Spéculation autour des Gorges du Toudgha Spéculation autour des ...

considèrent comme un manquement
à la loi et une appropriation de bien
public.
La Fédération des Associations de
Développement de Tinghir prend la
relève. Elle décide d’organiser un sitin
collectif quatre jours plus tard, le
26 novembre 2006. Ses revendications
sont plus générales.
En plus de transformations «irrationnelles»,
d’autres menaces pèsent en
effet sur le site de Toudgha, faisant
craindre sa dénaturation et sa dégradation
totale et irréversible. Il en va
ainsi de la pollution du site et de ses
ressources hydrauliques, induite par
les flux de touristes et les changements
du mode de vie des riverains. Une
logique implacable mêlant démographie
et modernité.
Plus d’habitants, ce sont plus de fosses
septiques. Plus de modernité, ce
sont plus de produits de consommation
industriels. Autant de substances chimiques
et nocives qui viennent s’infiltrer
dans les nappes phréatiques.
Ajouté à cela un mauvais marketing
touristique.
La population avoisinante des Gorges
du Toudgha ne profite pas de ce qui,
selon toute vraisemblance, s’apparente
à un tourisme de passage.
La majorité des touristes, poussés,
entre autress par le manque de lieux
d’hébergement, séjourneraient ailleurs,
à Erfoud ou à Ouarzazate. Sans oublier
le problème des faux-guides et l’état
«déplorable» des routes menant vers
les gorges. Ahmed Sadqi et ses acolytes,
« pour des raisons sécuritaires
» se voient opposer le refus de manifester
de la part des autorités locales,
qui bloquent néanmoins les travaux
entamés par les opérateurs exerçant
dans le site des gorges.
«Nous demandons à ce que soit appliquée
la loi 10-95 relative au secteur de
l’eau, notamment l’article 117, qui
stipule que l’agence de bassin dispose
du droit de faire procéder à la destruction
de tous ouvrages gênant la
circulation, la navigation ou le libre
écoulement des eaux. Nous ne cherchons
pas la guerre avec les promoteurs,
bien au contraire. Tout ce que
Maroc Hebdo International N° 726 du 29 Déc. 2006 au 11 Jan. 2007
SOCIÉTÉ ET CULTURE
La population
avoisinante
des Gorges du
Toudgha ne
profite pas de
ce qui, selon
toute vraisemblance,s’apparente
à un
tourisme de
passage.
nous réclamons, c’est que le règlement
soit respecté et que des mesures
soient prises en concertation avec les
intervenants locaux afin de sauvegarder
ce patrimoine national sans pour
autant toucher aux intérêts des uns et
des autres. Sans cela, nous serons tous
perdants», conclut Ahmed Sadqi.
Le suspens a assez duré... Aux appels
de détresse des riverains, répondent
en échos les mugissements de l’oued
Toudgha. Et les bêlements lointains
d’une vieille chèvre noire perchée sur
une des falaises, à laquelle la légende
des villages alentours prête une âme de
djinn (esprit) bienveillant . Comme si,
l’Homme et la Nature pleuraient à l’unisson
la symbiose perdue d’un éden
en péril.❏
Mouna Izddine
51
© Ph.DR
© Ph.DR