Hardy, MELEAGRE - CRHT - Université Paris-Sorbonne
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XX<br />
Le vocabulaire recherché de la chasse, l’érudition mythologique souvent<br />
réduite à des allusions pour être plus bref conduit les personnages à se<br />
comparer aux héros antiques. Les nombreuses épithètes et les sentences<br />
qui ponctuent la pièce ne sont qu’une illustration supplémentaire de cette<br />
filiation qui unit <strong>Hardy</strong>, Sénèque et Ronsard.<br />
Et Ronsard ajoute :<br />
Tu n’oublieras jamais de rendre le devoir qu’on doit à la divinité, oraisons, prières,<br />
sacrifices, commençant et finissant toutes tes actions par Dieu, auquel les hommes<br />
attribuent autant de noms qu’il a de puissances et de vertus, imitateur d’Homère et de<br />
Virgile qui n’y ont jamais failli. 31<br />
Ce devoir que l’auteur doit rendre à la divinité, <strong>Hardy</strong> n’y manque pas<br />
dans Méléagre. En effet, la pièce commence par une invocation à la<br />
déesse Diane, les prières qui lui sont adressées sont nombreuses dans le<br />
texte. De même le chœur de filles promet à Diane un sacrifice et des jeux<br />
annuels si elle consent à la victoire du peuple.<br />
Disciple de Ronsard, <strong>Hardy</strong> croit en la valeur des Anciens. C’est dans<br />
ce sillage de l’antiquité classique que se place le frontispice de notre<br />
œuvre. Tome inaugural du Théâtre de <strong>Hardy</strong>, le frontispice place<br />
l’œuvre de <strong>Hardy</strong> dans un contexte antique. En effet, le frontispice<br />
représente la muse de la tragédie selon le procédé allégorique<br />
traditionnel. Dans sa partie supérieure, le frontispice représente une reine<br />
qui est assise sur un trône, tenant de sa main droite la trompette de la<br />
renommée, et de l’autre main un sceptre. Aux deux côtés se situent deux<br />
scènes de pastorales. Au-dessous, se trouve une assemblée de spectateur<br />
avec cet épigraphe :<br />
« Aux charmes de sa voix la grave Melpomoene,<br />
De l’obscur du Tombeau les vertueux rameine. »<br />
A la partie inférieure du frontispice, enfin, un guerrier et Hercule<br />
soutiennent un médaillon avec ce titre : « LE THEATRE d’Alexandre<br />
<strong>Hardy</strong> <strong>Paris</strong>ien ». Dédié à monseigneur de Montmorency.<br />
Au bas, le frontispice nous rappelle le nom de l’éditeur et le lieu de la<br />
publication.<br />
Une grande partie de la gravure reprend les différents éléments d’un<br />
recueil d’emblèmes : on retrouve la muse de la tragédie, Melpomène, les<br />
héros antiques, le trône, la couronne, le sceptre qui sont l’apanage des<br />
rois, héros de tragédie. D’autre part, Alexandre <strong>Hardy</strong> révèle la diversité<br />
de sa production à travers les deux scènes de pastorale et l’allusion<br />
évidente à la tragédie. La trompette de la renommée ainsi que les<br />
31 Ronsard, Op. Cit. p 345.