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La reconversion sportive - Gymnase Auguste Piccard

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GYMNASE AUGUSTE PICCARD<br />

TRAVAIL DE MATURITE EN EDUCATION PHYSIQUE<br />

ET SPORTIVE PRESENTE PAR :<br />

MORISOD ELODIE 3MS1<br />

<strong>La</strong> <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

Quelle vie après le sport de haut niveau ?<br />

<strong>La</strong>usanne, le 12 novembre 2007<br />

Maître conseiller : Roland Schürch


Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

Table des matières<br />

1. Introduction 1<br />

1.1 Motivation 1<br />

1.2 Approche du sujet 1<br />

1.3 Enjeux 2<br />

1.4 Démarche 2<br />

2. Le sport de haut niveau 4<br />

2.1 Qu’est-ce que le sport de haut niveau ? 4<br />

2.2 L’arrêt du sport de haut niveau 6<br />

2.3 Des options pour une carrière post-<strong>sportive</strong> 8<br />

2.4 Des problèmes liés à la <strong>reconversion</strong> 11<br />

2.5 Les critères de réussite de la <strong>reconversion</strong> 12<br />

2.6 Résumé 13<br />

3. Aide pout la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong> 14<br />

3.1 Réinsertion <strong>sportive</strong>, métier exercé par David Orlando 14<br />

3.2 Gesport (Jacques Raymond) 17<br />

4. Analyse des interviews 18<br />

5. Conclusion 28<br />

6. Bibliographie 31<br />

7. Annexes 32


Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

1. Introduction<br />

1.1 Motivations<br />

Je pratique moi-même un sport de compétition. Parfois c’est dur. On laisse tomber<br />

d’autres petits loisirs pour se consacrer uniquement au sport. On doit faire quelques<br />

sacrifices. Mais si on aime ça, cela ne pose aucun problème.<br />

Et, en ce moment, je suis en plein doute. Les résultats ne suivent pas, pourtant je<br />

continue de m’entraîner durement. Des milliers de questions tourbillonnent dans ma<br />

tête. Je me demande comment cela se passerait si j’arrêtais le sport, qu’est-ce que<br />

je ferais. Bon, il est vrai que la question de la <strong>reconversion</strong> est un peu exagérée dans<br />

mon cas car, au fond de moi, je sais que je ne vais pas arrêter le sport maintenant !<br />

J’ai besoin d’avoir la sensation de me surpasser, d’avoir cette montée d’adrénaline<br />

juste avant le début de ma compétition. Mais je trouvais le thème de la <strong>reconversion</strong><br />

<strong>sportive</strong> passionnant.<br />

Bref, tout en me posant des questions, je me suis demandé comment les sportifs de<br />

haut niveau ont pu arrêter leur passion. Et pourquoi ils l’ont fait. Et puis de plus en<br />

plus de questions se bousculaient dans ma tête. Ce sujet m’est devenu de plus en<br />

plus intéressant. J’aimerais vraiment connaître ce que devient un sportif après<br />

l’arrêt de son sport. Comment il vit cette « deuxième vie ».<br />

De plus, j’avais l’occasion de côtoyer quelques personnes célèbres, ce qui me<br />

réjouissait beaucoup.<br />

1.2 Définitions, approche du sujet<br />

<strong>La</strong> <strong>reconversion</strong> c’est un changement de métier, d’activité professionnelle.<br />

En ce qui concerne la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>, il arrive un temps où l’athlète doit<br />

arrêter son sport, et cela pour différentes raison :<br />

- Trop vieux pour continuer<br />

- Envie de faire autre chose<br />

- Blessure<br />

- Manque de résultats<br />

Aussi, la <strong>reconversion</strong> peut être plus ou moins difficile selon la raison et selon le<br />

caractère de l’athlète.<br />

En effet, si le moment a été choisi, la <strong>reconversion</strong> a pu être préparée et<br />

psychologiquement, c’est plus facile pour le sportif.<br />

En revanche, s’il a dû arrêter brusquement, soit sur une blessure, soit par le manque<br />

de résultats, cela lui tombe un peu sur la tête, sans qu’il ne s’y attende. Dans ce cas,<br />

tous ses projets et rêves sportifs s’effondrent et il devra trouver de nouveaux<br />

objectifs dans un autre domaine.<br />

-1-


Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

1.3. Enjeux<br />

Le but de mon travail est de comprendre comment se passe une <strong>reconversion</strong> chez<br />

des sportifs de compétition. :<br />

- Si elle est bien vécue.<br />

- Ou si, au contraire, elle est difficile et comporte des étapes douloureuses.<br />

En effet, certains athlètes éprouvent des difficultés à gérer leur carrière<br />

post-<strong>sportive</strong> et traversent des moments pénibles : dépression, alcoolisme,<br />

toxicomanie ou encore échec professionnel. De plus, leurs mérites sombrent parfois<br />

rapidement dans l’oubli. C’est un coup dur pour les sportifs qui ont été sur le devant<br />

de la scène pendant quelque temps.<br />

A l’inverse, si l’athlète est capable d’être autonome, d’avoir une position active visà-vis<br />

de ce qui concerne son avenir et de ne pas tout miser sur le sport, il vivra une<br />

transition plus facile, même s’il y aura toutefois quelques périodes douloureuses.<br />

J’aimerais donc savoir comment vivent les athlètes après leur sport.<br />

Les principales questions que je me pose sont :<br />

- Comment vivent-ils sans la compétition ?<br />

- Ont-ils des regrets, des manques ou alors gardent-ils leurs moments<br />

magiques gravés à tout jamais dans leur mémoire ?<br />

- Ont-ils un diplôme ou ont-ils abandonné leurs études au profit du sport ?<br />

- Sont-ils conscients qu’ils devront arrêter un jour ou l’autre leur sport ?<br />

- Savent-ils que le sport est éphémère ? Qu’une blessure peut briser tous<br />

leurs rêves et qu’ils devront travailler pour vivre ?<br />

- Une <strong>reconversion</strong> se passe-t-elle mieux si elle a été programmée ?<br />

- Est-ce que cette « deuxième » vie est meilleure ?<br />

1.4 Démarche<br />

Pour mener à bien mon travail, j’ai tout d’abord consulté des bibliothèques,<br />

notamment celle de Macolin, ainsi que des sites internet.<br />

J’ai donc lu des livres pour m’informer clairement de ce qu’était une <strong>reconversion</strong>.<br />

Je me suis également rendue au CIO pour essayer d’obtenir la cassette, dont<br />

l’émission consacrée à la <strong>reconversion</strong> est passée sur la tsr en mi-juin. Je n’ai<br />

malheureusement pas pu l’avoir.<br />

Ensuite, pour ce travail, il me semblait utile d’interviewer des sportifs qui ont<br />

aujourd’hui arrêté leur sport pour une raison quelconque. J’ai donc rédigé des<br />

questions et cherché des athlètes que je pourrais interroger.<br />

Cependant, à ce moment, j’ai rencontré quelques problèmes. En effet, certains<br />

athlètes ne se prêtent pas aux jeux des questions et répondent seulement par oui ou<br />

par non alors que les réponses pourraient être vraiment développées. Un athlète m’a<br />

même raccroché au nez sans que j’aie eu le temps de me présenter.<br />

-2-


Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

Ce qui a aussi été difficile était de pouvoir atteindre les sportifs. En effet, malgré le<br />

fait qu’ils ne sont plus actifs dans leur sport, ils sont toujours autant occupés et<br />

difficilement joignables.<br />

J’ai également été voir une personne, David Orlando, qui a pratiqué un sport et qui,<br />

maintenant, s’occupe de la réinsertion des athlètes dans leur « nouvelle vie ». Et<br />

finalement, afin que mon étude soit la plus complète possible, j’ai rencontré Jacques<br />

Reymond, fondateur de Gesport, une société pour s’occuper des <strong>reconversion</strong>s<br />

<strong>sportive</strong>s.<br />

Fig. 1 Michael Jordan<br />

articulo.mercadolibre.com.mx<br />

-3-


Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

2. Le sport de haut niveau<br />

2.1. Qu’est-ce que le sport de haut niveau ?<br />

Le sport de haut niveau est un sport qui se pratique à une échelle internationale. Le<br />

sportif de haut niveau est confronté aux meilleurs du monde dans sa discipline. Il se<br />

prépare à affronter une vie compliquée, ardue et même parfois ingrate, jusque vers<br />

l’âge de quarante ans si tout va bien.<br />

Pratiquer le sport de haut niveau, c’est apprendre à faire des concessions, même<br />

lorsque l’athlète est jeune. C'est-à-dire qu’il devra limiter le nombre de sorties entre<br />

amis le soir et le week-end, éviter certains aliments et parfois, faire des régimes<br />

Le sport de haut niveau c’est aussi parfois devoir abandonner ses études car l’athlète<br />

ne peut ou n’arrive pas à mener de front une carrière <strong>sportive</strong> et une carrière scolaire.<br />

Souvent, les projets de vie familiale sont reportés dans le temps. Lorsque le sportif se<br />

consacre uniquement à la performance, l’idée de fonder une famille, d’avoir des<br />

enfants ne lui effleure pas l’esprit.<br />

Et c’est enfin savoir résister à la tentation de tricher, de se doper pour être le<br />

meilleur.<br />

Pourtant le sport de haut niveau est un métier magnifique, certes dur, éprouvant, mais<br />

l’athlète vit de sa passion. Il se lève pour l’exercer, a du temps libre lorsque son<br />

entraînement est terminé, et peut obtenir des soins, des massages. Parfois il est<br />

presque un assisté.<br />

Ce métier est beau à voir pour les spectateurs et téléspectateurs lorsque les athlètes<br />

sont propres. Il appelle sans cesse à relever des défis et à repousser ses limites.<br />

Le sport de haut niveau représente l’excellence <strong>sportive</strong>. Il est reconnu par des textes<br />

et des chartres. Il y a quatre critères qui le désignent 1 :<br />

- reconnaissance du caractère de haut niveau des disciplines <strong>sportive</strong>s<br />

- compétitions de référence<br />

- liste des sportifs de haut niveau<br />

- filière d’accès au sport de haut niveau<br />

Il comprend des sportifs reconnus et désignés par les directeurs techniques nationaux.<br />

Les victoires remportées dans cette profession sont très différentes des succès gagnés<br />

en entreprises ou dans d’autres domaines. En effet, elles sont plus intenses, plus<br />

émotionnelles et beaucoup plus médiatisées. Elles glorifient l’athlète et lui<br />

permettent de se forger une identité. Elles marquent le sportif plus durablement et<br />

plus émotionnellement que d’autres formes de réussite. Prenons l’exemple d’un<br />

champion olympique. Lors du podium, le drapeau de son pays s’élève dans les airs et<br />

flottent pendant que l’hymne national résonne. Il le chante comme tout le public de<br />

ce pays. C’est un moment inoubliable, d’une intense émotion !<br />

1 <strong>La</strong> vie après le sport de haut niveau Helmut Diegel 1997<br />

-4


Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

Autre exemple : à l’hôpital, lorsqu’un chirurgien réussit brillamment une opération<br />

difficile, il ne sera pas couronné d’une médaille, ni n’entendra l’hymne de son pays<br />

retentir. Peut-être en parlera-t-on dans les journaux. Toutefois, son succès lui<br />

procurera des émotions intenses, mais pas les mêmes qu’un champion olympique !<br />

Aussi, pour certains athlètes, cet univers du sport est un lieu de pouvoir, de célébrité.<br />

C’est un monde luxueux. Les athlètes de haut niveau ont des sponsors qui leur offrent<br />

toute sorte de belles choses comme des voitures de sport, de belles montres ou encore<br />

d’importantes primes. Ils sont également souvent invités à des galas, à des soirées.<br />

« Dans ce monde, les relations sociales leur ouvrent des portes qui restent fermées à<br />

tous ceux qui ne sont pas des vedettes <strong>sportive</strong>s. » 1<br />

En résumé pour un jeune sportif, le sport de haut niveau se définit par une<br />

participation au championnat national (championnats suisses, de France, d’Espagne,<br />

etc.) Pour pouvoir y participer, il faut atteindre une limite demandée par la fédération<br />

(en sport individuel notamment) donc c’est déjà un certain niveau !<br />

Pour un athlète plus âgé presque professionnel, il se caractérise par une participation<br />

à des championnats européens, mondiaux et olympiques.<br />

Mais comme toute bonne chose, il a une fin.<br />

Fig. 2 Carl Lewis<br />

www.telegraph.co.uk/.../100mrecord/upix100.xml.<br />

1<br />

<strong>La</strong> vie après le sport de haut niveau<br />

1997<br />

Helmut Diegel<br />

<strong>La</strong> vie après le sport en France Catherine Louveau & Pascal Duret<br />

L’arrêt de carrière <strong>sportive</strong> de haut niveau Yannick Stephan, Jean Bilard & G. Ninot<br />

-5-


Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

2.2 L’arrêt du sport de haut niveau<br />

<strong>La</strong> profession de sportif d’élite est d’une durée, certes très variable mais toujours très<br />

limitées en comparaison à d’autres activités professionnelles.<br />

L’arrêt d’une carrière amène l’athlète dans une nouvelle vie qui peut avoir des<br />

répercussions psychologiques.<br />

Le sportif peut prendre du poids ou perdre de la masse corporelle. Cela peut entraîner<br />

une baisse de confiance en lui. Son corps vieillit et se modifie mais ses compétences<br />

ne changent pas. L’athlète doit donc essayer de trouver un métier qu’il aime et où il<br />

peut mettre en avant ses capacités et son expérience de vie. Il retrouverait de<br />

l’estime de soi. Mais cela prendra plus ou moins de temps selon le sportif !<br />

Il existe trois sortes d’arrêt :<br />

L’arrêt forcé par le manque de résultat<br />

L’arrêt sur blessure<br />

<strong>La</strong> décision d’arrêter par l’athlète lui-même<br />

2.2.1 L’arrêt forcé par le manque de résultats<br />

<strong>La</strong> performance est l’objectif principal chez le sportif compétiteur. Ainsi un athlète est<br />

capable d’accepter de s’entraîner plusieurs heures par semaine pendant des mois pour<br />

atteindre la victoire. Cependant dans certains cas et malgré tous ces efforts, les<br />

objectifs sportifs ne suivent pas et une baisse inexpliquée des performances apparaît.<br />

Si l’athlète n’obtient plus de bons résultats, il ne sera plus intéressant ni pour son<br />

club, ni pour sa fédération, ni pour ses sponsors. Sa carrière, là, s’arrête relativement<br />

abruptement, d’autant plus s’il n’y était pas préparé.<br />

Ce cas de figure est surtout observé dans des sports individuels comme la natation,<br />

l’athlétisme, le patinage ou le ski. En effet, dans un sport individuel, l’athlète est seul<br />

face à ses exploits. Il ne pourra donc pas nier une baisse de résultats et n’aura alors<br />

plus l’occasion de participer à un grand championnat car il faut obtenir une limite pour<br />

y concourir (c’est-à-dire un temps précis pour une course ou une distance précise pour<br />

un saut, un lancer). Tandis que dans un sport d’équipe comme le football, si un athlète<br />

est moins en forme il passera plus facilement inaperçu. Il pourra toujours jouer dans<br />

une grande équipe mais toutefois son temps de jeu diminuera.<br />

D’avoir arrêté sa carrière par manque de résultats laisse supposer une grosse<br />

désillusion, une baisse de son estime de soi. Il faudra beaucoup de courage et<br />

certainement l’appui de la famille, de vrais amis pour arriver à tirer un bilan positif du<br />

travail accompli durant toutes ces années.<br />

2.2.2 L’arrêt sur blessure<br />

Ennemie jurée de tous les athlètes, la blessure peut frapper à n’importe quel moment,<br />

quelle que soit l’attention portée par le sportif à l’alimentation, à la récupération ou<br />

encore à la préparation physique. Quand un athlète est en compétition, il est le héros.<br />

Une fois blessé, il n’intéresse plus personne, et est vite oublié pour les médias.<br />

L’arrêt de carrière <strong>sportive</strong> de haut niveau Yannick Stephan, Jean Bilar & G. Ninot<br />

http://www-aps.ujf/grenoble.fr/acaps/Actes/Oral/stephan.pdf<br />

-6-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


Lorsqu’un sportif doit cesser son activité sur une blessure, il vivra une période<br />

extrêmement douloureuse. Apprendre qu’il ne pourra plus concourir entraine une<br />

baisse de moral inévitable un sentiment de gâchis, un goût d’inachevé. Après s’être<br />

battu pendant des années, savoir qu’il ne pourra pas aller au bout de ses possibilités<br />

est très difficile à accepter. Cet arrêt du sport peut entraîner un grand vide dans la vie<br />

de l’athlète, surtout s’il avait tout investi dedans. Il se retrouvera du jour au<br />

lendemain avec beaucoup de temps libre. Il ne saura pas forcément comment<br />

l’occuper. Le changement de rythme sera brutal pour lui.<br />

Le sportif, en manque de mouvements et de stress, peut sombrer dans une déprime<br />

comme un toxicomane privé de sa drogue.<br />

Des chercheurs ont constaté que lorsqu’un athlète se retire involontairement de la<br />

compétition, il ressent un sentiment de faillite. C’est un échec pour lui. Cette phase<br />

est appelée « drop-out ». Elle peut durer plus ou moins longtemps selon le sportif<br />

concerné (de quelques semaines à des années).<br />

C’est lors de cet arrêt qu’une grande différence se fait sentir dans la <strong>reconversion</strong><br />

entre ceux qui se sont préparés à une telle éventualité et ceux qui l’ont négligée.<br />

Daniel Defago, ancien skieur, parle en ces termes :<br />

J’ai préparé ma fin de carrière car mes parents m’ont toujours appris qu’il fallait faire<br />

une formation avant de se lancer dans une carrière <strong>sportive</strong>. Je suis content de l’avoir<br />

fait car j’ai vu que tout pouvait basculer en très peu de temps. Maintenant j’ai des<br />

projets et des objectifs autres que dans le sport.<br />

Fig. 3 Gail Devers<br />

www.southcn.com/sports/star4/devers/.<br />

2.2.3 <strong>La</strong> décision d’arrêter par l’athlète lui-même<br />

Peut-être a-t-il déjà des projets pour son avenir, ou peut-être n’a-t-il rien. Quoi qu’il<br />

en soit, ce choix n’a pas été des plus faciles à prendre. L’athlète doit être conscient<br />

qu’il perdra tous ses privilèges de sportif reconnu, qu’il ne vivra plus les grands<br />

moments d’émotions que procure la compétition. Mais ce sera certainement moins<br />

difficile que dans les deux autres cas, parce qu’il aura pris lui-même la décision<br />

d’arrêter. Il aura le sentiment d’avoir été au bout de ses capacités. Il pourra tirer un<br />

bilan positif par rapport à ses objectifs et ainsi s’appuyer sur cette satisfaction pour<br />

accepter l’arrêt et la perte des privilèges.<br />

-7-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


Préparer, programmer sa <strong>reconversion</strong> durant sa vie <strong>sportive</strong> facilite l’arrêt. Cela veut<br />

dire que l’athlète est conscient que le sport s’arrêtera un jour, qu’il ne pourra pas<br />

vivre uniquement de cela et qu’il y aura une autre vie après le sport. C’est un choix<br />

mûrement réfléchi.<br />

2.3 Des options pour une carrière post-<strong>sportive</strong><br />

Il y en a trois 1 :<br />

Couper tous les ponts avec le sport<br />

Avoir un métier mais rester en contact avec le sport<br />

Son métier est dans le sport (professeur de sport ou entraîneur)<br />

2.3.1 Couper tous les ponts avec le sport<br />

Certains anciens athlètes ne désirent plus collaborer avec le sport. Ils veulent<br />

« prendre leur distance » du moins pendant quelque temps.<br />

Selon Helmut Diegel, cela concernerait les sportifs qui possèdent un diplôme<br />

universitaire ou professionnel.<br />

Mais selon les athlètes que j’ai interrogés, tous me répondent qu’avoir un papier ne<br />

sert presque à rien. Car en se lançant dans une carrière <strong>sportive</strong> pendant plusieurs<br />

années, ils n’étudient plus. Le fait d’avoir obtenu un papier en terminant leurs études<br />

ou leur apprentissage ne leur garantit pas un emploi à la fin de leur carrière <strong>sportive</strong>.<br />

Ils devront tout d’abord revoir les aspects que demande ce travail, s’il correspond<br />

toujours à leurs envies.<br />

Je pense qu’il y a deux catégories d’athlètes désirant couper tous les ponts avec le<br />

sport :<br />

1) Ceux qui n’ont jamais vécu de victoires, jamais réussi à vraiment obtenir de<br />

résultats probants. Ils sont un peu « dégoûtés » de s’être toujours autant entraînés que<br />

les autres, même souvent plus, sans jamais voir le fruit de leurs efforts. Ils n’ont plus<br />

la volonté de persévérer. Ils ont été « descendus » par les médias, peut-être même<br />

laissés tomber par leurs entraîneurs et par leurs camarades d’entraînements. Certains<br />

qui se trouvent dans ce cas préfèrent oublier leurs expériences avec le sport et se<br />

lancer dans un tout autre domaine !<br />

Ces athlètes ont vécu des moments douloureux pendant leur carrière. Ils ont dû<br />

affronter les railleries, les critiques et les mauvaises langues. Et ils ont surmonté cela<br />

pour continuer à se battre pendant les entraînements. Mais c’est beaucoup d’énergie<br />

dépensée pour peu de résultats concrets. Et ils souhaitent en arrêter là avec le sport.<br />

2) Ceux qui n’ont plus envie d’être dans le milieu sportif parce qu’ils considèrent avoir<br />

tout donné dans leur sport et désirent passer à autre chose, tourner définitivement la<br />

page. Christophe Bonvin, ancien footballeur, est un exemple de ce cas :<br />

Je ne voulais plus travailler dans le domaine du sport. J’ai vraiment quitté ce milieu<br />

pour me consacrer uniquement à ma deuxième passion qui est le vin.<br />

1 <strong>La</strong> vie après le sport de haut niveau Helmut Diegel 1997<br />

-8-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


2.3.2 Avoir un métier mais rester en contact avec le sport<br />

On peut observer que couramment, beaucoup d’anciens athlètes de haut niveau ont de<br />

la peine à quitter le monde du sport. Ils restent le plus souvent en contact avec cet<br />

univers en devenant entraîneur dans leur club. D’une part, ils ont de la peine à se<br />

séparer de cette grande famille du sport. Souvent ils ont vécu plus longtemps et<br />

partagé plus de choses avec elle qu’avec leur propre famille ! Et d’autre part, le sport<br />

reste indissociable à leur vie. Lorsque l’athlète a baigné dans ce monde pendant des<br />

années, qu’il a eu du plaisir à concourir, à s’entraîner, il a envie de montrer, de<br />

transmettre ce qu’il a acquis aux jeunes. Pouvoir communiquer sa passion à des jeunes<br />

athlètes, partager son expérience avec eux est un moyen de rester vivant dans le<br />

domaine du sport. Devenir entraîneur est une expérience merveilleuse. De plus, voir<br />

ses athlètes progresser, voire peut-être même gagner, lui procurera des sentiments<br />

assez proches que ceux qu’il avait connu pendant sa carrière <strong>sportive</strong>.<br />

Les athlètes qui préfèrent garder le sport comme hobby, qui travaillent la journée et<br />

le soir entraînent une équipe ou un groupe, peut-être avaient-ils poursuivi leurs études<br />

et avaient trouvé un métier qui leur convient, ou peut-être avaient-ils envie de se<br />

lancer dans une deuxième carrière toute nouvelle tout en gardant un pied dans le<br />

sport ?<br />

2.3.3 Son métier est de rester dans le sport<br />

Les athlètes ayant leur métier dans le sport sont souvent ceux qui ont eu plus de peine<br />

à quitter ce milieu que ceux qui le gardent comme hobby.<br />

En tant qu’entraîneurs, ce sont la plupart du temps, les meilleurs athlètes qui restent<br />

dans le monde du sport. Car, en effet, comme l’illustre Erika Hess, ancienne skieuse<br />

de 1977 à 1987 :<br />

Le fait que les jeunes ont un entraîneur qui s’appelle Erika Hess, William Besse ou<br />

encore Pirmin Zurbriggen, est beaucoup plus intéressant que s’il s’appelait X ou Y.<br />

Pour les autres le sport est simplement quelque chose de sacré, de vital qu’ils ne<br />

pouvaient quitter. Souvent, dans cette situation, les athlètes n’ont pas suivi de<br />

formations adéquates ou ont oublié ce qu’ils ont appris à cause du décalage qui s’est<br />

créé. Pour ces raisons, cela peut être difficile de trouver un emploi. S’ils ont été à un<br />

bon niveau, les athlètes peuvent se voir offrir une place de travail dans le club, la<br />

fédération ou la société auxquels ils ont appartenu.<br />

Et dans ce milieu, plusieurs domaines peuvent s’ouvrir à eux. En effet, ils peuvent<br />

travailler en tant que professeur de sport, arbitre, entraîneur professionnel ou encore<br />

masseur professionnel.<br />

Daniel Hediger, ancien fondeur, illustre très bien ce modèle 2.2.3<br />

Oui je travaille toujours dans le domaine du sport. Je n’ai jamais arrêté. J’ai travaillé<br />

à plusieurs niveaux. J’ai même repris une fois un cadre national, le cadre B de 1994 à<br />

1995. Mais c’était une trop grosse charge par rapport à ma famille et à mon travail de<br />

militaire. Sinon, j’ai toujours travaillé dans le club de ski-de-fond à Bex. Et<br />

maintenant, j’ai repris un poste plus administratif comme chef nordique de ski<br />

romand.<br />

-9-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


2.4 Les problèmes liés à la <strong>reconversion</strong><br />

Si certains sportifs réussissent très bien leur <strong>reconversion</strong>, n’oublions pas que d’autres<br />

ont des difficultés à se réintégrer dans une nouvelle vie.<br />

En effet, étant athlètes professionnels, énormément de portes s’ouvrent à eux. Ils<br />

voyagent à l’étranger, ont des contacts sociaux faciles, vivent des expériences<br />

culturelles extraordinaires et découvrent de merveilleuses émotions. Et lorsque tout ce<br />

petit monde presque surréaliste s’arrête, beaucoup d’athlètes traversent des périodes<br />

obscures, ce qui est compréhensif. Ils doivent apprendre à perdre leurs privilèges, ce<br />

qui n’est pas évident. De plus, certains échouent dans leur nouvelle profession.<br />

Lorsqu’ils ont trouvé une nouvelle activité, ils doivent s’habituer aux changements de<br />

mode de vie. Ils ont un nouvel horaire à tenir ainsi que des habitudes à prendre et à<br />

perdre. Ils passent leurs journées dans un autre monde que celui du stade ou du<br />

terrain. Ils devront le plus souvent évoluer vers une activité plus intellectuelle que<br />

<strong>sportive</strong>. Et il est vrai qu’aujourd’hui, trouver un emploi est ardu et certains sportifs<br />

sous-estiment cette difficulté. Il y a dix ans, certains présidents de club employaient<br />

les sportifs dans leurs entreprises.<br />

Maintenant, peu d’entre eux s’identifient à une équipe et les dirigeants se sentent<br />

moins concernés. Certains négligent leur formation de base pour tenter leur chance au<br />

plus haut niveau. D’autres ont fait un apprentissage ou des études mais l’oublient<br />

ensuite durant la carrière <strong>sportive</strong> à cause du décalage qui s’est formé. Pendant ce<br />

temps, leur profession a évolué et ils sont complètement dépassés lorsqu’ils souhaitent<br />

réintégrer le monde du travail. Les sportifs n’ont peut-être pas le temps de suivre des<br />

formations continues et lorsqu’ils souhaitent revenir dans la vie active, ils sont<br />

déconnectés de la réalité. Dans leurs clubs, ils sont « chouchoutés », trop entourés,<br />

voire assistés alors que le monde du travail est sans pitié. D’autres tombent en<br />

dépression, dans l’alcoolisme ou dans la toxicomanie. Ceux-ci veulent rester connus<br />

des médias car c’est très dur de basculer dans l’anonymat du jour au lendemain. Ou<br />

alors, ils sont totalement désemparés et rongés par l’anxiété et donc se réfugient dans<br />

l’alcool et la drogue<br />

Le recours à de tels produits permet de fuir leur propre réalité, de se donner du<br />

courage ainsi que de noyer leurs sentiments négatifs.<br />

D’autres problèmes peuvent être lié au fait que les sportifs n’ont tout simplement pas<br />

choisi le moment d’arrêter le sport et là, leur <strong>reconversion</strong> sera beaucoup plus<br />

difficile. Ils ne sont pas reconnus au niveau social. En effet, la réadaptation sociale et<br />

affective ne se fait pas sans complication. Un grand effort psychologique doit être<br />

fourni pour ne pas tomber dans une crise identitaire.<br />

Pour y arriver, un travail de remise en question doit être réalisé. Le sportif doit<br />

accepter ses propres limites et ses défaillances, admettre d’abandonner sa passion,<br />

avec ses rêves inachevés, comme celui de n’avoir peut-être pas laissé de trace dans les<br />

mémoires par ses performances.<br />

Ce changement de cap peut être soutenu par la fixation de nouveaux objectifs. Au<br />

niveau financier, ils vont tomber d’un salaire à rien du tout. C’est également pour cela<br />

qu’ils seront dépressifs. 1<br />

1 Selon l’entretien du 1 er octobre 2007 avec Jérôme Nanchen, psychologue sportif<br />

-10-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


C’est comme si le ciel leur tombait sur la tête. Pour quelques-uns même, leurs mérites<br />

disparaissent rapidement aux yeux des journalistes.<br />

De nombreux problèmes personnels peuvent encore survenir : la peur de tomber dans<br />

le train-train quotidien, la nostalgie, la solitude. Tous ces problèmes doivent être<br />

résolus soit par le sportif lui-même, soit avec l’aide de son entourage ou d’un<br />

psychologue.<br />

Si un athlète a vraiment beaucoup de difficultés à refaire sa vie après le sport, il peut<br />

se rendre chez un psychologue ou chez un conseiller en réinsertion qui l’aiderait à<br />

trouver une voie dans laquelle il pourrait se diriger. Mais comme l’a dit David Orlando,<br />

ancien footballeur travaillant aujourd’hui en tant que conseiller en réinsertion<br />

Si un athlète a joué 10-12 ans au foot, il ne doit pas se dire qu’une place de travail va<br />

lui tomber dessus et qu’il sera assuré pendant 20 ans. Non. Il devra la chercher luimême.<br />

Il doit être conscient que c’est lui seul qui obtiendra des solutions. Il doit se<br />

remettre en question et trouver ce qu’il veut faire.<br />

Donc effectivement les psychologues et les conseillers lui seront d’une aide précieuse,<br />

mais ils ne lui donneront pas de réponses toutes faites car ils ne peuvent pas décider à<br />

sa place !<br />

Toutefois, je note qu’aucun de mes interviewés n’a sollicité l’aide de spécialistes pour<br />

résoudre ses problèmes. Chacun les a en effet résolus lui-même, tout en spécifiant<br />

avoir été bien soutenu par son entourage.<br />

Fig. 4 Pirmin Zurbriggen<br />

www.discesalibera.it<br />

2.5 Les critères de réussite de la <strong>reconversion</strong><br />

Trois auteurs Roland Seiler, Jürg Schmid et Guido Schilling ont élaboré des critères de<br />

réussite d’une <strong>reconversion</strong>. Ces critères doivent être mis en avant pour assurer la<br />

qualité d’une <strong>reconversion</strong>. Ils peuvent être utilisés ou non par les sportifs. Ceux-ci<br />

décident eux-mêmes s’ils veulent en prendre un ou deux pour éventuellement les aider<br />

dans leur nouvelle vie à venir. Ils sont libres de choisir. Mais le sportif doit être<br />

conscient que sa carrière peut s’arrêter d’un jour à l’autre.<br />

-11-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


1) <strong>La</strong> mise en valeur d’une nouvelle orientation de la vie, de nouvelles<br />

activités. Les anciens athlètes désirent mettre leurs qualités respectives en<br />

avant. Ils auront également un but, un objectif, tout comme lorsqu’ils<br />

concouraient.<br />

2) Le moment choisi pour prendre sa retraite du sport de compétition joue un<br />

rôle important dans la réussite de la <strong>reconversion</strong>. L’athlète juge lui-même<br />

ce moment idéal.<br />

3) Parfois le fait d’aller voir un psychologue sportif ou un conseiller en<br />

réinsertion est nécessaire pour la réussite chez certains athlètes. Mais la<br />

plupart du temps, le soutien de la famille, de la compagne/du compagnon<br />

ainsi que des amis est le plus important. En effet, ce sont eux qui montrent<br />

le plus de compréhension face aux difficultés de la <strong>reconversion</strong>. Mais en<br />

cas de problèmes majeurs, les athlètes doivent avoir la possibilité de se<br />

retourner vers n’importe quel psychologue ou conseiller qui les aideront à<br />

mieux maitriser leur situation.<br />

4) Etre capable de s’intégrer dans une nouvelle activité dans laquelle<br />

l’athlète est compétent. Sa vie doit continuer à avoir un sens. En effet, la<br />

polyvalence favorise l’interruption du sport. C’est le fait de ne pas voir que<br />

pas son sport, de ne pas avoir que ce domaine dans la vie. il faut avoir une<br />

autre activité à côté.<br />

5) Etre content de la vie qui s’offre à lui ainsi que de son nouvel emploi,<br />

malgré les exigences que demandent ces deux aspects, comme celle<br />

imposée par le travail, l’épanouissement personnel ou encore l’esprit<br />

d’indépendance. Il faut accepter ces exigences et être heureux tout<br />

simplement d’être en vie et en bonne santé.<br />

6) Le sentiment d’avoir été au bout de ses capacités. L’athlète évalue sa<br />

carrière positivement par rapport à ses objectifs, et donc, peut s’appuyer<br />

sur cette satisfaction pour accepter l’arrêt et la perte.<br />

7) Préparer, programmer la <strong>reconversion</strong> durant sa carrière facilite aussi<br />

l’arrêt. Cela signifie que le sportif est conscient que le sport s’arrêtera un<br />

jour. Il ne pourra pas vivre uniquement de cela. Il connaît cette réalité.<br />

Ces critères ne garantissent pas une réussite totale et immédiate. Ils ont simplement<br />

été mis en place pour aider le sportif à réussir au mieux sa <strong>reconversion</strong>.<br />

De plus, certains de ces critères n’aideront en rien l’athlète qui s’est blessé et qui<br />

ressent un sentiment d’échec.<br />

<strong>La</strong> vie après le sport de haut niveau Helmut Diegel 1997<br />

Carrière post-<strong>sportive</strong> en Suisse Roland Seiler, Jürg Schmid & Guido Schilling<br />

http://www.convention-sport.com/tous%20les%20metiers%20du%20sport/le-sportif/legislation-sportif/<strong>reconversion</strong>.htm<br />

http://www.chanvre-info.ch/info/fr/Le-sport-rend-il-fou-Non-pas-le.html<br />

-12-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


2.6. Résumé<br />

Selon certains auteurs, les sportifs ayant le mieux réussi leur <strong>reconversion</strong> sont ceux<br />

qui possèdent une formation scolaire ou professionnelle lorsqu’ils ont mis un terme à<br />

leur carrière.<br />

Pourtant c’est une période difficile et longue pour certains anciens athlètes. Autant le<br />

physique que le psychique prennent un coup. Beaucoup de sportifs ont alors élaboré<br />

des mesures d’encouragement pour pouvoir passer plus rapidement cette phase assez<br />

douloureuse.<br />

1) Etre capable de gérer soi-même son nouveau parcours et de pouvoir le<br />

contrôler, d’en apercevoir l’évolution et de décider de sa fin.<br />

2) Savoir ses compétences pour pouvoir commencer un nouvel emploi et<br />

l’exercer avec succès.<br />

3) Ces mesures ne doivent pas prendre en compte la période du retrait du<br />

sport de compétition mais tout l’ensemble de la carrière.<br />

4) Si vraiment c’est trop dur, faire appel à des psychologues ou à des<br />

conseillers en réinsertion pour pouvoir commencer une nouvelle vie avec<br />

un nouveau travail où l’athlète peut exceller.<br />

Fig. 5 Pelé<br />

www.pilka.pl/index.php?mid=26&show=79.<br />

Carrière post-<strong>sportive</strong> en Suisse Roland Seiler, Jürg Schmid & Guido Schilling<br />

-13-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


3. Aides pour la <strong>reconversion</strong><br />

3.1 Réintégrer des sportifs dans la vie de tous les jours, un métier<br />

exercé par David Orlando, ex footballeur.<br />

3.1.1 Le métier<br />

Ce métier exige de nombreuses compétences. Tout d’abord, aimer les gens, ainsi<br />

qu’aimer aller à la rencontre des entreprises est essentiel pour exercer cet emploi. En<br />

effet, le contact avec les clubs, les sportifs, est primordial. Si les conseillers en<br />

réinsertion veulent avoir des clients ils ont besoin d’aller rencontrer des clubs dans<br />

lesquels des athlètes seraient en phase d’arrêt. S’ils n’apprécient pas cela, ils auront<br />

de la peine à aimer ce métier. Aussi, la timidité fait défaut à ce travail. <strong>La</strong> qualité<br />

requise ici est, au contraire, l’ouverture aux sportifs qui ont des difficultés. Et donc, le<br />

caractère joue un grand rôle pour exceller dans cet emploi. Il ne doit pas être trop<br />

fragile mais bien trempé car un athlète qui a des problèmes à rentrer dans une<br />

nouvelle vie n’est pas toujours simple à gérer. Enfin, il faut également avoir des<br />

qualités de psychologue pour pouvoir comprendre le client, pour l’écouter, le<br />

conseiller et le soutenir dans ses démarches. C’est la compétence la plus importante.<br />

En effet, le conseiller doit avoir le sens de l’écoute, ainsi que des relations humaines<br />

mais aussi une bonne connaissance des comportements humains pour réussir. Et enfin,<br />

ils devront être aptes à analyser les réponses des questionnaires remplis par les<br />

sportifs.<br />

Parlons ensuite un peu du métier lui-même. Il consiste à recevoir des athlètes issus de<br />

n’importe quel sport. Ils ont programmé leur fin de carrière d’ici un à deux ans et<br />

voudraient voir où ils se situent, quelles envies ils ont pour commencer une nouvelle<br />

vie.<br />

Les conseillers en réinsertion vont essayer de leur ouvrir des portes pour leur future<br />

carrière professionnelle. Parfois, ce sont des voies auxquelles ils n’avaient pas songé.<br />

En effet, bon nombre d’entre eux viennent consulter ces conseillers car ils ne savent<br />

pas ce qu’ils veulent faire après leur carrière <strong>sportive</strong>. Ils veulent réussir leur<br />

<strong>reconversion</strong> mais ne connaissent pas le chemin par où passer.<br />

Beaucoup, pour ne pas dire tous les athlètes, se posent un jour ou l’autre cette<br />

question fatale :<br />

Que vais-je faire après ma carrière <strong>sportive</strong> ?<br />

Ceux qui osent se lancer dans l’inconnu viennent les consulter.<br />

Souvent, les athlètes qui ont une petite idée où se diriger demandent aux conseillers<br />

« j’ai ce papier-ci et j’aimerais parvenir à cela. Est-ce que j’ai la possibilité pendant<br />

les deux ans de carrière qu’il me reste de suivre des cours du soir pour pouvoir ensuite<br />

exercer ce métier ? »<br />

D’autres ne savent absolument pas ce qu’ils veulent faire plus tard. Ils sont perdus. Et<br />

quelques-uns encore ont une brève idée. A ceux-là, les conseillers leur donnent des<br />

questionnaires à remplir.<br />

-14-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


Ensemble, petit à petit, ils construisent les jalons de la future vie du sportif. L’aide du<br />

conseiller est précieuse, car le départ dans la nouvelle vie active est difficile, souvent<br />

angoissante même. Par des questions de plus en plus orientées, précises, des profils se<br />

dessinent. Les athlètes professionnels sont très encadrés, presque assistés parfois. Ils<br />

démarrent dans la vie active sans vrais repères, sans garantie de réussite et sans<br />

entraîneurs. Ils se retrouvent seuls face à de nouvelles responsabilités.<br />

3.1.2 <strong>La</strong> réussite ou l’échec<br />

<strong>La</strong> première étape consiste à remplir des questionnaires précis qui vont permettre aux<br />

conseillers de leur trouver un stage.<br />

Les athlètes vont donc se lancer dans une nouvelle aventure pendant deux semaines,<br />

un mois. Ils découvriront et exerceront à l’essai un métier qu’ils sont aptes à<br />

pratiquer, selon les réponses données dans les questionnaires. Ils suivront donc chacun<br />

un stage, apprendront de nouvelles choses et à la fin devront eux aussi analyser leur<br />

expérience.<br />

Si la formation a plu, l’athlète va ensuite essayer de trouver une place fixe. A ce<br />

stade, les conseillers en réinsertion vous diront que leur travail est terminé. Ils sont<br />

parvenus à orienter le sportif là où il désirait aller (alors que peut-être au début, il<br />

n’était pas totalement conscient de cette voie qui pouvait s’ouvrir à lui). Seul, il<br />

n’aurait peut-être pas pu accomplir tout cela.<br />

Et enfin, lorsqu’il a décroché sa place, la réinsertion est réussie si l’ancien athlète en<br />

se levant le matin, est content d’aller travailler. Ce n’est pas si facile lorsqu’il a eu la<br />

chance de vivre de sa passion pendant plusieurs années. Etre content de son métier,<br />

ou tout simplement, être heureux d’avoir obtenu un emploi est une preuve de réussite<br />

dans la <strong>reconversion</strong>.<br />

Mais il existe également très souvent des athlètes qui n’apprécient pas le stage, alors<br />

que par les questionnaires, ils semblaient prédisposés pour ce métier. Fréquemment, il<br />

s’agit là de la crainte de changer d’orientation, la peur de l’inconnu. Le sportif ne<br />

vivra plus de son hobby. Il aura plus de contraintes. C’est une vie complètement<br />

différente qui s’ouvre devant lui. S’il n’apprécie pas la formation, c’est peut-être qu’il<br />

n’est pas encore prêt à se lancer dans ce nouveau monde. Pourtant le sport s’arrête un<br />

jour ou l’autre. Et il devra redescendre sur terre et prendre conscience des réalités de<br />

la vie. Mais cela dépend souvent du caractère des gens. Certains sont plus aptes à le<br />

faire tout de suite, alors que pour d’autres, cela prendra plus de temps. A ce stade la<br />

réinsertion a échoué.<br />

Mais l’espoir de la réussite reste toujours là !<br />

-15-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


3.1.3 Conclusion<br />

<strong>La</strong> réinsertion, l’acceptation du changement de vie prend du temps. L’athlète ne vivra<br />

plus les mêmes émotions, les mêmes sensations qu’avant mais il en découvrira de<br />

nouvelles, de différentes.<br />

Pour pouvoir bien réussir sa <strong>reconversion</strong>, l’athlète doit tout d’abord revenir sur terre.<br />

Il doit descendre de sa planète « sport » et accepter de se fixer de nouveaux objectifs<br />

de vie. Certains y arriveront plus rapidement que d’autres. Pendant sa carrière de<br />

sportif professionnel, il est important de ne pas oublier les réalités de la vie. <strong>La</strong><br />

réinsertion se prépare et, souvent, elle réussit mieux chez les athlètes qui sont<br />

conscients que la durée d’une carrière est relativement courte, mais que la vie après<br />

le sport sera beaucoup plus longue et qu’il faudra aussi travailler pour bien la réussir.<br />

3.2 Gesport<br />

3.2.1 Le métier<br />

C’est une société privée créée en 1996 par Jacques Reymond et Rémy Siegrist pour<br />

aider les sportifs dans leur <strong>reconversion</strong>. Elle est mise à la disposition des athlètes de<br />

n’importe quel sport. Gesport travaille sous forme de mandats. Selon les besoins, elle<br />

travaille avec des partenaires spécialisés. D’autre part, elle organise et surveille le<br />

suivi des stages dans les entreprises. Les sponsors peuvent jouer un rôle important<br />

dans le partenariat.<br />

Les principaux objectifs de ce concept sont :<br />

* Conseiller les athlètes tout au long de leur carrière <strong>sportive</strong> afin de<br />

faciliter leur réinsertion dans la vie professionnelle.<br />

* Les maintenir et les développer au niveau de la formation ou de la<br />

profession tout au long de la carrière <strong>sportive</strong>.<br />

* Les développer pour atteindre des objectifs professionnels réalistes.<br />

* Les aider activement à chercher un emploi au moyen de méthodes<br />

existantes du type « Gestion de transition de carrière »<br />

<strong>La</strong> méthode de ce concept est la suivante :<br />

* Un bilan de compétences est effectué pendant la carrière.<br />

* Des cibles professionnelles réalistes sont identifiées.<br />

*On va évaluer des besoins en formation, par les aptitudes, les<br />

connaissances et les comportements.<br />

* Un plan de formation est créé en collaboration avec l’athlète et son<br />

club. Ce plan se caractérise par des cours du soir, des centres de<br />

formation individuels, des cours privés, des cours formels durant les<br />

pauses <strong>sportive</strong>s ainsi que des stages d’entreprises.<br />

* Un bilan des progrès réalisés est régulièrement effectué.<br />

Cette approche est basée sur une relation à long terme entre le sportif et le conseiller.<br />

Chaque sportif choisit librement à quel moment il veut commencer son programme.<br />

Toutefois, l’âge d’entrée dans le programme aura une influence sur les choix<br />

professionnels futurs.<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

-16-


3.2.2 Les avantages<br />

En suivant ce concept, l’athlète prend en charge sa carrière post-<strong>sportive</strong>. En effet,<br />

cette deuxième carrière est souvent une préoccupation cachée de l’athlète. Il essaie<br />

d’y penser le moins possible. Pourtant elle doit être préparée pour être bien réussie.<br />

Ce concept a pour effet de stabiliser la solidité mentale du sportif. Il le rend<br />

également plus performant du fait qu’il n’aura plus besoin de se soucier de son avenir.<br />

Il sera en cours de formation !<br />

De plus, l’athlète subira moins de pression de la part de son entourage au sujet de son<br />

avenir post-sportif.<br />

Et enfin, il prendra conscience de la réalité du monde du travail et essaiera d’enrichir<br />

son réseau de contacts afin de trouver un employeur.<br />

Fig. 6 Jacques Reymond & Erika Reymond-Hess St-Légier<br />

Photo : Elodie Morisod<br />

-17-


Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

4. Analyse des interviews<br />

Ces analyses permettent de mieux comprendre comment se passe une <strong>reconversion</strong><br />

chez un sportif. Comment y fait-il face ? Et pourquoi certains athlètes ont plus de<br />

facilités que d’autres ?<br />

En effet, pour chaque sportif, la <strong>reconversion</strong> n’est pas la même. Les athlètes auront<br />

donc un point du vue différent sur cet arrêt selon ce qu’ils ont vécu. Et peut-être, des<br />

solutions pourront se trouver dans leurs propos pour conseiller des sportifs en phase de<br />

<strong>reconversion</strong>.<br />

4.1 <strong>La</strong> préparation d’une carrière post-<strong>sportive</strong><br />

Les athlètes interviewés ont-ils préparé leur <strong>reconversion</strong> ?<br />

Ont-ils réfléchi à ce qu’il pourrait y avoir après le sport ?<br />

Ou alors ont-ils pensé uniquement au sport sans se projeter dans une vie post<strong>sportive</strong><br />

?<br />

Selon Jérôme Nanchen, psychologue du sport, le fait de préparer sa carrière, de<br />

l’anticiper facilite la <strong>reconversion</strong>. Cela permet aux sportifs de prendre conscience<br />

que le sport est éphémère, qu’il s’arrêtera un jour ou l’autre. Observons ici si les<br />

athlètes que j’ai interrogés on préparé leur <strong>reconversion</strong> ou non, et quelles en sont les<br />

conséquences.<br />

4.1.1 Interprétation du graphique<br />

Concernant ce graphique, l’axe horizontal représente les 13 sportifs de haut niveau<br />

que j’ai interviewés. Et l’axe vertical indique le nombre de points que je leur ai<br />

attribué. Chaque athlète a été noté différemment selon ses options :<br />

Cinq points pour les athlètes ayant terminé leur école obligatoire (scolarité<br />

normale).<br />

Quatre points pour ceux qui ont suivi l’université, même si cela était dur de<br />

concilier sport et études.<br />

Trois points pour ceux qui ont obtenu un diplôme (un CFC ou un diplôme de<br />

commerce), c'est-à-dire qu’ils ont mené à terme leur apprentissage ou leur école,<br />

par n’importe quel moyen.<br />

Deux points pour ceux qui ont fait des bilans de compétences, suivis des cours en<br />

parallèle avec leur sport.<br />

Un point pour ceux qui ont fait des stages pendant leur carrière <strong>sportive</strong>.<br />

-18-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


scores 14<br />

12<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13<br />

Graphique 1<br />

4.1.2 Analyse<br />

Stages (1pt)<br />

Bilans de compétences, cours (2pts)<br />

Diplômes (CFC, maturité,..) (3pts)<br />

Université (4pts)<br />

Ecole obligatoire finie (5pts)<br />

nombre de sportifs<br />

Ce sondage n’a qu’une valeur indicative, vu le nombre d’athlètes interrogés. Je<br />

constate que la plupart des sportifs préparent leur carrière post-<strong>sportive</strong>. Cependant,<br />

quatre athlètes m’ont révélé ne pas l’avoir préparée si ce n’est d’avoir été au bout de<br />

leurs études ou de leur apprentissage.<br />

Deux de ces quatre athlètes n’étaient que semi-pro. Ils avaient donc un métier à côté<br />

de leur carrière <strong>sportive</strong> car ils ne pouvaient pas vivre uniquement de leur sport. Ces<br />

deux sportifs étaient déjà dans la vie active d’un individu « normal ». Ils n’ont donc<br />

pas eu besoin de se poser des questions, de faire des stages pour éventuellement<br />

connaître leurs autres compétences dans un nouveau domaine, pendant leur carrière<br />

<strong>sportive</strong>. Ce qui explique pourquoi ils n’ont pas préparé leur <strong>reconversion</strong>.<br />

Cinq athlètes sur six qui ont obtenu un diplôme dans une quelconque branche (sans<br />

avoir fait l’université) n’ont pas poursuivi dans le domaine commencé. En effet, ils<br />

sont partis dans de toutes autres directions. Ils ont simplement été au bout de leur<br />

apprentissage ou de leur école pour avoir ce papier pour être rassuré si jamais le sport<br />

de haut niveau de marchait pas.<br />

Cependant, les apprentissages ou les études ne leur ont pas été très utiles.<br />

Les chiffres de 1 à 13 sont dans l’ordre des sportifs interrogés (voir les interviews)<br />

-19-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


Au terme de sa carrière <strong>sportive</strong>, l’athlète s’oriente souvent dans une autre direction.<br />

S’il veut reprendre sa profession, il se retrouve en décalage par rapport à celui qui<br />

vient de terminer la formation. Souvent, les techniques ont évolué, et le métier n’est<br />

plus tout à fait le même.<br />

Je m’aperçois également que Philippe Roux n’a pas été au bout de son apprentissage<br />

car il est entré dans l’équipe suisse et a décidé de s’y consacrer. Toutefois, il avait<br />

préparé sa <strong>reconversion</strong> sans papier. Il a seulement acheté un magasin de sport à l’âge<br />

de 21 ans avec l’argent gagné en ski. Je me dis alors que peut-être était-ce plus facile<br />

avant pour se lancer dans une telle aventure ! En tout cas, il a eu l’audace d’essayer<br />

de vivre sur sa réputation et son nom, et heureusement pour lui, les affaires vont très<br />

bien au jour d’aujourd’hui.<br />

A l’aide de ces interviews, je peux alors affirmer que tous ces athlètes étaient<br />

conscients du fait qu’ils ne vivront pas toute leur vie de leur sport, que leur carrière<br />

était éphémère. En effet, elle peut durer plus ou moins longtemps selon le sport<br />

pratiqué et selon la capacité physique (une blessure est vite là !) Et être conscient de<br />

cela est un point clé pour réussir sa carrière post-<strong>sportive</strong> (point 2.5.7 p.12). Et même<br />

si certains athlètes m’ont dit ne pas avoir préparé leur « deuxième » carrière durant<br />

leurs années de sport (je pense ici à Anita Protti ainsi que William Besse), ils ont<br />

toutefois obtenu un diplôme. En effet, Anita a été au bout de son apprentissage de<br />

commerce et William a terminé son apprentissage d’électricien.<br />

En ayant préparé sa <strong>reconversion</strong>, la vie après le sport semble être un peu plus facile à<br />

débuter. Je peux certifier cela car aucun des athlètes interrogés n’ont vécu de<br />

véritables problèmes lorsqu’il a fallu faire le pas entre le sport et la vie de tous les<br />

jours.<br />

Tous vivent très bien leur carrière post-<strong>sportive</strong>. Ils sont tous très satisfaits d’avoir pu<br />

vivre pendant quelque temps de leur passion. Ils considèrent cela comme un privilège<br />

qui leur a été donné. Ils étaient tous conscients que ce monde presque irréel allait<br />

s’arrêter un jour. Ils avaient les pieds sur terre. C’est pour cela que personne n’a eu<br />

de gros problèmes à s’adapter à la vie normale.<br />

4.2 Aides sollicitées par les sportifs<br />

Lors de la <strong>reconversion</strong>, plusieurs problèmes peuvent survenir comme nous l’avons vu<br />

en pages 10 et 11.<br />

Comment les athlètes que j’ai interrogés surmontent-ils cet arrêt ?<br />

Ont-ils eu besoin de l’aide d’un psychologue ou d’un conseiller ?<br />

Ou l’aide de leur entourage leur a suffit ?<br />

4.2.1 Interprétation du graphique<br />

Concernant ce graphique, l’axe horizontal représente les 13 sportifs de haut niveau<br />

que j’ai interviewés. Et l’axe vertical indique le nombre de points que je leur ai<br />

attribué. Chaque athlète a été noté différemment selon ses options :<br />

Cinq points pour les athlètes qui ont été aidés par des psychologues sportifs, par<br />

des conseillés en réinsertion ou par leur médecin.<br />

-20-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


scores<br />

14<br />

12<br />

Quatre points pour l’aide de la famille.<br />

Trois points pour l’aide amicale.<br />

Deux points pour les sportifs qui pensent qu’eux-mêmes ont joué un rôle<br />

important dans leur <strong>reconversion</strong>, qu’eux seuls ont trouvé des solutions pour<br />

avancer dans la suite.<br />

Un point pour ceux qui auraient voulu bénéficier d’une aide psychologique mais<br />

qui n’en ont pas eue.<br />

10<br />

8<br />

6<br />

4<br />

2<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13<br />

Graphique 2<br />

4.2.2 Analyse<br />

Aucune mais en auraient voulu (1pt)<br />

Eux-mêmes (2pts)<br />

Amis (3pts)<br />

Famille (4pts)<br />

Psychologues, conseillés,… (5pts)<br />

nombre de sportifs<br />

De tous les athlètes interviewés, seuls trois se sont faits aidés par d’autres personnes<br />

que leur famille ou leurs amis. En effet, Daniel Defago s’est fait énormément aidé par<br />

son médecin avec qui il s’entendait très bien. Celui-ci lui a donné la possibilité<br />

d’exercer des stages. Erika Hess, elle, a été aidée par son mari qui travaille dans la<br />

réinsertion des athlètes. Il lui a été d’un grand soutien. Et David Orlando a été aidé<br />

par des sociétés prévues pour cela lorsqu’il a fait des bilans de compétences.<br />

Je constate que le plus grand soutien de tous les athlètes reste la famille. En effet, la<br />

famille est quelque chose de sacré. C’est elle, surtout, qui voit au quotidien tout le<br />

travail accompli par les sportifs, et ce, dès leur plus jeune âge : l’enchaînement des<br />

entraînements, des camps, les sacrifices, les privations, les petites blessures, les<br />

déceptions ou encore les joies. Elle peut mesurer à sa juste valeur ce qui ce cache<br />

derrière le sportif, mais aussi ce qui l’attend après sa carrière.<br />

-21-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


Les amis sont aussi très importants. Ils ont partagé beaucoup de moments, heureux ou<br />

malheureux, non seulement avec le sportif, mais aussi avec l’homme.<br />

David Orlando, qui s’est lui-même fait conseiller, pense que l’athlète lui-même doit<br />

trouver des solutions pour s’en sortir. Les psychologues et conseillers pourront l’aider<br />

à l’orienter mais ne lui donneront aucune certitude.<br />

Pour Christophe Bonvin, si l’athlète est vraiment prêt à se retirer du milieu sportif, il<br />

n’aura pas besoin de toutes ces aides qui l’encadreront pendant un certain temps.<br />

L’entourage familial et amical lui suffira. Cette thèse est confirmée par tous les<br />

athlètes qui m’on répondu que leur <strong>reconversion</strong> était programmée. En effet, ceux-ci<br />

étaient prêts à quitter ce monde pour rentrer dans la vie de tous les jours sans avoir<br />

besoin d’encadrements spéciaux. Ils se sont simplement contentés de leur entourage !<br />

Anita Protti, pour qui la <strong>reconversion</strong> n’a pas été programmée, trouve que c’est une<br />

catastrophe qu’il n’y ait personne pour les aider spontanément. Elle pense qu’un<br />

concept devrait être mis en place pour s’occuper directement d’athlètes de haut<br />

niveau étant contraints d’arrêter leur sport pour quelques raisons. Elle affirme qu’ils<br />

ne sont pas beaucoup de sportifs de haut niveau en Suisse et que cet encadrement<br />

serait tout à fait réalisable dans plusieurs régions. Et enfin, elle avoue que les sportifs<br />

d’élite n’ont pas seulement un côté fort mais également un côté fragile qui ne se voit<br />

pas forcément car l’athlète ne désire pas le montrer. Il pourrait donc y avoir des<br />

personnes spécialisées pour s’inquiéter de ces athlètes !<br />

Je peux affirmer que le soutien familial et amical est primordial pour repartir dans la<br />

vie « normale ». En effet, il facilite la vie après le sport (point 2.5.3 p.12). Mais, pour<br />

avoir ce soutien, les athlètes ne devront pas laisser tomber leurs amis, leur famille au<br />

profit du sport.<br />

4.3 Professions des athlètes<br />

Il existe bon nombre de professions dans le monde entier. Mais est-ce que toutes ces<br />

professions sont ouvertes pour un sportif d’élite ?<br />

Les athlètes que j’ai questionnés ont-ils bénéficié d’ouvertures grâce au sport ?<br />

Ou alors ont-ils dû reprendre une formation depuis le début ?<br />

4.3.1 Interprétation du graphique<br />

Concernant ce graphique, l’axe horizontal représente les 13 sportifs de haut niveau<br />

que j’ai interviewés. Et l’axe vertical indique le nombre de points que je leur ai<br />

attribué. Chaque athlète a été noté différemment selon ses options :<br />

Quatre points pour les athlètes qui sont restés dans leur sport.<br />

Trois points pour ceux qui sont restés dans le domaine du sport mais dont ils ne<br />

pratiquaient pas auparavant.<br />

Deux points pour ceux qui ont un métier tout autre que le sport mais qui sont<br />

restés en contact avec celui-ci en entraînant un équipe par exemple..<br />

Un point pour ceux qui ont quitté le milieu de sport.<br />

-22-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


8<br />

scores<br />

7<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13<br />

Graphique 3<br />

4.3.2 Analyse<br />

Restés dans leur sport (4pts)<br />

Restés dans le sport mais différent (3pts)<br />

Métier + entraîneur (2pts)<br />

Quittés le milieux sportif (1pt)<br />

nombre de sportifs<br />

4 athlètes sur 13, soit 30% ne travaillent plus du tout dans le domaine du sport. C’est<br />

un faible pourcentage. Mais, ils n’ont pas coupé tous les ponts avec le sport. Bien au<br />

contraire, ils continuent de s’y intéresser, d’en pratiquer pour le plaisir entre amis, de<br />

suivre des matches.<br />

Cela montre peut-être qu’avoir été sportif de haut niveau donne envie ainsi que la<br />

possibilité de rester plus facilement dans le milieu sportif.<br />

Je constate également que la plupart des sportifs 6 sur 13, soit 46% sont restés dans<br />

leur sport. Ceux-ci ont, grâce à leur sport, eu des portes qui se sont ouvertes plus<br />

facilement pour rester dans ce domaine.<br />

4.4 Les problèmes de la <strong>reconversion</strong><br />

De nombreux problèmes peuvent survenir au moment de la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>,<br />

comme nous l’avons vu en pages 10 et 11<br />

Les athlètes que j’ai interrogés ont-ils vécu ces problèmes ?<br />

Si oui, comment les ont-ils affrontés ?<br />

-23-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


4.4.1 Analyse<br />

Aucun des athlètes que j’ai interrogés n’a eu de véritables problèmes lors de sa<br />

<strong>reconversion</strong>. Tous la vivent très bien.<br />

A part Philippe Roux qui regrette d’avoir manqué le podium aux Jeux Olympiques pour<br />

10 centièmes et Daniel Hediger qui regrette d’avoir débuté sa carrière trop tard, les<br />

autres sportifs n’ont aucun regret. Au contraire, ils sont tous très satisfaits d’avoir eu<br />

la chance de vivre de leur passion. Ils considèrent cela comme un privilège qui leur a<br />

été donné. Ils étaient tous conscients que ce monde presque irréel allait s’arrêter un<br />

jour. Ils avaient les pieds sur terre. C’est pour cela que personne n’a eu de gros<br />

problèmes à s’adapter à la vie normale.<br />

Cependant, je trouve cette conception du monde sportif quelque peu trop facile, trop<br />

simple. En effet, le fait qu’aucun athlète n’ai vécu de difficultés lors de leur<br />

<strong>reconversion</strong> me semble peu objectivable. Alors, pour approfondir cette question, je<br />

suis allée voir un psychologue du sport, Jérôme Nanchen, qui m’a informé sur les<br />

différents soucis qu’un sportif peut rencontrer sur le chemin de sa <strong>reconversion</strong>.<br />

Il m’en a proposé trois :<br />

1) Les problèmes liés au psychisme<br />

Il est vrai que le psychisme chez un sportif et un individu « normal » n’est<br />

pas le même.<br />

En effet, l’athlète de haut niveau a l’habitude des médias, de passer dans<br />

les journaux, à la télévision ou à la radio. Les gens aux alentours lui<br />

reconnaissent une identité de sportif. Et, souvent, la fin de carrière signifie<br />

le fait de passer d’un statut de champion à quelqu’un d’anonyme.<br />

Physiquement, c’est difficile. L’athlète devra se reconstruire une nouvelle<br />

identité en tant que Monsieur Tout-Le-Monde. Ce n’est pas évident de<br />

retrouver l’anonymat du jour au lendemain. C’est pourquoi le sportif peut<br />

connaître des moments de dépression lors de ce passage à la vie<br />

« normale ».<br />

2) Les problèmes liés à au moment de l’arrêt<br />

Cette difficulté peut être plus ou moins grande selon trois critères :<br />

- si le moment d’arrêter a été choisi ou non<br />

- la rapidité avec laquelle se sont faites les choses<br />

- l’âge auquel l’interruption a eu lieu.<br />

En effet, si un jeune athlète de 20 ans se blesse gravement, la transition<br />

sera plus dure pour lui que pour un sportif de 30-35 ans, car pour lui, sa<br />

carrière est bientôt terminée. Pour le jeune, tous ses projets, ses rêves<br />

sportifs à long terme s’effondrent. Il devra tout reprendre à zéro et se créer<br />

de nouveaux projets dans un autre domaine, mais il aura peut-être plus de<br />

facilité à reprendre une formation professionnelle.<br />

3) Les problèmes liés à la transition avec une nouvelle profession<br />

Là, les difficultés se posent lorsqu’il n’y a pas eu une formation suffisante de<br />

base. Ou alors, lorsque le sportif ne s’est pas pris lui-même en charge<br />

pendant sa carrière et n’a fait ni bilans de<br />

-24-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


4.4.2 Conclusion<br />

compétences, ni cours continus. A ce stade, l’athlète est pris au dépourvu.<br />

De plus, il est peut-être très éloigné de sa formation de base et il y a un<br />

énorme décalage à combler. Ou alors il n’est plus motivé, soit parce que son<br />

sport lui a ouvert des portes, soit à cause de ce décalage formé. Le fait que<br />

10-15 ans se sont écoulés, ce qu’il a fait ne lui correspond peut-être plus. Il<br />

n’a plus été en contact avec ce métier pendant sa carrière <strong>sportive</strong> et la<br />

formation acquise n’est pas pertinente pour la suite.<br />

Il devra alors en reprendre une depuis le début, ce qui signifie « retomber »<br />

dans l’adolescence. Et cela, tout le monde n’est capable, ni n’a envie de le<br />

faire. Surtout si l’athlète a entre 30 et 40 ans.<br />

Fig.7 Jérôme Nanchen, psychologue du sport<br />

http://www.cdpsport.ch/index.php?cmd=MenuPresentations<br />

Cette conclusion n’a pas de réelle valeur scientifique ; elle est plutôt indicative car je<br />

n’ai pu interviewer seulement treize athlètes de haut niveau en Suisse. Et, d’après les<br />

résultats obtenus, je peux affirmer, avec l’appui de Monsieur Nanchen, que cette<br />

réussite dans la <strong>reconversion</strong> des sportifs suisses est due au fait que, dans ce pays, il<br />

n’y a pas une vraie culture du sport comme dans la plupart des autres pays. Les<br />

athlètes retombent alors de moins haut lorsqu’ils arrêtent.<br />

En effet, en Suisse, les sportifs ne sont pas idolâtrés. Ils ne sont pas autant médiatisés<br />

qu’ailleurs dans le monde.<br />

Prenons le cas de Roger Federer, qui est une vraie star dans le monde entier. Il est<br />

tout de même numéro 1 mondial depuis quatre ans ! En Suisse, il est certes médiatisé,<br />

mais c’est incomparable avec le Japon, par exemple, où il représente un pur<br />

phénomène. Dans ce pays, il est un véritable idole. Il doit être accompagné de gardes<br />

du corps et déclenche des ruées humaines partout où il va. Les Japonais accourent<br />

dans la rue pour le voir, pour le toucher.<br />

-25-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


Lorsque l’on dit que « nul n’est prophète en son pays » c’est souvent vrai. Cet exemple<br />

le prouve bien.<br />

De plus, la Suisse est un pays qui n’a pas une grande reconnaissance envers ses<br />

sportifs. Il n’y a pas énormément de vraies filières pour les jeunes.<br />

Je pense que les athlètes suisses qui parviennent à percer au niveau international<br />

doivent leur réussite avant tout à leur travail et à leur persévérance. Et que ce travail<br />

et la discipline qui en résultent, démontrent une force de caractère qui leur servira<br />

aussi dans leur « deuxième » vie professionnelle.<br />

<strong>La</strong> Suisse est également un pays qui respecte la vie privée des gens, tant pendant leur<br />

carrière qu’après. On peut voir qu’elle accueille de nombreux grands athlètes comme<br />

Michaël Schumacher, Amélie Mauresmo ou encore Alain Prost. Ils peuvent aller et venir<br />

dans l’anonymat. Ils n’ont pas tous les jours journalistes et photographes qui les<br />

attendent devant leur maison.<br />

4.5 Les médias<br />

Chez tous les athlètes interviewés, le fait de ne plus être confrontés aux médias s’est<br />

très bien passé.<br />

Chez David Orlando ainsi que Christophe Bonvin, il a tout de même fallu s’y préparer<br />

mentalement. Christophe nous avoue également qu’à ce moment l’entourage familial<br />

et amical a joué un rôle très important.<br />

Toutefois, tous les athlètes disent qu’au début, ce n’est pas évident car ils se<br />

retrouvent confrontés à eux-mêmes. Ils doivent accepter le fait de ne plus être<br />

compétitifs et de ne plus avoir de résultats. Ceci prend un certain temps avant d’être<br />

finalement admis.<br />

Ce fut néanmoins pour tous un soulagement de ne plus être autant sollicités. Ils<br />

avaient enfin un peu de liberté ainsi que de quiétude de ce côté-là.<br />

4.6 <strong>La</strong> notoriété<br />

<strong>La</strong> notoriété aide dans la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>. Le nom a ouvert des portes à tous les<br />

athlètes mais ils n’ont pas tous profité de cette issue.<br />

En effet, les grandes entreprises cherchent à engager des athlètes dont le nom et<br />

l’image sont connus. Les produits pourront se vendre plus facilement. Mais ils ne<br />

regardent pas les compétences de l’athlète dans ce domaine. Après, c’est difficile<br />

autant pour l’athlète que pour l’entreprise, car le sportif aura davantage à prouver<br />

que quelqu’un d’autre. Le patron et les employés attendront de lui qu’il réussisse dans<br />

cette orientation comme il a su réussir dans le sport. L’athlète de haut niveau est<br />

effectivement attendu au contour.<br />

L’athlète qui part dans un milieu totalement inconnu devra se battre plus que les<br />

autres, pour obtenir sa place. C’est ce qu’a fait Anita Protti en partant dans le fitness.<br />

En revanche, l’athlète qui décide de se lancer dans le commerce va profiter de son<br />

nom. Il va vendre son image. C’est ce que fait Philippe Roux. Il a un magasin à son nom<br />

à Verbier.<br />

Mais l’athlète de haut niveau a tout de même un léger avantage sur une personne<br />

normale. C’est que le sport lui a forgé une force de caractère qu’un individu ordinaire<br />

n’a pas forcément.<br />

-26-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


4.7 Reconversion plus longue que la carrière<br />

Ils sont tous conscients que la <strong>reconversion</strong> sera plus longue que leur carrière. Mais ils<br />

ne se font aucun souci. Ils ont tous un emploi qui leur plaît, cela les aide beaucoup.<br />

Une carrière, c’est éphémère. Elle peut durer plus ou moins longtemps. Et lorsqu’elle<br />

s’arrête, il faut être capable de passer à autre chose, ce que tous les sportifs que j’ai<br />

interviewé ont réussi avec succès !<br />

Fig. 8 Yannick Noah<br />

christopher-king.blogspot.com<br />

-27-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


6. Conclusion<br />

Mais alors, quelle vie après le sport de haut niveau ?<br />

A cette question, il existe maintes réponses possibles. En effet, tout dépend de la<br />

<strong>reconversion</strong> du sportif.<br />

Comment s’est-elle passée ?<br />

L’a-t-il préparée ?<br />

A-t-il choisi le moment d’arrêter ou était-ce un arrêt forcé ?<br />

A-t-il eu des propositions d’emplois grâce à sa notoriété ?<br />

Comme l’a démontré mon travail, chaque athlète répond différemment, car chaque<br />

<strong>reconversion</strong> est unique.<br />

Si je prends le cas des sportifs que j’ai interviewés, ils sont tous contents de leur<br />

« seconde » carrière. Ils ont tous une famille et peuvent en profiter pleinement. Ils<br />

exercent un métier qui leur plait. Ils ont tous gardé de bons souvenirs de cette<br />

merveilleuse expérience, qu’est de pouvoir vivre de son sport. Et continuent tous de<br />

garder le sport comme un hobby maintenant.<br />

Tous jouissent de la vie.<br />

Mais est-ce dû au fait qu’ils n’ont pas affronté les vrais problèmes de la <strong>reconversion</strong> ?<br />

Cela a certainement joué un rôle, tout comme le fait d’être Suisse. Car, en effet, la<br />

Suisse n’a pas une vraie culture du sport comme la plupart des autres pays. Ce qui<br />

permet que les athlètes suisses gardent les pieds sur terre et facilite la <strong>reconversion</strong>.<br />

De plus, ils se sont rapidement tous fixés de nouveaux objectifs ainsi que de nouveaux<br />

défis.<br />

Chaque athlète est libre de choisir la direction qu’il désire donner à sa vie.<br />

Il n’y a pas vraiment une solution pour tel problème, assurant que la réinsertion se<br />

passe dans de bonnes conditions. Toutefois, il existe des critères qui aident le sportif à<br />

mieux réussir sa <strong>reconversion</strong>. Cependant, ils ne leur garantissent pas une réussite<br />

totale.<br />

L’athlète doit prendre sa <strong>reconversion</strong> très au sérieux, en étant conscient qu’une<br />

blessure peut surgir à n’importe quel moment de sa carrière. Il doit alors pouvoir<br />

bénéficier d’une sortie de secours, ou, du moins, avoir une petite ouverture dans<br />

laquelle il pourrait éventuellement se diriger. L’athlète doit également toujours<br />

garder dans un coin de sa tête qu’il y a une vie après le sport, qu’il existe quelque<br />

chose après la carrière <strong>sportive</strong>. Cet état d’esprit est très important pour la confiance<br />

de l’athlète en lui-même. Cette « deuxième » vie peut être plus ou moins confortable<br />

selon différents points :<br />

- selon l’argent gagné (et économisé) dans le sport pratiqué<br />

- selon les problèmes qui ont pu être vécu lors de l’arrêt :<br />

* l’âge<br />

* le moment (choisi ou pas)<br />

* l’échec de la carrière<br />

* l’anonymat, la crise identitaire<br />

* la dépression, la toxicomanie, l’alcoolisme<br />

-28-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


<strong>La</strong> transition n’est donc pas toujours évidente. Le sportif doit mettre un maximum<br />

d’atouts de son côté pour réussir au mieux sa <strong>reconversion</strong>. Certes, il a la possibilité<br />

d’aller chez des conseillers en réinsertion qui lui donneront l’occasion de faire des<br />

stages ou de suivre des cours en parallèles. Mais le sportif doit tout de même être<br />

conscient que finalement, c’est lui seul qui trouvera des solutions concernant sa<br />

carrière post-<strong>sportive</strong>.<br />

Il ne pourra pas compter uniquement sur des propositions que son club ou sa<br />

fédération pourrait lui faire. Etre athlète de haut niveau ouvre parfois des portes sur<br />

plusieurs domaines mais ce n’est pas parce qu’il a été un grand sportif des emplois lui<br />

tomberont dessus. Il devra alors accepter de repartir de zéro, de redevenir Monsieur<br />

Tout-Le-Monde, de se fixer des objectifs dans son nouveau milieu.<br />

Comme je l’ai souvent cité, aucun des athlètes que j’ai interviewés n’a vécu de<br />

véritables problèmes lors de la <strong>reconversion</strong>. Cela fausse quelque peu l’idée que je<br />

m’étais faite sur ce sujet. Je pensais que le moment de la <strong>reconversion</strong> était très<br />

difficile à vivre psychologiquement et que les répercussions sur leur vie future seraient<br />

plus importantes.<br />

Mais il est impossible de donner des certitudes sur la base de mes interviews (13<br />

athlètes interrogés).<br />

D’après les réponses de Monsieur Nanchen, je pense que le fait qu’il n’y ai pas de<br />

concepts mis en place pour aider spontanément le sportif, ne l’encourage pas à se<br />

rende pas chez un psychologue. Ou alors l’entourage familial et amical suffit<br />

amplement, ce qui s’est confirmé chez les sportifs que j’ai interrogés.<br />

Finalement, je trouve qu’il faudrait mettre en place un concept qui aiderait<br />

spontanément un sportif à la fin de sa carrière et qu’il le suive pendant une année ou<br />

deux jusqu'à ce qu’il soit adapté à sa nouvelle vie. C’est une part du marché qui<br />

manque en Suisse. Il existe une ou deux sociétés, comme Gesport, qui aide les athlètes<br />

pendant leur <strong>reconversion</strong> mais c’est un concept payant. De plus il ne va pas chercher<br />

l’athlète. Il attend que ce dernier vienne.<br />

<strong>La</strong> Suisse attend et veut des sportifs de haut niveau, des champions du monde ou des<br />

champions olympiques. Elle fixe même des exigences très élevées lors de critères de<br />

sélections. Mais elle ne fait pas grand-chose pour aider le sportif au début de sa<br />

carrière. Il doit d’abord prouver seul qu’il est un futur champion.<br />

Lorsque les victoires arrivent, l’athlète est vanté par les médias et soutenu par sa<br />

fédération.<br />

Mais dès que les résultats ne suivent plus, ou que survient une grosse blessure, il est<br />

immédiatement oublié, voire même écarté des cadres.<br />

Le sportif se retrouve alors seul, parfois au seuil de sa carrière, le corps blessé, l’esprit<br />

meurtri au plus profond de lui-même, délesté de tous ses rêves.<br />

C’est à ce moment qu’il a le plus besoin d’aide, de soutien pour trouver des ressources<br />

qui lui permettront de reconstruire sa vie professionnelle.<br />

Si le sportif était déjà soutenu, encadré pendant sa carrière, il aurait établi des liens<br />

de confiance avec un conseiller ou un psychologue. Au moment de la rupture, il est<br />

plus facile de se faire aider par quelqu’un qui connaît le chemin parcouru et l’histoire<br />

de l’athlète. Je pense qu’une telle structure serait la bienvenue pour beaucoup de<br />

sportifs et faciliterait l’entame de leur <strong>reconversion</strong>.<br />

-29-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


Ce travail a été très fructueux pour moi. Il m’a permis de me faire une idée plus<br />

précise du chemin épineux à parcourir depuis le début d’une carrière <strong>sportive</strong> jusqu’à<br />

l’entrée dans la « seconde » vie de l’athlète.<br />

A la fin de ce travail, je ressens encore davantage d’admiration pour ces gens qui ont<br />

tout sacrifié pour leur carrière <strong>sportive</strong>, mais qui ont eu l’intelligence et l’énergie pour<br />

se construire une vie professionnelle riche et attrayante.<br />

J’ai pu rencontrer des célébrités et partager avec eux des moments intenses, forts en<br />

émotions.<br />

Mais j’ai surtout entrevu des hommes et des femmes avec une grande force de<br />

caractère, et en même temps sensibles et épanouis dans leur vie professionnelle et<br />

familiale.<br />

Fig. 9 Yann Thorpe<br />

www.digitaljournal.com<br />

-30-<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


6. Bibliographie<br />

Ouvrages<br />

- BLANCHET Baptiste & FRAIX-BURNET Thibaut, « Zidane, le Dieu qui<br />

voulait juste être un homme. »<br />

2006, éditions Ramsay.<br />

- DIEGEL Helmut « <strong>La</strong> vie après le sport de haut niveau »<br />

1998, éditions Roland Seiler, Georg Anders & Paul Irlinger<br />

- FLEURIEL Sébastien „L’impensable <strong>reconversion</strong> des athlètes de haut<br />

niveau“<br />

Maison des sciences de l’Homme d’Aquitaine.<br />

- LOUVEAU Catherine & DURET Pascal « <strong>La</strong> vie après le sport en France :<br />

réussir l’insertion sociale et professionnelle quand on a été sportif de<br />

haut niveau »<br />

1998, éditions Roland Seiler, Georg Anders & Paul Irlinger.<br />

- SEILER Roland, SCHMID Jürg & SCHILLING Guido „Accès aux carrières<br />

post-<strong>sportive</strong>s en Suisse“<br />

1998 EPFZ/OFSPO<br />

- STEPHAN Yannick, BILARD Jean & NINOT Grégory « L’arrêt de carrière<br />

<strong>sportive</strong> de haut niveau : un phénomène dynamique et<br />

multidimensionnel »<br />

Revue science et motricité.<br />

Sites internet<br />

- http://www.aps.ujf.grenoble.fr/acaps/Actes/Oral/stephan.pdf<br />

- http://www.chanvre-info.ch/info/fr/Le-sport-rend-fou-Non-pas-<br />

le.html<br />

- http://www.convention-sport.com/tous%20les%20metiers%20 du%20<br />

sport/le-sportif/legislation-sportif/<strong>reconversion</strong>.htm<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

-31-


Remerciements<br />

Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé et permis d’élaborer ce travail.<br />

Je remercie tous les sportifs qui m’ont accordé un peu de leur temps pour une<br />

interview. Grâce à eux, j’ai pu avancer dans mon travail.<br />

David Orlando, Karin Hauser, Christophe Bonvin, <strong>La</strong>urent Dufaux, Daniel Hediger, Anita<br />

Protti, Philippe Roux, Daniel Defago, Patrick Buchs, Willam Besse, Jakob Hlasek, <strong>La</strong>urent<br />

Meuwly et Erika Hess.<br />

Je remercie également Jacques Reymond, David Orlando et Jérôme Nanchen pour toutes<br />

leurs connaissances sur la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>.<br />

Et finalement je remercie mes parents et mes proches pour leur aide et leur soutien<br />

durant l’accomplissement de ce travail.<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


7. Annexes<br />

- Questionnaire des sportifs<br />

- Questionnaire pour David Orlando<br />

- Questionnaire pour Jérôme Nanchen<br />

- Interview de David Orlando (ancien footballeur)<br />

- Interview de Karin Hauser (ancienne basketteuse)<br />

- Interview de Christophe Bonvin (ancien footballeur)<br />

- Interview de <strong>La</strong>urent Dufaux (ancien cycliste)<br />

- Interview de Daniel Hediger (ancien fondeur)<br />

- Interview d’Anita Protti (ancienne athlète)<br />

- Interview de Philippe Roux (ancien skieur)<br />

- Interview de Daniel Défago (ancien skieur)<br />

- Interview de Patrick Buchs (ancien athlète)<br />

- Interview de William Besse (ancien skieur)<br />

- Interview de Jakob Hlasek (ancien tennisman)<br />

- Interview de <strong>La</strong>urent Meuwly (ancien athlète)<br />

- Interview d’Erika Hess (ancienne skieuse)<br />

- Interview de David Orlando (conseillé en réinsertion)<br />

- Interview de Jérôme Nanchen (psychologue du sport)<br />

Morisod Elode la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


Questions pour David Orlando conseillé en réinsertion<br />

<strong>sportive</strong> :<br />

1) En quoi consiste exactement votre métier ?<br />

2) Pourquoi avez-vous choisi cette profession ?<br />

3) Avez-vous seulement des sportifs comme clients ?<br />

Et est-ce que vous les choisissez ?<br />

Avez-vous plus d’hommes ou de femmes ? Ou est-ce pareil ?<br />

S’il y a une différence sauriez-vous l’expliquer ?<br />

4) Comment devient-on conseiller en réinsertion dans la vie professionnelle ?<br />

Comment vous y prenez-vous avec vos clients ?<br />

5) Sont-ils désemparés lorsqu’ils viennent vous voir ?<br />

6) Comment peut-on dire qu’une réinsertion a réussi ?<br />

7) Obtenez-vous de bons résultats ?<br />

8) Après combien de temps considérez-vous que votre intervention est terminée ?<br />

Y a-t-il un suivi plus tard ?


Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong><br />

Questions pour Jérôme Nanchen psychologue du sport :<br />

1) Quel genre de problèmes peut rencontrer un sportif lors de sa <strong>reconversion</strong> ?<br />

Et pourquoi est-il confronté à ces problèmes ?<br />

Est-ce que des athlètes viennent vous voir pour des problèmes qu’ils ont<br />

rencontrés durant leur <strong>reconversion</strong> ?<br />

J’ai interviewé 13 athlètes. Aucun n’a eu de problèmes. Est-ce que c’est dû<br />

au fait qu’en Suisse il n’y ait pas une vraie culture du sport comme dans les autres<br />

pays et que donc, l’athlète retombe moins bas sur terre lorsqu’il arrête ?<br />

2) De quoi dépend une <strong>reconversion</strong> pour qu’elle soit difficile ou facile ?<br />

3) Si un athlète ne prépare pas sa <strong>reconversion</strong> durant sa carrière, vivra-t-il une<br />

<strong>reconversion</strong> plus difficile que quelqu’un qui l’a préparée ?<br />

Et pourquoi ?<br />

4) Les athlètes que j’ai interrogés par rapport aux études ou aux apprentissages<br />

m’ont répondu qu’ils avaient fait tel apprentissage mais qu’après être partis<br />

pendant quelques années dans une carrière <strong>sportive</strong>, ils n’ont plus du tout<br />

continué dans le domaine qu’ils avaient choisi. Comment l’expliquer ?<br />

<strong>La</strong> carrière <strong>sportive</strong> change-t-elle autant un individu au point de changer ses<br />

goûts ?<br />

5) Pensez-vous qu’en Suisse les jeunes athlètes sont assez sensibilisés au fait<br />

qu’une carrière est éphémère et qu’ils ne vivront pas toute leur vie de leur<br />

sport ?<br />

* si oui, comment sont-ils sensibilisés ?<br />

* est-ce qu’on en parle chez vous ?<br />

6) Pensez-vous qu’en fin de carrière les sportifs sont assez entourés ?<br />

Est-ce qu’il existe en Suisse un concept aidant spontanément un athlète qui<br />

arrête ou est-ce une part du marché qui manque ?<br />

Si cela manque, ne pourrait-on pas en créer un ?<br />

7) Avec votre expérience, qu’est-ce que vous voyez comme vie après le<br />

sport de haut niveau en Suisse ?<br />

Est-ce que c’est une vie plutôt confortable ?<br />

Et comment l’expliquer ?<br />

Morisod Elodie la <strong>reconversion</strong> <strong>sportive</strong>


Questions pour les sportifs :<br />

1) Comment s’est passé votre fin de carrière ?<br />

* est-ce qu’une blessure a accéléré votre <strong>reconversion</strong> ?<br />

* ou était-elle programmée ?<br />

2) En tant qu’ancien athlète vous étiez médiatisé. Comment s’est passé cette<br />

transition ?<br />

3) Avez-vous préparé votre <strong>reconversion</strong> durant votre carrière ?<br />

* votre notoriété vous a-t-elle aidée dans votre <strong>reconversion</strong> ?<br />

* travaillez-vous toujours dans le domaine du sport ?<br />

* est-ce que votre sport vous a aidé dans votre travail actuel ?<br />

* des personnes sont-elles intervenues lors de votre <strong>reconversion</strong> et de<br />

quelles manières l’ont-elles fait ?<br />

4) Comment vivez-vous votre <strong>reconversion</strong> maintenant ? Avez-vous des regrets ou<br />

êtes-vous plutôt content ?<br />

Qu’est-ce qui a été le plus dur lors de votre <strong>reconversion</strong> ?<br />

Et qu’est ce qui vous a le plus manqué ?<br />

Et au contraire depuis votre <strong>reconversion</strong> qu’elles sont les choses les plus faciles ?<br />

(Par exemple plus de temps pour la famille)<br />

Est-ce que vous êtes conscients que la <strong>reconversion</strong> sera plus longue que votre<br />

carrière ? Vous faites-vous du souci pour cela ?<br />

5) Avez- vous été confronté au dopage ?<br />

Si oui est-ce que cela pose un problème dans votre vie actuelle ?<br />

6) Pendant que vous pratiquiez votre sport avez-vous pu en vivre ?<br />

Avez-vous été aidé par l’aide <strong>sportive</strong> suisse ou par des sponsors ?<br />

Et aujourd’hui est-ce toujours une aide ?<br />

7) Avez-vous fait des études ?<br />

* si oui, les avez-vous continuées même avec le sport ?<br />

* ou les avez-vous abandonnées pour vous consacrer uniquement au<br />

sport ?<br />

Si vous les avez continuées, est-ce plus faciles pour commencer sa vie après le<br />

sport ?<br />

8) Durant votre <strong>reconversion</strong>, avez-vous eu du soutien ?<br />

* votre femme, vos enfants ?<br />

* vos parents, frères et sœurs ?<br />

* vos amis ?<br />

9) Pensez-vous avoir fait de bons choix pour votre <strong>reconversion</strong> ?

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