Sr. M. Laura Restelli o.p.

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PRIÈRE
La prière
mystère de grâce
La prière est un mode de relation fondé sur la foi. Comment ce sujet est traité
dans les Constitutions. Alliance éternelle et connaissance d'amour, réponse libre
à un appel pour un don total. L'exemple engageant de Jésus et de nos saints.
"Souffle" qui vivifie nos actes et nos paroles. Femmes capables de donner et de
promouvoir la confiance, mais aussi leur propre vie. L'étude, acte d'espérance
pour trouver l'immuable présence de Dieu dans la mutabilité des temps.
J’ annoncerai ton nom à
mes frères. Je te louerai
dans l’assemblée (Ps 21)
C'est par ces paroles que le
psaume 21 se termine, très belle
prière qui accompagner le sacrifice
de louange, mémoire du danger
échappé et louange qui jaillit
du don de la vie retrouvée. Ce
sont de telles prières qui ont
rythmé le chemin de nos pères,
d'Israël, puis des disciples du
Christ, et par des paroles semblables
les croyants de tous le temps
ont été modelés par la Grâce.
Je pense que dans leur simplicité
elles renferment le sens de la
prière: une expérience de relation
par la quelle je peux dire "tu" à
Dieu elle se fonde sur la foi, elle
ouvre à la louange et à la communion
avec les frères. Les dimensions
verticales et horizontales
s'entrelacent et progressivement
transforment la vie.
Mais la prière - selon les maîtres
de spiritualité - “n’est pas un sujet
sur lequel parler, mais un mystère
de grâce à expérimenter” (AMC –
Le don de la Prière, page 5) qui
commence par l'écoute telle un
“silence d'attente” (idem). Dans
nos Constitutions la prière est
traitée comme une expérience de
grâce et une ouverture au mystère
et c’est à partir de quelque élément
qui y sont intégrés que nous
pouvons relire à grands traits le
texte tout entier.
La Prière comme “memoria Dei"
(selon la définition des Pères),
c’est à dire la prière-relation,
prière-langage de foi, sont les
deux dimensions qu'on peut retrouver,
tel un fil d’or qui parcourt
les nombreux articles de nos Loi.
La Constitution Fondamentale, au
n° 5 présente la mission qui jaillit
d’un rencontre, plongée dans une
relation (la contemplation du mystère
de l’Incarnation), et nous
rend femmes de compassion
pour les frères, servantes de la Parole,
envoyées aujourd’hui dans le
monde, comme le furent, déjà
Dominique, Catherine, Mère Gérine.
Le fondement de tout cela
est la foi, c’est à dire la confiance
de Dieu en nous est si grande
qu'elle arrive a nous faire devenir
instrument, de nous en Lui, Sauveur
et Seigneur, notre confiance
“Notre Dieu est un Dieu qui libère et qui sauve. Et cela peut être chanté en chœur, célébré en
silence, intériorisé dans l’écoute, et dansé dans la vie”

dans les Frères qui sont aimés depuis
toujours et vers lesquels la
Parole nous pousse.
Alliance éternelle et connaissance
d’amour est définie dans un autre
point la relation fondante de notre
vie: réponse à un appel, qui
devienne engagement à l’accueillir
et à le cultiver, dans l’écoute,
dans l’étude, dans la prière, dans
la mission, dans la vie fraternelle...
Un chapitre, dans la section Vita
apostolica est dédié entre autre à
la prière, et il est intéressant de
remarquer qu'on ne parle ni de
prière, ni de style ou de forme,
mais on met en évidence les fondements
et le sens pour que cette
respiration du cœur oxygène la
vie.
Les exemples de Jésus, de Dominique,
de Catherine et de Mère
Gérine, ouvrent ce chapitre en
présentant la prière comme une
relation de gratuité et de
dialogue de foi. C'est la
Parole qui nous modèle,
nous le découvrons en
parcourant le texte; le
mystère du Christ qui se
donne dans l’Eucharistie
est lumière et nourriture
pour notre vie, il jaillit
dans la louange de
chaque jour, il devient
mode de partage quotidien.
L’expérience du pardon et de
l’Amour plus fort que la mort dilate
notre vie comme espace de
compassion pour tout le monde;
et, dans le silence, l’écoute se
transforme en "suite", devient
choix de vie, vigueur de décision,
docilité à l'Esprit qui conduit l’histoire.
C’est un chapitre fait de l'essentiel,
que se soit dans les Constituions
ou dans le Directoire : serait
bien déçu qui chercherait
les prières à dire ou les
actes à poser. La prière
comme grâce de relation et
souffle de foi est au
contraire, la tonalité sur laquelle
on avance, en montrant
Marie comme modèle,
femme de louange, capable
de lire sa vie et celle de son
peuple avec la sagesse qui
naît de l’écoute et de la fréquentation
du Mystère.
Les mêmes dimensions de
relation et de foi parcourent - disions-nous
- telle une veine d’or,
toutes les Constitutions, avec un
continuel et réciproque rappel
qui lie les chapitres entre eux
comme les fils d’une tapisserie
multicolore.
Le fondement de la Consécration
est déterminé dans une rencontre
personnelle qui devient engagement
de soi même dans l’obéissance,
lieu suprême de liberté,
accueil de Dieu comme unique
Seigneur de la vie qui fleurit dans
un amour libre et chaste, choix de
Le suivre dans un style de vie simple
et sobre qui est témoignage
de pauvreté en tant que justice et
partage.
Toute notre vie est renfermée
dans ce que nous définissons Vita
apostolica, c’est à dire vie à la manière
des apôtres. Comme eux
nous voulons rester avec Lui et
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l’annoncer “Sauveur, Vérité qui libère
l’intelligence et le cœur, réponse
au désir infini de l’homme
d’être heureux” (n°15).
Nous vivons une relation vitale,
qui nous demande de nous transformer
en un instrument de relations
vives et vivifiantes, un rapport
dans la foi qui nous rende
femmes capables de donner et
de promouvoir la confiance, car
nous sommes objet d’infinie
confiance. Dans la prière faite
d’écoute, d'immersion dans la Parole
et dans le Mystère de l’Eucharistie,
de silence et d' attente,
de supplication et de louange,
tout s'enracine dans notre vie et
fleurit dans des gestes. Avec la
même passion de Dominique, Catherine,
Mère Gérine, dans le
sillon fait de l'héritage que les autres
générations nous ont laissé,
nous aussi aujourd’hui nous
cueillons les défis de notre temps,
nous nous mettons à l'écoute,
pour être, aujourd'hui, pour nos
frère, visage et mains de compassion.
Encore une fois il nous est rappelé
que la relation constitutive de notre
vie est fondée sur la confiance
en Lui, Seigneur et Sauveur, et
elle devient confiance dans celui
que nous rencontrons. Si la prière
a la foi comme dimension, c’est à
dire la confiance radicale en Dieu,
remise de soi même à Son projet,
nous pouvons dire qu'elle devient
capacité de semer la confiance, la
remise de soi même aux frères. Et
si “l’oraison humble” nourrit la
vie, la vie et les rencontres deviennent
les visages qui habitent la
supplication et la louange, en leur
donnant chair et sang.
En parlant aussi de notre Gouvernement,
les Constitutions sousentendent
l’esprit de foi qui
anime et justifie notre discernement,
jouer le jeu, participer, pour
que le bien qui est de toutes soit
cherché par toutes, entrevu et
consciencieusement choisi. La vie
de la communauté qui est
conduite par participation est tissée
de relations, vraies, authentiques,
fraternelles… et tous autres
adjectifs ont leur raison d'être
dans la mer de l’unique vraie Relation
à laquelle nous participons
toutes: Dieu a tant aimé le monde
qu'Il a donné son Fils inique.
L’écoute priante de la Parole, l’entrée
en silence dans ce mystère,
nous rend femmes capables, a
notre tour, de donner la vie, pour
que beaucoup vive de cette façon.
Tout cela, dans le Chapitre
communautaire, dans les élections,
dans les projets n'est pas
seulement un acte de politique
humaine, mais un engagement de
confiance réciproque, de qui a
été l'objet d’une immense
confiance.
Dans la foi et pour aller de plus en
plus vers un chemin de relation,
nous pensons notre vie comme
une formation continuelle marquée
inévitablement par des
étapes, mais unitaires, dans son
se vouloir modelée par Dieu, qui
appelle et envoie.
Cette même confiance, cette foi
qui est don et engagement, et
cette Relation, qui devient relations,
fondent la vie fraternelle,
mystère de communion déjà donnée,
dans la foi, mais qui est toujours
à construire dans un inlassable
tissage et re-tissage de relations.
L’étude, élément essentiel de la
vie, n’est plus seulement un exercice
intellectuel et dans ce même
climat devient “acte d'espérance,
pour découvrir dans le passé et
dans le présent les semences d'un
futur comblé de l’immuable promesse
de Dieu” (41), c'est-à-dire
que dans un acte de foi nous déclarons
“que chaque réalité renferme
un sens” (idem).
La prière donc est le contenu d’un
chapitre, mais la dimension de foi
et de relation qui la sous-tend imprègne
de soi le texte. C’est un
sentier nouveau, car nouveau est
le chemin de l’union qui nous est
donné, nouveau est le don qui
demande docilité et disponibilité
à se laisser renouveler.
Fatigues, aspérités, espérance caractérisent,
comme toujours, le
chemin de la Congrégation,
même aussi après ce Chapitre,
mais… c’est l’histoire du psaume:
la louange jaillit quand on reconnaît
que notre Dieu est un Dieu
qui libère et qui sauve. Cela peut
être chanté en chœur, célébré
dans le silence, intériorisé dans
l’écoute et dansé dans notre vie
avec tous les hommes et toutes
les femmes que nous rencontrons.
Sr M. Laura Restelli
L’auteur de l’article.