014. Beaucoup d’enfants ne peuvent fréquenter l’école,<br />

étant donné leurs aptitudes et leur soutien financier<br />

restreint, les limites d’âge ou la discrimination, ce qui<br />

permet aux établissements comme le Clementia de jouer<br />

un rôle fondamental. Voici les paroles d’un enfant de dix<br />

ans, réfugié d’Alep :<br />

« SANS LE CLEMENTIA, JE NE POUR-<br />

RAIS PAS TRAVAILLER À PRÉSENT. LA<br />

GUERRE EN SYRIE M’A EMPÊCHÉ DE<br />

FRÉQUENTER L’ÉCOLE ET JE N’AI PU<br />

ÊTRE ACCEPTÉ À L’ÉCOLE PUBLIQUE<br />

AU LIBAN. MAINTENANT, JE SUIS<br />

DONC CONTENT DE POUVOIR AP-<br />

PRENDRE À LIRE ET À ÉCRIRE. »<br />

En plus d’offrir un environnement propice à l’apprentissage,<br />

le Clementia permet la guérison des enfants<br />

meurtris qui ont vu la guerre et ses réalités de très près.<br />

Soutenus d’une manière aimante par le personnel et les<br />

enseignants, les élèves bénéficient également de la présentation<br />

de la puissance guérissante de Christ.<br />

Au cours de la dernière année scolaire, le Clementia a accueilli<br />

soixante élèves à temps plein. Malheureusement,<br />

vingt autres candidats ont dû être refusés faute de places<br />

et de fonds. Les membres de la direction de cet établissement<br />

sont animés du désir de voir 120 étudiants inscrits<br />

au total dans son programme. Cette augmentation exigera<br />

des modifications au bâtiment actuel de ce centre. Cet<br />

agrandissement non seulement améliorera la capacité du<br />

centre d’héberger le nombre croissant d’élèves, mais également<br />

apportera des améliorations aux installations.<br />

L’objectif : 120 000 $<br />

Espoir de demain vise à recueillir 120 000 $ pour bénir le<br />

Clementia Learning Centre ainsi que les enfants avec lesquels<br />

ils travaillent. Les fonds recueillis soutiendront le<br />

projet d’expansion des installations de ce centre, et une<br />

portion supplémentaire de ces fonds servira à bénir particulièrement<br />

les enfants au moyen de fournitures scolaires.<br />

En effet, les enfants qui ont fui leur pays d’origine<br />

n’ont pas pu apporter leurs effets personnels et encore<br />

moins des fournitures scolaires.<br />

« Car tu as été un refuge pour le faible, un refuge pour le<br />

pauvre dans la détresse, un abri contre la pluie battante,<br />

un ombrage contre la chaleur. » Ésaïe 25.4 (Colombe)<br />

Aucun enfant ne devrait être privé d’éducation. Avec<br />

votre aide, nous pouvons offrir aux enfants réfugiés à<br />

Kesserwen une éducation, et surtout, une occasion de<br />

connaître Christ : le guérisseur suprême des cœurs et<br />

le panseur des plaies. Nous pouvons dès aujourd’hui,<br />

ensemble, conduire les enfants vers la guérison et leur<br />

apporter de l’espoir en l’avenir.<br />

— Norman Nielsen est directeur associé d’AIDE, le secours<br />

et l’assistance à l’étranger du Fellowship.


essor-rbe.ca<br />

l’essor / 11<br />

RÉPANDRE L’AMOUR À NOËL<br />

POUR OBTENIR DAVANTAGE<br />

D’INFORMATION SUR LE CALENDRIER<br />

DE L’AVENT D’AIDE, VEUILLEZ<br />

COMMUNIQUER AVEC LE CENTRE DES<br />

MINISTÈRES : 519 821-4830 POSTE 240.<br />

MERCI DE VOTRE PARTENARIAT<br />

q<br />

q<br />

Veuillez me faire parvenir plus de renseignements à propos d’AIDE<br />

Veuillez trouver ci-joint un don de ____________ $ pour le projet Espoir de demain<br />

(Les chèques ou mandats doivent être faits à l’ordre de FEBCC)<br />

q<br />

Veuillez débiter le compte de ma carte de crédit du montant de _______ $ pour le projet Espoir de demain<br />

Information sur votre carte de crédit : q VISA q MasterCard<br />

Numéro de la carte :________________________________________________ Date d’expiration : ____ / ____<br />

Nom du titulaire :_______________________________________<br />

Signature: ________________________________________________________<br />

q Je désire faire un don envers les coûts d’édition et d’imprimerie de L’Essor________ $<br />

Renseignements figurant sur le reçu :<br />

Nom du donateur : _________________________________________________________________<br />

Adresse : _ ________________________________________________________________________<br />

Ville : ________________________ Province : ______ Code postal : _ ________________________<br />

Courriel :________________________________________________ Tél. : ( ) _____ -_________<br />

Veuillez poster le présent<br />

formulaire dûment rempli<br />

à l’adresse suivante :<br />

Le Fellowship<br />

PO. Box 457<br />

Guelph, ON N1H 6K9<br />

www.fr.fellowship.ca


sur le terrain<br />

Automne 2017<br />

ÊTES-VOUS DANS UNE<br />

SECTE ?<br />

SUR LE TERRAIN : LE MINISTÈRE FRANCOPHONE<br />

Michel Michel Habib<br />

Depuis les années 60, l’empire catholique a commencé à se<br />

fissurer et à s’écrouler, en réponse à l’aspiration de la société<br />

québécoise tout entière d’être libre de toute influence de « l’Église. »<br />

Les Canadiens français ont ainsi recherché la liberté sous toutes ses<br />

facettes : sexuelle, économique et culturelle. Tout cela a placé l’Église<br />

sur la défensive, avec son message exprimant l’autorité de Dieu, de la<br />

Bible et de Christ.<br />

En effet, pendant des siècles, le clergé catholique a dénigré et diabolisé<br />

le protestantisme, ce qui a entretenu les sentiments d’aliénation<br />

à l’égard des protestants au sein de la société québécoise. Les agressions<br />

sexuelles commises envers des enfants pendant des décennies<br />

par les dirigeants des Églises tant catholiques que protestantes ont<br />

contribué au discrédit de toutes les Églises, ainsi qu’aux valeurs morales<br />

et spirituelles qu’elles préconisent. Dès lors, des soupçons se<br />

sont répandus envers le christianisme dans son ensemble.<br />

Malgré cette situation, et pendant toute cette période, Dieu a<br />

sauvé des milliers de Québécois qui ont ainsi formé des centaines<br />

d’Églises locales. Les Églises à leur tour ont prôné l’établissement<br />

d’autres Églises, de ministères d’évangélisation, de formation de<br />

disciples, ainsi que des mouvements comme « Aujourd’hui, l’Espoir<br />

» et la production d’émissions tant à la radio qu’à la télévision,<br />

diffusées au Québec.<br />

Un grand nombre d’Églises évangéliques et d’associations se sont<br />

investies dans plusieurs actions sociales reconnues dans la communauté.<br />

À l’occasion, les principaux médias ont accordé des entrevues<br />

à des dirigeants évangéliques sur divers sujets. Nous ne pouvons pas<br />

affirmer que les chrétiens évangéliques sont persécutés ou qu’ils sont<br />

l’objet de recours en justice à cause de leur foi. Nous avons toute la<br />

liberté nécessaire à l’accomplissement de notre mission !<br />

Je souhaiterais pouvoir dire que les gens cognent à notre porte pour<br />

entendre la Parole de Dieu, mais ce n’est malheureusement pas le<br />

cas. L’indifférence marquée des Québécois de souche est décourageante.<br />

La terre est aride, à l’image de la conquête ! La démonstration<br />

la plus éloquente pour convaincre nos compatriotes est<br />

d’abord et avant tout une vie qui montre la puissance de Dieu et un<br />

témoignage verbal courageux de « tous les disciples de Christ » en<br />

faveur de la Bonne nouvelle de Jésus. Beaucoup considèrent cette<br />

tâche comme le plus grand défi des dirigeants pastoraux dans les<br />

années qui viennent : mobiliser et outiller les croyants pour le travail<br />

du ministère !<br />

— Michel Michel Habib est aumônier du Fellowship à<br />

l’aéroport international Pierre Elliott Trudeau de Montréal.


essor-rbe.ca<br />

l’essor / 13<br />

AU NOM<br />

DE JÉSUS :<br />

LES RÉALITÉS DE<br />

LA RECTITUDE<br />

POLITIQUE SUR LA<br />

PLACE DU MARCHÉ<br />

DANS LE MAINTIEN DE L’ORDRE<br />

Les attentes en matière de rectitude politique demeurent grandes dans le<br />

respect de la loi, à l’instar de la plupart des organismes publics actuels. Il<br />

nous incombe d’obéir aux règles et à leurs préjugés. En tant qu’aumônier sur<br />

le terrain dans le respect de la loi, je désire que les officiers se sentent à l’aise<br />

lorsque je suis en leur présence. Ce qui signifie de pouvoir composer avec le<br />

fait d’être parfois politiquement « incorrects ». En tant que représentants de<br />

Christ dans notre domaine de ministère, lorsqu’un officier se sent véritablement<br />

à l’aise avec un aumônier, cela lui montre que Dieu est accessible, se<br />

soucie d’eux et comprend la situation unique où il se trouve. L’établissement<br />

de liens qui dirige les disciples de Jésus demeure notre objectif ultime : le fait<br />

de traiter avec les restrictions de la rectitude politique joue un rôle incontournable<br />

au sein de notre environnement de ministère.<br />

— Garry Francis aumônier du Fellowship, est à l’œuvre dans le service de<br />

police de Toronto.<br />

À L’AÉROGARE<br />

« Ne sois pas vaincu par le mal, mais vainqueur du mal par le bien. »<br />

Romains 12.21<br />

La rectitude politique revêt toutes sortes d’aspects. Que ce soit l’objection à un<br />

écrit de confession chrétienne ou une tentative de taire le nom de Jésus-Christ,<br />

cet intrus insidieux a fait son chemin dans la trame de notre société. Pourtant,<br />

mon rôle en tant qu’aumônier évangélique dans une aérogare m’a permis de découvrir<br />

le secret pour surmonter un tel obstacle : l’établissement de relations<br />

significatives par l’amour semblable à celui de Christ, la compassion et les<br />

soins. De plus, une telle approche m’a fait saisir des occasions d’exercer un<br />

ministère auprès de la communauté aéroportuaire : que ce soit la célébration<br />

d’un mariage, le counseling d’une personne troublée ou le témoignage<br />

de l’Évangile à une âme perdue !<br />

— Peter King aumônier du Fellowship, est à l’œuvre en tant qu’aumônier<br />

principal au Pearson International Airport à Toronto en Ontario.<br />

DANS LES FORCES<br />

ARMÉES<br />

Les Forces armées canadiennes sont un<br />

domaine unique où les aumôniers reçoivent<br />

une invitation au service. D’autres<br />

domaines des services gouvernementaux<br />

peuvent également faire appel à nous. J’ai<br />

reçu une telle invitation : conseiller et<br />

encourager les membres du personnel de<br />

la Commission des libérations conditionnelles<br />

du Canada, atteints de fatigue compassionnelle.<br />

Quel défi de taille d’aborder<br />

un mélange de vérités bibliques tout en<br />

évitant le jargon bibliste ou spirituel ! À<br />

la fin d’une séance d’une demi-journée,<br />

beaucoup de participants ont demandé<br />

un exemplaire de mes notes. Mission<br />

accomplie !<br />

— Jim Drennan aumônier du Fellowship,<br />

est à l’œuvre à Cornwall en Ontario, dans<br />

le cadre du programme de soutien spirituel<br />

du service de pastorale du ministère<br />

des Anciens Combattants Canada.


Sur En Vérité la même longueur d’onde<br />

Automne 2017<br />

LA GUERRE<br />

DES BAPTISTES<br />

DES ANNÉES 20<br />

Michael Haykin<br />

UNE CONTROVERSE THÉOLOGIQUE N’EST JAMAIS AGRÉABLE. POURTANT,<br />

LES SAINTS ONT DÛ Y FAIRE FACE À UN MOMENT OU L’AUTRE AU NOM DE<br />

L’INTÉGRITÉ ET DE LA FIDÉLITÉ DE LEUR SEIGNEUR ET DIEU.<br />

EN VÉRITÉ : THÉOLOGIE ET TENDANCES<br />

Il en fut ainsi dans ce qu’il est<br />

convenu d’appeler la controverse<br />

des fondamentalistes et des modernistes.<br />

Elle a frappé les baptistes,<br />

tout comme diverses confessions de<br />

foi partout en Amérique du Nord,<br />

pendant les années 20. Au milieu de<br />

cette controverse entourant la phase<br />

des baptistes de l’Ontario, figuraient<br />

les convictions théologiques de<br />

Laurance Henry Marshall (1882-<br />

1953), professeur de théologie pratique<br />

à la McMaster University, propriété<br />

de la Baptist Convention of<br />

Ontario and Quebec, près de la rue<br />

Bloor et de l’avenue Road à Toronto,<br />

l’endroit précis de l’actuel Royal<br />

Conservatory of Music. Il est essentiel<br />

de reconnaître le rôle primordial<br />

de la McMaster dans la formation<br />

des ministres du culte des Églises<br />

baptistes tant en Ontario qu’au<br />

Québec. Une éventuelle compromission<br />

de cet établissement relative<br />

aux vérités bibliques fondamentales<br />

aurait des effets dévastateurs sur les<br />

Églises qui confiaient la formation<br />

de leurs pasteurs et de leurs dirigeants<br />

à cet établissement.<br />

M. Marshall était un Britannique,<br />

doté d’une personnalité charmante<br />

ainsi que de l’éloquence d’un tribun,<br />

dont le style rappelait les grands prédicateurs<br />

victoriens. Par contre, M.<br />

Marshall était fortement animé de la<br />

pensée moderniste. Dans un article<br />

rédigé quelques années après cette<br />

controverse, M. Marshall déclarait<br />

son appui à la théorie de l’évolution,<br />

son rejet de l’infaillibilité de<br />

la Parole de Dieu, et son aversion<br />

de l’idée selon laquelle la mort du<br />

Seigneur Jésus était une punition<br />

auxiliaire des péchés de son peuple.


essor-rbe.ca<br />

l’essor / 15<br />

Il semble avoir considéré le message<br />

des Écritures comme étant inspiré,<br />

mais pas ses mots en eux-mêmes. En ce<br />

qui concerne la doctrine de l’expiation,<br />

il considérait la crucifixion de Christ<br />

comme l’exemple de l’amour suprême,<br />

mais pas la propitiation pour les péchés<br />

des pécheurs.<br />

Thomas Todhunter Shields (1873-1955)<br />

était le plus fervent critique de M.<br />

Marshall et le dirigeant de la McMaster<br />

University. Il avait été pasteur de la<br />

Jarvis Street Baptist Church à Toronto<br />

pendant la majorité de sa vie adulte.<br />

Comme l’a souligné le magazine protestant<br />

libéral The Christian Century<br />

en 1929, il était doté d’une personnalité<br />

dominante sans conteste parmi<br />

les dirigeants chrétiens conservateurs<br />

à cette époque. T. T. Shields était<br />

diamétralement différent du charmant<br />

L. H. Marshall, puisque certaines personnes<br />

le considéraient comme acerbe<br />

et souvent dominateur. Cependant,<br />

M. Shields connaissait l’importance<br />

capitale de demeurer ferme devant les<br />

vérités fondamentales de la Bible.<br />

Pendant deux années, entre le Congrès<br />

baptiste de l’Ontario et du Québec<br />

de 1925 et celui de 1927, une guerre<br />

ouverte, au moyen de discours, d’imprimés<br />

ainsi que par divers ralliements<br />

partout en Ontario a fait rage sans<br />

relâche entre M. Shields et ses alliés<br />

et ceux qui étaient du camp de M.<br />

Marshall. La controverse des années 20<br />

n’était pas une question de personnalités<br />

divergentes, mais bien sur la fidélité<br />

à la Parole de Dieu. Leslie K. Tarr,<br />

auteur de la seule étude d’importance<br />

publiée sur T. T. Shields, s’est interrogé<br />

ainsi : « Même si T. T. Shields était abrasif<br />

et provocateur, ses traits de caractère<br />

invalident-ils ses accusations ? »<br />

En définitive, nous devons reconnaître<br />

que malgré une personnalité difficile,<br />

c’est grâce à sa fidélité envers la vérité<br />

biblique que T. T. Shields a tant fait<br />

pour prévenir la dilution de la vérité<br />

biblique chez les baptistes de l’Ontario.<br />

Cette controverse a atteint son paroxysme<br />

lors du Congrès annuel de<br />

1927. M. Marshall a défendu son point<br />

de vue et a demandé aux délégués du<br />

Congrès des Églises baptistes de l’Ontario<br />

et du Québec de 1927 :<br />

« En tant que baptistes, défendrons-nous<br />

l’ignorance,<br />

l’obscurantisme et l’intolérance<br />

ou nous rallierons-nous<br />

aux grands hommes dont les<br />

noms figurent sur notre répertoire<br />

de baptistes célèbres ?<br />

Et à mon humble avis, le plus<br />

grand d’entre eux est William<br />

Carey, le grand précurseur<br />

de l’entreprise missionnaire<br />

moderne. Favoriserons-nous<br />

l’éducation biblique rigoureuse,<br />

l’amour de la vérité,<br />

la tolérance, la liberté raisonnable,<br />

avec la devise de<br />

McMaster où figurent ces<br />

mots fondateurs : “En Christ,<br />

toutes choses concourent.”<br />

L’appel de M. Marshall de se joindre “à<br />

tous les véritables grands hommes” du<br />

passé des baptistes, à William Carey<br />

(1761-1834) en particulier, l’un des<br />

grands précurseurs du mouvement<br />

missionnaire moderne, tend à soutenir<br />

que M. Marshall était convaincu<br />

que son type de théologie baptiste<br />

non confessionnelle était la norme<br />

dans l’histoire des baptistes. Certes,<br />

une faible majorité de baptistes avait<br />

démontré de la méfiance à l’égard des<br />

convictions religieuses et des confessions<br />

; cependant, M. Marshall avait<br />

tort de penser que telle était la norme<br />

ou que William Carey figurait parmi<br />

cette minorité.<br />

Lors des Congrès annuels de 1926 et<br />

de 1927, il appert que la position de M.<br />

Marshall a été adoptée et donc, la Jarvis<br />

Street Baptist Church dirigée par le<br />

pasteur T. T. Shields a été expulsée du<br />

Congrès ainsi qu’une douzaine d’autres<br />

Églises récalcitrantes. M. Shields a<br />

réagi en formant une toute nouvelle<br />

entité d’Églises baptistes, The Union<br />

of Regular Baptist Churches of Ontario<br />

and Quebec, qui à cette époque, est<br />

devenue un courant fondamental qui<br />

a mené à la création de notre Fellowship<br />

actuel. Les fondateurs de ce Fellowship<br />

connaissaient très bien la grande dette<br />

qu’ils devaient à T.T. Shields et à sa détermination<br />

pour défendre la vérité.<br />

— Michael Haykin est professeur de<br />

l’histoire de l’Église et de la spiritualité<br />

biblique et directeur<br />

du Andrew<br />

Fuller Center for<br />

Baptist Studies au<br />

Southern Baptist<br />

Theological<br />

Seminary à<br />

Louisville au<br />

Kentucky.

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