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Médecins du sport 53 - msport.net

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EDECINS<br />

DU SP RT<br />

L A R E V U E D U M É D E C I N D E T E R R A I N<br />

PROFESSION<br />

ANAES :<br />

recommandations et<br />

conférences de consensus<br />

DOSSIER<br />

Cardiologie et <strong>sport</strong><br />

1 re partie :<br />

les urgences<br />

cardiologiques sur le<br />

terrain <strong>du</strong> <strong>sport</strong><br />

La course<br />

landaise<br />

DÉCOUVERTE<br />

D’UN SPORT<br />

Le jet-ski<br />

MISE AU POINT<br />

Conflit antérieur<br />

de hanche<br />

Jeux mondiaux<br />

Championnat de France<br />

Après avoir fait vibrer les arènes <strong>du</strong> Sud-Ouest tout l’été,<br />

la course landaise boucle la saison avec son championnat<br />

à Nogaro (Gers) début octobre. Le Dr Philippe Ducamp,<br />

traumatologue <strong>du</strong> <strong>sport</strong> et médecin fédéral, nous présente<br />

ce <strong>sport</strong> tauromachique de haut niveau souvent méconnu.<br />

BIMESTRIEL - NUMÉRO <strong>53</strong> - AOÛT /SEPTEMBRE 2002 - 5,5 E


ÉDITO<br />

LA CORRIDA: SPORT<br />

OU PHILOSOPHIE?<br />

La tauromachie ne laisse jamais indifférent,<br />

certains se disent même pour le taureau<br />

contre le matador, comme je suppose qu’ils<br />

sont pour les pucerons contre le jardinier!<br />

Le taureau vit de façon paradisiaque pendant<br />

4 ans puis, pendant ce court combat, il doit<br />

montrer sa force mais aussi ce que nous,<br />

“aficionados”, appelons ses qualités morales.<br />

Au terme <strong>du</strong> combat, il peut même être gracié<br />

et, si tel est le cas, il finira ses jours en<br />

Andalousie comme étalon! Beaucoup de<br />

bœufs lui envieraient un tel sort.<br />

Pour l’homme, toréer c’est s’efforcer de mettre<br />

en lumière les qualités et les défauts<br />

de son taureau, afin que chaque spectateur<br />

puisse en apprécier le comportement.<br />

Le torero est, comme l’a si bien écrit<br />

Jean Cocteau, « un acteur auquel il arrive<br />

des choses réelles » mais c’est aussi un <strong>sport</strong>if<br />

de haut niveau car il doit vaincre son angoisse,<br />

porter un costume lourd et manipuler cape<br />

et muleta souvent d’un poids imposant.<br />

Il doit enfin, lors de l’estocade, plonger sur<br />

les cornes <strong>du</strong> taureau, basculer sur la tête<br />

<strong>du</strong> fauve, et tout cela avec une précision<br />

mathématique. L’estocade devient le moment<br />

le plus dangereux <strong>du</strong> combat, moment où de<br />

nombreux taureaux demandèrent vie pour vie.<br />

Le combat entre l’homme et le taureau<br />

symbolise à merveille cet équilibre sans cesse<br />

recherché mais rarement atteint entre<br />

la verticalité (si bien représenté par la position<br />

<strong>du</strong> torero) et l’horizontalité (si bien mise<br />

en exergue par la charge <strong>du</strong> taureau).<br />

On peut ne pas apprécier la corrida.<br />

Simplement, mais sincèrement, je tiens à dire<br />

ici que les toreros, par le prix <strong>du</strong> sang versé et<br />

les taureaux, par leur constance à être et non<br />

pas à paraître, m’ont apporté quelque chose<br />

qui peut sembler désuet mais indispensable<br />

à la vie: la dignité!<br />

Dr Christian Derbuel<br />

Gynécologue, obstétricien,<br />

médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong> et “torero”,<br />

Fréjus.<br />

E<br />

DU<br />

P. 4-5 PROFESSION<br />

ANAES: recommandations et<br />

conférences de consensus<br />

P. 6-7 PROFESSION<br />

Echos <strong>du</strong> Congrès de l’ACSM 2002<br />

P. 9-12 ÉVÉNEMENT<br />

COURSE LANDAISE<br />

CHAMPIONNAT DE FRANCE<br />

Le Dr Philippe Ducamp, traumatologue <strong>du</strong> <strong>sport</strong><br />

et médecin fédéral, nous présente ce <strong>sport</strong><br />

tauromachique de haut niveau trop souvent<br />

méconnu.<br />

P.13-21<br />

P. 23-25 DÉCOUVERTE D’UN SPORT<br />

Le jet-ski<br />

P. 27-31 MISE AU POINT<br />

Le conflit antérieur de hanche<br />

P. 33 CONGRÈS / FORMATION<br />

E<br />

DU<br />

P. 34 ABONNEMENT<br />

Cardiologie et <strong>sport</strong><br />

1 re<br />

partie<br />

Les urgences cardiologiques<br />

sur le terrain de <strong>sport</strong><br />

Connaître les risques et savoir agir,<br />

sur le plan curatif et sur le plan préventif.<br />

Directeur de la publication: Dr Antoine Lolivier - Rédacteur en chef: Dr Didier Rousseau - Rédacteur en chef adjoint: Odile Mathieu - Secrétaire de rédaction:<br />

Isabelle Ampart - Maquette: Christine Lecomte - Pro<strong>du</strong>ction: Gracia Bejjani - Comité de rédaction: DrJean-Christophe Bertrand - Dr Gilles Bruyère - Pr François Carré<br />

- Pr Pascal Christel - Dr Jean-Marie Coudreuse - Laurence Ducrot - Dr Hervé de Labareyre - Dr Olivier Fichez - Dr Jacques Gueneron - Dr Eric Joussellin - Dr Pascal Lefèvre<br />

- Dr Philippe Le Van - Dr Dominique Lucas - Dr Patrick Middleton - Dr Paule Nathan - Dr Marie-France Oprendek-Roudey - Dr Jacques Parier - Dr Gérard Porte<br />

- Dr Jacques Pruvost - Dr Philippe Thelen - Dr Hervé Zakarian. - Service d’abonnement: Cathia Aznelos - Photos de couverture: Dr Ducamp.<br />

Cette publication est éditée par Expressions Santé, 2, rue de la Roquette – Passage <strong>du</strong> Cheval Blanc, cour de Mai - 75011 Paris. Tél.: 0149292929. Fax: 0149292919.<br />

E-mail: mds@expressions-sante.fr - N° ISSN : 1279-1334. Imprimeur: Imprimerie de Compiègne, 60205 Compiègne.<br />

Tous les articles sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs.<br />

D.R. <<br />

DOSSIER ><br />

Retrouvez <strong>Médecins</strong> <strong>du</strong> Sport sur Inter<strong>net</strong><br />

www.menarini.fr<br />

Articles, mises au point, banque d’images,<br />

formations, événements…<br />

ERRATUM<br />

La photo de couverture de <strong>Médecins</strong> <strong>du</strong> Sport n°52 doit être attribuée<br />

au photographe Philippe Guegan et non à l’agence DPPI.<br />

MÉDECINS DU SPORT 3 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Sommaire


Profession<br />

ÉCHOS DU CONGRÈS DE L’ACSM (28 MAI/1 ER JUIN 2002 - ST LOUIS - USA)<br />

C’est bien l’Amérique…<br />

Il faut d’abord souligner l’extrême professionnalisme des organisateurs <strong>du</strong> congrès<br />

et l’efficacité et la convivialité des représentants <strong>du</strong> Laboratoire Menarini.<br />

De la descente de l’avion aux limousines, leur gigantisme nous<br />

a donné le tournis. Imaginez St Louis, belle ville de province<br />

mais aussi éten<strong>du</strong>e que Paris, une chambre d’hôtel<br />

comme un appartement, un centre de congrès comme le<br />

Stade de France et 6 000 participants à la réunion annuelle<br />

de médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong>.On ne peut rêver plus beau début.<br />

La découverte de la ville est abordée dès le petit matin.Gloire<br />

au décalage horaire qui nous a fait parcourir en footing les<br />

bords <strong>du</strong> Mississipi. Fleuve imposant qui symbolise parfaitement<br />

ce continent riche,puissant,si difficile à contenir quand<br />

il décide de donner sa pleine mesure.“Stars et stripes” sur<br />

toutes les vitrines,l’Amérique affiche sa fierté et sa puissance<br />

sans retenue. Notre entrée dans le congrès se fait les yeux<br />

grands ouverts,prêts à tout voir et tout enregistrer.<br />

Du rugby en première intention<br />

On ne parlera que des blessures de la Rugby League, notre<br />

rugby à treize,où la progression est étonnante :27 % de joueurs<br />

blessés en 1993-1994,47 % en 1997-1998,mais 90 % la même<br />

année dans le rugby professionnel ! Ces blessures intéressent,<br />

pour moitié,l’appareil musculo-ligamentaire et la plupart interviennent<br />

entre la 25 e et la 40 e minute.<br />

Retour sur les bancs de la fac<br />

J’ai choisi ensuite “pain and shoulder”,pour vérifier s’il existe<br />

des différences de prise en charge thérapeutique entre nos<br />

pays ;mais la présentation consistera en l’exposé de 4 cas cliniques<br />

de luxation postérieure gléno-humérale. Que <strong>du</strong> classique<br />

: présentation de l’athlète et de son niveau <strong>sport</strong>if,<br />

description de la chute, examen clinique à l’admission, bilan<br />

radio et chirurgie.Première discussion avec le modérateur qui<br />

demande à la salle de s’exprimer.La surprise vient <strong>du</strong> nombre<br />

de questions et de la notion de responsabilité très discutée…<br />

La présentation se termine par la réé<strong>du</strong>cation et les différents<br />

soins jusqu’à la reprise <strong>sport</strong>ive.Tonnerre d’applaudissements et<br />

on passe à la suivante.Sceptique,j’ai déjà décidé de vérifier l’incidence<br />

de cette luxation postérieure, effectivement peu fréquente mais pas<br />

orpheline.J’ai l’impression d’être revenu sur les bancs de la faculté…<br />

La quête<br />

Les repas sont un moment privilégié :on ironise à cœur joie sur la cuisine<br />

américaine,tout en apprenant à se connaître dans le groupe.On<br />

se rend compte que nous rencontrons tous les mêmes problèmes dans<br />

notre pratique quotidienne.Et que nous voulons finalement arriver au<br />

même but :faire de la médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong> un vrai métier.Le bénévolat<br />

que chacun pratique à sa manière,avec son cœur et ses envies,trouve<br />

ses limites dans la disponibilité et la compétence. Que l’arche de<br />

St Louis,porte mythique de la ruée vers l’Ouest,devienne le symbole<br />

de notre quête. Ce voyage a désormais un autre mérite, il permet la<br />

rencontre de gens passionnés ; les discussions deviennent ardentes,<br />

âpres et réactives.Un mini congrès somme toute,qui pourrait se continuer<br />

en France… Je réserve l’après-midi à la découverte des posters :<br />

salle imposante,une foule décontractée mais studieuse,des quantités<br />

de petites études exposées où l’on pioche des informations souvent<br />

cherchées mais jamais recherchées.Plaisir et travail emmêlés.Un vrai<br />

bonheur.Je sens que je vais revenir souvent…<br />

Lésions <strong>du</strong> LCA<br />

Plus fréquentes chez les femmes ?<br />

Présentée par le Dr TA Warren (Nashville)<br />

Cette étude se propose de mettre en évidence des facteurs favorisant les lésions intra-articulaires<br />

<strong>du</strong> genou chez la <strong>sport</strong>ive comparées aux mêmes lésions chez le <strong>sport</strong>if. L’historique de<br />

la communication rapporte des études (au niveau mondial) semblant affirmer que les lésions<br />

<strong>du</strong> LCA sont statistiquement plus nombreuses chez les femmes que chez les hommes. Les<br />

auteurs de cette étude n’ont pas été satisfaits des résultats de ces articles, notamment par le<br />

manque de rigueur des critères de choix des sujets inclus dans les études référencées.<br />

Ils ont donc cherché un protocole statistique rigoureux qui pourrait permettre de mettre<br />

en évidence une réelle différence pour poursuivre la recherche de la cause de cette différence.<br />

221 <strong>sport</strong>ifs et <strong>sport</strong>ives souffrant d’une lésion intra-articulaire <strong>du</strong> genou et devant être opérés<br />

ont été sélectionnés pour cette étude.<br />

Les critères définis étaient les suivants :<br />

• lésion avérée <strong>du</strong> LCA,<br />

• lésions associées (ménisque ou lésion chondrale),<br />

• traumatisme parfaitement identifié,<br />

• pas d’antécédents sur ce genou et l’opposé,<br />

• suivi supérieur à 18 mois avec reprise d’activité <strong>sport</strong>ive.<br />

Ils ont ensuite défini 26 items codés et identifiés comme étant le seuil minimal d’inclusion.<br />

Les résultats de l’étude, en tenant compte des mécanismes lésionnels, <strong>du</strong> <strong>sport</strong> pratiqué<br />

et de son niveau, ainsi que des critères morphologiques, n’ont pas démontré de différence significative<br />

exploitable et cohérente entre les hommes et les femmes ayant subi une lésion intraarticulaire<br />

<strong>du</strong> genou, contrairement aux études qui avaient été prises pour référence. La<br />

solidité des valeurs statistiques est sûrement le facteur important qui a permis ce non résultat<br />

et l’infirmation de la tendance qui affirmait que les femmes étaient plus souvent atteintes<br />

de lésions <strong>du</strong> LCA que les hommes.<br />

La rigueur statistique a écarté cette hypothèse, pourtant attrayante, car elle donnait un rôle<br />

de fragilisation ligamentaire aux hormones en période de menstruation.<br />

Dr Roger Rua, Médecin de la Fédération<br />

française de basket-ball (FFB), Rueil-Malmaison.<br />

Troubles <strong>du</strong> comportement alimentaire<br />

La deuxième journée sera beaucoup plus riche et importante en enseignement.Au<br />

menu :“eating disorders”. Maigre public, pourtant les<br />

USA semblent en tête sur les problèmes de poids !<br />

La communication de Daniel M.Landers (Université d’Arizona) consistait<br />

à définir le terme “troubles <strong>du</strong> comportement alimentaire”,faire le<br />

point sur les différents outils de recherche comparant les <strong>sport</strong>ifs<br />

atteints de ces affections avec la population générale, revoir dans la<br />

littérature scientifique les différentes études portant sur le sujet, et<br />

discuter de l’avenir de ces recherches. Les troubles psychologiques<br />

associés à d’importantes perturbations <strong>du</strong> comportement alimentaire<br />

sont appelés “eating disorders”. On distingue classiquement l’anorexie<br />

et la boulimie des autres perturbations (repas excessifs, grignotages<br />

incessants,“toxicomanie au sucré ou au chocolat”,absorption<br />

de diverses substances comestibles ou non,potomanie…).<br />

• Critères diagnostiques de l’anorexie<br />

Il s’agit <strong>du</strong> refus de maintenir le poids corporel à un niveau normal<br />

pour l’âge et la taille, associé à une peur intense de grossir.A la terrible<br />

souffrance physique s’ajoute une perturbation de l’image corporelle<br />

et une aménorrhée chez les femmes. Le déni de la maladie<br />

représente souvent l’obstacle majeur au traitement.<br />

MÉDECINS DU SPORT 6 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

DR


• Critères diagnostiques de la boulimie<br />

Ce sont des épisodes récurrents de pulsions incontrôlables vis-à-vis<br />

de la nourriture, suivis d’une peur de grossir à l’origine de diverses<br />

pratiques néfastes :vomissements,utilisation de diurétiques,jeûnes et<br />

restrictions alimentaires.Les cycles boulimiques se répètent au minimum<br />

2 semaines par trimestre et se vivent souvent dans la honte et<br />

la clandestinité.<br />

• Incidence des troubles alimentaires<br />

En Grande-Bretagne,une étude portant sur 2 000 patients retrouve de<br />

1 à 2 cas d’anorexie, et 18 cas de boulimie, et recense entre 100 et<br />

200 adolescentes utilisant des méthodes pour perdre <strong>du</strong> poids (vomissements,<strong>sport</strong><br />

intensif,laxatif ou diurétiques…).<br />

Aux USA, 1 à 2 % des Américains souffriraient d’anorexie et 5 à 20 %<br />

d’entre eux en meurent.Le début de la maladie commence au milieu<br />

de l’adolescence et 90-95 % sont des filles.<br />

La boulimie atteint 1 à 3 % des Américaines au lycée et dans les grandes<br />

écoles,et de 1 à 4 % des filles au collège (80 % des boulimiques sont des<br />

femmes).<br />

Les autres troubles <strong>du</strong> comportement alimentaire ont une prévalence<br />

incertaine, mais le sexe ratio est de 60/40 pour les femmes par rapport<br />

aux hommes,et on retrouve souvent des antécédents dépressifs.<br />

• Problèmes particuliers de l’anorexie mentale chez l’homme<br />

La pathologie semble identique quel que soit le sexe, mais les problèmes<br />

sexuels sont largement augmentés chez les hommes, qui ne<br />

représentent pourtant que 5 à 10 % de ces troubles alimentaires.Leur<br />

expérience sexuelle est faible,l’identification à la mère est supérieure<br />

à celle <strong>du</strong> père et les homosexuels sont sur-représentés dans cette<br />

population.<br />

• Plus de troubles chez les <strong>sport</strong>ifs ?<br />

Notre société in<strong>du</strong>it des normes physiques de minceur qui entraînent<br />

un idéal de perte de poids par la diète et l’activité physique.<br />

L’environnement <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if suggère la restriction de poids (gymnaste,coureur,bodybuilder,jockey,danseur,nageur…)<br />

et la pression<br />

sociale est augmentée par celle des entraîneurs, juges,<br />

managers… L’effort physique intense entraîne souvent une diminution<br />

de l’appétence. La préparation physique de l’athlète<br />

demande souvent le développement de qualités qui sont déjà des<br />

facteurs de risque comme le perfectionnisme, la compulsion, la<br />

motivation…<br />

• Le <strong>sport</strong> est-il un facteur de risque ?<br />

Des études démontrent un risque plus élevé chez les athlètes par<br />

rapport à la population générale.Les <strong>sport</strong>s à catégories de poids<br />

et ceux se rapprochant des idéaux esthétiques <strong>du</strong> moment ne<br />

semblent pas plus dangereux que les autres.<br />

Une méta-analyse de Hansenblau et Carron (1999), portant sur<br />

92 études et 10 878 <strong>sport</strong>ifs,examinant le “tout minceur”,l’anorexie<br />

et la boulimie,retrouve des chiffres plus élevés chez les <strong>sport</strong>ifs,<br />

mais avec un écart-type minime de 0,11.<br />

Chez les femmes, les chiffres sont significativement plus élevés<br />

chez les athlètes par rapport aux groupes comparatifs. L’auteur<br />

différencie même les <strong>sport</strong>s dits esthétiques aux <strong>sport</strong>s d’en<strong>du</strong>rance<br />

et de balle, et montre une gradation plus importante dans<br />

ces <strong>sport</strong>s esthétiques sur les items minceur,anorexie et boulimie.<br />

Chez les hommes, les chiffres sont plus élevés chez les <strong>sport</strong>ifs,<br />

mais ne retrouvent pas de différence significative entre les différentes<br />

pratiques.<br />

• Des protocoles à valider<br />

Malheureusement,ces études ne reposent que sur des entretiens<br />

et des auto-questionnaires remplis par les athlètes eux-mêmes.Le<br />

biais intro<strong>du</strong>it est difficilement quantifiable mais semble réel.Pour<br />

valider les futurs protocoles,il sera essentiel d’utiliser des entretiens<br />

basés sur les critères <strong>du</strong> DSM-IV, con<strong>du</strong>its par des psychologues<br />

ou psychiatres <strong>du</strong> <strong>sport</strong>.<br />

Les études longitudinales devront,dans l’avenir :<br />

- porter sur la carrière d’un athlète avec questionnaires et<br />

entretiens s’intéressant à toutes les variations de poids et d’alimentation ;<br />

- prendre en compte le type de <strong>sport</strong> pratiqué,pour déterminer si la participation<br />

à un <strong>sport</strong> engendre des perturbations,expliquant ainsi certaines<br />

pathologies fréquemment rencontrées dans certains <strong>sport</strong>s ;<br />

- comparer les athlètes pendant et après la saison,pour déterminer le<br />

lien de causalité : le <strong>sport</strong> génère-t-il certains troubles <strong>du</strong> comportement<br />

alimentaire ? Une pathologie pré-éxistante favorise-t-elle la performance<br />

<strong>sport</strong>ive ?<br />

J’ai fini ce congrès bien fatigué mais, alors que l’on pensait déjà au<br />

retour,nous avons eu droit à l’incendie dans l’hôtel.Evacuation disciplinée,<br />

énormes camions (6) avec échelles et soldats <strong>du</strong> feu, sirènes,<br />

le fire-chief lui-même et trente minutes d’un grand show à l’Américaine.<br />

Le reste se devine :transfert,aéroport,dernier Mac Do,l’avion qui <strong>du</strong>re<br />

longtemps et des adieux qui n’en finissent plus.<br />

J’ai repris le travail avec plein de souvenirs et, désormais, une<br />

certitude. Si on me demande comment c’était, je répondrai<br />

forcément, avec toute la rocaille de mon<br />

accent :c’est bien l’Amérique ! ■<br />

Dr Pierre Sébastien<br />

Médecin de la Fédération<br />

française de roller-skating (FFRS),<br />

Toulouse.<br />

Cas cliniques<br />

Cet atelier offrait la présentation de cas cliniques documentés par des médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong> de<br />

terrain et argumentés par des universitaires comme un jury d’oral d’examen. Chaque cas<br />

comprend un historique des circonstances accidentelles, les résultats de l’examen clinique<br />

et des explorations, le diagnostic proposé, et le suivi thérapeutique. Après la présentation,<br />

le jury pose des questions complémentaires et demande ensuite à l’assistance de compléter<br />

éventuellement les questions.<br />

Un mécanisme lésionnel peu fréquent<br />

Présenté par le Dr JL Moeller (Michigan)<br />

Un jeune joueur de football de 18 ans entré en contact violent avec un autre joueur lors d’un<br />

match ; le choc se fait épaule contre épaule. Douleurs immédiates et sortie <strong>du</strong> terrain. L’examen<br />

sur le terrain montre une épaule douloureuse sans instabilité ni déformation. Les radiographies<br />

montrent une fracture de la glène. Le traitement consiste en une immobilisation<br />

de 3 semaines avec refroidissement dans les 48 h initiales et AINS. Puis, début de physiothérapie<br />

et de réé<strong>du</strong>cation à la fin de l’immobilisation. Le retour sur le terrain est autorisé à<br />

6 semaines. L’originalité tient au mécanisme lésionnel peu fréquent.<br />

Un placage traumatique<br />

Présenté par le Dr KJ Cassas (Dallas)<br />

Un jeune joueur de foot de 16 ans présente un traumatisme de l’épaule par écrasement, un autre<br />

joueur lui est tombé dessus lors d’un placage.<br />

Douleur immédiate et sortie <strong>du</strong> terrain. L’examen est quasi impossible, le <strong>sport</strong>if est donc<br />

immobilisé. Des radiographies montrent une fracture <strong>du</strong> cartilage de conjugaison de l’extrémité<br />

supérieure de l’humérus, de type salter 1 sans déplacement qui a été, semble-t-il, difficile<br />

à mettre en évidence. Le traitement consiste en 3 semaines d’immobilisation, suivies de réé<strong>du</strong>cation<br />

lente et la reprise <strong>du</strong> <strong>sport</strong> ne se fait que le 4 e mois, <strong>du</strong> fait de douleurs persistantes. L’originalité<br />

tient à la rareté de cette fracture chez le jeune adolescent, même <strong>sport</strong>if.<br />

Ateliers pratiques<br />

Il était possible d’assister à de nombreux et intéressants ateliers pratiques tels que l’examen<br />

programmé <strong>du</strong> genou, l’examen <strong>du</strong> rachis traumatisé ou l’examen de l’épaule. Un préambule<br />

théorique précédait une mise en situation avec examen de volontaires sous la surveillance<br />

des experts et avec une grande disponibilité.<br />

MÉDECINS DU SPORT 7 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Dr Roger Rua, Médecin de la Fédération<br />

française de basket-ball (FFB), Rueil-Malmaison.


MDS<strong>53</strong> - 04a05 ANAES 29/09/03 12:56 Page 4<br />

Profession<br />

ANAES<br />

Recommandations et conférences<br />

de consensus<br />

L’ANAES est un organisme<br />

indépendant placé sous la tutelle<br />

<strong>du</strong> ministère chargé de la Santé.<br />

C’est au sein de cette agence que<br />

sont organisées les conférences<br />

de consensus et les recommandations<br />

de bonnes pratiques cliniques.<br />

L<br />

Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé<br />

’ est un établissement public administratif créé en avril 1997<br />

dans le cadre de la réforme <strong>du</strong> système de soins français.<br />

Cet organisme scientifique et technique est chargé notamment<br />

d’établir des recommandations et conférences de consensus<br />

qui apportent l’état des connaissances médicales en matière<br />

de stratégies diagnostiques et thérapeutiques, chacune dans<br />

des situations particulières que nous décrirons ci-dessous.<br />

Le service des recommandations pour la pratique clinique<br />

(RPC) et les conférences de consensus appartiennent au département<br />

“Evaluation” de l’Agence. L’objectif de ce service est<br />

d’apporter une information de qualité aux professionnels de<br />

santé aussi bien sur la pratique médicale que sur les avancées<br />

de la recherche.<br />

QU’EST-CE QU’UNE CONFÉRENCE<br />

DE CONSENSUS ?<br />

L’élaboration d’une conférence de consensus trouve sa place<br />

lorsque le thème à traiter est limité (peut par exemple se décliner<br />

en 4 à 6 questions précises) mais surtout lorsque ce thème<br />

donne lieu à une controverse ou une divergence des pratiques<br />

nécessitant un débat et une prise de position de la part de la<br />

communauté professionnelle.<br />

Il est décidé de réaliser une conférence de consensus lorsqu’il<br />

s’agit d’un problème important en terme de santé publique<br />

par sa fréquence, par l’intérêt que lui portent les professionnels<br />

de santé ou par l’impact potentiel que la conférence de<br />

consensus pourra apporter à la pratique. Le but est d’apporter<br />

une réponse claire et définitive aux questions posées afin<br />

d’améliorer la qualité générale des soins. La conférence de<br />

consensus peut être réalisée dans un délai relativement court.<br />

Le principe:un groupe d’experts (chercheurs,médecins,etc.)<br />

débat sur un sujet déterminé,à partir d’une analyse bibliographique<br />

réalisée pour un groupe bibliographique,et en tire un rapport faisant<br />

la synthèse des dernières connaissances acquises.<br />

Un jury,multidisciplinaire et multiprofessionnel,composé d’experts<br />

et de personnalités impartiales (n’ayant pas d’intérêt en jeu<br />

dans le domaine traité), est ensuite chargé d’établir les points<br />

d’accord et de divergence de la communauté scientifique,en apportant<br />

une réponse précise à chacune des questions posées.Il s’agit<br />

donc de rédiger un texte consensuel de la manière la plus indépendante<br />

et la plus objective possible,en distinguant ce qui relève<br />

de la preuve scientifique,de la présomption et de la pratique usuelle.<br />

QU’EST-CE QU’UNE RECOMMANDATION ?<br />

Une recommandation est une synthèse des connaissances et publications<br />

médicales sur un sujet déterminé destinée aux professionnels<br />

de santé.Elle s’applique,contrairement aux conférences<br />

de consensus,lorsque le thème à traiter est vaste (les controverses<br />

ne doivent pas occuper une trop grande place). Ce travail, qui<br />

repose sur un travail prolongé, permet de définir une stratégie<br />

médicale optimale en précisant ce qui est approprié, ce qui ne<br />

l’est pas ou ce qui doit faire l’objet d’études complémentaires.<br />

Les recommandations pour la pratique clinique (RPC) reflètent<br />

l’état des connaissances à un instant donné (année de publication)<br />

ainsi que l’opinion d’experts sur un thème de pratique clinique.<br />

Cette démarche a pour but l’harmonisation des prises en charge de<br />

différentes pathologies à l’échelle d’un pays ou d’une région.<br />

En pratique,les recommandations sont élaborées par un groupe<br />

de travail composé de personnes de diverses compétences<br />

(spécialistes et non-spécialistes en CHU,spécialistes ou généralistes<br />

libéraux) venus de toute la France.Au cours de plusieurs<br />

réunions étalées dans le temps,ce groupe sélectionne,<br />

synthétise et analyse de manière objective la littérature scientifique<br />

disponible sur un sujet déterminé,ainsi que l’état des pratiques<br />

professionnelles.<br />

Le texte est ensuite soumis pour validation à un groupe de lecture<br />

avant d’être finalisé.<br />

Ainsi, les RCP consistent en:<br />

● l’analyse d’une littérature abondante par le groupe de travail<br />

qui rédige les recommandations,avec prise en compte de l’avis<br />

des experts,<br />

● la rédaction de recommandations détaillées sur une stratégie<br />

médicale qui peut être vaste et complexe.<br />

CONFÉRENCE DE CONSENSUS<br />

OU RECOMMANDATION ?<br />

Elles sont toutes deux basées sur l’analyse et la synthèse<br />

de la littérature, des pratiques et des avis d’experts,<br />

mais leurs objectifs sont différents.<br />

Les conférences de consensus répondent à une<br />

controverse ou à une divergence de pratique, sur un<br />

thème bien précis.<br />

Les recommandations répondent à la nécessité d’une<br />

synthèse à partir de données multiples ou dispersées<br />

sur un sujet plus vaste.


MDS<strong>53</strong> - 04a05 ANAES 29/09/03 12:56 Page 5<br />

Les RPC sont réactualisées,selon les pathologies et en fonction<br />

des progrès scientifiques.<br />

QUELLE UTILISATION ?<br />

Ces textes sont considérés comme des standards pour la pratique<br />

médicale « déterminant ce qui est approprié et/ou non de<br />

faire, lors de la mise en œuvre de stratégies préventives, diagnostiques<br />

et/ou thérapeutiques dans des situations cliniques<br />

données (...) ».<br />

Ils pourront, par exemple, être utilisés à des fins:<br />

Pédagogiques<br />

En effet,les recommandations constituent une synthèse de l’état<br />

des connaissances et des pratiques utilisables aussi bien en formation<br />

initiale qu’en formation continue.<br />

Professionnelles<br />

Ces documents servent de point de départ à l’élaboration des référentiels<br />

utilisables dans des démarches qualité,tels que l’audit clinique<br />

ou les programmes d’amélioration continue de la qualité.<br />

Institutionnelles<br />

Les recommandations constituent l’assise scientifique et professionnelle<br />

de guides pour le système des médecins référents ou d’outils<br />

conventionnels,tels que les RMO (Références médicales opposables).<br />

QUELLE DIFFUSION ?<br />

Une fois rédigés,ces textes doivent être diffusés auprès <strong>du</strong> public<br />

concerné. Cette diffusion utilise tous les supports accessibles:<br />

documents,guides ou site Inter<strong>net</strong> de l’ANES.Des conférences<br />

de presse (annoncées à l’avance), avec diffusion de communiqués<br />

de presse, peuvent être organisées pour présenter la synthèse<br />

et la conclusion de ces travaux.<br />

Le site de l’ANAES permet d’accéder rapidement et gratuitement<br />

à ces documents,il suffit de sélectionner “publication”puis “nouveautés”pour<br />

accéder aux nouvelles parutions.<br />

Le texte publié doit mentionner les noms et qualifications des<br />

membres <strong>du</strong> Comité d’organisation,<strong>du</strong> groupe d’experts,<strong>du</strong> groupe<br />

bibliographique et des membres <strong>du</strong> jury,ainsi que les sources de<br />

financement et la participation de sociétés savantes,associations…<br />

QUELQUES THÈMES D’INTÉRÊT<br />

● Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)<br />

● Diagnostic et traitement de l’hypertension artérielle essentielle de l’a<strong>du</strong>lte de<br />

20 à 80 ans<br />

● Examens complémentaires dans le genou traumatique récent de l’a<strong>du</strong>lte<br />

● Explorations et chirurgie <strong>du</strong> genou<br />

● L’arthroscopie <strong>du</strong> genou<br />

● L’entorse de cheville au service d’accueil et d’urgence<br />

● Massokinésithérapie dans les suites précoces de ligamentoplastie pour lésion <strong>du</strong><br />

pivot central <strong>du</strong> genou<br />

● Pathologies non opérées de la coiffe des rotateurs et masso-kinésithérapie<br />

● Réé<strong>du</strong>cation de l’entorse externe de la cheville<br />

Les textes publiés sont disponibles sur le site de l’Anaes (rubrique “publication” ou<br />

“nouveautés”)<br />

LE RÔLE DES MÉDECINS AU SEIN DE L’ANAES<br />

Les médecins correspondants<br />

La diffusion des recommandations passe également par le biais<br />

de médecins correspondants de l’ANAES.<br />

Ils sont actuellement 157 médecins, libéraux et hospitaliers,<br />

salariés de l’ANAES.Leur rôle est de servir de relais entre l’Agence<br />

et leurs collègues en région, et ainsi d’assurer la diffusion des<br />

recommandations.<br />

Ces médecins sont recrutés en fonction de leur motivation,mais<br />

ils doivent également remplir certains critères:en effet,un correspondant<br />

doit être installé et en activité afin de ne pas perdre<br />

pied avec le terrain,le critère le plus important étant leur engagement<br />

au niveau régional, qu’il participe activement au leadership<br />

régional ou qu’il soit engagé dans la formation<br />

médicale continue (FMC).<br />

Leur recrutement se fait dans un premier temps par le biais d’un<br />

cabi<strong>net</strong> de recrutement. Le candidat passe ensuite devant une<br />

commission interne regroupant le Directeur général, le Directeur<br />

<strong>du</strong> Service des évaluations des pratiques cliniques et le Responsable<br />

<strong>du</strong> réseau des correspondants. Dans certains cas, les<br />

correspondants,s’ils sont experts dans un domaine particulier,<br />

peuvent participer à l’élaboration des recommandations,en vérifiant<br />

la faisabilité et l’acceptabilité de ces recommandations sur<br />

le terrain, auprès de leurs confrères.<br />

Les médecins habilités<br />

Les médecins habilités (généralistes ou spécialistes libéraux)<br />

sont formés par l’ANAES.<br />

Ils sont chargés de l’évaluation des pratiques professionnelles<br />

et donc des médecins eux-mêmes; il s’agit là d’une des autres<br />

missions de l’ANAES. Les médecins visités sont volontaires, ils<br />

s’engagent dans une démarche d’amélioration des soins.<br />

Pour être habilité, un médecin doit avoir reçu une formation<br />

de trois jours au sein de l’Agence et assuré une activité médicale<br />

depuis au moins cinq ans. L’habilitation à exercer l’évaluation<br />

des pratiques est prononcée par le Directeur de<br />

l’ANAES, et ce pour une <strong>du</strong>rée de 5 ans.<br />

Un médecin habilité ne peut pas devenir un correspondant<br />

régional de l’ANAES. ■<br />

Julie Fortis<br />

Pour en savoir plus<br />

ANAES<br />

(Agence Nationale d’Accréditation<br />

et d’Evaluation en Santé)<br />

159, rue Nationale - 75013 PARIS<br />

Tél. : 01 42 16 72 72<br />

Site : http ://www.anaes.fr<br />

Vous pouvez consulter et télécharger<br />

gratuitement les textes de<br />

l’ANAES (conférences de consensus,<br />

recommandations pour la pratique<br />

clinique, recommandations et références<br />

médicales…) et la méthodologie<br />

des conférences de consensus<br />

et recommandations.


La course landaise<br />

Championnat de France<br />

Même si elle n’a qu’un rapport éloigné des sacrifices et combats de taureaux décrits<br />

sur les fresques crétoises d’Héraklion, on peut penser que la tauromachie landaise est<br />

née d’une tradition de jeux <strong>sport</strong>ifs ou religieux, profondément encrée dans les<br />

civilisations méditerranéennes.<br />

Jeu rural, tradition ancestrale, <strong>sport</strong> tauromachique de haut niveau, la course landaise<br />

cherche encore sa voie pour définir son appartenance. Depuis le mois de juillet, la<br />

temporada bat son plein essayant d’oublier la retraite bien méritée des champions de<br />

la dernière décennie et le décès prématuré de Jean-Pierre Rachou dans les arènes de<br />

Dax le 10 août 2001.<br />

Cette année encore avec la découverte de nouvelles stars, la fin de saison et son<br />

championnat de France à Nogaro (Gers) laissent présager une finale pleine de suspense<br />

et de panache. Le Docteur Philippe Ducamp, traumatologue <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, médecin à<br />

l’Institut européen des thérapies <strong>sport</strong>ives (IETS) de Dax, nous présente, après avoir été<br />

l’un des plus grands champions de la discipline et aujourd’hui son médecin fédéral<br />

national, un <strong>sport</strong> presque totalement méconnu. ■<br />

MÉDECINS DU SPORT 9 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

AFP<br />

Evénement: Championnat de France de course landaise<br />

Evénement: Championnat de France de course landaise


Evénement: Championnat de France de course landaise<br />

Evénement: Championnat de France de course landaise<br />

UN PEU D’HISTOIRE<br />

Si les pratiques taurines ont résisté, et<br />

si on les retrouve aujourd’hui,dans le Sud-<br />

Ouest et en Camargue, sous des formes<br />

plus païennes que religieuses, c’est probablement<br />

parce que les troupeaux de<br />

taureaux sauvages y ont toujours été nombreux<br />

et combattus hardiment par de<br />

jeunes hommes téméraires.<br />

Dès 1289,on fait courir dans les rues de<br />

Bayonne (en partie commune landaise)<br />

des taureaux et des vaches.<br />

En 1457,une lettre <strong>du</strong> roi Charles VII explique<br />

qu’en la ville de Saint-Sever, on a<br />

coutume de faire courir un taureau le jour<br />

de la Saint Jean-Baptiste.Ceci est encore<br />

pratiqué à Pampelune avec son Encierro,<br />

et en Camargue avec son Abrivado.<br />

De ces pratiques ancestrales, pulsions<br />

<strong>du</strong> jeu et de la provocation, est née en<br />

Gascogne une tradition de jeux taurins<br />

tout à fait originale et distincte de la tauromachie<br />

espagnole :la course landaise.<br />

Dès la fin <strong>du</strong> XVI e siècle,les jeux taurins<br />

sont largement implantés sur le territoire<br />

landais.Ils s’inscrivent dans une tradition<br />

festive où se mêlent acteurs et spectateurs.<br />

La première forme de tauromachie n’a ni<br />

espace,ni temps propre,elle se contente<br />

d’investir la rue.Les jeunes gens détournent<br />

l’attention des bêtes menées par<br />

le boucher en direction de l’abattoir.Les<br />

premiers espaces clos apparaissent en<br />

barrant certaines rues <strong>du</strong> village de manière<br />

à ce que tous ceux qui le souhaitent<br />

puissent se mesurer au taureau.<br />

La tauromachie a trouvé son premier site,<br />

il est déjà convivial.<br />

XVII e SIÈCLE,<br />

LES LANDAIS FONT<br />

DE LA RÉSISTANCE<br />

Les conciles,bulles papales et autres anathèmes<br />

n’y pourront rien,l’évêque Gilles<br />

Bouteau essaiera vainement d’interdire,<br />

sous peine d’excommunication, les<br />

courses et agitation de taureaux les dimanches<br />

et jours de fêtes.<br />

Il devra battre en retraite devant les taureaux<br />

lâchés par quelques impies qui<br />

chargent vers l’Autel après avoir défoncé<br />

les portes de l’Eglise.<br />

Son successeur Jean-Louis de Fromentière<br />

regrettera tout aussi vainement ce<br />

reste de paganisme, d’autant plus difficile<br />

à détruire que les peuples sont<br />

indociles.<br />

AFP<br />

Trois catégories de compétitions<br />

● La course landaise concours, ou concours landais où les meilleurs écarteurs<br />

et sauteurs affrontent les vaches de différentes ganaderias.<br />

● La course landaise formelle, compétition par équipe opposant plusieurs<br />

quadrilla.<br />

● La course landaise mixte où une compétition amicale précède un spectacle<br />

de jeu taurin.<br />

Avec le titre de Champion de France, le titre le plus convoité est “l’Escalot”<br />

qui récompense les toreros les plus brillants et les plus réguliers.<br />

L’Escalot correspond au classement des compétiteurs, écarteurs et<br />

sauteurs, de même que “l’ATP” en tennis.<br />

LÉGITIMITÉ ROYALE<br />

EN ESPACE CLOS<br />

Dès 1648,le Sud-Ouest se passionne pour<br />

les jeux taurins.<br />

Au XVIII e siècle,la tauromachie va s’adapter<br />

aux exigences de l’époque. On ne<br />

peut plus tolérer les accidents, souvent<br />

mortels, des spectateurs.<br />

Un secrétaire d’Etat en est particulièrement<br />

choqué:« Si ces courses se faisaient<br />

hors des villes ou dans des quartiers qui<br />

leur fussent affectés, je ne verrai nulle<br />

nécessité de les défendre parce qu’en<br />

supposant des accidents, il ne pourrait<br />

jamais tomber que sur ceux qui s’y<br />

exposeraient. Mais en les faisant indistinctement<br />

dans toutes les rues, il peut<br />

en résulter des malheurs. » Une ordonnance<br />

royale de Louis XV en date <strong>du</strong><br />

16 février 1757, autorise les courses de<br />

taureaux, à condition qu’elles aient lieu<br />

MÉDECINS DU SPORT 10 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Les qualités <strong>du</strong> gymnaste<br />

doivent s’exprimer sur un<br />

terrain non idéal.<br />

en dehors des agglomérations,en des endroits<br />

clos par des barrières et sous réserve<br />

de l’autorisation municipale.<br />

La tauromachie landaise se découvre un<br />

espace en même temps qu’elle obtient<br />

la légitimité royale,puis connaît un essor<br />

considérable.<br />

NAISSANCE D’UN SPORT<br />

SPECTACLE<br />

Au XX e siècle, la course landaise s’humanise<br />

et perd une partie de sa cruauté<br />

initiale:“L’emboulage”des cornes et l’apparition<br />

de la corde sont destinés à éviter<br />

les traumatismes sanglants tout en<br />

permettant un déroulement plus rapide<br />

<strong>du</strong> spectacle.<br />

L’écarteur landais perd son statut d’errant,<br />

ce frondeur marginal qui vivait,<br />

jusque-là, au rythme de ses libations


Dr Ducamp<br />

légendaires devient un quasi professionnel<br />

comme tous les <strong>sport</strong>ifs.<br />

La course landaise est désormais un spectacle<br />

au sens moderne <strong>du</strong> terme.<br />

La batte, qui était un acteur essentiel <strong>du</strong><br />

drame,est désormais un outil qui permet<br />

aux hommes de briller et de se mesurer<br />

les uns aux autres.<br />

L’enjeu <strong>du</strong> combat s’est déplacé,la lutte<br />

entre un homme et un animal, qui tournait<br />

souvent à l’avantage de la bête, est<br />

devenu une compétition entre participants.Un<br />

<strong>sport</strong> de haut niveau hautement<br />

traumatique.<br />

L’institutionnalisation de la course landaise<br />

en tant que <strong>sport</strong> est finalement<br />

très récente,avec la création de challenge<br />

en 1952 et de la Fédération française de<br />

la course landaise (FFCL) en 19<strong>53</strong>,<br />

nantie de ses deux comités régionaux<br />

(Armagnac et Landes-Béarn).<br />

La FFCL possède son règlement technique,<br />

son calendrier de compétitions et son corps<br />

arbitral. Le déroulement de la course et<br />

l’ordre de sortie des toreros et des vaches<br />

obéissent à des règles différentes selon<br />

la catégorie de compétition.<br />

Chaque écarteur effectue,en général,une<br />

à dix figures par vache devant six à dix<br />

vaches différentes. Le jury juge la gestuelle,l’attaque,le<br />

dessin et la finition de<br />

la figure. Il bonifie l’écart intérieur. Le<br />

comportement <strong>du</strong> bétail est également<br />

noté.<br />

La totalisation des points est annoncée à<br />

chaque sortie.Il n’y a pas de mise à mort,<br />

mais au contraire, une sélection rigoureuse<br />

<strong>du</strong> bétail.<br />

DEUX ACTEURS<br />

PRINCIPAUX<br />

Le sauteur<br />

Le sauteur est le <strong>sport</strong>if le plus apprécié<br />

des néophytes.Véritable gymnaste de<br />

haut niveau de formation,il effectue sur<br />

le sable des arènes des figures acrobatiques<br />

au-dessus de vaches et/ou taureaux<br />

de 300 à 500 kg, lancés à une vitesse de<br />

30 à 45 km/h.<br />

Il réalise des sauts à la course, des sauts<br />

de l’ange,des sauts périlleux,des sauts périlleux<br />

vrillés et des sauts à pieds joints avec,<br />

pour corser la difficulté,les jambes liées et<br />

les pieds emprisonnés dans un béret.<br />

L’écarteur<br />

Le personnage le plus important de<br />

l’arène est l’écarteur. Il effectue trois figures<br />

principales :<br />

- l’écart sur la feinte,<br />

- l’écart sur le saut extérieur protégé par<br />

la corde,<br />

- l’écart sur le saut intérieur, très difficile<br />

et plus coté,non protégé par la corde.<br />

L’écarteur,immobile au centre de l’arène,<br />

attend de pieds fermes la charge de la<br />

Le rachis en hypertension<br />

sur ce traumatisme est<br />

rarement sans séquelles.<br />

vache ou <strong>du</strong> taureau ; puis, par un jeu<br />

de jambes très avisé,évite la charge de la<br />

bête et le coup de corne,jadis meurtrier,<br />

en faisant passer cette dernière le plus<br />

près possible dans la cambrure des reins,<br />

en réalisant un pivot sur une jambe.<br />

UN SPORT<br />

TRÈS TRAUMATIQUE<br />

MÉDECINS DU SPORT 11 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Outre le courage formidable qui caractérise<br />

l’écarteur et le sauteur landais pour<br />

affronter sans protection un animal de<br />

combat, c’est la rudesse des chocs et les<br />

traumatismes, qui font de ce <strong>sport</strong> peutêtre<br />

le <strong>sport</strong> le plus traumatique au monde.<br />

La course landaise est un <strong>sport</strong> complet<br />

aux microtraumatismes variés et aux traumatismes<br />

dignes de l’accidentologie routière.<br />

Le niveau des compétitions et des compétiteurs<br />

ne définit pas une catégorie particulière<br />

de traumatismes ; toutes les<br />

parties <strong>du</strong> corps sont atteintes avec prépondérance<br />

pour le thorax,les membres<br />

supérieurs et les membres inférieurs.<br />

Chez l’écarteur, les traumatismes les<br />

plus fréquents sont :<br />

● des traumatismes par chocs directs à<br />

grandes vitesses (fractures des membres,<br />

luxations articulaires,fractures de côtes,<br />

épineuses, vertébrales, hémo-pneumothorax)<br />

;<br />

Les grands rendez-vous<br />

de la course landaise<br />

● Avril<br />

Le festival Art et Courage Landais se déroule<br />

chaque année le dernier week-end d’avril<br />

● Juin<br />

Concours landais à Aire/Adour<br />

● Juillet<br />

Le 14 juillet célèbre la Corne d’or à Nogaro<br />

● Août<br />

Concours Landais de la Féria de la Madeleine<br />

(Arène <strong>du</strong> Plumaçon à Mont de Marsan)<br />

● Octobre<br />

Les concours Landais de la féria de Dax ont lieu<br />

le 1er week-end d’octobre. C’est l’occasion pour<br />

les toreros de concourir pour les Championnats<br />

de France (à Nogaro le 6 octobre 2002)<br />

Evénement: Championnat de France de course landaise


Evénement: Championnat de France de course landaise<br />

Evénement: Championnat de France de course landaise<br />

Petit lexique taurin<br />

Arènes<br />

Longueur et largeur : 40 m/30 m, enceinte fermée, terrain de jeu.<br />

Cazérienne<br />

Hymne de la course landaise joué à chaque passée.<br />

Corde et têtière<br />

Matériel permettant le placement rapide <strong>du</strong> bétail.<br />

Cordier<br />

“Ange gardien” de l’arène détournant la corne meurtrière.<br />

Coursière<br />

Vache de combat sélectionnée d’origine espagnole ou portugaise.<br />

Ecarteur<br />

Torero porteur <strong>du</strong> boléro (habit de lumière).<br />

Entraîneur<br />

Raseteur à la poigne d’acier replaçant le bétail en bout de piste après<br />

chaque écart.<br />

Ganaderias et cuadrillas<br />

Chaque troupeau est appelé ganaderia à laquelle est rattachée, pour<br />

une <strong>du</strong>rée d’un an, une équipe (cuadrilla) de licenciés.<br />

En course formelle, une cuadrilla est composée de 6 à 7 écarteurs,<br />

de 1 ou 2 sauteurs, de 2 entraîneurs et d’un cordier.<br />

5 cuadrillas sont engagées dans la compétition collective appelée chalenge,<br />

et chaque homme est également pointé indivi<strong>du</strong>ellement dans<br />

l’Escalot.<br />

Gitouns<br />

Protections contre les brûlures des mains et doigts <strong>du</strong> cordier.<br />

Paséo<br />

Défilé des toreros au début et à la fin de la course.<br />

Pitrangle<br />

Présidence technique, tribune officielle.<br />

Sauteur<br />

Torero réalisant des figures acrobatiques au-dessus des vaches et<br />

taureaux.<br />

Talenquère<br />

Refuge interne à la piste.<br />

● des traumatismes par chocs directs par<br />

projections ;<br />

● des traumatismes par chocs directs par<br />

écrasement (impact de la corne protégée<br />

sur la masse musculaire,piétinement<br />

par les sabots de l’animal).<br />

Chez le sauteur, les traumatismes les<br />

plus fréquents sont des traumatismes par<br />

chocs directs dans l’espace pendant la réalisation<br />

de la figure,surtout au niveau de la<br />

partie céphalique,et au niveau des membres<br />

inférieurs (chevilles,genoux) au moment<br />

de l’impulsion et de la réception des sauts.<br />

Mais nous rencontrons tout autre<br />

type de pathologies traumatiques :<br />

● plaies de lacération de la paume de la<br />

main par brûlures et cisaillement de la<br />

corde chez le cordier ;<br />

● traumatismes oculaires par projection<br />

de corps étrangers (cailloux, sable des<br />

arènes) ;<br />

● perforations musculaires et viscérales<br />

par encornage ;<br />

● pathologies vasculaires par encornage<br />

(rares) ;<br />

● beaucoup plus spécifiques à ce <strong>sport</strong>,<br />

les hématomes des fessiers et des loges<br />

externes de cuisses par décollement cisaillement<br />

des plans musculaires et cutanés<br />

les uns sur les autres par répétitions<br />

des frottements <strong>du</strong> corps de la vache à<br />

chaque passage.<br />

Plus que des microtraumatismes,ce sont<br />

souvent des pathologies hautement traumatiques<br />

et négligées qui deviennent<br />

dégénératives.<br />

On retrouve le plus souvent des DIM<br />

MÉDECINS DU SPORT 12 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Dr Ducamp<br />

cervico-dorso-lombaires, puis des lombarthroses,des<br />

discarthroses évoluées et<br />

ostéophytoses exubérantes étagées par<br />

multiplication des chocs en position cambrée<br />

favorisant des extensions extrêmes<br />

<strong>du</strong> rachis dorso-lombaire et des pathologies<br />

interapohysaires postérieures.<br />

Les chocs répétés des sabots de l’animal<br />

à chaque passage contre les malléoles<br />

externes des chevilles favorisent les<br />

arthroses,ostéochondroses articulaires,<br />

de même qu’au niveau des poig<strong>net</strong>s par<br />

impactions à chaque retombée de saut<br />

de l’ange chez le sauteur.<br />

Le médecin de terrain devra être un traumatologue<br />

aguerri et un urgentiste avisé.<br />

Les traumatismes crâniens avec coma ne<br />

sont pas rares. Il devra surtout être un<br />

fin psychologue pour se faire écouter et<br />

approcher ces <strong>sport</strong>ifs hors <strong>du</strong> commun,<br />

derniers véritables “gladiateurs” des<br />

temps modernes. ■<br />

Dr Philippe Ducamp<br />

Pour en savoir plus<br />

Fédération Française<br />

de Course Landaise (FFCL)<br />

BP 201<br />

40 282 St-Pierre <strong>du</strong> Mont Cédex<br />

Tél. : 05 58 46 50 89<br />

Fax : 05 58 06 17 45<br />

Site Inter<strong>net</strong> :<br />

www.courselandaise.org<br />

Malgré la corde<br />

protectrice, les accidents<br />

par chocs divers sont<br />

fréquents.


DOSSIER ><br />

Cardiologie<br />

et <strong>sport</strong><br />

1 re partie<br />

Les urgences cardiologiques<br />

sur le terrain de <strong>sport</strong><br />

La pratique <strong>sport</strong>ive<br />

régulière et modérée<br />

s’accompagne de nombreux<br />

effets bénéfiques, en<br />

particulier sur le plan<br />

cardiovasculaire. Cependant,<br />

elle peut aussi être<br />

à l’origine d’accidents<br />

cardiovasculaires inauguraux<br />

sur le terrain de <strong>sport</strong>.<br />

Le médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong> doit<br />

connaître ces risques et le<br />

rôle qu’il doit jouer, tant sur<br />

le plan curatif que préventif.<br />

* SERVICE EXPLORATIONS FONCTIONNELLES,<br />

UNITÉ DE BIOLOGIE ET MÉDECINE DU SPORT,<br />

CHU PONTCHAILLOU, RENNES.<br />

Intro<strong>du</strong>ction Page 14<br />

Le stress de<br />

l’exercice musculaire<br />

aigu Page 14<br />

● A - Trouble hémodynamique<br />

● B - Insuffisance coronaire<br />

● C - Arythmies cardiaques<br />

La mort subite Page 15<br />

● A - Incidence au cours des activités<br />

physiques<br />

● B - Les <strong>sport</strong>s à “risque”<br />

● C - La population à risque<br />

Les traumatismes<br />

cardiaques Page 16<br />

● A - Etiologie<br />

● B - Physiopathologie<br />

MÉDECINS DU SPORT 13 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Cardiologie et <strong>sport</strong> - 1 re partie<br />

Mots clés<br />

Cœur<br />

Accident<br />

cardiovasculaire<br />

Infarctus<br />

Syncopes<br />

Mort subite<br />

Réanimation<br />

PR FRANÇOIS CARRÉ*<br />

Sommaire<br />

L’infarctus<br />

<strong>du</strong> myocarde Page 16<br />

● A - Etiologie<br />

● B - Facteurs favorisants<br />

Les “syncopes” Page 17<br />

● A - Etiologie<br />

● B - Importance de l’interrogatoire<br />

● C - Cardiopathie avec foyer arythmogène<br />

● D - Les <strong>sport</strong>s concernés<br />

Con<strong>du</strong>ite à tenir<br />

sur le terrain Page 18<br />

● A - Tableau clinique<br />

● B - Manœuvres de réanimation<br />

● C - Con<strong>du</strong>ite préventive<br />

Conclusion Page 21<br />

Bibliographie Page 21<br />

A paraître dans<br />

le prochain numéro :<br />

2 e partie<br />

Les effets cardiologiques<br />

<strong>du</strong> dopage


Cardiologie et <strong>sport</strong> - 1 re partie<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Pour le système cardiovasculaire,<br />

l’exercice musculaire aigu in<strong>du</strong>it un<br />

stress :<br />

● direct par la majoration de la consommation<br />

myocardique d’oxygène et par<br />

les perturbations pariétales vasculaires<br />

qu’il impose,<br />

● et indirect par les perturbations homéostasiques<br />

générales (hydroélectrolytiques,<br />

nerveuses et humorales) qui l’accompagnent.<br />

Ainsi, lors d’un exercice d’intensité maximale,<br />

le débit cardiaque est quintuplé alors<br />

que la pression artérielle systolique est doublée.<br />

Ce surcroît de travail multiplie par 10<br />

la consommation d’oxygène <strong>du</strong> cœur !<br />

L’apport d’oxygène se fera essentiellement<br />

par la vasodilatation coronaire, on voit<br />

donc le rôle central de l’intégrité de ce système<br />

artériel. D’autant plus que les<br />

contraintes mécaniques sur les parois vasculaires<br />

secondaires à l’augmentation de<br />

la fréquence cardiaque et <strong>du</strong> débit sanguin<br />

sont <strong>net</strong>tement majorées.<br />

Enfin, le système cardiovasculaire est soumis<br />

à des perturbations neuro-humorales<br />

avec levée <strong>du</strong> frein parasympathique,<br />

augmentation <strong>du</strong> tonus sympathique,<br />

des catécholamines, de l’angiotensine,<br />

des substances endothéliales et des radicaux<br />

libres, et à des perturbations hydroélectrolytiques<br />

avec déshydratation,<br />

élévation de la kaliémie, et acidose métabolique<br />

par augmentation de l’acide lactique<br />

et des protons circulants (4).<br />

Il est donc évident qu’un système cardiovasculaire<br />

défaillant tolérera mal la réa-<br />

< DOSSIER ><br />

Le système cardiovasculaire, au même titre que les systèmes<br />

pulmonaire, musculaire et ostéo-articulaire, joue un rôle<br />

important dans les adaptations au stress que l’exercice physique<br />

représente pour l’organisme. Aujourd’hui, il est bien reconnu<br />

que la pratique d’une activité physique régulière et modérée est<br />

bénéfique pour l’organisme et en particulier pour le système<br />

cardiovasculaire (1). Cependant, il est aussi vrai que la pratique<br />

intense d’un <strong>sport</strong> peut être à l’origine d’accidents cardiaques<br />

graves par le pronostic vital mis en jeu, en particulier chez un<br />

“cardiaque” méconnu (2, 3).<br />

Le stress de l’exercice<br />

musculaire aigu<br />

lisation d’un exercice aigu qui pourra<br />

alors être le révélateur d’une pathologie<br />

cardiaque méconnue. L’accident pourra<br />

être dû à une altération hémodynamique,<br />

une insuffisance coronaire aiguë<br />

et/ou à la survenue d’arythmies cardiaques.<br />

■A - Trouble<br />

hémodynamique<br />

Un trouble hémodynamique peut entraîner<br />

une syncope pendant l’effort. Celleci<br />

peut survenir en cas d’obstacle sur la<br />

chambre de chasse d’un ventricule: rétrécissement<br />

aortique ou pulmonaire, cardiomyopathie<br />

hypertrophique obstructive<br />

ou en cas de troubles <strong>du</strong> rythme.<br />

■B - Insuffisance<br />

coronaire<br />

Un exercice physique peut provoquer,<br />

sur des artères coronaires altérées, une<br />

insuffisance coronaire aiguë par différents<br />

mécanismes. L’intensité de l’effort pourra<br />

être à l’origine d’une inadéquation entre<br />

les besoins et les apports en oxygène<br />

chez un coronarien méconnu, ce qui<br />

peut se tra<strong>du</strong>ire par une douleur angineuse.<br />

L’augmentation des contraintes<br />

mécaniques intra- et extra-vasculaires<br />

pourra favoriser une rupture ou la majoration<br />

d’une fissure au sein d’une plaque<br />

d’athérome. Ces accidents pouvant<br />

secondairement se compliquer d’une<br />

vasoconstriction endothéliale (“spasme”)<br />

et de la formation d’un thrombus favorisé<br />

par l’hyperagrégabilité plaquettaire<br />

et la déshydratation. S’il est occlusif, le<br />

MÉDECINS DU SPORT 14 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

thrombus sera à l’origine d’un infarctus<br />

<strong>du</strong> myocarde, voire d’une mort subite,<br />

un thrombus non occlusif aggravera<br />

silencieusement la maladie coronaire ou<br />

sera à l’origine d’un angor instable.<br />

■C - Arythmies<br />

cardiaques<br />

La physiopathologie des arythmies cardiaques<br />

liées à l’exercice est complexe et<br />

pluri-factorielle. De manière générale, l’apparition<br />

et la pérennisation d’une arythmie<br />

cardiaque réclament la survenue d’un<br />

facteur déclenchant (extrasystole par<br />

exemple) sur un foyer arythmogène préexistant<br />

(foyer de fibrose comme la cicatrice<br />

d’un infarctus, d’un foyer infectieux…)<br />

et la présence d’un environnement “favorable”<br />

(modifications électrolytiques et/ou<br />

neuro-hormonales). Les perturbations<br />

décrites précédemment créent une instabilité<br />

électrophysiologique qui peut favoriser<br />

le déclenchement et l’entretien d’un<br />

trouble <strong>du</strong> rythme pendant l’effort ou lors<br />

de la récupération précoce, surtout en<br />

présence d’un foyer arythmogène. Celuici<br />

peut être anatomique (maladie arythmogène<br />

<strong>du</strong> ventricule droit par exemple),<br />

électrophysiologique (syndrome <strong>du</strong> QT<br />

long) ou fonctionnel, en cas d’altération<br />

de la vasodilatation coronaire (hypertrophie<br />

ventriculaire gauche pathologique,<br />

insuffisance coronaire…). La découverte<br />

d’une arythmie à l’effort chez un <strong>sport</strong>if<br />

doit faire rechercher l’existence d’un foyer<br />

arythmogène classique: coronaropathie,<br />

valvulopathie, cardiopathie arythmogène,<br />

myocardite.


la première des urgences<br />

cardiologiques <strong>du</strong> terrain de<br />

C’est<br />

<strong>sport</strong>. Globalement, une cause<br />

cardiovasculaire est objectivée dans plus<br />

de 90 % des cas de mort subite (Tab. I).<br />

■A - Incidence au cours<br />

des activités<br />

physiques<br />

L’incidence exacte de la mort subite est<br />

difficile à chiffrer et sûrement sous-estimée.<br />

Elle est globalement voisine de<br />

1 pour 50000 pratiquants (5), mais varie<br />

en fonction de l’âge, <strong>du</strong> sexe et <strong>du</strong><br />

niveau d’entraînement. Avant 35 ans, on<br />

s’accorde sur une fréquence de l’ordre<br />

de 1 pour 100 000 pratiquants (respectivement<br />

0,75 et 0,13 pour 100000 <strong>sport</strong>ifs<br />

masculins et féminins).<br />

Chez les <strong>sport</strong>ifs de compétition, elle serait<br />

voisine de 1/200 000 (6). En France, le<br />

nombre annuel de morts subites est compris<br />

entre 1 500 et 4 500, dont moins de<br />

50 cas par an avant 35 ans (7).<br />

■B - Les <strong>sport</strong>s<br />

à “risque”<br />

Il n’y a pas réellement de <strong>sport</strong> “à risque”<br />

(5, 7). Trois facteurs jouent un rôle favorisant:<br />

● l’intensité, plus que la <strong>du</strong>rée, de l’effort;<br />

ainsi quel que soit l’âge le risque de survenue<br />

d’une mort subite sur une cardiopathie<br />

méconnue est majoré par la<br />

pratique de la compétition ;<br />

● le niveau d’entraînement ; la réalisation<br />

d’un exercice soutenu multiplie par<br />

56 le risque de mort subite chez le sédentaire<br />

et “seulement” par 5 chez le sujet<br />

entraîné (2) ; de même, après 35 ans la<br />

fréquence des morts subites chez les<br />

Tableau I: causes des morts subites lors<br />

de la pratique d’une activité <strong>sport</strong>ive.<br />

(Amérique <strong>du</strong> Nord, 1975-1984, n = 252) (6)<br />

Affection en cause Pourcentage<br />

Coronaropathie acquise 60,0<br />

Autre cardiopathie 22,6<br />

Accident vasculaire cérébral 6,7<br />

Autre cause 3,2<br />

Cause inconnue 7,5<br />

< DOSSIER ><br />

La mort subite<br />

“joggers” (1/15 000) est plus élevée que<br />

chez les “marathoniens” (1/50 000) ;<br />

● enfin l’environnement, et en particulier<br />

les conditions thermiques et l’altitude.<br />

■C - La population<br />

à risque<br />

La population touchée est surtout masculine<br />

(Tab. II) avec un âge charnière<br />

de 35 ans (45 ans chez les femmes) tant<br />

en ce qui concerne l’incidence que les<br />

causes des morts subites.<br />

Après 35 ans, c’est la maladie coronaire<br />

qui est la cause de la mort subite. Le rôle<br />

de la prévention dans cette tranche d’âge<br />

est donc majeur.<br />

MÉDECINS DU SPORT 15 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Cardiologie et <strong>sport</strong> - 1 re partie<br />

Avant 35 ans, les causes sont plus<br />

diverses (Tab. II). Les cardiopathies hypertrophiques<br />

prédominent, mais la fréquence<br />

de la maladie arythmogène <strong>du</strong><br />

ventricule droit et des myocardites infectieuses<br />

ne doit pas être sous-estimée (5,<br />

6, 8). Les anomalies de naissance des<br />

coronaires aussi sont souvent en cause<br />

(5, 8). A cet âge aussi le niveau d’entraînement<br />

intervient, comme en<br />

témoigne l’incidence plus élevée de la<br />

maladie coronaire dans la mort subite<br />

des jeunes survenant en dehors <strong>du</strong><br />

<strong>sport</strong> (8). Les <strong>sport</strong>ifs d’origine afro-américaine<br />

sont plus exposés au risque de<br />

mort subite, en particulier par cardiomyopathie<br />

hypertrophique (6). Il est<br />

important de noter que, dans cette<br />

tranche d’âge, il n’est pas mis en<br />

évidence de mort subite en relation<br />

avec une hypertension artérielle.<br />

Ainsi, bien que souvent amplifiée<br />

par les médias, la mort subite <strong>du</strong> jeune<br />

athlète, vu son caractère exceptionnel,<br />

ne représente pas un réel problème de<br />

santé publique. Ceci n’exclut pas,<br />

comme nous le reverrons, la nécessité<br />

d’une approche préventive la plus efficace<br />

possible. En effet, dans plus de la<br />

moitié des cas rapportés, des symptômes,<br />

cachés ou négligés, ont précédé<br />

l’épisode fatal.<br />

Tableau II: comparaison des causes de morts subites liées ou<br />

non à l’exercice dans une population de sujets jeunes < 35 ans.<br />

Affection en cause Athlète (6) Non athlète (9)<br />

% (n = 134) % (n = 34)<br />

Cardiomyopathie hypertrophique 46 24<br />

Anomalie congénitale des coronaires 23 12<br />

Myocardite 6 6<br />

Dissection aortique 5 0<br />

Rétrécissement aortique 4 0<br />

Maladie arythmogène <strong>du</strong> VD 3 3<br />

Cardiomyopathie non obstructive 3* 0*<br />

Hypertrophie VG idiopathique 0* 9*<br />

Prolapsus mitral 2 0<br />

Autres cardiopathies 6 3<br />

Inconnue 2 18<br />

* La distinction entre ces deux causes est difficile à la lecture de ces deux études.<br />

Tableau modifié d’après Williams RA in : “Sudden cardiac death in the athlète”. Este, Salem,<br />

Wang (eds) Armonk NY 1998 ; pp 205-220.


Cardiologie et <strong>sport</strong> - 1 re partie<br />

< DOSSIER ><br />

Les traumatismes cardiaques<br />

Les accidents cardiaques par lésions<br />

traumatiques comme les contusions<br />

myocardiques, les lésions vasculaires<br />

(dissection aortique ou coronaire) ou valvulaires,<br />

ne se distinguent guère des<br />

autres causes traumatiques comme les<br />

accidents de la voie publique.<br />

Bien différent est le “commotio cordis”.<br />

Cet accident, heureusement rare, est dramatique<br />

car il entraîne, le plus souvent,<br />

une mort instantanée (9).<br />

■A - Etiologie<br />

Il est secondaire à un impact thoracique,<br />

pas obligatoirement violent par un projectile<br />

(balle de base-ball ou de soft-ball,<br />

palet de hockey…) ou un coup (<strong>sport</strong> de<br />

combat). L’âge des victimes est, le plus<br />

souvent, très jeune (4 à 18 ans), ce qui<br />

pourrait s’expliquer par une grande déformabilité<br />

thoracique avec transmission complète<br />

de l’énergie de l’impact au myocarde.<br />

Les techniques classiques de réanimation,<br />

lorsqu’elles peuvent être mises en œuvre,<br />

restent souvent inefficaces.<br />

■B - Physiopathologie<br />

La physiopathologie de cet accident<br />

Une activité physique, surtout si<br />

elle est d’intensité inhabituelle,<br />

peut favoriser la survenue d’un<br />

accident coronarien (7). En France,<br />

annuellement 5000 à 6000 patients font<br />

un infarctus <strong>du</strong> myocarde au cours ou<br />

au décours d’une activité <strong>sport</strong>ive (10).<br />

■A - Etiologie<br />

Ces accidents coronariens au cours <strong>du</strong><br />

<strong>sport</strong> concernent des hommes relativement<br />

jeunes (âge voisin de 50 ans). S’ils<br />

sont souvent inauguraux, il faut noter<br />

que dans plus de 30 % des cas l’existence<br />

de prodromes négligés est retrouvée. Le<br />

reste mal expliquée et aujourd’hui trois<br />

hypothèses sont proposées. La survenue<br />

de l’impact thoracique lors de la<br />

période de vulnérabilité <strong>du</strong> cycle cardiaque<br />

(sommet de l’onde T) déclencherait<br />

une fibrillation ventriculaire sans<br />

lésion thoracique ou cardiaque indivi<strong>du</strong>alisable.<br />

Un spasme coronarien<br />

“traumatique” ou une hémorragie myo-<br />

plus souvent, le <strong>sport</strong>if est un coronarien<br />

“classique” méconnu, dont le facteur de<br />

risque principal est le tabagisme, et pour<br />

MÉDECINS DU SPORT 16 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

cardique minime pourraient aussi être<br />

en cause (9).<br />

Ce risque d’accident pousse à conseiller le<br />

port d’équipements adéquats de protection<br />

thoracique dans les <strong>sport</strong>s à risque d’impact<br />

thoracique surtout par des projectiles de<br />

taille minime ou moyenne.<br />

L’infarctus <strong>du</strong> myocarde<br />

qui l’exercice physique a favorisé la rupture<br />

d’une plaque d’athérome secondairement<br />

compliquée par une thrombose.<br />

Des anomalies anatomiques comme un<br />

pont intra-myocardique ou une anomalie<br />

congénitale de naissance des coronaires<br />

sont plus rarement en cause.<br />

■B - Facteurs<br />

favorisants<br />

Des facteurs favorisants ce type d’accident<br />

méritent d’être connus, comme l’association<br />

exercice et tabac après l’effort,<br />

et la pratique <strong>sport</strong>ive dans des conditions<br />

de températures extrêmes.


Définie comme une perte brutale<br />

de conscience et <strong>du</strong> tonus postural<br />

avec une récupération spontanée<br />

rapide et complète, la vraie<br />

syncope et ses équivalents mineurs, à<br />

type de “malaises” souvent mal étiquetés,<br />

représentent les urgences cardiologiques<br />

de terrain les plus fréquentes.<br />

■A - Etiologie<br />

Les syncopes sont liées, le plus souvent, à<br />

une baisse brutale <strong>du</strong> débit sanguin cérébral.<br />

Plus rarement, elles sont secondaires<br />

à une hypoglycémie (diabétique), une épilepsie<br />

ou une hypoxie cérébrale (maladie<br />

cardiopulmonaire). Dans une population<br />

standard, c’est une cause fréquente de<br />

consultation aux urgences et une étiologie<br />

cardiovasculaire ou neurologique est rarement<br />

retrouvée (21 % des cas chez les<br />

hommes et 12 % chez les femmes).<br />

En l’absence de pathologie cardiovasculaire<br />

sous-jacente, le pronostic de ces syncopes<br />

chez le <strong>sport</strong>if est globalement bon. Le bilan<br />

médical post-accident s’attachera donc à<br />

“détecter” les patients à “haut risque”.<br />

■B - Importance<br />

de l’interrogatoire<br />

Les interrogatoires <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if et de son entourage<br />

devront préciser les circonstances de<br />

survenue de l’incident et les signes ressentis<br />

et/ou observés. Il est absolument essentiel<br />

de savoir si le malaise est arrivé pendant, à<br />

l’arrêt ou après l’effort.<br />

Sa survenue pendant l’effort, dont<br />

l’intensité sera précisée, évoque d’emblée<br />

< DOSSIER ><br />

Les “syncopes”<br />

une obstruction sur une des chambres<br />

de chasse ventriculaires ou un trouble <strong>du</strong><br />

rythme (Fig. 1). Une défaillance de la<br />

pompe cardiaque ou un accident ischémique<br />

transitoire sont plus rarement en<br />

cause sur le terrain de <strong>sport</strong>.<br />

Sa survenue lors d’une baisse d’intensité<br />

de l’exercice (descente suivant une côte en<br />

vélo par exemple) évoque une cause arythmique<br />

d’origine “vagale” le plus souvent.<br />

Enfin, sa survenue à l’arrêt de l’effort<br />

et surtout après l’arrêt de l’effort est<br />

évocatrice d’un malaise vagal. Il est alors<br />

le plus souvent précédé de prodromes<br />

qui laissent au <strong>sport</strong>if le temps de s’asseoir.<br />

Chez des athlètes hyper-en<strong>du</strong>rants,<br />

une intolérance prononcée à l’orthosta-<br />

MÉDECINS DU SPORT 17 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Cardiologie et <strong>sport</strong> - 1 re partie<br />

tisme peut être rencontrée, il faudra leur<br />

conseiller d’éviter l’arrêt brutal lors de<br />

toute pratique <strong>sport</strong>ive (en particulier aux<br />

ravitaillements).<br />

Les caractéristiques <strong>du</strong> rythme cardiaque,<br />

rapide ou lent, régulier ou irrégulier, sont très<br />

utiles au diagnostic de même que la description<br />

de signes associés tels qu’une pâleur,<br />

des sueurs, une douleur ou des palpitations.<br />

Si une cause simple comme une tachycardie,<br />

une bradycardie ou un malaise<br />

vagal sont faciles à établir, le plus souvent<br />

le diagnostic étiologique précis sera fait<br />

a posteriori. Il réclamera un bilan cardiologique<br />

orienté par la symptomatologie,<br />

mais qui comprendra au moins un ECG<br />

et un échocardiogramme transthoracique<br />

de repos puis un ECG d’effort.<br />

Figure 1: épisode de tachycardie ventriculaire chez un jeune cycliste. ECG de repos (en haut) et<br />

d’effort (en bas) enregistrés avec un Holter rythmique. Noter sur l’ECG de repos la grande<br />

bradycardie (FC = 30 bpm avec intervalle RR > 1700 msec). Lors de l’effort, survenue d’une<br />

tachycardie ventriculaire (entre les flèches, FC = 220 bpm) qui cède spontanément.


Cardiologie et <strong>sport</strong> - 1 re partie<br />

■C - Cardiopathie avec<br />

foyer arythmogène<br />

Une crise de tachycardie à l’effort peut<br />

être d’origine supraventriculaire ou ventriculaire.<br />

Elle peut être <strong>du</strong>e à une cardiopathie<br />

avec foyer arythmogène<br />

anatomique comme une maladie coronaire,<br />

une cardiomyopathie hypertrophique,<br />

une maladie arythmogène <strong>du</strong><br />

ventricule droit, une cardiopathie congénitale,<br />

voire une myocardite. Le prolapsus<br />

valvulaire mitral est sûrement moins<br />

souvent en cause que certaines études<br />

anciennes ne l’ont laissé croire (11).<br />

Il peut aussi s’agir d’un foyer arythmogène<br />

électrophysiologique comme un<br />

syndrome de de Wolff-Parkinson-White<br />

ou un syndrome <strong>du</strong> QT long. Enfin, une<br />

tachycardie catécholergique “idiopathique”<br />

peut être en cause, elle se voit<br />

surtout chez l’enfant ou l’adolescent et<br />

est bien repro<strong>du</strong>ctible par l’épreuve d’effort.<br />

La prise de pro<strong>du</strong>its interdits comme<br />

la cocaïne ou les amphétamines peut<br />

aussi être à l’origine de troubles <strong>du</strong><br />

rythme graves (12).<br />

La survenue d’un accident cardiovasculaire<br />

sur le terrain de <strong>sport</strong><br />

est toujours compliquée par les<br />

modifications physiologiques liées à la<br />

pratique d’un exercice musculaire souvent<br />

intense (14, 15). L’organisme<br />

déshydraté est en dette d’oxygène avec<br />

une acidose métabolique et respiratoire.<br />

Les taux de catécholamines et de radicaux<br />

libres circulants sont élevés et le<br />

métabolisme glucidique est modifié.<br />

Toutes ces adaptations qui persistent<br />

après l’arrêt de l’effort peuvent compliquer<br />

les manœuvres de réanimation. Il<br />

faudra toujours assurer une bonne oxygénation<br />

en O 2 pur au début, une perfusion<br />

tissulaire efficace avec un<br />

remplissage vasculaire à bon débit sans<br />

apport glucidique inconsidéré (vérification<br />

de la glycémie si doute). L’apport<br />

d’emblée de bicarbonates est dangereux<br />

et celui d’adrénaline à forte dose<br />

est inutile.<br />

< DOSSIER ><br />

Une bradycardie est le plus souvent liée<br />

à un malaise vagal où le ralentissement<br />

de la fréquence cardiaque est associé à<br />

une vasodilatation avec chute tensionnelle.<br />

La survenue d’un bloc auriculo-ventriculaire<br />

d’effort est rarement en cause.<br />

■D - Particularités des<br />

<strong>sport</strong>s aquatiques<br />

La natation et la plongée sous marine,<br />

surtout en apnée, peuvent se compliquer<br />

de syncopes de différentes natures qui,<br />

vu le milieu environnant relativement hostile,<br />

sont toujours graves (13). Lors d’un<br />

plongeon, la stimulation <strong>du</strong> trijumeau<br />

peut provoquer une syncope avec asystolie<br />

cardiaque. Les personnes prédisposées<br />

aux malaises vagaux ou à<br />

l’hypotension orthostatique peuvent présenter<br />

des hypotensions lors de l’immersion.<br />

La pratique de l’apnée peut se<br />

compliquer de syncopes de physiopathologies<br />

diverses. La syncope anoxique<br />

de l’apnéiste est liée au maintien trop prolongé<br />

d’une apnée. Sa survenue est souvent<br />

favorisée par une hyperventilation<br />

■A - Tableau clinique<br />

Il faut rapidement apprécier la gravité <strong>du</strong><br />

tableau clinique. Sportif conscient, ou non,<br />

et en cas d’inconscience totale, présence<br />

de respiration et de pouls carotidien (sur<br />

10 secondes, pour ne pas méconnaître<br />

une bradycardie profonde) ou non.<br />

Si le patient est conscient, le rassurer ainsi<br />

que l’entourage et en fonction des symptômes<br />

appeler une équipe médicale spécialisée.<br />

Si le patient est inconscient, sans pouls<br />

ni respiration, l’alerte est donnée, alors que<br />

les manœuvres de réanimation cardio-pulmonaires<br />

(RCP) de base sont immédiatement<br />

débutées.<br />

■B - Manœuvres<br />

de réanimation<br />

Elles associent le bouche-à-bouche ou<br />

l’oxygénation au masque (10-12 cycles<br />

par minute) après vérification de la liberté<br />

des voies aériennes et le massage cardiaque<br />

externe (80-100 par minute) qui<br />

MÉDECINS DU SPORT 18 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

préalable à la plongée. Lors de la remontée,<br />

le plongeur peut être confronté au<br />

classique rendez-vous syncopal des derniers<br />

mètres, favorisé par le retour <strong>du</strong><br />

volume sanguin vers le bas <strong>du</strong> corps et<br />

par le déficit en oxygène intra-alvéolaire.<br />

Enfin, à la sortie de l’eau, une hypotension<br />

orthostatique parfois retardée peut<br />

survenir. L’interrogatoire précisera donc le<br />

moment exact de survenue de la syncope<br />

dans, ou hors de l’eau et dans ce cas la<br />

posture au moment <strong>du</strong> malaise. Les accidents<br />

de plongée avec scaphandre autonome<br />

ne seront pas envisagés ici.<br />

Con<strong>du</strong>ite à tenir sur le terrain<br />

sont poursuivis jusqu’à l’arrivée des<br />

secours médicalisés.<br />

Leur arrivée va permettre d’adapter les<br />

gestes de secours au diagnostic précis<br />

qui repose surtout sur le tracé ECG. Une<br />

brève interruption de la RCP pour permettre<br />

l’analyse de l’ECG et la réalisation<br />

d’un choc électrique externe (CEE) éventuel<br />

peut être nécessaire.<br />

● En cas d’asystolie, si possible vérifiée<br />

sur plusieurs dérivations ECG, le CEE est<br />

inutile. L’efficacité <strong>du</strong> coup de poing sternal<br />

peut être testée, les manœuvres de<br />

RCP doivent être poursuivies. Après mise<br />

en place d’une voie veineuse (sérum<br />

salé), l’adrénaline (1 mg en IVD ou 3 mg<br />

dans 10 ml de sérum physiologique à travers<br />

la sonde d’intubation associée à des<br />

insufflations pour nébulisation) peut être<br />

utilisée. La réapparition d’un rythme cardiaque,<br />

souvent lent, permet l’utilisation<br />

d’isoprénaline.


● Une bradycardie peut être <strong>du</strong>e à un<br />

malaise vagal dont le meilleur traitement<br />

reste la position allongée avec surélévation<br />

des membres inférieurs. L’indication<br />

de l’atropine (0,75 à 100 mg chez un<br />

a<strong>du</strong>lte en injection intraveineuse) reste<br />

rare dans cette population. Une autre<br />

cause de bradycardie est le bloc auriculoventriculaire<br />

complet qui est diagnostiqué<br />

par l’ECG. En cas d’échappement<br />

supra-ventriculaire (complexes QRS fins),<br />

l’atropine peut être utilisée. Si l’échappement<br />

est plus bas situé (ventriculaire<br />

avec des complexes QRS élargis), une<br />

perfusion de sérum glucosé à 5 % contenant<br />

5 ampoules d’isoprénaline (2 mg<br />

par ampoule) doit être utilisée. Le débit<br />

de perfusion sera réglé pour maintenir<br />

chez le patient bien oxygéné une fréquence<br />

cardiaque de 80 bpm en attendant<br />

son transfert en milieu<br />

cardiologique.<br />

● Les troubles <strong>du</strong> rythme rapides à<br />

type de tachycardie ou de fibrillation, le<br />

plus souvent ventriculaires mais parfois<br />

supraventriculaires, vont bénéficier <strong>du</strong> CEE.<br />

Si le patient est inconscient, celui-ci doit<br />

être tenté dès que le diagnostic est posé.<br />

Son intensité sera de 3 joules par kg, soit<br />

au moins 200 joules et, en cas d’échec, il<br />

sera répété en l’augmentant progressivement<br />

jusqu’à 5 joules par kg. En l’absence<br />

de perte de connaissance et de mauvaise<br />

tolérance hémodynamique, le CEE doit<br />

être toujours précédé d’une anesthésie<br />

générale (10 mg Valium IV).<br />

● Défibrillation sur le terrain<br />

La défibrillation sur les terrains de <strong>sport</strong><br />

devrait bénéficier <strong>du</strong> développement<br />

récent des défibrillateurs semi-automatiques<br />

(DSA). Ces appareils légers, donc<br />

facilement portables, de maintenance et<br />

d’entretien ré<strong>du</strong>its, comprennent des<br />

microprocesseurs d’analyse de l’ECG performants.<br />

Après analyse <strong>du</strong> rythme cardiaque<br />

et confirmation d’une tachycardie<br />

ou d’une fibrillation, une intervention<br />

manuelle reste nécessaire pour la délivrance<br />

<strong>du</strong> choc électrique. La simplicité<br />

de ces appareils rend leur utilisation possible<br />

par des non-médecins préalablement<br />

formés. Il serait cependant irréaliste,<br />

sur un plan économique, de vouloir pla-<br />

< DOSSIER ><br />

cer un DSA dans toutes les enceintes<br />

<strong>sport</strong>ives. Il semble plus raisonnable<br />

d’équiper les secours médicaux responsables<br />

de la surveillance d’une compétition<br />

<strong>sport</strong>ive et les sites à hauts risques,<br />

surtout pour le public.<br />

■C - Con<strong>du</strong>ite<br />

préventive<br />

La prévention est très importante. Il serait<br />

cependant aujourd’hui illusoire de penser<br />

qu’un dépistage standardisé et systématique<br />

des maladies cardiovasculaires<br />

chez les <strong>sport</strong>ifs permettrait d’éliminer<br />

tous les risques d’accidents sur le terrain.<br />

Tout d’abord, le médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong> devra<br />

rappeler les quelques règles préventives<br />

“cardiovasculaires” à respecter sur le terrain<br />

(Tab. III).<br />

Cette prévention repose surtout sur l’interrogatoire<br />

et l’examen physique (Tab. IV et V).<br />

MÉDECINS DU SPORT 19 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Cardiologie et <strong>sport</strong> - 1 re partie<br />

● L’interrogatoire<br />

L’interrogatoire doit être dirigé et “policier”.<br />

Il précisera les antécédents personnels<br />

et familiaux cardiovasculaires (maladie<br />

coronaire, cardiomyopathies hypertrophiques<br />

ou dilatées, maladie de Marfan,<br />

syndrome <strong>du</strong> QT long, arythmies cardiaques…)<br />

et recherchera, en particulier,<br />

l’existence d’une mort subite dans la famille<br />

avant 60 ans. Il cherchera la présence de<br />

signes fonctionnels anormaux (Tab. IV) lors<br />

de la pratique <strong>sport</strong>ive. La période de survenue<br />

de ces symptômes dans la séance<br />

sera toujours précisée (échauffement, pendant<br />

l’effort et pour quelle intensité, juste<br />

après l’effort ou retardée). La recherche<br />

d’un épisode infectieux récent éventuel doit<br />

être systématique, vu l’incidence immédiate<br />

qu’il pourra avoir sur la pratique <strong>sport</strong>ive<br />

(interruption temporaire des séances d’entraînement<br />

de forte intensité).<br />

Tableau III: règles de bonnes pratiques “cardiovasculaires” d’un exercice<br />

physique.<br />

• Respect des “trois phases” : échauffement, “travail”, retour au calme.<br />

• Hydratation pré-, per- et post-séance.<br />

• Respect des conditions ambiantes : forte chaleur, grande humidité, grand froid, haute altitude.<br />

• Pas d’effort trop proche d’un repas.<br />

• Pas de douche trop précoce après la séance.<br />

• Pas de tabac après l’effort.<br />

• Etre à l’écoute de ses sensations.<br />

• Abstention en cas de fièvre, infection ou fatigue anormale.<br />

• Consulter en cas de survenue de sensations inhabituelles et inexpliquées.<br />

Tableau IV: examen clinique <strong>du</strong> sujet qui veut participer à des compétitions<br />

<strong>sport</strong>ivesen 14 points essentiels.<br />

Antécédents familiaux et personnels<br />

1 - Mort subite.<br />

2 - Maladie cardiovasculaire dans la famille proche.<br />

3 - Facteur(s) de risque cardiovasculaire(s) indépendant(s).<br />

Signes fonctionnels<br />

4 - Souffle cardiaque.<br />

5 - Hypertension artérielle.<br />

6 - Fatigabilité anormale.<br />

7 - Dyspnée anormale à l’effort.<br />

8 - Douleur thoracique à l’effort.<br />

9 - Palpitations à l’effort.<br />

10 - Syncope ou équivalent mineur.<br />

Examen physique<br />

11 - Souffle ou arythmie cardiaque.<br />

12 - Pouls fémoraux.<br />

13 - Pression artérielle.<br />

14 - Signes de maladie de Marfan.


Cardiologie et <strong>sport</strong> - 1 re partie<br />

< DOSSIER ><br />

Tableau V: facteurs de risque cardiovasculaires indépendants à rechercher<br />

chez un <strong>sport</strong>if pour guider la réalisation d’une épreuve d’effort.<br />

● L’examen physique<br />

L’examen physique recherchera un souffle<br />

dans l’aire cardiaque en position couchée,<br />

assise, debout et, si besoin, après<br />

quelques flexions et sur les trajets vasculaires.<br />

La symétrie des pouls fémoraux à<br />

la recherche d’une coarctation aortique<br />

sera toujours vérifiée. La pression artérielle<br />

sera systématiquement mesurée.<br />

Un aspect Marfanoïde (basket-ball, volley-ball…)<br />

pourra être une indication à<br />

la réalisation d’un échocardiogramme.<br />

● L’ECG de repos<br />

La place de l’ECG de repos reste discutée<br />

(16), sa réalisation est cependant<br />

recommandée chez les <strong>sport</strong>ifs vétérans<br />

désireux de pratiquer des compétitions<br />

(18). Il est souvent, mais pas toujours,<br />

anormal dans les cardiomyopathies<br />

hypertrophiques, dilatées et dans la maladie<br />

arythmogène <strong>du</strong> ventricule droit<br />

(Tab. VI). Il permet de révéler les syndromes<br />

de Brugada, de pré-excitation et<br />

certains syndromes <strong>du</strong> QT long. Mais cet<br />

examen présente aussi des limites dans<br />

d’autres pathologies, comme dans la<br />

maladie coronaire silencieuse, les arythmies<br />

d’effort et les anomalies cardiaques<br />

structurelles. De plus, la découverte de<br />

particularités électrocardiographiques liées<br />

à la pratique d’un haut niveau d’entraînement,<br />

en particulier dans les disciplines<br />

aérobies, peut être à l’origine de “faux<br />

positifs” dans 20 à 25 % des cas (17).<br />

Dans tous les cas, au moindre doute<br />

sur l’intégrité <strong>du</strong> système cardiovasculaire,<br />

un bilan cardiologique<br />

• Hypercholestérolémie (Cholestérol total ≥ 240 mg/dl,<br />

LDL-C >130 mg/dl, HDL-C < 35 mg/dl pour un homme et<br />

45 mg/dl pour une femme) ou dyslipidémie.<br />

• Hypertension artérielle (systolique > 140 mm Hg et ou<br />

diastolique > 90 mm Hg).<br />

• Tabagisme récent ou actuel.<br />

• Diabète (glycémie à jeun ≥ 126 mg/dl ou traitement par<br />

insuline ou hypoglycémiants oraux).<br />

• Antécédent dans la famille proche d’un infarctus <strong>du</strong><br />

myocarde ou d’une mort subite avant 60 ans.<br />

devra être réalisé. Si ce bilan confirme<br />

l’existence d’une pathologie cardiovasculaire,<br />

la décision de l’autorisation à la<br />

pratique <strong>sport</strong>ive, en particulier en compétition,<br />

pourra être guidée par les recommandations<br />

nord-américaines récemment<br />

adaptées aux <strong>sport</strong>s nationaux (18).<br />

● L’épreuve d’effort<br />

La place de l’épreuve d’effort (EE) dans<br />

le bilan d’aptitude au <strong>sport</strong> mérite d’être<br />

Tableau VI: ECG de repos. Quelques critères électrocardiographiques.<br />

Cardiomyopathie hypertrophique<br />

• Complexes QRS très amples surtout en précordiales témoignant d’une hypertrophie<br />

ventriculaire gauche avec souvent ondes T négatives associées.<br />

• Ondes Q fines et profondes.<br />

• Arythmie ventriculaire et supraventriculaire.<br />

Cardiomyopathie dilatée<br />

• Pas toujours de signes spécifiques.<br />

• Complexes QRS élargies parfois avec bloc de branche gauche témoignant d’une hypertrophie<br />

ventriculaire gauche.<br />

• Troubles de repolarisation souvent associés.<br />

• Arythmie ventriculaire ou supraventriculaire parfois révélatrice.<br />

Maladie arythmogène <strong>du</strong> ventricule droit<br />

• Prolongation des complexes QRS avec surtout un QRS plus large en V2-V3 qu’en V6 et<br />

souvent un bloc de branche droit.<br />

• Ondes T inversées en V1-V2-V3.<br />

• Présence inconstante d’une onde epsilon qui prolonge le complexe QRS et témoigne de<br />

la présence d’un foyer arythmogène.<br />

• Arythmie ventriculaire évocatrice de la maladie, si large avec un aspect de bloc de<br />

branche gauche en précordiales et un axe droit en périphériques.<br />

MÉDECINS DU SPORT 20 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

discutée. La maladie coronaire silencieuse<br />

est rarement détectable par l’ECG de<br />

repos ou par l’échocardiographie transthoracique<br />

de repos. Une indication systématique<br />

de l’EE à la recherche d’une<br />

maladie coronaire silencieuse chez tous<br />

les <strong>sport</strong>ifs n’est pas justifiée (1,17). En<br />

effet, dans une population générale, la<br />

sensibilité de l’EE est voisine de 65 % et sa<br />

spécificité de 80 % (ce qui correspond à<br />

20 % de “faux positifs”). De plus, dans<br />

une population asymptomatique et à<br />

faible prévalence de la maladie coronaire,<br />

la valeur prédictive positive de l’EE est ≤ à<br />

25 % (10) et sa valeur prédictive négative<br />

est difficile à préciser.<br />

C’est pourquoi l’indication de l’EE doit<br />

être ciblée par l’interrogatoire et l’examen<br />

physique. Ainsi, selon les recommandations<br />

de l’American College of Sports<br />

Medicine (1) et de la Société Française<br />

de Cardiologie (19), la réalisation d’une<br />

EE est justifiée :<br />

- chez tout sujet symptomatique et/ou<br />

porteur d’une cardiopathie,<br />

- chez un sujet asymptomatique présentant<br />

au moins deux facteurs de risque<br />

(Tab. V),


- et chez un homme de plus de 40 ans,<br />

ou une femme de plus de 50 ans (ou plus<br />

tôt si ménopausée), qui désire reprendre<br />

une activité <strong>sport</strong>ive intense ou intensifier<br />

son activité physique habituelle.<br />

Si cette épreuve d’effort est anormale, un<br />

autre examen diagnostique non invasif<br />

est justifié. Il s’agira, le plus souvent, d’une<br />

scintigraphie de perfusion myocardique,<br />

mais un échocardiogramme transthoracique<br />

de stress (effort ou dobutamine)<br />

peut aussi être proposé. La forte valeur<br />

prédictive négative de ces examens doit<br />

permettre de ne réserver la réalisation de<br />

la coronarographie qu’aux cas fortement<br />

suspects.<br />

La réalisation systématique d’un échocardiogramme<br />

transthoracique de repos<br />

n’est pas justifiée. Il faut de plus rappeler<br />

que cet examen n’a aucune indication<br />

dans le suivi de l’entraînement. Cet<br />

examen doit être réservé à la recherche<br />

d’une valvulopathie et plus particulièrement<br />

d’une sténose aortique, d’une<br />

séquelle fonctionnelle d’infarctus, d’une<br />

cardiomyopathie hypertrophique ou dilatée<br />

ou d’une maladie arythmogène <strong>du</strong><br />

ventricule droit. ■<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

1. American Heart Association Committee on<br />

Exercise. Circulation 1992 ; 86 : 340-44.<br />

2. Siskovick DS et al. The incidence of primary<br />

cardiac arrest <strong>du</strong>ring vigorous exercise. New<br />

Eng J Med 1988 ; 318 : 129-33.<br />

3. Maron BJ et al. Risk for sudden death associated<br />

with marathon running. J Am Coll<br />

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4. Carré F. Adaptations cardiovasculaires et respiratoires<br />

au cours de l’effort. In “Cardiologie<br />

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Masson, 2000 ; pp 16-21.<br />

5. Thompson PD. The cardiovascular complications<br />

of vigourous physical activity. Arch Int<br />

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6. Maron BJ et al. Sudden death in young competitive<br />

athletes. Clinical, demographic and<br />

pathological profiles. JAMA 1996; 276: 199-204.<br />

7. Ollivier JP et Genero-Gygay M. Epidémiologie<br />

de la mort subite <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if. In “Cardiologie<br />

<strong>du</strong> Sport”. Amoretti R. et Brion R. (eds).<br />

Paris : Masson, 2000 ; pp 181-87.<br />

< DOSSIER ><br />

Conclusion<br />

MÉDECINS DU SPORT 21 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Cardiologie et <strong>sport</strong> - 1 re partie<br />

Les urgences cardiologiques sur le terrain de <strong>sport</strong> restent relativement<br />

rares, mais leur gravité, majorée par les conditions environnantes dans lesquelles<br />

elles surviennent, explique l’intérêt qui leur est porté.<br />

Le rôle <strong>du</strong> médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong> est surtout préventif, mais s’il accepte de<br />

surveiller des compétitions <strong>sport</strong>ives, il devra être capable de réaliser les premiers<br />

gestes essentiels de secours en cas d’urgence cardiologique.<br />

8. Burke AP et al. Sports-related and non<strong>sport</strong>s-related<br />

sudden cardiac death in young<br />

a<strong>du</strong>lts. Am Heart J 1991 ; 121 : 568-75.<br />

9. Link MS et al. Commotio cordis. In “Sudden<br />

Cardiac Death in the Athlete”. Estes NAM, Salem<br />

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10. Machecourt J et al. Détection de la pathologie<br />

coronaire chez le <strong>sport</strong>if. In “Cardiologie<br />

<strong>du</strong> Sport”. Amoretti R et Brion R (eds). Paris :<br />

Masson, 2000 ; pp 92-99.<br />

11. Myerburg RJ Sudden cardiac death in persons<br />

with normal (or near normal) hearts. Am<br />

J Cardiol 1997 ; 79 : 3-9.<br />

12. Gauthier J. Le dopage: effets et risques cardiovasculaires.<br />

In “Cardiologie <strong>du</strong> Sport”.<br />

Amoretti R et Brion R (eds). Paris : Masson,<br />

2000 ; pp 251-58.<br />

13. Gancia GP, Lin YC. Applied physiology of<br />

diving. Sports Med 1988 ; 5: 41-56.<br />

14. American Heart Association. Guidelines for<br />

cardiopulmonary ressucitation and emergency<br />

cardiac care. JAMA 1992 ; 268 : 2171-302.<br />

15. Trifot M. Gestion d’une urgence cardiovasculaire<br />

sur le terrain. In “Cardiologie <strong>du</strong> Sport”.<br />

Amoretti R et Brion R (eds). Paris : Masson, 2000;<br />

pp 1881-1920.<br />

16. Fuller CM, Mc Nulty CM, Spring DA et al.<br />

Prospective screening of 5615 high school athletes<br />

for risk of sudden cardiac death. Med Sci<br />

Sports Exerc 1997 ; 2 : 1131-38.<br />

17. Maron BJ et al. Recommendations for preparticipation<br />

screening and the assessment of<br />

cardiovascular disease in masters athletes.<br />

Circulation 2001 ; 103 : 327-34.<br />

18. Brion R, Amoretti R, Godon P. Aptitude à la<br />

compétition des athlètes porteurs de cardiopathies<br />

: les conseils de la 26e conférence de<br />

Bethesda. In “Cardiologie <strong>du</strong> Sport”. Amoretti R<br />

et Brion R (eds). Paris : Masson, 2000 ; pp 235-<br />

244.<br />

19. Anonymous. La pratique des épreuves d’effort<br />

en cardiologie. Recommendations de la<br />

Société Française de Cardiologie. Arch Mal Cœur<br />

1994 (Suppl.1) : 35-49.


D.P.P.I.<br />

Le jet-ski<br />

Loisir d’été au bord<br />

des plages, décliné<br />

en <strong>sport</strong> à part entière,<br />

le jet-ski fait désormais<br />

partie <strong>du</strong> paysage<br />

des bords de mers,<br />

pour le meilleur<br />

et pour le pire…<br />

Pour le meilleur,car cette discipline<br />

est devenue un <strong>sport</strong> spectaculaire<br />

et très physique où s’affrontent<br />

des stars comme Nicolas Rius, Jeff<br />

Jacobs, Christopher Fischetti, Chris<br />

Mc Clugage, Franky Zapata ou la<br />

Française Karine Paturel, championne<br />

<strong>du</strong> Monde de vitesse.<br />

Mais aussi,malheureusement,pour le pire<br />

puisqu’il ne se passe pas un été sans que<br />

les faits divers ne rapportent un accident<br />

entre un jet-ski et un baigneur ou entre<br />

deux jet-skis.<br />

UN SPORT À RISQUE ?<br />

Difficile de savoir si le jet-ski est un<br />

<strong>sport</strong> à risque, puisqu’il n’existe pas<br />

encore de statistiques fiables.Il est toutefois<br />

évident qu’une collision entre<br />

deux jets peut entraîner une traumatologie<br />

grave,en fonction de la vitesse,<br />

<strong>du</strong> choc et des protections portées,ou<br />

non, par les “jet-skieurs”.<br />

Citons,ainsi,des fractures au niveau des<br />

membres inférieurs,des poig<strong>net</strong>s et des<br />

traumatismes crâniens, recensés après<br />

hospitalisations.Ces données,très fragmentaires<br />

et confidentielles, proviennent<br />

d’un CHU d’Aquitaine qui, par<br />

manque de recul et d’études quantifiées,ne<br />

souhaite pas se prononcer sur<br />

la spécificité <strong>du</strong> jet-ski.<br />

Seule certitude, un heurt violent entre<br />

deux machines peut avoir des conséquences<br />

dramatiques.A titre d’exemple,<br />

l’année dernière, une jeune femme de<br />

25 ans a été mortellement blessée lors<br />

d’un télescopage entre deux jet-skis sur<br />

la base nautique de Pompoint dans<br />

l’Oise. La victime, qui pilotait l’un des<br />

deux engins,a été tuée sur le coup.Pour<br />

une raison indéterminée, la jeune<br />

femme a fait une fausse manœuvre et<br />

coupé la route à l’autre jet-ski…<br />

Heureusement rare,ce type d’accident<br />

doit aussi rappeler l’enjeu <strong>du</strong> pilotage<br />

d’un engin aussi puissant.<br />

MÉDECINS DU SPORT 23 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE<br />

Mots clés<br />

Jet-ski<br />

Sécurité<br />

Législation maritime<br />

UN SPORT PHYSIQUE ?<br />

Pour une professionnelle comme Karine<br />

Paturel, la pratique <strong>du</strong> jet-ski s’accompagne<br />

en effet d’une préparation physique<br />

intense. Elle pratique quotidiennement<br />

1 h 30 de vélo ou de footing,<br />

30 minutes d’abdominaux,50 pompes et<br />

environ 20 tractions. Elle pratique en<br />

outre le kayak (trois fois par semaine),la<br />

corde à sauter,30 minutes à taper sur un<br />

sac de sable et,l’hiver,le motocross pour<br />

muscler les bras.<br />

« Si l’on respecte les règles de sécurité,<br />

assure un pratiquant assi<strong>du</strong>,le jet-ski n’est<br />

pas dangereux.Le plus gros risque reste<br />

celui des collisions entre nous, car nos<br />

machines montent jusqu’à 110 km/h. Il<br />

faut être vigilant et nous nous montrons<br />

suffisamment prudents pour éviter les<br />

accidents. »<br />

“JET-SKIEURS”<br />

SAUVETEURS ?<br />

Souvent considérés comme potentiellement<br />

dangereux,ces véhicules nautiques<br />

Découverte d’un <strong>sport</strong><br />

Découverte d’un <strong>sport</strong>


Découverte d’un <strong>sport</strong><br />

Découverte d’un <strong>sport</strong><br />

sont, paradoxalement, en train de révolutionner<br />

le sauvetage en mer.Toutefois,<br />

l’apparition des premiers jets biplaces ne<br />

datant que de 1988,leur développement<br />

au sein des postes de secours en France<br />

n’en est encore qu’au premier stade.Bien<br />

moins imposant qu’un zodiac,il est beaucoup<br />

plus maniable et surtout beaucoup<br />

plus malléable dans les vagues.Motorisé<br />

par une turbine,le jet-ski ne possède pas<br />

d’hélices, ce qui est un atout majeur au<br />

niveau de la sécurité;les sauveteurs peuvent<br />

donc plus facilement s’aventurer<br />

dans la zone de bain.<br />

QUI PRATIQUE ?<br />

DANS QUELLES<br />

CONDITIONS ?<br />

D’après une étude diffusée sur Inter<strong>net</strong><br />

et réalisée par Strat’Expo, organisateur<br />

d’événements,en partenariat avec la Fédération<br />

française motonautique (FFM),<br />

le jet-ski est en progression constante<br />

avec 17 % de vente d’engins par an. « La<br />

tendance, explique l’étude, est de voir<br />

des pilotes de plus en plus jeunes. »<br />

Les pratiquants français seraient ainsi environ<br />

30 000, dont 7 000 licenciés à la<br />

FFM, contre 300 000 aux Etats-Unis.<br />

Les spots sont situés à 60 % en mer (Méditerranée/Atlantique)<br />

à 40 % en eaux intérieures<br />

(lacs/rivières).Environ 60 % des<br />

amateurs pratiquent le jet dans les<br />

quelque 150 clubs (dont 90 affiliés FFM).<br />

Les compétiteurs sont des <strong>sport</strong>ifs<br />

(hommes : 85 % ; femmes : 15 %), âgés<br />

entre 16 et 35 ans,ayant pratiqué la moto,<br />

le kart, la voiture (tout terrain-rallye) ou<br />

le bateau.<br />

Environ 2 000 licenciés FFM participent<br />

aux épreuves nationales et régionales de<br />

vitesse,d’en<strong>du</strong>rance ou de offshore (type<br />

Tour de Corse, Oléron).<br />

Le jet-skieur “plaisancier” est plutôt un<br />

cadre moyen supérieur (hommes :80 % ;<br />

femmes:20 %) qui s’adonne à son hobby<br />

plutôt le week-end et l’été. Enfin, 60 %<br />

d’entre-eux sont inscrits dans des clubs.<br />

JET-SKI, SEA-DOO,<br />

MOTOMARINE<br />

OU MARINE JET ?<br />

Tout commence en 1968,lorsque la firme<br />

canadienne Bombardier invente la motomarine<br />

en créant la première Sea-doo.<br />

Kawasaki lui emboîte le pas quelques<br />

années plus tard en imposant le concept<br />

<strong>du</strong> jet à bras ou stand-up sous l’appella-<br />

tion de “Jet-ski”. Un terme devenu aujourd’hui<br />

générique mais qui recouvre<br />

en fait deux types de véhicules : les jets<br />

à bras et les jets assis (runabout). Dans<br />

les années quatre-vingt,Yamaha entre en<br />

lice avec ses Marinejet devenus depuis<br />

Waverunner,puis Polaris tente sa chance<br />

alors qu’Artic cat échoue avec ses Tigershark.<br />

Aujourd’hui, Bombardier est le chef de<br />

file de l’in<strong>du</strong>strie.Mais,comme pour tout<br />

<strong>sport</strong> à moteur, les constructeurs sont<br />

rois et imposent leurs vues. C’est notamment<br />

le cas <strong>du</strong> Japonais Honda,avec<br />

son Aquatrax,qui rend bientôt obsolètes<br />

ces technologies en intro<strong>du</strong>isant le moteur<br />

quatre-temps dans les motomarines.<br />

Yamaha (FX140) et maintenant Bombardier<br />

(Fourtech) lui ont emboîté le pas.<br />

Parallèlement les carènes évoluent aussi,<br />

les coques s’allongent. On distingue désormais<br />

des machines de type moto et<br />

des embarcations plus orientées vers la<br />

plaisance et la randonnée (triplaces,<br />

quatre places pour le Genesis et le SUV,<br />

cinq places pour le LRV).Les modèles ont<br />

aussi de la puissance : en 1992 la norme<br />

des moteurs était de 650 cm 3 de 60HP,<br />

aujourd’hui les 1 000 cc et 1 200 cc de<br />

130HP et plus apparaissent.<br />

Les nuisances sonores, véritables plaies<br />

des vacances à la plage, qui avaient tendance<br />

à suivre les courbes de puissance<br />

sont aujourd’hui l’objet des soins des<br />

fabricants:consommation en baisse avec<br />

les injections,bruits étouffés avec les systèmes<br />

de ré<strong>du</strong>ction sonore.Reste encore<br />

à trouver un moyen de ré<strong>du</strong>ire les émissions<br />

d’huile.<br />

S’ajoute à cela un changement de public;<br />

jusqu’ici,le jet,qui s’était développé par<br />

le biais de la compétition, s’oriente désormais<br />

vers le loisir.<br />

LÉGISLATION<br />

Le permis mer<br />

Tout engin flottant motorisé d’une puissance<br />

de plus de 6 chevaux est considéré<br />

comme un navire à propulsion mécanique<br />

et nécessite la détention d’un titre<br />

de navigation. Par conséquent, le jet-ski<br />

impose à son utilisateur de posséder au<br />

moins le permis mer,étant donné qu’un<br />

utilisateur de la carte mer reste limité à<br />

un moteur d’une puissance maximum de<br />

MÉDECINS DU SPORT 24 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

50 chevaux.De plus,si le jet est utilisé en<br />

mer,il doit être immatriculé et être armé<br />

comme un navire à propulsion mécanique<br />

de 5 e catégorie.<br />

La zone de navigation<br />

La navigation des véhicules nautiques à<br />

moteur est autorisée uniquement de jour.<br />

Elle s’exerce en deçà de deux miles nautiques,<br />

à compter de la limite des eaux,<br />

pour les engins sur lesquels le pilote se<br />

tient en position assise. Pour les engins<br />

sur lesquels le pilote se tient en équilibre<br />

dynamique, cette limite est de 1 mile.<br />

En règle générale,la vitesse maximum est<br />

de 5 nœuds dans la zone des 300 mètres.<br />

Un encadrement pour<br />

les plaisanciers<br />

La législation est très stricte, tant pour<br />

le pratiquant confirmé, licencié et titulaire<br />

des permis,que pour les débutants.<br />

Ainsi, avant de louer un jet, le vacancier<br />

doit suivre un cours d’initiation, accompagné<br />

par un moniteur titulaire d’un brevet<br />

de moniteur fédéral jet deuxième<br />

degré. En clair, la con<strong>du</strong>ite sans permis<br />

est autorisée avec un encadrement. Car,<br />

pour con<strong>du</strong>ire ces véhicules, il faut détenir<br />

un permis.Lors de la signature d’un


LES CHAMPIONS EN 2001<br />

Les meilleurs pilotes <strong>du</strong> Monde sont français :<br />

Nicolas RIUS (champion <strong>du</strong> Monde vitesse)<br />

Karine PATUREL (championne <strong>du</strong> Monde vitesse féminine)<br />

Jean-François MULTARI (champion <strong>du</strong> Monde offshore)<br />

Cyril LEMOINE (champion d’Europe vitesse)<br />

contrat de location,le locataire doit donc<br />

remplir une déclaration contresignée par<br />

le loueur,attestant de la possession d’un<br />

permis.<br />

La licence <strong>sport</strong>ive<br />

Pour être titulaire d’une licence <strong>sport</strong>ive<br />

délivrée par la Fédération française motonautique<br />

(FFM),il faut adhérer à un club<br />

affilié, être possesseur d’un permis de<br />

con<strong>du</strong>ire (vitesse, en<strong>du</strong>rance, offshore,<br />

free-style) ;un certificat médical est également<br />

nécessaire,ainsi qu’une fiche de<br />

contrôle médico-<strong>sport</strong>if à se procurer à<br />

la Fédération.<br />

Le port d’un gilet ou d’une brassière de<br />

sauvetage (de couleur vive) est obligatoire.<br />

En compétition,un casque de protection<br />

de la tête et de la mâchoire (30 % <strong>du</strong><br />

casque doit être peint en couleur vive<br />

orangé), un gilet de sauvetage, une combinaison<br />

intégrale ainsi qu’une protection<br />

dorsale et des jambières sont imposés.<br />

Les normes de sécurité<br />

Tous les véhicules doivent comporter un<br />

système d’arrêt automatique <strong>du</strong> moteur<br />

ou de mise en giration lente en cas de<br />

chute inopinée <strong>du</strong> pilote.Les hélices non<br />

entièrement carénées sont proscrites<br />

ainsi que les turbines non équipées d’une<br />

grille de protection. Chaque jet-ski doit<br />

comporter un compartiment étanche<br />

contenant deux feux automatiques à<br />

main et être équipé d’un anneau et d’un<br />

cordage permettant le remorquage. Le<br />

niveau sonore ne doit pas dépasser<br />

80 décibels A à 7,5 mètres. ■<br />

Cyril Hofstein<br />

MÉDECINS DU SPORT 25 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

D.P.P.I.<br />

EXPLOIT:<br />

La traversée de<br />

l’Atlantique en jet-ski!<br />

La première traversée<br />

de l’Atlantique en jet-ski<br />

a eu lieu fin juin, entre<br />

l’Espagne et la Floride.<br />

5200 miles nautiques<br />

en 117 jours: premier record<br />

à battre, détenu par<br />

le Comte Alvaro<br />

de Marichalar y Saenz<br />

de Tejada, un aristocrate<br />

espagnol âgé de 41 ans.<br />

En naviguant 14 h par jour<br />

(presque tout le temps<br />

debout), en dormant dans<br />

un canot de sauvetage<br />

équipé d’un système à<br />

ultrasons pour éloigner les<br />

requins, l’homme a pu,<br />

grâce à un navire de renfort<br />

qui l’a suivi, tran<strong>sport</strong>ant<br />

vivres et essence, relier<br />

Rome à Miami.<br />

Il a dédié son périple<br />

à la lutte contre<br />

la dépendance aux drogues.<br />

« Je veux montrer aux<br />

jeunes qu’à travers le <strong>sport</strong><br />

et l’aventure, ils peuvent<br />

réussir tout ce qu’ils<br />

veulent, sans drogue »,<br />

a-t-il déclaré.<br />

Pour en savoir plus<br />

Fédération Française Motonautique<br />

49 rue Boulainvilliers 75016 Paris<br />

Tél.: 01 42 24 60 88<br />

Fax: 01 42 24 60 13<br />

Site Inter<strong>net</strong><br />

www.ffm.free.fr<br />

Découverte d’un <strong>sport</strong><br />

Découverte d’un <strong>sport</strong>


Le conflit antérieur<br />

de hanche<br />

Physiopathologie, imagerie<br />

et implications thérapeutiques<br />

Les adeptes de certains<br />

<strong>sport</strong>s comme les arts<br />

martiaux, la boxe<br />

française, le foot,<br />

la danse… ne sont pas<br />

à l’abri de l’apparition<br />

d’un conflit antérieur<br />

de hanche. Afin d’éviter<br />

les conséquences<br />

handicapantes pouvant<br />

aboutir à une prothèse<br />

de hanche, la prévention<br />

et le dépistage de<br />

cette pathologie<br />

prennent une importance<br />

considérable.<br />

Pendant de nombreuses années,les orthopédistes<br />

se sont intéressés à la<br />

hanche d’une manière statique.Tous<br />

les calculs de coxométrie se faisaient sur une<br />

radiographie de face debout et sur le fameux<br />

faux profil de Lequesne.Depuis quelques<br />

années,il a fallu se rendre à l’évidence que<br />

pour comprendre certaines coxarthroses,il<br />

fallait intro<strong>du</strong>ire la notion de mouvement.<br />

La notion de conflit dans l’articulation<br />

de la hanche est donc une notion nouvelle<br />

qui découle de cette nouvelle façon<br />

d’aborder le problème.Ce conflit n’existe<br />

que dans les mouvements extrêmes.Il est<br />

pourtant suffisamment fréquent pour,<br />

semble-t-il, être à l’origine d’un nombre<br />

très important de coxarthroses précoces.<br />

PHYSIOPATHOLOGIE<br />

DES LÉSIONS<br />

On peut considérer qu’il existe 2 types<br />

de conflit antérieur de hanche.<br />

Conflit avec effet came (Fig. 1)<br />

La tête <strong>du</strong> fémur n’est pas parfaitement<br />

ronde et, à sa partie antérieure, il existe<br />

une augmentation <strong>du</strong> rayon de courbure<br />

de la tête <strong>du</strong> fémur. Il existe donc une<br />

bosse et un méplat à la jonction tête col<br />

qui vient,en flexion de hanche,créer une<br />

zone d’hyperpression localisée sur le cartilage<br />

de la paroi antérieure <strong>du</strong> cotyle.<br />

Ce mouvement répété va être à l’origine<br />

d’une délamination <strong>du</strong> cartilage antéroexterne<br />

<strong>du</strong> cotyle. Celle-ci peut s’accompagner<br />

d’un kyste <strong>du</strong> bourrelet ou<br />

d’un kyste intra-osseux.<br />

Sur le fémur, il existe une irritation <strong>du</strong><br />

cartilage au niveau de la tuméfaction qui<br />

peut,à la longue,devenir un ostéophyte.<br />

Les lésions <strong>du</strong> bourrelet ne surviennent<br />

qu’après et témoignent déjà de lésions<br />

avancées.Il est important de bien se souvenir<br />

qu’au début de l’évolution, tout le<br />

dôme <strong>du</strong> fémur et la majeure partie <strong>du</strong><br />

cartilage <strong>du</strong> cotyle sont intacts.<br />

MÉDECINS DU SPORT 27 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

1a<br />

Figure 1a : il existe à la face antérieure de la<br />

tête <strong>du</strong> fémur, à la jonction tête col, une<br />

"bosse" (en rouge ici) qui va entraîner en<br />

flexion de hanche une hyperpression sur le<br />

cartilage <strong>du</strong> cotyle. Cette hyperpression<br />

localisée va entraîner des lésions <strong>du</strong> cartilage<br />

d’abord à l’intérieur <strong>du</strong> cotyle puis sur le<br />

cartilage recouvrant la “bosse”. En principe<br />

le bourelet n’est pas lésé.<br />

La “bosse” qui est à l’origine <strong>du</strong> problème<br />

n’est pas un ostéophyte mais une<br />

véritable dysplasie de la tête fémorale.<br />

Les ostéophytes ne vont survenir<br />

qu’après et majorer le conflit.<br />

La lésion de la partie antérieure <strong>du</strong> cartilage<br />

va ensuite s’aggraver, la tête <strong>du</strong><br />

fémur se subluxe, puis les signes d’arthrose<br />

se précisent.<br />

Figure 1b : les lésions <strong>du</strong> cartilage<br />

intéressent la partie antérieure <strong>du</strong> cotyle<br />

et le cartilage recouvrant la "bosse" sur le<br />

fémur. Dans le cotyle, les lésions débutent<br />

par une chondromalacie puis par une<br />

délamination <strong>du</strong> cartilage. Une fois, le<br />

cartilage délaminé, des kystes synoviaux<br />

peuvent se développer. Ils sont bien<br />

visibles sur le faux profil et sur l’IRM.<br />

* Clinique des Lilas, Les Lilas.<br />

Drs Frédéric Laude*<br />

et Philippe Paillard*<br />

Mots clés<br />

Hanche<br />

Imagerie<br />

Col <strong>du</strong> fémur<br />

Arthrose<br />

Figure 1c : des ostéophytes peuvent se<br />

développer sur la zone d’irritation<br />

cotyloïdienne et fémorale et aggraver le<br />

conflit avant d’enraidir la hanche<br />

principalement en rotation. Le conflit ne naît<br />

pas des ostéophytes mais de l’irrégularité de<br />

sphéricité de la tête <strong>du</strong> fémur. Les<br />

ostéophytes ne surviendront qu’après.<br />

1b<br />

1c<br />

Mise au point<br />

Mise au point


Mise au point<br />

Mise au point<br />

L’évolution finale est une coxarthrose<br />

avec pincement polaire supérieur et une<br />

subluxation antérieure bien visible sur le<br />

faux profil de Lequesne.<br />

Conflit avec effet tenaille (Fig. 2)<br />

La tête <strong>du</strong> fémur est bien ronde et c’est<br />

le col <strong>du</strong> fémur qui vient, en fin de<br />

flexion, buter sur le labrum. Il n’y a pas,<br />

dans la forme pure, d’hyperpression sur<br />

la partie antérieure <strong>du</strong> cartilage et c’est<br />

le labrum qui est le premier atteint.<br />

Durant la flexion de hanche, il peut se<br />

pro<strong>du</strong>ire une décoaptation de la partie<br />

la plus postérieure de l’articulation.<br />

Quand la hanche revient en extension,<br />

la tête <strong>du</strong> fémur vient “taper” contre la<br />

paroi postérieure <strong>du</strong> cotyle à l’origine de<br />

lésion localisée <strong>du</strong> cartilage.<br />

Il existe aussi une irritation <strong>du</strong> cartilage<br />

à la jonction tête col.<br />

Cette forme de conflit est moins grave que<br />

le conflit par effet came.Les lésions <strong>du</strong> cartilage,<br />

à la partie antérieure <strong>du</strong> cotyle, ne<br />

vont apparaître que lorsque les ostéophytes<br />

<strong>du</strong> col <strong>du</strong> fémur vont,à leur tour,apparaître<br />

et simuler un conflit par effet came !<br />

Dans la forme la plus pure, ce type de<br />

conflit va donner une arthrose postérieure<br />

avec, sur le faux profil de Lequesne, un<br />

amincissement <strong>du</strong> cartilage et des ostéophytes<br />

sur la corne postérieure <strong>du</strong> cotyle.<br />

Ces 2 types de conflit sont souvent associés<br />

chez un même indivi<strong>du</strong>.Dans certaines<br />

zones c’est l’effet came qui prédomine,<br />

dans d’autres c’est l’effet tenaille…<br />

Si l’absence de sillon à la face antérieure<br />

<strong>du</strong> col est à l’origine de la plupart des<br />

conflits, l’existence d’une rétroversion<br />

de la partie supérieure <strong>du</strong> cotyle est aussi<br />

un facteur déclenchant.<br />

En principe, le cotyle humain regarde<br />

en avant d’environ 25°. Dans certains<br />

cas,l’ouverture de la cavité est modifiée<br />

et,à la partie supérieure principalement,<br />

il peut regarder en bas et en arrière.<br />

Cette paroi, trop couvrante, va logiquement<br />

favoriser une limitation de la<br />

flexion de hanche et contribue à l’apparition<br />

<strong>du</strong> conflit antérieur.<br />

Chez bon nombre de patients, il existe<br />

à la fois une absence de sillon à la jonction<br />

tête col et une rétroversion <strong>du</strong> cotyle.Ces<br />

patients vont,bien sûr,être les<br />

meilleurs candidats au conflit antérieur,<br />

surtout s’ils pratiquent un <strong>sport</strong> à risque.<br />

C’est le terrain privilégié de la coxarthrose<br />

précoce (avant 40 ans).<br />

PRÉSENTATION CLINIQUE<br />

Il s’agit très souvent de patients jeunes,<br />

qui pratiquent des <strong>sport</strong>s à pivot,où l’articulation<br />

est soumise à de grandes amplitudes<br />

en flexion, assez violents (arts<br />

martiaux surtout,football,danse,rugby…)<br />

Les douleurs ne vont d’abord survenir<br />

qu’après des efforts violents et prolongés.Cette<br />

douleur débute assez souvent<br />

au niveau <strong>du</strong> grand trochanter, des ad<strong>du</strong>cteurs.<br />

Beaucoup de patients suivis pour des<br />

problèmes d’ad<strong>du</strong>cteur ont, en fait, un<br />

conflit antérieur de hanche.La douleur<br />

va devenir de plus en plus fréquente.La<br />

marche simple n’est, en général, pas<br />

Figure 2 : la tête <strong>du</strong> fémur est bien ronde. Dans les mouvements extrêmes, le col <strong>du</strong> fémur<br />

vient buter violemment sur la partie antérieure <strong>du</strong> cotyle et écrase le bourrelet cotyloïdien.<br />

La tête peut se décoapter en hyperflexion et lors de la remise en extension de la hanche,<br />

entraîner des lésions par "contre coup" sur la paroi postérieure <strong>du</strong> cotyle ou sur la tête <strong>du</strong><br />

fémur. Les lésions cartilagineuses sont moins sérieuses que dans le conflit par effet came.<br />

MÉDECINS DU SPORT 28 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

2<br />

pénible.Beaucoup de patients sont plus<br />

gênés en position assise,sur des chaises<br />

basses par exemple,où la hanche est en<br />

grande flexion. L’existence de craquements,<br />

de pseudo-blocages et de dérobements<br />

est habituelle.<br />

L’examen simple de la hanche est proche<br />

de la normale. Il faut cependant noter<br />

que,dans la plupart des cas, il existe<br />

une diminution importante de la rotation<br />

interne de hanche en extension<br />

et plus particulièrement en<br />

flexion. Dans le cas le plus caricatural,<br />

la simple flexion de hanche impose la<br />

mise en rotation externe.<br />

On retrouve toujours, ou presque, une<br />

douleur inguinale provoquée en ad<strong>du</strong>ction,<br />

flexion et rotation interne sur<br />

un patient en décubitus dorsal.Ceci tra<strong>du</strong>it,le<br />

plus souvent,des lésions de la paroi<br />

antérieure <strong>du</strong> cotyle ou une lésion <strong>du</strong><br />

bourrelet.<br />

On retrouve assez souvent une douleur<br />

postérieure en extension rotation<br />

externe l’autre hanche étant fléchie.Ceci<br />

peut tra<strong>du</strong>ire soit une instabilité de<br />

hanche, soit une lésion postérieure <strong>du</strong><br />

cotyle.<br />

EXAMEN RADIOLOGIQUE<br />

Fait important,l’interprétation classique<br />

des radiographies est normale au stade<br />

de la forme débutante.<br />

Il n’existe pas,en tout cas initialement,de<br />

modification de l’interligne,de géodes importantes<br />

et de condensation localisée.<br />

Le scanner,l’arthroscanner et l’IRM sont<br />

le plus souvent sans particularité notable.<br />

Tout au plus peut-on avoir,dans les formes<br />

avancées, un doute sur une lésion <strong>du</strong> labrum<br />

à l’IRM.<br />

Eclairé par la compréhension <strong>du</strong> mécanisme,<br />

l’examen des radiographies standard<br />

peut cependant mettre en évidence<br />

un conflit antérieur.<br />

Cliché de face<br />

Sur la radio de face,on cherche une tête<br />

pas tout à fait ronde (Fig. 3a). La forme<br />

la plus caricaturale étant la “tête phallique<br />

de Mathieu”(que les Anglo-saxons<br />

appellent “crosse de revolver”).L’offset,<br />

(2) c’est-à-dire le ratio entre largeur <strong>du</strong><br />

col et taille de la tête <strong>du</strong> fémur, est souvent<br />

peu important.Tout cela peut donner<br />

une fausse impression de dysplasie


3a<br />

Figure 3a : radiographie de face d’un conflit<br />

antérieur caricatural. La paroi antérieure (en<br />

rouge) et la paroi postérieure (en vert) se<br />

superposent. Il existe donc une rétroversion<br />

<strong>du</strong> cotyle. On voit (flèche jaune) la “bosse”<br />

même sur cette incidence de face ce qui n’est<br />

pas toujours le cas. Il existe (flèche jaune<br />

supérieure) des remaniements de l’os avec<br />

une petite image ronde signant l’existence<br />

d’un petit kyste synovial intra-osseux. La<br />

flèche bleue montre un petit kyste de la<br />

paroi antéro-externe <strong>du</strong> cotyle.<br />

cotyloïdienne.En réalité,c’est la tête <strong>du</strong><br />

fémur qui est trop grosse par rapport<br />

au cotyle.L’existence d’une coxa vara est<br />

aussi un facteur favorisant le conflit.<br />

On recherche une ébauche d’ostéophyte<br />

sur la partie externe de la tête. On peut<br />

distinguer, sur le col de face, une ligne<br />

qui correspond à la jonction tête/col<br />

beaucoup trop bas.L’existence d’un kyste<br />

dans le col <strong>du</strong> fémur est un excellent argument<br />

en faveur <strong>du</strong> conflit.<br />

Rétroversion <strong>du</strong> cotyle<br />

C’est surtout sur ce cliché de face que l’on<br />

va rechercher la rétroversion <strong>du</strong> cotyle.<br />

En principe, sur un cliché fait en position<br />

debout la paroi antérieure est toujours<br />

en dedans de la paroi postérieure.<br />

A aucun moment elle ne croise la paroi<br />

postérieure. Elle ne se rencontre qu’au<br />

bord externe <strong>du</strong> toit <strong>du</strong> cotyle.En cas de<br />

rétroversion de la partie supérieure <strong>du</strong> cotyle,<br />

la paroi antérieure est en dehors de<br />

la paroi postérieure et la croise en son milieu.<br />

Si ce signe existe, on peut parler de<br />

rétroversion <strong>du</strong> cotyle.Pour que ce cliché<br />

soit interprétable,il doit être fait debout.<br />

À un stade plus avancé, les signes classiques<br />

d’arthrose apparaissent.<br />

Faux profil de Lequesne<br />

Le faux profil de Lequesne n’est pas inutile.<br />

Il permet juste de rechercher une<br />

dysplasie modérée ou éventuellement<br />

une fausse dysplasie par trop grosse tête.<br />

Il permet cependant de bien analyser<br />

la paroi postérieure <strong>du</strong> cotyle et l’on<br />

recherche un amincissement <strong>du</strong> cartilage<br />

ou un ostéophyte de traction sur<br />

la corne postérieure <strong>du</strong> cotyle. On<br />

recherche un petit kyste juste au-dessus<br />

de la paroi antérieure <strong>du</strong> cotyle. Celuici<br />

apparaît juste au niveau de la zone de<br />

conflit. Ce n’est pas sur ce cliché que<br />

l’on va rechercher les modifications anatomiques<br />

sur le fémur.<br />

Profil chirurgical pied en rotation<br />

interne<br />

Le profil chirurgical pied en rotation<br />

interne maximum est finalement plus intéressant<br />

(Fig. 3b). Il met en évidence<br />

l’absence de sillon à la face antérieure<br />

<strong>du</strong> col et montre souvent la tuméfaction<br />

ou l’augmentation <strong>du</strong> rayon de courbure<br />

de la tête <strong>du</strong> fémur à la jonction tête/col.<br />

Il permet parfaitement de voir une épiphysiolyse<br />

a minima. On estime sur ce<br />

cliché la rétroversion <strong>du</strong> fémur qui est<br />

un facteur de conflit.<br />

Scanner<br />

Le scanner n’est pas très intéressant. Il<br />

va,dans notre expérience,ne servir qu’à<br />

calculer les troubles de torsion <strong>du</strong><br />

membre inférieur. La mise en évidence<br />

de l’antéversion <strong>du</strong> fémur est classique.<br />

Le calcul de l’antéversion <strong>du</strong> cotyle ne<br />

doit pas se faire, comme le font la plupart<br />

des radiologues,à l’endroit ou la tête<br />

<strong>du</strong> fémur est la plus grosse, mais uniquement<br />

dans la zone <strong>du</strong> conflit,c’est-àdire<br />

dans les coupes les plus hautes.<br />

IRM<br />

L’IRM (Fig.4) fournit des renseignements<br />

beaucoup plus pro<strong>du</strong>ctifs.Il doit être fait,<br />

si possible,sur une machine de 1,5 tesla.<br />

Les coupes sont très particulières.Il s’agit<br />

de coupes radiaires qui se font dans le<br />

plan <strong>du</strong> cotyle.<br />

Figure 3b : radiographie de profil. On voit très bien la<br />

“bosse” antérieure. On voit aussi un petit pincement<br />

postérieur avec un ostéophyte débutant. On<br />

distingue (flèche bleue) les petites lésions kystiques<br />

de la paroi antérieure <strong>du</strong> cotyle. Pas de pincement de<br />

l’interligne supérieur.<br />

MÉDECINS DU SPORT 29 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

ArthroIRM<br />

L’arthroIRM [3] est l’examen qui permet<br />

d’analyser encore mieux le cartilage, le<br />

labrum, la partie antérieure <strong>du</strong> cotyle<br />

et les réactions osseuses dans le fémur<br />

à la jonction tête col.Dans certains cas,<br />

on trouve des hernies kystiques (pit herniary)<br />

juste sur cette zone.<br />

Les lésions <strong>du</strong> labrum sont très bien analysées<br />

sur les coupes IRM.Elles se situent,<br />

dans 90 % des cas, sur la partie antéroexterne<br />

<strong>du</strong> cotyle, c’est dire juste sur<br />

la zone <strong>du</strong> conflit. Dans un très grand<br />

nombre de cas, on ne retrouve aucune<br />

lésion <strong>du</strong> bourrelet.On voit juste des modifications<br />

<strong>du</strong> signal au niveau de l’os<br />

sous-chondral,en regard <strong>du</strong> cartilage antéro-supérieur.<br />

PROPOSITIONS<br />

THÉRAPEUTIQUES<br />

ET PREMIERS RÉSULTATS<br />

Si les lésions sont déjà trop avancées, il<br />

n’y a pas grand-chose à faire. En cas de<br />

pincement sérieux de l’interligne,de subluxation<br />

de la tête sur le faux profil de<br />

Lequesne, il faut savoir mettre en place<br />

le traitement médical classique d’une<br />

coxarthrose.<br />

La prothèse de hanche n’est plus très<br />

loin…<br />

Figure 4 : image IRM. On voit sur le<br />

cliché de profil la tuméfaction. Le<br />

cliché d’IRM dans la même position<br />

montre bien les lésions et surtout<br />

l’atteinte de la partie antéro-externe<br />

<strong>du</strong> cotyle.<br />

Mise au point<br />

Mise au point<br />

3b 4


Mise au point<br />

Mise au point<br />

Traitement chirurgical conservateur<br />

S’il n’existe pas de lésion évidente <strong>du</strong> cartilage,<br />

c’est-à-dire si la hauteur de l’interligne<br />

n’est pas modifiée sur les différentes<br />

incidences, on peut envisager un<br />

traitement chirurgical conservateur (Fig.5<br />

a, b c).<br />

Ce passage à la chirurgie ne s’envisage,<br />

bien sûr, qu’avec des patients motivés,<br />

douloureux dans leur pratique <strong>sport</strong>ive<br />

ou dans la vie de tous les jours. Il faut<br />

savoir que, sauf arrêt complet <strong>du</strong> <strong>sport</strong><br />

incriminé, les lésions n’ont aucune<br />

tendance à guérir spontanément. L’aggravation<br />

est la règle et con<strong>du</strong>it de manière<br />

inéluctable à l’arthrose de hanche.<br />

La seule amélioration temporaire que l’on<br />

peut observer passe par l’apparition<br />

d’ostéophytes qui vont entraîner une di-<br />

5a<br />

minution des mobilités de la hanche.<br />

Celle-ci va apporter un soulagement temporaire<br />

par diminution de l’irritation de<br />

la zone conflictuelle.<br />

Chirurgicalement il faut faire disparaître<br />

le conflit soit en créant un sillon à la jonction<br />

tête/col, soit diminuer la rétroversion<br />

<strong>du</strong> cotyle.<br />

La technique de Ganz<br />

Cette chirurgie a été développée en<br />

Suisse à Berne par Reinhold Ganz. Nous<br />

avons proposé un geste chirurgical un<br />

peu moins invasif qui semble intéressant<br />

dans les cas où les modifications morphologiques<br />

ne sont pas majeures.<br />

Ganz, qui a tout particulièrement bien<br />

étudié la vascularisation de l’épiphyse<br />

fémorale, a proposé une nouvelle voie<br />

MÉDECINS DU SPORT 30 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

5b<br />

5c<br />

Figure 5a : jeune footballeur de 24 ans.<br />

Le conflit est déjà beaucoup plus franc avec<br />

des signes de dégénérescence. Il existe un<br />

début d’ostéophyte très <strong>net</strong>. Le patient se<br />

plaint en plus d’un ressaut très douloureux<br />

avec pseudoblocage. La rétroversion <strong>du</strong><br />

cotyle est franche avec un signe <strong>du</strong><br />

croisement des 2 parois antérieure et<br />

postérieure.<br />

Figure 5b : <strong>du</strong>rant l’intervention, on retrouve<br />

une superbe “bosse” de conflit. Il existe un<br />

méplat (flèches vertes) à la jonction tête col<br />

qui vient buter dans l'articulation en fin de<br />

mouvement à l'origine des lésions articulaires<br />

cotyloïdiennes. Comme on peut le voir,<br />

il s'agit bien de cartilage et non d'un<br />

ostéophyte. Au niveau de la flèche bleue,<br />

le cartilage commence à souffrir et finira par<br />

donner un ostéophyte. On va réséquer toute<br />

cette bosse sur environ 1 centimètre et donc<br />

faire disparaître le conflit.<br />

Figure 5c : radio post-opératoire. Disparition<br />

de la bosse et des ostéophytes. Les 2 vis<br />

servent à maintenir la trochantérotomie<br />

digastrique qui permet d’exposer<br />

l’articulation sans compromettre la<br />

vascularisation de la hanche.<br />

La notion<br />

de conflit antérieur<br />

repose sur un faisceau<br />

d’arguments<br />

● Clinique<br />

Diminution de la rotation interne<br />

Douleur inguinale et exacerbation<br />

en flexion ad<strong>du</strong>ction et rotation<br />

interne<br />

● Sur la radio de face<br />

Tête phallique<br />

Absence d’offset<br />

Coxa vara<br />

Rétroversion <strong>du</strong> cotyle<br />

● Sur le profil chirurgical<br />

Méplat à la jonction tête/col voire tuméfaction<br />

● Scanner<br />

Rétroversion de la partie supérieure<br />

<strong>du</strong> cotyle<br />

Faible antéversion <strong>du</strong> fémur<br />

● IRM<br />

Modification de signal sur le col <strong>du</strong><br />

fémur à la jonction tête col<br />

Lésion <strong>du</strong> bourrelet<br />

Modification <strong>du</strong> signal de l’os souschondral<br />

sur la partie antérieure <strong>du</strong><br />

cotyle ou sur la corne postérieure.


d’abord qui permet d’ouvrir et de luxer<br />

l’articulation de la hanche sans compromettre<br />

sa vascularisation. [4] Il devient<br />

alors possible de bien voir les “dégâts”<br />

et de traiter la cause <strong>du</strong> conflit.<br />

On peut donc, sans aucun danger, pratiquer<br />

l’ablation de la tuméfaction à la<br />

jonction col/tête, mais aussi des ostéophytes<br />

qui peuvent s’être formés sur<br />

la zone irritée.<br />

Si la paroi antérieure est trop couvrante,<br />

on peut en pratiquer une exérèse partielle.<br />

Il n’est pas rare qu’il existe une<br />

ossification localisée <strong>du</strong> bourrelet et l’on<br />

peut alors l’exciser.<br />

Les dégâts cartilagineux seront notés et<br />

les gros clapets régularisés.Nous avons<br />

essayé, en cas de lésions importantes<br />

chez des sujets jeunes, de faire des<br />

greffes de cartilage selon la technique<br />

de la “Mosaïc plasty”,mais nous n’avons<br />

pas assez de recul et de cas pour en<br />

parler sérieusement.<br />

Voie d’abord<br />

Dans les cas simples, nous n’utilisons<br />

pas la voie de Ganz pour explorer l’articulation.<br />

Une petite voie d’abord antérieure<br />

de 3 ou 4 centimètres associée<br />

à une aide arthroscopique nous permet<br />

de traiter la grande majorité des<br />

lésions avec des suites très simples.L’inconvénient<br />

de la voie de Ganz est de sectionner<br />

une partie <strong>du</strong> grand trochanter<br />

et sa consolidation passe par une<br />

décharge de 6 semaines. C’est cependant<br />

une voie anatomique qui ne laisse<br />

aucune séquelle.<br />

Des résultats encourageants<br />

Les résultats de cette chirurgie sont très<br />

encourageants. Dans un récent symposium,<br />

[5] Ganz nous a présenté ses résultats.Il<br />

est important de noter que,sur<br />

plus de 400 hanches opérées avec luxation<br />

chirurgicale,aucun des patients n’a<br />

développé de nécrose de la tête fémorale.<br />

En ce qui concerne les douleurs,<br />

si l’on réserve cette chirurgie aux patients<br />

ayant un interligne conservé,<br />

l’amélioration ou la guérison est de 90 %.<br />

Bien sûr le recul est encore insuffisant<br />

(4 ans maximum),mais ces premiers résultats<br />

semblent confirmer la justesse<br />

des propositions physiopathologiques.<br />

Le problème des cas avancés<br />

S’il existe des dégâts cartilagineux avec<br />

un pincement de l’interligne, la qualité<br />

des résultats n’est plus la même.L’amélioration<br />

n’est que passagère, même si<br />

les patients sont en général satisfaits<br />

d’avoir retrouvé une meilleure mobilité<br />

de hanche. Dans ces cas avancés, les<br />

greffes de cartilages auront peut-être un<br />

intérêt.<br />

Ces résultats corroborent parfaitement<br />

ce que nous avons trouvé dans notre série.<br />

Ils nous permettent surtout d’insister<br />

sur la prévention et le dépistage de<br />

ce problème. C’est probablement à ce<br />

prix que l’on pourra éviter à des patients<br />

très jeunes de développer une coxarthrose<br />

donc la sanction finale est souvent<br />

une prothèse avant 40 ans.<br />

CONCLUSION<br />

Le conflit antérieur de hanche se caractérise<br />

par l’existence d’une zone de<br />

conflit entre la partie antéro-inférieure<br />

de la tête <strong>du</strong> fémur et la paroi antérieure<br />

<strong>du</strong> cotyle en flexion de hanche. Ce<br />

conflit entraîne des lésions cartilagineuses<br />

sur la partie antérieure <strong>du</strong> cotyle.<br />

L’évolution naturelle se fait vers<br />

la coxarthrose précoce à moyen ou long<br />

terme.<br />

Le diagnostic est principalement clinique<br />

devant l’existence d’une diminution<br />

de la rotation interne et l’existence<br />

d’une douleur en ad<strong>du</strong>ction,<br />

flexion,rotation interne.Les renseignements<br />

que fournissent les examens complémentaires<br />

sont souvent pauvres par<br />

méconnaissance de cette entité patho-<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

MÉDECINS DU SPORT 31 N°<strong>53</strong>-AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

logique, mais la radiographie standard<br />

(face et profil chirurgical) peut mettre<br />

en évidence des variations anatomiques<br />

intéressantes.<br />

L’IRM est l’examen complémentaire le<br />

plus intéressant, s’il est bien fait. Les<br />

coupes sont cependant un peu particulières.L’injection<br />

de gadolinium intraarticulaire<br />

augmente la précision de<br />

l’examen. Le scanner ou l’arthro scanner<br />

sont décevants et n’ont d’utilité que<br />

dans le calcul des mesures de torsion <strong>du</strong><br />

squelette <strong>du</strong> membre inférieur.<br />

Un traitement chirurgical conservateur,<br />

visant à faire disparaître le conflit,existe<br />

à un stade précoce. Il semble très efficace<br />

sur les douleurs et sur l’amélioration<br />

des mobilités.<br />

Ce traitement chirurgical est moins efficace<br />

en cas de pincement de l’interligne<br />

ou de subluxation antérieure.<br />

Des moyens de prévention devraient<br />

donc être mis en place.Il semble logique<br />

de faire passer le message auprès des fédérations<br />

<strong>sport</strong>ives. Les principaux<br />

<strong>sport</strong>s à risque sont les arts martiaux,la<br />

boxe française, le foot, la danse et les<br />

<strong>sport</strong>s où l’on exige des flexions extrêmes<br />

et répétées de la hanche. Chez<br />

les adeptes de ces <strong>sport</strong>s, l’existence<br />

d’une diminution de la rotation interne<br />

de hanche, une rétroversion <strong>du</strong> cotyle,<br />

une coxa-vara ou une absence d’antéversion<br />

<strong>du</strong> col <strong>du</strong> fémur favorisent l’apparition<br />

d’un conflit et donc à terme<br />

d’une coxarthrose précoce. ■<br />

1. Myers SR, Eijer H, Ganz R. Anterior femoroacetabular impingment<br />

after periacetabular osteotomy. Clin Orthop 1999; 363: 93-99.<br />

2. Eijer H, Leunig M, Mahomed MN, Ganz R. Cross-table lateral radiographs<br />

for screening of the anterior femoral head-neck offset in patient with<br />

femoro-acetabular impingment. Hip international 2001; 11 (1): 37-41.<br />

3. Ito K, Minka-II MA, Leunig M, Werlen S, Ganz R. Femoroacetabular<br />

impingement and the cam-effect. A MRI-Based quantitative anatomical<br />

study of the femoral head-neck offset. J Bone Joint Surg [Br] 83-B ; 2 :<br />

171-76.<br />

4. Ganz R, Gill TJ, Gautier E et al. Surgical dislocation of the a<strong>du</strong>lt hip. A<br />

technique with full access to the femoral head and acetabulum without<br />

the risk of avascular necrosis. J Bone Joint Surg [Br] 83-B; 8: 1119-24.<br />

5. Impingement and dysplasia of the hip. Internationnal Symposium.<br />

Berne, 17 au 17 janvier 2002.<br />

Mise au point<br />

Mise au point


19 E JOURNÉE RAPHAÉLOISE<br />

DE MÉDECINE, RHUMATOLOGIE<br />

ET TRAUMATOLOGIE SPORTIVE<br />

19 octobre 2002<br />

St Raphaël - Palais des congrès<br />

■ Thèmes<br />

Muscle, médicaments et <strong>sport</strong><br />

Technique d’électromyostimulation<br />

Pathologie des jumeaux<br />

Quand opérer une lésion musculaire chez le <strong>sport</strong>if?<br />

Traitement des fractures <strong>du</strong> scaphoïde carpien<br />

Les problèmes posés par la prise en charge <strong>du</strong> transplant lors de<br />

la chirurgie <strong>du</strong> LCA<br />

La chirurgie de l’instabilité <strong>du</strong> genou chez l’enfant (rotule, LCA)<br />

Pathologie discale lombaire chez le <strong>sport</strong>if<br />

Principe de réé<strong>du</strong>cation dans la lombalgie <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if<br />

Attitude pratique face à un traumatisme <strong>du</strong> rachis cervical<br />

Pathologie <strong>du</strong> grand trochanter<br />

Le <strong>sport</strong>if blessé, quand l’arrêter et comment le faire reprendre?<br />

La coiffe des rotateurs en 2002<br />

Aponévrosite plantaire<br />

■ Ateliers pratiques<br />

Examen programmé <strong>du</strong> genou<br />

Examen programmé de l’épaule<br />

Examen programmé <strong>du</strong> rachis cervical<br />

■ Renseignements<br />

Dr Fichez<br />

Place Coulet, St Raphaël<br />

Tél.: 04 94 19 50 50 - Fax: 04 94 19 50 51<br />

3 E JOURNÉE DE PATHOLOGIE<br />

DE L’ÉPAULE<br />

L’ÉPAULE DU SPORTIF<br />

11 octobre 2002<br />

Paris - espace St Martin<br />

■ Thèmes<br />

ÉPAULE TRAUMATIQUE RÉCENTE<br />

Bilan clinique de première intention<br />

Bilan d’imagerie initial, les signes à rechercher, les pièges à éviter<br />

Prise en charge médicale initiale<br />

CONDUITES À TENIR DEVANT<br />

Une entorse ou une disjonction acromio-claviculaire<br />

Une première luxation gléno-humérale antérieure<br />

Une instabilité antérieure chronique<br />

ÉPAULE MICROTRAUMATIQUE<br />

Epaule neurologique<br />

Arthropathie et arthrose acromio-claviculaire<br />

Pathologie de la coiffe des rotateurs, démembrement et prise en<br />

charge thérapeutique<br />

Isocinétisme et épaule: intérêt chez le <strong>sport</strong>if<br />

■ Table ronde<br />

L’épaule <strong>du</strong> joueur de tennis<br />

■ Renseignements<br />

Nukléus<br />

55 rue Bobillot, 75 013 Paris<br />

Tél.: 01 45 88 66 88 - Fax: 01 45 88 70 10<br />

Mail: contact@nukleus.fr<br />

F O R M A T I O N<br />

CAPACITÉ DE BIOLOGIE ET MÉDECINE DU SPORT<br />

Faculté de Médecine de Marseille<br />

Durée : 1 an<br />

Date limite d’inscription : 30 septembre 2002<br />

Directeur de l’enseignement : Pr Jean-Michel Viton<br />

Coordinateur de l’enseignement : Dr Jean-Marie Coudreuse<br />

L’enseignement théorique est réparti sur 3 séminaires<br />

de 5 jours, soit un total de 120 heures d’enseignement.<br />

● 1er séminaire: 25-29 novembre 2002. Traumatologie aiguë<br />

et chronique des membres supérieurs et inférieurs…<br />

● 2e séminaire: 27-31 janvier 2003. Rachis, isocinétisme,<br />

physiologie, cardiologie, plongée, <strong>sport</strong> en altitude,<br />

technopathies, spécificité de la femme, <strong>du</strong> sujet âgé…<br />

● 3e séminaire: 24-28 mars 2003. Endocrinologie, biologie,<br />

nutrition, analyse <strong>du</strong> mouvement, pédiatrie <strong>du</strong> <strong>sport</strong>…<br />

L’enseignement pratique comporte 25 demi-journées.<br />

Parmi les thèmes abordés:<br />

● examens cliniques programmés,<br />

● techniques pratiques de réé<strong>du</strong>cation,<br />

● techniques d’immobilisation,<br />

● consultations de traumatologie <strong>du</strong> <strong>sport</strong>,<br />

● bilans isocinétiques,<br />

● VO2 max,<br />

● épreuves cardiologiques d’effort,<br />

● bilans diététiques…<br />

Les Stages sur le terrain peuvent être choisis en fonction<br />

<strong>du</strong> lieu de résidence.<br />

L’examen comporte :<br />

● une épreuve écrite de 2 heures (fin avril 2003),<br />

● une épreuve orale (qui peut être remplacée<br />

par la rédaction d’un mémoire).<br />

Renseignements<br />

JM COUDREUSE<br />

Service de médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong> - APHM<br />

A Delarque - JM Viton - JM Coudreuse<br />

Hôpital Salvator<br />

249, Bd Ste Marguerite<br />

13009 Marseille<br />

Tél. : 04 91 74 50 40<br />

Fax : 04 91 74 61 57<br />

Email : jean-marie.coudreuse@mail.ap-hm.fr<br />

MÉDECINS DU SPORT 33 N°<strong>53</strong> - AOÛT/SEPTEMBRE 2002<br />

Congrès / formation<br />

Congrès / formation

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