Opus 27 - Nîmes

La classe de composition électroacoustique,
maintenant …
Seule la composition reste le but de cette classe: j’y
donne des leçons de composition pour moyens
électroacoustiques destinées à de possibles compositeurs.
Donc ni hot-line ni atelier d’effets spéciaux.
Les étudiants y sont actuellement au nombre de
sept, chiffre biblique mais encore samouraïs si l’on
veut ! Car dans ces études, quelque chose de sa propre
créativité entre en combat avec le monde des
sons organisés.
Cela exige du temps (chacun dispose d’une moyenne
de deux heures de cours et de quatre à huit heures
de temps libre en studio) et l’acquisition d’un
micro-ordinateur (où l’on téléchargera des logiciels
libres de montage et d’analyse musicale). Quant à la
disponibilité, rien jamais ne remplacera la pratique
quotidienne d’un instrument, fût-il informatique.
Voici cinq façons graduées d’envisager ces études :
1- découvrir les différentes techniques de composition
des timbres orchestraux, la véritable révolution
musicale du siècle dernier. Une approche des langages
musicaux pour un accès plus tactile aux sons
électroniques et aux complexes instrumentaux.
Et aussi une étude de certaines données simples de
l’expérience acoustique, de celles qui cernent le
monde des images auditives.
2- écouter et analyser le patrimoine des œuvres
électroacoustiques majeures.
Elles ont profondément marqué notre perception
du temps et de l’espace musical : école de Paris
(Pierre Henry, François Bayle, Bernard Parmégiani ..),
studio de la WDR-Cologne (Karlheinz
Stockhausen…), studio de la RAI-Milan (Luigi Nono,
Luciano Berio …) etc.
Quelles soient concrètes, électroniques, acousmatiques,
interactives, que sais-je.
3- collage / montage / espaces acoustiques : réduire
sur partition (à l’aide de logiciels libres spécifiques)
fragments de musiques électroacoustiques pour
être à même d’en faire une intéprétation personnelle.
4- en travaux dirigés, intégrer à son parcours l’usage
des microphones et de la lutherie électronique
(en pratiquant la programmation des synthétiseurs
modulaires ou numériques), pour produire
ses propres matériaux par écriture automatique.
Le montage de ces objets musicaux fixés sur un
support, et les procédures particulières de manipulation
qui en découlent, feront l’objet d’un
soin tout particulier.
5- afin que tous les participants, par une maîtrise
progressive des moyens électro-acoustiques,
soient à même de composer trois études de formes
(en fin de premier cycle).
Devraient, durant la prochaine saison scolaire,
enrichir ce projet pédagogique :
1- la programmation d’un cycle de concerts lecture
ouverts à tous les apprenants du
Conservatoire de Nîmes. Sortes de répétitions
partitions en main pour une transmission à tous
les publics, sans exception.
2- l’invitation régulière faite aux enseignants
habitués aux techniques instrumentales nouvelles
pour proposer aux étudiants de la classe des
fragments musicaux à concevoir et à manipuler.
3- le soutien aux étudiants qui en expriment le
désir pour la composition d’une pièce associant
instrument seul et sons fixés (soit dit en passant,
cela fait partie des impératifs pour l’obtention
d’un troisième cycle).
Patrick ROUDIER, professeur d’enseignement
artistique en composition électroacoustique au
Conservatoire de Nîmes est compositeur, diplômé
du Conservatoire National Supérieur de
Musique (Paris). L’INA-GRM lui a commandé plusieurs
œuvres depuis le début des années 1980
et a toujours encouragé son travail. Il est lauréat
2009 du programme CulturesFrance Hors les
Murs pour son projet « Le Saut de Palucca » associant
Dresde et Venise.