Dynamique de prise de Decisions en Afrique - Institute for Security ...
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L’UNION AFRICAINE<br />
Bi<strong>en</strong> que cela n’ait pas toujours été le cas, l’UA est considérée<br />
comme un interlocuteur régional dans l’arène<br />
internationale. Elle pourrait <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir une plate<strong>for</strong>me <strong>de</strong>stinée<br />
à faire progresser l’action collective qui souti<strong>en</strong>t la<br />
<strong>for</strong>ce et l’importance du contin<strong>en</strong>t et à contrer la nouvelle<br />
«Ruée vers l’<strong>Afrique</strong>». Certains problèmes majeurs port<strong>en</strong>t<br />
toutefois atteinte à l’effi cacité et à l’importance <strong>de</strong> l’UA.<br />
Une analyse <strong>de</strong> la structure du pouvoir <strong>de</strong> l’UA et <strong>de</strong> la<br />
manière dont celle-ci infl u<strong>en</strong>ce le processus <strong>de</strong> <strong>prise</strong> <strong>de</strong><br />
décision se révèle dès lors très utile.<br />
Si l’on observe les institutions et les dispositions <strong>de</strong><br />
l’UA, il apparaît clairem<strong>en</strong>t que l’organisation a été développée<br />
<strong>en</strong> vue <strong>de</strong> r<strong>en</strong><strong>for</strong>cer la souveraineté et n’est pas allée<br />
au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la vision c<strong>en</strong>trée sur l’état <strong>de</strong> l’Organisation<br />
<strong>de</strong> l’Union Africaine (OUA). Elle a été créée <strong>en</strong> tant<br />
qu’organisation intergouvernem<strong>en</strong>tale. Les questions<br />
liées à la souveraineté et à l’interv<strong>en</strong>tion jou<strong>en</strong>t par ailleurs<br />
un rôle capital dans la <strong>prise</strong> <strong>de</strong> décision. Bi<strong>en</strong> que le<br />
modèle d’intégration europé<strong>en</strong> ait inspiré les structures<br />
et les institutions <strong>de</strong> l’UA, une autorité supranationale<br />
responsable <strong>de</strong> la <strong>prise</strong> <strong>de</strong> décision comparable à celle <strong>de</strong><br />
leur homologue europé<strong>en</strong> fait défaut auprès <strong>de</strong>s organes<br />
<strong>de</strong> l’UA et plus particulièrem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Commission <strong>de</strong><br />
l’UA. Le personnel <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s principaux instrum<strong>en</strong>ts<br />
<strong>de</strong>stinés à défi nir les politiques <strong>de</strong> l’UA est composé<br />
<strong>de</strong> représ<strong>en</strong>tants d’états offi ciels. Ces instrum<strong>en</strong>ts sont<br />
donc le refl et <strong>de</strong>s intérêts nationaux <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers. La<br />
Commission <strong>de</strong> l’UA (CUA) est le plus visible et le plus<br />
actif <strong>de</strong>s organes <strong>de</strong> l’UA, qui fait toutefois uniquem<strong>en</strong>t<br />
offi ce <strong>de</strong> secrétariat. Ce rôle <strong>de</strong> secrétariat est le résultat <strong>de</strong><br />
la longue et complexe chaîne politique au sein <strong>de</strong> l’UA que<br />
nous illustrerons ci-après.<br />
L’organe <strong>de</strong> <strong>prise</strong> <strong>de</strong> décision le plus haut placé <strong>de</strong><br />
l’Union Africaine est l’Assemblée <strong>de</strong> l’Union Africaine<br />
offi ciellem<strong>en</strong>t connue sous le nom d’Assemblée <strong>de</strong>s<br />
Chefs d’État et <strong>de</strong> Gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’Union africaine<br />
(UA-AHSG). L’Assemblée et le Conseil Exécutif composés<br />
<strong>de</strong>s Ministres <strong>de</strong>s Aff aires étrangères <strong>de</strong>s états membres<br />
<strong>de</strong> l’UA prépar<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s décisions pour l’Assemblée et<br />
compt<strong>en</strong>t parmi les organes <strong>de</strong> <strong>prise</strong> <strong>de</strong> décision les plus<br />
infl u<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l’UA. Lorsqu’une proposition politique est<br />
préparée au sein <strong>de</strong> l’UA, <strong>de</strong>s spécialistes désignés par les<br />
états membres travaill<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ssus dans un premier temps<br />
lors <strong>de</strong> réunions d’experts. Leurs suggestions sont <strong>en</strong>suite<br />
examinées avec soin lors d’une réunion réunissant les<br />
ministres compét<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s états membres. Si la proposition<br />
a <strong>de</strong>s implications budgétaires, celle-ci doit être débattue<br />
par le Comité <strong>de</strong>s Représ<strong>en</strong>tants Perman<strong>en</strong>ts composé<br />
<strong>de</strong>s ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>s états membres <strong>de</strong> l’UA à Addis-<br />
Abeba. Une proposition revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fi n au Conseil Exécutif<br />
qui dispose <strong>de</strong> l’autorité pour adopter certaines <strong>de</strong>s<br />
Rapport rédigé par Jean-Christophe Hoste et Andrew An<strong>de</strong>rson<br />
propositions. Toutefois, s’il s’agit <strong>de</strong> problèmes s<strong>en</strong>sibles<br />
d’un point <strong>de</strong> vue politique, il approuve le texte et l’<strong>en</strong>voie<br />
à l’Assemblée pour l’adoption fi nale.<br />
Ces dynamiques jou<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t un rôle au niveau<br />
sous-régional, dans la <strong>prise</strong> <strong>de</strong> décision <strong>de</strong>s Communautés<br />
économiques régionales (CER). Les CER sont considérées<br />
comme <strong>de</strong>s «blocs <strong>de</strong> construction» <strong>de</strong> l’UA et <strong>de</strong>s instrum<strong>en</strong>ts<br />
<strong>de</strong>stinés à poursuivre l’intégration <strong>de</strong> l’<strong>Afrique</strong>. De<br />
nombreux états africains rest<strong>en</strong>t fragiles et incapables <strong>de</strong><br />
relever les défi s auxquels ils sont confrontés. Cette reconnaissance<br />
constitue une <strong>for</strong>ce qui active <strong>de</strong>s mécanismes<br />
d’intégration sur d’autres contin<strong>en</strong>ts égalem<strong>en</strong>t. C’est<br />
ici que l’UA et les CER doiv<strong>en</strong>t donner l’exemple <strong>en</strong> tant<br />
qu’institutions multilatérales et supranationales. L’un <strong>de</strong>s<br />
principaux problèmes <strong>de</strong>s états africains reste la t<strong>en</strong>sion<br />
qui existe <strong>en</strong>tre un intergouvernem<strong>en</strong>talisme et un supranationalisme<br />
faibles. Plusieurs raisons expliqu<strong>en</strong>t cette<br />
situation : premièrem<strong>en</strong>t, les états hésit<strong>en</strong>t à reléguer une<br />
partie <strong>de</strong> leur indép<strong>en</strong>dance «réc<strong>en</strong>te» aux institutions<br />
supranationales. Deuxièmem<strong>en</strong>t, autrefois, les institutions<br />
internationales africaines étai<strong>en</strong>t créées <strong>en</strong> réaction<br />
à quelque chose (colonialisme, apartheid) et non pour<br />
quelque chose – à l’exception d’un panafricanisme <strong>for</strong>t,<br />
mais diffi cile à mettre <strong>en</strong> œuvre. La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Guerre<br />
froi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’Apartheid étant révolue, l’unique critère est<br />
désormais la géographie et non la compét<strong>en</strong>ce. Ce modèle<br />
repose donc sur la participation, à l’exception du Maroc<br />
qui a décidé <strong>de</strong> ne pas pr<strong>en</strong>dre part à l’UA <strong>en</strong> raison du<br />
désaccord perman<strong>en</strong>t concernant le statut du Sahara<br />
occi<strong>de</strong>ntal. Voilà pourquoi le rôle <strong>de</strong> l’UA est fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t<br />
diff ér<strong>en</strong>t <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s CER bi<strong>en</strong> qu’il ne soit pas<br />
toujours couronné <strong>de</strong> succès.<br />
UN EXEMPLE DE POSITION AFRICAINE<br />
COMMUNE: LES NÉGOCIATIONS<br />
RELATIVES AU CHANGEMENT<br />
CLIMATIQUE À COPENHAGUE<br />
Lorsqu’il est question d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t multilatéral avec<br />
l’<strong>Afrique</strong>, on a t<strong>en</strong>dance à considérer le contin<strong>en</strong>t comme<br />
un <strong>en</strong>semble monolithique alors qu’il s’agit d’une combinaison<br />
complexe d’états, d’intérêts et <strong>de</strong> dynamiques<br />
géopolitiques.<br />
Les positions africaines communes sont le produit <strong>de</strong><br />
plusieurs facteurs et <strong>for</strong>ces. Ainsi, par exemple, les intérêts<br />
nationaux <strong>de</strong>s Etats membres, la personnalité, les ressources<br />
et l’ag<strong>en</strong>da du prési<strong>de</strong>nt et la nature du problème<br />
soulevé jou<strong>en</strong>t un rôle ess<strong>en</strong>tiel. Au niveau international,<br />
les infl u<strong>en</strong>ces prov<strong>en</strong>ant d’acteurs extérieurs tels que les<br />
anci<strong>en</strong>nes puissances coloniales constitu<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<br />
facteurs importants. En outre, la politique <strong>de</strong>s groupes et<br />
<strong>de</strong>s blocs continue d’exercer un rôle même après la Guerre<br />
froi<strong>de</strong>. Certaines s<strong>en</strong>sibilités linguistiques (anglophones /<br />
Rapport <strong>de</strong> la Confer<strong>en</strong>ce 3