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georg philipp telemann (1681-1767) - nca - new classical adventure

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Le SOLO IX est EN SI MINEUR. Dans un rythme tranquille à 12/8, des croches et des<br />

doubles croches passent en coulant comme une rivière. Des tournures chromatiques et<br />

des appoggiatures dans la voix supérieure dessinent le portrait d’un caractère abattu par<br />

la douleur. De grands sauts d’intervalle semblent évoquer l’état d’une âme déchirée qui<br />

aspire à s’exprimer et qui cherche à s’évader de sa situation triste. Elle semble y parvenir,<br />

en effet, dans le deuxième mouvement Vivace, où les courtes figurations rythmiquement<br />

et mélodiquement incisives se font énergiques et résolues plutôt que virtuoses. Le<br />

troisième mouvement apporte la délivrance acquise de haute lutte : dénommée « Pomposo »,<br />

la pièce défile devant l’auditeur, fière et pleine d’espoir, dans un ré majeur rayonnant.<br />

L’Allegro assai final est inspiré indubitablement de la musique populaire polonaise. Déjà<br />

les mesures initiales au-dessus d’une basse du type bourdon laissent penser à<br />

l’idiomatique de la cornemuse.<br />

Les deux premiers mouvements du SOLO X EN MI MAJEUR reprennent l’ambiance<br />

bucolique de la deuxième sonate en mi mineur. Le premier mouvement, Soave, à 6/8, fait<br />

recours au modèle formel du Siciliano, esquissant, à partir de la forme, l’image idyllique<br />

d’un « locus amoenus » : des notes répétées réalisées à coups de pinceau légers et<br />

d’autres figurations « délicates » évoquent des vents murmurants, des feuilles tremblantes<br />

ou des sources clapotantes qui font partie des accessoires indispensables au « locus<br />

amoenus ». Avec les effets d’écho dynamiquement différenciés, Telemann fait appel au<br />

topos ancien de « l’écho de la nature ». L’homme se rend compte de sa solitude idyllique<br />

dans la nature au moment où il s’aperçoit qu’il n’y a personne qui puisse répondre à son<br />

chant, à sa musique sauf, peut-être, une montagne – sauf la nature elle-même. Dans le<br />

deuxième mouvement, l’intimité du premier est troublée, pourtant il s’intègre parfaitement<br />

à l’image pastorale. Avec ses motifs courts et marquants rythmiquement plutôt que<br />

mélodiquement, le mouvement rappelle une danse paysanne vigoureuse et rustique. Dans<br />

le troisième mouvement, caractérisé par sa mélodie enchanteresse en ut dièse mineur et<br />

ses ornements galants, presque fragiles, Telemann transporte l’auditeur dans le monde<br />

de la cour – pour déchaîner un vrai tourbillon de virtuosité essoufflée dans le<br />

Spirituoso final, avec ses triolets perpétuels dans la voix supérieure et dans la basse.<br />

Dans le SOLO XI EN LA MINEUR, l’indication « Dolente » mise au-dessus du premier<br />

mouvement devient en fait le programme de la composition entière. Face aux moyens<br />

musicaux employés par le compositeur, on se sent à peu près amené à croire que<br />

Telemann a voulu donner l’exemple modèle d’une composition funèbre : le mètre<br />

volontairement lent à 3/2, la mélodique serrée à petits intervalles, les appoggiatures<br />

plaintives, les sauts d’intervalle diminués et les progressions chromatiques dans les deux<br />

voix nous présentent de manière impressionnante la totalité du vocabulaire de la<br />

musique funèbre baroque. Dans le deuxième mouvement, le deuil se transforme en rage.<br />

Les appoggiatures courtes et les staccati, les grands sauts d’intervalle et les triolets<br />

fugitifs se font furieux, rebelles, parfois presque insolents. Ce n’est que le troisième<br />

mouvement qui apporte à l’âme la tranquillité désirée : Un Cantabile mélodique, dans un<br />

ut majeur enjoué au-dessus d’une basse volontairement simple, où les sauts d’intervalle<br />

optimistes ascendant à la grande sixte et les accords brisés porteurs d’espoir dessinent<br />

l’image d’une sérénité rassurée. L’Allegro final débute dans un rythme dansant enjoué en<br />

3/8 pour éclater dans une joie débordante qui se traduit par la juxtaposition désinvolte<br />

des figurations les plus diverses, dont des passages « fourmillants » en triples croches<br />

extrêmement rapides qui semblent se culbuter par exubérance.<br />

Le début de la dernière sonate du recueil, du SOLO XII EN FA DIÈSE MINEUR, est<br />

empreint de pathos. Le premier mouvement présente à l’auditeur un caractère qui<br />

cherche constamment à exprimer ses peines avec de grands gestes pour retomber sur<br />

soi-même bientôt après, ne parvenant pas à s’en débarrasser. D’un caractère tendre,<br />

comme le suggère déjà l’indication « Teneramente », le mouvement dans son entier reste<br />

pourtant curieusement réservé et discret. Les deux mouvements suivants, auxquels leur<br />

facture contrapuntique confère un air surprenant de conservatisme, ne peuvent pas<br />

apporter dans le contexte dramatique de la sonate, une solution convai<strong>nca</strong>nte à la<br />

situation de départ. Les efforts du deuxième mouvement, Spirituoso, se figent plutôt<br />

dans une certaine raideur, tandis que le troisième mouvement, Gratioso, développant un<br />

dialogue entre la mélodie et la basse, garde, derrière le masque du gracieux, son esprit<br />

quasiment neutre et émotionnellement retenu. Ce n’est que dans l’Allegro conclusif que<br />

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