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shogun: total war et l'extension officielle mongol invasion contient ...

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Une autre façon d'échapper au percepteur consistait à s'enrôler dans l'une ou l'autre des<br />

nombreuses armées des clans placées sous l'autorité du daimyo. Il suffisait de s'armer <strong>et</strong> de<br />

s’équiper, mais c'était chose facile en ce temps. Grâce à de nombreuses années de guerre, le<br />

Japon croulait sous les armes. Les chances de monter en grade étaient faibles pour les<br />

paysans mais elles existaient néanmoins. De plus, il y avait toujours quelque butin à piller.<br />

Ces paysans guerriers, les ashigaru (ou "pieds légers" selon une traduction littérale)<br />

constituèrent un atout important pour les chefs de guerre, même si leur discipline laissait à<br />

désirer. Dès le début, les ashigaru furent des pillards (ils y voyaient un avantage de leur<br />

fonction <strong>et</strong> un complément de leur solde) <strong>et</strong> leur code n'était pas celui des véritables<br />

samouraï. Mais les daimyo n'hésitèrent pas à se servir largement de ces troupes pour<br />

soutenir leurs samouraï – c'était en réalité une façon relativement peu onéreuse<br />

d'augmenter leur puissance militaire.<br />

Il est intéressant de remarquer que les ashigaru <strong>et</strong> les Ikki furent à l'origine d'une<br />

transformation importante du système social du Japon, ainsi que de la façon de guerroyer. Ils<br />

marquent le début d'une époque appelée gekokujo ("les faibles oppriment les puissants") par<br />

les historiens japonais. C<strong>et</strong>te tendance connut son point culminant pendant l'ère au cours de<br />

laquelle les vassaux renversèrent les seigneurs des clans dominants, ceux-là même auxquels<br />

ils auraient dû rester loyaux jusqu'à leur mort.<br />

Mais il est évident qu'avec tous ces troubles <strong>et</strong> les profonds changements dans l'ordre<br />

naturel de la hiérarchie, le <strong>shogun</strong>at Ashikaga n'était pas en position de donner des ordres<br />

aux daimyo.<br />

La situation était porteuse de troubles, <strong>et</strong> ils ne se firent pas attendre.<br />

la guerre d'onin<br />

"N’agissez qu’après vous êtes posé toutes les questions. Le premier qui prend la<br />

mesure du proche <strong>et</strong> du lointain remportera la victoire – telle est la règle de la<br />

guerre."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Avec le déclenchement de la guerre d'Onin en 1467, l'appellation "Pays en guerre" prit toute<br />

sa signification. Elle fut nommée ainsi parce qu'elle débuta la première année de l'ère Onin<br />

<strong>et</strong> se caractérisa par le fait que presque tous les combats eurent lieu à l'intérieur de Kyoto.<br />

Malgré les émeutes menées par les Ikki lors des décennies précédentes, la capitale restait la<br />

ville la plus magnifique du Japon.<br />

La guerre débuta lorsque le <strong>shogun</strong> Ashikaga Yoshimasa, le même qui avait essayé d'engager<br />

son armure pour payer ses cérémonies du thé, nomma son frère Yoshimi comme héritier<br />

du <strong>shogun</strong>at. Il tira même Yoshimi hors du monastère où il s'était r<strong>et</strong>iré ! Un an plus tard, il<br />

changea d'avis à l'occasion de la naissance de son premier fils, Yoshihisa.<br />

Au cours de ces événements, les clans Yamana <strong>et</strong> Hosokawa cherchaient des prétextes pour<br />

s'affronter. Ils avaient derrière eux de nombreuses années de rivalité. Deux prétendants<br />

revendiquaient le titre de Shogun <strong>et</strong> il devint évident que chaque famille soutiendrait un<br />

candidat différent. Yamana Sozen, surnommé le "moine rouge" en raison de son caractère<br />

violent <strong>et</strong> de son état, décida de soutenir le jeune héritier, Yoshihisa. Hosokawa Katsumoto<br />

entraîna son clan derrière Yoshimi, frère du Shogun actuel. La situation se compliquait<br />

encore du fait que les deux chefs étaient parents par alliance, Yamana Sozen étant le beaupère<br />

d'Hosokawa Katsumoto.<br />

12<br />

Les deux factions rassemblèrent leurs armées à Kyoto. Les Yamana comptaient 80 000<br />

samouraï <strong>et</strong> autres guerriers, tandis que les forces du clan Hosokawa se montaient à 85 000<br />

hommes. Ces chiffres ne manquent pas d'intérêt, car ils montrent l'opulence du Japon à<br />

c<strong>et</strong>te époque. Si on les compare aux armées occidentales de la même période, ils sont<br />

énormes, en particulier si on considère que ces armées appartenaient à des clans <strong>et</strong> non pas<br />

à des états. Pour prendre un exemple, lors de la guerre des Deux-Roses en Angl<strong>et</strong>erre –<br />

guerre civile ayant eut lieu à la même époque – les armées comptaient rarement plus de 10<br />

à 12 000 hommes de chaque côté, ce qui était déjà énorme dans ce pays.<br />

"Si vous voulez attaquer une position proche, faites croire que vous vous préparez à un<br />

long parcours ; si vous voulez attaquer une position éloignée, faites croire que vous<br />

vous préparez à un parcours réduit. Attirez-les avec l'appât du gain, prenez-les en<br />

semant la confusion."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Cependant, aucune des deux factions n'était disposée à ouvrir les hostilités. Celle qui allait<br />

frapper en premier courait le risque d'être considérée comme rebelle par le <strong>shogun</strong>at<br />

affaibli, <strong>et</strong> par conséquent de se trouver en position de faiblesse. Mais la tension finit par<br />

devenir insupportable. Les Yamana firent venir 20 000 hommes supplémentaires marchant<br />

sur Kyoto <strong>et</strong> un château appartenant aux Hosokawa fut mystérieusement réduit en cendres.<br />

Puis les troupes Hosokawa attaquèrent une colonne de ravitaillement des Yamana. Les<br />

combats sérieux ne tardèrent pas à commencer <strong>et</strong> en juill<strong>et</strong> 1467, deux mois après le début<br />

de la bataille, toute la partie nord de Kyoto fut dévastée. Les deux adversaires établirent à la<br />

hâte des barricades derrière lesquelles chacun se r<strong>et</strong>rancha, puis se mirent à mener une<br />

guerre figée d'attaques <strong>et</strong> de contre-attaques. Les habitants prirent la fuite <strong>et</strong> les armées<br />

s'affrontèrent.<br />

La guerre continua encore <strong>et</strong> toujours, aucune des parties n'étant en mesure d'arrêter les<br />

combats. Yamana Sozen <strong>et</strong> Hosokawa Katsumoto moururent tous deux en 1473 <strong>et</strong> la guerre<br />

se poursuivit. A force d'être considérés comme des rebelles, les Yamana finirent par perdre<br />

courage. Ouchi Masahira, l'un des généraux Yamana, brûla son secteur de Kyoto <strong>et</strong> partit.<br />

Ceci se passait en 1477, dix ans après le début des hostilités ! Kyoto fut pillée <strong>et</strong> il n'en resta<br />

pas grand chose. A part tuer quelques adversaires, aucun des clans n'avait atteint son but.<br />

Pendant tout ce temps, le Shogun n'avait strictement rien fait. Ashikaga Yoshimasa peut être<br />

défini comme une personne n'ayant pas le sens des réalités. Il ne s'intéressait absolument<br />

pas aux événements se produisant au Japon. Alors que Kyoto était en ruines, il consacrait<br />

son temps à la poésie <strong>et</strong> à d'autres activités culturelles <strong>et</strong> proj<strong>et</strong>ait de construire le Ginkakuji,<br />

le pavillon d'argent qui devait surpasser le pavillon d'or construit par son grand-père.<br />

Les combats à Kyoto eurent cependant de graves conséquences dans tout le Japon. La<br />

guerre d'Onin, ajoutée au manque de réaction du Shogun, laissa libre cours aux luttes<br />

personnelles que menaient les daimyo <strong>et</strong> plus aucune partie du Japon ne fut épargnée par la<br />

violence. Les daimyo en profitèrent largement pour régler leurs différends à la pointe de<br />

l'épée. Après tout, qui aurait bien pu les arrêter ? Certainement pas le Shogun, qu'il le veuille<br />

ou non.<br />

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