Calligrammes et jeux de mots - Nathan

Français
● Littérature
● Histoire des arts
● Vocabulaire
● Expression
Programme
2009 Collection Terre
es Lettres
erre des Lettres
6 e

Français
● Littérature
● Histoire des arts
● Vocabulaire
● Expression
Programme
2009
Collection Terre
Catherine HARS
Certifiée de Lettres modernes
Collège Pilâtre de Roziers (Wimille)
Véronique MARCHAIS
Agrégée de Lettres modernes
Collège l’Arche du Lude (Joué-les-Tours)
6 e
es Lettres
erre des Lettres

© Nathan 2009
25 avenue Pierre-de-Coubertin 75013 Paris
ISBN : 978–2–09–171720–3
2

AVANT-PROPOS
À tous les élèves, nous avons voulu montrer que la littérature leur parle d’eux et du monde
dans lequel ils vivent, fût-ce à travers des histoires très anciennes. Nous avons voulu leur offrir la
rencontre avec les grands textes de notre patrimoine littéraire, rendus accessibles par une
approche sensible, qui met l’accent sur le sens et les émotions du texte. Cette rencontre se veut
l’occasion de mettre en mots une certaine expérience du monde, d’y confronter la sienne, mais
aussi de construire les connaissances historiques et génériques qui permettront d’accéder à la
culture commune – en d’autres termes, de s’ouvrir au monde et de grandir.
Nos textes ont été choisis pour leur capacité à faire réagir des élèves de Sixième. Nous en
recommandons la lecture à haute voix par le professeur, qui permet à tous de suivre l’intrigue
et de participer à la réflexion. L’étude de chaque texte conduit de façon graduée de sa compréhension
littérale à la mise en évidence de ses enjeux et de sa portée :
● Elle part de la compréhension littérale, laissant aux élèves le loisir si essentiel de parler de
l’histoire et d’échanger leurs impressions (rubrique « Comprendre »).
● Cette compréhension une fois assurée, nous analysons un passage significatif (rubrique « Analyser
»). Ici, la réflexion sur la langue rencontre la réflexion sur le texte et se met à son service
: il ne s’agit pas de faire une leçon de grammaire mais d’éclairer par la grammaire un point
du texte.
● L’analyse étant en lien avec la problématique de l’étude, elle ouvre la voie à une interprétation
plus fine du texte, qui mettra en évidence ses enjeux (rubrique « Interpréter »). Cette
partie peut donner lieu à un débat interprétatif mais aussi, dans la mesure où elle met en
lumière les aspects cachés du texte, à une synthèse écrite qui intégrera les éléments pertinents
de l’analyse.
● Le lexique fait l’objet, dans ce manuel, d’une attention particulière. Le dictionnaire devient un
outil indispensable et quotidien.
● Les travaux d’écriture sont fréquents et variés, allant du simple exercice permettant de s’approprier
une structure syntaxique à la rédaction, en passant par l’écriture d’un paragraphe. Les
rédactions sont préparées par des exercices de vocabulaire et de syntaxe pour permettre
aux élèves de progresser sur ces points.
Nos groupements de textes font l’objet d’une mise en contexte soignée (doubles pages
« Repères »). Ce sont des groupements problématiques qui proposent aux élèves de mener
l’enquête sur une question littéraire. Ils permettent ainsi, outre la découverte séduisante de personnages
et d’histoires célèbres, la construction, par une démarche inductive, de connaissances
littéraires. Nous souhaitons ainsi transmettre une culture autant qu’éduquer la sensibilité.
Les auteurs
3

Sommaire
4
Chapitre 1
La musique et la forme
des mots
■ Repères : Poésie, musique
et jeux de mots
■ Textes et images :
Texte 1. « La bise fait le bruit… », 14
Victor Hugo
Texte 2. « Le Vent », Émile Verhaeren 15
Texte 3. « Le temps a laissé son 16
manteau… », Charles d’Orléans
Texte 4. « Midi », Leconte de Lisle 17
Texte 5. « Heureux qui comme 18
Ulysse… », Joachim du Bellay
Étude de l’image : 19
Vassily Kandinsky, Hiver à Kochel I
■ Dossier : Calligrammes et jeux de mots 20
Étape 1 : Du poème à l’image 20
Étape 2 : Étude d’un calligramme 22
d’Apollinaire
■ Synthèse : 24
La poésie, les mots autrement
■ Vocabulaire : 25
La joie et la tristesse
■ Expression orale : 26
Lire des poèmes à haute voix
■ Expression écrite : 27
Jouer avec les mots
Partie I - La poésie
Chapitre 2
Les images poétiques
■ Textes et images :
Texte 1. « Demain, dès l’aube… », 30
Victor Hugo
Texte 2. « Le Buffet », Arthur Rimbaud 32
Texte 3. « La neige est belle… », 34
Jean Richepin
Texte 4. « La Nuit », Claude Roy 36
Texte 5. « Déjeuner du matin », 38
Jacques Prévert
Étude de l’image : 40
Van Gogh, La Nuit étoilée
■ Synthèse : 41
La poésie : un langage d’évocation
■ Vocabulaire : Les cinq sens 42
■ Expression orale : 44
Repérer des images poétiques
■ Expression écrite : 45
Écrire des poèmes

Chapitre 3
Le conte traditionnel
■ Repères : Le conte, une histoire 548
de tous les temps
■ Textes et images
Texte 1. « Cendrillon ou la petite 50
pantoufl e de verre »,
Charles Perrault
Texte 2. « La Belle au bois dormant », 56
Charles Perrault
Texte 3. « La Barbe bleue », 61
Charles Perrault
Étude de l’image : 66
Gustave Doré, « La Barbe bleue »
Texte 4. « Jeannot et Margot », Jacob 67
et Wilhelm Grimm
Texte 5. « L’homme qui courait après 71
sa chance », Henri Gougaud
■ Synthèse : L’univers des contes 75
■ Vocabulaire : Qualités et défauts (1) 76
■ Expression écrite :
1. Repérer les points communs entre 77
deux contes (« Peau-de-toutes-Bêtes »
et « Cendrillon »)
2. Bâtir un conte à partir d’une trame 79
Partie II - Du conte au roman
Chapitre 4
Du conte traditionnel
au récit d’invention
■ Textes et images
Texte 1. « Alice et le pigeon », 82
Lewis Carroll, Alice au pays
des merveilles
Texte 2. « Un garçon peu ordinaire », 85
James M Barrie, Peter Pan
Texte 3. « Quand le loup frappe 88
à la porte… », Marcel Aymé,
Contes du chat perché
Texte 4. « Un petit d’homme au pays 92
des loups », Rudyard Kipling,
Le Livre de la jungle
Texte 5. « Émotions fortes pour Bilbo », 95
J. R. R. Tolkien, Bilbo le hobbit
Étude de l’image : 98
Pablo Picasso, Maya à la poupée
■ Synthèse : Les caractéristiques 99
du conte moderne
■ Vocabulaire : 100
Qualités et défauts (2)
■ Expression écrite : 101
Détourner un conte
5

Sommaire
Chapitre 5
Vers le roman
■ Repères : Le XIX e
siècle, 104
l’ère du roman
■ Textes et images :
Texte 1. « Le sauveur », Marc Twain, 106
Les Aventures de Tom Sawyer
Texte 2. « Mise à l’épreuve d’un 108
chevalier », Marcel Pagnol,
Le Temps des secrets
Texte 3. « Les excuses », René Goscinny, 110
Histoires inédites du Petit Nicolas
■ Dossier : Le personnage de Cosette 112
dans Les Misérables, de Victor Hugo
Texte 1 : Cosette à la source 112
Texte 2 : Cosette et la poupée 116
Texte 3 : Le départ de Cosette 120
Étude de l’image : 124
Norman Rockwell, La Fille à l’œil
au beurre noir
■ Synthèse : Du conte au roman 125
■ Vocabulaire : 126
De la haine à l’amour
■ Expression écrite : 127
Écrire un récit d’aventures
6
Partie II - Du conte au roman
Chapitre 6
Les mythes, littérature
des premières civilisations
■ Repères : Récits de la nuit 130
des temps
■ Textes et images :
Texte 1. « L’origine du monde », 132
Hésiode, Théogonie
Texte 2. « Comment Zeus devint le roi 134
des dieux », Hésiode, Théogonie
Texte 3. « Prométhée », Hésiode, 137
Théogonie
Texte 4. « Pandore », Hésiode, 139
Les Travaux et les jours
■ Dossier : Le déluge
Texte 1. Le récit de Gilgamesh 140
Texte 2. Le récit de la Bible 142
Texte 3. Le récit d’un poète latin 144
(Ovide)
Etude de l’image : 148
Marc Chagall, L’Arche de Noé
■ Synthèse : Qu’est-ce qu’un mythe ? 149
■ Vocabulaire : Le temps 150
■ Expression écrite : 151
Faire le récit d’une catastrophe

Partie III - Les textes fondateurs
Chapitre 7
L’Odyssée, d’Homère
■ Repères : Homère et ses héros 154
■ Lecture suivie de l’Odyssée 156
Texte 1. « Au pays des Cyclopes »
Étude de l’image : 160
Le Cyclope, Odilon Redon
Texte 2. « « Circé la magicienne » 161
Texte 3. « Chez Alkinoos » 164
Texte 4. « La ruse de Pénélope » 166
Texte 5. « L’épreuve de l’arc » 167
Texte 6. « Les retrouvailles » 170
■ Synthèse :
Qu’est-ce qu’une épopée ? 171
■ Vocabulaire : La langue de l’épopée 172
■ Expression écrite : 173
Raconter une autre aventure d’Ulysse
Chapitre 8
Le héros, un être
de démesure
■ Textes et images :
Texte 1. « Les armes d’Achille », 176
Homère, Iliade
Texte 2. « La mort d’Hector », 178
Homère, Iliade
Texte 3. « Bellérophon », E. Petiska, 182
Mythes et légendes
de la Grèce antique
Texte 4. « Dédale et Icare », Ovide, 184
Métamorphoses
Étude de l’image : 187
Draper, Lamentations pour Icare
Texte 5. « Phaéton », Ovide, 188
Métamorphoses
■ Synthèse : 191
Pourquoi les héros fi nissent mal…
■ Vocabulaire : 192
Expressions de la mythologie
■ Expression écrite : 193
Raconter les exploits d’un héros
7

Sommaire
■ Repères : Qu’est-ce que la Bible ? 196
■ Textes et images :
Texte 1. « La création du monde », 198
Genèse
Texte 2. « Adam et Ève », Genèse 201
Texte 3. « Une fi gure de patriarche : 203
Abraham », Genèse
Texte 4. « Abraham dans le Coran », 205
Coran
Texte 5. « La naissance de Jésus », 206
Évangile selon saint Luc
Texte 6. « Récit de la Passion du Christ », 209
Évangile selon saint Marc
Étude de l’image : 212
Fra Angelico, La Résurrection
■ Synthèse : 213
La Bible, ou l’histoire d’une alliance
■ Vocabulaire : 214
Des mots du vocabulaire religieux
■ Expression écrite : 215
Écrire une vie de Moïse
8
Partie III - Les textes fondateurs
Chapitre 9 Chapitre10
La Bible
Histoires romaines
■ Repères :
Les écrivains du siècle d’Auguste 218
■ Textes et images :
Texte 1. « Aux Enfers », Virgile, Énéide 220
Texte 2. « Romulus et Rémus », 223
Tite-Live, Histoire romaine
Texte 3. « Hannibal et ses éléphants », 226
Tite-Live, Histoire romaine
Analyse de l’image : 228
La Bataille de Zama, peinture de l’école
romaine, XVI e
siècle
■ Synthèse : Mythologie et histoire 229
■ Vocabulaire : 230
À la découverte du latin
■ Expression écrite : 231
Raconter le cheminement des âmes
à travers les Enfers

Partie IV - La fable
Chapitre11 Chapitre12
Fables de La Fontaine
Médecins de comédie
■ Repères : 234
La Fontaine et ses sources
■ Dossier : Fabulistes de l’Antiquité 236
Texte 1. « Le lion et le Lièvre », Ésope 236
Texte 2. « Le Renard et le Corbeau », 237
Phèdre
■ Textes et images :
Fables, de Jean de La Fontaine
Texte 1. « La Grenouille qui se veut
faire aussi grosse que le bœuf » 239
Texte 2. « Le Loup et l’Agneau » 240
Texte 3. « Le Loup et le Chien » 242
Texte 4. « Le Laboureur et ses enfants » 245
Texte 5. « Les compagnons d’Ulysse » 246
Étude de l’image : 248
La Grenouille …, par Grandville
■ Synthèse : L’univers de la fable 249
■ Vocabulaire : 250
La langue classique (1)
■ Expression écrite : 251
Écrire une fable à partir d’une morale
Partie V - Le théâtre
■ Repères : Molière 254
■ Textes et images :
Pour commencer. « Le Vilain Mire », 256
fabliau du Moyen Âge
Lecture suivie : Le Médecin malgré lui
Texte 1. Une scène de ménage 258
(Acte I, scène 1)
Texte 2. La consultation (Acte II, scène 4) 261
Texte 3. Une guérison miraculeuse 266
(Acte III, scène 6)
Étude de l’image : 269
Comparer deux mises en scène
■ Dossier : La satire de la médecine 272
Texte 1. « Le Malade imaginaire »,
Molière (Acte III, scène 10)
Texte 2. « Knock », Jules Romains 276
■ Synthèse : 279
La comédie, un art de la scène
■ Vocabulaire : 280
La langue classique (2)
■ Expression écrite : 281
Écrire une scène de théâtre
9

10
Chapitre1
● Partie I - La poésie
La musique
et la forme des mots
■ Repères : Poésie, musique et jeux de mots
■ Textes et images :
Texte 1. « La bise fait le bruit… », Victor Hugo 14
Texte 2. « Le Vent », Émile Verhaeren 15
Texte 3. « Le temps a laissé son manteau… »,
Charles d’Orléans 16
Texte 4. « Midi », Leconte de Lisle 17
Texte 5. « Heureux qui comme Ulysse… »,
Joachim du Bellay 18
Étude de l’image : Vassily Kandinsky, Hiver à Kochel I 19
■ Dossier : Calligrammes et jeux de mots 20
■ Synthèse : La poésie, les mots autrement 24
■ Vocabulaire : La joie et la tristesse 25
■ Expression orale : Lire des poèmes à haute voix 26
■ Expression écrite : Jouer avec les mots 27

Lire une image
1. Décrivez le tableau aussi précisément que possible.
Que voit-on ? Que ne voit-on pas ? Comment le peintre a-t-il
accentué le caractère aérien de l’image ?
2. Quelle pourrait être la position de l’observateur ? Quels
sentiments peut-il éprouver en contemplant ce paysage ?
Michel Larionov,
Acacias au printemps,
huile sur toile
(1,18 m fi 1,30 m), 1904
(Saint-Pétersbourg,
Musée russe).
Chapitre 1. La musique et la forme des mots ● 11

Repères
Un langage musical
■ Le mot poésie vient du grec poïein
qui signifie « créer ». La poésie est
donc une création, une manière
d’assembler les mots afin de leur
donner une beauté et une force
particulières. Elle peut dégager
un tel charme qu’on disait,
dans l’Antiquité, que les poètes
étaient inspirés par des
divinités appelées les Muses.
■ Orphée, poète mythique,
était même capable, dit-on, de
charmer les animaux par ses
chants et sa lyre. Dans l’Antiquité,
en effet, la poésie est
chantée. Elle le sera encore longtemps
: en France, tout au long du
Moyen Âge, trouvères et troubadours
continuent d’allier musique et
poésie.
■ La poésie est donc un genre littéraire
étroitement lié à la musique.
Au XIX e siècle, le poète Verlaine disait
même que la poésie était « de la
musique avant toute chose ».
12
Questions
Poésie, musique
et jeux de mots
1 De quel instrument Orphée s’accompagnait-il ?
2 Qui étaient les Muses ?
● Partie I - La poésie
Jean Cocteau, Orphée, dessin,
1962 (collection particulière).

Des règles d’écriture
■ À la fin du Moyen Âge, la poésie se sépare de
la chanson : elle cultive sa musique propre, faite
des mots et du rythme des phrases.
Des règles d’écriture poétique sont définies peu
à peu. L’ensemble de ces règles forme ce que l’on
appelle la versification (voir p. 24) : elle occupe
une place très importante du XVI e au XIX e siècle.
Question
3 Repérez les différents auteurs cités
dans ce chapitre et situez-les dans le temps.
Jouer avec les mots
Jacques Carelman, calligramme
pour Exercices de style de
Raymond Queneau, 1963,
© Gallimard.
Quel lien unit la poésie et la musique ?
Théo van Rysselberghe, Émile Verhaeren
à son bureau, XIX e siècle (Paris, Musée d’Art moderne).
■ Mais, dès le XIX e siècle, Victor Hugo rejette les règles
classiques de la poésie. Rimbaud et Verlaine continueront
dans cette voie, en cherchant à choquer
ou à éblouir. Au début du XX e siècle, Apollinaire fait
disparaître la ponctuation et utilise la mise en page
pour créer de nouvelles associations entre les mots
et les images.
■ Au fil du XX e siècle, plusieurs groupes littéraires
vont multiplier les expériences poétiques et remettre
en cause les règles d’écriture en jouant avec
les mots, comme les surréalistes ou le groupe de
l’Oulipo de Raymond Queneau : l’aventure poétique
continue.
Questions
4 Quelle remarque pouvez-vous faire sur le document ci-contre ?
5 Voici quelques jeux littéraires pratiqués par les surréalistes :
cadavres exquis, acrostiche, lipogramme, S + 7…
Cherchez de quoi il s’agit et pratiquez ces jeux en équipes.
Par quels moyens la poésie nous fait-elle entendre cette musique qui lui est propre ?
Comment impose-t-elle un rythme à la phrase ? Comment utilise-t-elle les mots
pour transmettre des émotions variées ?
Nous vous invitons à entendre cette petite musique de la poésie, et à découvrir
quelques-uns des poètes qui en ont marqué l’histoire.
Chapitre 1. La musique et la forme des mots ● 13

Texte 1
Victor Hugo
(1802-1885) est
l’un des écrivains les
plus importants de
la littérature française.
Son œuvre est très
variée : des romans
(Les Misérables),
des poèmes
(Les Contemplations)
et des pièces de
théâtre (Ruy Blas).
Lecture
Comprendre
1. Quels détails vous permettent d’identifier
ce texte comme un poème ?
2. a. Combien comptez-vous de strophes ?
et de vers ?
b. Quels sont les mots qui riment ?
3. Que décrit Victor Hugo dans ce poème ?
Analyser
4. a. Comptez le nombre de syllabes dans
chaque vers.
b. Dans quels cas faut-il prononcer les -e
à la fin des mots ?
5. Relisez le poème à voix haute : comment
Hugo rend-il sensible le bruit du vent ?
6. a. Quelle consonne est répétée au vers 2 ?
b. Quel rapport y a-t-il entre cette sonorité
et ce dont parle le vers ?
14
● Partie I - La poésie
5
La bise fait le bruit…
La bise fait le bruit d’un géant qui soupire ;
La fenêtre palpite et la porte respire ;
Le vent d’hiver glapit 1 sous les tuiles du toit ;
Le feu fait à mon âtre une pâle dorure ;
Le trou de ma serrure
Me souffle sur les doigts.
Victor Hugo, Dernière Gerbe 2 , 1902 (posthume).
1. Glapir : hurler comme un renard.
2. Gerbe : ensemble de choses semblables réunies,
dont la forme évoque un jaillissement.
Interpréter
7. Notez tous les éléments qui donnent
l’impression que cette maison est vivante.
8. Dans de nombreuses légendes, Dieu donne
vie aux êtres en soufflant dessus. Dans ce poème,
qu’est-ce qui anime la maison ?
9. Quelle impression se dégage de cette
maison ? Auriez-vous envie d’y vivre ?
Pourquoi ?
Vocabulaire
10. a. Cherchez dans le dictionnaire la définition
des mots suivants : palpiter, bise, âtre.
b. Réemployez chacun de ces mots dans
une phrase de votre invention.

Texte 2 Le Vent
Émile Verhaeren
(1805-1916) est un
écrivain belge. Sa
poésie met en scène
des paysages de
campagne ou
de grandes villes.
1. Corner : sonner avec
une corne (sens propre) ;
avertir, annoncer (sens figuré).
2. Battre : parcourir.
3. Poulie : roue sur laquelle
on fait passer une corde pour
soulever plus facilement
une charge.
Lecture
Comprendre
1. Où et quand situez-vous la scène décrite ?
2. Quels sont les mots qui évoquent des bruits ?
3. Quelle impression se dégage de ce poème ?
Analyser
4. a. Le rythme du poème est-il régulier
ou irrégulier ?
b. Quel lien pouvez-vous faire entre le rythme
du poème et les mouvements du vent ?
5. Quelles allitérations présentes dans le poème
nous font entendre le bruit du vent ?
6. Quel autre son est répété dans la première
strophe ? Quel est l’effet produit ?
5
10
15
Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant 1 Novembre,
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant 2 les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies 3
Grincent ;
Aux citernes des fermes,
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.
[…]
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
Émile Verhaeren, Les Villages illusoires, 1895.
7. Quelle remarque pouvez-vous faire sur les trois
derniers vers ?
Interpréter
8. Relevez les mots qui personnifient le vent :
qu’expriment-ils ?
9. Que paraît annoncer le vent, dans ce poème ?
Vocabulaire
Claude Monet,
Effet de vent, (détail),
1891 (Paris, musée d’Orsay).
10. a. Cherchez dans le dictionnaire la définition
des mots suivants : mélancolie – bourg – citerne.
b. Réemployez chacun de ces mots dans
une phrase de votre invention.
Chapitre 1. La musique et la forme des mots ● 15

Texte 3
Charles d’Orléans
(1394-1465), père
du futur roi Louis XII,
est appelé le Princepoète
: grand amateur
de poésie, il organise
à sa Cour des jeux
et concours de poésie
et écrit lui-même de
nombreux poèmes.
Lecture
Comprendre
1. Quelle saison est évoquée dans ce poème ?
Justifiez votre réponse.
2. Qu’est-ce qui montre que la nature est ici
personnifiée ?
3. Quelle impression se dégage du poème ?
Analyser
4. Comment s’appelle le type de vers utilisé ?
Y a-t-il des pauses dans les vers ? Quel est l’effet
sur le rythme du poème ?
5. a. Quel vers est commun à chaque strophe ?
b. Quel effet produit cette répétition ?
6. Les sonorités du poème sont-elles plutôt
graves et monotones ou gaies et variées ?
16
5
10
● Partie I - La poésie
Le temps a laissé son manteau…
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n’y a bête ni oiseau,
Qu’en 1 son jargon 2 ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie.
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée 3 jolie,
Gouttes d’argent d’orfèvrerie ;
Chacun s’habille de nouveau.
Le temps a laissé son manteau.
Charles d’Orléans, Rondeaux, xv e siècle.
1. Qu’en : qui dans.
2. Jargon : langue.
3. Livrée : habit.
Interpréter
7. Le mot rondeau désigne à la fois un poème,
une danse et une pièce musicale. Le poème était
souvent chanté au XVI e siècle : quelles sont les
marques de cette musicalité dans le poème ?
8. Quels détails donnent l’impression que toute
la nature est en fête ?
Vocabulaire
9. Vérifiez le sens des mots broderie et orfèvrerie
dans un dictionnaire et employez-les dans une
phrase.
10. Donnez un synonyme de l’adjectif luisant au
vers 4.
11. a. Sur quel radical le mot froidure est-il formé ?
b. De la même manière, formez d’autres noms
à partir des mots suivants : cheveu – vert –
voile – toit – arme – doré – parer.

Texte 4 Midi
Leconte de Lisle
(1818-1894) cherche
à faire naître l’émotion
de sujets très peu
personnels, comme
un récit mythologique
ou un simple paysage.
1. Épandu : étalé, étendu.
2. Fanon : repli de peau
qui pend sous le cou.
Lecture
Comprendre
1. Quel moment de la journée est ici évoqué ?
2. Quelle impression se dégage de ce paysage ?
Justifiez votre réponse par des citations précises
du texte.
Analyser
5
10
15
20
3. Étudiez le rythme des vers : comment
renforce-t-il l’impression d’un monde sans
limites ? Observez en particulier la place
des verbes.
4. Quelles consonnes sont répétées dans les trois
premières strophes ? Quel est l’effet produit ?
Midi, Roi des étés, épandu 1 sur la plaine,
Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L’air flamboie et brûle sans haleine ;
La Terre est assoupie en sa robe de feu.
L’étendue est immense, et les champs n’ont point d’ombre,
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ;
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.
Seuls, les grands blés mûris, tels qu’une mer dorée,
Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil ;
Pacifiques enfants de la Terre sacrée,
Ils épuisent sans peur la coupe du Soleil.
Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante,
Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux,
Une ondulation majestueuse et lente
S’éveille, et va mourir à l’horizon poudreux.
Non loin, quelques bœufs blancs, couchés parmi les herbes,
Bavent avec lenteur sur leurs fanons 2 épais,
Et suivent de leurs yeux languissants et superbes
Le songe intérieur qu’ils n’achèvent jamais.
Leconte de Lisle, Poèmes antiques, 1852.
Interpréter
5. Relevez les indications de bruits dans
la quatrième strophe : quelle impression
donnent-elles ?
6. Quel est le COD du verbe suivre (v. 19) ?
En quoi cette association est-elle surprenante ?
7. Qu’est-ce que le poète a de commun avec
les bœufs évoqués ?
Vocabulaire
8. Proposez un synonyme des mots suivants :
assoupi – tarie – lisière.
9. Cherchez la définition de dédaigneux (v. 10)
et de languissant (v. 19). Donnez pour chacun
d’eux un nom de la même famille.
Chapitre 1. La musique et la forme des mots ● 17

Texte 5
Joachim du Bellay
(1522-1560) est
nourri de culture
grecque et latine. Il
admire Rome et rêve
d’y aller. Lorsqu’il a
enfin l’occasion de s’y
rendre, le poète est
déçu par l’attitude
des puissants et par
la ville elle-même.
Lecture
Comprendre
1. À quels personnages mythologiques est-il fait
allusion dans la première strophe ?
2. Qu’est-ce qui, dans les voyages de ces héros,
fait envie au poète ? Appuyez-vous sur les mots
du poème.
3. Le ton est-il toujours le même dans la
deuxième strophe ? Justifiez votre réponse.
4. À quoi le poète compare-t-il son jardin ? Que
pouvez-vous en conclure sur les sentiments qu’il
éprouve envers sa demeure ?
Analyser
5. a. Sur quelles oppositions les deux dernières
strophes sont-elles construites ?
18
● Partie I - La poésie
« Heureux qui comme Ulysse… »
5
10
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là 1 qui conquit la toison 2 ,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison 3 ,
Vivre entre ses parents 4 le reste de son âge 5 !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos 6 de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :
Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré 7 , que le mont Palatin 8 ,
Et plus que l’air marin la douceur angevine 9 .
1. Cestuy-là : celui-là.
Joachim Du Bellay, Les Regrets, XVI e siècle.
2. Allusion à Jason, héros mythologique qui
conquit la toison d’or après de nombreuses
épreuves.
3. Usage et raison : expérience et sagesse.
4. Parent : a ici un sens large, « famille ».
5. Son âge : sa vie.
b. Comment ces oppositions se traduisentelles
dans le rythme du poème ?
6. « et beaucoup davantage » (vers 8) : le poète
utilise deux adverbes. À votre avis, pourquoi ?
7. Comment faut-il prononcer audacieux (v. 10) ?
Ce mot, qui s’étire comme pour envahir tout le
vers, est-il positif ou négatif ?
Interpréter
6. Le clos : le jardin.
7 Liré : village natal de Du Bellay et colline
du même nom.
8. Mont Palatin : colline de Rome.
9. Angevine : de l’Anjou, région
d’origine du poète.
8. Quels mots marquent la préférence du poète
pour son pays natal ?
9. Quelle image a-t-on finalement de Rome ?
10. Après avoir lu ce poème, comment expliquez-vous
le titre du recueil Les Regrets ?

Vassily Kandinsky, Hiver à Kochel I, huile sur carton
(75,5 cm fi 97,5 cm), 1909 (Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage).
Lire une image
Une représentation surprenante
1. Qu’est-ce qui vous étonne dans cette peinture de l’hiver ?
2. Est-il facile de distinguer avec précision chaque élément représenté ?
Pourquoi ?
3. Quels détails créent la perspective dans ce tableau ?
4. À votre avis, quel moment de la journée est ici représenté ?
Justifiez votre réponse.
Le peintre de la couleur
5. Quelles sont les couleurs utilisées ? Comment sont-elles réparties
dans le tableau ?
6. Isolez l’un des éléments du décor, la montagne du fond, une colline ou
le ciel : pourriez-vous les identifier en dehors de tout contexte ? Pourquoi ?
7. Quelles impressions ce tableau vous fait-il ?
Étude de
l’image
Chapitre 1. La musique et la forme des mots ● 19

DOSSIER
Calligrammes et jeux de mots
Étape 1
20
Le ver
Les Fourmis
● Partie I - La poésie
Du poème à l’image
Chacune d’elles ressemble au chiffre 3
Et il y en a ! il y en a !
Il y en a 333333333333… jusqu’à l’infini.
Jules Renard, Histoires naturelles, 1896.
Jules Renard, Histoires naturelles, 1896.
Cœur
Guillaume Apollinaire,
Calligrammes, © Gallimard, 1918.

Flèche
Miguel Ángel Asturias,
« La dame des chimères »,
Claire Veillée de printemps,
Poèmes indiens, 1965,
© Gallimard.
Questions
➜ Une forme inhabituelle
1. La disposition de ces poèmes est-elle habituelle
? Pourquoi ?
2. Dans les poèmes « Cœur » et « Flèche »,
quels indices vous permettent de trouver le
début du texte ?
3. Sur quel aspect des mots les poèmes « Les
Fourmis » et « Notes prises pour un oiseau »
jouent-ils ?
➜ Une forme significative
4. « Le Ver » : remplacez le mot ver par un
homonyme en rapport avec la poésie : quel
sens prend alors le poème ?
5. Quel dessin le poème « Cœur » forme-t-il
si vous le regardez à l’envers ? En quoi cela
illustre-t-il le propos du poème ?
Calligrammes et jeux de mots
Notes prises
pour un oiseau
DOSSIER
Le mot OISEAU : il contient toutes
les voyelles. Très bien, j’approuve.
Mais, à la place de l’s, comme seule
consonne, j’aurais préféré l’L de
l’aile : OILEAU, ou le v du bréchet 1 ,
le v des ailes déployées, le v d’avis :
OIVEAU. Le populaire dit zozio. L’s,
je vois bien qu’il ressemble au profil
de l’oiseau au repos. Et oi et eau de
chaque côté de l’s, ce sont les deux
gras filets de viande qui entourent
le bréchet.
1. Crête osseuse des oiseaux.
Francis Ponge,
La Rage de l’expression,
© Gallimard, 1976.
6. Dans le poème « Flèche », quel lien y a-t-il
entre le dessin des mots sur la page et ce qui
est décrit par le poème ?
7. Relisez « Notes prises pour un oiseau ».
a. Le mot voyelle vient du mot voix : il désigne
les lettres qui « chantent » toutes seules.
Pourquoi, à votre avis, le poète apprécie-t-il
tant le fait que toutes les voyelles soient présentes
dans le mot oiseau ?
b. Quel est le sens de l’expression « prendre
pour » ?
c. Quels sont alors les deux sens possibles du
titre du poème ?
Chapitre 1. La musique et la forme des mots ● 21

DOSSIER Calligrammes et jeux de mots
Étape 2 Étude d’un calligramme d’Apollinaire
Le nom de calligramme
est inventé par
Guillaume Apollinaire
(1880-1918). Ce poète
est l’ami des plus
grands peintres
de son temps :
Picasso, Derain,
Vlaminck…
Les noms cités dans
ce poème sont ceux d’amis
d’Apollinaire. Braque
et Derain sont des peintres,
Max Jacob est un poète.
Questions
22
➜ La colombe
1. Que symbolise ici la colombe ?
2. Qui sont les « douces figures poignardées » ?
Quelle phrase nous fait comprendre que ces
femmes ne sont plus là ?
➜ Le jet d’eau
3. Quelle question est répétée ? Quel effet
cette répétition produit-elle ?
4. Recopiez cette partie vers par vers : quelle
remarque pouvez-vous faire sur leur rythme ?
● Partie I - La poésie
© Gallimard.
5. Quelles sonorités sont répétées dans les deux
derniers vers ? Que cherchent-elles à imiter ?
➜ Le bassin
6. Quels sont les mots qui évoquent la guerre ?
7. Que représente la lettre O au milieu
du dessin ?
8. Quel sentiment se dégage de ce poème ?
9. Retournez le poème : quelle nouvelle lecture
pouvez-vous faire du dessin ?

x
Calligrammes et jeux de mots
Pour conclure le dossier
Dégageons l’essentiel
Certains poèmes jouent sur la matière même des mots : le nom des lettres
ou la forme des mots et des phrases dans l’espace de la feuille.
Quand le poème forme un véritable dessin, on parle de calligramme.
Mais le dessin n’est jamais purement illustratif : il contribue au sens du poème.
1. Recopiez ce poème sous forme de
calligramme.
Averse averse averse averse averse averse
pluie ô pluie ô pluie ô ! ô pluie ô pluie ô pluie !
gouttes d’eau gouttes d’eau gouttes d’eau gouttes
d’eau
parapluie ô parapluie ô paraverse ô !
paragouttes d’eau paragouttes d’eau de pluie
capuchons pèlerines et imperméables
que la pluie est humide et que l’eau mouille et
mouille !
mouille l’eau mouille l’eau mouille l’eau mouille
l’eau
et que c’est agréable agréable agréable
d’avoir les pieds mouillés et les cheveux humides
tout humides d’averse et de pluie et de gouttes
d’eau de pluie et d’averse et sans un paragoutte [...]
Raymond Queneau, « Les Ziaux » (extrait),
L’Instant fatal, © Gallimard, 1948 .
2. À la manière de Ponge avec le mot oiseau
(voir p. 21), écrivez un petit paragraphe sur
l’un des mots suivants :
amour – haine – mer – lune – pleurs – livre –
poème.
Jouez avec les lettres qui composent le mot,
leur nom et leur forme.
Activités
DOSSIER
3. Lisez le calligramme ci-dessous.
De la même manière, faites le portrait rapide
d’une personne que vous aimez et présentez-le
sous forme de calligramme.
Apollinaire, « Calligramme »,
Poèmes à Lou, 1915,
© Gallimard.
Chapitre 1. La musique et la forme des mots ● 23

24
Synthèse
La poésie, les mots autrement
La poésie est un genre littéraire qui joue sur la musique des mots
mais aussi, parfois, sur leur forme visuelle (les calligrammes), pour créer
des impressions et des images.
La plupart des poèmes sont écrits en vers regroupés en strophes.
Mais il existe aussi des poèmes en prose.
On appelle quatrain une strophe de quatre vers ; une strophe de trois vers est
un tercet. Le sonnet est un poème formé de deux quatrains et de deux tercets.
Un vers se caractérise par son rythme. Les vers réguliers ont le même
nombre de syllabes : l’alexandrin a douze syllabes ; le décasyllabe a dix
syllabes ; l’octosyllabe a huit syllabes, etc.
Le rythme d’un poème peut être régulier ou irrégulier, lent ou rapide.
Le -e est « muet » à la fin des vers ou quand il est suivi d’une autre voyelle ou
d’un -h muet.
Pour donner au poème sa musicalité, le poète joue aussi avec les sons des
mots :
– La rime est la répétition d’un même son à la fin de plusieurs vers.
– L’allitération est la répétition d’une même consonne à l’intérieur d’un ou de
plusieurs vers.
– L’assonance est la répétition d’une même voyelle à l’intérieur d’un ou de
plusieurs vers.
– Le poète peut aussi utiliser des répétitions, voire des refrains.
Tous ces jeux sonores ont un grand pouvoir d’évocation : ils font ressentir
directement la douceur ou la violence, la joie ou la mélancolie, et donnent
souvent à entendre ce dont on parle.
Victor Hugo,
un poète,
Gallimard
Jeunesse.
Retrouvez les poèmes
les plus célèbres du grand
auteur français.
● Partie I - La poésie
Au hasard
des oiseaux et
autres poèmes
de Jacques
Prévert, Gallimard
Jeunesse.
Les poèmes de Jacques Prévert
offrent de la magie, de la fantaisie
et de l’humour. Le quotidien
prend des allures de fête…
Coin lecture
Demain
dès l’aube,
Hachette
Jeunesse.
Les cent plus beaux
poèmes pour l’enfance
et la jeunesse choisis par
les poètes d’aujourd’hui.

I. La joie
La joie et la tristesse
a. Henry Simon, Les Baigneuses, huile sur
toile (60 cm x 73 cm), 1968 (collection privée).
b. Pierre Bonnard, Petite fille au chien,
huile sur toile (51 cm x 63 cm), 1930 (Fontainebleau,
collection privée).
1 Observez les deux documents
a. Parmi les mots suivants, lesquels vous semblent le
mieux correspondre à chacune de ces images ?
Joie – bonheur – plaisir – allégresse – euphorie – félicité
– jubilation – entrain – euphorie – réjouissance
– volupté – insouciance.
Pour répondre, vérifiez les nuances de sens qui existent
entre ces différents mots et discutez vos choix
à l’oral.
b. Choisissez l’un des personnages dans ces deux
images et décrivez ses émotions en quelques lignes,
en utilisant certains mots de la liste ci-dessus.
Vocabulaire
2 a. Donnez la définition de chacun des mots
suivants.
L’allégresse – la gaieté – l’enthousiasme –
le bonheur – l’insouciance.
b. Réutilisez-les dans une phrase de votre
invention.
3 Employez chacun des verbes suivants
dans une phrase de votre invention :
Combler – ravir – égayer – se réjouir.
II. La tristesse
4 Associez chacun des mots suivants à sa
définition.
Mots Définitions
● Abattu
● De mauvaise humeur
● Qui éprouve une tristesse
● Maussade vague, a des pensées
sombres, tristes
● Mélancolique
● Qui regrette un bonheur
passé
● Nostalgique
● Sinistre, sombre
● Lugubre
● Fatigué, découragé,
qui n’a plus de force
5 Complétez les phrases suivantes avec les
mots ci-dessus :
1. Ce matin, tout m’ennuie : je suis d’humeur … .
2. Il a une mine … comme s’il avait appris une très
mauvaise nouvelle.
3. Après son échec aux examens, Pierre est profondément
… .
4. En revoyant les lieux où j’ai passé mon enfance, je
me suis senti terriblement … .
5. La mort de sa fille a rendu Victor Hugo encore
plus … .
6 Recherchez la définition des verbes suivants
dans le dictionnaire et employez-les dans
une phrase de votre invention :
Affliger – navrer – accabler – assombrir – se languir.
Chapitre 1. La musique et la forme des mots ● 25

26
Expression
orale
Lire des poèmes à haute voix
Objectifs Il est très important de soigner la lecture des poèmes, de respecter
le nombre de syllabes des vers, de faire toutes les liaisons nécessaires.
Voici un choix de courts poèmes. Lisez-les attentivement : quelle impression
chacun d’eux vous fait-il ? Entraînez-vous à les lire à haute voix en mettant en
valeur le rythme des vers et les sonorités.
Recopiez celui que vous préférez et illustrez-le.
A Sensation
«
B Automne
«
«
● Partie I - La poésie
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, – heureux comme avec une femme.»
Arthur Rimbaud, Poésies, 1870.
Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux
Et s’en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
Qui parle d’une bague et d’un cœur que l’on brise
Oh ! l’automne l’automne a fait mourir l’été
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises »
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913, © Gallimard.
C Fantaisie d’hiver
Dans le bassin des Tuileries 1 ,
Le cygne s’est pris en nageant,
Et les arbres, comme aux féeries 2 ,
Sont en filigrane 3 d’argent.
Les vases ont des fleurs de givre,
Sous la charmille 4 aux blancs réseaux 5 ;
Et sur la neige on voit se suivre
Les pas étoilés des oiseaux. […] »
Théophile Gautier, Émaux et Camées, 1852.
1. Tuileries : jardin parisien.
2. Féerie : spectacle
enchanteur, magique.
3. En filigrane : entrelacés.
4. Charmille : allée d’arbres.
5. Réseaux : ensemble
de lignes entrecroisées.

Jouer avec les mots
Objectifs Pour écrire de la poésie,
il faut être sensible à la musique
des mots, savoir l’entendre
et l’utiliser. Voici quelques petits
exercices qui vous y aideront.
A Les bouts-rimés
Leonetto
Cappiello,
Les Parapluies
Revel,
huile sur toile
(1,60 m fi 1,20 m),
1922 (Lyon, musée
des Beaux-Arts).
1. Un groupe d’élèves propose deux couples de
mots qui riment (ex : pluie/enfuie et pâle/mâle)
et un autre groupe d’élèves doit inventer un
petit poème de quatre vers utilisant ces rimes.
B Jouer avec les allitérations
« Le bruit, l’éclat de l’eau, sa blancheur transparente,
D’un voile de cristal alors peu différente,
Font goûter un plaisir de cent plaisirs mêlés. »
(La Fontaine, « Les Amours de Psyché et Cupidon »)
2. a. Que cherchent à imiter les consonnes liquides (r, l ) ?
b. De la même manière, en deux ou trois vers, écrivez un petit poème en vers
ou en prose faisant entendre au choix : les feuilles qui craquent sous les pas
dans la forêt ; le vent qui siffle dans les arbres ; le feu qui crépite ; le bruit
et le mouvement des vagues.
N. B. : pour trouver des mots dont les sonorités vous conviennent,
utilisez un dictionnaire des synonymes.
C Choisir des mots pour leurs sonorités
Expression
écrite
« J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd » (Baudelaire, « Chant d’automne »)
« Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige ! » (Baudelaire, « Harmonie du soir »)
3. a. Lisez attentivement ces deux extraits : lequel a des sonorités dures ?
Lequel a des sonorités douces ? En vous aidant du titre du poème dont sont tirés
ces vers, expliquez ce choix de sonorités.
b. À votre tour, choisissez dix mots aux sonorités dures (b, p, d, t, k, g ), puis
dix mots aux sonorités douces (v, f, j, ch, s, z) puis, avec chaque groupe de mots,
faites un petit poème dont le thème sera en accord avec les sonorités choisies.
Chapitre 1. La musique et la forme des mots ● 27

Français 6 e
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es Lettres
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