Lire la suite - Archive.gr

Elisabeth Epstein (née Ivanovna Hefter 1 ) naquit à Zitomir (Jitomir),
dans l’Ukraine, le 11 mars 1879 et est morte le 22 janvier 1956 à Genève, sa
patrie d’adoption, en 1956, à l’âge de 77 ans.
A vingt ans, le 21 avril 1898, elle s’est mariée au Dr. Mieszyslaw Epstein (1868-
1931), médecin et ‘stadtrat’ de Munich.
En 1928-30, époque de la correspondance qui suit, son fils, le docteur Alexandre
Epstein, se trouvait au Sanatorium (Kurhaus) Furka à Arosa dans les Grisons.
Selon les sources de la toile il mourut en 1946 à Genève 2 .
Elisabeth Epstein a eu un rôle important (bien que discret) dans la vie artistique
du début du XXe siècle. Pendant ses études à Munich, elle noua une étroite amitié
avec Wassily Kandinsky, Alexej von Jawlensky et a participé au groupe «Der
blaue reiter» (Le cavalier bleu). Elle a d’ailleurs pris part à la première exposition
du Blaue Reiter en décembre 1911 à Munich 3 . Avaient participé à cette exposition
Albert Block, David Burliuk, Wladimir Burljuk, Heinrich Campendonk, Arnold
Shönberg, Auguste Macke, Gabriele Münter, Jean Bloe' Niestle', Eugen Kahler,
Robert Delauney, Elisabeth Epstein, Henri Rousseau ainsi que Wassily
Kandinsky, et Franz Marc.
Nous avons pu voir grâce à l’internet (en mars
2000) deux de ces portraits, l’un dessiné par par
August Macke et l’autre peint par Christian
Schad 4 .
5
A Paris (dès 1908), elle était en contact avec
Robert Delaunay et son épouse Sonia Terk. Bien
que faisant partie des courants d'avant-garde de
son époque, Elisabeth Epstein-Hefter développa
son propre style de peinture que nous avons
décidé, dans ce qui suit, de mettre en valeur,
grâce aux toiles affichées sur les sites des
maisons de vente.
Les quelques lettres que nous avons retrouvé
nous révèlent une artiste modeste, travailleuse et complètement investie dans son
1 En russe Jelisaweta Iwanowna Hefter
2 Voir «In Memoriam. Hommage à Elisabeth Epstein» – Tribune de Genève, 10 février 1956.
3 Adrian M. Darmon, Autour de l'art juif: encyclopédie des peintres, photographes et sculpteurs,
p. 53. L’exposition du 18 décembre avait réuni 43 tableaux à la galerie moderne d’Heinrich
Thannhauser à Munich.
4 Christian Schad, (1894-1982) était un peintre et un photographe avait, lui aussi suivi des cours à
l’académie de Munich. Co fondateur de la revue dada «Sirius», il s’est installé à Genève en 1916,
et plus tard en Italie. Il est l’auteur de plusieurs photogrammes : les «shadographies».
5 Blaue Ritter Almanac 1912.
5

art. Sa maitrise du français indique une personne ayant reçu une éducation
polyglotte lui permettant de communiquer avec ses parents parlant le russe et avec
son mari germanophone. En 1929-30 elle travaille dans des ateliers loués à
Montrouge. Dans une de ces lettres elle indique qu’elle se déplaçait en tram 6 et en
métro. Ajoutons que d’après les estampilles de la poste, Epstein postait ses lettres
depuis Montrouge jusqu’à peu près le mois d’avril 1930. Elle utilise également la
poste de l’avenue d’Orléans (aujourd’hui Général Leclerc). Puis, ses deux
dernières missives furent expédiées de la Gare d’Austerlitz (le 5 juillet) et de la
Rue de Rennes (le 7 juillet 30). Cette dernière poste étant proche de la rue
Bonaparte et de la galerie Zak. Nous remarquons enfin que l’heure marqué par la
poste se situe régulièrement vers après 17h. et 19 h.
Elisabeth Epstein, autoportrait au chapeau
Nous savons (toujours d’après les informations glanées) qu’elle avait deux sœurs
et qu’elle était probablement parente de la compagne de Luigi Russolo, la jeune
peintre Fanny Hefter (Fanitcha 1900-1964), née à Moscou ou elle avait poursuivi
ses études à l’école moscovite des arts avant d’émigrer à l’ouest. C’est d’ailleurs
6 Le tramway de Montrouge fonctionna jusqu’en 1931.
6

auprès du couple qu’elle logera pendant un temps, de décembre 1929-au 31
janvier 1930 dans un premier atelier où elle dit souffrir du bruit de l’imprimerie
qui s’y trouvait. Elle déménagera dans un deuxième locale qu’elle décrit dans sa
lettre du 4 février 1930.
En Juin 2004, quelques informations supplémentaires sur la vie l’artiste ont été
posté sur le site “eisheschayil”:
«I received an interesting request 7 . I am posting the email
exactly the way I received it, [..]: «Could you help us? The
"August Macke Haus" in Bonn, Macke was an expressionistpainter
and member of the «Blaue Reiter». We are preparing an
exhibition of the Work of Elisabeth Epstein, a painter of the same
group, who later lived in France and Switzerland.
«I am translating her letters to Kandinsky from Russian into
German. We are searching the letters of Kandinsky to her and
searching her family who immigrated about 1938 to Palestine.
Elisabeth Epstein, born Hefter, born at Zitomir 1879 and died at
Geneva /Switzerland in 1956. Her son [Alexandre] died 1946 in
Genf (Geneva).
«On the written announcement of his death is a notice that two
sisters of Elisabeth Epstein: Sophie (Sonja) Soloveitchik and
Madame Menchikowski, were both living in Palestine. Her sister
Soloveitchik had several daughters and it is possible that they
have descendents who are living in Israel and who inherited her
pictures and letters. If not, they might know where Elisabeth
Epstein's papers went when she died. When she died in Geneva,
she was very lonely, all her friends already died and her sisters
lived in Israel. «On the Internet I saw that the Soloveitchiks are a
well known family and may be they find them in their genealogy
Sophie (Sonja) Soloveitchik, born Hefter, from Russia, Zitomir?
Lived, as her sister in Germany before Word War I, may be she
knew her husband from Berlin, who studied there? Went to
Palestine about 1938. […]»
Verena von Dellingshausen
It would be very kind of you to answer at:
dellingshausen@t-online.de
7 www.eisheschayil.com/private/newsletters/letter0461.htm
7

Si les questions de Mme von Dellingshousen ne peuvent pas être répondu ici,
nous craignons, par contre, qu’une partie des «papiers» d’Elisabeth, aient été
dispersés, ce qui explique que nous avons trouvé, par hasard et sans savoir son
origine, un petit lot de cartes postales chez un brocanteur de Plainpalais, un
samedi à Genève. Cependant une importante biographie de notre artiste à été
dernièrement publiée par la Wikipedia allemande, qui doit provenir des
recherches de Mme von Dellingshausen et de la fondation August Macke Haus".
Nous reproduisons le texte original in extenso, afin de mieux permettre la
compréhension du contexte des lettres qu’Elisabeth écrivait à son fils
Alexandre, médecin lui-aussi comme son père.
Ajoutons que dans le fond de Sonia Delaunay Trek au Musée National d'Art
Moderne (MNAM) -Bibliothèque Kandinsky, Centre Georges Pompidou
(75004 Paris) 8 , se trouvent certaines lettres d’Elisabeth Epstein. «-
Correspondance adressée à Robert Delaunay et à Sonia par des artistes, des
écrivains, des éditeurs, des critiques, comme André Salmon, Michel Seuphor,
Léonce et Paul Rosenberg, Engel-Pak, Jean Hélion, Ladislas Kijno, Joseph
Lacasse, Joseph et Caroline Delteil, Waldemar George, René Delhumeau,
Alexandre et Elisabeth Epstein, Jacques Heim, Jacques Soskin, Georges
Ullmann, Albert Vallet, Nelly Van Doesburg ou Marie Laurencin, entre 1910
et 1973 (18 boîtes).»
ELISABETH IWANOWNA EPSTEIN (Wikipedia)
Leben
Bis 1989 war Epstein nur durch wenige Erwähnungen in der einschlägigen
kunsthistorischen Literatur bekannt. Die Situation hat sich inzwischen gebessert, so dass
man zumindest einen lückenhaften Lebenslauf rekonstruieren kann. Über das Aussehen
der Malerin ist man durch eine Fotografie [1] , das sie in Begleitung von Wassily Kandinsky
in Paris zeigt, unterrichtet. Sie stimmt auffallend mit einer Porträtskizze von August
Macke von 1912 [2] überein. Beide Darstellungen lassen sich durch zwei späte
Selbstporträts ergänzen. [3] Mittlerweile kennt man von Epstein über 70 Gemälde, jedoch
keine Zeichnungen oder Druckgraphiken. Von Zeit zu Zeit taucht immer wieder ein
bislang unbekanntes Bild im Kunsthandel auf, das verdeutlicht, dass man es mit einer
sehr qualitätsvollen Malerin der Klassischen Moderne zu tun hat.
Weiterbildung in Deutschland
Ab 1896 bildete sich Hefter im Atelier des Slowenen Anton Ažbe in München bis 1904.
weiter. Dort lernte sie Kandinsky und Alexej Jawlensky kennen. Zusammen mit diesen
8 Téléphone : 01 44 78 12
8

und weiteren russischen Künstlern verkehrte sie im «rosafarbenen Salon» [6] der Baronin
Marianne von Werefkin.
1898 heiratete Hefter am 21. April in Warschau den seit 1894 in München ansässigen
Arzt und Stadtrat Dr. Mieszyslaw Epstein (1868–1931). Am 28. März 1899 wurde ihr
Sohn Alexander in München geboren. Zwischen 1900 und 1902 entstand Thomas Manns
Erzählung «Tonio Kröger», für deren Figur der geistreichen Malerin Lisaweta Iwanowna
Epstein als Vorlage diente. Damals unterhielt Epstein auch Kontakte zu der russischen
Malerin Olga Markowa Meerson (1878–1929), die in München in der Giselastraße
wohnte und in Kandinskys Phalanxschule «Obmännin» war. [7]
Aus dieser Zeit – etwa 1903 zu datieren – stammt Epsteins frühestes bislang
nachweisbares Gemälde, ein Porträt ihres Sohnes Alexander [8] , in dem sie sich der
Malerei Ažbes in breiten Pinselbahnen bediente. Das Bild veranschaulicht, dass Epstein
damals ganz im Sinne ihres Lehrers Ažbe und auf der Höhe der Zeit in München eine
impressionistische Malerei «Nass-in-Nass» à la Lovis Corinth [9] beherrschte, nahezu
ebenbürtig ihrem Kollegen Jawlensky. 1904 ging sie für einige Monate nach Frankreich
und besuchte die Académie de la Palette in Paris, wo sie Freundschaft mit der ebenfalls
aus der Ukraine stammenden Sonia Terk schloss. 1905 hielt sich Epstein in der Schweiz
auf und kehrte anschließend nach München zurück. Ein 1905 von Epstein im Bild
datiertes Stillleben [10] – durch die Art der Pinselführung in schmalen Strichen und
breiten, länglichen Flecken, ableitbar aus dem Neoimpressionismus – ist der
gleichzeitigen Malerei Jawlenskys derart verwandt, dass man davon ausgehen kann, dass
es unter seiner Anleitung in seiner Malschule [11] entstand, in der damals beispielsweise
auch Franziska Gräfin zu Reventlow, Rudolf Czapek und Gabriele Münter zu finden
waren.
9
Christian Schad, Elisabeth Epstein, 1918, Öl auf Leinwand, 58.7 x 48.6 cm

10
Applikationen mit Abriss einer Zigarettenschachtel, 58,5 x 48 cm, Privatbesitz
(Publié par: Günter A. Richter: Christian Schad. Monographie, Rottach-Egern 2002, Abb. S. 59)

11
Portrait d’Elisabeth Epstein par Auguste Macke, 1912
(wikipedia)

Weiterbildung in Frankreich
1906 wohnte Epstein zunächst für einige Zeit in Westerham bei Rosenheim, um noch im
gleichen Jahr wieder nach Paris zurückzukehren. Dort lebte sie mit Sonia Terk und
weiteren Künstlerinnen in einer Wohngemeinschaft. Künstlerisch arbeitete sie
gemeinsam mit Sonia Terk und dem aus Prag stammenden Maler Eugen von Kahler
(1882–1911) zusammen. Letzteren lernte Epstein «vermutlich» [12] im Café du Dôme
kennen. In Sèvres besuchte sie zusammen mit Olga Meerson Kandinsky und Gabriele
Münter. [13] - Ein besonderes Ereignis dürfte für sie 1906 ihre Teilnahme an der von Sergei
Djagilew im Grand Palais [14] mit großem Pomp in zwölf Räumen organisierten Abteilung
russischer Kunst des Salon d’Automne gewesen sein. Diese zeigte die junge russische
Künstlergeneration mit Werken u.a. von Epsteins Kollegen wie Léon Bakst, Alexander
Benois, Natalija Gontscharowa, Igor Grabar, Jawlensky, Kandinsky, Michail Larionow,
Konstantin Somow oder Michail Wrubel. – 1907 nahm sie am Pariser Salon d’Automne
teil. 1908 hielt sich Epstein zeitweise wieder in München auf, um ihre Scheidung von
ihrem Ehemann einzuleiten. Zusammen mit Kandinsky war sie damals Schülerin von
Jawlensky, was aus Kandinskys Briefen aus den 1930er Jahren hervorgeht. [15] Am 1.
Oktober erfolgte der endgültige Umzug nach Paris. Wiederum stellte sie im Pariser Salon
d’Automne aus. 1910 traf sie in Paris auf Robert Delaunay, der zwischenzeitlich mit ihrer
Freundin Sonja Terk verheiratet war, des Weiteren Fernand Léger, Amédée Ozenfant,
Juan Gris und Henri Le Fauconnier, der im gleichen Jahr noch Mitglied der Neuen
Künstlervereinigung München wurde und an deren Ausstellungen teilnahm.
Vermittlerin zwischen der Pariser Avantgarde und der Redaktion
Blauer Reiter
1911 stellte Epstein erneut im Pariser Salon d’Automne aus. Sie wurde damals zur
wichtigsten Kontaktperson für Kandinsky und Franz Marc zur Pariser Kunstszene. Sie
war es, die den bedeutungsvollen Kontakt von Delaunay zu Kandinsky vermittelte. Eines
ihrer Porträts und eines ihrer Stillleben [16] aus jener Zeit wurden von Kandinsky und
Marc in der ersten Ausstellung der Redaktion Der Blaue Reiter präsentiert. Das Porträt
soll Kandinsky gekauft haben. Sicher ist, dass sie das Stillleben mit dem Titel «Disteln»
Kandinsky schenkte. Marc vermittelte Verkäufe ihrer Arbeiten an die Galerie «Neue
Kunst» von Hans Goltz. Kandinsky soll ihr damals auch die Übersetzung seines Werkes
«Über das Geistige in der Kunst» [17] ins Französische angetragen haben. 1912 erfolgte ihre
Scheidung von Mieszyslaw Epstein. – Franz und Maria Marc und August Macke
besuchten Epstein in Montmorency bei Paris. Marc war damals besonders von ihrer
Porträtmalerei angetan. [18] Teilnahme an der ersten Ausstellungsserie der Redaktion des
Blauen Reiters im Gereonsklub in Köln. [19] In Herwarth Waldens Kunstzeitschrift «Der
Sturm» erschien ihre theoretische Abhandlung «Einige Gedanken über Bildentstehung»,
in der sie sich unter anderem auch mit dem Kubismus auseinandersetzte. [20] 1913
publizierte sie einen weiteren Aufsatz in der Kunstzeitschrift «Der Sturm» mit dem Titel
«Das Lächerlichsein». Darin äußerte sie sich positiv zur Abstrakten Kunst: «Der Drang
nach Abstraktion wird immer größer; dies echte Bedürfnis dringt immer und immer
weiter und Abstraktion wird erste Forderung.» Sie sprach von «der wahren Abstraktion»
und bezweifelte, dass jedermann fähig ist, mit ihr umzugehen: „Wie viele aber können
abstrahieren ohne allen Sinn zu verlieren, wie viele können ihren Boden lassen, um auf
sichereren zu gehen in Abstraktion? So entstehen Werke, die abstrakt aussehen, die
nichts sind und von nichts sagen.“ [21] - Die Galerie «Der Sturm» stellte damals auch zwei
ihrer Porträts auf dem Ersten Deutschen Herbstsalon aus [22] . Am Ende des Jahres nahm
sie wieder am Salon d‘Automne in Paris teil. 1914 traf sie in Bordighera an der ligurischen
12

Küste mit Jawlensky zusammen, der in der «Villa Constantia» logierte. Epstein wohnte in
der nahgelegenen «Pension Richemont». [23]
Die 1920er Jahre in Genf und Paris
Ab 1914 klafft nach heutiger Kenntnis eine große Lücke in Epsteins künstlerischem
Œuvre bis 1928. An Lebensdaten lässt sich rekonstruieren, dass sie zum Beispiel 1916/17
mit Unterbrechungen in Genf und Paris lebte. In Genf hatte sie offensichtlich mit
Werefkin und Jawlensky Kontakt, die damals in Saint-Prex am Genfersee lebten. [24] In
Genf stellte Epstein zwischen 1918 und 1928 immer wieder ihre Gemälde aus. Ansonsten
wurden bis heute keine detaillierten Nachrichten über ihre Lebens- und
Arbeitsverhältnisse für diesen Zeitraum bekannt.
In Epsteins Bilder, die ab den späten 1920er Jahren entstanden, finden sich einzelne
kubistische Formen reduziert und weniger kristallin gestaltet wieder. Scharfkantige
Facetten zeigt sie gemildert und modifiziert. Die charakteristische Farbigkeit des frühen
Kubismus Braun-, Grün- und Goldtöne – bringt sie in der Regel in einen harmonischen
Einklang mit den drei Grundfarben – verhaltene Gelbs, Rots und Blaus – und gesellt
ihnen die van Gogh’schen Komplementärfarben – Violett, Grün und Orange – zu und
ergänzt sie mit dem Nichtfarbenpaar Schwarz und Weiß. - Auch finden sich immer wieder
in ihren Bildern orphistische Elemente, die auf ihre Zusammenarbeit mit ihren
Freunden, dem Ehepaar Delaunay, verweisen. [25]
Die 1930er Jahre in Paris
1930 bekam Epstein eine Ausstellung in der Galerie Zak in Paris. Bis 1938 nahm sie an
Ausstellungen am Pariser Salon des Surindépendants teil, der von dem brasilianischen
Maler und Dichter Vicente do Rego Monteiro gegründet wurde. Ab Ende 1934 begegnete
Epstein dem ebenfalls in Paris lebenden Kandinsky wieder. Letzterer berichtete in einem
Brief an den in Wiesbaden an Arthritis schwer leidenden Jawlensky: „E. I. Epstein war
vor ca. 3 Wochen bei uns und grüßt Sie.“ [26] Ein anderer Brief Kandinskys von 1936 zeigt,
dass die Freundschaft zwischen Epstein, Jawlensky und Kandinsky damals bereits seit
Jahrzehnten bestand. Er gestand unmissverständlich, dass ihm Jawlensky in der
„Murnauer Zeit“ [27] künstlerisch weit überlegen war: „Unlängst war bei uns E. I. Epstein.
Was für eine nette Frau, ein guter, lieber Mensch. Wir sprachen über Sie und erinnerten
uns der alten vergangenen Tage und rechneten aus, wie lange wir uns kennen. Es ergaben
sich 40 Jahre. Wir erinnerten uns, wie wir beide bei Ihnen Schüler waren.“ [28] Auch
gegenüber seiner Frau Nina (1893–1980), machte er kein Hehl daraus, dass er ehemals
Lernender bei Jawlensky war: „Ich erzählte Nina Nikolajewna über unsere wundervollen
Zeiten in München, wo Sie mich lehrten.“ [29]
Umsiedlung nach Genf
1937 entschloss sich Epstein aus gesundheitlichen Gründen, nach Genf umzuziehen.
1938/39 schickte sie Bilder zu Ausstellungen in der Galerie Pittoresque, Paris. 1940/41
fanden Ausstellungen ihrer Werke in der Genfer Galerie Moos statt. Im Jahr 1942
empfing sie Besuch von Sonia Delaunay. Nach längerer Krankheit starb Elisabeth Epstein
1956 in Genf.
Bibliographie
E. Epstein: «Einige Gedanken über Bildentstehung», Der Sturm, 1912, Jg. 3, Ν ο .
140/141, S. 236 f
13

Elisabeth Epstein: «Das Lächerlichsein», Der Sturm, 1913, Jg. 4, N ο . 156/157, S.
13
Bernd Fäthke: Elisabeth Ivanowna Epstein, Eine Künstlerfreundschaft mit
Kandinsky und Jawlensky, Clemens Weiler zum Andenken. Galleria Sacchetti,
Ascona 1989.
Bernd Fäthke: Jawlensky und seine Weggefährten in neuem Licht, München 2004,
S. 44, 66, 85,121-122, 157, 169.
Literatur von und über Elisabeth Iwanowna Epstein im Katalog der Deutschen
Nationalbibliothek
«In Memoriam. Hommage à Elisabeth Epstein» – Tribune de Genève, 10 février
1956.
Birgit Poppe, Ich bin Ich. Die Frauen des Blaeun Reiter, Dumont. www.dumontbuchverlag.de/sixcms/media.php/1/9359_DieFrauendesBlauenReiter_RZ.pdf
Source: http://de.wikipedia.org/wiki/Elisabeth_Iwanowna_Epstein
Source et référence: Normdaten: PND: 13282289X | LCCN: nr99033908 | VIAF: 35627706 |
WP-Personeninfo
14
Elisabeth Epstein, autoportrait au chapeau

15
Elisabeth Epstein-Hefter- 1934.
Stillleben-mit-blumen-in-gruner vase, 65x54 cm.
Dobiaschofsky Auktionen, 12 Novembre 2010 (www.artnet.fr)
http://www.artvalue.com/auctionresult--epstein-hefter-elisabeth-1879-stillleben-mit-blumen-in-grune-
2767267.htm

Elisabeth Epstein *14 lettres* au
16
docteur Alexandre Epstein, son
fils

17
Elisabeth Epstein Hefter

Herrn D. A 9 . Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, (Grisons) Suisse.
(Montrouge Seine 11-12-29 : 18:45)
11 XII Décembre 1929
Cher Schurotcka !
J’ai reçu hier soit ta lettre de Dimanche, qui m’a bien fait plaisir. Tu ne me dis
jamais si tu fume beaucoup et combien? Et comment te sens-tu ?
Je suis très contente de ton amitié avec Aracy. Et aussi de ce que tu dis de
M elle E. dans ton autre lettre, tu a bien raison: nous sommes infiniment plus
proches à présent qu’avant et cela m’est très cher.
Dis-moi quel traitement de l’amibiase va suivre Irma ? Nadia ne va pas tous
les jours très bien malgré 3 séries d’émétine 10 . Combien en fait-on ?
Il parait qu’en Palestine on ne fait qu’une seule des 6 piqures. Elle maigrit et a
toujours des diarrhées ? Qui devrait-elle consulter d’après toi ? Et puis
comment savoir que c’est l’amibiase ? Écris-moi de ceci.
Prie Aracy des timbres de Brésil et envoie [les] moi. Je lui écrirai mais
quand ?
Aujourd’hui je vais mieux, bien dormi (aloval) et la machine de l’imprimerie
m’énerve moins. Il fait une température très douce dans l’atelier et le poêle est
magnifique. Je retouche toujours et ne sors pas, C’est pénible comme ça
ressemble à Genève, les commodités en moins. Et j’ai hâte de voir des
tableaux et des gens et aussi de tendre mes toiles et d’arranger un peu les
mûrs. Le sol n’est pas froid du tout, mais un pour le travail, je ne vois rien
coin est absolument humide par terre et ne sèche pas encore – Je serais plus
libre après ce paquet et le suivant.
Je ne suis pas du tout inspirée pour le travail, je ne vois rien. Mes sorties ont
toujours été de la presse. J’espère que tout ira mieux dans quelque temps.
Je t’embrasse bien
Mama
║ 11 Pour Nouvel an, j’aimerais beaucoup un abonnement aux Cahiers d’Art –
100 fr. français je crois. Si c’est trop, alors à moitié. Et toi que voudrais-tu ?
Peux-tu mettre de côté de l’argent ?
On dirait que la retouche est une entrave éternelle. C’est malheureux qu'il ait
fallu commencer par la retouche ici !║
9
Alexandre Epstein.
10
L'émétine est un alcaloïde très toxique tiré de l'ipéca. En préparation médicinale elle a des
vertus émétiques et antiamibiennes.
11
Textes sur les bords et entre les lignes.
18

19
Elisabeth Epstein Hefter 1912

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, Suisse (Grisons).
(Montrouge Seine 21-12-29 : 18:10)
21 XII Décembre 1930
Cher Schurotcka !
Je ne t’ai pas écrit hier car ça m’embête d’écrire toujours de façon plus ou
moins déprimée. Je suis allée hier vers midi avec le gros paquet de
retouches (12 kilos) jusque vers les Halles. Tram, puis métro, ensuite un
bout à pied. C’était très lourd à porter surtout que j’avais très peu dormi. Le
premier paquet j’avais fait de la même façon. C’est une maison en liaison
avec Veron Grauer 12 . Après j’étais si fatiguée que je ne suis plus sortie, lavé
les cheveux etc.
Le soir Vera est venue voir mes tableaux. Tard couchée et aujourd’hui je ne
peux rien faire ni sortir. A 5 h. vient Fania 13 chez moi. Et le soir si je peux
je vais au Dôme 14 .
Dès lundi j’espère pouvoir bouger. Je manque tellement de sommeil. La
maison devient tranquille que vers 1 h. -1½ et à 7 h. je me réveille et à 8 h.
viennent les ouvriers de l’imprimerie.
Fanitcha et Russolo se lèvent tard et se couchent tard. Moi je ne peux pas.
Je pense trouver autre chose. Avec ça je doute de plus en plus que je puisse
trouver autre chose. La fenêtre ouverte toute la nuit et le matin il fait tiède
malgré qu’il gèle dehors. Le poêle chauffe très très bien, mais il faut
dépenser beaucoup. Tout le monde trouve que c’est joli chez moi. Vera a
aimé certaines toiles, d’autres pas. Le --- mes portraits. Elle ne sent pas
beaucoup ce qui n’est pas de sa façon et ne comprend pas.
– Pytel m’écrit qu’il tachera de trouver un autre moyen pour l’expédition,
car c’est vraiment exorbitant par Veron Grauer. Moi j’ai payé 100 fr.
français et lui vers les 90 fr. suisses. Je ne sais pas comment ça s’arrangera.
Je suis contente que tu es mieux mais qu’est-ce que c’est ces indigestions
toujours ?! Peut-être tu devrais porter une Leibbinde pour avoir toujours la
même chaleur sur le ventre.
Toujours pas de réponse ce qu’il faut t’envoyer pour [le] Nouvel an !
Je t’embrasse bien
Mama
12
Maison de déménagement genevoise depuis 1867, http://www.veron-grauer.ch/.
13
Fania et Fanitcha, très souvant mentionné dans cette correspondance est la peintre Fanny
Hefter (1900-1964), la compagne de Luigi Russolo. Lire entretien sur la vie de Russolo.
14
Café- restaurant située au 108 du boulevard du Montparnasse, à l'angle du boulevard Raspail
et du boulevard Montparnasse.
20

21
Elisabeth Epstein-Hefter- 1931.
Stilleben Mit Roter Vase Und Flaschen, 65x54 cm.
Hapel 4 décembre 2009
www.arcadja.com/auctions/en/epstein_elisabeth/artist/9155

Luigi Russolo - Entretien avec Nino Frank
http://luigi.russolo.free.fr/paris.html
Giovanni LISTA. - Quand avez-vous connu Russolo ?
Nino FRANK. - J'ai connu Luigi Russolo au printemps de 1927, quand il était venu
à Paris avec Marinetti, Prampolini, etc., pour les représentations des «Ballets
Futuristes» au Théâtre de la Madeleine. Correspondant du Corriere della Sera à
Paris à l'époque, j'avais fait un article sur ces spectacles: j'ai donc passé beaucoup de
temps avec ces amis au Théâtre et je me suis particulièrement lié avec Russolo.
L'été de ce même 1927, à l'occasion d'un voyage en Italie, je me suis arrêté un jour à
Milan (où Russolo était retourné entre-temps) et j'ai passé la nuit chez lui, dans son
appartement qui se trouvait à proximité de la Piazza del Duomo. Sa femme se
trouvait en vacances, si je me souviens bien, sur le lac de Cômo.
Je ne l'ai donc pas connue. Cette nuit-là, Russolo m'avait beaucoup parlé des débuts
du futurisme et de sa propre évolution : Comme vous le savez, il avait adhéré au
futurisme en tant que peintre, initialement, mais s'était assez vite orienté vers la
musique, qui avait toujours été sa vocation principale.
Je ne peux pas fixer exactement la date de son retour et de son installation à Paris,
mais j'ai l'impression qu'elle se situe dans l'hiver suivant, 1927-1928, ou au printemps
1928.
J'ai l'impression qu'il a habité, pour commencer,
dans un hôtel prochede
ma propre maison (à
l'époque, rue Berthollet),
puis, je ne sais pas en
quelles circonstances, il a fait la connaissance de
Fanny Hefter et est allé vivre avec celle-ci.
Ils logeaient, si je neme
trompe, rue de Vanves
(actuellement, rue Raymond
Losserand ), dans un
petit appartement
où je suis allé quelques fois.
Pour les milieux qu'il fréquentait,
il y avait bien sûr
les cafés de Montparnasse
et les amitiés qu'on s'y
faisait aisément, notamment
parmi les relations de
Fanny Hefter. Puis, De Torre et ses séances
métapsychiques. Enfin,
étant donné notre amitié, il
venait, avec Fanny, presque
tous les dimanches chez
moi.
….
G. L. - Qui était Fanny Hefter ?
N. F. - Fanny Hefter (1900-1964) était, je crois, peintre, d'origine russe.
C'était une petite femme, blonde, très gentille, assez rieuse, et qui était très
sincèrement attachée à Russolo. Intelligente, peintre, musicienne elle-même, elle
accompagnait toujours Russolo chez moi, et ma femme et moi avions beaucoup de
sympathie pour elle.
Elle devait avoir entre trente et trente-cinq ans, - devrait donc, si elle est toujours de
ce monde, avoir à présent quelque quatre-vingt-cinq ans. [n.b. Fanny est morte en
1964 à Jerusalem.]
J'ai perdu sa trace. À un moment donné, que je ne peux pas situer, Russolo est rentré
en Italie et je n'ai plus eu de nouvelles de lui.
http://luigi.russolo.free.fr/paris.html
22

23
Le lot des cartes d’Elisabeth Epstein

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, Suisse (Grisons).
(Montrouge Seine 27-12-29, 12:35 )
27 XII Décembre 1929
Cher Schurotchka!
Pas eu de tes nouvelles hier et avant-hier. Je pense à cause des fêtes. Hier
j’ai toute la journée couru chercher quelque chose, car ça ne peut pas
continuer : avant-hier soir pas pu dormir avant 3 h. à cause du bruit. Et
tous les jours qu’après 1 h. Et je n’ai pas de matinée. Je n’ai rien trouvée
de qui irait ou trop cher. Je suis allée d’après les annonces.
J’ai sérieusement parlé avec Fanitcha qu’il faut tenir compte de ce qu’on
entend chaque pas chez moi. Et avec Sylvia. Ils vont tacher.
Il se peut qu’il y ait quelque chose de très bien dans la maison pour le 1
février. Je vais encore voir deux ou trois endroits. C’est tellement pénible
et ça ne peut pas continuer. Je ne fais que perdre du temps, comme si j’en
avais tellement pour Paris. J’ai passé chez Czobel 15 pour le prier de / ne
rien dire à Pierre. C’est ridicule d’être recommandé par un camarade pas
encore tout à fait arrivé et qui doit combattre pour lui-même. Je crois qu’il
a été content que j’aie repris ma prière. Il ne me conseille pas l’hôtel.
Tout est difficile, difficile. Aujourd’hui tout le monde s’est couché
relativement tôt et j’ai pu dormir suffisamment mais pris [d’alloval].
Il faut que je travaille au plus tôt. Je vais m’habiller et me renseigner à
propos de la chose dans la maison. Je ne veux pas courir beaucoup, car ce
soir c’est le vernissage futuriste 16 . Je chercherai Fania pour y aller.
Je suis étonnée comme tout s’acharne pour me gâter la vie et je me
demande que faut-il y faire.
Je t’embrasse bien.
Mama
15 Peintre hongrois Béla Czobel. Il est revenu à Paris 1925 pour s'installer dans un atelier à
Montparnasse où il resta jusqu'en 1939, (voir ici en suite ).
16 A la Galerie 23, rue de la Boëtie (Paris), exposition des peintres futuristes italiens organisé
par Severini le 27/12 1929. Ce fut la première exposition de Cercle et Carré. Parmi les
participants étaient: Severini, Russolo, Balla, Prampolini, Depero, Marasco, Dottori, Fillia,
ozzo, Ciacelli, Diulgheroff, Munari, Oriani, Sant’Elia et Sartoris. Le 28 décembre 1929, Luigi
Russolo, donna son dernier concert public, présenté par Varèse, au cours de ce vernissage
futuriste à la Galerie 23, à Paris.
24

25
Elisabeth Epstein

Bela Czobel 1883-1976 17
Par Oscar Ghez, Président-Fondateur du Petit Palais à Genève
(source http://www.shalom-magazine.com/Article.php?id=240113).
C'est avec plaisir que je m'entretiens avec vous aujourd'hui du grand peintre
hongrois BÉLA CZOBEL. C'est la galerie Zak, qui se trouvait presque à l'angle
de la rue Bonaparte à Paris, qui exposait et vendait ses toiles très recherchées
par les amateurs. J'ai fort bien connu cet artiste de l'École de Paris qui venait
régulièrement en France pendant les pires moments du communisme. C'était
un homme âgé qui voyageait en emportant ses toiles roulées sous le bras.
C'est ainsi qu'il les sortait de Hongrie, les douaniers le connaissaient très bien
et ayant beaucoup de respect pour lui le laissaient repartir avec son
paquet...
Béla Czobel était un homme affable et
d'une grande humilité ce qui
m'impressionnait tout particulièrement.
Un timbre a été édité dans son pays à 6
millions d'exemplaires, représentant le
portrait d'une jeune femme,
conservatrice du musée de Budapest,
que j'ai aussi bien connue et qui m'a fait
visiter le musée Czobel à Szentendre.
Béla Czobel, «le plus français des artistes
hongrois», comme a pu l'écrire à son
sujet George Besson, vécut la majeure
partie de sa vie en dehors de son pays
natal, principalement à Paris, tout en
restant profondément attaché à la
Hongrie.
Juif, il était un homme d'une grande
modestie et simplicité, qui ne vivait que
pour la joie de peindre. Bien qu'ayant eu
un début de carrière fulgurant, le hasard des différentes guerres et
circonstances qui le tinrent éloigné de Paris, le laissèrent longtemps méconnu
du grand public. Il fut pendant de nombreuses années ce que l'on peut
appeler un «peintre maudit». Ce n'est que durant les années cinquante que
l'on recommença à donner à Czobel le mérite et le rang qui lui sont dus en
tant que peintre original, créateur indépendant qui n'a rien sacrifié au
succès, ni au charme de ses admirateurs du début du siècle. A ce propos et
comme modeste contribution de reconnaissance artistique, Waldemar
George a pu écrire sur Czobel que "ses vues urbaines aux graves et denses
sonorités ne sont ni moins intenses, ni moins dynamiques, ni moins explosives
qu'une toile de Soutine".
17
Voir aussi Nadine Nieszawer, Marie Boyé, Paul Fogel. Peintres Juifs à Paris 1905-1939
École de Paris, Éditons Denoel 2000.
26

Mais Czobel n'a nul besoin de flatteries et de compliments gratuits. Son art
parle de lui-même et soutient toute comparaison. Les premières expériences
artistiques de Czobel furent hongroises; entre 1902 et 1906, il étudia l'été à
l'École de peinture de Nagybana, maintenant en territoire roumain. Cette
école se remarquait spécialement par une union très particulière et tout à
fait hongroise entre une vue poétique de la nature et une approche
consciente des qualités humaines. Cela eut sans aucun doute un effet à long
terme sur l'approche philosophique et artistique que Czobel avait à l'endroit
de sa peinture.
Durant les années 1902-1903, il étudia aussi à l'Académie de Munich, puis ce
fut l'arrivée à Paris où il travailla à l'Académie Julian pendant les années 1903-
1904. L'été en Hongrie, le reste de l'année à Paris ou dans une autre capitale,
voilà un mode de vie et une habitude prise dans sa jeunesse qui ne le
quitteront plus. Il plongea dans la scène artistique parisienne avec une
fougue et une rapidité extrême. Il fut intime de Picasso, Matisse et surtout de
Braque, peu de temps après son arrivée à Paris. Dès 1905 il prit part à
l'exposition célèbre du Salon d'Automne où le critique d'art Louis Vauxcelles
donna, par son exclamation de stupeur causée par la violence des couleurs
des tableaux exposés, le nom de «Fauves» à tous ces jeunes peintres
inconnus alors, qui atteignirent depuis une célébrité mondiale.
Czobel exposa à ce Salon avec Valtat, Matisse, Derain, Marquet, Vlaminck,
Friesz et Jean Puy. C'est à la Galerie Berthe Weill, en 1907, qu'il fit sa première
exposition personnelle; le monde de l'art parisien de cette époque le
considérait comme un peintre de talent à l'avenir prometteur et
extrêmement original. Grand admirateur de van Gogh, il sut se démarquer
des autres fauves en développant un style graphique personnel, et ceci en
soulignant les contours des représentations diverses que contenaient ses
peintures, un peu à la manière des cloisonnistes. Le génie de Cézanne
imprima également sur le jeune artiste qu'il était au début du siècle, une
trace qui marquera l'homme et son oeuvre. Avec sa première exposition en
Hongrie qui remporta un immense
succès, il fut unanimement proclamé
chef de file d'une nouvelle École
Hongroise, Les Huit, introduisant ainsi
le Fauvisme à Budapest.
Malheureusement, la majorité des
tableaux de cette époque ont
disparu dans la tourmente de la
Première Guerre mondiale. Se
trouvant en Hongrie durant le début
des combats, Czobel ne put retourner
dans son studio parisien et passa
toutes ces années de guerre jusqu'en
1919 en Hollande. Il exécuta là-bas un certain nombre de superbes portraits,
entre autres celui du poète hollandais Roland Host et celui du pasteur de
Bergen. Sa palette durant cette période acquit une certaine maturité et ses
harmonies de bruns et d'ocres ne sont pas sans rappeler celles de Gromaire.
27

L'armistice signé, Czobel s'installa à Berlin, centre artistique international où il
séjournera jusqu'en 1925. Il exposa avec grand succès à la galerie «Der
Sturm» et participa à bien d'autres activités parmi l'avant-garde berlinoise.
S'ajouta alors pour Czobel, en plus de toutes les autres expériences artistiques
qu'il put faire jusque-là, l'impact de la découverte de l'Expressionnisme
allemand. C'est en 1925 qu'il revint à Paris pour s'installer dans un nouvel
atelier à Montparnasse où il resta jusqu'en 1939. Ce furent les dures années
de remises en question perpétuelles accompagnées de fréquentes périodes
de découragement. La majorité de ses amis et collègues d'avant 1914
s'étaient repliés sur eux-mêmes et vivaient sur leur gloire passée. Czobel,
quant à lui, s'efforçait non sans succès, de développer un style tout à fait
nouveau. Il cherchait l'authenticité de la création et n'avait que faire de
l'acquit répété ensuite mécaniquement. Son sens de la couleur devint de
plus en plus lyrique et personnel. Il développa cet effet de «sfumato»
d'évanescence bien connu. Les éléments de la composition du tableau
semblaient émerger d'une brume vaporeuse, comme si toute chose n'était
que le rêve flou d'une imagination presque assoupie, et pourtant bien
éveillée. Mais, au-dessus de tout, c'est la manière de Czobel d'utiliser les
différents tons de couleurs qui marque son talent de créateur. Il aimait les
rouges, les oranges, les jaunes et il y rajoutait des bruns nuancés qui, malgré
leur opulence, donnaient à ses toiles un sens intime et souvent tragique en
même temps.
Il exposa pour la première fois Outre-Atlantique en 1927 à la Galerie Joseph
Brummer à New York, celle-là même qui avait organisé la première grande
exposition de Matisse en Amérique quelques années auparavant. Mais la
majorité de ses expositions eurent lieu à Paris, entre autres chez Katia
Granoffe, mais surtout dès 1952 à la Galerie Zak.
Après la Seconde Guerre mondiale, il n'eut plus le courage de rechercher un
studio à Paris et chaque fois qu'il revenait de ses étés hongrois, qu'il passait
maintenant à Szentendre (où un très beau musée fut inauguré après sa
mort), il séjournait dans un petit hôtel de Montparnasse.
En Hongrie, malgré les différents changements de régimes politiques, il fut
enfin reconnu comme le «grand bonhomme» de l'art hongrois. Il exposait
dans des galeries diverses de Tokyo à Chicago et l'on peut aujourd'hui
retrouver ses oeuvres dans différents musées du monde, tel le Centre
Georges Pompidou de Paris, le Musée National de Hongrie, le Stedelijk
Museum à Amsterdam, le Petit Palais de Genève où il eut la dernière
rétrospective faite de son vivant en 1975, et bien d'autres musées importants
à Berlin, Tel-Aviv, Détroit, etc.
Sans nul doute, il existe un élément de l'art de Czobel qui n'a rien à voir avec
Paris et qu'il doit à son héritage culturel hongrois et à un certain
tempérament national; un élément de volupté, de poésie mêlé à une
certaine audace. Czobel peut être associé avec le mouvement fauve, mais
son art dans sa totalité fut celui d'un expressionniste qui ne se rattachait à
aucun mouvement défini. Il fut ce que l'on peut nommer un expressionniste
indépendant, son sens de la liberté le laissant avec sa propre individualité
picturale. Il n'a succombé à aucune doctrine, à l'instar d'artistes tels qu'Utrillo,
28

Modigliani ou Rouault. Il existe simplement chez Czobel une très profonde
manière de sentir l'essence des choses, de la réalité même, l'essence de la
vie.
29
Le Dôme à Montparnasse vers 1928

30
Montrouge 3 janvier 1930

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, Suisse (Grisons).
(Montrouge Seine 3-1-1930: 19:45 )
3 I Janvier 1930
Cher Schurotcka1
Reçu hier ta lettre chargée- merci – et aujourd’hui ta lettre de nouvel an.
Il y eu hier une panne au métro et je suis arrivée trop tard au magasin.
Aujourd’hui j’ai en vain attendu Vidal (des Tuileries) qui avait prévenu
que ce n’est pas sûr qu’il puisse venir.
Je ne sais pas encore comment tout s’arrangera avec le logement. Je sais
une chose que je ne peux pas rester dans mon atelier aussi si je veux
conserver encore quelque chose des relations avec Fau 18 . Le congé est
donné. Il y a un bon atelier dans la maison de la cour, pour le 1 février, ou
la chambre à Auteuil (pas encore sûre) plus tôt.
Pytel m’écrit qu’il enverra les sépia 19 et couleurs. Je ne sais si les sépia
sont faisables à l’hôtel. Je ne crois pas pouvoir déménager avant le 15
février.
Je suis très nerveuse aujourd’hui. Je crois que pour moi cette maison est
maudite et tout marche mal ici. Pas pu peindre aujourd’hui. C’est pas mal
[commencé]
Je t’embrasse bien.
Mama
18 Peut être Max Fau, l’illustrateur, ou bien un autre diminutif de Fany/Fanitsa.
19 La sépia ou encre de seiche e matière colorante brune utilisée comme pigment (aquarelle,
craies, mines) pour le dessin au lavis. En photographie le Sépia est une qualité de tirage qui
ressemble au noir et blanc, mais avec des variations de brun, et non de gris.
31

32
3 Janvier 1930

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, Suisse (Grisons).
(Montrouge Seine 16-1-1930 : 18:10)
16 I Javier 1930
Cher Schurotcka.
Quelques mots seulement pour que tu ne sois pas inquiet, car hier je n’ai
pas pu t’écrire.
Je te promets une longue lettre détaillée un de ces jours prochains.
Je n’ai pas encore fini la retouche et je ne sais pas si je finirai aujourd’hui.
Pour l’atelier c’est tout à fait fixé que je l’aurai le 1 er Février. Il a 2m 75
sur environ 9 mètres de longueur et fait comme deux pièces. L’éclairage
peut y être très varié. Il y a une toute petite cuisine. Je crois que ça sera très
bien.
Le cabinet sur le palier, escalier chauffé.
Je regrette beaucoup que tu aie grossi mais je ne regrette pas que tu ne fais
pas de ski. Je te conseille très vivement d’aller faire la gymnastique les
mercredis av. Givel, très vivement.
De tout dans une lettre prochaine. Toussia est à Paris pour quelques jours.
Je t’embrasse bien
Mama
Connais tu le médicament «Luminettes 20 » Le médecin l’a donné à Nadia et
en plus de la belladone.
20 Voir Luminothérapie ou photothérapie pour les dépressions hivernales.
33

34
Elisabeth Epstein
Komposition mit Pokal und Vase 1932, 46,2x38 cm.
Ketter Kunst Munchen, 5 décembre 2006
(www.artnet.fr)

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, Suisse (Grisons).
(Paris [Av. d’Orléans] XIV,18:30)
20 I janvier 1930
Cher Schurotchka.
Je ne t’ai pas écrit samedi et dimanche : je voulais écrire une lettre et je ne suis
pas arrivée.
Samedi tard levée et puis à Garches avec Fanitchsa et le soir beaucoup causé.
Hier je n’étais pas de bonne humeur car je n’ai pas travaillé et ne voulais pas
gâter l’humeur de ma dernière carte par une mauvaise.
Après-midi dans une énorme compagnie chez des gens très gentils avec Fau et
Russolo. Le soir chez Fania.
Ce matin je me suis quand même levée de bonne heur et je viens de travailler
pendant 3 h. à la même nat{ure} morte qui est [---] mieux je crois. Elle plait
beaucoup, mais mois je ne l’aimais pas.
A présent je vais aller dans les galeries de la rue de Seine ou je n’ai pas encore
été et ensuite chez Mme Poliacoff 21 (pour la première fois).
Je vais me lever de bonne heure tous les jours et tacher de me coucher bien
plus tôt. Quand j’aurai l’atelier en haut ça ira tout seul, mais je veux dès
maintenant. –
J’ai reçu ta carte de Prëtelli qui m’a bien fait plaisir. Pour ce que tu m’écrivais
de Christen, naturellement il ne peut pas te nuire, il faut toujours s’attendre à
des jalousies, car ce n’est que ça.
Puisque lui-même est allé partout pour la place d’assistant et c’est
certainement inscrit partout. C’est bien naturel.
A-tu abonné les [l]ois de Genève ? Et jusqu’à quand reste-tu a Arosa ? Que dit
Amrein 22 ?
Je vais voir comment les choses marcheront chez moi. Mais naturellement on
ne peut attendre grand’ chose en six mois; il faut tout faire, tout essayer, mais
il faut savoir que c’est difficile, quoique ça peut des fois aller d’un coup.
21 Nous savons que Serge Poliacoff (1900-1969) s’installa à Paris en 1923 et fréquentait Sonia et
Robert Delaunay, deux des proches d’Elisabeth Epstein. Mme Poliacoff doit être la mère ou
l’épouse de Serge qui avait à l’époque 30 ans. S. Poliacoff rencontra W. Kadinsky en 1937.
(http://www.blogg.org/blog.php?idblog=75876&tag=couleur&offset_r=25).
22 Il s’agit peut-être du dr.med. Otto Amrein (1874-1935) qui était au Sanatorium Altain d’Arosa.
(voir http://www.leinegga-arosa.ch/downloads/amreindr.v.j.gartmannbj2007.pdf).
35

Pourra-tu venir a Pâques et pour combien ? Une semaine serait-elle possible ?
J’espère t’écrire davantage ces jours-ci.
Je t’embrasse
Mama
36

37
Elisabeth Epstein 1929

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, Suisse (Grisons).
(Paris Montrouge Seine, 4-2-1930 12:35)
4 II février 1930
Cher Schurotchka.
J’ai reçu hier ta carte expresse après t’avoir écrit. Je regrette beaucoup que
la côte te fasse mal. J’espère que c’est n’est vraiment rien.
Quant à l’affaire avec des malades qu’est-ce que c’était ?
Dis-mois si tu peu !
Je trouve que la Berlinoise (je ne me rappelle pas son nom) a beaucoup
grossi. Es-tu aussi avec elle ?
Ecris moi de nouveau un peu plus. Comment va la sœur Marie.
Je te prie chez Aracy des timbres brésiliens et envoie moi. J’en ai promis
depuis longtemps. Aussi j’ai promis les timbres «Pro Juventute» de cette
année et j’ai oublié de te l’écrire. Fais moi un grand service en essayant
d’en avoir encore estampillé ou pas – c’est égal, quoique mieux estampillés.
J’ai très bien dormi et je vais faire la retouche. Il fait froid aujourd’hui je
crois. En tous cas beaucoup de courants d’air venant des deux fenêtres sur
le toit et justement le chauffage est moins fort aujourd’hui.
Je pense que je m’y ferai à ces courants d’air. Autrement c’est ravissant,
commode, varié, ge[nui---et] et je pense très bien travailler.
Je me suis levée à 7 ½. Couchée hier un peu avant minuit.
Fau et Russolo 23 sont venus prendre le thé hier soir et ont été étonnées de
l’originalité de l’atelier. J’aurai du soleil en masse d’un coté et je pourrai en
faire sur mon pied qui en a bien besoin. Ces derniers temps il n’est pas très
bien.
Schurotchka – Je t’embrasse bien.
Mama
23 Ajoutons la précision selon laquelle Luigi Russolo's «noise inventions later also moved into the
area of avant-garde cinema, in which he took an interest during his stay in Paris from 1928 to
1930. In those years, Russolo frequented the environs of experimental cinema and played his
instruments, the "Noisemakers" and the "Russolophone", during movie shows at the Studio 28.»
38

Timbre Pro Juventute de 1930
Sonia Delaunay (deuxième à gauche) et ses amis Elisabeth Epstein et
Alexander Smirnow, 1907
Birgit Poppe, Ich bin Ich. Die Frauen des Blaeun Reiter, Dumont. www.dumontbuchverlag.de/sixcms/media.php/1/9359_DieFrauendesBlauenReiter_RZ.pdf
39

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, Suisse (Grisons).
{Paris XIV, Av.} d’Orléans 24 . {…}-30
19 II février 1930
Cher Schurotchka.
La dernière carte était de samedi et je m’étonne de ne rien avoir reçu hier et
aujourd’hui jusqu'à présent. Surtout que tu voulais écrire dimanche. J’espère
que tu vas bien ?
En ce moment j’ai la femme de ménage qui lave le plancher à l’eau de javel.
Une odeur ! Et je ne peux pas continuer le tableau que j’ai assez bien
travaillé hier.
Il faut que je travaille tous les jours pour être d’humeur pas méchante.
Hier j’ai été dans plusieurs galeries et je devrai aller avec mes tableaux
vendredi matin. On verra.
La plupart des galeries qui louent des salles sont prises jusqu’en juillet, je
crois. Et août et septembre on ne fait pas d’expositions. J’ai eu bien tord de
trainer si longtemps.
J’ai reçu une lettre de Suzanne qui te salue. Elle est encore dans le
sanatorium à Passy (massif du Mt. Blanc). A repris 3 kilos et demie à force
de piqures et n’a pas écrit car elle n’était pas bien. Elle va aller pour 15
jours à Leysin et ensuite à Vence. Il parait que Brik a été une journée à
Leysin au début de janvier et que ça été terrible.
A côté de mon atelier il y a une chilienne |très jolie| qui connait Olga
Michailovna et celle-ci a été à Munich dernièrement et a annoncé la visite
de la chilienne chez ton papa 25 , car elle va pour quelque temps en
Allemagne. C’est amusant!
Je vais envoyer des bombons à Perka avec elle.
Je t’embrasse bien.
Mama
24 Il s’agirait de l’ancienne avenue d’Orléans aujourd'hui l'avenue du Maréchal-Leclerc, 14 e .
25 Nous voyons que le docteur Mieszyslaw Epstein, père du fils d’Elisabeth, se trouvait en 1930 à
Munich. Il y mourut un an plus tard en 1931.
40

41
Elisabeth Epstein Hefter
Blick auf Baume und Meer, 1930, 45,7x37,8 cm (exposé le 5-12-2005)
www.ketterkunst.com/details-e.php?obnr=100500256&anummer=298

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, Suisse (Grisons).
(Montrouge, Seine, 7-3-1930, 17:15)
Paris 6 III Mars 1930
Cher Schurotchka !
Merci pour ta photo reçue hier que je trouve excellente. J’ai regretté que tu
sois de mauvaise humeur et j’espère que c’est déjà passé. Il y fait très beau
temps et chaud, trop presque. Mes pieds sont devenus si sensibles que j’ai
de la peine de marcher. Mais je ne suis pas la seule qui m’en plaint. Je
pense que c’est le temps et j’espère que ça passera, car aucune chaussure ne
me va plus, même les plus vieilles.
Commencée une nouvelle toile hier – quelque chose s’est déclenché et
libéré tellement que toutes mes toiles paraissent à coté molles et mornes.
C’est la libération que j’attendais et en partie / la toile |elle-même|
absorbante m’a aidée.
Je me demande si c’est bien intelligent d’exposer ce qui est fait jusqu’à
présent ou mieux seulement ce qui viendra dès maintenant.
Vu une exposition à midi: chaque peintre avec un tableau d’avant guerre et
un d’à présent. Intéressant. Je me réjouis de travailler maintenant, autant
que possible, tous les jours. L’hiver je travaille toujours moins bien. A
présent je crois que c’est passé. –
J’avais interrompu la carte pour chercher Fanitcha à la gare. A présent ça ne
partira plus ce soir !!!
Je t’embrasse bien
Mama
42

Elisabeth Epstein – Nature morte avec fleurs et fruits, 1905. 48x33,5 cm.
Van Ham Kunstaucktionem, 30 Novembre 2007.
43

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, (Grisons) Suisse.
(Montrouge, Seine, 10-3-1930, 17:15)
Paris 10 III Mars 1930
Cher Schurotchka !
Je dois aller chercher à Bercy le paquet de Pytel et cela malgré que je suis
bien enrhumé. J’ai coupé le rhume complètement en aspirant par le nez
plusieurs fois de l’eau tiède avec un peu d’oxygénée conseil de Brancusi
une fois et vraiment épatant – comme peut être bien dans ses conseils. Il
m’est resté la toux.
Je ferai 3 jours de retouche aussi le 12, c’est bête.
Hier j’ai été chez Far[k]as 26 qui veut tacher que j’entre aux Tuileries pour
exposer en mai. Ce serait bien. Ses tableaux m’ont plu. Il viendra chez moi.
Il m’est sympathique.
- Hier en suçant un bonbon au mile, je l’ai croqué et cassé une dent du
bridge en or, que Coponex 27 a fait, une dent à moi et pas celle en porcelaine.
C’est celle qui, enveloppé d’or derrière tient le tout, mai heureusement cela
repose en plus sur la canine. Coponex avait dejà cassé en essayant l’or la
parois de derrière, il ne restait donc plus que le devant. Et c’est parti !!!
Toute la paroi visible est l(o--).
Je l’ai gardé mais je ne sais si l’on peu la recoller, comme or couterai une
fausse dent. C’est très embêtant. Ça m’a couté donc 250 fr. suisses et ça n’a
duré qu’une année. Copponex fait des choses trop compliquées. Il l’avait
garanti donc à Genève il devrait l’arranger gratuitement, si on peut arranger
– ou alors enlever le tout et faire une couronne avec bridge (si couronne
peut tenir car à présent il n’y a plus que la racine et c’était une dent
entière !!!) Il est imprudent Coponex ! Un certain temps ça ira comme ça,
mais on ne peut laisser ainsi. Faire ici serait très, très cher ! Je veux écrire à
Coponex et demander si je peux attendre ainsi jusque juillet ou aout. Je suis
bien embêtée par cela. Vraiment après tous les frais.
26
Il s’agit du peintre hongrois István Fárkas 1887-1944 qui travailla à Paris de 1925 à 1932 et qui
avait exposé au Salon des Tuileries.
27
Voir ce nom dans le Livre des bourgeois de Genève. La commune française de Copponex, à michemin
entre Annecy et Genève, est situé en contrebas des flancs du Salève et du Mont-Sion et
délimité en aval par la rivière Les Usses.
44

On a beau dire les couronnes de Soualoff ont tenu 15 ans et plus –
Coponex m’a cassé deux dents en travaillant.
Je t’embrasse bien
Mama
Reçu de B---met pour anniversaire 28 un magnifique rouge pour les lèvres, dont
j’avais envie depuis longtemps ! C’est le meilleur qui existe : Ritz 29 et le plus
cher. Il ne tache pas. Ça me fait plaisir !! C’est trop gentil.
Fini la nat(ure) morte pas mal, mais je commence à moins aimer me tableaux.
Je suis dans un état transitoire.
E. Epstein
Stilleben mit Teekessel
28 i.e. le 11 Mars.
29 Rouge à lèvres de Charles of the Ritz. Voir: Charles of the Ritz, Bonfire Red Lipstick (The New
Yorker 1930's) “a blaze of autumn glory for your lips”.
45

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, (Grisons) Suisse.
(Paris XIV, Av. d’Orléans.31-3-30, 18:30)
31 III Mars 1930
Cher Schurotchka!
Reçu hier ta gentille lettre avec le tire à part. Cela m’a fait bien, bien
plaisir. Tu dois à présent être bien stimulé pour ton travail et c’est bien.
Il faut être stimulé de temps en temps ça c’est certain. Je suis contente que
mon envoi t’ai plu. ‘ Je pense que j’aurai aujourd’hui quelque chose de toi
en réponse à mes lettres.
J’ai à peu près décidé de ne pas faire cette exposition chez Zak 30 .
Tout dès le début n’était pas comme cela devrait, et je t’en ai écrit. Je
crains trop que cette grosse dépense n’apporterait rien du tout. Si c’était en
bas – et autre chose, car la galerie est bien fréquenté, mais en haut pas
beaucoup montent et j’ai vu moi-même comme la galerie ne fait presque
rien pour présenter les peintres : une fois la somme de la location reçue –
elle n’a plus d’intérêt. Ce n’est pas ainsi que j’espérais débuter à Paris.
Si j’avais beaucoup de relations ce serait faisable même en haut pour
commencer. Combien mieux j’aimerais une galerie qui se fait payer par
une toile et prends des pourcentages assez fort sur les ventes – ils ont alors
intérêt de lancer, - ou bien ils ne prennent pas du tout. Ceci serait le chemin
juste. Je répète que si c’était en bas ou pas si cher – j’aurais quand même
risqué.
En tout cas en ce moment la crise est formidable.
Je vais aller aujourd’hui et ces jours dans les galeries qui ont de l’intérêt
pour les toiles photographiées. La galerie Zak me rappelle par sa façon
avec moi mes clients d’agrandissement, aussi juive polonaise, sur un autre
terrain, mais il y a quelque chose de [moche] ça.
Le secrétaire qui m’avait dit, sans se lever de sa chaise qu’ils n’ont pas
d’intérêt pour le cubisme et le surréalisme, - m’a offert quand je me suis
faite inscrire quand même le lendemain – de me faire une préface pour 200
frs.
30 Galerie Zak à Paris, à l'angle de la rue Bonaparte. Zak publiait la revue Art Contemporain.
46

Enfin, je ne sais pas, peut être est-bête de ne pas faire mais toutes les
impressions accumulées font que le cœur ne m’en dit rien.
Je n’ai jamais pensé travailler avec une galerie qui ne prononce pas mot
que les toiles sont intéressantes et lors c’est comme exposer à la Comédie à
Genève, seulement combien plus cher !
Naturellement si j’ai de bonnes critiques l’allure changerait, mais il faut les
avoir.
Téléphone je t’en pris à Florentin pour (avoir) l’adresse de Marianne. Je
voudrais bien la voir.
Hier on a cessé de chauffer! Ce sera dur ce mois-ci!
Je suis bien en soucis avec toutes ces décisions, J’ai encore quelques jours.
Kadinsky 31 va venir fin avril, peut être il m’aidera si mes toiles lui plaisent.
Les siennes sont admirables, à bien de points de vue.
Je t’embrasse bien
Mama
31 Notons que Kadinsky,ami de longue date d’Epstein, présenta en 1929 sa première exposition
d’aquarelles et gouaches à Paris, à la Galerie Zak.
47

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, (Grisons) Suisse.
Paris, Avenue [d’Orléans, 11?-3-1930, 18:45]
Paris 11 IV Avril 1930
Cher Schurotchka !
Je ne peux toujours pas t’écrire davantage car la retouche de ces jours me
prend le temps. Été hier à la galerie dont je t’ai écrit. Mes toiles ont
beaucoup plus, certaines trouvées admirables: C’est 2500 et en plus
quelques frais d’envoi de catalogue etc. (25% sur les ventes). Il parait que
cette galerie vent très bien. Il a dit que tous les artistes couvrent leurs
frais; que je couvrirais largement. Comme type de galerie c’est
modernisme très, très modéré ! Il a dit lui-même que mes toiles n’y vont
pas mais qu’il loue les salles.
On a vaguement parlé de l’année prochaine, à décider en octobre. Il a
proposé de faire seconde quinzaine d’oct[obre], mais là je ne pourrai
surement pas venir ici. Février et mars sont pris. Donc soit janvier soit
avril, etc. –
Il m’a offert de donner une toile chez lui pour une exposition vente au
profit des sinistrés du midi 32 . Tous les meilleurs peintres y donnent et
chaque toile sera vendue à 1000 fr. qui iront aux sinistrés. Ce qui ne serait
pas vendu chez lui, ira à une tombola chez Bernheim 33 . Ça ouvre le 17 et
il faut donner demain.
Il sera fait une très grande publicité, catalogues, etc. et si la toile se vend,
c’est très, très bien pour la suite. J’ai promis de donner et j’ai préparé un
paysage du midi que j’avais mis de côté, mais qui est très bien, malgré
que je croyais qu’il n’était pas fini. Argenté un cadre et c’est très, très
jolie. Ce matin en argentant le cadre j’y ai essayé mes autres diverses
toiles, que j’ai tout à coup vues / de nouveau, elles gagnent énormément
32 En mars 1930 de terribles inondations ravagèrent le Sud-ouest de la France. L’hiver 1929-
1930 ayant été particulièrement pluvieux, les sols étaient proches de la saturation lorsque de
fortes chutes de neige aggravèrent la situation. Il y eu 200 victimes, 7000 têtes de bétail
noyées, des centaines de maisons détruites, des dizaines de ponts emportés, des voies
ferrées arrachées. Un élan de solidarité et de générosité fut déclenché et le président de la
république G. Doumergue déclara le dimanche 9 mars jour de deuil national.
33 Il pourrait s’agir de la galerie Bernheim Jeune, 83 Rue du Faubourg Saint-Honoré , Paris
8 ème qui depuis 1901 est toujours active.
48

dans des cadres argentés. J’y ai vu des qualités que je ne voyais plus, étant
habituée et déprimée et lors j’ai eu le regret de ne pas faire cette
exposition plus vite que l’année prochaine.
Je viens de téléphoner chez Zak. Le 20 juin est encore libre, aussi le 25
avril. D’ici au 25 avril je ne peux pas tout préparer, voir les critiques, etc.
dire partout, etc. J’aurai la retouche pour 2 jours la semaine prochaine. Je
ne peux précipiter la chose. Je crois que je vais me décider pour le 20 juin
et en attendant exposer 2 toiles aux indépendants y attirer l’attention, donc
je ne serai pas tout à fait inconnue pour l’exposition chez Zak. Autrement
ce serait exactement en même temps et les 2 toiles ne pourraient être à
mon exposition.
J’aurai probablement la retouche 2 jours chaque semaine ce qui est peutêtre
préférable. En exposant le 20 juin je ne pourrai être à Genève avant
fin juillet.
║ 34 A la galerie où j’étais hier il a dit que la seconde quinzaine de juin
c’est tard et il n’aurait pas conseillé. D’autres disent le contraire: saison
des étrangers, pleine saison, etc.
║Aracy est venu hier un instant on conviendra la semaine prochaine. Je
t’écrirai plus détaillé ces jours ci. Pour l’argent je me rattraperai en
retouchant et aussi avec Moos 35 peut être. –
║ 13 Je suis très fatiguée ne peut plus bien penser, mais je crois que j’ai
raison, au début août. Ne sera-ce pas tard pour chercher l’appartement
pour toi. Tu n’a ma jamais répondu en ce que je viens d’écrire.
Je t’embrasse bien.
Mama║
34 Textes sur les marges et entre les lignes à l’envers.
35 La galerie Georges Moos du quai du Mont-Blanc à Genève.
49

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, (Grisons) Suisse.
(Paris XIV, Gare d’Austerlitz, 6-7-1930, 19:30)
5 VII Juillet 1930
Cher Schurotchka!
|Rien de toi aujourd’hui|
Merci pour les jolies fleurs que j’ai reçu que cet après midi, mais en très
bon état. Elles sont ravissantes.
Une chaleur épouvantable tous les jours plus. Je retouche été court à la
galerie. Il y vient peu de monde à présent. Deux messieurs ont demandé
jusqu’à quand est prolongée mon exposition et qu’ils reviendront. De R. me
l’a dit.
Passé chez Mme Bucher 36 pour lui dire que j’ai vendu justement les toiles,
dont une heure avant la vente on a discuté ensemble, car elle était venue.
Hier livré et touché. C’est une énorme maison tout un immeuble. Le
français est un des premiers employés et l’américain a la maison de New
York. Donné mon adresse pour commandes éventuelles. Mais je ne /crois
pas qu’il y en aura beaucoup.
Je ne comprends pas qu’ils y aient marchandé. Je croyais que c’est un petit
décorateur en commission pour l’Amérique. Loin de la !! Enfin c’est très
bien.
Il y a une fiche de vendu sur un des portraits d’Arosa et sur la nat[ure]
morte de la vitrine, car je ne tiens pas à la vendre. On a mis pour monter que
deux sont vendus. L’exposition restera jusqu’à la fin de la semaine.
Peut-être faudrait-il passer chez Oland (pourquoi ont-ils donné l’adresse ?!)
et chez Brummer. 37
Reçu l’avis du | de retouche | paquet qui vaut et celui-ci n’est pas fini !
Aujourd’hui je souffre beaucoup de la chaleur.
Je t’embrasse bien.
Mama
36 La galerie de Madame Jeanne Bucher est située au 55 rue de Seine. Le 15 Mars 1930 elle avait
exposé le livre de Charles-Albert Cingria, Les Limbes illustrés avec neuf pointes sèches de Jean
Lurçat (édité par Jeanne Bucher).
37 Cf. Brummer Gallery, New York. Galerie ouverte en 1914 et fermée en 1949. Après la mort de
Joseph Brummer. Voir aussi Collection de Joseph Brummer (1883-1947) http://www.allart.org/artists-k.html
- Dictionary of Art and Artists
50

51
Douanier Rousseau, portrait de Joseph Brummer, 1909

Herrn D. A. Epstein. Kurhaus Furka, Arosa, (Grisons) Suisse.
Pa[ris], Rue. de [Rennes. 9-7-1930, -- ]
7 VII Juillet 1930
Cher Schurotchka!
Je viens de vendre une toile à Brummer, les fleurs rouges avec la lampe
d’Arosa pour 1100 frs dont 300 ou 330 iront à la galerie. C’est magnifique.
Il était en bas quand je descendais, Mme Zak a présenté, je l’ai prié de voir
mon exposition |en disant que je l’ai reconnu car je le voyais dans le
temps.|
Il a aimé les chardons, la fôret et ces fleurs rouges. Je lui ai dit que j’ai
vendue pour New York et s’il ne voulait pas emporter quelque chose. Il a
demandé qu’est ce que je veux lui vendre, à quoi j’ai dit ce qui lui plait.
Alors il a demandé le prix de cette petite toile que j’ai du majorer. Il était
tout à fait charmant et le beau chien avec lui. J’ai été très touchée de la
simplicité admirable.
Mme Zak est ravie, elle dit que c’est la plus grosse réclame d’être dans la
collection de Brummer. Il a voulu que je mette tout de suite ‘vendu’ ce que
j’ai fait.
De R. était déjà parti.
Je t’embrasse bien, bien joyeuse.
Mama
52

53
Elisabeth Epstein Hefter

Henry Miller TROPIC OF CANCER [??]
A beautiful day -- so far. The Rue de Buci is alive, crawling. The bars
wide open and the curbs lined with bicycles. All the meat and vegetable
markets are in full swing. Arms loaded with truck bandaged in
newspapers.
A fine Catholic Sunday -- in the morning, at least. High noon and here I
am standing on an empty belly at the confluence of all these crooked lanes
that reek with the odor of food.
Opposite me is the Hotel de Louisiane. A grim old hostelry known to the
bad boys of the Rue de Buci in the good old days. Hotels and food, and I'm
walking about like a leper with crabs gnawing at my entrails.
On Sunday mornings there's a fever in the streets. Nothing like it
anywhere, except perhaps on the East Side, or down around Chatham
Square.
The Rue de l'Echaudé is seething. The streets twist and turn, at every
angle a fresh hive of activity. Long queues of people with vegetables under
their arms, turning in here and there with crisp, sparkling appetites.
Nothing but food, food, food. Makes one delirious.
Pass the Square de Furstemberg. Looks different now, at high noon. The
other night when I passed by it was deserted, bleak, spectral. In the middle
of the square four black trees that have not yet begun to blossom.
Intellectual trees, nourished by the paving stones. Like T. S. Eliot's verse.
Here, by God, if Marie Laurencin ever brought her Lesbians out into the
open, would be the place for them to commune. Très lesbienne id. Sterile,
hybrid, dry as Boris' heart.
In the little garden adjoining the Eglise St. Germain are a few dismounted
gargoyles. Monsters that jut forward with a terrifying plunge. On the benches
other monsters -- old people, idiots, cripples, epileptics. Snoozing quietly,
waiting for the dinner bell to ring.
At the Galerie Zak across the way [rue Bonaparte] some imbecile has made
a picture of the cosmos -- on the flat. A painter's cosmos! Full of odds and
54

ends, bric-a-brac. In the lower left-hand corner, however, there's an anchor --
and a dinner bell. Salute! Salute, O Cosmos!
Still prowling around. Mid-aftemoon. Guts rattling. Beginning to rain now.
Notre-Dame rises tomb-like from the water. The gargoyles lean far out over
the lace facade. They hang there like an idee fixe in the mind of a
monomaniac. An old man with yellow whiskers approaches me. Has some
Jaworski nonsense in his hand. Comes up to me with his head thrown back
and the rain splashing in his face turns the golden sands to mud.
Book store with some of Raoul Dufy's drawings in the window. Drawings of
charwomen with rose bushes between their legs. A treatise on the philosophy
of Joan Miro.» [….]
55
16 Janvier 1930

Personnes mentionnées dans les 14 lettres
Amrein (à Arosa) 20/01/30
Aracy 11/12/29; 04/02/30;
11/04/30
Berheim 11/04/30
Brancusi (?) 10/03/30
Brick 19/02/30
Brummer 05/07/30; 07/07/30
Bucher (Mme) 05/07/30
Chilienne (jolie) 19/02/30
Christen 20/01/30
Coponex 10/03/30
De R. 05/07/30; 07/07/30
*Epstein (père d’Alexandre) 19/02/30
Fania 21/12/29; 27/12/29;
20/01/30
Fanitcha 21/12/29; 27/12/29
(Russolo)*; 20/01/30 (Garches);
06/03/30
**Fau 03/01/30;
20/01/30(Russolo)*
56
Farkàs Istvàn 10/03/30
Florentin 31/03/30
Irma 11/12/29
Kadinsky 30/03/30
Marie (soeur) 04/02/30
Marianne 31/03/30
Moos 11/04/30
Nadia 11/12/29; 16/01/30
Oland (?) 05/07/30
Olga Michailovna 19/02/30
Perka 19/02/30
Prëtelli 20/01/30
Poliacoff (Mme) 20/01/30
Pytel 03/01/30
Suzanne 19/02/30 (lettre de Pacy)
Sylvia 21/12/29
Toussia (à Paris) 16/01/30
Vidal (des Tuilleries) 03/01/30
Zak (galerie) 31/03/30;
11/04/30; (Mme) 07/07/30

6
31 mars 1930

7
Elisabeth Epstein – Paysage, 45 x 60 cm
Montefiore 7 décembre 2010.
www.icollector.com/Elisabeth-Epstein_i10043027

8
Fanny Hefter, Nature Morte 1950. Moos Galerie Genève.

9
6 Mars 1930

10
10 Mars 1930

11
Elisabeth Epstein Hefter

12
10 Mars 1930

13
11 Avril 1930

14
3 Janvier 1930

15
Elisabeth Epstein-Hefter- -1879-stillleben (2682816)

17
Fin
Nicolas Vernicos
Athènes-Genève 2011

18
Elisabeth Epstein
Stilleben mit Teekessel

19
Elisabeth Epstein
Hausdacher unter Baumen