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shogun: total war et l'extension officielle mongol invasion contient ...

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®<br />

INCLUDES SHOGUN: TOTAL WAR <br />

AND THE OFFICIAL EXPANSION PACK,<br />

MONGOL INVASION<br />

CONTIENT SHOGUN: TOTAL WAR <br />

CONTIENT SHOGUN: TOTAL WAR<br />

ET L' L'EXTENSION EXTENSION OFFICIELLE<br />

MONGOL INVASION<br />

<br />

ET L'EXTENSION OFFICIELLE<br />

MONGOL INVASION<br />

ENTHÄLT SHOGUN: TOTAL WAR <br />

UND DAS OFFIZIELLE MONGOL INVASION<br />

ERWEITERUNGSPAKET


Introduction<br />

................................................................2<br />

Qui était Sun tzu ? ......................................3<br />

1 : UNE BRÈVE<br />

HISTOIRE DU<br />

JAPON ..........................................5<br />

Le japon primitif ........................................6<br />

L’ascension des samouraï ............................7<br />

La guerre de Gempei ................................8<br />

Les premiers <strong>shogun</strong> ..................................9<br />

Sengoku : Le pays en guerre ....................10<br />

L'ultime <strong>shogun</strong>at ......................................26<br />

L'histoire dans le jeu ................................27<br />

Le Daimyo dans Shogun: Total War ........28<br />

2 : LE SAMOURAÏ<br />

............................................................31<br />

Le Bushido : La voie de guerrier ..............31<br />

Les armes & armures ..............................35<br />

Les armées de samouraï ..........................42<br />

Les unités ..................................................46<br />

Les châteaux <strong>et</strong> sièges ..............................52<br />

L’artillerie au Japon ..................................54<br />

Les forces navales au Japon ......................54<br />

Les unités stratégiques dans<br />

Shogun: Total War......................................55<br />

1<br />

3 : LA TERRE DES<br />

DAIMYO..............................58<br />

Les Provinces ............................................58<br />

Les constructions militaires dans<br />

Shogun: Total War......................................63<br />

4 : TROIS<br />

CAMPAGNES DE<br />

SAMOURAÏ ................ 71<br />

Une révolution tactique ............................72<br />

Les batailles d'Oda Nobunaga,<br />

1560-1575 ................................................73<br />

Les batailles de Toyotomi Hideyoshi,<br />

1582-1590 ................................................78<br />

Les batailles de Tokugawa Ieyasu,<br />

1564-1600 ................................................82<br />

5 : LES MONGOLS<br />

............................................................88<br />

Qui étaient les Mongols ? ........................88<br />

Temujin ....................................................88<br />

Koubilaï Khan ............................................92<br />

L'<strong>invasion</strong> du Japon ..................................95<br />

L'armée <strong>mongol</strong>e ......................................99<br />

Les unités militaires <strong>mongol</strong>es dans Shogun:<br />

Total War ................................................103<br />

Crédits ....................................................105<br />

Contrat de Licence..................................106<br />

Garantie ..................................................108<br />

Support Produit ......................................108


Introduction<br />

"Si vous connaissez votre ennemi <strong>et</strong> que vous vous connaissez vous-même, mille<br />

batailles ne pourront venir à bout de vous. Si vous ne connaissez pas votre ennemi<br />

mais que vous vous connaissez vous-même, vous en gagnerez une sur deux. Si vous ne<br />

connaissez ni votre ennemi ni vous-même, chacune sera un grand danger."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La majeure partie de Shogun: Total War – Gold Edition se déroule durant la période<br />

Sengoku (des "provinces en guerre") de l'histoire du Japon. Ceci, à moins que vous ne soyez<br />

un historien spécialiste du Japon, ne doit pas signifier grand chose pour vous ! Mais, lorsque<br />

vous aurez terminé la lecture de ce manuel <strong>et</strong> que vous utiliserez le jeu, vous comprendrez<br />

que c<strong>et</strong>te période est l'une des plus dramatiques <strong>et</strong> des plus passionnantes qu'ait connu le<br />

Japon. En fait, c'est la période la plus dramatique <strong>et</strong> la plus passionnante de l'histoire du<br />

monde !<br />

"N’agissez qu’après vous être posé toutes les questions. Celui qui connaît le prix des<br />

choses l’emporte. Telle est la loi des combats armés."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Pendant un peu plus de 100 ans, des armées de guerriers samouraï se sont affrontées pour<br />

prendre le contrôle du Japon. A la tête de chacune d'entre-elles se trouvait un daimyo,<br />

puissant seigneur de guerre. Certains daimyo étaient de véritables héros. D'autres n'étaient<br />

que des monstres ! Tous étaient extrêmement ambitieux <strong>et</strong> vous êtes sur le point de les<br />

rejoindre pour mener, à leurs côtés, ce combat épique pour le pouvoir. La récompense<br />

ultime est le titre de <strong>shogun</strong>, chef militaire du Japon <strong>et</strong> encore plus puissant que l'Empereur.<br />

Mais attention, le prix de l'échec est la mort pour vous <strong>et</strong> ceux de votre clan !<br />

"Comprendre que la victoire est acquise quand c'est une évidence pour tous ne<br />

requiert aucun talent véritable... Inutile d'être fort pour soulever un cheveu, inutile<br />

d'avoir de bons yeux pour voir le soleil <strong>et</strong> la lune, inutile d'avoir l'ouïe fine pour<br />

entendre le tonnerre."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Histoire <strong>et</strong> guerre ne sont jamais le fait du hasard. Vous comprendrez bien mieux le jeu si<br />

vous lisez ce manuel, au moins en partie. Inutile de se souvenir de tout (il n'y aura pas<br />

d'examen à la fin, c'est promis), mais si vous savez pourquoi le daimyo A déteste le daimyo B<br />

mais est disposé à conclure un accord avec le clan C, le jeu sera encore plus amusant. Au<br />

moins, vous y apprendrez qui sont tous ces personnages, <strong>et</strong> qui sait, peut-être cela vous<br />

aidera-t-il à gagner Shogun: Total War – Gold Edition ! Pensez comme un daimyo <strong>et</strong> vous<br />

vaincrez comme un daimyo !<br />

"Ceux qui savent quand se battre <strong>et</strong> quand s’abstenir sont toujours victorieux."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Le jeu a été conçu <strong>et</strong> programmé pour penser comme un daimyo <strong>et</strong> suivre les préceptes de<br />

Sun Tzu, l'auteur chinois de L'art de la guerre. Si vous faites de même <strong>et</strong> suivez ses principes<br />

de guerre, vous triompherez <strong>et</strong> deviendrez le nouveau <strong>shogun</strong> !<br />

2 3<br />

"Si vous êtes encerclé, complotez. Si vous êtes condamné, luttez."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Ne faites confiance à personne. Ne perdez pas de vue vos amis... mais soyez encore plus<br />

attentifs à vos ennemis !<br />

Qui <strong>et</strong>ait sun tzu?<br />

Tout au long de Shogun: Total War <strong>et</strong> du manuel, vous trouverez des références <strong>et</strong> des<br />

citations de Sun Tzu, en particulier de son ouvrage, L'art de la guerre. Comment se fait-il<br />

qu'un écrivain chinois, mort depuis des siècles, eut une telle importance pour les samouraï ?<br />

"Anciennement, ceux qui étaient expérimentés dans l'art des combats se rendaient<br />

invincibles, attendaient que l'ennemi soit vulnérable <strong>et</strong> ne s'engageaient jamais dans<br />

des guerres qu'ils prévoyaient ne devoir pas finir avec avantage."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Sun Tzu était contemporain de Confucius, le grand philosophe, <strong>et</strong> vivait environ 500 ans<br />

avant J.C. dans le royaume de Qi, qui est aujourd'hui devenu la province de Shandong dans<br />

l'est de la Chine. A c<strong>et</strong>te époque, la Chine était déchirée par des guerres incessantes pour la<br />

domination de l'empire. Aucun de ces royaumes ne reconnaissait plus l'autorité centrale de<br />

la dynastie impériale Zhou. Comme vous le constaterez, la situation était sensiblement la<br />

même au Japon pendant l'ère Sengoku.<br />

Sun Tzu était donc parfaitement versé dans l'art militaire sous toutes ses formes. Son<br />

ouvrage semble avoir été rédigé pour Helü, le roi de la dynastie Wu de 514 à 496 avant JC.<br />

Ce dernier régnait sur la vallée du Yang-Tsé <strong>et</strong> guerroyait constamment contre le royaume<br />

des Yue. On ne connaît pas grand chose à propos de la vie de Sun Tzu. Les biographies<br />

écrites 300 ans après sa mort ne rapportent pas de faits nouveaux <strong>et</strong> répètent l'histoire sur<br />

la façon dont Sun Tzu persuada son roi qu'il savait comment entraîner les guerriers.<br />

La légende raconte que Sun Tzu prétendait être capable d'entraîner n'importe qui à obéir à<br />

des ordres militaires, le roi le mit alors au défi de transformer ses concubines en guerriers.<br />

Bien évidemment, les concubines ne se conduisirent pas comme des guerriers (<strong>et</strong> encore<br />

moins comme de bons guerriers) <strong>et</strong> désobéirent à tous les ordres de Sun Tzu. Avec soin <strong>et</strong><br />

patience, il leur expliqua ses instructions <strong>et</strong> fit un nouvel essai, le résultat fut tout aussi<br />

désastreux. Ayant fait tout ce qui était en son pouvoir en tant que commandant des troupes,<br />

il ordonna la mise à mort des concubines principales, car il est du devoir des guerriers<br />

d'obéir aux ordres clairement donnés ! Le roi, n'étant pas enchanté de voir ses deux<br />

favorites exécutées, dit à Sun Tzu qu'il le croyait sur parole quand il affirmait pouvoir<br />

entraîner des troupes grâce à ses méthodes. Sun Tzu répondit que lorsqu'un général est à la<br />

tête de ses troupes, il ne peut tolérer aucune interférence de la part de son souverain. Le<br />

rôle du roi consiste à nommer le meilleur général <strong>et</strong> à le laisser mener <strong>et</strong> gagner la guerre<br />

comme il l'entend. Les femmes furent mises à mort.


Les autres concubines découvrirent soudain qu'elles étaient parfaitement capables d'obéir à<br />

la l<strong>et</strong>tre à tous les ordres donnés. Bien qu' inconsolable suite à la mort de ses favorites, le<br />

roi de Wu admit que Sun Tzu savait parfaitement de quoi il parlait…<br />

Ce dont on est sûr au suj<strong>et</strong> de Sun Tzu provient de son œuvre majeure sur la théorie <strong>et</strong> la<br />

pratique de la stratégie, L'art de la guerre. C'était à l'évidence un homme intelligent <strong>et</strong> un<br />

penseur puissant, doté d'une expérience militaire pratique. Sun Tzu compila toutes les<br />

connaissances relatives à l'art de la guerre <strong>et</strong> utilisa la réflexion pour résoudre les difficultés<br />

qu'il rencontrait. Le résultat de ses réflexions fut l'un des premiers ouvrages connus dans le<br />

monde que l'on pourrait qualifier de philosophie <strong>et</strong> de pratique de la guerre.<br />

Son livre n'est cependant pas un simple manuel expliquant "comment gagner". L'étude de la<br />

stratégie dans L'art de la guerre s'applique à toutes les situations humaines dans tous les pays.<br />

Les objectifs visés sont l'invincibilité, la victoire sans combat <strong>et</strong> une compréhension<br />

exhaustive de tous les aspects d'un conflit. C'est une ambition remarquable pour un livre.<br />

Mais ce qui est encore plus remarquable, c'est que L'art de la guerre réalise c<strong>et</strong>te ambition !<br />

Les stratégies exposées le sont de manière si limpide <strong>et</strong> si avisée qu'elles semblent parfois<br />

trop évidentes, presque trop simples pour tout dire.<br />

“Que votre subtilité soit extrême, au point même d'être insaisissable. Faites grand cas<br />

du mystère, jusqu'au silence <strong>total</strong>. De c<strong>et</strong>te façon, vous aurez en main le destin<br />

de votre adversaire…”<br />

— Sun Tzu, L'art de la guerre<br />

Shogun: Total War utilise, de façon fondamentale pour le jeu, les stratégies <strong>et</strong> les règles<br />

proposées dans L'art de la guerre. Le jeu a été conçu afin de suivre les préceptes de Sun Tzu<br />

parce que les daimyo <strong>et</strong> leurs samouraï les respectaient. Au cours des siècles, les Japonais<br />

ont traditionnellement adopté les meilleurs aspects de la civilisation chinoise, tout en<br />

réussissant à garder leur indépendance. L'art de la guerre fut l'un des nombreux ouvrages<br />

provenant de l'empire chinois <strong>et</strong> les Japonais ont rapidement compris l'utilité <strong>et</strong> la validité de<br />

ses principes. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles l'ère Sengoku fut d'une telle<br />

violence. Si un seul parmi les grands daimyo avait lu <strong>et</strong> compris l'ouvrage de Sun Tzu, la<br />

guerre aurait rapidement pris fin, mais ils avaient tous eu le même maître de stratégie.<br />

Les samouraï appliquèrent les préceptes de Sun Tzu au cours de leurs nombreuses guerres,<br />

mais ils apportèrent également une vision typiquement japonaise aux principes guerriers,<br />

leur donnant ainsi un caractère propre.<br />

"Abattre l’ennemi est la base de la stratégie. Aucune subtilité supplémentaire n’est<br />

véritablement nécessaire."<br />

— Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Sun Tzu n'aurait peut-être pas été d'accord avec la simplicité apparente de l'attitude de<br />

Musashi !<br />

Bien qu'au cours des siècles, les mœurs <strong>et</strong> le type d'armement aient évolué, les problèmes<br />

rencontrés par les chefs militaires restent les mêmes. De ce fait, les écrits de Sun Tzu sont<br />

aussi pertinents aujourd'hui qu'ils l'étaient au moment où il développa ses théories <strong>et</strong> où elles<br />

furent étudiées par les samouraï. De nos jours, c'est encore un ouvrage de base pour les<br />

stratèges modernes. L'art de la guerre demeure une valeur sûre concernant la stratégie <strong>et</strong> a<br />

été étudié par les plus grands chefs militaires du monde.<br />

4<br />

1 : une brève histoire du japon<br />

"Les opérations militaires sont d'une importance vitale pour la nation toute entière.<br />

Elles représentent la vie <strong>et</strong> la mort, les voies de la survie ou de la destruction. Il est<br />

donc impératif d'explorer le suj<strong>et</strong>."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

"Il existe un temps <strong>et</strong> un lieu où il est approprié de faire parler les armes."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Comme de nombreux peuples, les Japonais<br />

possèdent leur propre mythe de la création : ils<br />

sont les descendants des dieux. Les îles<br />

japonaises furent créées lorsque les dieux<br />

Izanagi <strong>et</strong> Izanami, debout sur le pont du ciel,<br />

agitèrent l'eau de la terre avec une lance. Les<br />

gouttes d'eau tombant de la pointe de la lance<br />

se rassemblèrent pour devenir les îles du Japon.<br />

Le couple créateur descendit alors sur terre <strong>et</strong><br />

planta la lance dans le sol pour en faire le pilier<br />

central de leur maison.<br />

Izanagi <strong>et</strong> Izanami eurent des enfants. La première née fut Amateratsu, la déesse du soleil.<br />

Mais comme dans toutes les familles, il durent affronter des problèmes. Etant des dieux,<br />

leurs problèmes n'étaient pas ceux du commun des mortels : Izanagi tua son second enfant,<br />

le dieu du feu car sa mère, Izanami, avait subi d'atroces souffrances lors de sa naissance.<br />

Izanami, pour cacher sa douleur, se réfugia dans le monde souterrain. Susano-o, l'autre fils,<br />

était suj<strong>et</strong> à des explosions de colère. Son comportement violent le poussait à lancer des<br />

éclairs dans le ciel <strong>et</strong> il alla même jusqu'à j<strong>et</strong>er un cheval mort sur Amateratsu, l'obligeant à<br />

se terrer dans une caverne. La déesse du soleil ne se montrant plus, le monde fut plongé<br />

dans l'obscurité. Une ruse permit de la faire apparaître à nouveau : la vision de sa propre<br />

beauté dans un miroir, ainsi qu'un collier de pierres précieuses.<br />

Par la suite, Susano-o se rach<strong>et</strong>a en tuant un énorme serpent à huit têtes. Le serpent était<br />

friand de jeunes filles <strong>et</strong> montrait un goût immodéré pour le saké. Grâce à ces deux points<br />

faibles, Susano-o l'attira dans un piège, puis le massacra lorsqu'il fut ivre ! En le dépeçant, il<br />

découvrit une épée enchâssée dans sa queue <strong>et</strong> il en fit cadeau à Amateratsu. C'était "l'Ame<br />

no murakomo no tsurugi", ou l'épée qui rassemble les nuages. Ainsi, depuis l'origine de<br />

l'histoire du Japon, un sabre était déjà présent, un sabre doté de pouvoirs mystiques.<br />

Comme elle était l'aînée, Amateratsu hérita de la terre <strong>et</strong>, quand le temps fut venu, elle<br />

envoya Ninigi, son p<strong>et</strong>it-fils, régner sur le Japon. Pour lui faciliter la tâche, elle lui fit trois<br />

présents, le miroir, les pierres précieuses du collier <strong>et</strong> l'épée qui rassemble les nuages. Ces<br />

trois cadeaux des cieux devinrent les joyaux de la couronne du Japon. Le trône fut ensuite<br />

transmis à son p<strong>et</strong>it-fils, Jimmu, qui devint le premier Empereur mortel du Japon. Il monta<br />

sur le trône en 660 avant J.C., le 11 février, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te date est encore commémorée de nos<br />

jours au Japon. L'Empereur actuel est un descendant direct du premier de la lignée.<br />

Vers l'an 200 avant J.C., l'Empereur Sujin <strong>et</strong> son fils, le prince Yamato (qui régna par la suite<br />

sous le nom de Keiko), furent les artisans de profonds changements dans l'histoire du Japon.<br />

A c<strong>et</strong>te époque, la nation se composait de nombreux clans <strong>et</strong> celui de la famille impériale<br />

Yamato était le plus puissant. Les Yamato (nommés d'après leur province natale du centre<br />

5


de l'île d'Honshu) étaient un clan parmi d'autres, mais ils revendiquèrent le droit de régner<br />

sur le Japon en raison de leur filiation directe avec la déesse du soleil, Amateratsu. Sujin fut<br />

le premier Empereur à nommer quatre généraux pour mater les rébellions sur son<br />

territoire. Chacun d'entre eux reçut le titre de <strong>shogun</strong> (que l'on pourrait traduire par<br />

"commandant suprême"). Yamato Sujin est un personnage à moitié mythologique, à moitié<br />

historique. Il représente le prototype des samouraï ultérieurs : le guerrier noble <strong>et</strong> habile,<br />

harcelé <strong>et</strong> pourchassé par de nombreux ennemis mais dont la fin tragique fut digne d'éloges.<br />

le japon primitif<br />

"Anciennement, ceux qui étaient expérimentés dans l'art des combats se rendaient<br />

invincibles, attendaient que l'ennemi soit vulnérable <strong>et</strong> ne s'engageaient jamais dans<br />

des guerres qu'ils prévoyaient ne devoir pas finir avec avantage."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Mais il faut faire preuve de réalisme – au détriment du romantisme – <strong>et</strong> les archéologues ont<br />

démontré que des communautés humaines vivent au Japon depuis près de 100 000 ans. Les<br />

premiers habitants du Japon étaient les Ainu, un peuple sans rapport aucun avec les<br />

Mongols. Ces derniers prirent rapidement pied sur les îles japonaises <strong>et</strong> chassèrent les Ainu<br />

jusqu'à ce qu'ils soient tous réunis sur l'île d'Hokkaido. Les envahisseurs se répartirent en<br />

tribus <strong>et</strong> en clans. Progressivement, le clan des Yamato prit le dessus sur les autres groupes<br />

grâce à la position centrale qu'il occupait dans la plaine de Kanto. Les chefs du clan Yamato<br />

consolidèrent encore leur pouvoir en créant les prémisses du shintô, la religion dominante.<br />

Une révolte fomentée contre les descendants d'une déesse est certainement moins facile à<br />

envisager que de s'attaquer à un quelconque seigneur de guerre !<br />

C'est durant c<strong>et</strong>te première période du règne de Yamato que l'influence du continent se fit<br />

sentir dans la culture japonaise. Grâce à une relative facilité de déplacement <strong>et</strong> à des<br />

échanges commerciaux avec le royaume de Paekche en Corée du Sud, le fer, les<br />

idéogrammes chinois, la littérature <strong>et</strong> la philosophie pénétrèrent dans le territoire de<br />

Yamato. L'écriture chinoise fut adoptée pour les documents officiels <strong>et</strong> les premiers écrits<br />

de l'histoire du Japon datent de l'an 430. Les Yamato importèrent aussi une religion : le<br />

bouddhisme fit son apparition au Japon environ 100 ans plus tard. La situation géographique<br />

du Japon par rapport au continent lui valait deux avantages : tout d'abord, la culture, la<br />

technologie <strong>et</strong> les idées pouvaient facilement pénétrer dans le pays, mais le voyage vers le<br />

Japon était suffisamment difficile pour tenir à l'écart les influences non désirées. Ceci dit, le<br />

gouvernement Yamato était calqué sur le système chinois : huit échelons de dignitaires de la<br />

cour <strong>et</strong> un conseil suprême, le Dajokan, dirigeaient le pays par l'intermédiaire de<br />

gouverneurs locaux. Le contrôle s'exerçait à partir de la capitale Nara, dans la province de<br />

Yamato (à partir de 710), <strong>et</strong> Kyoto devint la résidence impériale <strong>et</strong> le resta jusqu'en 1868.<br />

Certes les Yamato régnaient sur le pays tout entier, mais dès le IXe siècle, les Empereurs<br />

commencèrent à se désintéresser de la gestion quotidienne des questions nationales. Ils<br />

symbolisaient plus le pouvoir qu'ils ne l'exerçaient. Les Empereurs abandonnant leur<br />

fonction au sein du gouvernement, le contrôle du pays passa aux mains des courtisans <strong>et</strong><br />

plus précisément, à celles de la famille Fuji<strong>war</strong>a. Ils régnèrent, mais ne gouvernèrent plus le<br />

pays. En 858, Yoshifusa, prince du clan Fuji<strong>war</strong>a, s'étant allié à la famille impériale grâce au<br />

mariage de l'une de ses filles, devint régent pour son p<strong>et</strong>it-fils âgé d'un an. Les Fuji<strong>war</strong>a<br />

placèrent des membres de leur famille aux postes importants de la cour <strong>et</strong> dans<br />

l'administration. Finalement, en 884 Fuji<strong>war</strong>a Motosune fut proclamé kampuku, c'est-à-dire<br />

"dictateur civil", <strong>et</strong> un siècle plus tard, ce fut le tour de Fuji<strong>war</strong>a Michinaga, célèbre pour son<br />

habil<strong>et</strong>é. Pour consolider la position de sa famille à la cour impériale, il maria ses filles à cinq<br />

Empereurs successifs !<br />

La période Fuji<strong>war</strong>a vit l'avènement de la culture japonaise, qui se détacha de plus en plus<br />

de ses origines principalement chinoises. C'est ainsi que la dictature instaurée par Fuji<strong>war</strong>a<br />

Michinaga vit éclore l'une des périodes classiques de la littérature japonaise. Dans le même<br />

temps, les Fuji<strong>war</strong>a modifièrent le système de gouvernement du Japon. Le gouvernement<br />

central était corrompu <strong>et</strong> ses pouvoirs presque inexistants. Les terres faisaient partie de<br />

vastes propriétés tenues par des nobles qui recevaient des domaines non imposables en<br />

r<strong>et</strong>our de leurs services. De nombreux paysans <strong>et</strong> p<strong>et</strong>its propriétaires terriens n'étaient que<br />

trop heureux de céder des terres pour lesquelles ils se voyaient imposer des sommes<br />

exorbitantes !<br />

l'ascension des samouraï<br />

6 7<br />

"La règle générale de la voie du guerrier est l'acceptation résolue de la mort."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

C'est à peu près à la même époque que les<br />

samouraï devinrent plus qu'un simple groupe de<br />

guerriers. Comme les chevaliers du Moyen Age<br />

en Occident, les samouraï commandaient les<br />

fantassins. Comme chez les chevaliers, il existait<br />

différents rangs parmi les samouraï. Et comme<br />

chez les chevaliers, être un samouraï impliquait<br />

une notion de service à un supérieur. Les<br />

samouraï servaient l'Empereur, un noble ou un<br />

seigneur de guerre. Le terme samouraï vient du<br />

verbe "servir".<br />

Le gouvernement impérial trouva chez les samouraï une force de répression extrêmement<br />

efficace pour étouffer les révoltes. Cependant, comme le pouvoir passait graduellement aux<br />

mains des propriétaires terriens, la loyauté des samouraï se reporta sur ces derniers. Ils<br />

entrèrent au service des grands seigneurs, luttant contre les autres propriétaires terriens, les<br />

bandits <strong>et</strong> les rebelles locaux. Certes, certains de ces samouraï étaient issus de familles<br />

humbles, mais les clans les plus prospères étaient issus de longues lignées qui remontaient<br />

parfois à un parent de l'Empereur, chassé de la cour <strong>et</strong> parti chercher fortune ailleurs. Parmi<br />

ces clans de samouraï aristocrates, on compte les Minamoto à l'est <strong>et</strong> les Taira au sud-ouest<br />

du Japon.<br />

Lassés de servir <strong>et</strong> de combattre, les samouraï commencèrent à interférer avec les décisions<br />

gouvernementales. Au cours des décennies qui suivirent, l'agitation politique <strong>et</strong> militaire qui<br />

résulta de c<strong>et</strong>te mutation j<strong>et</strong>a les bases de ce qu'allait être l'histoire du Japon : un système<br />

politique impitoyable dans lequel les vainqueurs remportent tout <strong>et</strong> les vaincus perdent tout<br />

simplement la tête !<br />

En l'an 1155 survint un conflit pour la succession impériale. Deux anciens Empereurs se<br />

trouvaient à la cour <strong>et</strong> l'Empereur en titre, Konoe, était un enfant maladif. Il fut empoisonné<br />

<strong>et</strong> le clan Fuji<strong>war</strong>a soutint l'ex-Empereur Sotoku. Cependant, son père, l'ex-Empereur Toba<br />

insista pour m<strong>et</strong>tre sur le trône un autre de ses fils, <strong>et</strong> c'est ainsi que Go-Shirakawa fut


couronné. Toba mourut en 1156 <strong>et</strong> les deux Empereurs, Sotoku <strong>et</strong> Go-Shirakawa,<br />

appelèrent leurs partisans dans la capitale. Les Taira <strong>et</strong> les Minamoto se divisèrent selon<br />

leurs affinités personnelles <strong>et</strong> le fait le plus marquant fut que les samouraï pouvaient<br />

maintenant orienter la politique impériale, <strong>et</strong> non plus les dignitaires du clan Fuji<strong>war</strong>a,<br />

comme cela se passait auparavant. A partir de ce moment, le Japon fit connaissance avec la<br />

loi du sabre.<br />

"Le destin du guerrier est la mort. Cela implique qu’il doit opter pour la mort quand il<br />

a le choix entre vivre <strong>et</strong> mourir. Rien de plus. Il doit mener les choses à bien, avec<br />

résolution."<br />

- Yamamoto Tsunenori, Ha Gakure (Caché sous les feuilles)<br />

A la bataille d'Hogen, les samouraï de Sotuku furent vaincus. L'Empereur Go-Shirakawa était<br />

décidé à leur faire payer le prix de leur contestation. Le seul samouraï Taira qui soutenait<br />

Sotuku était tellement détesté par sa famille que son exécution était imminente. Dans la<br />

famille Minamoto, ils étaient plus nombreux à avoir soutenu Sotuku <strong>et</strong> leur chef, Minamoto<br />

Tameyoshi fut mis à mort sur ordre de son fils, Yoshitomo, désireux de prouver sa loyauté<br />

envers le nouveau régime. Le fils de Tameyoshi (<strong>et</strong> frère de Yoshitomi), Tam<strong>et</strong>omo, fut<br />

délibérément estropié <strong>et</strong> exilé, mais il préféra la mort. Ce fut l'un des premiers samouraï à<br />

se suicider rituellement par hara-kiri.<br />

Toutes ces morts précipitèrent l'accession au pouvoir du clan Taira. Lorsqu'il fut en sécurité,<br />

l'Empereur Go-Shirakawa décida d'abdiquer en faveur de son fils Nijo. Taira Kiyomori prit<br />

exemple sur Fuji<strong>war</strong>a, se nomma premier ministre <strong>et</strong> consolida ses liens avec la famille<br />

impériale en lui procurant des épouses <strong>et</strong> des concubines issues de sa lignée. Il restait<br />

cependant des membres du clan Minamoto à la cour <strong>et</strong> les Fuji<strong>war</strong>a les persuadèrent de se<br />

venger. Ils ne se firent pas prier.<br />

C<strong>et</strong>te fois-ci, en 1159-60, la guerre civile qui s'ensuivit se présenta comme un affrontement<br />

entre les Taira <strong>et</strong> les Minamoto. Bien que les choses semblaient bien se présenter pour les<br />

Minamoto, les événements se liguèrent contre eux. Les Taira prirent d'assaut les quartiers<br />

généraux des Minamoto, puis essayèrent sans succès de les attirer dans une contre-attaque.<br />

En fait, Minamoto Yorisama refusa de les suivre car il ne voulait pas manquer à ses devoirs<br />

envers l'Empereur. Les survivants du clan Minamoto furent pourchassés <strong>et</strong> massacrés sans<br />

merci.<br />

Minamoto Yoshitomo prit la fuite en compagnie de ses trois fils. L'un d'entre eux, Tomonaga,<br />

était si grièvement blessé qu'il supplia son père de le tuer afin de perm<strong>et</strong>tre aux autres de<br />

fuir plus vite. Yoshimoto fit ce qu'il lui demandait, mais en pure perte. Il fut capturé <strong>et</strong><br />

assassiné dans son bain, alors qu'il pensait être en sécurité. Taira Kiyomori décapita presque<br />

tous les membres du clan Minamoto. Même Tomonaga n'échappa pas au châtiment, alors<br />

que son père lui avait déjà donné la mort. Son corps fut déterré <strong>et</strong> décapité !<br />

Taira Kiyomori semblait invincible. Il avait vaincu tous les samouraï rivaux ainsi que les<br />

Fuji<strong>war</strong>a. En 1180, le fils de sa fille, l'Empereur Antoku monta sur le trône. Mais Kiyomori<br />

n'avait pas réussi à tuer tous les Minamoto, <strong>et</strong> vingt ans plus tard, les survivants étaient<br />

devenus suffisamment puissants pour se dresser contre lui.<br />

La guerre de Gempei dura cinq ans. Ce nom étrange provient de la prononciation chinoise<br />

des idéogrammes des noms de Taira <strong>et</strong> Minamoto. Une fois de plus, les Minamoto <strong>et</strong> les<br />

Fuji<strong>war</strong>a s'opposèrent aux Taira, mais c<strong>et</strong>te fois ils furent soutenus par les sohei ou moines<br />

combattants des temples de Nara <strong>et</strong> de Kyoto. A ce propos, ces hommes, qui malgré leur<br />

état de moines étaient souvent des combattants d'une bravoure fanatique, eurent une<br />

influence décisive à certains moments de l'histoire du Japon <strong>et</strong> le soutien qu'ils apportèrent à<br />

l'une des deux factions le prouve. Vous constaterez bientôt que certains groupes de moines<br />

posèrent des problèmes considérables aux seigneurs de la guerre. Les Taira furent tout<br />

d'abord victorieux, écrasant l'armée des Minamoto lors des batailles d'Uji <strong>et</strong> d'Ishibashiyama.<br />

Mais en 1183, le vent de la fortune tourna en faveur du clan Minamoto. Ils remportèrent<br />

une série de victoires éclatantes, l'apothéose étant la célèbre bataille navale de Dano-Ura.<br />

Les deux clans, à bord d'une flotte de navires de guerre, se dirigèrent vers le détroit de<br />

Shimonoseki. La bataille de Dano-Ura fut une sorte de bataille terrestre menée d'un<br />

vaisseau à un autre. Il est dit que la mer était rouge du sang versé au cours des combats<br />

pendant lesquels Minamoto mit en pièces l'armée des Taira. L'Empereur Antoku se trouvait<br />

à bord d'un navire des Taira. C'était encore un enfant, mais il représentait le symbole de la<br />

légitimité impériale <strong>et</strong> constituait donc une pièce maîtresse dans les revendications des<br />

Taira. L'Empereur Antoku se noya <strong>et</strong> la réplique de la célèbre épée qui rassemble les<br />

nuages, symbole du pouvoir impérial, "l'Ame no murakomo no tsurugi" offerte par la déesse<br />

du soleil au premier de la lignée, fut perdue elle aussi. Heureusement, ce n'était qu'une<br />

copie, mais les dommages symboliques étaient presque aussi graves que si la véritable épée<br />

avait été perdue. Cela peut sembler étrange, mais il faut se rappeler que les Empereurs<br />

étaient considérés comme les descendants directs de la déesse du soleil. La possession de<br />

ce symbole était indispensable à tous les clans désireux de se saisir du pouvoir par le biais de<br />

l'Empereur.<br />

les premiers <strong>shogun</strong><br />

"Ainsi, l'individu progresse sans rechercher la gloire, bat en r<strong>et</strong>raite sans rej<strong>et</strong>er ses<br />

responsabilités, ne protège le peuple que dans l'intérêt du souverain servant ainsi son pays."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Ayant remporté la victoire militaire, Minamoto Yoritomo ne s'embarrassa pas de<br />

manoeuvres politiques à la cour impériale, comme les Taira <strong>et</strong> les Fuji<strong>war</strong>a l'avaient fait. Son<br />

pouvoir reposait sur ses armées <strong>et</strong> non pas sur des liens avec la famille impériale.<br />

L'Empereur fut forcé de se r<strong>et</strong>irer, devenant un pur symbole. Yorimoto prit le titre <strong>et</strong> la<br />

charge de seiitai<strong>shogun</strong> (raccourci en Shogun), signifiant "général soum<strong>et</strong>tant les barbares". Il<br />

la guerre de gempei<br />

déplaça également le centre du pouvoir à Kamakura, dans la plaine de Kanto, près de<br />

l'actuelle Tokyo. L'ancienne cour impériale fut ignorée <strong>et</strong> ne s'occupa plus de gouverner le<br />

"Une bonne armée doit être comme un serpent rapide qui frappe avec sa queue<br />

pays. Le premier des <strong>shogun</strong> avait pris sa place.<br />

quand on l'attaque à la tête, qui frappe avec sa tête quand on l'attaque à la queue,<br />

Mais pour finir, le clan Hojo remplaça les Minamoto. Pour cela, ils n'hésitèrent pas à<br />

réplique avec les deux quand il est frappé au milieu. Une armée peut-elle devenir aussi<br />

conspirer <strong>et</strong> à assassiner chaque héritier du clan Minamoto ainsi que nombre de leurs<br />

rapide que le serpent ? Oui, elle le peut. Même ceux qui se détestent s'aideront<br />

partisans. Cependant, les nouveaux dirigeants Hojo n'ambitionnèrent jamais de devenir<br />

mutuellement s'ils sont embarqués dans le même navire."<br />

Shogun. Ils se contentèrent de nommer des pantins qu'ils pouvaient manipuler, parfois<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

8 9


même des enfants. Les Hojo agirent comme shikken ou régents, le pouvoir officiel semblant<br />

être entre les mains d'un Shogun gouvernant au nom d'un Empereur lointain, alors qu'ils<br />

dirigeaient véritablement le pays. Les Hojo savaient parfaitement que le pouvoir est plus<br />

important qu'un titre.<br />

C<strong>et</strong> arrangement quelque peu compliqué fonctionna suffisamment bien pour perm<strong>et</strong>tre aux<br />

Hojo de détenir le pouvoir jusqu'en 1333. En 1274 <strong>et</strong> en 1281, les Hojo organisèrent la<br />

résistance face à l'envahisseur <strong>mongol</strong>, Koubilaï Khan. L'expédition <strong>mongol</strong>e n'échappa pas<br />

au désastre : un typhon providentiel appelé kami-kaze ou vent divin sauva le Japon. La<br />

bataille contre les Mongols avait cependant considérablement affaibli les ressources du clan<br />

Hojo, <strong>et</strong> l'autorité finit par leur échapper. Ils furent incapable de résister quand l'Empereur<br />

Go-Daigo restaura le pouvoir impérial en 1333.<br />

Go-Daigo fit effectivement des tentatives <strong>et</strong> pour se débarrasser du <strong>shogun</strong>at mais il dut<br />

faire face à la rébellion de ses vassaux, les Ashikaga. Ceux-ci chassèrent Go-Daigo de Kyoto<br />

<strong>et</strong> installèrent un autre Empereur – qu'ils contrôlaient directement – sur le trône. La "guerre<br />

des cours" fit rage pendant 56 ans pendant lesquels Go-Daigo <strong>et</strong> ses héritiers affrontèrent<br />

les Shogun Ashikaga <strong>et</strong> leur Empereur. En 1392, un émissaire du clan Ashikaga réussit à<br />

convaincre leur ennemi, le véritable Empereur, d'abdiquer <strong>et</strong> de rem<strong>et</strong>tre les joyaux de la<br />

couronne ainsi que les autres cadeaux divins.<br />

Leur pantin étant maintenant considéré comme Empereur légitime, les Shoguns Ashigaka<br />

s'épanouirent, mais leur règne n'allait pas être de tout repos. En 1441, le Shogun Ashikaga<br />

Yoshinori fut assassiné <strong>et</strong> remplacé par son fils de huit ans. Il mourut lui aussi, <strong>et</strong> son plus<br />

jeune frère, Yoshimasa, lui succéda. Bien qu'ayant occupé le poste de Shogun pendant 30<br />

ans, Ashikaga Yoshimasa n'a pas pu – ou plus exactement n'a pas su – empêcher le déclin de<br />

sa famille. Le véritable pouvoir était passé des mains du Shogun aux autres grandes familles<br />

de samouraï qui s'étaient transformées en une classe héréditaire de seigneurs féodaux : les<br />

daimyo. Les Shogun Ashikaga étaient dans l'incapacité de contrôler ces daimyo <strong>et</strong> c<strong>et</strong> échec<br />

devait conduire à un siècle de violences terribles.<br />

sengoku : le pays en guerre<br />

"Confrontez vos troupes à l'annihilation, elles survivront ; plongez-les dans une<br />

situation désespérée <strong>et</strong> elles vivront. Quand l'homme est en danger, il sait lutter pour<br />

remporter la victoire."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La période s'étendant de 1477 à 1615 est appelée l'ère Sengoku, ce qui signifie "le pays en<br />

guerre". La majeure partie de Shogun: Gold Edition se situe au cours de c<strong>et</strong>te ère.<br />

La période des Ashikaga fut l'une des plus brillantes, marquée par des manières raffinées,<br />

d'importantes oeuvres littéraires <strong>et</strong> artistiques, ainsi que par l'avènement du bouddhisme<br />

comme force politique. Pendant que les Shogun Ashikaga se consacraient de plus en plus<br />

aux raffinements de la cérémonie du thé <strong>et</strong> de la poésie, de grands événements se<br />

préparaient. Avec le temps, les grands propriétaires terriens <strong>et</strong> les plus grands des samouraï<br />

ne faisaient plus qu'un. Possédant d'énormes domaines <strong>et</strong> commandant de puissantes<br />

armées, ils auraient rendu envieux plus d'un roi. C'étaient les daimyo.<br />

Le terme daimyo peut être traduit par "celui qui aspire à quelque chose de mieux" <strong>et</strong> les<br />

aspirants au pouvoir ne manquaient effectivement pas parmi eux ! Tous les daimyo étaient<br />

ambitieux <strong>et</strong> les plus grands d'entre eux caressaient très certainement le rêve de remplacer<br />

les Ashikaga. C'était parfaitement compréhensible, dans la mesure où ces derniers ne<br />

10<br />

s'intéressaient plus au gouvernement du pays. Ashikaga Yoshimasa essaya, par exemple,<br />

d'abdiquer en tant que <strong>shogun</strong> <strong>et</strong> engagea son armure pour s'offrir ses coûteux plaisirs<br />

préférés, entre autres des fêtes dédiées à la contemplation de fleurs ! Ce n'était pas<br />

vraiment ce que l'on était en droit d'attendre d'un "commandant suprême soum<strong>et</strong>tant les<br />

barbares" <strong>et</strong> avec ce genre de comportement, on ne pouvait guère s'attendre à ce qu'il<br />

discipline tous ces daimyo de plus en plus belliqueux qui ne voyaient aucune raison de<br />

respecter l'autorité du <strong>shogun</strong>.<br />

les ikki <strong>et</strong> les ashigaru<br />

"Utiliser l'ordre pour contrer le désordre, utiliser le calme pour contrer les clameurs,<br />

voilà l'art de maîtriser le coeur."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les daimyo n'étaient pas les seuls à aspirer au meilleur. Au début du XVe siècle, les paysans<br />

traditionnellement soumis avaient atteint les limites de leur patience. En général, <strong>et</strong><br />

contrairement aux paysans occidentaux de la même époque, les paysans japonais étaient à<br />

l'abri des dommages causés par les armées. Et en dehors des vols ou de la destruction de<br />

leurs récoltes, leurs vies n'étaient pas menacées. Ils ne risquaient guère d'êtres tués, violés<br />

ou obligés de servir dans une armée quelconque. guère<br />

Par contre, ils avaient d'autres difficultés à affronter, en particulier les percepteurs du<br />

<strong>shogun</strong>. Les loisirs coûteux <strong>et</strong> les goûts raffinés nécessitent de l'argent <strong>et</strong> les percepteurs des<br />

Ashikaga étaient d'une efficacité redoutable pour le collecter. A une certaine époque, l'impôt<br />

avait atteint jusqu'à soixante dix pour cent de la récolte. C<strong>et</strong>te situation n'était pas faite pour<br />

disposer favorablement les paysans à l'égard de leurs maîtres.<br />

Mais les paysans n'étaient pas les seuls à souffrir parmi les basses couches de la population.<br />

Les ji-samouraï, sorte de "seigneurs paysans" placés entre les samouraï qui passaient leur<br />

temps à se battre <strong>et</strong> les paysans qui ne faisaient que cultiver la terre, existaient depuis<br />

toujours. Ces samouraï travaillaient la terre mais faisaient également la guerre. Tout comme<br />

les paysans de basse classe, ils ployaient sous le fardeau des impôts <strong>et</strong> se trouvaient parfois<br />

contraints à demander la protection du daimyo. Bien évidemment, c<strong>et</strong>te protection leur<br />

était accordée en échange de leurs terres pour le clan du daimyo.<br />

Quelque chose devait céder, <strong>et</strong> ce fut la patience du peuple. Les Ji-samouraï <strong>et</strong> les paysans<br />

formèrent des groupes de défense mutuels appelés Ikki. De violents mécontentements<br />

populaires donnèrent lieu à une série de révoltes paysannes : en 1428, le soulèvement de<br />

Kyoto eut des répercussions dans tout le Japon. En 1441, les Ikki, croulant sous les impôts<br />

<strong>et</strong> les d<strong>et</strong>tes se rendirent une nouvelle fois à Kyoto, assiégeant pratiquement la cité,<br />

provoquant des flambées de violences <strong>et</strong> des incendies volontaires. Après une semaine<br />

d'émeutes, le <strong>shogun</strong>at Ashikaga annula la d<strong>et</strong>te des paysans envers leurs créditeurs <strong>et</strong><br />

usuriers (ce qui n'arrangea pas les affaires personnelles du <strong>shogun</strong> qui avait recours aux<br />

mêmes financiers pour lui prêter de l'argent !) <strong>et</strong> définit des règles strictes concernant les<br />

Ikki. Ils revinrent à Kyoto à plusieurs reprises, en 1447, 1451, 1457 <strong>et</strong> en 1461. En 1457, ils<br />

réussirent par exemple à vaincre une armée de huit cents samouraï !<br />

"Suivre un destin, c’est inciter les gens à suivre le même objectif que leur chef de<br />

manière à ce qu’ils soient prêts à perdre ou à dédier leur vie, sans peur du danger."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

11


Une autre façon d'échapper au percepteur consistait à s'enrôler dans l'une ou l'autre des<br />

nombreuses armées des clans placées sous l'autorité du daimyo. Il suffisait de s'armer <strong>et</strong> de<br />

s’équiper, mais c'était chose facile en ce temps. Grâce à de nombreuses années de guerre, le<br />

Japon croulait sous les armes. Les chances de monter en grade étaient faibles pour les<br />

paysans mais elles existaient néanmoins. De plus, il y avait toujours quelque butin à piller.<br />

Ces paysans guerriers, les ashigaru (ou "pieds légers" selon une traduction littérale)<br />

constituèrent un atout important pour les chefs de guerre, même si leur discipline laissait à<br />

désirer. Dès le début, les ashigaru furent des pillards (ils y voyaient un avantage de leur<br />

fonction <strong>et</strong> un complément de leur solde) <strong>et</strong> leur code n'était pas celui des véritables<br />

samouraï. Mais les daimyo n'hésitèrent pas à se servir largement de ces troupes pour<br />

soutenir leurs samouraï – c'était en réalité une façon relativement peu onéreuse<br />

d'augmenter leur puissance militaire.<br />

Il est intéressant de remarquer que les ashigaru <strong>et</strong> les Ikki furent à l'origine d'une<br />

transformation importante du système social du Japon, ainsi que de la façon de guerroyer. Ils<br />

marquent le début d'une époque appelée gekokujo ("les faibles oppriment les puissants") par<br />

les historiens japonais. C<strong>et</strong>te tendance connut son point culminant pendant l'ère au cours de<br />

laquelle les vassaux renversèrent les seigneurs des clans dominants, ceux-là même auxquels<br />

ils auraient dû rester loyaux jusqu'à leur mort.<br />

Mais il est évident qu'avec tous ces troubles <strong>et</strong> les profonds changements dans l'ordre<br />

naturel de la hiérarchie, le <strong>shogun</strong>at Ashikaga n'était pas en position de donner des ordres<br />

aux daimyo.<br />

La situation était porteuse de troubles, <strong>et</strong> ils ne se firent pas attendre.<br />

la guerre d'onin<br />

"N’agissez qu’après vous êtes posé toutes les questions. Le premier qui prend la<br />

mesure du proche <strong>et</strong> du lointain remportera la victoire – telle est la règle de la<br />

guerre."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Avec le déclenchement de la guerre d'Onin en 1467, l'appellation "Pays en guerre" prit toute<br />

sa signification. Elle fut nommée ainsi parce qu'elle débuta la première année de l'ère Onin<br />

<strong>et</strong> se caractérisa par le fait que presque tous les combats eurent lieu à l'intérieur de Kyoto.<br />

Malgré les émeutes menées par les Ikki lors des décennies précédentes, la capitale restait la<br />

ville la plus magnifique du Japon.<br />

La guerre débuta lorsque le <strong>shogun</strong> Ashikaga Yoshimasa, le même qui avait essayé d'engager<br />

son armure pour payer ses cérémonies du thé, nomma son frère Yoshimi comme héritier<br />

du <strong>shogun</strong>at. Il tira même Yoshimi hors du monastère où il s'était r<strong>et</strong>iré ! Un an plus tard, il<br />

changea d'avis à l'occasion de la naissance de son premier fils, Yoshihisa.<br />

Au cours de ces événements, les clans Yamana <strong>et</strong> Hosokawa cherchaient des prétextes pour<br />

s'affronter. Ils avaient derrière eux de nombreuses années de rivalité. Deux prétendants<br />

revendiquaient le titre de Shogun <strong>et</strong> il devint évident que chaque famille soutiendrait un<br />

candidat différent. Yamana Sozen, surnommé le "moine rouge" en raison de son caractère<br />

violent <strong>et</strong> de son état, décida de soutenir le jeune héritier, Yoshihisa. Hosokawa Katsumoto<br />

entraîna son clan derrière Yoshimi, frère du Shogun actuel. La situation se compliquait<br />

encore du fait que les deux chefs étaient parents par alliance, Yamana Sozen étant le beaupère<br />

d'Hosokawa Katsumoto.<br />

12<br />

Les deux factions rassemblèrent leurs armées à Kyoto. Les Yamana comptaient 80 000<br />

samouraï <strong>et</strong> autres guerriers, tandis que les forces du clan Hosokawa se montaient à 85 000<br />

hommes. Ces chiffres ne manquent pas d'intérêt, car ils montrent l'opulence du Japon à<br />

c<strong>et</strong>te époque. Si on les compare aux armées occidentales de la même période, ils sont<br />

énormes, en particulier si on considère que ces armées appartenaient à des clans <strong>et</strong> non pas<br />

à des états. Pour prendre un exemple, lors de la guerre des Deux-Roses en Angl<strong>et</strong>erre –<br />

guerre civile ayant eut lieu à la même époque – les armées comptaient rarement plus de 10<br />

à 12 000 hommes de chaque côté, ce qui était déjà énorme dans ce pays.<br />

"Si vous voulez attaquer une position proche, faites croire que vous vous préparez à un<br />

long parcours ; si vous voulez attaquer une position éloignée, faites croire que vous<br />

vous préparez à un parcours réduit. Attirez-les avec l'appât du gain, prenez-les en<br />

semant la confusion."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Cependant, aucune des deux factions n'était disposée à ouvrir les hostilités. Celle qui allait<br />

frapper en premier courait le risque d'être considérée comme rebelle par le <strong>shogun</strong>at<br />

affaibli, <strong>et</strong> par conséquent de se trouver en position de faiblesse. Mais la tension finit par<br />

devenir insupportable. Les Yamana firent venir 20 000 hommes supplémentaires marchant<br />

sur Kyoto <strong>et</strong> un château appartenant aux Hosokawa fut mystérieusement réduit en cendres.<br />

Puis les troupes Hosokawa attaquèrent une colonne de ravitaillement des Yamana. Les<br />

combats sérieux ne tardèrent pas à commencer <strong>et</strong> en juill<strong>et</strong> 1467, deux mois après le début<br />

de la bataille, toute la partie nord de Kyoto fut dévastée. Les deux adversaires établirent à la<br />

hâte des barricades derrière lesquelles chacun se r<strong>et</strong>rancha, puis se mirent à mener une<br />

guerre figée d'attaques <strong>et</strong> de contre-attaques. Les habitants prirent la fuite <strong>et</strong> les armées<br />

s'affrontèrent.<br />

La guerre continua encore <strong>et</strong> toujours, aucune des parties n'étant en mesure d'arrêter les<br />

combats. Yamana Sozen <strong>et</strong> Hosokawa Katsumoto moururent tous deux en 1473 <strong>et</strong> la guerre<br />

se poursuivit. A force d'être considérés comme des rebelles, les Yamana finirent par perdre<br />

courage. Ouchi Masahira, l'un des généraux Yamana, brûla son secteur de Kyoto <strong>et</strong> partit.<br />

Ceci se passait en 1477, dix ans après le début des hostilités ! Kyoto fut pillée <strong>et</strong> il n'en resta<br />

pas grand chose. A part tuer quelques adversaires, aucun des clans n'avait atteint son but.<br />

Pendant tout ce temps, le Shogun n'avait strictement rien fait. Ashikaga Yoshimasa peut être<br />

défini comme une personne n'ayant pas le sens des réalités. Il ne s'intéressait absolument<br />

pas aux événements se produisant au Japon. Alors que Kyoto était en ruines, il consacrait<br />

son temps à la poésie <strong>et</strong> à d'autres activités culturelles <strong>et</strong> proj<strong>et</strong>ait de construire le Ginkakuji,<br />

le pavillon d'argent qui devait surpasser le pavillon d'or construit par son grand-père.<br />

Les combats à Kyoto eurent cependant de graves conséquences dans tout le Japon. La<br />

guerre d'Onin, ajoutée au manque de réaction du Shogun, laissa libre cours aux luttes<br />

personnelles que menaient les daimyo <strong>et</strong> plus aucune partie du Japon ne fut épargnée par la<br />

violence. Les daimyo en profitèrent largement pour régler leurs différends à la pointe de<br />

l'épée. Après tout, qui aurait bien pu les arrêter ? Certainement pas le Shogun, qu'il le veuille<br />

ou non.<br />

13


les Ikko-ikki<br />

"Quand la vitesse de l'eau bouillonnante atteint le point où elle est capable de<br />

déplacer les rochers, ceci est la force de l'élan. Quand la rapidité du faucon est telle<br />

qu'il peut frapper <strong>et</strong> tuer sa proie, ceci est la précision. Il en est de même pour les<br />

guerriers victorieux."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Malgré la fin des combats à Kyoto, la guerre se répandit dans tout le pays. Dans la province<br />

de Yamashiro, le clan Hatakeyama s'était divisé en deux parties s'affrontant sans résultat.<br />

C<strong>et</strong>te impasse devait avoir de graves conséquences. En 1485, la paysannerie <strong>et</strong> les jisamouraï<br />

excédés se révoltèrent. Ils levèrent leur propre armée <strong>et</strong> repoussèrent les armées<br />

des clans hors de la province. Les Ikki étaient devenus une force puissante <strong>et</strong> non plus une<br />

populace armée. En 1486, ils créèrent un gouvernement provisoire à Yamashiro.<br />

Dans la province de Kaga, les choses allèrent encore plus loin. Fondée au XIIIe siècle, la<br />

secte des Ikko était constituée de bouddhistes Amida, essentiellement soutenus par la<br />

paysannerie. Contrairement à d'autres sectes bouddhistes plutôt aristocratiques, les Ikko<br />

faisaient de grands efforts pour attirer le p<strong>et</strong>it peuple, ce qui leur donnait un énorme<br />

pouvoir effectif. Ce fut peut-être une erreur, mais l'un des seigneurs importants de la<br />

province de Kaga, Togashi Maschika, fit appel à eux. Une fois inclus dans son armée, les Ikko<br />

connurent une évolution les transformant en guerriers fanatiques, les Ikko-ikki. Persuadés<br />

par leurs chefs que la mort sur le champ de bataille était récompensée par le paradis, les<br />

Ikko-ikki n'avaient peur de rien. Plus les dangers étaient grands, plus les Ikko-ikki se<br />

battaient comme des diables.<br />

Pour Togashi Maschika, les ennuis ne faisaient que commencer. En 1488, les Ikko-ikki se<br />

révoltèrent, le chassèrent de Kaga <strong>et</strong> contrôlèrent la province. Comme avec les Ikki,<br />

l'avènement des Ikko-ikki fut un facteur du processus du gekokujo : "les faibles oppriment les<br />

puissants". En 1496, ils construisirent leur quartier général : un sanctuaire fortifié à<br />

l'embouchure du fleuve Yodo. Leur site pour ériger l'Ishiyama Hongan-ji fut bien choisi. Le<br />

château d'Osaka était construit au même endroit lorsqu'ils connurent finalement la défaite.<br />

Un siècle plus tard, les dernières batailles de l'ère Sengoku auront lieu ici…<br />

14<br />

RENVERSEMENTS ET TRAHISONS<br />

"Soyez humble pour rendre l'ennemi arrogant. Fatiguez-le par la fuite. Semez la<br />

discorde. S'il n'est pas préparé, attaquez <strong>et</strong> frappez quand il s'y attend le moins."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Alors que la guerre d'Onin faisait rage dans le<br />

pays, d'autres daimyo en profitèrent pour<br />

régler de vieux comptes <strong>et</strong> pour agrandir<br />

leurs territoires aux dépens de leurs voisins.<br />

La guerre fonctionnait selon un principe<br />

quasiment darwinien : la survie du meilleur<br />

comptait avant tout, quelle que soit la façon<br />

dont c<strong>et</strong>te survie était assurée. Tous les clans<br />

ne survécurent pas aux années qui suivirent.<br />

Vers l'an 1500, les Shiba <strong>et</strong> les Isshiki, ainsi<br />

que les Hatakeyama de Yamashiro <strong>et</strong> même le<br />

puissant clan Yamana, avaient réussi à se<br />

débarrasser les uns des autres.<br />

Mais ils n'étaient pas les seuls à souffrir. Une famille en particulier fut durement touchée,<br />

malgré le respect dont elle bénéficiait jusqu'à présent. La famille impériale était<br />

pratiquement ruinée <strong>et</strong> ne pouvait même plus payer les funérailles de l'Empereur Go-Tsuchi-<br />

Mikado, mort en 1501. Le couronnement de l'Empereur Go-Nara dut être repoussé 20 ans<br />

plus tard jusqu'à ce que les Ikki accordent à la famille impériale les fonds nécessaires pour<br />

payer la cérémonie. Avant de mourir, Go-Nara vivait dans une hutte en bois <strong>et</strong> se voyait<br />

réduit à vendre sa signature.<br />

Le <strong>shogun</strong>at Ashikaga était lui aussi d'une grande pauvr<strong>et</strong>é. Le gouvernement central avait<br />

disparu. Les daimyo étaient donc libres de mener toutes les guerres qu'ils voulaient ou qu'ils<br />

pouvaient. Les familles des samouraï inférieurs pouvaient laisser libre cours à leurs rêves de<br />

grandeur <strong>et</strong> se voler mutuellement des terres. L'histoire d'Ise Shinkuro est un bon exemple<br />

de ce qui se passait à l'époque.<br />

l'ascension d'un samouraï<br />

Ise Shinkuro était un obscur samouraï jusqu'à ce qu'il décide de se mêler des affaires du clan<br />

Ashikaga. Ashikaga Chacha avait été prié par le Shogun de devenir prêtre, mais il refusa.<br />

Shinkuro prit l'initiative de négocier avec Chacha <strong>et</strong> l'obligea à se suicider. En récompense, il<br />

obtint Izu <strong>et</strong> ne perdit pas de temps en prenant le nom d'Hojo Soun (à la même époque, il<br />

avait aussi décidé de prendre un nom bouddhiste). Les Hojo avaient dirigé le Japon quelques<br />

siècles auparavant, mais Ise Shinkuro – ou Hojo Soun comme il s'appelait dorénavant –<br />

n'avait aucun lien avec c<strong>et</strong>te famille avant de réussir à marier un de ses fils à une lointaine<br />

descendante des véritables Hojo !<br />

Ensuite, Hojo Soun se résolut à agrandir son territoire. Il profita d'une chasse au cerf pour<br />

assassiner un voisin <strong>et</strong> c'est ainsi qu'il s'appropria Odo<strong>war</strong>a. Puis il s'empara des provinces de<br />

Sagami <strong>et</strong> de Musashi, avant d'envahir la plaine de Kanto. Il attendit que la famille Uesugi soit<br />

suffisamment occupée par ses propres problèmes <strong>et</strong> réussit à prendre son château à Edo,<br />

l'ancienne capitale impériale (aujourd'hui Tokyo). Son fils Ujitsuna <strong>et</strong> son p<strong>et</strong>it-fils Ujiyasu<br />

poursuivirent son combat contre les Uesugi pour les vaincre en 1542 au château de<br />

Kawagoe.<br />

15


Le chemin parcouru par Hojo Soun (ou Ise Shinkuro) est tout à fait remarquable : venu de<br />

nulle part, en trois générations, il avait réussi avec sa famille à s'emparer d'un domaine<br />

étendu. C<strong>et</strong>te position obtenue par la violence <strong>et</strong> la trahison envers leurs "supérieurs" ne fut<br />

possible que parce que le <strong>shogun</strong>at des Ashikaga ne remplissait pas son rôle.<br />

LES CLANS EN GUERRE :<br />

FORTUNES DIVERSES<br />

Le clan Uesugi était occupé à d'autres combats. Leur général le plus célèbre, Uesugi Kenshin<br />

fut en réalité adopté par le clan aux environs de l'an 1552. Il mena quelques attaques contre<br />

le nouveau clan Hojo mais passait la plupart de son temps à guerroyer contre les Takeda, en<br />

particulier contre Takeda Shingen. Les deux côtés étaient bien équilibrés, mais leurs<br />

combats étaient assez étranges. En 1553, Uesugi Kenshin <strong>et</strong> Takeda Shingen menèrent une<br />

série de batailles dans la plaine de Kawanakajima dans la province de Shinano. Ils revinrent<br />

au même endroit en 1554, 1555, 1556, 1557 <strong>et</strong> en 1563, pour s'affronter à nouveau lors de<br />

combats menés presque comme des rituels. A peu près au même moment, Takeda Shingen<br />

conquérait Shinano, territoire de Murakami Yoshikiyo : ce dernier avait appelé Uesugi<br />

Kenshin à l'aide <strong>et</strong> provoqué sa rivalité avec Shingen.<br />

"Robuste comme la montagne, agressif comme le feu, immobile comme le bois, rapide<br />

comme le vent. Sur terre comme au ciel, moi seul dois être vénéré."<br />

- Devise figurant sur la bannière de Takeda Shingen (1521-1573)<br />

Ouchi Masahiro avait réussi à vivre plus longtemps que ses protecteurs Yamana <strong>et</strong> à<br />

augmenter la puissance de son clan. Son fils, Yoshioki, était tout aussi belliqueux. La famille<br />

prospéra jusqu'à l'avènement du p<strong>et</strong>it-fils de Masahiro, Ouchi Yoshitaki. Dans son riche<br />

territoire, Yoshitaki se rendit compte, après 1543, que la guerre était une activité plutôt<br />

dangereuse <strong>et</strong> se tourna vers une vie d'esthète, entouré de courtisans exilés de Kyoto.<br />

Malheureusement pour lui, ses deux serviteurs principaux, Mori Motonari <strong>et</strong> Sue Harukata<br />

lui montrèrent les dangers de son attitude <strong>et</strong> démontrèrent que son domaine pouvait être la<br />

proie de l'avidité d'un samouraï ambitieux. Et, comme pour prouver la véracité de ses<br />

avertissements, Sue Harukata se rebella. Piégé <strong>et</strong> sans amis, Ouchi Yoshitaki se suicida.<br />

Mais les choses ne s'arrêtèrent pas là. Mori Motonari sentit qu'il était de son devoir de<br />

venger son maître, mais il ne se pressa pas. En 1555, il se débrouilla pour inciter Sue<br />

Harukata, qui avait une plus grande armée, à prendre le château de l'île de Miyajima. Une<br />

fois sur l'île, coupé d'une partie de ses troupes, Sue Harukata fut piégé. La bataille qui<br />

s'ensuivit se termina par la défaite des forces de Sue qui, complètement démoralisées, se<br />

suicidèrent en masse. En conséquence, le clan Mori prit son essor pour devenir le clan le<br />

plus puissant de l'ouest du Japon.<br />

"Si vous voulez attaquer une armée, assiéger une ville ou tuer quelqu'un, vous devez<br />

tout connaître sur les généraux qui défendent la ville, les visiteurs, les gardiens des<br />

portes <strong>et</strong> les domestiques. Que vos espions vous apportent tous les renseignements<br />

nécessaires."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

16<br />

Les alliances <strong>et</strong> les rivalités changeantes étaient un fait typique de l'époque. Un clan s'alliait à<br />

un autre contre la menace d'un troisième, pour constater que leur allié était devenu tout<br />

aussi menaçant, ou que leur fidèle vassal était encore plus dangereux que leur ennemi<br />

extérieur.<br />

La guerre à la manière des samouraï a toujours fait usage de coups bas, d'assassinats <strong>et</strong> de<br />

trahisons, mais au cours des premiers conflits tels que la guerre de Gempei, une telle<br />

attitude était largement considérée comme infâme. Par contre, au cours de l'ère Sengoku,<br />

tout était plus simple <strong>et</strong> tous les coups étaient permis. Un assassinat était tout aussi valable<br />

qu'une victoire. Le nouveau daimyo avait lu Sun Tzu <strong>et</strong> s'était tout particulièrement inspiré<br />

des chapitres consacrés au bon usage des espions <strong>et</strong> des assassins. De plus, il disposait des<br />

meilleurs espions <strong>et</strong> assassins qui soient : les ninja, sans égaux nulle part ailleurs dans le<br />

monde <strong>et</strong> à n'importe quelle époque de l'histoire. C'était un homme prudent qui se<br />

protégeait des assassinats, même s'il ne complotait pas forcément l'élimination de ses rivaux<br />

ou de ses supérieurs.<br />

la puissance de feu<br />

"Le fusil est l'arme suprême du champ de bataille, avant l'affrontement direct, mais<br />

lorsque les sabres se croisent, le fusil devient inutile."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Alors que ces luttes faisaient rage, les premiers Occidentaux arrivèrent au Japon en 1543 à<br />

Kyushu : des marchands portugais. Ils apportaient dans leurs bagages deux produits de leur<br />

civilisation : des armes à feu efficaces <strong>et</strong> le christianisme. Nous reviendrons sur l'influence<br />

chrétienne un peu plus tard.<br />

Les armes à feu n'étaient pas <strong>total</strong>ement inconnues des samouraï. Ils connaissaient<br />

probablement les armes à feu chinoises <strong>et</strong> les Mongols utilisaient déjà des grenades à main<br />

rudimentaires lors de l'<strong>invasion</strong> de 1274. Mais la poudre à canon n'avait pas vraiment été<br />

adoptée lors des guerres. Les fusils apportés par des Portugais étaient en fait des<br />

arquebuses. Ces armes n'utilisaient pas de silex pour m<strong>et</strong>tre le feu aux poudres, mais une<br />

mèche enflammée. Les arquebuses étaient suffisamment légères pour être manipulées par<br />

un seul homme <strong>et</strong> relativement sûres, du moins si on les compare aux premières armes à<br />

feu, <strong>et</strong> elles n'avaient pas la fâcheuse habitude d'exploser au visage des tireurs ! L'arquebuse<br />

avait une cadence de tir assez lente, mais elle possédait un énorme avantage qui fut reconnu<br />

aussi vite au Japon qu'en Occident. Il fallait des années de dur entraînement pour former un<br />

archer aux rudiments de l'art. L'apprentissage pour utiliser une arquebuse ne prend que<br />

quelques jours <strong>et</strong> presque n'importe qui en est capable. Les troupes ashigaru de chaque<br />

armée pouvaient se servir d'une arme à feu facile à manier.<br />

Etant donné la grande habil<strong>et</strong>é des forgerons <strong>et</strong> des armuriers japonais, il ne leur fallut que<br />

très peu de temps pour produire des arquebuses qui furent d'emblée adoptées avec<br />

enthousiasme par les daimyo pour équiper leurs armées. Bien que tout le monde était<br />

capable de reconnaître l'utilité de c<strong>et</strong>te arme, il fallut encore quelque temps avant que<br />

quelqu'un n'établisse une stratégie efficace pour les arquebusiers.<br />

17


les trois rivaux : oda nobunaga,<br />

toyotomi hideyoshi <strong>et</strong> tokugawa<br />

Ieyasu<br />

"Le général modifie ses plans pour que personne ne les reconnaisse. Il change de<br />

résidence <strong>et</strong> emprunte des chemins détournés pour que ses actions ne soient jamais<br />

anticipées."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Après la prise de Kyoto <strong>et</strong> suite aux problèmes<br />

causés par l'effondrement de l'autorité des<br />

Ashikaga, il était très tentant de s'emparer du<br />

pouvoir <strong>et</strong> de devenir la nouvelle famille de<br />

Shogun pour les clans Hojo, Takeda <strong>et</strong> Uesugi,<br />

mais toute démarche en ce sens provoquerait<br />

inévitablement des troubles. Le premier<br />

daimyo quittant son domaine inviterait en fait<br />

tous ses rivaux à envahir la place.<br />

Le moment est venu de s'intéresser au clan<br />

Oda, une famille de p<strong>et</strong>its samouraï ayant pris<br />

le contrôle d'une province (O<strong>war</strong>i en l'occurrence) au cours de l'ère Sengoku. En 1551, Oda<br />

Nobunaga, samouraï impitoyable, prit la tête du clan. En 1558, il prit à son service un<br />

ashigaru du nom de Toyotomi Hideyoshi qui s'avéra un excellent disciple. Au même<br />

moment, un autre jeune samouraï, Tokugawa Ieyasu, était au service du clan Imagawa –<br />

pour être précis, il était plutôt leur otage <strong>et</strong> la garantie du comportement de sa famille.<br />

Comme vous le verrez, ce sont ces trois hommes qui décideront du destin du Japon.<br />

Mais à c<strong>et</strong>te époque, d'autres avaient des vues sur Kyoto.<br />

Imagawa Yoshimoto était l'un de ces daimyo ambitionnant de devenir <strong>shogun</strong> <strong>et</strong>, en 1560, il<br />

marcha sur Kyoto, profitant du fait que les Hojo <strong>et</strong> les Uesugi étaient occupés à se<br />

combattre. Mais pour arriver jusqu'à la capitale, il lui fallait traverser trois provinces, dont<br />

l'une, O<strong>war</strong>i, était le fief d'Oda Nobunaga. La campagne débuta sans anicroches pour les<br />

Imagawa. Tokugawa Ieyasu (au service des Imagawa) s'empara du poste frontière de Marune<br />

<strong>et</strong> il lui suffisait d'écraser Oda Nobunaga <strong>et</strong> sa p<strong>et</strong>ite armée de 2 000 hommes avec l'armée<br />

d'Imagawa composée de 25 000 pour remporter la victoire.<br />

"C'est grâce à la victoire remportée en combats individuels, ou lors des affrontements<br />

en grand nombre que nous atteindrons la puissance pour nous-mêmes ou pour notre<br />

seigneur. Telle est la vertu de la stratégie."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Malgré les dangers, Nobunaga lança l'attaque. Grâce à une ruse, il réussit à convaincre<br />

Imagawa Yoshimoto que son armée était stationnée à un seul endroit <strong>et</strong> il attira le gros des<br />

troupes adverses dans une embuscade au fond d'une gorge. On peut dire que la bataille<br />

d'Okehazama fut très courte. Imagawa Yoshimoto fut tué <strong>et</strong> ce n'est qu'à la dernière minute<br />

qu'il se rendit compte que les samouraï qui attaquaient ne faisaient pas partie de ses propres<br />

18<br />

troupes qui étaient complètement ivres. D'ailleurs, le fait qu'il pensait que ses samouraï<br />

étaient assez ivres pour se battre entre eux en dit long sur le contrôle qu'il avait sur ses<br />

hommes ! Oda Nobunaga était à présent le nouveau suzerain de Tokugawa Ieyasu <strong>et</strong> une<br />

puissance avec laquelle il fallait compter dans le pays ! La mort de Yoshimoto l'avait libéré de<br />

ses obligations envers le clan Imagawa.<br />

Oda Nobunaga était certainement tenté de marcher sur Kyoto lui aussi, mais il attendit son<br />

heure <strong>et</strong> noua des liens avec ses voisins en les mariant à sa fille <strong>et</strong> à sa jeune soeur. Il épousa<br />

lui-même la fille de l'un de ses voisins, Saito Toshimasa, un ancien marchand d'huile devenu<br />

daimyo dans la province de Mino. Toshimasa avait une réputation exécrable, sa passion étant<br />

de torturer les gens <strong>et</strong> plus particulièrement de les faire bouillir ! Mais sa mort fut digne de<br />

sa vie, car son propre fils Yoshitatsu l'assassina <strong>et</strong> prit sa place. Ce dernier mourut de la<br />

lèpre, après qu'Oda Nobunaga lui ait déclaré la guerre pour venger l'horrible Toshimasa qui,<br />

après tout, était son beau-père. Ce faible prétexte lui était suffisant pour se débarrasser du<br />

clan Saito <strong>et</strong> s'ouvrir le chemin vers Kyoto <strong>et</strong> le <strong>shogun</strong>at. Toyotomi Hideyoshi fut chargé de<br />

détruire les survivants du clan Saito, <strong>et</strong> c'est ce qu'il fit en 1564.<br />

Il ne lui manquait plus qu'un bon prétexte pour marcher sur la capitale <strong>et</strong>, en 1567, il le<br />

trouva. Ashikaga Yoshiaki était l'héritier du <strong>shogun</strong>at <strong>et</strong> à ce titre représentait un symbole<br />

important. Son frère Yoshiteru avait été Shogun <strong>et</strong> était sous la coupe de deux courtisans<br />

chrétiens très malveillants, Miyoshi Chokei <strong>et</strong> Matsunaga Hisahide, qui finirent par le tuer<br />

afin de pouvoir installer son très jeune <strong>et</strong> influençable cousin à sa place. Ashikaga Yoshiaki<br />

étant menacé par les deux acolytes, il réussit à s'échapper <strong>et</strong> à se réfugier auprès d'Oda<br />

Nobunaga.<br />

Oda Nobunaga pénétra dans Kyoto en novembre 1568 avec Ashikaga Yoshiaki, le Shogun<br />

qu'il manipulait. Il possédait maintenant le pouvoir effectif dans l'ombre d'un commandant<br />

suprême potiche, lui-même au service d'un Empereur aux fonctions purement honorifiques.<br />

Des raisons dynastiques empêchaient Oda de devenir Shogun de plein droit, mais ce<br />

système lui donnait toute satisfaction <strong>et</strong> il détenait ainsi le pouvoir dont il avait besoin.<br />

nobunaga : consolidation du<br />

pouvoir <strong>et</strong> trahison<br />

Nobunaga passa le reste de sa vie à écraser ses derniers rivaux. Pour le seconder dans c<strong>et</strong>te<br />

tâche, il disposait de deux excellents lieutenants : Toyotomi Hideyoshi <strong>et</strong> Tokugawa Ieyasu.<br />

Nobunaga était suffisamment puissant pour leur donner toute l'autorité nécessaire. Ceci<br />

montre que la politique des samouraï avait évolué depuis les temps où ils ne pensaient qu'à<br />

s'entr<strong>et</strong>uer. A c<strong>et</strong>te époque, Hideyoshi <strong>et</strong> Ieyasu auraient été fort occupés à comploter<br />

contre Nobunaga, sans oublier d'essayer de se trahir mutuellement…<br />

Mais à présent, Ieyasu avait pour mission d'écraser les Ikko-ikki (en 1563) <strong>et</strong> échappa de peu<br />

à la mort quand deux balles percèrent son armure sans traverser ses vêtements ! La<br />

campagne suivante d'Oda Nobunaga fut couronnée de succès <strong>et</strong> vit la défaite de Miyoshi<br />

Chokei <strong>et</strong> de Matsunaga Hisahide, lors de la bataille de Sakai en 1567. C<strong>et</strong>te bataille fut<br />

remarquable du fait que de nombreux samouraï chrétiens y participèrent dans les deux<br />

camps, écoutant la messe ensemble avant de se battre. Le christianisme, ou peut-être le<br />

zèle des missionnaires jésuites qui le prêchaient, attirait les samouraï <strong>et</strong> ils n'étaient pas rares<br />

à embrasser c<strong>et</strong>te religion. Bien qu'Oda Nobunaga ne se convertit jamais, il soutenait les<br />

missionnaires jésuites au Japon, certainement en raison de l'usage politique qu'il pourrait en<br />

faire à l'encontre des sectes bouddhistes. La persécution des chrétiens était encore à venir.<br />

19


"Quand les lois de la guerre indiquent une victoire certaine, il est approprié de se<br />

battre, même si le souverain ordonne le contraire. Si les lois de la guerre indiquent<br />

une défaite, il est approprié de ne pas se battre, même si le souverain veut la guerre."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Oda Nobunaga consacra le reste de sa vie à une succession de campagnes destinées à<br />

consolider son pouvoir. En 1570, il combattit les Asakura dans la province d'Echizen, mais<br />

fut obligé de battre en r<strong>et</strong>raite quand son beau-frère, Asai Nagasama, prit le parti du clan<br />

Asakura. Il revint un peu plus tard <strong>et</strong> remporta la bataille d'Anegawa, mais elle ne fut pas<br />

décisive. Ses forces remportèrent la bataille, mais ne réussirent à écraser ni les Asakura, ni<br />

les Asai. Les problèmes s'accumulaient pour Oda Nobunaga, car il se rendit compte qu'il<br />

avait en face de lui non seulement les armées d'Asakura <strong>et</strong> d'Asai, mais également les Ikko<br />

d'Ishiyama Hongan-ji <strong>et</strong> les sohei ou moines combattants d'Enryaku-ji, près de la capitale.<br />

Pour couronner le tout, son général, Tokugawa Ieyasu devait affronter les armées d'Hojo <strong>et</strong><br />

de Takeda Shingen.<br />

Se sentant encerclé, Oda Nobunaga attaqua ! Ses hommes assiégèrent Enryaku-ji <strong>et</strong> tuèrent<br />

tous ceux qu'ils rencontrèrent dans le monastère ou ses environs : hommes, femmes <strong>et</strong><br />

enfants. Oda Nobunaga était à présent libre de s'occuper de ses autres ennemis, mais<br />

Takeda Shingen se tourna contre lui en 1572, réussissant presque à piéger Tokugawa Ieyasu<br />

au château d'Hamamatsu. Pour Tokugawa Ieyasu, le problème était simple : soit il restait où<br />

il était <strong>et</strong> n'accomplissait pas son devoir en empêchant Takeda Shingen d'atteindre Kyoto,<br />

soit il se battait. Il choisit de quitter le château <strong>et</strong> rencontra l'armée de Takeda dans la neige<br />

à Mikata-ga-hara, une plaine marécageuse près du fleuve Magome. La bataille n'eut aucune<br />

issue <strong>et</strong> les deux parties finirent par se r<strong>et</strong>irer. Ieyasu r<strong>et</strong>ourna au château d'Hamamatsu<br />

ayant réussi à r<strong>et</strong>enir Shingen. Ce dernier, quant à lui, rentra chez lui <strong>et</strong> n'atteignit jamais<br />

Kyoto.<br />

Takeda Shingen vint dans la province de Mikawa en 1573, avec l'intention de prendre Kyoto.<br />

Mais les choses ne se passèrent pas ainsi. Au cours de la bataille, il fut blessé par une balle <strong>et</strong><br />

mourut quelque temps après. Sa perte fut désastreuse pour le clan Takeda, car son fils<br />

Katsuyori ne ressemblait en aucune manière à son père. Il est dit qu'Uesugi Kenshin pleura<br />

la perte d'un si noble ennemi. Uesugi Kenshin devait lui-même mourir dans des<br />

circonstances mystérieuses en 1582. Bien qu'il n'en existe aucune preuve, Oda Nobunaga fut<br />

soupçonné d'avoir eu recours aux services d'un ninja pour se débarrasser d'un rival. Une<br />

version (probablement erronée) de sa mort est racontée dans la rubrique consacrée aux<br />

ninja.<br />

"Un véritable samouraï ne peut oublier ni son épouse, ni sa famille quand il entre dans<br />

la bataille, car un véritable samouraï n'y pense jamais !"<br />

- Réflexion attribuée à un serviteur de Takeda.<br />

20<br />

Il fallut encore deux années pour s'assurer de la défaite du clan Takeda. En 1575, Takeda<br />

Katsuyori assiégea le château de Nagashino, mais il se heurta à la vaillante résistance des<br />

défenseurs du clan Oda. Nobunaga pensa que l'expédition de secours lui donnerait<br />

l'occasion d'écraser les Takeda <strong>et</strong> il avait vu juste. La bataille de Nagashino qui s'ensuivit<br />

consacra son triomphe <strong>et</strong> celui de l'arquebuse. Il rassembla ses 3 000 meilleurs tireurs en<br />

une seule unité <strong>et</strong> les plaça sur trois rangs derrière une palissade formée de pieux. Alors que<br />

le clan Takeda chargeait sur le champ de bataille inondé, ses hommes furent décimés. Les<br />

autres guerriers de Nobunaga achevèrent les hommes de Takeda qui avaient échappé aux<br />

arquebuses. Même les défenseurs du château quittèrent leurs murailles pour assaillir l'arrière<br />

de l'armée Takeda. La victoire était <strong>total</strong>e. Takeda Katsuyori réussit à échapper au carnage,<br />

mais il se trouvait dans l'impossibilité de menacer sérieusement Oda Nobunaga <strong>et</strong> fut tué en<br />

1582.<br />

Oda Nobunaga se tourna alors vers l'est, vers le clan Mori. Mori Motonari était mort, mais<br />

son p<strong>et</strong>it-fils, Terumoto se trouvait à la tête d'un domaine riche de dix provinces. Mori<br />

Terumoto devait s'attendre à avoir des ennuis, étant donné qu'il avait échappé au blocus<br />

naval des Ikko-ikki à Ishiyama Hongan-ji. Oda Nobunaga lui envoya une armée ayant à sa<br />

tête Toyotomi Hideyoshi, son général ashigaru, <strong>et</strong> Akechi Mitsuhide, un général samouraï. Il<br />

poursuivit sa campagne contre les Ikko-ikki, en construisant même des navires de guerre<br />

cuirassés de plaques de métal ! En Occident, il faudra attendre 300 ans avant d'en arriver au<br />

même point.<br />

Les Ikko furent encerclés <strong>et</strong>, en 1580, durent se rendre. Le pouvoir des guerriers fanatiques<br />

avait finalement été brisé. Pendant ces événements, Oda Nobunaga avait commencé à<br />

construire un château à Azuchi, sur les rives du lac Biwa près de Kyoto. Il était immense <strong>et</strong><br />

montrait bien où résidait à présent le véritable pouvoir au Japon. De plus, il était<br />

complètement révolutionnaire de part la façon dont il prenait en compte les armes à feu,<br />

avec de solides remparts de pierre <strong>et</strong> des meurtrières.<br />

L'armée d'Oda Nobunaga concentra dorénavant toute sa puissance sur le clan Mori.<br />

Toyotomi Hideyoshi n'avait pas cessé de progresser <strong>et</strong> avait assiégé leur château de<br />

Takamatsu – le cours de la rivière avait même été détourné pour inonder l'emplacement du<br />

château ! Tout le clan Mori se rassembla pour tenter de lever le siège <strong>et</strong> Toyotomi Hideyoshi<br />

demanda des renforts quand il se rendit compte de ce qu'il allait devoir affronter. Tokugawa<br />

Ieyasu <strong>et</strong>, comme on allait le voir par la suite, de trop nombreux guerriers Oda furent<br />

envoyés pour soutenir son armée. Oda Nobunaga resta à Kyoto avec seulement 100<br />

hommes pour le protéger au lieu des 2 000 qui constituaient normalement sa garde<br />

personnelle. C'était une erreur tragique.<br />

Akeshi Mitsuhide avait de son côté échoué dans sa campagne contre les Mori <strong>et</strong> encouru la<br />

colère d'Oda Nobunaga pour c<strong>et</strong>te raison <strong>et</strong> pour bien d'autres encore. Il était à proximité<br />

de Kyoto au moment où Oda Nobunaga se trouvait presque sans protection. La véritable<br />

raison pour laquelle il attaqua le château d'Oda Nobunaga à Kyoto n'a jamais été connue,<br />

mais le 21 juin 1582, ce dernier fut assassiné sur les ordres de son propre général. Et c'est<br />

l'arme même par laquelle il avait transformé les champs de bataille qui le tua : l'arquebuse.<br />

Oda Nobunaga était un homme cruel, même pour l'époque – l'idée qu'il se faisait de la<br />

victoire consistait simplement à exterminer l'ennemi. Mais il changea profondément le<br />

Japon. Ses améliorations sur le plan militaire modifièrent fondamentalement la façon de<br />

mener une guerre. Il fut un temps où les paysans <strong>et</strong> les ji-samouraï quittaient leurs champs<br />

pour aller combattre. Sous son règne, les hommes combattaient ou cultivaient la terre. Les<br />

samouraï <strong>et</strong> les ashigaru devinrent des castes de guerriers qui ne devaient plus revenir sur<br />

leur terre pour moissonner. Leur seule obligation était de combattre pour leur suzerain.<br />

21


le <strong>shogun</strong> de treize jours<br />

"Celui qui ne conçoit pas de stratégie <strong>et</strong> qui mésestime ses ennemis terminera sa vie<br />

en captivité."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Quand la nouvelle de la trahison d'Akechi Mitsuhide parvint à Toyotomi Hideyoshi, il conclut<br />

immédiatement un traité de paix avec le clan Mori puis marcha sur Kyoto. Pendant ce<br />

temps, <strong>et</strong> selon la coutume de l'époque, Akechi Mitsuhide continuait à massacrer autant de<br />

parents <strong>et</strong> de partisans d'Oda Nobunaga que possible. Tokugawa Ieyasu s'était enfui pour se<br />

cacher. Bien qu'Akechi Mitsuhide n'en fut probablement pas le responsable, le splendide<br />

château d'Azuchi fut incendié. Quelques jours plus tard, le <strong>shogun</strong>at d'Akechi avait pris fin.<br />

Toyotomi Hideyoshi attaqua <strong>et</strong> Akechi Mitsuhide prit la fuite. Il n'eut pas l'honneur de périr<br />

par le sabre d'un samouraï mais fut capturé par des paysans en quête de pillage <strong>et</strong> battu à<br />

mort. Il est resté dans l'histoire sous le nom de "Shogun de treize jours".<br />

Toyotomi Hideyoshi était le vengeur "officiel" d'Oda Nobunaga <strong>et</strong> se trouvait dans une<br />

position extrêmement solide. Il était populaire parmi les ashigaru en raison de ses origines<br />

modestes, étant ashigaru lui-même à ses débuts <strong>et</strong> c'était un général particulièrement<br />

capable. Evidemment, les survivants de la famille d'Oda Nobunaga, en particulier son<br />

troisième fils, Nobutaka, voyaient d'un mauvais oeil sa situation dominante dans le clan. En<br />

plus, il fallait compter avec les autres généraux au service du clan. Outre Tokugawa Ieyasu,<br />

les prétendants à la succession d'Oda Nobunaga ne manquaient pas : Shibata Katsuie, Niwa<br />

Nagahide, Takigawa Kazumasu <strong>et</strong> Ikeda Nobuteru étaient sur les rangs !<br />

La seule issue probable à c<strong>et</strong>te situation semblait être la guerre <strong>et</strong> ce malgré – ou peut-être<br />

en raison de – la proposition de Toyotomi Hideyoshi de m<strong>et</strong>tre à la tête du clan le p<strong>et</strong>it-fils<br />

d'Oda Nobunaga, un enfant âgé d'un an. Une marionn<strong>et</strong>te qu'un homme fort pouvait<br />

manipuler à sa guise était une façon traditionnelle de s'emparer du pouvoir. Au cours des<br />

mois suivants, Toyotomi Hideyoshi dut affronter une série de campagnes difficiles. La<br />

menace la plus importante venait de Shibata Katsuie. Ce dernier avait en fait essayé<br />

d'attaquer Akechi Mitsuhide, mais il était arrivé trop tard pour tirer profit de sa mort. S'il<br />

avait réussi à coordonner ses actions à celles de ses alliés, Oda Nobutaka <strong>et</strong> Takigawa<br />

Kazumasu, ils auraient fort bien pu gagner tous les trois. Mais Tokugawa Ieyasu <strong>et</strong> les autres<br />

attendaient eux aussi leur heure, soit pour s'emparer du pouvoir, soit pour être sûrs de<br />

soutenir le clan gagnant !<br />

Shibata Katsuie n'avait cependant pas de chance avec ses alliés. Alors que ses territoires<br />

étaient encore ensevelis sous la neige, Oda Nobutaka décida d'attaquer. Ceci donna<br />

l'occasion à Toyotomi Hideyoshi de diviser <strong>et</strong> de vaincre ses adversaires. Oda Nobutaka<br />

était encerclé dans le château du clan à Gifu <strong>et</strong> demanda grâce. A ce moment, Toyotomi<br />

Hideyoshi fit une chose tout à fait remarquable : il épargna sa vie <strong>et</strong> prit des otages pour<br />

s'assurer de sa future loyauté. Il n'y a pas si longtemps, le père d'Oda Nobutaka, Nobunaga,<br />

aurait tué tout ennemi à sa portée <strong>et</strong> n'aurait pas hésité à poursuivre ceux qui ne l'étaient<br />

pas ! Puis Toyotomi Hideyoshi divisa les forces de Takigawa Kazumasu en soudoyant une<br />

garnison stratégique <strong>et</strong> réussit à le capturer.<br />

"Ceux qui viennent pour demander la paix sans proposer de traité sont des<br />

comploteurs."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

22<br />

Shibata Katsuie de son côté venait d'envoyer des troupes en profitant du dégel, <strong>et</strong> Oda<br />

Nobutaka montra son ingratitude en se rebellant. Le général des Shibata, Sakuma Morisama<br />

fit une grave erreur de jugement ; oubliant la leçon de la bataille de Nagashino, il attaqua<br />

des troupes armées d'arquebuses en position forte. En 1583, la bataille de Shizugatake se<br />

solda par un désastre pour les forces Shibata <strong>et</strong> elles furent pourchassées jusqu'aux portes<br />

du château de Shibata Katsuie. Ce dernier, se rendant compte qu'il était en train de perdre<br />

sa bataille contre Toyotomi Hideyoshi, mit le feu à sa forteresse <strong>et</strong> se suicida. En apprenant<br />

c<strong>et</strong>te nouvelle, Oda Nobutaka se suicida également.<br />

Tout était prêt pour un affrontement entre<br />

Toyotomi Hideyoshi <strong>et</strong> Tokugawa Ieyasu, les<br />

deux plus grands généraux d'Oda Nobunaga.<br />

Les deux factions recherchèrent des alliances <strong>et</strong><br />

les clans importants qui avaient soutenu Oda<br />

Nobunaga se divisèrent. Les deux généraux<br />

étant de valeur égale, l'impasse était inévitable<br />

<strong>et</strong> ce malgré de nombreux combats comme la<br />

sanglante bataille de Nagakute en 1583. Quand<br />

la bataille fut terminée, Tokugawa Ieyasu put<br />

compter 2 500 têtes prises à l'ennemi, sur<br />

environ 9 000 hommes. Ses propres pertes se<br />

montaient à 600 hommes, mais la bataille ne fut<br />

pas décisive.<br />

un accord raisonnable<br />

Pour finir, Tokugawa Ieyasu se soumit à l'autorité de Toyotomi Hideyoshi. C<strong>et</strong>te décision fut<br />

d'ordre pratique. Ensemble, les deux hommes étaient imbattables <strong>et</strong> Toyotomi Hideyoshi, le<br />

plus vieux des deux, n'allait pas vivre éternellement... Avec son nouvel allié, Toyotomi<br />

Hideyoshi allait pouvoir conquérir le reste du Japon. La rapidité de sa réussite prouve son<br />

habil<strong>et</strong>é, non seulement sur le plan militaire, mais aussi sur le plan politique. Si par exemple<br />

il affrontait Nobunaga, il devrait se battre jusqu'au bout. car il n'hésitait pas à tuer tous ceux<br />

qui lui résistaient, que c<strong>et</strong>te résistance soit faible ou forte.<br />

Hideyoshi, quant à lui était beaucoup plus politique (ou peut-être plus rusé). Il se montrait<br />

généreux envers ses ennemis <strong>et</strong> leur laissait quelques possessions, bien qu'il ait besoin des<br />

terres conquises pour récompenser ses partisans. Il prenait également des otages, mais ne<br />

décimait pas des clans entiers. Après s'être assuré de leur loyauté, il leur laissait leurs terres.<br />

C<strong>et</strong>te politique eut pour résultat d'ajouter les armées de ses anciens ennemis à ses propres<br />

forces <strong>et</strong> d'augmenter encore sa puissance. De plus, il n'avait plus besoin de s'emparer des<br />

terres d'un clan, car il avait modifié la façon de récompenser la bravoure de ses samouraï :<br />

au lieu de leur offrir des territoires, il les payait en or !<br />

Toyotomi Hideyoshi était dorénavant le maître du Japon <strong>et</strong> pouvait se consacrer à d'autres<br />

proj<strong>et</strong>s. Il construisit le château d'Osaka sur le site de l'ancienne forteresse des Ikko, à<br />

Ishiyama Hongan-ji. Il fut également à l'origine de profonds changements sociaux en<br />

organisant "la grande chasse aux sabres" : débutant en 1588, toutes les armes aux mains des<br />

paysans furent confisquées <strong>et</strong> fondues pour ériger le Grand Bouddha. A partir de ce jour,<br />

seuls les guerriers seraient autorisés à porter des armes, <strong>et</strong> la distinction sociale entre les<br />

paysans non armés, les guerriers ashigaru possédant quelques armes <strong>et</strong> les samouraï qui<br />

seuls avaient le droit de porter deux sabres, devint une constante du nouveau paysage<br />

social.<br />

23


Il proj<strong>et</strong>ait également de conquérir la Chine. L'histoire de c<strong>et</strong>te expédition n'entre pas dans<br />

le cadre de ce manuel ni dans celui de Shogun: Total War, mais sa guerre de Corée fut un<br />

échec stratégique pour les samouraï. Ils ne réussirent pas à se tailler un empire sur le<br />

continent, mais ils eurent la satisfaction de ramener un butin considérable. Curieusement,<br />

les troupes de Tokugawa n'avaient pas participé aux combats.<br />

la lutte finale<br />

"Ceux qui prononcent des paroles humbles alors qu'ils intensifient leurs préparatifs de<br />

guerre sont sur le point d'attaquer. Ceux qui prononcent des paroles menaçantes <strong>et</strong> se<br />

montrent agressifs vont battre en r<strong>et</strong>raite."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

En 1598, Toyotomi Hideyoshi était mourant, mais il lui restait encore suffisamment de sens<br />

politique pour nommer cinq régents pour gouverner au nom de son fils en bas âge.<br />

Toyotomi Hideyori n'avait que cinq ans quand ils entrèrent en fonction. Le plus important<br />

d'entre eux était Tokugawa Ieyasu, qui était devenu incroyablement riche : les revenus tirés<br />

de ses terres se montaient à 2 557 000 koku – le koku étant la quantité de riz nécessaire à la<br />

subsistance d'un homme pendant une année. N'oublions pas que c<strong>et</strong>te somme représentait<br />

ses revenus annuels, <strong>et</strong> non la valeur de ses domaines. Les autres étaient Ukita Hideie, Maeda<br />

Toshiie, Mori Terumoto <strong>et</strong> Uesugi Kagekatsu. C'étaient eux les daimyo les plus importants<br />

du Japon <strong>et</strong> Toyotomi Hideyoshi désirait à l'évidence les unir <strong>et</strong> les attacher à son clan.<br />

"La vitesse ne fait pas partie de la véritable voie de la stratégie. La vitesse sous-entend<br />

que les choses semblent lentes ou rapides, selon qu'elles s'accordent au rythme ou non.<br />

Quelle que soit la voie, le maître de la stratégie ne doit pas sembler rapide."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Tokugawa Ieyasu avait d'autres proj<strong>et</strong>s, mais il fut contré par un courtisan ne faisant pas<br />

partie de la régence, un fonctionnaire nommé Ishida Mitsunari. Par ailleurs, ne voulant pas<br />

être considéré comme étant celui qui déclenchait les guerres, il se contenta donc d'attendre<br />

qu'Ishida Mitsunari fasse le premier geste. Pendant ce temps, les clans importants se<br />

déclarèrent lentement pour un camp ou pour l'autre. Heureusement pour Tokugawa Ieyasu,<br />

la plupart des partisans de Toyotomi Hideyoshi se rangèrent à ses côtés <strong>et</strong> le choisirent<br />

comme successeur. Il bénéficia également d'une autre chance. En 1600, il fit une rencontre<br />

intéressante en la personne du premier Anglais qui débarqua au Japon, Will Adams. En fait,<br />

c'était surtout la cargaison apportée par Adams qui était intéressante : des armes à feu, des<br />

munitions <strong>et</strong> de la poudre d'excellente qualité. Toute la cargaison passa dans l'arsenal de<br />

Tokugawa Ieyasu.<br />

Les partisans d'Ishida Mitsunari – communément appelés l'armée de l'ouest selon les<br />

relations de l'époque – ouvrirent les hostilités. Malheureusement pour eux, la garnison du<br />

château de Fushimi des Tokugawa, située à l'est, se montra particulièrement opiniâtre <strong>et</strong> les<br />

r<strong>et</strong>int trop longtemps. Quand les défenseurs en furent réduits à deux cents hommes, ils<br />

ouvrirent les portes <strong>et</strong> chargèrent plusieurs fois l'armée de l'ouest ! Ils furent exterminés<br />

presque jusqu'au dernier, mais permirent à Tokugawa Ieyasu de marcher sur l'armée d'Ishida<br />

Mitsunari.<br />

24<br />

Les deux factions se rencontrèrent, ou plutôt trébuchèrent l'une sur l'autre dans le<br />

brouillard, dans un défilé étroit à Sekigahara, le 21 octobre 1600, par un temps<br />

épouvantable. Les deux armées étaient trempées <strong>et</strong> ne pouvaient pas se voir à cause du<br />

brouillard épais. Dans la matinée, le temps s'éclaircit <strong>et</strong> la bataille débuta comme une<br />

énorme bagarre dans la boue. Mais l'armée de l'ouest n'avait jamais été une force unie, <strong>et</strong><br />

lorsque la bataille fut commencée, Kobayakawa Hideaki ne fit aucun effort pour se diriger<br />

contre l'armée de l'est. Quand il se décida enfin, ce fut pour attaquer sa propre faction.<br />

L'armée de l'ouest avait été vaincue.<br />

"Quand le terrain est composé de ravins, de défilés, de gouffres <strong>et</strong> de crevasses,<br />

gardez-vous d'y rester <strong>et</strong> hâtez-vous de le quitter. Pour moi, je m'en éloigne, afin que<br />

l'ennemi en soit proche. Je me maintiens en face de ces obstacles afin que l'ennemi<br />

leur tourne le dos."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Dans l'après-midi, Tokugawa Ieyasu pouvait de nouveau faire le compte des têtes ennemies.<br />

Bien que sa victoire n'ait pas été <strong>total</strong>e sur ses adversaires du champ de bataille, il devait<br />

être plutôt content du résultat. La menace représentée par Ishida Mitsunari n'existait plus.<br />

Les daimyo survivants à qui il restait assez de bon sens pour se soum<strong>et</strong>tre, eurent des<br />

fortunes diverses selon le parti qu'ils avaient pris lors de la bataille. A compter de ce jour,<br />

Tokugawa Ieyasu sut qu'il serait le maître incontesté du Japon.<br />

En 1603 il fut nommé <strong>shogun</strong>, un titre resté vacant pendant 30 ans, depuis le départ de<br />

Yoshiaki, le dernier des Ashikaga. Mais il lui restait encore un adversaire. Toyotomi Hideyori<br />

était encore vivant <strong>et</strong> complotait toujours.<br />

Tokugawa Ieyasu décida d'attendre <strong>et</strong>, au cours des 14 années qui suivirent, eut l'habil<strong>et</strong>é de<br />

se consacrer à bien gouverner, jusqu'à ce que l'opportunité de s'occuper de son ultime<br />

ennemi se présente. Une insulte déguisée lui servit de prétexte, pas très convaincant mais<br />

suffisant. Après un long siège sans résultat du château d'Osaka, les troupes de Toyotomi<br />

Hideyori sortirent à la rencontre de l'armée Tokugawa. Les troupes d'Hideyori combattirent<br />

avec l'énergie du désespoir, mais l'armée de Tokugawa montra qu'elle s'était "figée" avec les<br />

années. Elle remporta la victoire, mais sans véritable enthousiasme. Les guerres pour la<br />

maîtrise du Japon touchaient à leur fin. Aucune rébellion ne serait plus tolérée, <strong>et</strong> le dernier<br />

des Toyotomi, le fils d'Hideyori âgé de huit ans (le p<strong>et</strong>it-fils de Hideyoshi), fut passé au fil de<br />

l'épée.<br />

Tokugawa Ieyasu avait remporté la victoire finale en 1615, mais il n'eut pas l'occasion d'en<br />

profiter longtemps. Il mourut en moins d'une année, sa constitution exceptionnelle n'ayant<br />

pas su résister au cancer de l'estomac (pour autant que l'on puisse établir un diagnostic si<br />

longtemps après les événements). Mais sa disparition ne fut marquée par aucune guerre,<br />

aucun assassinat, ni aucun complot fiévreux parmi ses partisans. Son fils Tokugawa Hid<strong>et</strong>ata<br />

reprit tranquillement les rênes du pouvoir <strong>et</strong> devint le deuxième Shogun du clan Tokugawa.<br />

Le <strong>shogun</strong>at était bien installé <strong>et</strong> le pays pacifié.<br />

Ieyasu atteignit une sorte d'immortalité. En eff<strong>et</strong>, il fut déifié en tant que To-sho-gu, ou dieu<br />

solaire de l'est.<br />

25


l'ultime <strong>shogun</strong>at<br />

"Le premier arrivé sur le champ de bataille pour attendre ses ennemis est à son aise.<br />

Le dernier arrivé <strong>et</strong> qui se lance dans la bataille s'épuise. Voilà pourquoi il est avisé<br />

d'attirer son ennemi <strong>et</strong> non pas d'aller vers lui."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Au cours des 250 années suivantes, les Tokugawa furent les maîtres incontestés du Japon.<br />

Les Empereurs sur leur piédestal étaient révérés comme des dieux <strong>et</strong> éloignés du pouvoir<br />

effectif. A c<strong>et</strong>te époque, les Shogun Tokugawa consolidèrent également l'isolement du Japon<br />

par rapport au reste du monde. Avant même la victoire finale à Osaka, les Tokugawa<br />

s'étaient r<strong>et</strong>ournés contre les étrangers. Les chrétiens furent <strong>officielle</strong>ment persécutés à<br />

partir de 1612, les Espagnols se virent refuser le droit d'accoster au Japon après 1624, <strong>et</strong> les<br />

dix années suivantes, les Japonais eux-mêmes n'eurent plus l'autorisation de voyager. Le<br />

Japon était complètement fermé, hormis des contacts limités avec de p<strong>et</strong>its comptoirs<br />

hollandais. C<strong>et</strong> isolement se maintint jusqu'en 1853, date à laquelle le commodore Perry, à<br />

la tête d'une forte escadre de la marine américaine – ainsi que la menace d'être colonisé par<br />

l'une des puissances occidentales en pleine expansion – mirent un terme à la longue période<br />

d'isolement, marquant ainsi la fin d'une politique. Le Japon prend alors conscience de l'écart<br />

entre le monde féodal <strong>et</strong> l'univers moderne <strong>et</strong> industriel de l'ère victorienne.<br />

En face de ces dures vérités, les clans continuaient de faire montre d'une xénophobie antioccidentale<br />

violente <strong>et</strong> organisèrent des attaques contre les étrangers qui affaiblirent la<br />

position du Shogun Tokugawa, incapable de les maîtriser. La restauration de Meiji<br />

promulguée en 1867 ne fit pas revenir les Empereurs puisqu'ils n'avaient jamais disparu, mais<br />

leur redonna le pouvoir <strong>et</strong> mit fin à l'hégémonie des Shogun. Les clans furent désarmés <strong>et</strong><br />

dépossédés de leurs fiefs au cours de la décennie suivante.<br />

Le nouveau gouvernement impérial s'attela à la tâche de faire du Japon un état moderne. La<br />

crainte légitime éprouvée à l'idée de devenir une colonie d'Extrême-Orient parmi d'autres<br />

ne fut certes pas étrangère à c<strong>et</strong>te réforme. Il leur suffisait de regarder en direction de la<br />

Chine ou de l'Inde pour voir ce qui pourrait leur arriver. En l'espace de 50 ans, le Japon se<br />

transforma profondément, passant d'une société médiévale à une nation moderne <strong>et</strong><br />

industrielle : aucun autre pays n'avait jamais subi un changement aussi radical en aussi peu de<br />

temps. La guerre russo-japonaise qui eut lieu de 1904 à 1905 devait en apporter la preuve<br />

éclatante avec la défaite <strong>total</strong>e de l'empire russe, sur terre comme sur mer. L'armée de<br />

terre ainsi que la marine montrèrent qu'elles étaient modernes <strong>et</strong> tournées vers l'avenir, <strong>et</strong><br />

égales à tout ce qui pouvait venir de l'Occident.<br />

Mais la transition ne s'était pas passée sans heurts. Le dernier baroud d'honneur de l'ancien<br />

ordre des samouraï eut lieu en 1877 avec la révolte de Satsuma menée par Saigo Takamori.<br />

Une armée de samouraï affronta une armée moderne <strong>et</strong> fut écrasée. Même la bravoure des<br />

samouraï n'avait pas pu résister à la marche inexorable du futur, <strong>et</strong> Saigo Takamori, selon la<br />

tradition, se donna rituellement la mort.<br />

L'ironie de l'histoire est de constater que c'est dans l'armée impériale qui brisa les rebelles<br />

que l'esprit des samouraï devait perdurer...<br />

26<br />

l'histoire dans le jeu<br />

"Si vous connaissez vos ennemis <strong>et</strong> que vous vous connaissez vous-même, mille batailles<br />

ne pourront venir à bout de vous. Si vous ignorez votre ennemi en vous connaissant<br />

vous-même, les chances de perdre <strong>et</strong> de gagner seront égales. Si vous ignorez à la fois<br />

votre ennemi <strong>et</strong> vous-même, vous ne compterez vos combats que par les défaites."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Toute c<strong>et</strong>te leçon d'histoire peut sembler longue <strong>et</strong> compliquée par moments, mais il est<br />

très important de la connaître si vous voulez gagner en jouant à Shogun: Total War – Gold<br />

Edition. En étant parfaitement au courant des événements historiques, vous serez mieux à<br />

même d'écraser vos ennemis quand l'occasion se présentera. Aucun daimyo n'a jamais été<br />

victorieux sans faire preuve d'un caractère impitoyable, sans avoir de nombreux<br />

renseignements sur ses ennemis, <strong>et</strong> sans saisir la chance quand elle se présente !<br />

Vous avez certainement remarqué que, bien qu'Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi <strong>et</strong><br />

Tokugawa Ieyasu soient devenus les principaux prétendants au titre de Shogun, aucun<br />

d'entre eux n'était absolument sûr de réussir. Tous les autres daimyo étaient en droit de<br />

penser qu'ils avaient également leur chance. Si le temps avait été moins exécrable à<br />

Nagashina <strong>et</strong> la cavalerie de Takeda moins entêtée à charger frontalement le feu du clan<br />

Oda, c'est peut-être un Takeda qui serait devenu Shogun. Dans Shogun: Total War – Gold<br />

Edition, vous aurez l'occasion de voir ce qui aurait pu se passer…<br />

Shogun: Total War commence en 1530, au milieu de l'ère Sengoku. La guerre avait<br />

constitué un mode de vie pour deux générations <strong>et</strong> la lutte pour le <strong>shogun</strong>at <strong>et</strong> le pouvoir<br />

absolu battait toujours son plein. Il faut se rendre compte que la guerre se déroulait encore<br />

de manière traditionnelle <strong>et</strong> que les armes occidentales, modernes pour l'époque, n'étaient<br />

pas encore arrivées au Japon pour y imprimer leur marque indélébile. Ce n'est qu'au cours<br />

du déroulement du jeu que les arquebuses feront leur apparition <strong>et</strong> seront adoptées par les<br />

armées des différents clans, avec des fortunes diverses.<br />

Avec Shogun: Total War – Gold Edition, vous pouvez r<strong>et</strong>ourner 300 ans en arrière jusqu'à<br />

l'ère des <strong>invasion</strong>s <strong>mongol</strong>es.<br />

27


le Daimyo dans<br />

Shogun: Total War<br />

"Le commandement est une affaire d'intelligence, de confiance, de justice, de courage<br />

<strong>et</strong> d'autorité."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Au Japon, il est de tradition de décliner d'abord le nom de famille, puis le nom personnel :<br />

ainsi Tokugawa Ieyasu signifie "Ieyasu de la famille ou du clan Tokugawa". En règle générale,<br />

les liens entre clans <strong>et</strong> familles étaient particulièrement importants aux yeux des acteurs<br />

majeurs de c<strong>et</strong>te période historique, ce qui facilite un peu le repérage des différentes<br />

factions dans Shogun: Total War ! Ceux qui portent le même nom de famille sont en général<br />

du même côté. Comme nous l'avons vu, cela n'empêche pas certains daimyo <strong>et</strong> samouraï de<br />

comploter contre leurs suzerains, parents <strong>et</strong> amis, comme tous les autres, bien entendu !<br />

Quand l'action commence dans Shogun: Total War, les seigneurs de guerre sont solidement<br />

installés dans leurs fiefs, chacun d'entre eux pouvant raisonnablement espérer des succès<br />

dans les guerres à venir. Au début du jeu, tous les clans ont les mêmes chances de devenir la<br />

prochaine famille détenant le <strong>shogun</strong>at. De nombreux candidats pourraient devenir <strong>shogun</strong>,<br />

à condition de posséder les aptitudes nécessaires pour mener leurs troupes vers la victoire,<br />

ainsi que la volonté de dominer leurs ennemis !<br />

"Si vous ne connaissez pas les plans de vos adversaires, vous ne pourrez pas nouer des<br />

alliances bien fondées."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

En fait, Tokugawa Ieyasu (qui fut maintenu en otage au cours de son enfance par Imagawa<br />

Yoshimoto cité ci-dessous), arriva au faîte du pouvoir grâce à d'intelligentes manoeuvres<br />

politiques <strong>et</strong> des capacités militaires hors pair. Sa famille détint le <strong>shogun</strong>at pendant 250 ans,<br />

mais il n'y a aucune raison pour que vous ne changiez pas le cours de l'histoire ! C'est à vous<br />

de guider la famille de votre choix vers l'honneur suprême, en écrasant vos ennemis <strong>et</strong> en<br />

menant votre clan au pouvoir. Les Imagawa/Tokugawa ne sont pas obligés de gagner... sauf si<br />

vous êtes leur chef <strong>et</strong> assez impitoyable pour les emporter vers la victoire finale !<br />

Voici les grands daimyo se trouvant à la tête de leur clan respectif :<br />

28<br />

hojo<br />

imagawa<br />

mori<br />

oda<br />

Hojo Ujitsuna – Ujitsuna était l'héritier d'une fière lignée. En tant<br />

que Shogun du Japon, les Hojo ramenèrent paix <strong>et</strong> prospérité dans<br />

le pays. Ils chassèrent même les hordes <strong>mongol</strong>es hors du territoire<br />

japonais ! Ujitsuna <strong>et</strong> ses fils sont de puissants daimyo qui luttèrent<br />

pendant de nombreuses années contre les clans Takeda <strong>et</strong> Uesugi.<br />

Hojo Soun, le fondateur du clan, n'était qu'un humble samouraï<br />

mercenaire qui renversa l'ordre établi dans sa province d'origine <strong>et</strong><br />

s'attribua le nom d'une ancienne famille. Ses descendants sont tout<br />

aussi impitoyables !<br />

Imagawa Yoshimoto - Sous l'autorité de Yoshimoto, le clan<br />

Imagawa prit le contrôle des provinces de Mikawa, Totomi <strong>et</strong><br />

Suruga. Une tentative d'<strong>invasion</strong> d'O<strong>war</strong>i entraîna un conflit contre<br />

Oda Nobunaga (le fils de Nobuhide, voir ci-dessous). Yoshimoto fut<br />

mis en déroute <strong>et</strong> exécuté lors de la bataille d'Okehazama. Après sa<br />

mort, le pouvoir du clan déclina rapidement.<br />

Mori Motonari – Tout d'abord inféodée à Ouchi Yoshitaka, la<br />

famille Mori domina par la suite la mer intérieure du Japon pendant<br />

près de 50 ans <strong>et</strong> s'opposa aux Amako. Motonari profita du<br />

renversement des Ouchi pour vaincre tous ses adversaires <strong>et</strong><br />

s'approprier leurs terres. Sa puissance ainsi assise, il entreprit<br />

d'étendre encore le territoire appartenant à sa famille en<br />

remportant quelques victoires contre les Amako. Cependant, son<br />

successeur, qui n'était autre que son p<strong>et</strong>it-fils, dut faire face à<br />

l'opposition des généraux d'Oda Nobunaga.<br />

Oda Nobuhide – Le père du très célèbre Oda Nobunaga <strong>et</strong> parent<br />

du clan Taira qui dirigea le Japon à une époque. Nobuhide mena son<br />

clan vers la victoire contre les Imagawa (ci-dessus) à Azukizaka en<br />

1542, <strong>et</strong> prépara la voie des honneurs pour ses descendants.<br />

Nobunaga, le plus célèbre de ses fils, était un homme avide <strong>et</strong> cruel<br />

qui devint l'archétype du daimyo, chef militaire. Dans les faits, c'est<br />

Nobunaga, <strong>et</strong> non les derniers Shogun Ashikaga, qui dirigeait le pays.<br />

29


shimazu<br />

takeda<br />

uesugi<br />

Shimazu Takashisa – Depuis son fief, au sud de Kyushu, Takahisa<br />

dirigea son clan de manière tout aussi efficace qu'innovatrice. Il fut<br />

le premier daimyo à armer ses guerriers d'arquebuses de fabrication<br />

occidentale <strong>et</strong> le premier à remporter la victoire grâce à ces armes<br />

lors de l'attaque du château Kajiki dans la province d'Osumi. Après<br />

sa mort, la prospérité de sa famille déclina. Ses descendants<br />

choisirent de soutenir Ishida Mitsunari lors de la bataille de<br />

Sekigahara, ce qui causa leur perte.<br />

Takeda Nobutora – L'histoire présente Nobutora comme le plus<br />

habile seigneur de Kai. Cependant, en désignant son second fils<br />

comme successeur, il provoqua la colère de Takeda (Harunobu)<br />

Shingen, son fils aîné. Nobutora connut alors l'humiliation d'être fait<br />

prisonnier <strong>et</strong> maintenu sous surveillance par le seigneur d'une<br />

province voisine ! Malgré ces débuts quelque peu indignes, Shingen<br />

devint l'un des daimyo les plus capables de son époque. Il est au<br />

centre du film Kagemusha, épopée samouraï réalisée par Akira<br />

Kurosawa. C<strong>et</strong>te oeuvre peut d'ailleurs s'avérer une excellente<br />

source d'inspiration pour tout joueur voulant s'initier à l'art de la<br />

duplicité !<br />

Uesugi Tomooki – Uesugi Tomooki passa une grande partie de sa<br />

vie à guerroyer contre le clan voisin des Hojo. Sa lignée (les<br />

Ogigyatsu), connut une fin prématurée lorsque son fils, Tomosada,<br />

périt en 1545, au cours d'une bataille contre les Hojo, alors qu'il<br />

tentait de reconquérir le château de Kawagoe. L'autre branche de la<br />

famille, les Yamanouchi, connut une bien meilleure fortune. Uesugi<br />

Kagekatsu abandonna la cause des Sekigahara au profit de celle des<br />

Tokugawa <strong>et</strong> fut récompensé de c<strong>et</strong>te toute nouvelle loyauté en se<br />

voyant attribuer le très précieux fief d'Yonezawa. Les Uesugi furent<br />

également très longtemps opposés au clan des Takeda.<br />

30<br />

2 : le samouraï<br />

"Considérez vos guerriers comme vos enfants bien-aimés <strong>et</strong> ils seront prêts à donner<br />

leur vie pour vous. Mais si vous êtes trop bons avec eux, vous ne pourrez pas les<br />

envoyer sur le champ de bataille, vous ne pourrez ni les commander ni maintenir<br />

l’ordre, n’en faites pas des enfants gâtés."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les samouraï sont l'emblème du Japon<br />

médiéval, <strong>et</strong> pour nombre de personnes, celle<br />

du Japon. Ils sont considérés comme la<br />

quintessence du guerrier, prêt à affronter le<br />

danger à tout moment, prêt à se suicider si le<br />

sort se tourne contre lui, impitoyable envers<br />

ses ennemis. Comme tout autre stéréotype,<br />

c<strong>et</strong>te image du samouraï est à la fois exacte <strong>et</strong><br />

inexacte. Il s'avère que certains samouraï<br />

étaient parfois prêts à se rebeller si c<strong>et</strong>te<br />

attitude ne comportait aucun risque.<br />

Comme le montre l’histoire du Japon, le statut<br />

des samouraï a changé au cours des siècles, de<br />

simples guerriers au service "des grands <strong>et</strong> des bons" ils sont eux-mêmes devenus "les<br />

grands <strong>et</strong> les bons". Ce qui était maintenu par la force pouvait également être repris par la<br />

force ! Les samouraï étaient devenu des puissants avec lesquels il fallait compter.<br />

C'est parmi eux que la plupart des grands clans <strong>et</strong> les daimyo trouvèrent leur origine. Les<br />

daimyo ne constituaient pas une classe séparée de grands propriétaires terriens coupés du<br />

commun des mortels <strong>et</strong> jouissant de privilèges <strong>et</strong> de richesse.<br />

Ils faisaient partie des familles de samouraï les plus anciennes, les plus nobles, parfois les plus<br />

cruelles. A l'ère Sengoku, au cours du <strong>shogun</strong>at des Ashikaga, aucun daimyo ne pouvait<br />

conserver ses terres sans soutien militaire. De même, plus d'un daimyo avait des inquiétudes<br />

à propos de la loyauté de ses vassaux…<br />

En théorie, tous les samouraï devaient se plier à un code de l’honneur. Beaucoup – <strong>et</strong> même<br />

la plupart d'entre eux – le respectèrent jusqu’à la mort. Ce code s’appelait le bushido, "la<br />

voie du guerrier".<br />

le bushido :<br />

la voie du guerrier<br />

"Aujourd’hui est une victoire sur la personne que vous étiez hier, demain sera une<br />

victoire sur des hommes simples."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

31


Le code de l’honneur, le bushido, est apparu avec les samouraï. Mais ce n’est qu’à la fin de<br />

l'ère Sengoku <strong>et</strong> au début du <strong>shogun</strong>at Tokugawa que les "règles" ont commencé à être<br />

transcrites. Les objectifs du bushido étaient les mêmes que ceux de la chevalerie médiévale :<br />

ils perm<strong>et</strong>tent aux guerriers de vivre en accord avec certains principes, les élevant ainsi audessus<br />

du commun des guerriers. Des vertus telles que la droiture, la résistance, la frugalité,<br />

le courage, la politesse, l'honnêt<strong>et</strong>é <strong>et</strong> tout spécialement la loyauté étaient capitales à tout<br />

samouraï souhaitant respecter scrupuleusement le code du bushido.<br />

Tant qu’un samouraï restait fidèle à son engagement, son honneur était sauf. Son obsession<br />

pour l’honneur à tout prix entraînait le samouraï à accomplir des actes d’abnégation<br />

apparemment excessifs. Selon le code d’honneur du bushido, un samouraï encerclé par ses<br />

ennemis <strong>et</strong> qui continuait à avancer ne se sacrifiait pas en vain. Il prouvait la sincérité de sa<br />

loyauté. Le bushido peut alors sembler étrange, voire suicidaire aux yeux de nos<br />

contemporains. En réalité, il n'en était rien. C'était une vision différente de la notion<br />

européenne de chevalerie. Un samouraï imprégné du vrai sens du bushido faisait abstraction<br />

de sa propre vie lorsqu'il envisageait ses actions. La vie <strong>et</strong> la mort n'étaient pas prises en<br />

considération, tant que l'acte était juste. La tentative suivie de la mort valaient mieux que<br />

l'inaction, car l'action avait été tentée sans penser aux conséquences personnelles qu'elle<br />

pouvait avoir.<br />

Il n'en reste pas moins que certains samouraï fuyaient parfois le champ de bataille (ils<br />

n'étaient que des hommes après tout). Il ne faut pas oublier non plus que le bushido<br />

n'obligeait personne à se battre jusqu'au bout sans se soucier des conséquences. Le<br />

samouraï devait agir intelligemment, <strong>et</strong> pas seulement avec bravoure. Sacrifier inutilement sa<br />

vie était non seulement inapproprié mais aussi stupide. Les suicides manifestes (il arrivait<br />

ainsi régulièrement que la garnison d'un château ouvre les grilles pour charger l'ennemi)<br />

doivent être envisagés en rapport avec le bushido. Charger l'ennemi qui assiège votre<br />

château équivaut à se suicider, mais si cela perm<strong>et</strong> de r<strong>et</strong>arder l'adversaire afin que votre<br />

seigneur puisse le vaincre, c'est un acte dicté par la loyauté <strong>et</strong> la bravoure, <strong>et</strong> non pas un<br />

élan autodestructeur. C'est ce que firent les 200 derniers défenseurs Tokugawa dans le<br />

château Fushimi, en 1600, lorsqu'ils ouvrirent les grilles <strong>et</strong> chargèrent à plusieurs reprises<br />

l'armée de l'ouest au compl<strong>et</strong> ! Ceci, bien entendu, explique également les charges banzai<br />

menées, au cours de la Seconde guerre mondiale, par les garnisons japonaises basées dans<br />

le Pacifique. Le code du bushido a survécu jusqu'au XXe siècle dans l'armée de terre <strong>et</strong> la<br />

marine de l'Empereur.<br />

Le bushido, comme tout autre code de conduite, avait ses mauvais côtés. Ainsi, les samouraï<br />

traitaient souvent avec une extrême dur<strong>et</strong>é les prisonniers qui n'avaient pas réussi à vivre<br />

selon les principes du code. Nombreux sont ceux qui furent exécutés après les batailles<br />

pour c<strong>et</strong>te raison. Au moyen âge, en Occident, un noble ou un chevalier pouvait être gardé<br />

captif (souvent pendant des années) jusqu'à ce qu'une rançon soit versée. Au Japon, ce<br />

système n'a jamais été réellement développé. Un samouraï ou un daimyo, pris vivant sur le<br />

champ de bataille, pouvait s'attendre à mourir ignominieusement entre les mains de ses<br />

geôliers.<br />

Les recueils traitant du bushido <strong>et</strong> qui nous restent de l'ère Sengoku <strong>et</strong> des années qui<br />

suivirent peuvent être classés en trois catégories. Certains sont des manuels généraux qui<br />

décrivent l’utilisation des armes ; le bushido y est réduit à une série de compétences<br />

pratiques. Le livre Tanki Yoriaki (littéralement "Un cavalier solitaire") date de 1735 <strong>et</strong> se<br />

concentre sur l'armement du samouraï avant la bataille. Le sous-titre en est Hi Ko Ben ou<br />

"L'art de porter une armure" <strong>et</strong> décrit parfaitement le contenu de c<strong>et</strong> ouvrage. Bien qu'il ait<br />

été écrit longtemps après la fin de l'ère Sengoku, le conservatisme inhérent au <strong>shogun</strong>at<br />

32<br />

Tokugawa fait que les techniques qui y sont décrites restaient valides près d'un siècle plus<br />

tard.<br />

D'autres oeuvres sont des ouvrages philosophiques dans lesquels l’esprit du combat est<br />

appliqué à la vie de tous les jours, les idées <strong>et</strong> théories développées dans le bushido pouvant<br />

ainsi être utilisées pour atteindre n’importe quel objectif. La troisième catégorie regroupe<br />

des notes pratiques <strong>et</strong> concrètes sur la façon de gérer un château <strong>et</strong> une armée de<br />

samouraï, ces notes perm<strong>et</strong>tent également de comprendre de quelle façon le bushido<br />

pouvait s’appliquer dans la vie quotidienne du samouraï. La citation de Kato Kiyomasa selon<br />

laquelle "Un samouraï qui s’entraîne à danser... devrait recevoir l’ordre de se faire harakiri..."<br />

paraît peut-être un peu sévère, mais Kiyomasa devait avoir ses raisons ! Peut-être<br />

n'était-il pas un très bon danseur, ou peut-être pensait-il qu'il était du devoir d'un guerrier de<br />

consacrer son énergie à l'apprentissage des arts martiaux plutôt qu'à la culture.<br />

Ceci dit, on attendait d'un "samouraï compl<strong>et</strong>" qu'il soit un homme cultivé en même temps<br />

qu'un guerrier accompli. Il ne devait pas seulement savoir manier une épée, il devait<br />

également savoir comment se comporter en société <strong>et</strong> démontrer ses talents de poète ou<br />

d'homme de goût lors de la cérémonie du thé. Il existait même un style particulier de duel<br />

poétique auquel les samouraï s'adonnaient, parfois même sur le champ de bataille ! Un<br />

samouraï récitait le premier vers <strong>et</strong> son adversaire devait lui répondre rapidement. Allusions<br />

<strong>et</strong> jeux de mots intelligents étaient très appréciés lors de ces joutes oratoires.<br />

Naturellement, le Japon était un pays plutôt riche <strong>et</strong> les samouraï, qui se trouvaient au<br />

somm<strong>et</strong> de l'échelle sociale, pouvaient goûter aux plaisirs les plus raffinés. Le style de vie<br />

opulent des daimyo pouvait être identifié par n'importe quel propriétaire terrien de l'époque<br />

<strong>et</strong> ce, quel que soit son pays de résidence.<br />

hara-kiri : mort <strong>et</strong> honneur<br />

"Dans tout type de stratégie, il est nécessaire de maintenir les positions de combat<br />

dans la vie de tous les jours, <strong>et</strong> de faire de vos positions de tous les jours vos positions<br />

de combats."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Le suicide comme principe n’est pas uniquement japonais. Les Empereurs romains, par<br />

exemple, perm<strong>et</strong>taient souvent aux conspirateurs de se suicider, ainsi ils préservaient la<br />

fortune de leur famille : devoir se suicider était une punition suffisante.<br />

Mais chez les samouraï les choses différaient un peu. En plus d’être une punition, le suicide<br />

était une façon légitime de conserver l’honneur. Les samouraï se suicidaient pour éviter<br />

d’être capturés ou parce que leur seigneur était mort <strong>et</strong> qu’ils désiraient prouver leur<br />

complète dévotion. Une autre forme de suicide – qui peut sembler étrange – était le suicide<br />

de protestation, en eff<strong>et</strong> il arrivait que des samouraï se suicident en signe de protestation<br />

contre la décision du seigneur. Cela était considéré comme le summum de la loyauté, même<br />

si le seigneur en question ne prêtait aucune attention à ce suicide, mais il était rare qu’un<br />

seigneur ne revienne pas sur sa décision lorsqu’un de ses serviteurs avait préféré se suicider<br />

plutôt que d’obéir.<br />

Il est évident que se faire hara-kiri (ou "se transpercer le ventre") est très douloureux : c’est<br />

intentionnel ! La victime était sensée se transpercer l’estomac plusieurs fois de suite.<br />

S’éventrer était tellement horrible que le samouraï transformait souvent c<strong>et</strong> acte en simple<br />

coup de couteau. Dès que ce coup avait été porté, un ami de la victime ou un servant fidèle<br />

lui attribuait le coup de grâce en lui tranchant la tête. Même si la mort était provoquée par<br />

33


le dernier coup porté à la victime, le premier coup demandait à la personne qui se faisait<br />

hara-kiri une très grande autodiscipline.<br />

Le hara-kiri n’était pas la seule forme de suicide pratiquée au Japon. Togo Shigechikan, par<br />

exemple, est un personnage aussi connu dans les légendes des samouraï que dans l’histoire<br />

du Japon. Sa mort a été particulièrement horrible. Après avoir vainement attaqué une<br />

forteresse ennemie, il fut enterré vivant – avec son armure <strong>et</strong> son cheval – alors qu’il jurait<br />

qu’il reviendrait se venger de ses ennemis !<br />

les samouraï & ninja<br />

"Ni les fantômes, ni les esprits, ni<br />

l’astrologie, ni les calculs ne vous<br />

perm<strong>et</strong>tront de connaître l’avenir. Seuls ceux<br />

qui connaissent la situation de vos ennemis<br />

pourront vous renseigner.<br />

Il existe cinq types d’espions : l’espion local,<br />

l’espion interne, l’espion double, l’espion<br />

mort <strong>et</strong> l’espion vivant. Les espions locaux<br />

sont recrutés parmi les habitants d’un lieu.<br />

Les espions internes sont recrutés parmi les<br />

officiers ennemis. Les espions doubles sont<br />

recrutés parmi les espions ennemis. Les<br />

espions morts donnent de fausses informations aux ennemis. Les espions vivants<br />

reviennent pour faire leur rapport.<br />

Dans l’armée personne n’est aussi bien traité que les espions, personne ne reçoit<br />

d’aussi précieuses récompenses que les espions <strong>et</strong> rien n’est aussi secr<strong>et</strong> que le travail<br />

des espions."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Aucune présentation de la guerre au Japon ne serait complète si on ne mentionnait les<br />

maîtres assassins <strong>et</strong> espions de l’époque : les ninja.<br />

Les ninja sont devenus les principaux "méchants" dans les films d’arts martiaux, peut-être<br />

injustement d’ailleurs. Ils étaient courageux <strong>et</strong> compétents à leur façon. On raconte par<br />

exemple que les ninja pouvaient se désarticuler les membres pour se libérer de tous types<br />

d’entraves, qu’ils pouvaient atteindre n’importe quelle cible, qu’ils étaient spécialistes du<br />

camouflage <strong>et</strong> qu’ils ne laissaient aucune trace qu’un homme ne puisse suivre. Il existe aussi<br />

des légendes de ninja de type "Robin des Bois" protégeant les paysans <strong>et</strong> les faibles des<br />

seigneurs avides. Le nombre de pièges, de dispositifs d'alerte que comportaient les châteaux<br />

<strong>et</strong> demeures seigneuriales montre qu'ils constituaient une menace sérieuse que l'on<br />

n'ignorait pas à l'époque.<br />

Une histoire, probablement postérieure, montre à quel point les ninja représentaient un<br />

danger pour les personnes qu’ils voulaient tuer. Takeda Shingen <strong>et</strong> Uesugi Kenshin ont<br />

combattu plusieurs fois pour obtenir le contrôle des plaines de Kawanakajima, mais même<br />

après cinq batailles, rien n’était décidé. Cependant Uesugi Kenshin n’eut pas le loisir de<br />

mener un autre combat. Il fut paraît-il assassiné.<br />

Uesugi Kenshin était protégé, nuit <strong>et</strong> jour, par ses samouraï mais cela ne suffit pas. Son<br />

meurtrier se cacha derrière les cabin<strong>et</strong>s de Kenshin, il attendit plusieurs jours, jusqu’à ce<br />

que la bonne personne (ou plutôt le bon derrière) se présente. Après plusieurs jours –<br />

34<br />

probablement malodorants <strong>et</strong> malsains – la patience du ninja fut récompensée alors que<br />

Kenshin s’apprêtait à soulager ses besoins naturels. Un coup rapide fut suffisant pour tuer le<br />

seigneur de guerre pris au dépourvu. Takeda Shingen peut être la personne qui ordonna sa<br />

mort, mais d’autres daimyo souhaitaient également le voir disparaître. Oda Nobunaga l’a<br />

peut être fait assassiner mais il est également possible qu’il soit mort d’une mort naturelle.<br />

Il est néanmoins significatif qu'un assassinat de ce genre soit attribué à un ninja…<br />

mort <strong>et</strong> défaite d’un daimyo<br />

La défaite <strong>et</strong> la mort d’un général samouraï ou<br />

d’un daimyo étaient des catastrophes pour<br />

leurs partisans, à moins qu’ils n’aient eu un fils<br />

ou un héritier pour prendre leur relève. Mais,<br />

même dans ce cas, les problèmes n’étaient que<br />

repoussés si le successeur n’était pas au niveau<br />

de son illustre prédécesseur.<br />

Il n’était pas rare que des samouraï se suicident<br />

à la mort de leur seigneur en signe d’ultime<br />

loyauté.<br />

Lorsque la famille d’un daimyo disparaissait,<br />

nombre de ses partisans perdaient leur situation <strong>et</strong> leurs revenus. Les samouraï qui n’avaient<br />

pas de seigneur étaient nommés les ronin, ce qui signifiait "les hommes des vagues". La<br />

plupart n’errait pas très longtemps puisque de nombreux daimyo s’arrachaient les guerriers<br />

valeureux. Cependant, les ronin devenaient régulièrement de p<strong>et</strong>its seigneurs de guerre <strong>et</strong><br />

s’installaient dans les provinces. Après tout, les grands daimyo <strong>et</strong> leurs clans avaient débuté<br />

sur la route du pouvoir de c<strong>et</strong>te manière.<br />

Au pire, les ronin finissaient par vendre leur épée au plus offrant, sans qu’il leur importe de<br />

savoir qui ils étaient ou alors, ils devenaient des bandits. Les Sept Samouraï du film étaient<br />

des ronin. Certains ont traversé des périodes tellement difficiles qu’ils étaient prêts à vendre<br />

leurs connaissances pour un bol de riz.<br />

les armes & armures<br />

"Sans équipement, sans nourriture ou sans argent, n’importe quelle armée est<br />

condamnée."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les armes <strong>et</strong> armures des samouraï sont un vaste suj<strong>et</strong> qui a rempli des livres beaucoup plus<br />

conséquents que ce manuel de jeu. Ceci ne peut être qu’un rapide aperçu <strong>et</strong> non un exposé<br />

détaillé, si vous voulez en savoir plus sur le suj<strong>et</strong>, nous vous conseillons de consulter un des<br />

nombreux livres publiés à ce suj<strong>et</strong>.<br />

35


L'HERALDIQUE DES SAMOURAÏ<br />

L'héraldique au Japon poursuivait les mêmes buts qu'en Occident. Elle perm<strong>et</strong>tait de<br />

reconnaître facilement ceux qui se trouvaient sur le champ de bataille. Le port d'une armure<br />

rend tout le monde identique, il était donc vital de pouvoir distinguer l'allié de l'ennemi afin<br />

de tuer à bon escient.<br />

Avant tout, les armées portaient de grandes bannières colorées proclamant leur allégeance.<br />

Le mon ou blason représenté par un symbole était utilisé depuis fort longtemps <strong>et</strong> marqué<br />

sur les bannières, les armures ou sur de grands boucliers en bois.<br />

Contrairement à l'héraldique occidentale, le dessin du mon était plus important que sa<br />

couleur. Une fois adopté par une famille, il ne changeait plus. En Occident, le partage de<br />

l'écusson en moitiés <strong>et</strong> en quartiers montrait le lignage de son propriétaire. De plus, le<br />

dessin en était modifié par l'aîné ou le cad<strong>et</strong> de la famille, ce qui rendait l'héraldique fort<br />

compliquée. Au Japon, tous les membres d'une même famille ainsi que leurs partisans<br />

utilisaient le même mon.<br />

A l'ère Sengoku, l'usage du mon parmi les familles de samouraï était déjà bien établi. Le clan<br />

Tokugawa avait pour mon une rose trémière à trois pétales dans un cercle. Plusieurs familles<br />

utilisaient la même variante du symbole en forme de virgule du yin <strong>et</strong> du yang.<br />

Les mon furent également utilisés sur les sashimono, sortes de dossards portés par les<br />

samouraï <strong>et</strong> les ashigaru. La couleur du fond indiquait l'unité à laquelle appartenait le porteur<br />

du mon. Certains samouraï célèbres (ou peut-être simplement très orgueilleux), portaient<br />

leur nom sur leur sashimono plutôt qu'un symbole de leur clan. De même, ils étaient<br />

montrés sur les nobori, les bannières tenues par les porte-étendards de chaque unité. Le<br />

nobori était un long étendard tendu verticalement <strong>et</strong> par le somm<strong>et</strong>. Le mon était imprimé<br />

près du haut. Certains nobori portaient parfois la devise de l'unité.<br />

Ces étendards destinés aux unités <strong>et</strong> à l'armée pouvaient également comporter des<br />

messages spirituels plutôt qu'un simple dessin. L'un d'entre eux, utilisé par les Tokugawa,<br />

mentionnait la citation bouddhiste "Renonce à ce monde mauvais pour atteindre des lieux<br />

de pur<strong>et</strong>é”. La <strong>total</strong>ité du texte porté sur l'étendard des troupes de Takeda Shingen est cité<br />

plus haut dans ce manuel.<br />

Le simple nombre de bannières <strong>et</strong> étendards portés par une armée de samouraï était déjà<br />

impressionnant en soi. Chaque guerrier pouvait avoir son propre sashimono. Son unité<br />

pouvait avoir un ou plusieurs nobori, mais il y avait encore d'autres bannières, banderoles ou<br />

oriflammes, ainsi que d'autres insignes portés par l'armée. Les fukinuki par exemple étaient<br />

de forme cylindrique, très colorés, en somme les précurseurs des manches à air modernes !<br />

l'armure<br />

Tout d'abord, les samouraï ne portaient pas d'armures composées de plaques, telles qu'on<br />

en trouvait en Occident ou sur le continent asiatique. L'armure venait de Chine <strong>et</strong> celle<br />

portée par les samouraï était composée de p<strong>et</strong>ites plaques attachées les unes aux autres par<br />

des rubans en soie ou en cuir. Créée pour être portée lorsque le samouraï était à cheval,<br />

l’armure nommée yoroi pesait à peu près 30 kilos <strong>et</strong> était très protectrice pour un cavalier.<br />

Tout le poids de l’armure reposait sur les épaules du guerrier ce qui la rendait peu<br />

fonctionnelle pour un combat au sabre à pied. Cependant, étant donné que les premiers<br />

samouraï étaient la plupart du temps des archers à cheval, cela n'avait guère d'importance.<br />

Durant la guerre d'Onin les armures se sont transformées <strong>et</strong> leur poids était mieux réparti<br />

36<br />

sur le torse. Ceci s'avéra très utile pour l'usage du sabre, car les mouvements d'épaule<br />

n'étaient plus contrariés par le poids de l'armure <strong>et</strong> de l'arme. Les lac<strong>et</strong>s caractéristiques ont<br />

été conservés ce qui demandait énormément d’attention aussi bien au niveau de sa<br />

fabrication que pour l’utilisation quotidienne à bon escient. Dans un pays couvert de<br />

rizières, porter une armure attachée avec des lac<strong>et</strong>s peut sembler étrange. En eff<strong>et</strong>, les<br />

lac<strong>et</strong>s pouvaient s’imbiber d’eau <strong>et</strong> devenir très lourds, <strong>et</strong> par temps froid, ils pouvaient<br />

geler.<br />

Ils rendaient par contre l'armure flexible, facile à porter <strong>et</strong> à réparer. Les lac<strong>et</strong>s colorés<br />

facilitaient l'identification des armées <strong>et</strong> des unités de chaque clan, tout comme un uniforme.<br />

Dans la mêlée d'une bataille au corps à corps, il <strong>et</strong> de la plus haute importance de savoir<br />

distinguer les amis des ennemis !<br />

Ce sont ces lac<strong>et</strong>s qui rendent l’armure japonaise aussi colorée <strong>et</strong> attirante. Bien entendu,<br />

les samouraï voyaient leur armure sous un aspect pratique. Ils n'étaient pas toujours<br />

enchantés des couleurs qu'ils portaient sous prétexte de leur donner une belle allure.<br />

Certaines colorations rongeaient la soie <strong>et</strong> les lac<strong>et</strong>s tombaient en charpie, ce qui était<br />

contraire à leur but premier de maintenir l'ensemble de l'armure.<br />

La mode a cependant joué un rôle : après 1570<br />

la teinture noir de jais est apparue <strong>et</strong> les<br />

armures lacées de noir sont devenues très<br />

populaires. En ce qui concerne les samouraï,<br />

l'armure était avant tout leur "outil de travail",<br />

propre à protéger son porteur <strong>et</strong> à le garder en<br />

vie dans l'environnement hostile d'un champ de<br />

bataille !<br />

"Les bons guerriers n’affrontent l’ennemi que lorsque la victoire leur est assurée <strong>et</strong> ne<br />

négligent aucun élément pouvant engendrer la défaite de l’ennemi."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

L’armure du samouraï était composée de nombreuses pièces qui pouvaient être portées<br />

séparément. Les plaques étaient fabriquées avec beaucoup d'habil<strong>et</strong>é <strong>et</strong> composées de<br />

plusieurs couches : du fer souple pour absorber les impacts, une couche d'acier dur, puis<br />

plusieurs couches de laque pour empêcher la rouille. La séparation en plusieurs pièces de<br />

l'armure perm<strong>et</strong>tait à un samouraï de ne pas porter la <strong>total</strong>ité de l'équipement alors qu'il se<br />

trouvait simplement de garde devant la demeure de son maître. Il pouvait se contenter de<br />

porter les manches de protection sous ses vêtements. Ces manches souples étaient<br />

fabriquées à partir de p<strong>et</strong>ites plaques cousues sur la soie ou le cuir, puis mises en places<br />

avec des liens d'épaule. De même, lorsque aucune attaque n'était prévue, il pouvait, par<br />

exemple au campement, en porter quelques éléments pour éviter d'endosser les pièces les<br />

plus lourdes.<br />

Le port de l'armure complète comportait un rituel indiquant l'ordre dans lequel il fallait<br />

protéger la main, le bras ou la jambe. Le rituel avait, entre autres avantages, le mérite<br />

purement pratique de garantir que le samouraï <strong>et</strong> ses domestiques n’oubliaient aucune étape<br />

du processus. Il perm<strong>et</strong>tait aussi de porter l'armure de façon à ce que les éléments enfilés<br />

en dernier recouvrent ceux qui l'avaient été en premier. La protection était donc portée à<br />

37


son maximum, chaque coup reçu était dévié par une série de surfaces courbes,<br />

commençant des épaules du samouraï jusqu'au bas du corps. Bien peu de choses<br />

dépassaient de l'armure pour perm<strong>et</strong>tre de porter des coups <strong>et</strong> pour toucher le samouraï<br />

ainsi protégé.<br />

La description des casques des samouraï relève du défi. Ils pouvaient être énormes <strong>et</strong><br />

effrayants ou décoratifs <strong>et</strong> exagérés. Ils étaient ornés de cornes, d’énormes crêtes,<br />

d’immenses plumes, de soleils <strong>et</strong> de toutes sortes d’ornements visant à rendre le guerrier<br />

plus impressionnant <strong>et</strong> intimidant. Le symbole héraldique était particulièrement apprécié sur<br />

les casques. C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> stupéfiant était encore renforcé par des masques protecteurs, souvent<br />

d'aspect démoniaque ou grotesque, véritables caricatures des samouraï qui se cachaient<br />

dessous ! Peu de daimyo poussèrent les choses aussi loin que Date Masamune, qui avait<br />

équipé tout ses hatamoto, ses gardes du corps au nombre de 200, de casques pointus<br />

recouverts d'or <strong>et</strong> qui doublaient presque leur taille !<br />

N'oublions toutefois pas que les armures <strong>et</strong> casques très décoratifs qui subsistent de nos<br />

jours n'étaient pas portés sur les champs de bataille. Un samouraï qui pouvait se le<br />

perm<strong>et</strong>tre (ou un daimyo qui en avait les moyens pour ses hommes) s'équipait<br />

généralement d'accessoires de base <strong>et</strong> de quelques éléments décoratifs <strong>et</strong> de cérémonie.<br />

Après le débarquement des Portugais, la mode des armures "chrétiennes" se répandit parmi<br />

les samouraï. Ces armures "chrétiennes" étaient en fait inspirées de modèles espagnols <strong>et</strong>,<br />

même si c’est discutable, elles n’étaient peut-être pas aussi avancées du point de vue<br />

technique que les armures japonaises de l’époque. Quoi qu'il en soit, les illustrations<br />

attestent que certains samouraï portaient des armures occidentales. Il ne s'agissait peut-être<br />

que d'une attitude dictée par la mode plutôt que par le sens pratique, peut-être aussi pour<br />

montrer sa richesse, car une armure venant d'Occident était beaucoup plus chère, ou alors<br />

pour proclamer son appartenance à la foi chrétienne. La plupart des armures occidentales<br />

de c<strong>et</strong>te époque portent une marque de balle sur le plastron. Cela ne signifie pas que celui<br />

qui la portait a été tué. Bien souvent c<strong>et</strong>te balle n’a été tirée sur l’armure que pour la tester<br />

<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te marque était la preuve de la résistance de l'armure.<br />

l'armure ashigaru<br />

De nombreux guerriers ashigaru recevaient généralement l’armure <strong>et</strong> les armes du clan<br />

qu’ils défendaient (les ashigaru devaient fournir leur propre sabre). Afin de leur donner un<br />

aspect uniforme, les plaques d'acier étaient laquées en couleur <strong>et</strong> l'emblème du clan était<br />

peint sur la poitrine <strong>et</strong> le dos. D'une fabrication bien moins onéreuse que l'armure des<br />

samouraï, celle des ashigaru n'était pas moins un excellent compromis entre la protection <strong>et</strong><br />

la mobilité, <strong>et</strong> elle était bien meilleure que celle que recevait le paysan d'une armée<br />

occidentale de la même époque.<br />

Les casques des ashigaru étaient pratiquement tous des jingasa de forme conique,<br />

extrêmement pratiques car, lorsqu'on les r<strong>et</strong>ournait sur un foyer, ils servaient de marmite à<br />

riz.<br />

le sabre<br />

"Abattre l’ennemi est la base de la stratégie. Aucune subtilité supplémentaire n’est<br />

véritablement nécessaire."<br />

— Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

38<br />

L'ère Sengoku était une période sans réelles lois. Même les paysans ne quittaient pas leurs armes.<br />

Cependant, seuls les samouraï étaient autorisés à porter une paire de sabres, appelés<br />

daisho, ("long <strong>et</strong> court") comme preuve de leur statut de guerrier. Ces deux armes, le<br />

katana long <strong>et</strong> le wakizashi court se portaient ensemble même s'ils étaient rarement utilisés<br />

ensemble au combat. Miyamoto Musashi, le plus grand des guerriers samouraï <strong>et</strong> écrivain du<br />

livre le plus connu sur les armes de taille, Ecrit sur les cinq cercles, avait la particularité<br />

d’utiliser les deux sabres en même temps lorsqu’il combattait. Un autre sabre qui mérite<br />

d’être cité est le no dachi. Ces énormes armes à deux mains n’étaient utilisées que lors des<br />

combats au sol.<br />

Le samouraï utilisait le katana aussi bien pour se défendre que pour attaquer <strong>et</strong> n’a donc<br />

jamais utilisé de bouclier au contraire des chevaliers occidentaux. En fait, il n'en avait pas<br />

besoin, car le magnifique travail du métal du katana perm<strong>et</strong>tait les deux fonctions.<br />

Le sabre du samouraï était méticuleusement fabriqué, de nombreuses couches d’acier <strong>et</strong> de<br />

fer étaient superposées. Les deux premières couches étaient martelées <strong>et</strong> repliées de<br />

nombreuses fois. Ainsi, le nombre de couches de métal composant le sabre était doublé à<br />

chaque fois, il pouvait parfois atteindre les 220 - soit 4 194 304 – couches de métal. Le<br />

nombre maximum de superpositions est de 230 - soit 10 736 461 824 couches de métal<br />

forgé ! Le fer <strong>et</strong> l’acier soudés donnaient au sabre une incroyable solidité. Le fer sur les<br />

bords latéraux <strong>et</strong> sur le dos perm<strong>et</strong>tait à la lame d’être flexible alors que l’acier était durci<br />

pour former un parfait tranchant.<br />

La dernière étape de la fabrication était très ingénieuse. La lame était recouverte d’une<br />

couche de glaise dont l’épaisseur variait : fine près du tranchant <strong>et</strong> épaisse sur le reste de la<br />

lame. Lorsque le sabre – recouvert de glaise – était chauffé puis trempé, les différentes<br />

parties de la lame ne refroidissaient pas à la même vitesse <strong>et</strong> les cristaux de métal prenaient<br />

des tailles variables en fonction de la partie de la lame. Ils étaient plus gros là où la couche<br />

de glaise avait été plus épaisse, ce qui la rendait flexible, <strong>et</strong> plus p<strong>et</strong>its sur le tranchant, de<br />

c<strong>et</strong>te manière le fil de la lame était dur <strong>et</strong> pouvait être affûté. Une fois la lame polie, le<br />

passage de l’acier, plus tendre, au tranchant très dur forme le yakiba, une courbe<br />

ressemblant à une vague qui éclate. Lorsque la lame avait été signée par l'artisan, la garde <strong>et</strong><br />

la poignée fixée, le sabre était prêt.<br />

Ce processus perm<strong>et</strong>tait d’obtenir un sabre qui pouvait – réellement – couper un homme<br />

en deux. Parfois les nouveaux sabres étaient testés sur des criminels même si,<br />

généralement, des cadavres ou des paqu<strong>et</strong>s de bambou étaient utilisés. Le tang (la partie du<br />

sabre se trouvant à l'intérieur de la garde) était parfois gravé avec les détails des essais<br />

effectués.<br />

Grâce à la flexibilité de la lame, le samouraï pouvait bloquer <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ourner des coups qui<br />

auraient brisé n’importe quelle arme d’acier ordinaire. C<strong>et</strong>te lame, aussi tranchante qu’un<br />

rasoir, lui perm<strong>et</strong>tait de transpercer ses opposants. Ces deux étonnantes qualités étaient le<br />

résultat de l’expérience <strong>et</strong> des compétences que les armuriers japonais ont acquis au cours<br />

des siècles. Aucun autre sabre, ni même les célèbres lames de Tolède en Espagne, n’a jamais<br />

égalé les armes japonaises. Le katana est probablement encore la meilleure arme à main<br />

jamais fabriquée.<br />

Un sabre devenait "l’âme du samouraï" qui la portait <strong>et</strong> beaucoup se transm<strong>et</strong>taient en<br />

héritage. Même pendant la Seconde Guerre Mondiale, les officiers se munissaient de leurs<br />

sabres de famille pour pouvoir les emmener sur le terrain. Les sabres des officiers que les<br />

soldats Alliés ont ramenés comme souvenirs des combats en Asie <strong>et</strong> dans le Pacifique ont<br />

souvent été estimés comme des obj<strong>et</strong>s anciens de très grande valeur.<br />

39


L’ARC<br />

"L’arc est une arme d’importance au début d’une bataille, surtout lors de batailles<br />

dans les plaines, puisqu’il perm<strong>et</strong> de tirer rapidement sur les lanciers."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Le tir à l’arc était un art que les samouraï appréciaient tout particulièrement. Ils utilisaient<br />

même l’expression Kyubanomichi (l’art de la chevalerie <strong>et</strong> du tir à l’arc) pour décrire leur<br />

vocation militaire. Elle remonte à l'époque où les samouraï étaient avant tout des cavaliers<br />

armés d'un arc. Au cours des siècles deux modifications eurent lieu <strong>et</strong> la cavalerie fut<br />

principalement armée de lances alors que d'autres samouraï devinrent des fantassins. L'art<br />

d'utiliser l'arc demeura cependant la marque distinctive d'un guerrier bien entraîné <strong>et</strong><br />

discipliné.<br />

L’arc des samouraï semble étrange car la poignée n’est pas située au milieu mais aux deux<br />

tiers de l’arc, la partie la plus longue se trouvant au-dessus. C<strong>et</strong>te apparence inhabituelle<br />

était due au fait qu’il était très puissant <strong>et</strong> pouvait être utilisé à cheval. La partie inférieure<br />

courte passait aisément au-dessus de l'encolure d'un cheval, perm<strong>et</strong>tant au samouraï de<br />

viser n'importe quelle cible. Un arc symétrique aurait été plus p<strong>et</strong>it (<strong>et</strong> donc moins puissant)<br />

ou inutilisable par un archer à cheval. L’arc était minutieusement poncé pour éliminer les<br />

échardes <strong>et</strong> bandé afin de lui donner de la puissance. Il était ensuite soigneusement laqué<br />

afin d’éviter l’humidité. Il fallait parfois plusieurs hommes pour garnir un arc d’une corde, de<br />

c<strong>et</strong>te manière, celui-ci était extrêmement puissant.<br />

Le niveau d’habil<strong>et</strong>é qu’un samouraï archer peut atteindre est le fruit de longues années de<br />

pratique. Les samouraï devaient atteindre de toutes p<strong>et</strong>ites cibles alors que leurs montures<br />

étaient lancées au grand galop. C<strong>et</strong> art fait encore l'obj<strong>et</strong> de démonstrations au cours de<br />

festivals yamasame.<br />

De nombreux types de flèches existaient, mais les plus inhabituelles étaient les flèches de<br />

signalisation dont la pointe était équipée d’un grand siffl<strong>et</strong> de bois. Cela provoquait un<br />

gazouillis lorsqu’on les tirait. Elles étaient lancées au début d’une bataille afin d’attirer<br />

l’attention des kami (les esprits) sur les exploits de bravoure qui étaient sur le point d’être<br />

réalisés. Les flèches enflammées étaient également en faveur, spécialement au cours des<br />

sièges.<br />

le naginata & le yari<br />

"Rien n’est plus difficile que les combats armés."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Le naginata ressemble beaucoup à un roulon au bout duquel une large épée aurait été fixée.<br />

Les moines combattants sohei les appréciaient tout particulièrement, mais, entre les mains<br />

d’un homme habile – c’est à dire entre les mains d’un samouraï – ces armes causaient de<br />

grands ravages chez l’ennemi. Pendant l'ère Sengoku, le naginata très répandu a laissé sa<br />

place au yari qui est devenu l’arme favorite des clans.<br />

Comme d'habitude, c'étaient des artisans habiles qui fabriquaient les yari. Le manche du yari<br />

était souvent en chêne, recouvert de strates de bambou <strong>et</strong> d’une laque qui le protégeait des<br />

intempéries. La lance était équipée d’une lame aussi tranchante qu’un rasoir. A l’origine, le<br />

yari mesurait 3 à 4 mètres de longueur, mais au cours de l'ère Sengoku, il s’est allongé<br />

40<br />

lorsque les daimyo se sont aperçus de ses avantages tactiques. La famille Date par exemple<br />

équipait ses hommes de yari mesurant environ 5,4 mètres.<br />

Les daimyo ont commencé à les considérer comme de précieuses armes de défense<br />

"offensives", en eff<strong>et</strong>, les guerriers ennemis ne pouvaient franchir la ligne de lames affûtées,<br />

fixées au bout de longues lances, pour se battre au corps-à-corps. Certains clans ont<br />

standardisé différentes longueurs de yari. Les archers du clan Oda utilisaient des yari de plus<br />

de cinq mètres de long. Cela perm<strong>et</strong>tait de couvrir les troupes équipées d’arquebuses<br />

pendant qu’elles les rechargeaient.<br />

l’arquebuse<br />

"La défense est l’amie du besoin. L’attaque, celle de l’abondance."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

L’arquebuse est la plus simple des armes à feu. La poudre, la bourre <strong>et</strong> la balle sont<br />

enfoncées au fond du canon, l'orifice d'allumage est préparé <strong>et</strong> une mèche incandescente –<br />

l’allum<strong>et</strong>te – déclenche le coup de feu. Contrairement à de nombreuses armes à feu<br />

primitives pour lesquelles il fallait utiliser une allum<strong>et</strong>te, c<strong>et</strong>te dernière était montée sur un<br />

levier court <strong>et</strong> se m<strong>et</strong>tait en place dans l'orifice d'allumage lorsqu'on appuyait sur la gâch<strong>et</strong>te.<br />

Aucune pierre à feu ni aucun autre mécanisme un peu compliqué à étincelle ne pouvait<br />

causer de problèmes. Le seul problème qui pouvait se produire avec l’arquebuse était<br />

qu’elle risquait d'exploser (ce qui n'arrivait pas souvent) ou que la poudre prenne l’humidité,<br />

<strong>et</strong> quand cela arrivait, l’arme était réduite à une très chère massue. Toute armée équipée<br />

d'arquebuses était par conséquent soumise aux caprices du temps, car il valait mieux qu'il<br />

fasse beau les jours de bataille.<br />

Ceci dit, lorsqu'ils firent connaissance avec l'arquebuse, les daimyo <strong>et</strong> leurs samouraï se<br />

rendirent immédiatement compte de son utilité. Après 1542 il ne fallut que très peu de<br />

temps aux artisans pour commencer à en fabriquer pour les samouraï.<br />

De nombreux samouraï emportaient les arquebuses au combat <strong>et</strong> les utilisaient pour tirer<br />

sur les ennemis les plus importants (ils n’avaient qu’un succès mitigé étant donné le manque<br />

de précision inhérent de ces armes). Mais les arquebuses ne furent jamais l’arme préférée<br />

du vrai samouraï. Le sabre n'avait pas perdu sa place. C<strong>et</strong>te arme qui n’était utilisée que par<br />

un seul (<strong>et</strong> souvent riche) samouraï n’a jamais été réellement efficace dans les mains de<br />

seulement quelques samouraï. Elle ne servait généralement qu’à un seul coup de feu<br />

puisqu’il était rare de pouvoir la recharger sur un champ de bataille, même avec l’aide de<br />

serviteurs.<br />

L’arme ne commença à être efficace que lorsqu’elle fut utilisée par plusieurs lignes<br />

d’ashigaru. A ce moment-là, le nombre compensait la faiblesse de l'arme individuelle, la<br />

transformant en méthode de combat. Lorsqu’elles tiraient toutes ensemble ou par salve, les<br />

grandes unités surmontaient le fait que les arquebuses – comme toutes les premières armes<br />

à feu – manquaient beaucoup de précision. C’était plus souvent par chance que par habil<strong>et</strong>é<br />

qu’un arquebusier réussissait à atteindre un homme à une cinquantaine de mètres. Au delà<br />

de 100 mètres une personne touchée par une balle était plus victime de malchance que d’un<br />

coup de feu délibéré. Mais ces inconvénients étaient réduits lorsqu’un ensemble tirait sur<br />

des cibles regroupées, c’est ainsi que c<strong>et</strong>te stratégie transforma la guerre au Japon.<br />

Les eff<strong>et</strong>s d'un impact résultaient en de vilaines blessures. Les grosses balles d'environ 25<br />

mm de diamètre étaient fabriquées à la main <strong>et</strong> souvent défectueuses. Ces balles en plomb<br />

se cassaient facilement à l'intérieur de la cible <strong>et</strong> provoquaient de graves blessures. De plus,<br />

elles étaient tirées à une très faible vitesse initiale mais étant très grosses <strong>et</strong> lourdes, elles<br />

41


avaient un fort eff<strong>et</strong> de choc. Il arrivait ainsi souvent que des personnes touchées aux bras<br />

ou aux jambes meurent à cause du choc de la blessure. Les balles modernes ont une vitesse<br />

initiale beaucoup plus grande <strong>et</strong> peuvent même traverser complètement leur cible. Mais leur<br />

plus faible masse diminue l’impact <strong>et</strong> en plus la balle ne tombe pas en mi<strong>et</strong>tes lors de<br />

l'impact.<br />

A la fin de l'ère Sengoku <strong>et</strong> pendant le <strong>shogun</strong>at de Tokugawa, le développement des armes<br />

à feu fut abandonné. Le samouraï devint le seul guerrier au monde qui refusait l’utilisation de<br />

la poudre à canon – l’arme du futur.<br />

les armees de samouraï<br />

"I. Tous les hommes de c<strong>et</strong>te région, même ceux qui ont le statut de samouraï, doivent<br />

se présenter pour être recensé le 20 du mois en cours. Ils doivent apporter une arme,<br />

quelle qu’elle soit (arme à feu, lance...) s’ils en possèdent une<br />

II. Si l’on apprenait qu’un homme de la région, même un seul, s’est caché <strong>et</strong> n’a pas<br />

répondu à l’appel, alors c<strong>et</strong> homme sera décapité, qu’il soit paysan ou officiel du<br />

district.<br />

III. Tous les hommes de quinze à soixante-dix ans doivent se présenter, aucun ne sera<br />

excusé, pas même un dresseur de singe."<br />

— Ordre de recrutement délivré par Hojo Ujiyasu (1515-1570)<br />

Tout comme les meilleures armées, les armées de samouraï sont des forces qui associent<br />

plusieurs armes. Elles se composent d’une cavalerie, de forces d’attaque <strong>et</strong> d’une infanterie<br />

(les proportions varient selon les clans) qui agissent ensemble sur le champ de bataille.<br />

Au cours de l'ère Sengoku, les ashigaru sont devenus de plus en plus importants dans tous<br />

les clans. C’était inévitable, étant donné le besoin de combattants, le nombre des guerriers<br />

devait être augmenté pour aider les samouraï. Les samouraï ne se sont jamais battus seuls.<br />

Dès les temps anciens, les samouraï avaient un domestique. Ceux-ci, les genin ou shoju<br />

avaient un rôle de soutien, prêts à leur apporter l'arme adéquate, à leur fournir des flèches<br />

<strong>et</strong> à compter leurs victoires.<br />

"Maîtriser l’adaptation c’est éviter la confrontation en rangs ordonnés <strong>et</strong> ne pas<br />

attaquer les puissantes formations. La principale règle dans les opérations militaires<br />

est de ne pas affronter les montagnes <strong>et</strong> de ne pas s’opposer à ceux qui ont la<br />

montagne dans le dos."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Peu importe qui combattait aux côtés du samouraï, c’était toujours ce dernier qui décidait<br />

du devenir d’une bataille. Traditionnellement les samouraï lançaient l’assaut en criant leurs<br />

noms <strong>et</strong> en cherchant un opposant digne d’être combattu. Lorsqu’ils en trouvaient un, ils<br />

engageaient un duel. Le gagnant continuait alors que le perdant était décapité. La tête était<br />

marquée pour que chacun sache exactement qui était celui qui avait gagné le combat. A la<br />

fin de la bataille, le général victorieux faisait une revue des têtes tombées sur le champ de<br />

bataille <strong>et</strong> récompensait ses guerriers en fonction de leurs prouesses – mais malheur au<br />

samouraï qui tuait accidentellement un allié !<br />

Tout cela menait à des batailles qui ressemblaient plus à des bagarres de masses qu’à des<br />

combats organisés. Les samouraï courageux n’hésitaient pas à charger dans les rangs<br />

42<br />

ennemis à la recherche d’opposants à tuer dans l’espoir que leurs mérites soient reconnus.<br />

Certains d'entre eux estimèrent parfois qu'ils avaient le droit de rechercher un adversaire<br />

valeureux, en dépit du plan de bataille de leurs généraux. Les généraux considéraient c<strong>et</strong><br />

enthousiasme comme un avantage incertain puisqu’ils avaient parfois du mal à r<strong>et</strong>enir les<br />

troupes impétueuses d’attaquer l’ennemi. Plus d’un plan de bataille fut gâté parce que les<br />

samouraï décidaient d’attaquer l’ennemi sans en mesurer les conséquences.<br />

Cependant, lorsqu’elles étaient bien dirigées, les armées de samouraï étaient une formidable<br />

arme de guerre. Elles étaient parfois difficiles à gérer mais elles étaient l’instrument de la<br />

victoire.<br />

les tactiques<br />

"Lorsqu’une ouverture se présente dans le camp ennemi, infiltrez-vous<br />

immédiatement. Procurez-vous ce qu’ils veulent, anticipez subtilement. Maintenez la<br />

discipline <strong>et</strong> adaptez-vous à l’ennemi afin de déterminer l’issue de la guerre. Au début<br />

vous devez vous comporter comme une jeune fille vierge, <strong>et</strong> l’ennemi vous ouvrira ses<br />

portes, puis vous devez avoir la promptitude d'un lièvre, <strong>et</strong> l’ennemi ne pourra ne<br />

pourra pas vous empêcher d’entrer."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Tous les daimyo utilisaient les meilleures spécialités de leurs armées au cours des batailles.<br />

Le clan Takeda, par exemple, débutait souvent par une charge de la cavalerie. Leurs<br />

samouraï à cheval étaient les meilleurs du pays <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te simple tactique leur perm<strong>et</strong>tait d’en<br />

tirer avantage. C<strong>et</strong>te tactique fonctionnait bien la majeure partie du temps, mais elle causa<br />

leur perte lorsqu’ils décidèrent de charger sur un terrain détrempé pour attaquer les<br />

arquebusiers de Nobunaga lors de la bataille de Nagashino (1575). Ce jour-là, le clan Takeda<br />

réalisa que les méthodes de guerre avaient changé. Bien sûr, le clan Nobunaga sut tirer<br />

profit de ses arquebusiers <strong>et</strong> massacra ses ennemis embourbés.<br />

La chose la plus importante pour les clans était d’attaquer aussi peu d’ennemis que possible<br />

avec autant de samouraï que possible. Même si les ashigaru représentaient, en nombre, la<br />

plus grande partie de l’armée d’un clan, c’étaient les samouraï qui prenaient les décisions<br />

dans la plupart des batailles. On ne pouvait attendre d’une force ashigaru qu’elle se mesure<br />

à une troupe de samouraï égale en nombre. Le génie des samouraï dans l’art de la guerre <strong>et</strong><br />

leur entraînement de pointe étaient de loin supérieurs. Après tout, un samouraï avait été<br />

entraîné à la guerre depuis ses premiers pas. Par contre, les ashigaru avaient souvent choisi<br />

la vie de guerrier pour échapper à l'interminable corvée de plantation du riz.<br />

Le grand général de l'ère Sengoku, Oda Nobunaga, n’était pas réellement un tacticien mais il<br />

comprenait l’intérêt de c<strong>et</strong>te discipline, les manœuvres <strong>et</strong> l’entraînement étaient<br />

indispensables pour qu’une armée soit efficace. Il tenait également à ce que ses guerriers<br />

portent des uniformes très colorés <strong>et</strong> faciles à repérer. A l’époque, ce simple changement<br />

dans l’organisation <strong>et</strong> l'entraînement de son armée impressionna beaucoup ses adversaires.<br />

Ces simples concepts prouvent qu’il était à l’avant-garde de nombre de ses contemporains.<br />

les tactiques <strong>et</strong> arquebuses<br />

"Lorsque des généraux ne peuvent évaluer leurs adversaires, qu’ils se heurtent à des<br />

armées supérieures en nombre ou en puissance <strong>et</strong> qu’ils ne connaissent pas les<br />

compétences de leurs propres guerriers, leurs combats sont voués à l’échec."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

43


L’apparition de l’arquebuse <strong>et</strong> son utilisation pour tirer des salves de coups de feu renforça<br />

les innovations tactiques d’Oda Nobunaga. Une bonne unité de troupes armées<br />

d’arquebuses réussissait parfois à tirer trois fois par minute. Mais le rythme était<br />

généralement de deux salves à la minute. Pendant que les ashigaru rechargeaient les armes,<br />

les guerriers ennemis pouvaient se rapprocher <strong>et</strong> commencer l'affrontement. Une<br />

arquebuse non chargée ne valait guère mieux qu'une massue.<br />

Tous les daimyo avaient incorporé des arquebusiers ashigaru dans leurs armées mais,<br />

généralement, tous les guerriers d’une unité tiraient en même temps. Cela pouvait causer<br />

des ravages parmi les troupes, mais cela signifiait que l’unité était inactive lorsqu’elle<br />

rechargeait les armes. De son côté, Nobunaga s’assurait que certains de ses hommes<br />

seulement tiraient au même moment. Ce tir en volée a constitué une innovation importante<br />

au niveau de la pratique du combat : comme ses guerriers tiraient par lignes ou par sections,<br />

Nobunaga pouvait maintenir un flot de coups de feu continu <strong>et</strong> régulier contre ses ennemis.<br />

Ceci rendait l'approche de ses troupes très dangereuse car il n'y avait pas de temps mort<br />

entre les tirs.<br />

Les armées japonaises ont commencé à évoluer de la même façon que les armées<br />

occidentales de l’époque <strong>et</strong> à associer "le fer <strong>et</strong> le feu". Les lanciers protégeaient les<br />

arquebusiers pendant qu’ils rechargeaient. Les solutions tactiques choisies différaient en<br />

Occident <strong>et</strong> au Japon. Les Japonais par exemple ne combattirent jamais avec des unités de<br />

lanciers comportant plus de 30 rangs. Le "choc des lances" qui caractérisait souvent les<br />

batailles occidentales n’a jamais pris de grandes proportions dans les batailles des samouraï.<br />

La présence de samouraï tous armés d'un katana rendait les choses différentes.<br />

"Etablissez votre position en fonction du terrain pour faciliter les manœuvres, faites<br />

face à un terrain plat <strong>et</strong> laissez les hauteurs derrière vous."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Etre en charge d’une armée était très difficile à c<strong>et</strong>te époque. Des pavillons, des appels de<br />

cornes <strong>et</strong> des tambours transm<strong>et</strong>taient des ordres simples aux unités mais des messagers à<br />

cheval transm<strong>et</strong>taient les instructions difficiles aux unités éloignées. C’est pour c<strong>et</strong>te raison<br />

que les formations de combat établies prirent beaucoup d’importance. Lorsque tous les<br />

hommes avaient établi leur position pour une bataille – <strong>et</strong> ils avaient été entraînés à cela – le<br />

besoin de communiquer avec les subordonnés étaient moins pressant.<br />

Heureusement, les généraux japonais ne se confrontaient que rarement à des problèmes de<br />

couardise en présence de l’ennemi. Il n’y avait que les ashigaru qui étaient susceptibles de<br />

succomber à la tension précédant le combat <strong>et</strong> de s’enfuir. Un bon général s'assurait que les<br />

ashigaru ne tiennent pas de position importante au cours d'un combat <strong>et</strong> qu'ils étaient<br />

soutenus par des troupes pour entr<strong>et</strong>enir leur moral, leur servir de point de ralliement ou<br />

les tuer sans autre forme de procès s'ils s'avisaient de fuir.<br />

Les samouraï n’abandonnaient jamais un combat sauf s’il était réellement perdu d’avance <strong>et</strong><br />

que leur mort ne servait à rien. Il arrivait parfois que c<strong>et</strong>te bravoure pose des problèmes.<br />

Les samouraï étaient connus pour leur propension à sortir du rang <strong>et</strong> à charger l'ennemi<br />

malgré des ordres contraires. A certains moments, la tactique de "prendre ses jambes à son<br />

coup <strong>et</strong> attendre son heure" était la bonne approche stratégique, même au prix de perdre<br />

une bataille décisive. C<strong>et</strong> entêtement, louable d’un côté, qui était causé non pas par un<br />

mauvais moral mais par un enthousiasme immodéré, pouvait désorganiser les plans de<br />

batailles les mieux préparés.<br />

44<br />

les formations<br />

"Un général victorieux mène ses troupes à la bataille comme s’il orientait les flots vers<br />

un profond défilé. C’est une question de formation."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Organiser une armée sur un champ de bataille était un exercice important que tous les<br />

généraux <strong>et</strong> leurs troupes devaient pratiquer. Les formations standards qui géraient une<br />

armée sur le point d’entrer sur un champ de bataille perm<strong>et</strong>taient de faire passer une armée<br />

d’une formation de colonne en marche à celle de rangs de combat. Les six formations de<br />

combat suivantes sont des formations que toutes les armées savaient appliquer lorsqu’elles<br />

débutaient une bataille.<br />

Toutes les formations étaient basées sur d’anciens concepts chinois de déploiement des<br />

armées <strong>et</strong> ils avaient tous des éléments en commun. Le taisho, ou général, était toujours au<br />

centre de son armée, là où ses compétences de commandement étaient les plus utiles pour<br />

contrôler ses partisans. La cavalerie – qui n’incluait que les samouraï – était positionnée de<br />

façon à pouvoir charger sur des unités ennemies vulnérables. Une troupe de samouraï <strong>et</strong><br />

d’ashigaru courageux armés de projectiles était placée en première ligne afin d’affaiblir <strong>et</strong> de<br />

briser l’ordonnancement les lignes ennemies. Le plus important était un important<br />

contingent qui était maintenu à l’arrière, il servait de réserve tactique qui intervenait au<br />

moment de la victoire.<br />

Ganko – Il s’agit d’une formation puissante <strong>et</strong> flexible qui, par une série de<br />

déplacements étudiés, peut se transformer rapidement en formation de défense<br />

appelée onryo. Les unités de samouraï pouvaient être repoussées dans un angle<br />

afin de composer une seconde formation.<br />

Gyorin — Il s’agit d’une formation en "pointe de flèche émoussée" qui<br />

ressemble beaucoup à la formation hoshi. Généralement, une armée utilisait<br />

c<strong>et</strong>te formation lorsque ses adversaires étaient supérieurs en nombre.<br />

Hoen — C’était une formation en forme de serrure qui était généralement<br />

considérée comme la meilleure contre-attaque à la formation en pointe de<br />

flèche hoshi. L’ennemi était attiré vers le centre <strong>et</strong> complètement massacré.<br />

Hoshi — C’était une formation d’attaque qui était considérée comme une des<br />

plus puissantes. C<strong>et</strong>te formation en pointe de flèche perm<strong>et</strong>tait de faire pression<br />

sur une p<strong>et</strong>ite partie des lignes de combat ennemies.<br />

Kakuyoku — C’était une autre formation puissante qui pouvait être<br />

rapidement transformée en fonction de la tournure que prenaient les combats.<br />

C<strong>et</strong>te formation pouvait être utilisée aussi bien en défense qu’en attaque. Avec<br />

de faibles mouvements des unités, toute la formation pouvait se transformer en<br />

hoshi <strong>et</strong> être envoyée à l'assaut.<br />

Koyaku — C’était une autre formation flexible qui, grâce à une avant-garde<br />

divisée, pouvait absorber la première attaque ennemie en attendant de<br />

comprendre quelle était sa tactique. Ensuite, l’armée pouvait élaborer sa<br />

tactique en fonction de l’attaque.<br />

45


les unites<br />

"Une armée est parfaitement formée lorsqu'elle n'a pas de forme. Les espions ne<br />

peuvent rien découvrir <strong>et</strong> les ennemis ne peuvent pas établir de stratégie contre<br />

quelque chose qui n'a pas de forme."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Toutes les unités mentionnées ci-dessous sont présentes dans Shogun: Total War. Elles sont<br />

formées sur le territoire du clan si ce dernier possède un château. Parfois, le château doit<br />

être optimisé pour pouvoir produire certains types particuliers d'unités. Ainsi, vous aurez<br />

peut-être à recruter des experts dans le domaine de la fabrication des armes spécialisés ou<br />

à édifier des dojo (centres d'entraînement spécialisés).<br />

Les revenus du clan doivent être suffisants pour couvrir le coût des unités, estimé en koku.<br />

Certaines unités peuvent sembler "bon marché", mais c'est avant de réaliser qu'un koku<br />

représente la quantité de riz nécessaire à nourrir un homme pendant une année complète.<br />

Cela ne signifie pas qu'une unité d'archers à cheval requiert plusieurs entrepôts pleins de riz<br />

pour fonctionner, mais indique le niveau de richesse nécessaire à payer l'entraînement des<br />

hommes. Les revenus des clans ne découlent pas nécessairement du riz produit par les<br />

paysans. Les Takeda, par exemple, avaient la chance de posséder une mine d'or, alors que<br />

d'autres clans tiraient leurs revenus de taxes sur le commerce avec la Chine. Quoiqu'il en<br />

soit, le koku reste une unité de mesure standard perm<strong>et</strong>tant d'évaluer la richesse dans<br />

Shogun: Total War.<br />

Chaque style de combat possédant des forces <strong>et</strong> des faiblesses, une armée doit se<br />

composer de divers types d'unité. Un général habile tient compte des forces des différents<br />

types d'unités, tout en gardant à l'esprit leurs points faibles. Pour constituer une armée<br />

puissante, le général doit s'assurer que les faiblesses d'une unité sont masquées ou<br />

compensées par les autres unités.<br />

"Ceux qui savent gérer une armée habilement n’ont pas besoin de la lever deux fois ni<br />

de fournir de triples rations."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La manière de composer une armée en fonction des différents types d'unités dépend du<br />

style de commandement du daimyo placé à sa tête. Ainsi, le clan Takeda avait largement<br />

recours aux unités de cavalerie car c'était leur habitude (<strong>et</strong> cela leur réussissait souvent !) de<br />

commencer une bataille par une puissante charge de cavalerie contre l'ennemi. Le choc<br />

produit par c<strong>et</strong>te charge de cavalerie démoralise souvent l'adversaire avant même le début<br />

de la bataille <strong>et</strong> rend la victoire plus accessible. En jouant à Shogun: Total War <strong>et</strong> à – Gold<br />

Edition, le choix des unités que vous souhaitez intégrer dans votre armée dépend de la<br />

tactique que vous allez déployer, des adversaires que vous affrontez <strong>et</strong> des types d'unités<br />

que vous avez les moyens de former.<br />

L'objectif de tout bon taisho est de protéger son armée au maximum. Il n'y a que peut<br />

d'intérêt à remporter la bataille si la victoire signifie sacrifier beaucoup d'hommes. Dans<br />

Shogun: Total War, plus les guerriers combattent, plus ils acquièrent de l'expérience. Il est<br />

donc raisonnable de tenter de limiter le plus possible le nombre de blessés. Les unités<br />

saignées à blanc au cours du combat perdent non seulement des hommes, mais également de<br />

leur efficacité car l'art de combattre (<strong>et</strong> de gagner) disparaît avec les guerriers qui sont tués.<br />

46<br />

"Pousser les guerriers à combattre en laissant agir la dynamique des forces est comme<br />

pousser des rochers ou des bûches... Lorsque les troupes sont habilement menées au<br />

combat, la dynamique est la même que celle enregistrée par un rocher dévalant une<br />

montagne. Voilà ce qu'est la force."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

N'oubliez jamais que les samouraï étaient les incarnations vivantes d'un principe militaire très<br />

simple. Les armes sont inutiles à moins d'être bien utilisées <strong>et</strong> les guerriers équipés d'épées<br />

<strong>et</strong> de fusils sont plus importants que les armes qu'ils portent. Il va sans dire qu'une unité de<br />

samouraï a plus de valeur, en termes de qualité, que n'importe quel groupe d'ashigaru <strong>et</strong> ce,<br />

quelles que soient les armes dont ils disposent. Les deux sont cependant nécessaires en<br />

montant son armée, car si l'on possède de nombreux hommes "peu chers", cela peut être<br />

utile lors d'une bataille <strong>et</strong> pour tenir le territoire conquis.<br />

les samouraï archers<br />

Ces hommes sont parmi les plus utiles dans Shogun: Total War car ils<br />

peuvent être rapidement formés <strong>et</strong> sont relativement peu coûteux. Ils sont<br />

indispensables dans toute armée. En tant que samouraï, leur moral <strong>et</strong> leur<br />

aptitude au combat sont excellents. Ils sont équipés d'arcs <strong>et</strong> de sabres, ce<br />

qui signifie qu'ils peuvent rester en recul <strong>et</strong> faire pleuvoir sur les forces<br />

adverses une averse de flèches avant de se rapprocher pour combattre au<br />

corps à corps, si nécessaire. Ils disposent d'une armure de très bonne<br />

qualité <strong>et</strong> leur moral, en tant que samouraï, est exceptionnel. Ils font donc partie des<br />

recrues les plus utiles pour un daimyo, en particulier au début du jeu.<br />

La plupart des armées levées par les clans comprennent bon nombre de ces unités.<br />

"Savoir tenir sa position en regardant arriver des ennemis encore éloignés, attendre<br />

confortablement ceux qui sont épuisés, attendre l’estomac plein ceux qui ont faim sont<br />

symboles de maîtrise <strong>et</strong> de force."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

les samouraï naginata<br />

Le naginata est une arme dangereuse lorsqu'elle se trouve entre les mains<br />

d'un samouraï. Sa portée n'est pas aussi grande que celle d'un yari, mais il<br />

est mieux adapté aux combats rapprochés <strong>et</strong> est plus apte à l'attaque<br />

qu'une épée. Gare à celui qui se trouve face à c<strong>et</strong>te arme redoutable.<br />

Ainsi, un seul coup peut suffire à décapiter un cavalier en train de charger<br />

ou à estropier sa monture. Dans un cas comme dans l'autre, le cavalier est<br />

vaincu !<br />

Les samouraï qui utilisaient le naginata portaient souvent des armures plus lourdes que les<br />

autres ce qui entravaient quelque peu leur mobilité. Cependant, ils étaient également mieux<br />

protégés lors des combats.<br />

47


les samouraï yari<br />

Le yari est une longue lance surmontée d'une lame affûtée comme un<br />

rasoir. A l'origine, c'était une version plus résistante de la lance utilisée par<br />

les cavaliers samouraï, mais avec le temps le yari est devenu une arme un<br />

peu différente <strong>et</strong> beaucoup plus lourde. Une fois qu'ils avaient rejoint la<br />

bataille, les samouraï équipés d'un yari ne rechignaient pas à lutter en<br />

combat rapproché, tant que l'unité restait groupée en bon ordre.<br />

Les samouraï yari sont extrêmement efficaces contre la cavalerie. Il est<br />

très difficile de forcer, même le mieux entraîné des chevaux, à charger dans une forêt de<br />

pointes acérées. Ils peuvent donc être utilisés de façon défensive. Dans un monde idéal,<br />

l'adversaire ne pourrait s'empêcher de charger en direction des lances, se faisant<br />

déchiqu<strong>et</strong>er par un ennemi qui n'est qu'à quelques mètres de là, hors de portée des épées.<br />

les samouraï no-dachi<br />

Tous les samouraï étaient armés de deux épées, signes d'appartenance à<br />

leur classe. Ceux qui possédaient un no-dachi bénéficiaient d'un avantage<br />

supplémentaire car c<strong>et</strong>te arme à deux mains pouvaient faucher presque<br />

n'importe quel adversaire lorsqu'elle était habilement utilisée. Les samouraï<br />

équipés d'un no-dachi forment des troupes de choc, très utiles pour briser<br />

les formations ennemies.<br />

Ils sont également très efficaces contre les troupes dont le moral est déjà<br />

bas. Une attaque menée par des hommes brandissant des épées à deux mains ferait vaciller<br />

le plus courageux des guerriers ! Les samouraï no-dachi sont donc grandioses en attaque,<br />

mais beaucoup moins efficaces en défense.<br />

les moines combattants<br />

Conviction religieuse <strong>et</strong> entraînement guerrier forment une association<br />

puissante. Les sohei (moines combattants bouddhistes) avaient pour<br />

habitude de prendre part à des conflits qui ne les concernaient pas<br />

nécessairement. Nombreux étaient les monastères qui formaient des<br />

guerriers courageux <strong>et</strong> fanatiques, des hommes persuadés que mourir au<br />

combat n'était pas synonyme de défaite, de déshonneur ou d'échec, mais<br />

garantissait une place au paradis.<br />

Une unité de moines combattants représente une force de combat très puissante, motivée<br />

par l'ardeur religieuse. Le symbole de ces unités était une châsse <strong>et</strong> non un étendard. De<br />

fait, les troupes ennemies éprouvaient de la répugnance à les attaquer, ne serait-ce que par<br />

peur d'un éventuel sacrilège. Cependant, c<strong>et</strong>te réticence ne s'appliquait pas aux unités de<br />

samouraï chrétiens (apparues après l'arrivée des jésuites portugais au Japon en 1542) car le<br />

fait d'attaquer des moines combattants ne les pénalisait en aucune manière.<br />

48<br />

Les archers A chevÀl<br />

Equipés d'épées <strong>et</strong> d'arcs, les archers à cheval sont idéaux pour les<br />

embuscades. Les guerriers étant à cheval, ils sont très mobiles. Armés<br />

d'arcs, ils peuvent faire pleuvoir sur l'ennemi des torrents de flèches.<br />

Armés d'épées, ils peuvent se battre en combat rapproché. Etant des<br />

samouraï, ils sont dévoués <strong>et</strong> intrépides !<br />

Certes, ils ne sont pas assez "costauds" pour charger avec succès des<br />

défenseurs bien organisés, mais face à des troupes mal positionnées, mal<br />

dirigées ou affaiblies, ils peuvent s'avérer mortels. Ils peuvent être utilisés pour harceler<br />

l'ennemi à l'aide de projectiles, manœuvrés pour menacer les flancs les plus vulnérables, ou<br />

envoyés à l'attaque de troupes hésitantes.<br />

Comme la cavalerie, les archers à cheval doivent être manœuvrés avec prudence lorsqu'ils<br />

affrontent des arquebusiers. Ils peuvent facilement être exterminés.<br />

"Attaquez sans avertissement, là où l'ennemi s'y attend le moins <strong>et</strong>, alors que son<br />

moral vacille, exploitez c<strong>et</strong> avantage pour le vaincre."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

la cavalerie lourde<br />

Puissamment armés <strong>et</strong> protégés par de résistantes armures, ces samouraï<br />

forment une élite. Capable d'affronter n'importe quel adversaire <strong>et</strong> de<br />

l'emporter, ils sont rapides <strong>et</strong> puissants, <strong>et</strong> constituent des troupes de choc<br />

redoutables pour l'ennemi. Ils sont relativement moins efficaces contre les<br />

troupes armées de yari qui peuvent les maintenir à distance pour se protéger<br />

de leurs katana <strong>et</strong> contre les ashigaru équipés d'arquebuses.<br />

Attention cependant, car "relativement" est le mot clé dans l'énoncé précédent. Quel que<br />

soit l'adversaire que les guerriers composant la cavalerie lourde aient à affronter, ils lui<br />

causeront d'importants dommages. La cavalerie lourde est également capable d'assurer la<br />

défense contre la plupart des attaques. Presque toutes les armées des clans comportent des<br />

unités de cavalerie lourde. Ils sont une telle menace que l'on ne peut s'en passer.<br />

Le clan des Takeda utilisa largement la cavalerie lourde pour charger <strong>et</strong> épuiser l'ennemi dès<br />

le début d'une bataille.<br />

les cavaliers yari<br />

Ces troupes de choc samouraï trouvent leur place quelque part entre leurs<br />

homologues "légers" <strong>et</strong> "lourds". Elles peuvent servir à briser des formations<br />

d'infanterie grâce à des lances qui leur confèrent une portée raisonnable en<br />

combat. La lance utilisée par les samouraï à cheval est l'ancêtre direct du yari<br />

équipant l'infanterie. Elle est cependant plus courte <strong>et</strong> plus légère que celle<br />

utilisée par les samouraï ou ashigaru à pied. Cela ne signifie pas pour autant<br />

qu'ils sont désavantagés face aux guerriers armés de yari.<br />

Globalement, ce sont des unités puissantes, mais il leur manque les bonus défensifs associés<br />

à la cavalerie lourde. Là encore, ces unités doivent être dirigées avec prudence lorsqu'elles<br />

sont lancées à l'attaque d'arquebusiers. Une charge mal synchronisée provoquera la perte<br />

inéluctable de n'importe quelle unité de cavalerie.<br />

49


les ashigaru yari<br />

Au début d'une partie de Shogun: Total War, la plupart des clans reçoivent une<br />

unité d'ashigaru yari "gratuite" <strong>et</strong> qui servira de base à leur armée.<br />

Le yari, longue lance, était une arme dont les daimyo aimaient équiper leurs<br />

ashigaru. En eff<strong>et</strong>, il était assez rapide de former un grand nombre de<br />

paysans afin qu'ils l'utilisent. Apprendre à brandir une lance (<strong>et</strong> la pointer dans<br />

la bonne direction) est bien plus rapide qu'apprendre à se servir correctement d'une épée !<br />

Il ne faut pas confondre les ashigaru yari <strong>et</strong> les guerriers samouraïs équipés de la même<br />

arme. L'aptitude au combat des ashigaru, leur moral <strong>et</strong> leur équipement sont bien inférieurs<br />

à ceux d'un vrai samouraï. D'un autre côté, les ashigaru ne coûtent presque rien <strong>et</strong> peuvent<br />

être formés en grand nombre <strong>et</strong> rapidement. C'est pour ces raisons que les ashigaru yari<br />

sont souvent présents en grand nombre dans les armées.<br />

Les troupes armées de yari formaient des murs de pointes acérées derrière lesquelles les<br />

guerriers pouvaient s'abriter. Il faut quelques instants pour qu'une arquebuse soit<br />

fonctionnelle <strong>et</strong> les yari perm<strong>et</strong>tent de garder l'ennemi à distance pendant le rechargement<br />

des armes.<br />

les ashigaru arquebusiers<br />

L'introduction des arquebuses au Japon en 1542 fut à l'origine d'une véritable<br />

révolution. En eff<strong>et</strong>, dès lors, les armées des clans furent armées <strong>et</strong><br />

organisées. Correctement utilisées à grande échelle, les arquebuses pouvaient<br />

s'avérer destructrices, même si elles étaient plus lentes à utiliser <strong>et</strong> couvraient<br />

une distance moins importante que les arcs traditionnels.<br />

Les toutes premières arquebuses étaient lourdes <strong>et</strong> nécessitaient souvent l'utilisation d'un<br />

support pour le canon. Elles étaient donc difficiles à déplacer <strong>et</strong> à déployer. Cela signifiait<br />

également que les ashigaru équipés d'arquebuses n'étaient pas très efficaces en combat<br />

rapproché. Leur puissance de feu pouvait causer de lourdes pertes à tout adversaire<br />

s'approchant suffisamment, mais, l'ennemi étant alors très près des ashigaru, ces derniers<br />

risquaient à leur tour de subir des dommages en combat rapproché. Leur vie était alors en<br />

péril.<br />

Comme les ashigaru muni d'arquebuses nécessitent un comptoir pour être ajoutés à un clan,<br />

ils ne peuvent être créés qu'après l'arrivée des marchands occidentaux : les Portugais<br />

débarquèrent en 1542 <strong>et</strong> les Hollandais en 1561. Les marchands occidentaux<br />

s'empressèrent de vendre leurs armes à feu aux daimyo, mais leurs fabricants d'armes se<br />

trouvaient à des mois d'un long <strong>et</strong> dangereux voyage maritime. Les artisans locaux réussirent<br />

à copier le modèle, mais pas tout de suite en grandes quantités. Ceci explique en partie le<br />

temps nécessaire à former les ashigaru arquebusiers. Il n'est pas difficile d'apprendre aux<br />

hommes à se servir d'armes, mais posséder suffisamment d'arquebuses <strong>et</strong> de poudre de<br />

qualité pour tous peut poser quelques problèmes !<br />

50<br />

les ashIgaru fusiliers<br />

L'amélioration de la qualité des armes à feu <strong>et</strong> de leur utilisation tactique (tout<br />

aussi importante) signifie, plus tard dans l'ère Sengoku <strong>et</strong> dans Shogun: Total<br />

War, que des ashigaru arquebusiers de meilleur niveau pouvaient être formés<br />

<strong>et</strong> intégrés aux armées samouraï. Ces hommes bénéficient d'une portée <strong>et</strong><br />

d'une cadence de tir plus importantes. A c<strong>et</strong>te époque, l'arquebuse était<br />

devenue une arme plus raffinée, <strong>et</strong> surtout, plus légère pouvant être utilisée sans avoir<br />

recours à un trépied.<br />

Remarque : il n'y a pas d'unités munies de fusils au cours des campagnes datant de la<br />

période de l'<strong>invasion</strong> <strong>mongol</strong>e.<br />

Le terme "fusilier" n'est pas strictement exact, ces ashigaru n'étant pas munis de fusils, mais<br />

d'arquebuses plus légères <strong>et</strong> plus performantes. Il était cependant difficile d'intituler la<br />

rubrique "Les-ashigaru-munis-d'une-arquebuse-amincie-mais-améliorée" !<br />

les cavaliers naginata<br />

le kensai<br />

Un perfectionnement supplémentaire fut apporté à la cavalerie lourde<br />

lorsque les samouraï commencèrent à utiliser des vouges appelées naginata.<br />

Ils profitaient ainsi des avantages du sabre combinés à la portée d'une lance !<br />

La cavalerie naginata ne peut être entraînée que là où se trouve un célèbre<br />

dojo des cavaliers (un dojo amélioré) ainsi qu'un dojo des lanciers.<br />

Kensai signifie "homme sacré du sabre", maître d'un niveau quasiment<br />

surhumain, atteint au bout de nombreuses années d'entraînement <strong>et</strong><br />

d'abnégation. Bien qu'ayant vécu à la fin de l'ère Sengoku, Miyamoto Musashi<br />

fut l'un d'entre eux. Ces maîtres étaient capables d'affronter de nombreux<br />

adversaires à la fois <strong>et</strong> d'en être vainqueurs sans une égratignure. Peu de pays<br />

ont été capables de donner le jour à de tels br<strong>et</strong>teurs <strong>et</strong> seuls les plus grands<br />

maîtres d'escrime d'Occident peuvent prétendre atteindre ce niveau.<br />

Les kensai, en leur qualité de maîtres de l'art, ne peuvent être entraînés que dans le meilleur<br />

des dojos : le légendaire dojo des br<strong>et</strong>teurs. Ils apparaissent seuls sur le champ de bataille,<br />

mais ne vous y trompez pas, ils sont véritablement mortels !<br />

les ninja de choc<br />

Contrairement aux autres ninja du jeu qui ont un rôle stratégique en<br />

exécutant des assassinats, les ninja de choc peuvent être déployés comme<br />

n'importe quelle unité sur le champ de bataille.<br />

Enfin, pas tout à fait comme les autres unités, étant donné qu'ils possèdent un<br />

pouvoir de dissimulation supérieur <strong>et</strong> peuvent se cacher des forces ennemies.<br />

Ils ne révèlent leur position que lorsqu'ils attaquent.<br />

51


les arbalétriers ashigaru<br />

Les arbalétriers ashigaru sont décrits en détail dans la rubrique Les Mongols,<br />

étant donné qu'ils firent leur apparition à c<strong>et</strong>te période de l'histoire. Il faut un<br />

dojo des archers pour les entraîner.<br />

les unités <strong>mongol</strong>es<br />

Toutes les unités <strong>mongol</strong>es sont décrites dans la rubrique Les Mongols, puisqu'elle<br />

n'apparaissent que dans des batailles <strong>et</strong> des campagnes de c<strong>et</strong>te période historique.<br />

Toutes les troupes <strong>mongol</strong>es débarquent au Japon en qualité de renforts, traversant la mer<br />

au départ du continent asiatique. Les Mongols n'entraînent jamais de nouvelles unités sur la<br />

carte, il n'ont donc pas besoin de constructions.<br />

les chateaux <strong>et</strong> sieges<br />

Les châteaux sont très présents dans l'histoire de la guerre au Japon. Shogun: Total War –<br />

Gold Edition comprend à la fois des châteaux <strong>et</strong> des combats menés pour leur possession.<br />

Dans Shogun: Total War, vous n'aurez cependant pas à assister à un long siège puisque tous<br />

les détails seront gérés par le système stratégique du jeu. Si vos troupes envahissent une<br />

province dans laquelle se trouve un château, elles devront naturellement affronter la<br />

garnison de la province, mais la victoire ne garantit alors pas la prise de contrôle du<br />

territoire.<br />

Les défenseurs vaincus se replient dans le château <strong>et</strong> deux daimyo se disputent alors la<br />

province. Aucune des deux parties ne peut s'approprier les revenus de la province <strong>et</strong> les<br />

défenseurs ne peuvent plus y construire de nouvelles unités.<br />

Tant qu'une armée d'attaquants est présente dans la province, le château est assiégé. En tant<br />

que commandant de votre clan, vous n'avez pas à vous soucier des détails du siège. Tant<br />

que le château est assiégé, les défenseurs subissent des pertes dues à la faim ou aux<br />

attaques ponctuelles menées par vos hommes. C'est un moyen peu rapide mais efficace de<br />

s'emparer d'un château. Bien entendu, vous pouvez ordonner à vos troupes d'attaquer, ce<br />

qui provoquera une nouvelle bataille tactique. A moins que vous ne décidiez d'adopter une<br />

autre stratégie.<br />

A première vue, il peut sembler que les défenseurs n'aient pas d'autre choix que d'attendre<br />

que la faim ne les anéantisse, mais en réalité, dans Shogun: Total War, d'autres options<br />

s'offrent à eux. La première d'entre elles consiste à attendre en espérant que les attaquants<br />

abandonneront ! Cependant, cela n'équivaut sans doute qu'à r<strong>et</strong>arder l'inévitable. Les<br />

défenseurs peuvent également tenter une sortie afin de lutter sur le champ de bataille, mais<br />

en cas de défaite, plus rien ne pourra empêcher l'ennemi de s'emparer du château. Une<br />

52<br />

autre possibilité consiste à profiter du soutien d'une armée alliée pouvant lever le siège.<br />

L'arrivée de c<strong>et</strong>te colonne de soutien déclenche automatiquement une bataille tactique dans<br />

la province.<br />

Si les attaquants l'emportent, ils prennent le contrôle du château, mais d'un château<br />

endommagé suite au siège. Ainsi, certaines améliorations apportées au château (comme<br />

expliqué ci-dessous) ne fonctionneront plus jusqu'à ce que toutes les réparations nécessaires<br />

aient été faites.<br />

Comme vous pouvez le voir, les châteaux sont très utiles pour ralentir l'avancée d'une<br />

armée conquérante, car assiéger ou attaquer un château prend du temps. C'est un autre<br />

aspect de ces constructions qui perm<strong>et</strong>tent également à leur propriétaire de former des<br />

nouvelles unités.<br />

les chateaux historiques<br />

Autrefois, au Japon, les châteaux étaient naturellement construits de façon à pouvoir être<br />

défendus en cas de siège <strong>et</strong> la plupart d'entre eux ont été édifiés dans les endroits les plus<br />

inaccessibles du point de vue d'un assaillant. Les premiers châteaux se composaient de<br />

palissades de bois renforcées par quelques pierres. Le somm<strong>et</strong> des collines, voire des<br />

montagnes, était fortifié <strong>et</strong> la possibilité de trouver du bois <strong>et</strong> des pierres à proximité<br />

représentait un avantage incontestable pour les bâtisseurs.<br />

Contrairement à ce qui se passait en Occident, les défenseurs avaient une chance<br />

supplémentaire : ils n'avaient pas à se soucier des engins de siège autres que les béliers. Les<br />

techniques pour prendre un château étaient simples, mais brutales : l'armée d'attaquants<br />

encerclait la construction, tentait d'y m<strong>et</strong>tre le feu à l'aide de flèches enflammées <strong>et</strong>, à un<br />

moment ou à un autre, lançait une charge d'infanterie contre les murs ou les grilles. Dans<br />

l'ensemble, les défenseurs n'avaient pas d'autre choix que d'attendre la fin du siège en<br />

espérant que les troupes adverses désertent ou que les rangs ennemis ne soient frappés par<br />

la maladie. Souvent, cependant, les défenseurs n'optaient pas pour l'attente. L'histoire du<br />

Japon fourmille d'exemples narrant comment des samouraï ont quitté la protection des murs<br />

de leur château pour affronter l'adversaire à terrain découvert <strong>et</strong> ce, avec plus ou moins de<br />

réussite.<br />

Quand l'ère Sengoku débuta, les châteaux étaient construits selon les mêmes principes<br />

depuis des siècles <strong>et</strong> les techniques de siège n'avaient guère évolué. Après tout, il n'est pas<br />

besoin de modifier un système qui a fait ses preuves. La tradition consistant à édifier des<br />

châteaux de pierre n'a vu le jour qu'au moment de l'ère Sengoku. La raison en est<br />

probablement que le Japon est une zone sismique très active, à moins que ce ne soit<br />

simplement parce que le faire ne s'avérait pas nécessaire. Un bon compromis entre bois <strong>et</strong><br />

pierre fut finalement trouvé. La pierre fut utilisée pour construire des collines artificielles au<br />

somm<strong>et</strong> desquelles les châteaux pouvaient être édifiés.<br />

Le problème principal dans la conception d'un château, de son système de défense <strong>et</strong> de la<br />

guerre de siège reste la portée des flèches enflammées. La capacité à faire brûler un château<br />

était capitale, tout comme celle de garder les attaquants suffisamment loin des bâtiments<br />

internes vulnérables afin qu'ils ne puissent pas les réduire en cendres. Tout ceci évolua<br />

naturellement avec l'arrivée des armes à feu. A partir de ce moment, les défenseurs comme<br />

les attaquants durent tenir compte des fusiliers <strong>et</strong> des canons.<br />

Une chose ne changea pas durant l'ère Sengoku : le désir qu'avaient les défenseurs de<br />

quitter le château pour affronter l'adversaire à terrain découvert. Etant donné l'influence du<br />

bushido sur les actions des samouraï, il n'est pas étonnant qu'ils aient été aussi nombreux à<br />

53


préférer l'affrontement direct à une attitude défensive !<br />

Certains des châteaux construits durant l'ère Sengoku sont gigantesques. La forteresse de<br />

Toyotomi Hideyoshi, à Osaka, était vraiment immense <strong>et</strong> n'avait rien à envier aux structures<br />

défensives édifiées dans le reste du monde à la même époque. Profitant de la défense<br />

naturelle offerte par un fleuve proche, elle possédait des remparts extérieurs de 18<br />

kilomètres de long. A l'intérieur, une série de murs d'enceinte obligeait les attaquants à<br />

conquérir une muraille après l'autre avant de pouvoir prendre la place.<br />

l'artillerie au japon<br />

Aux yeux d'un général occidental du XVIe ou XVIIe siècle, un chose manque aux armées<br />

samouraï. Où se trouve l'artillerie ? En Occident, par exemple, il était très coûteux de<br />

fabriquer des armes utilisant la poudre à canon qui, de toute manière, était difficile à manier.<br />

L'artillerie fut donc utilisée avant que les pistol<strong>et</strong>s ne deviennent chose commune.<br />

Au Japon, la situation était inversée. Ceci s'explique par la publication de divers décr<strong>et</strong>s<br />

impériaux s'opposant à toutes formes de transports sur roues. Le Japon est devenu une<br />

nation où les gens marchaient, se déplaçaient à cheval ou en palanquin.<br />

Sans un moyen de transport à roues convenables, il était quasiment impossible (<strong>et</strong> tout au<br />

moins, peu pratique) de déplacer des canons à travers la campagne. Essayez donc de<br />

transporter un axe <strong>et</strong> sa transmission sur un champ boueux pendant que des centaines de<br />

guerriers essaient de vous tuer alors que vous essayez de tout maintenir au sec, alors vous<br />

aurez un aperçu des difficultés pratiques rencontrées avec l'artillerie sur un champ de<br />

bataille !<br />

Les daimyo adoptèrent avec enthousiasme les arquebuses, mais l'artillerie ne fut jamais<br />

utilisée comme système tactique lors des combats. Il y avait des canons, mais ils étaient<br />

utilisés lors des sièges. Les modifications dans la technique de construction des châteaux<br />

prenaient toujours le pas sur les techniques d'artillerie. C'est pourquoi aucune grosse pièce<br />

d'artillerie n'a été incluse dans Shogun: Total War. Ce genre d'armement n'avait pas une<br />

importance suffisante dans le Japon médiéval pour justifier leur présence dans le jeu.<br />

Remarque : vous pouvez jouer avec la poudre à canon si vous choisissez l'un des scénarios<br />

de l'<strong>invasion</strong> <strong>mongol</strong>e ! Vous aurez l'occasion de faire usage de la frayeur provoquée par les<br />

terribles combattants éclair coréens, très difficiles à manier !<br />

les forces navales au japon<br />

Il faut avouer que les samouraï n'ont jamais brillé dans les combats navals car ils n'avaient pas<br />

besoin d'être de bons marins. Le fait de posséder une flotte ne perm<strong>et</strong>tait pas de devenir<br />

Shogun alors qu'une armée de samouraï si !<br />

Des vaisseaux de guerre furent construits <strong>et</strong> utilisés, mais ils ne constituèrent jamais un<br />

facteur décisif au cours de l'ère Sengoku. Les forces navales n'ont donc pas été incluses dans<br />

Shogun: Total War. Pendant la partie, vous aurez la possibilité de construire des chantiers<br />

navals dans les provinces côtières, mais les navires produits ne serviront qu'au transport des<br />

troupes entre les différentes îles composant le Japon.<br />

54<br />

les unites strategiques dans<br />

Shogun: Total War<br />

Dans Shogun: Total War, les unités suivantes sont déployées sur la carte stratégique du Japon.<br />

A l'exception des taisho, aucune d'entre elles n'apparaît sur le champ de bataille. Ces unités<br />

disposent de compétences <strong>et</strong> d'aptitudes qu'il est sage pour tout daimyo sensé, d'utiliser à<br />

son avantage. Vous vous en rendrez vite compte !<br />

les taisho<br />

Issus des rangs des samouraï les plus valeureux,<br />

les taisho sont des généraux qui se voient<br />

confier le commandement d'une partie ou de la<br />

<strong>total</strong>ité de l'armée d'un clan. Le taisho indique<br />

la position de l'armée sur la carte stratégique<br />

du Japon <strong>et</strong> est également présent sur le champ<br />

de bataille lorsque les unités qu'il commande<br />

sont impliquées. Sur le théâtre des opérations,<br />

un p<strong>et</strong>it groupe de gardes du corps (ses<br />

hatamoto) assure sa protection. Un général<br />

influence toutes les unités placées sous son<br />

commandement. Plus il accumule d'honneur <strong>et</strong><br />

d'expérience, plus le moral des unités qu'il commande s'améliore.<br />

Les généraux peuvent être tués par les troupes ennemies au cours des combats, mais ils<br />

sont également la cible de tentatives d'assassinat des ninja. Il est important d'utiliser (<strong>et</strong> de<br />

protéger) les taisho présents sur le champ de bataille.<br />

les emissaires<br />

Les émissaires sont des samouraï choisis pour<br />

leur loyauté <strong>et</strong> formés pour devenir des<br />

courtisans autant que des guerriers. Leur<br />

aptitude à la diplomatie atteint un degré<br />

appréciable <strong>et</strong> vous pouvez être sûr qu'ils<br />

traiteront toujours les daimyo avec respect <strong>et</strong><br />

honneur lors des négociations. Chaque mission<br />

diplomatique menée avec succès améliore le<br />

niveau d'expérience d'un émissaire. Ainsi il aura<br />

plus de chances de réussite lors de ses missions<br />

futures <strong>et</strong> sera moins susceptible d'être<br />

assassiné par un ninja.<br />

Non seulement un émissaire peut échouer dans sa mission diplomatique mais il peut<br />

également servir de "notification de refus". Parfois, lorsqu'un émissaire est envoyé auprès<br />

d'un daimyo, seule sa tête vous est renvoyée ! Il est hors de doute que cela signifie "non",<br />

quelle qu'ait été la question !<br />

55


les ninja<br />

Les ninja sont ce qui se fait de mieux en<br />

matière d'espions <strong>et</strong> d'assassins. Le daimyo qui<br />

n'envisage pas l'utilisation d'un ninja contre ses<br />

rivaux manque de jugement. Vous pouvez<br />

envoyer les ninja assassiner les responsables<br />

des autres clans (émissaires, taisho, voire<br />

même le daimyo lui-même). Plus la victime<br />

désignée est importante, moins ses chances de<br />

réussite sont grandes. Des ninja légendaires<br />

ayant réussi de nombreuses missions peuvent<br />

aussi servir durant les sièges. Ils peuvent se<br />

glisser subrepticement dans le château <strong>et</strong> ouvrir les portes aux attaquants !<br />

Chaque fois qu'un ninja mène une mission à bien, il acquiert de l'expérience qui lui<br />

perm<strong>et</strong>tra d'augmenter ses chances de réussite lors des missions qui suivront, sauf, bien<br />

entendu, s'il est attrapé <strong>et</strong> exécuté (en général de manière atroce) par l'adversaire !<br />

les shinobi<br />

Le shinobi est un espion envoyé en territoire<br />

ennemi pour y récolter des renseignements <strong>et</strong><br />

y semer le désordre. S'il ne possède aucune<br />

province, le daimyo dans Shogun: Total War<br />

n'aura accès à aucun renseignement au suj<strong>et</strong> de<br />

c<strong>et</strong>te province, sauf s'il envoie un shinobi<br />

espionner ce qui s'y passe. Il peut alors lui<br />

donner de précieux renseignements sur la<br />

valeur productive de la province, les<br />

améliorations qui ont été faites ainsi que des<br />

informations militaires.<br />

L'autre mission du shinobi consiste à fomenter des révoltes contre le seigneur de la<br />

province. Une province qui se révolte ne change pas automatiquement d'allégeance, mais<br />

elle devient indépendante, avec sa propre armée de paysans <strong>et</strong> de ronin.<br />

Utilisé de manière défensive, le shinobi a un rôle de police secrète, s'assurant que les<br />

ennemis du daimyo ne répandent pas le mécontentement <strong>et</strong> l'insatisfaction parmi les<br />

paysans. Des révoltes incessantes peuvent cependant détruire le domaine d'un daimyo aussi<br />

sûrement qu'une armée.<br />

56<br />

la légendaire geisha<br />

La légendaire geisha est à la fois diplomate,<br />

espionne de grande valeur <strong>et</strong> meurtrière. Elle<br />

peut servir d'émissaire auprès d'un autre<br />

daimyo <strong>et</strong>, alors qu'elle se trouvera dans le<br />

château de ce dernier, espionner afin d'obtenir<br />

de précieux renseignements uniquement<br />

accessibles aux ninja en mission d'espionnage.<br />

Le daimyo "victime" sait que la légendaire<br />

geisha prépare un mauvais coup, mais ne peut<br />

rien faire sinon tenter de la faire assassiner par<br />

l'un de ses propres ninja !<br />

Il est important de se souvenir que les geisha n'étaient ni des prostituées, ni des courtisanes,<br />

mais des personnes instruites dont le rôle était d'accompagner <strong>et</strong> de divertir. Idéales donc<br />

pour surprendre des conversations importantes...<br />

les prêtres jésuites<br />

Les prêtres jésuites peuvent remplir la fonction<br />

d'émissaire, surtout pour mener des missions<br />

diplomatiques visant à signer des traités avec<br />

des dirigeants chrétiens. Quelle que soit l'issue<br />

des négociations, un daimyo chrétien n'osera<br />

jamais renvoyer la tête d'un jésuite à son<br />

maître. Les daimyo bouddhistes n'ont, quant à<br />

eux, aucune raison de respecter la saint<strong>et</strong>é de<br />

ces représentants de l'église !<br />

57


3 : la terre des daimyo<br />

"Un terrain s'évalue en termes de distance, de difficulté de déplacement, de taille <strong>et</strong><br />

de sécurité."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La terre a toujours été un suj<strong>et</strong> capital au Japon. Presque toutes<br />

les fortunes <strong>et</strong> renommées forgées dans le Japon médiéval<br />

résultent des terres possédées <strong>et</strong> du riz que les paysans y<br />

faisaient pousser. Il est important de se souvenir que le Japon<br />

comptait plus d'habitants que l'Occident médiéval tout entier. Le<br />

Japon a toujours été un pays densément peuplé, ce qui explique<br />

un appétit pour la terre supérieur à celui des autres nations.<br />

Le pays se compose de quatre îles principales : Hokkaido, au<br />

nord, Honshu, l'île principale, <strong>et</strong> les îles secondaires de Shikoku<br />

<strong>et</strong> Kyushu. Hokkaido n'est pas présente dans Shogun: Total War<br />

pour la simple <strong>et</strong> bonne raison que le contrôle de c<strong>et</strong>te île<br />

n'avait aucune importance stratégique ou tactique lors de l'ère Sengoku. Ce n'était alors<br />

qu'un "trou perdu" <strong>et</strong> glacial occupé par le peuple des Ainu, premiers habitants du Japon.<br />

Honshu était l'île la plus importante (<strong>et</strong> le reste à ce jour). C'est en acquérant le contrôle<br />

des provinces d'Honshu que le clan Tokugawa connut le succès. Cependant, ce serait<br />

comm<strong>et</strong>tre une erreur que de négliger l'importance de Shikoku <strong>et</strong> de Kyushu. En eff<strong>et</strong>, de<br />

puissants daimyo virent le jour sur ces îles. Les détroits qui les entourent forment de<br />

magnifiques douves naturelles derrière lesquelles de puissantes armées peuvent s'entraîner<br />

sans danger !<br />

"Une armée victorieuse gagne avant de penser à combattre. Une armée vaincue<br />

commence à combattre avant d'envisager la victoire."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Le continent asiatique est suffisamment éloigné à l'ouest pour rendre toute action des<br />

armées d'<strong>invasion</strong> pour le moins "incommode". Les Mongols l'ont appris à leurs dépens.<br />

C<strong>et</strong>te situation perm<strong>et</strong> aux daimyo de s'affronter sans avoir à se soucier réellement de<br />

l'arrivée d'une armée chinoise ou <strong>mongol</strong>e susceptible de vouloir tirer avantage de la guerre<br />

civile japonaise. Peut-être l'ère Sengoku n'aurait-elle jamais existé si les daimyo avaient dû<br />

tenir compte de menaces externes... Rappelons que les anciennes cités grecques se<br />

querellaient sans cesse, alors que les Perses tentaient régulièrement de les envahir.<br />

les provinces<br />

Malgré l'échelle stratégique dans Shogun: Total War, les provinces sont différentes du point<br />

de vue fonctionnel. Chaque province du jeu a une valeur relative à l'argent qu'elle produit<br />

(estimé en koku de riz), à sa position stratégique <strong>et</strong> au prestige que le fait de la posséder<br />

apporte au daimyo qui la contrôle. Ceci est vrai quel que soit l'endroit où se trouve la<br />

province. Le daimyo fixe le taux des impôts dans tout son domaine, mais les provinces<br />

riches <strong>et</strong> bien développées rapportent évidemment plus. Le daimyo doit également bien<br />

58<br />

équilibrer ses besoins en argent afin de payer pour ses armées, ses fortifications, ses<br />

espions, sans compter le reste qui sert à éviter les révoltes paysannes. Les groupes de<br />

défense Ikki de paysans <strong>et</strong> de ji-samouraï ne resteront pas loyaux éternellement si leurs<br />

seigneurs les harcèlent d'impôts !<br />

Une province telle que Yamato ou Hida, sur l'île principale de Honshu, est utile d'un point<br />

de vue stratégique car elle perm<strong>et</strong> à ses propriétaires de lancer des attaques dans n'importe<br />

quelle direction. Mais c<strong>et</strong> avantage stratégique peut s'avérer une faiblesse pour un suzerain<br />

peu habile, car il est également possible d'envahir la province de toutes parts. A l'inverse<br />

l'une des provinces de Kyushu est excellente du point de vue défensif, mais isolée du centre<br />

du pouvoir à Kyoto par de nombreuses provinces puissamment défendues. Ces deux types<br />

de provinces présentent des avantages pour tout daimyo habile sachant ne pas limiter<br />

l'avenir à l'issue de leur prochaine bataille.<br />

"Un général sage tente de tirer avantage des ressources des terres ennemies. Chaque<br />

boisseau de nourriture pris à l’ennemi équivaut à 12 boisseaux transportés par ses<br />

propres guerriers."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les provinces diffèrent également les unes des autres sur des aspects importants. Dans<br />

Shogun: Total War de nombreuses provinces possèdent ce qu'on peut appeler une<br />

caractéristique propre. Certaines ont de l'or ou d'autres minerais de valeur que l'on peut<br />

extraire. D'autres ont pour habitants des cavaliers nés, les unités de cavalerie y sont donc<br />

faciles à créer, d'autres encore ont pour tradition de former des ninja. Il vous appartient de<br />

décider si les avantages d'une province valent la peine de la prendre, soit pour vous<br />

perm<strong>et</strong>tre de réaliser vos proj<strong>et</strong>s, soit pour priver l'ennemi de ressources.<br />

Vous pouvez utiliser un shinobi pour connaître les caractéristiques d'une province avant de<br />

l'attaquer. Il faut considérer à la fois sa position stratégique <strong>et</strong> ses revenus avant de la<br />

conquérir ! Il y a bien entendu deux avantages à attaquer les provinces ennemies. Vous<br />

pouvez utiliser les terres ainsi acquises <strong>et</strong> priver par la même occasion votre adversaire de<br />

ses revenus <strong>et</strong> des bâtiments qu'il a fait édifier. L'<strong>invasion</strong> d'une province modifie l'équilibre<br />

du pouvoir en donnant l'avantage au conquérant (plus un pour le vainqueur, moins un pour<br />

le vaincu), <strong>et</strong> peut ouvrir d'autres perspectives stratégiques pour diviser l'ennemi.<br />

Un plaisir supplémentaire dans la conquête d'une province est que vous prenez en même<br />

temps tout château qui s'y trouve. Mais comme vous l'avez déjà appris, prendre un château<br />

n'est pas une chose facile <strong>et</strong> rapide. Il faut soit mener au moins deux batailles ou affamer la<br />

garnison en l'assiégeant. Evidemment, le château sera endommagé au cours de l'opération<br />

(en fait il diminuera d'un niveau) mais cela revient souvent moins cher que d'avoir à en<br />

construire un à partir de rien. Tous les édifices militaires associés au château seront<br />

également pris, sauf si le château lui-même n'est plus assez prestigieux pour les acceuillir. Par<br />

conséquent, le fait de prendre une province peut également ralentir ou paralyser la<br />

production de guerre de l'ennemi tout en donnant un bon coup de fou<strong>et</strong> à la vôtre !<br />

59


ameliorer les provinces<br />

Les daimyo étaient non seulement des chefs de guerre mais aussi de grands propriétaires<br />

terriens. En fait, c'était presque une obligation, l'entr<strong>et</strong>ien d'une armée en campagne était<br />

d'un prix exorbitant. Comme tout propriétaire avisé, les daimyo surveillaient leurs<br />

possessions <strong>et</strong> investissaient pour accroître leurs biens, <strong>et</strong> dans la foulée, pour augmenter les<br />

impôts perçus dans une province.<br />

Dans Shogun: Total War, vous pouvez améliorer des provinces en y investissant des koku.<br />

Vous pouvez améliorer les terres arables dans toutes les provinces au moins une fois (<strong>et</strong><br />

dans la plupart des cas jusqu'à quatre fois) afin d'avoir un revenu annuel supérieur. Celles qui<br />

sont riches en minerai peuvent également être aménagées avec des mines.<br />

Il n'y a rien de plus utile que de découvrir de l'or ou d'autres filons dans votre domaine !<br />

C'est ainsi que le clan Takeda put se perm<strong>et</strong>tre de réduire le niveau des impôts <strong>et</strong> s'offrir<br />

une cavalerie importante. La seule chose qui n'a pas besoin d'être améliorée est la garnison<br />

permanente stationnée dans chaque province. Même sans posséder d'armée en campagne,<br />

tout daimyo peut se baser sur une armée de paysans, d'ashigaru <strong>et</strong> de ji-samouraï pour<br />

protéger ses intérêts. Ceux-ci se transforment en eff<strong>et</strong> en unités spéciales sur tout champ<br />

de bataille lorsque le daimyo se trouve sur son propre territoire. Même si le daimyo ne<br />

contrôle pas la province, sa garnison reste en place pour protéger ses foyers.<br />

les tours <strong>et</strong> forts frontaliers<br />

Dans Shogun: Total War, tout daimyo peut effectuer deux améliorations "non économiques".<br />

Il peut commencer par construire une tour frontalière dans toutes les provinces qu'il<br />

contrôle. Cela ne lui perm<strong>et</strong>tra pas de défendre ses frontières, mais il pourra savoir tout ce<br />

qui se passe dans les provinces voisines. Ensuite, il peut construire un fort frontalier qui a un<br />

rôle de contre-espionnage dans la province où il est construit. Cela empêche tout<br />

simplement les ennemis d'avoir la moindre information sur ladite province. Ces<br />

constructions augmentent également la loyauté des paysans.<br />

Les catastrophes<br />

Depuis toujours, le Japon est un pays où les<br />

constructions humaines peuvent être détruites<br />

en un instant. Les tremblements de terre sont<br />

une menace permanente, détruisant toutes les<br />

constructions <strong>et</strong> les améliorations d'une<br />

province. Heureusement, ils ne sont pas<br />

fréquents.<br />

Tout aussi dangereux <strong>et</strong> coûteux sont les<br />

typhons (ce terme est directement repris du<br />

japonais). Ces ouragans puissants traversent le<br />

Pacifique <strong>et</strong> balaient la terre ferme en dévastant<br />

les provinces côtières. La côte ouest du Japon se trouve en face de la Chine <strong>et</strong> la mer n'est<br />

pas assez étendue pour perm<strong>et</strong>tre le développement de ces ouragans. Les provinces<br />

côtières de l'ouest sont donc à l'abri des typhons.<br />

60<br />

Les rébellions, révoltes paysannes <strong>et</strong> ronin<br />

Toutes les provinces du jeu ne sont pas commandées par un daimyo. Tout comme dans le<br />

Japon historique, il existe des provinces où les Ikko-ikki se débarrassèrent de leurs seigneurs<br />

alors que dans d'autres sévissent des révoltes paysannes.<br />

Dans Shogun: Total War, toute province a un niveau de loyauté qui montre les sentiments<br />

des paysans <strong>et</strong> des ji-samouraï envers leur seigneur <strong>et</strong> qui varie selon certains facteurs. A<br />

longue échéance, les eff<strong>et</strong>s des impôts écrasants sont les plus ravageurs pour la loyauté.<br />

C'est évidemment une excellente manière de se procurer des revenus, mais cela peut aussi<br />

provoquer des troubles. Comme vous le verrez dans une autre rubrique, l'introduction <strong>et</strong> le<br />

développement du christianisme, risque également d'avoir des eff<strong>et</strong>s sur la loyauté des<br />

populations. Les révoltes ont une fâcheuse tendance à se répandre si on ne les contrôle pas,<br />

car les paysans d'une province auront envie de se rebeller s'ils constatent que cela réussit à<br />

leurs voisins. Comme si cela ne suffisait pas, il arrive que les paysans se révoltent si leurs<br />

récoltes sont maigres ou s'ils ont subi une catastrophe naturelle. Ils estiment qu'après tout<br />

qu'il vaut mieux conserver leurs récoltes amoindries <strong>et</strong> affronter la colère du daimyo plutôt<br />

que de mourir de faim après lui avoir donné la plus grande partie sous forme d'impôts.<br />

Mais le daimyo peut aussi, <strong>et</strong> veut certainement, agir pour le bien de ses provinces. Il peut<br />

par exemple y stationner une garnison en permanence, ce qui peut éliminer les velléités de<br />

révolte <strong>et</strong> s'avérer très utile en cas d'<strong>invasion</strong> d'un voisin ambitieux. Les shinobi peuvent<br />

également servir de police secrète pour éliminer les mécontents <strong>et</strong> les contestations. Les<br />

tours <strong>et</strong> forts frontaliers rassureront les paysans <strong>et</strong> ils constateront par la même occasion<br />

que leurs impôts sont utilisés pour leur protection <strong>et</strong> non pas pour payer les caprices<br />

militaires du daimyo. De la même façon, il est plutôt rentable à long terme de faciliter la vie<br />

des paysans en améliorant leurs fermes, la popularité du daimyo s'en trouve accrue.<br />

Un autre facteur est susceptible de provoquer des révoltes : une province qui vient d'être<br />

conquise risque de ne pas se soum<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> de rester fidèle au précédent seigneur si<br />

l'occasion lui en est donnée. Une révolte peut éclater si aucune garnison n'est stationnée<br />

dans une province récemment conquise (<strong>et</strong> il vaut mieux aussi y infiltrer un shinobi). Un<br />

"changement de propriétaire" nécessite environ cinq ans pour s'enraciner dans les coeurs <strong>et</strong><br />

les esprits de la population, c'est une chose qu'il ne faut pas oublier lorsque vous fixez les<br />

taux d'impôts <strong>et</strong> que vous manoeuvrez vos troupes dans les environs.<br />

Cependant, tôt ou tard, une révolte risque d'éclater au cours d'une partie de Shogun: Total<br />

War. En fonction de la cause de la révolte, elle peut se transformer en menace directe ou<br />

en problème qui peut attendre (mais pas trop longtemps, les révoltes se répandent<br />

facilement !).<br />

Du point de vue du daimyo, la révolte la moins dangereuse est celle des paysans : les Ikki<br />

lèvent une armée d'ashigaru lanciers pour défendre leurs foyers, mais avec un peu de doigté,<br />

une armée de samouraï peut venir à bout de ce genre de rébellion.<br />

Les révoltes religieuses sont un peu plus dangereuses du fait qu'elles génèrent des armées<br />

de meilleure qualité composées d'adeptes fanatiques. Une rébellion de chrétiens mobilise<br />

une armée de samouraï souvent soutenus par des arquebusiers ashigaru. Par contre, une<br />

révolte d'Ikko-ikki bouddhistes ne comporte pas d'arquebusiers, l'arquebuse étant une arme<br />

"chrétienne", mais l'armée peut comporter un nombre respectable de moines combattants.<br />

Dans les deux cas, ces révoltes peuvent être très difficiles à écraser rapidement en raison de<br />

la quantité <strong>et</strong> de la qualité des forces rebelles.<br />

Enfin, <strong>et</strong> uniquement dans les provinces conquises depuis peu, il existe un risque de se<br />

heurter à une faction "loyaliste" (fidèle à l'ancien daimyo) qui tente de prendre le pouvoir.<br />

61


C'est là une épée à double tranchant, tout dépend si vous êtes victime de la rébellion ou si<br />

vous êtes le daimyo auquel les loyalistes restent fidèles. Si vous êtes la victime, dès que la<br />

province se soulève, vous affronterez une armée de samouraï soutenant le seigneur<br />

précédent. Si vous bénéficiez de c<strong>et</strong>te révolte, vous serez tout à coup à la tête d'une armée<br />

de samouraï flambant neuve, dans votre ancienne province !<br />

En dernier lieu, après la mort d'un daimyo resté sans héritier, son domaine ne disparaît pas<br />

purement <strong>et</strong> simplement. Il éclate en "mini états" indépendants dirigés par des ronin, les<br />

anciens guerriers du daimyo disparu. Ces ronin ressemblent peut-être à des rebelles, mais<br />

ce sont des guerriers qui travaillent pour leur propre compte <strong>et</strong> tentent d'étendre leur<br />

puissance. Ils comptent parmi les forces indépendantes les plus dangereuses de Shogun: Total<br />

War, mais heureusement, ils manquent un peu de coordination dans leurs actions. Les ronin<br />

ont en général tendance à agir de façon égoïste, sans se préoccuper de venir en aide au<br />

ronin voisin qui se trouve attaqué.<br />

la religion<br />

Tôt ou tard, tout daimyo dans Shogun: Total<br />

War devra prendre une décision concernant ses<br />

convictions religieuses, ce qui peut avoir<br />

d'énormes conséquences sur la loyauté de ses<br />

suj<strong>et</strong>s. L'arrivée du christianisme introduit par<br />

les Portugais <strong>et</strong> en particulier par les Jésuites<br />

changea l'équilibre atteint au Japon entre le<br />

bouddhisme, la discipline zen <strong>et</strong> le shintôisme.<br />

La Compagnie de Jésus – les Jésuites – avait été<br />

créée en Occident comme "soldats de la<br />

Contre-réforme" afin de vaincre le<br />

protestantisme. C'étaient non seulement des membres d'un ordre militaire, mais aussi des<br />

intellectuels éclairés, des diplomates consommés <strong>et</strong> d'excellents guerriers. Les Jésuites<br />

faisaient souvent partie d'expéditions exploratoires parce qu'ils représentaient dignement le<br />

pape. Au Japon, leur esprit martial attira immédiatement les samouraï, une attitude qu'ils<br />

avaient héritée de leur fondateur, Ignace de Loyola, qui avait été militaire.<br />

Cependant, le christianisme demandant l'abandon des croyances précédentes, il n'était plus<br />

possible d'accepter des compromis comme auparavant. En conséquence, les frictions<br />

augmentèrent entre les adeptes de la nouvelle religion <strong>et</strong> les éléments les plus militants du<br />

bouddhisme.<br />

Dans Shogun: Total War, c<strong>et</strong>te tension se reflète dans la baisse que peut subir la loyauté<br />

d'une province si la religion de la majorité de la population ne correspond pas à celle de son<br />

daimyo. Disons pour simplifier qu'un daimyo bouddhiste aura la tâche plus facile pour diriger<br />

<strong>et</strong> recevoir les impôts d'une population à prédominance bouddhiste. Ceci est valable<br />

également pour un daimyo chrétien régnant sur une population chrétienne.<br />

Chaque religion a ses propres avantages : le fait de devenir chrétien perm<strong>et</strong> au daimyo<br />

d'acquérir des armes à feu plus tôt dans le jeu (en fait à l'arrivée des marchands portugais<br />

qui s'intéressent essentiellement à l'or). Le fait de rester bouddhiste perm<strong>et</strong> au daimyo de<br />

recruter des moines combattants aguerris <strong>et</strong> habiles.<br />

62<br />

Quel que soit le cas de figure, l'affiliation religieuse majeure d'une province se dirigera vers<br />

la foi "<strong>officielle</strong>", c'est-à-dire celle du daimyo de la province, <strong>et</strong> pourra être influencée par les<br />

églises chrétiennes ou les temples bouddhistes qui rassembleront le soutien des populations<br />

proches.<br />

Enfin <strong>et</strong> comme noté précédemment, il se peut que les différences religieuses entre un<br />

daimyo <strong>et</strong> la population deviennent un facteur majeur déclenchant une révolte !<br />

les constructions militaire<br />

dans Shogun: Total War<br />

Les constructions japonaises ont toujours été érigées afin de pouvoir résister aux<br />

tremblements de terre. Les structures de bois utilisées pour édifier les bâtiments<br />

traditionnels représentaient une solution sensée <strong>et</strong> pratique pour prévenir les dommages<br />

causés par les séismes. Un bâtiment en bois, léger, avait plus de chances de "plier" <strong>et</strong> de<br />

suivre les mouvements du séisme que de s'effondrer à la première secousse !<br />

Ceci ne signifie pas que les bâtiments de pierre n'existaient pas au Japon. Les constructions<br />

en pierre sont apparues en réponse à l'arrivée de la poudre à canon <strong>et</strong> à son usage à grande<br />

échelle. Comme dans le reste du monde, les châteaux japonais ne furent d'abord que des<br />

structures purement défensives, avant de se transformer progressivement en lieux de<br />

résidence fortifiés. Avec les années <strong>et</strong> l'évolution des tactiques militaires, les châteaux<br />

devinrent de plus en plus élaborés. Les meilleurs châteaux japonais, édifiés à la fin de l'ère<br />

Sengoku, n'avaient rien à envier aux forteresses bâties dans le reste du monde à la même<br />

époque, bien au contraire si l'on pense au confort <strong>et</strong> aux commodités dont ils disposaient.<br />

Avant l'arrivée des premiers canons au Japon, la principale méthode pour attaquer un<br />

château était de lancer des flèches enflammées à l'intérieur en espérant qu'il prendrait feu.<br />

En général, c<strong>et</strong>te tactique fonctionnait parfaitement contre les bâtiments de bois à portée<br />

de flèches. Dès la construction de murs en pierre, les défenses intérieures étaient hors de<br />

portée des flèches enflammées.<br />

"Ceux qui savent utiliser des méthodes peu orthodoxes sont sans limites, comme le ciel<br />

<strong>et</strong> la terre, <strong>et</strong> inépuisables, comme les grands fleuves. Quand ils atteignent un terme,<br />

ils recommencent, comme les jours <strong>et</strong> les mois. Ils meurent <strong>et</strong> renaissent, comme les<br />

quatre saisons."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Shogun: Total War ne comporte pas de batailles conséquentes à un siège. En eff<strong>et</strong>, nous<br />

avons estimé qu'établir un long siège autour d'un château n'était pas une option très<br />

excitante <strong>et</strong> pouvait même rendre le jeu ennuyeux. Les sièges sont menés de façon directe<br />

afin de ne pas vous embarrasser de détails. La plupart du temps, la guerre de siège n'avait<br />

rien d'héroïque ou de dramatique. En fait, c'était plutôt une affaire assez sordide. Si vous<br />

voulez savoir à quoi ressemblait un siège, imaginez le camping le plus surpeuplé dans lequel<br />

vous ayez séjourné, ajoutez-y une nourriture <strong>total</strong>ement pourrie, pas d'eau potable, pas de<br />

toil<strong>et</strong>tes, un mauvais temps constant, aucune chance de se laver pendant des semaines <strong>et</strong><br />

aucune possibilité de rejoindre un endroit plus accueillant. Ajoutez des maladies diverses <strong>et</strong><br />

variées (provoquées par la nourriture, le mauvais temps, le manque d'hygiène <strong>et</strong> la<br />

surpopulation), quelques accès de violence de la part des assiégés tentant de vous tuer, ou<br />

de votre part si vous décidez de pénétrer dans le château <strong>et</strong> de tuer tout le monde.<br />

63


Bien sûr, à certaines occasions, aucun des ennuis <strong>et</strong> complications provoqués par la guerre<br />

de siège n'avait d'importance. A Osaka, en 1615, par exemple, comme durant d'autres<br />

sièges, les troupes placées à l'intérieur du château quittèrent la protection des murs pour<br />

affronter l'ennemi à l'extérieur, en terrain découvert. Parfois, briser le siège par une action<br />

unique <strong>et</strong> violente était une bonne tactique. En d'autres occasions, comme dans le cas du<br />

château d'Osaka, les défenseurs préférèrent périr à l'extérieur du château plutôt que de<br />

mourir de faim ou de se faire massacrer à l'intérieur...<br />

les châteaux des samouraï<br />

Dans Shogun: Total War, il existe quatre types de châteaux occupant tous la même fonction.<br />

Ils servent de camp de base aux armées <strong>et</strong> sont les signes visibles de la puissance, de<br />

l'honneur <strong>et</strong> du contrôle exercé par le daimyo sur la province. Sans château, vous ne pouvez<br />

construire aucune autre structure militaire dans toute la province.<br />

Le type de château le plus simple (<strong>et</strong> le moins cher) dans le jeu est le château (château 1).<br />

Tous les autres types de châteaux découlent de c<strong>et</strong>te structure de base. Un château<br />

équivaut grossièrement au manoir fortifié d'un riche propriétaire terrien. Au somm<strong>et</strong> de<br />

l'échelle se trouve la citadelle (château 4). C<strong>et</strong> édifice impressionnant équivaut en taille <strong>et</strong><br />

en splendeur au château d'Osaka. Il est fort probable que pas plus<br />

d'une ou deux citadelles ne seront construites durant une partie de<br />

Shogun: Total War. En plus des défenses habituelles, les châteaux<br />

japonais comportaient des pièges destinés à venir à bout des<br />

assassins ninja.<br />

Tous les châteaux apportent honneur <strong>et</strong> prestige à leur propriétaire.<br />

Ce sont des marques visibles de richesse, de puissance <strong>et</strong> de pérennité, aux yeux des alliés<br />

comme à ceux des ennemis.<br />

A chaque type de château est associé un certain nombre de bâtiments <strong>et</strong> de fonctions<br />

militaires, comme décrit ci-dessous. De manière générale, plus un château est grand <strong>et</strong><br />

prestigieux, plus la qualité des unités <strong>et</strong> bâtiments produits est importante. Ainsi, à une<br />

p<strong>et</strong>ite palissade ne pourront être associés que les types de base de chaque bâtiment, alors<br />

que les châteaux de plus grande taille<br />

attirent des artisans de niveau supérieur ou<br />

légendaire. Ces individus extrêmement<br />

capables aident à la formation de troupes<br />

de meilleure qualité <strong>et</strong> de types plus variés.<br />

Dans Shogun: Total War, vous vous rendrez<br />

rapidement compte qu'il est sage de créer un ou deux grands châteaux dans votre domaine<br />

pour qu'ils fonctionnent comme des "centres d'excellence" spécialisés dans un ou deux types<br />

d'unités, plutôt que de créer un château dans chaque province <strong>et</strong> espérer les perfectionner<br />

tous. Souvenez-vous qu'il est facile de manquer de revenus : récoltes <strong>et</strong> taxes sont prélevées<br />

une fois par an, mais l'argent peut être dépensé tout au long de l'année ! Souvenez-vous<br />

également que les châteaux <strong>et</strong> autres grands bâtiments militaires ne peuvent pas, à eux<br />

seuls, vous conduire jusqu'au titre de <strong>shogun</strong>. Pour l'emporter, vous aurez besoin de<br />

guerriers <strong>et</strong> pas uniquement de lieux où les entraîner !<br />

64<br />

"Certains chemins ne doivent pas être suivis, certaines armées ne doivent pas être<br />

attaquées, certaines citadelles ne doivent pas être assiégées, certains territoires ne<br />

doivent pas servir de champ de bataille <strong>et</strong> il est parfois judicieux de désobéir à certains<br />

ordres civils..."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

la fonderie<br />

Les samouraï fournissaient presque toujours leurs propres armes <strong>et</strong><br />

pièces d'armure. Ce n'était par contre pas le cas des ashigaru<br />

provenant des classes subalternes <strong>et</strong> pauvres. Les daimyo les plus<br />

astucieux de l'ère Sengoku comprirent rapidement l'intérêt de<br />

fournir à ces guerriers un équipement standardisé. En plus de savoir<br />

que tous les hommes étaient correctement équipés, agir ainsi créait<br />

un esprit de corps chez les ashigaru.<br />

Dans Shogun: Total War, une fonderie améliore la résistance des pièces d'armure de toutes<br />

les unités présentes dans la province. Une fonderie peut être améliorée pour atteindre le<br />

statut de célèbre ou de légendaire dans les provinces où se trouvent de grands châteaux.<br />

Unités <strong>et</strong> pièces d'armure bénéficient également de ces améliorations.<br />

"Ce qui compte dans une guerre, c’est la victoire, pas l’obstination."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

LE DOJO DES ARCHERS<br />

A l'origine, les samouraï se définissaient en fonction de leur aptitude<br />

au tir à l'arc, <strong>et</strong> plus particulièrement à cheval. La fabrication des<br />

magnifiques arcs asymétriques des samouraï nécessitait toute<br />

l'expertise d'habiles artisans. Il était dans l'intérêt de tout seigneur<br />

d'encourager - <strong>et</strong> de rémunérer largement - une telle dextérité dans<br />

son domaine <strong>et</strong> de s'assurer de la présence d'un nombre suffisant de<br />

sensei pour former les hommes au maniement de l'arc. Le dojo des archers est également<br />

l'une des améliorations militaires essentielles pouvant être construite dans n'importe quelle<br />

province disposant d'un château.<br />

Dès le début de l'ère Sengoku, l'utilisation de l'arc commença à perdre de son importance.<br />

Ce processus ne fît que s'accélérer avec l'apparition des arquebuses. La présence d'un dojo<br />

des archers perm<strong>et</strong> la formation de samouraï archers. En présence d'un grand château, le<br />

dojo des archers peut atteindre le statut de célèbre ou de légendaire perm<strong>et</strong>tant ainsi la<br />

formation de samouraï archers possédant un niveau d'honneur supérieur.<br />

"Apprenez à connaître le ciel <strong>et</strong> la terre <strong>et</strong> la victoire vous sera acquise."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

65


les eguses <strong>et</strong> cathedrales<br />

Les Portugais introduisirent non seulement un arsenal moderne sous<br />

forme d'armes à feu, mais ils importèrent également une religion : le<br />

catholicisme. Les Jésuites débarquant au Japon répandirent un<br />

christianisme militant en raison de leur formation de "soldats de la<br />

Contre-réforme”. Leur chef, Ignace de Loyola, avait embrassé la<br />

carrière militaire <strong>et</strong> imprima à son ordre un esprit martial qui allait<br />

attirer les samouraï. Peu d'années après leur arrivée, les Jésuites avaient déjà converti un<br />

nombre respectable de personnes. Les persécutions du <strong>shogun</strong>at Tokugawa ne surviendront<br />

que quelques années plus tard.<br />

Ayant converti bon nombre de Japonais, les Jésuites ne perdirent<br />

pas de temps pour construire des églises à l'usage des nouveaux<br />

fidèles <strong>et</strong> comme signe visible de leur influence. Les daimyo qui<br />

souhaitent édifier des églises jésuites doivent avoir adopté la religion<br />

chrétienne. Une fois construites, les églises aident à la diffusion de la<br />

doctrine chrétienne dans la population locale, augmentant le<br />

nombre de chrétiens dans les provinces voisines <strong>et</strong>, à plus long terme, réduisant les risques<br />

de révolte religieuse.<br />

C'est dans les églises que sont formés les prêtres. Il est possible d'améliorer ces bâtiments<br />

pour en faire des cathédrales pouvant répandre plus avant la bonne parole chrétienne.<br />

l'ecole de geisha<br />

l'àrmurerie<br />

Une fois tous les éléments culturels construits dans sa province<br />

(temple, jardin zen <strong>et</strong> légendaire maison du thé), un daimyo peut<br />

ajouter la touche finale : une école de geisha. Les écoles de geisha<br />

ne peuvent être bâties que si vous possédez un des châteaux les<br />

plus vastes <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent la formation de geisha qui seront ensuite<br />

utilisées comme espionnes <strong>et</strong> messagères.<br />

Une fois la science des arquebuses acquise par tous, les daimyo ne<br />

tardèrent pas à faire fabriquer ces armes par leurs propres artisans.<br />

Les armes occidentales étaient parfaites, mais ayant traversé la<br />

moitié du globe, elles étaient chères. Avec une rapidité<br />

remarquable, les artisans Japonais furent capables de fabriquer des<br />

arquebuses de la même qualité que celles venant de l'étranger.<br />

Dans Shogun: Total War, il n'est possible de créer une armurerie que lorsque l'on possède un<br />

grand château.<br />

66<br />

le dojo des cavaliers<br />

La cavalerie a tout naturellement besoin de nombreux chevaux,<br />

nécessaires aux combats comme aux déplacements. Prendre part à<br />

une bataille est une expérience effrayante <strong>et</strong> déroutante pour un<br />

homme, <strong>et</strong> c'est encore pire pour un animal. Entraîner un cheval<br />

pour qu'il ne rechigne pas à charger l'ennemi nécessite du temps <strong>et</strong><br />

des compétences. Les chevaux étaient également entraînés pour<br />

donner des coups de sabot <strong>et</strong> mordre les ennemis. Ainsi, chaque samouraï devait posséder<br />

au moins deux chevaux. En eff<strong>et</strong>, un cheval aguerri au combat était trop précieux (<strong>et</strong><br />

probablement trop dangereux) pour être utilisé comme un simple moyen de locomotion.<br />

Les samouraï avaient donc recours à des montures plus ordinaires pour se rendre jusqu'au<br />

champ de bataille.<br />

Il est impossible de construire un dojo des cavaliers quand on ne possède qu'un château de<br />

base (château de niveau 1). Il faut qu'un dojo des archers ou un dojo des lanciers soit déjà<br />

présent sur le même site. Il est possible d'améliorer un dojo des cavaliers pour lui faire<br />

atteindre le statut de célèbre ou de légendaire. C'est dans ce bâtiment que sont formés les<br />

archers à cheval <strong>et</strong> les cavaliers yari. Si vous possédez une fonderie, en plus d'un célèbre<br />

dojo des cavaliers, vous pourrez former des unités de cavalerie lourde.<br />

"Battez-vous en descendant la colline, jamais en gravissant ses flancs."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

l'ecole de ninja<br />

Les très secr<strong>et</strong>s ninja ont besoin de leur propre dojo pour y<br />

apprendre les arts obscurs de l'assassinat <strong>et</strong> de l'espionnage. Leurs<br />

armes <strong>et</strong> leurs compétences sont si particulières que seul un maître<br />

ninja peut espérer réussir à former ses disciples. Dans le meilleur<br />

des cas, il faut des années pour former, en commençant dès<br />

l'enfance, une de ces redoutables machines à tuer.<br />

Il n'est possible de construire une infâme école de ninja qu'après qu'une forteresse ait été<br />

bâtie.<br />

le port<br />

Il est possible d'installer un port dans n'importe quelle province déjà<br />

dotée d'un château. C<strong>et</strong>te structure perm<strong>et</strong> la formation<br />

d'émissaires <strong>et</strong> d'espions tout en perm<strong>et</strong>tant de percevoir un bonus<br />

composé de revenus commerciaux. Le port perm<strong>et</strong> également le<br />

transport, par mer, d'unités militaires vers d'autres provinces.<br />

Il est indispensable de construire un port pour pouvoir améliorer un comptoir ou une<br />

armurerie près d'un grand château.<br />

67


les comptoirs commerciaux portugais<br />

<strong>et</strong> hollandais<br />

Alors que les samouraï connaissaient les armes à feu chinoises, par exemple les grenades à<br />

main dont sont équipés les combattants éclair coréens dans les batailles datant de l'ère de<br />

l'<strong>invasion</strong> <strong>mongol</strong>e, ce sont les marchands portugais qui introduisirent l'arquebuse au Japon.<br />

Ce sont des artisans japonais qui fabriquèrent la plupart des armes à feu utilisées par les<br />

samouraï <strong>et</strong> ashigaru, mais ces armes étaient inspirées des échantillons fournis par les<br />

marchands européens. De plus, la poudre à canon venue d'Occident était considérée<br />

comme de meilleure qualité que celle produite au Japon. Il est donc très utile, pour tout<br />

daimyo ambitieux, de posséder un comptoir sur ses terres.<br />

Les Portugais <strong>et</strong> les Jésuites étaient déjà sur place depuis un certain temps, lors de l’arrivée<br />

des Hollandais. Ceux-ci faisaient preuve de la même volonté de fournir des arquebuses à<br />

tout daimyo disposé à commercer avec eux, mais n'imposaient pas le catholicisme dans le<br />

contrat, leur nation étant majoritairement protestante. Les Hollandais n'avaient pas la même<br />

volonté que les Jésuites de convertir la terre entière, pour eux, l'important était de faire de<br />

l'argent, pas de sauver l'âme de leurs clients !<br />

Pour pouvoir établir un comptoir, vous devez posséder un château. Un daimyo peut<br />

accueillir soit des Portugais, soit des Hollandais sur son territoire, mais en aucun cas les<br />

deux.<br />

le dojo des lanciers<br />

Le dojo est un lieu d'entraînement dans lequel un sensei - personne maîtrisant parfaitement<br />

une compétence, un métier ou un art - peut transm<strong>et</strong>tre son savoir à ses disciples, dans un<br />

environnement serein <strong>et</strong> studieux. Ceci est valable pour les arts martiaux aussi bien que<br />

pour des activités plus pacifiques. Les daimyo encouragent les meilleurs sensei à s'établir sur<br />

leur territoire <strong>et</strong> à commencer leur enseignement afin qu'ils transm<strong>et</strong>tent leur savoir, mais<br />

également pour bénéficier de la renommée <strong>et</strong> de l'honneur que tout véritable sensei peut<br />

apporter à son protecteur.<br />

Le dojo des lanciers perm<strong>et</strong> la formation d'ashigaru yari ainsi que de samouraï yari. Il peut<br />

être amélioré pour atteindre le statut de célèbre ou de légendaire, si vous possédez déjà un<br />

grand château. Le célèbre dojo des lanciers perm<strong>et</strong> la formation de samouraï naginata si une<br />

fonderie est déjà présente près du château.<br />

68<br />

le dojo des br<strong>et</strong>teurs<br />

Le sabre est l'arme la plus étroitement associée au samouraï <strong>et</strong> en apprendre le maniement<br />

correct requiert du temps <strong>et</strong> un entraînement assidu. Il existait de nombreuses écoles de<br />

sabre au Japon <strong>et</strong> les disciples des différents styles n'hésitaient pas à s'affronter en duel afin<br />

de prouver leur supériorité. Même Miyamoto Musashi, le plus grand des guerriers samouraï,<br />

tua, dans sa jeunesse, bon nombre d'adversaires au cours de tels duels, principalement pour<br />

prouver que ses méthodes d'enseignement étaient le meilleur moyen d'apprendre à utiliser<br />

une épée...<br />

Un daimyo ne peut construire un dojo des br<strong>et</strong>teurs que lorsque l'un des samouraï de son<br />

armée a atteint le rang de br<strong>et</strong>teur légendaire en tuant de nombreux adversaires sur le champ<br />

de bataille. Voici une raison de plus de faire en sorte que vos hommes non seulement<br />

survivent, mais surtout prospèrent. Comme le dojo des cavaliers, le dojo des br<strong>et</strong>teurs ne<br />

peut pas être construit dans les provinces ne possédant qu'un p<strong>et</strong>it château, mais une fois<br />

construit, il peut servir à la formation d'unités de samouraï no-dachi. Il est possible d'améliorer<br />

un dojo des br<strong>et</strong>teurs pour lui faire atteindre le statut de célèbre ou de légendaire.<br />

l'àrmurier<br />

Tout daimyo avisé, possédant un grand<br />

château, s'attachera les services d'un<br />

armurier expérimenté. Les armuriers<br />

améliorent la capacité d'attaque de tous les<br />

hommes formés dans la région. L'armurier<br />

maîtrise l'art ancestral de la fabrication des<br />

lames <strong>et</strong> produit des armes d'une telle qualité que rien ne peut les surpasser. Il est<br />

également possible d'améliorer ses installations pour lui faire atteindre le statut de célèbre ou<br />

de légendaire.<br />

"Maîtriser la voie du sabre signifie gouverner le monde <strong>et</strong> soi-même, c'est pourquoi le<br />

katana constitue la base de la stratégie. L'homme qui possède la vertu du katana peut<br />

battre dix hommes. Si un tel homme peut en affronter dix, alors cent hommes comme<br />

lui peuvent en vaincre un millier, <strong>et</strong> un millier, dix mille. Ma stratégie considère dix<br />

mille hommes comme un seul homme, c'est là la voie du guerrier."<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

la maison du the<br />

"La plume <strong>et</strong> l'épée unies" décrit de manière simplifiée, mais<br />

opportune, le destin du samouraï. Les samouraï ne devaient pas<br />

seulement être d'habiles guerriers, mais également des hommes<br />

cultivés, capables de composer des haiku <strong>et</strong> de participer à la<br />

cérémonie du thé. L'une des raisons pour lesquelles le Japon sombra<br />

dans le chaos de la guerre civile s'explique par le goût immodéré<br />

dont firent preuve les Shogun Ashikaga pour la cérémonie du thé <strong>et</strong> autres distractions.<br />

Dans les provinces comportant un grand château, la maison du thé peut être améliorée<br />

jusqu'à atteindre le statut de célèbre ou de légendaire.<br />

69


le temple bouddhiste<br />

Bien que la vie religieuse soit faite de contemplation <strong>et</strong> de<br />

méditation, certains ordres religieux prônaient les prouesses<br />

militaires tout autant que les prières. Au Japon, divers ordres de<br />

moines combattants bouddhistes, aussi redoutables que n'importe<br />

quel autre guerrier de l'époque, ne faisaient preuve d'aucune<br />

réticence quand il s'agissait de s'impliquer dans des problèmes<br />

politiques au-delà des murs du temple. Comme nous l'avons déjà vu, le clan Nobunaga<br />

connut de temps à autre des problèmes avec les moines combattants. Ces moines étaient<br />

de précieux alliés, mais comme le montre l'histoire du Japon, en garder le contrôle s'avérait<br />

souvent problématique.<br />

Posséder un temple aide à renforcer les doctrines bouddhistes chez les habitants des<br />

provinces voisines <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> ainsi de réduire l'influence du christianisme sur ces terres.<br />

C'est dans les temples que sont formés les moines. Un daimyo peut construire des célèbres<br />

temples, voire même des grands temples en fonction du type de château qu'il possède <strong>et</strong><br />

ainsi former des moines de plus en plus expérimentés. Les célèbres temples <strong>et</strong> les grands<br />

temples perm<strong>et</strong>tent également de repousser l'avancée de l'influence chrétienne de manière<br />

plus efficace.<br />

le jardin zen<br />

Au Japon, les temples sont des constructions spacieuses comprenant un jardin perm<strong>et</strong>tant<br />

de se reposer <strong>et</strong> de méditer. Les demeures japonaises étant constituées de bambou <strong>et</strong> de<br />

murs en papier, le jardin était l'endroit idéal où avoir une conversation privée avec ses<br />

émissaires, espions ou autres représentants, à l'abri des oreilles indiscrètes des gardes <strong>et</strong><br />

serviteurs.<br />

A partir du moment où vous possédez un château, quelle qu'en soit la taille, vous pouvez<br />

construire un jardin zen. Cependant, posséder un tel jardin est une condition préalable à<br />

l'édification des temples <strong>et</strong> des églises.<br />

LES DEFENSES FRONTALIERES<br />

Plus votre empire grandira, plus vous<br />

devrez vous assurer que vos provinces<br />

sont efficacement défendues. Les tours<br />

frontalières sont particulièrement utiles<br />

car elles perm<strong>et</strong>tent de garder un oeil sur<br />

les provinces avoisinantes. C'est à ces<br />

endroits que les commerçants <strong>et</strong> paysans<br />

de passage sont interrogés <strong>et</strong> que des renseignements concernant les armées <strong>et</strong> unités<br />

adverses sont recueillies. Les forts frontaliers, quant à eux, perm<strong>et</strong>tent, en plus, de bloquer<br />

efficacement les frontières afin de compliquer les missions d'infiltration des espions ennemis.<br />

70<br />

LE DOJO DE PERFECTIONNEMENT<br />

L'entraînement de guerriers ne consiste pas seulement à leur<br />

apprendre le maniement des armes. Ils doivent également<br />

apprendre à mener un combat avec cohérence <strong>et</strong> toutes les armées<br />

ont développé des entraînements perfectionnés afin d'inculquer<br />

cohésion <strong>et</strong> discipline au groupe. Le perfectionnement est surtout<br />

basé sur l'apprentissage de méthodes pratiques perm<strong>et</strong>tant de<br />

manier des armes en groupe. Il est évident que de nombreux guerriers brandissant de<br />

longues lances ont intérêt à penser <strong>et</strong> à se déplacer comme un seul homme, ou c'est la<br />

confusion garantie !<br />

Le dojo de perfectionnement perm<strong>et</strong> de produire des unités avec une meilleure discipline. Il<br />

nécessite l'existence d'un palais au même endroit.<br />

Le dojo des ninja de choc<br />

Le dojo des ninja de choc diversifie encore les aptitudes déjà très<br />

particulières des ninja en matière d'espionnage <strong>et</strong> d'assassinat. Ces<br />

unités reçoivent une formation pratique leur perm<strong>et</strong>tant de se<br />

dissimuler <strong>et</strong> d'intervenir comme "forces spéciales" sur le champ de<br />

bataille. Les ninja de choc entraînés dans ce dojo constituent une<br />

force qui ne peut être ignorée !<br />

Ce dojo nécessite un dojo des br<strong>et</strong>teurs (de n'importe quel niveau) <strong>et</strong> une infâme école de<br />

ninja pour pouvoir être construit.<br />

4 : trois campagnes de<br />

samouraï<br />

Les trois campagnes historiques présentées dans Shogun: Total War – Gold Edition ont toutes<br />

eu lieu au cours des dernières années de l'ère Sengoku jidai, "L'Age du pays en guerre”. Les<br />

acteurs principaux de c<strong>et</strong>te époque se battirent pour leur suprématie au Japon <strong>et</strong> écrasèrent<br />

impitoyablement leurs rivaux. Dans les chapitres précédents de ce manuel, nous avons déjà<br />

été témoins de la cruauté d'Oda Nobunaga envers ses ennemis <strong>et</strong> de ses capacités<br />

guerrières.<br />

Ces campagnes vous donnent l'occasion d'observer les samouraï dans toute leur splendeur,<br />

c'est à dire en pleine action sur un champ de bataille. Vous pourrez vous aussi réaliser les<br />

exploits d'Oda Nobunaga, de Tokugawa Ieyasu <strong>et</strong> de Toyotomi Hideyoshi, les trois<br />

personnages clés qui mirent fin au sengoku jidai <strong>et</strong> imposèrent leur loi au Japon. Leurs<br />

chemins se croisèrent souvent, comme rivaux <strong>et</strong> comme alliés, <strong>et</strong> vous remarquerez par<br />

exemple que Tokugawa Ieyasu, un jeune homme à l'époque, participait à la bataille<br />

d'Anegawa menée par Oda Nobunaga.<br />

“Les victoires remportées par les guerriers ne comptent pas pour leur intelligence ou<br />

leur bravoure. Elles ne sont pas le fait de la chance, car ils se m<strong>et</strong>tent dans une<br />

position telle qu'ils vaincront à coup sûr, dominant ceux qui sont déjà vaincus.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

71


Les historiens qui étudient d'autres versions ou des versions postérieures de l'histoire se<br />

demandent souvent "Que serait-il arrivé si Tokugawa Ieyasu ne s'était pas érigé comme<br />

<strong>shogun</strong> incontesté du Japon ?” Quelles auraient été les chances qu'un autre daimyo prenne<br />

sa place <strong>et</strong> qu'une autre famille dirige le Japon ? Les historiens étudiant les documents<br />

apocryphes prennent en compte l'importance de l'histoire. Aucun événement n'est<br />

prédestiné <strong>et</strong> les choses ne devaient pas forcément se passer de c<strong>et</strong>te façon. Oda Nobunaga<br />

n'avait aucune certitude de vaincre, tout comme vous ne serez pas sûr d'en faire autant en<br />

menant les batailles qu'il a livrées. De nombreuses décisions capitales auraient pu faire<br />

emprunter un autre chemin à l'histoire, <strong>et</strong> ces campagnes vous font revivre les moments<br />

décisifs qu'ont dû affronter ces trois puissants daimyo.<br />

Vous pouvez maintenant essayer de renouveler leurs exploits <strong>et</strong> de prendre place parmi les<br />

plus grands daimyo !<br />

une révolution tactique<br />

Bien que le Japon connaissait déjà les armes à feu <strong>et</strong> la poudre explosive, c'est au cours de<br />

ces trois campagnes que l'arquebuse devint un facteur important – peut-être même décisif –<br />

dans la façon de se battre des samouraï. Les raisons de ce changement furent nombreuses,<br />

mais la plus importante d'entre elles était la même que celle qui vit le déclin des archers à la<br />

même époque en Occident. Il faut beaucoup de temps <strong>et</strong> un entraînement constant pour<br />

maîtriser un arc <strong>et</strong> pour réussir à envoyer plusieurs flèches d'affilée avec précision, ce qui<br />

n'est pas le cas pour l'arquebuse au tir plus aisé. Il faut également beaucoup de temps pour<br />

entr<strong>et</strong>enir l'habil<strong>et</strong>é au tir à l'arc <strong>et</strong> il n'est pas à la portée de tout le monde de posséder la<br />

force <strong>et</strong> la dextérité indispensables. Par contre, n'importe qui peut apprendre à tenir<br />

correctement une arquebuse <strong>et</strong> à tirer. L'entraînement est bien évidemment rigoureux <strong>et</strong><br />

discipliné, mais c'est le but de toute armée <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te arme est à la portée de toutes les<br />

compétences. C'est pour toutes ces raisons que l'arquebuse devint l'arme parfaite pour les<br />

daimyo possédant un fort contingent d'ashigaru dans leur armée.<br />

C'est ainsi que les armées de samouraï furent organisées <strong>et</strong> déployées différemment sur le<br />

champ de bataille. L'époque où un samouraï sortait du rang <strong>et</strong> criant son nom dans l'espoir<br />

de rencontrer un adversaire de valeur était révolue. L'honneur individuel devait faire place à<br />

une attitude plus "professionnelle" <strong>et</strong> plus pratique, où il importait davantage de massacrer<br />

plus d'ennemis. Ce changement s'opéra également avec l'adjonction d'ashigaru dans les<br />

armées de samouraï. Ces guerriers de niveau inférieur n'avaient que faire de l'idée<br />

d'honneur individuel. Eux-mêmes avaient évolué <strong>et</strong>, d'un ramassis hétéroclite recruté pour<br />

une campagne d'été, ils étaient devenus une composante importante de l'armée des clans.<br />

Les ashigaru s'étaient transformés en guerriers de métier.<br />

"En matière de guerre, tout est simple. Mais la moindre des choses devient difficile."<br />

— Karl von Clausewitz, De la guerre<br />

Là où les grands daimyo – <strong>et</strong> Oda Nobugana en faisait partie – se distinguèrent, ce fut par le<br />

fait de se se rendre compte que l'efficacité reposait essentiellement sur ce que l'on<br />

appellerait aujourd'hui "une stratégie armée”. Ceci signifiait que les ashigaru équipés<br />

d'arquebuses devaient se tenir en première ligne de l'armée. C'était justement c<strong>et</strong>te position<br />

qui auparavant était occupée <strong>et</strong> réservée à la caste des samouraï. Nobunaga, qui était avant<br />

tout un stratège doté d'un certain sens des réalités, abandonna la tradition quand il lui<br />

apparut clairement que les arquebuses devaient servir à briser l'ennemi avant de lui envoyer<br />

72<br />

d'autres troupes. Ceci ne signifiait pas – loin de là – qu'une armée ne devait comporter que<br />

des ashigaru armés d'arquebuses. Son armée était composée de plusieurs types de troupes.<br />

Sous son impulsion se développa une tendance incluant lentement mais sûrement d'autres<br />

types d'ashigaru ainsi que des guerriers samouraï, afin de soutenir les arquebusiers. La<br />

puissance de feu était devenue le facteur décisif d'une bataille. Si l'ère Sengoku ne s'était pas<br />

achevée de façon dramatique, les armées japonaises auraient pu évoluer vers un système<br />

basé uniquement sur la tactique de feu plutôt que sur celle de l'arc <strong>et</strong> du sabre utilisés<br />

conjointement avec l'arquebuse.<br />

En bref, la véritable révolution tactique de Nobunaga fut de réaliser que la victoire comptait<br />

plus que l'honneur <strong>et</strong> la tradition. Le fait d'utiliser les ashigaru comme instrument de la<br />

victoire plutôt que les samouraï peut effectivement montrer que Nobunaga n'avait pas l'esprit<br />

borné. Pour remporter la victoire, il utilisa les armes à feu en grande quantité afin d'obtenir la<br />

meilleure efficacité possible. Il n'était pas le seul à reconnaître que l'arquebuse était l'arme des<br />

masses, mais il semblait avoir une meilleure appréciation quant à son usage que ses<br />

contemporains. Après tout, il fut le seul daimyo à ordonner à ses troupes de maintenir un feu<br />

de barrage constant sur ses ennemis pour les contenir. Pendant que l'une de ses sections<br />

d'arquebusiers rechargeait ses armes, d'autres prenaient la relève. Ses ennemis avaient une<br />

idée différente de l'usage des armes à feu, que l'on pourrait qualifier de "tout ou rien", ce qui<br />

perm<strong>et</strong>tait de s'approcher lorsque les arquebusiers étaient occupés à recharger.<br />

les batailles d'oda nobunaga,<br />

1560-1575<br />

A l'âge de 15 ans, lorsqu'il prit la tête de son clan, Oda Nobunaga ne montra que peu<br />

d'intérêt pour le diriger. Il fallut le suicide (en protestation contre l'indolence du jeune<br />

homme) de l'un de ses fidèles, Hirade Kiyade, pour qu'il se décide à agir pour son clan. Mais<br />

lorsqu'il prit les rênes du pouvoir, il se fraya un chemin vers le somm<strong>et</strong> grâce à des faits<br />

d'armes étonnants <strong>et</strong> parfois avec une brutalité incroyable envers ses ennemis. Sa mort<br />

ressembla à sa vie, tissée de brutalités, <strong>et</strong> l'une des versions rapporte qu'il tomba dans une<br />

embuscade <strong>et</strong> qu'il fut tué par des arquebusiers sur l'ordre d'un de ses propres généraux qui<br />

le trahit, Akechi Mitsuhide.<br />

"Si vous affrontez les ennemis à dix contre un, alors, encerclez-les. A cinq contre un,<br />

attaquez. A deux contre un, divisez les forces ennemies. Si vous êtes à égalité, alors<br />

combattez si vous le pouvez. Si vous êtes en nombre inférieur, restez à l’écart. Si vous<br />

êtes moins puissant que l’ennemi, fuyez si c’est possible. Les plus faibles deviendront<br />

des prisonniers de guerre s’ils sont entêtés."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les batailles dans Shogun: Total War – Gold Edition, montrent son ascension, depuis<br />

l'incroyable victoire d'Okehazama en 1560 décrite ci-dessous à sa confrontation décisive<br />

avec le clan à Nagashino en 1575. Tout au long du parcours situé entre ces deux batailles,<br />

nous verrons le clan Nobunaga négocier le pouvoir pour le compte de la famille Asakura à<br />

Anegawa en 1570. Nobunaga ne s'embarrassait guère de la religion lorsqu'elle s'opposait à<br />

ses volontés <strong>et</strong> il affronta les Ikko-ikki à Nagashima en 1573. En fin de compte, la bataille<br />

de Nagashino est une démonstration de la suprématie de la puissance de feu sur la tradition,<br />

en eff<strong>et</strong>, les hommes de Nobunaga écrasèrent la cavalerie du clan Takeda.<br />

73


okehazama, 1560<br />

“Si vous menez une bataille, <strong>et</strong> même si vous êtes en train de la gagner, si vous faites<br />

durer l'affrontement vos forces seront affaiblies <strong>et</strong> votre tranchant s'émoussera… Si<br />

vous laissez vos armées hors du champ de bataille pendant trop longtemps, vos<br />

approvisionnements ne seront plus adaptés.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

En juin 1560, Imagawa Yoshimoto avait levé une armée afin de marcher sur Kyoto.<br />

Malheureusement pour lui, les territoires d'Oda Nobunaga barraient sa route. Les forces de<br />

Yoshimoto avancèrent rapidement <strong>et</strong> détruisirent les forts frontaliers de Washizu <strong>et</strong> de<br />

Marune, puis établirent leur camp dans une gorge étroite nommée Dengaku-hazama, dans la<br />

province d'O<strong>war</strong>i. C'est là qu'elles furent repérées par les éclaireurs de Nobunaga, sur un<br />

terrain qu'il connaissait bien.<br />

Faisant déjà preuve de ruse même à c<strong>et</strong>te époque précoce de sa vie, Nobunaga prépara une<br />

embuscade. Il posta une armée factice en face des Imagawa <strong>et</strong> emmena tranquillement sa<br />

force, bien inférieure en nombre, sur l'arrière. En raison de la chaleur, les sentinelles<br />

Imagawa étaient somnolentes <strong>et</strong> leur tâche était encore compliquée par un violent orage<br />

d'été qui éclata lorsque les hommes de Nobunaga s'approchèrent à proximité du camp des<br />

Imagawa. Sous le couvert de la pluie, les hommes de Nobunaga réussirent à s'approcher <strong>et</strong><br />

à charger juste au moment où le temps s'éclaircit. Paniqués par l'apparition soudaine d'une<br />

armée sur leur arrière, les guerriers Imagawa prirent la fuite. Imagawa Yoshimoto resta sans<br />

aucune protection dans son quartier général au milieu du camp. En fait, il ne s'inquiéta pas<br />

de c<strong>et</strong>te situation, ne comprenant pas la situation <strong>et</strong> croyant qu'une bagarre d'ivrognes avait<br />

éclaté entre ses hommes ! Ceci en dit long sur le manque de discipline régnant dans le camp<br />

Imagawa.<br />

Au moment où Yoshimoto se rendit compte que quelque chose clochait, il était déjà trop<br />

tard. Après avoir essayé d'ordonner aux hommes de Nobunaga de reprendre leurs factions,<br />

en pensant qu'il s'agissait de ses propres troupes, il fut décimé avec ses principaux officiers ;<br />

seuls deux en réchappèrent. En l'espace d'un après-midi, le clan des Imagawa avait été<br />

décapité, au propre comme au figuré ! Ils ne furent plus jamais une force importante.<br />

L'armée d'Oda Nobunaga était dominée à trois contre un au cours de c<strong>et</strong>te bataille, mais il<br />

réussit cependant à écraser ses ennemis en frappant avec son armée bien entraînée <strong>et</strong><br />

motivée, prenant l'ennemi par surprise là où on ne l'attendait pas. Dans la bataille de Shogun:<br />

Total War – Gold Edition, le clan Imagawa commence avec un moral mal assuré <strong>et</strong> si vous<br />

réussissez à maintenir la pression, il cédera. Lorsque ses troupes seront en fuite, la bataille<br />

pourra être remportée soit en les chassant du champ de bataille ou, comme Nobunaga, en<br />

tuant Imagawa !<br />

anegawa, 1570<br />

"La colère peut se transformer en joie, la fureur en plaisir, mais un pays dévasté ne<br />

peut pas renaître de ses cendres, ni les morts revenir à la vie."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Remarque : c<strong>et</strong>te bataille est disponible grâce à l'option Batailles historiques <strong>et</strong> non pas<br />

Campagnes historiques.<br />

74<br />

D'une certaine façon, la bataille d'Anegawa fut une affaire de famille : Oda Nobunaga avait<br />

lancé une attaque contre son beau-frère Asai Nagamasa ! Dans le but de prendre le château<br />

d'Odani, le gros de l'armée de Nobunaga atteignit les rives de la rivière Anegawa vers mijuill<strong>et</strong><br />

1570 ; elle y établit son camp <strong>et</strong> attendit les renforts dirigés par Tokugawa Ieyasu,<br />

lequel venait de la province de Mikawa. Une partie de l'armée d'Oda fut envoyée pour<br />

assiéger le château de Yokohama en manière de diversion. Au même moment, Asai<br />

Nagamasa venait de bénéficier du soutien du clan Asakura qui lui envoya une armée sur la<br />

rive nord de l'Anegawa. Tout était prêt pour une inévitable confrontation.<br />

Lorsque Tokugawa Ieyasu arriva, il fut évident que Nobunaga possédait une supériorité<br />

numérique, mais certains de ses guerriers étaient au mieux des individus peu fiables <strong>et</strong> au<br />

pire des traîtres. Ils avaient été recrutés dans des territoires qui avaient appartenu au clan<br />

Asai. Nobunaga mit à leur tête le fidèle Toyotomi Hideyoshi <strong>et</strong> lui même commanda les<br />

troupes qui affrontaient le clan Asai. Il avait un compte personnel à régler avec Nagasama <strong>et</strong><br />

entendait bien le faire !<br />

En raison de la longue durée des jours d'été, la bataille commença tôt <strong>et</strong> se transforma en<br />

immense mêlée dans la rivière peu profonde. Pendant un moment, il y eut même deux<br />

mêlées, car le contingent des Tokugawa menait pratiquement une bataille séparée contre les<br />

Asakura, pendant que les forces d'Oda affrontaient les Asai. La bataille se déplaça sur les<br />

deux berges de la rivière laquelle, selon des témoins oculaires, se colora en rouge du sang<br />

des samouraï, jusqu'à ce qu'une force des Tokugawa commandée par Honda Tadakatsu <strong>et</strong><br />

Sakakibara Yasumasa réussit à prendre les Asakura par le flanc <strong>et</strong> à encercler leur général,<br />

Kag<strong>et</strong>ake. L'armée des Asakura fut forcée de se replier sur la rive nord, sa r<strong>et</strong>raite couverte<br />

par un seul homme (!), Makara Jurozaemon Naotaka. C'était un homme immense muni d'un<br />

no-dachi <strong>et</strong> le défi qu'il lança d'une voix forte réclamant un adversaire parmi les rangs<br />

Tokugawa constituait une tactique de diversion classique, mais qui fonctionna parfaitement.<br />

Tandis qu'il affrontait, en compagnie de son fils, tous ceux qui relevaient le défi, les Asakura<br />

se r<strong>et</strong>irèrent en ordre raisonnable. Ce genre d'héroïsme était évidemment suicidaire <strong>et</strong> ils<br />

furent finalement tués.<br />

Pendant ce temps, les choses avaient pris une autre tournure du côté de la confrontation<br />

entre les Oda <strong>et</strong> les Asai. Pour des raisons qu'il est seul à connaître, Nobunaga ne portait<br />

pas d'armure complète lors de la bataille <strong>et</strong> il faillit être tué par un samouraï nommé Endo<br />

Kizaemon <strong>et</strong> qui était au service des Asai. Ses troupes furent repoussées sur celles de<br />

Tokugawa <strong>et</strong> les Asakura tombèrent sur leur flanc. Ceci fit tourner le vent de la bataille en<br />

faveur des forces de Nobunaga <strong>et</strong> les troupes qui avaient été envoyées pour assiéger<br />

Yokoyama revinrent pour attaquer les Asai !<br />

Contrairement aux autres batailles menées par Nobunaga, il faut dire qu'au point de vue<br />

tactique, celle d'Anegawa était plutôt désordonnée. Ce n'était pas tant une bataille bien<br />

organisée qu'une gigantesque bagarre sur laquelle les chefs n'avaient guère d'influence une<br />

fois qu'elle avait commencé. Dans Shogun: Total War – Gold Edition le but de la bataille<br />

consiste simplement à remporter la victoire. Il est cependant conseillé de ne pas trop<br />

compter sur le moral des troupes menées par Toyotomi Hideyoshi, même si vous ne<br />

pouvez pas les commander directement. Vous ne pourrez pas non plus donner des ordres<br />

directes à celles menées par Tokugawa Ieyasu. Mais si vous avez de gros problèmes, il ne<br />

vous reste plus qu'à faire votre prière pour qu'il réussisse à sauver votre peau !<br />

75


mont hiei<br />

“Au cours des combats, quand les armées se rencontrent attaquez les points forts de<br />

l'ennemi <strong>et</strong>, quand vous constatez qu'il recule, ne vous attardez pas <strong>et</strong> attaquez un<br />

autre point fort sur sa périphérie. C'est l'esprit d'un sentier de montagne sineux.”<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

"En 1571, Oda Nobunaga décida d'en finir une bonne fois pour toutes avec les moines<br />

fauteurs de troubles de la secte Tendai sur le mont Hiei. Se trouvant proches de la capitale,<br />

ils constituaient une menace latente sur son pouvoir central quand il était occupé avec des<br />

ennemis plus dangereux aux confins de son territoire. Il se résolut non seulement à les<br />

détruire, mais à faire connaître au Japon tout entier les conséquences d'une rébellion future.<br />

Il ordonna le massacre de tout être vivant sur le mont Hiei : homme, femme <strong>et</strong> enfant.<br />

Aucune autre action n'aurait un tel eff<strong>et</strong>.<br />

nagashima, 1573<br />

“Il existe des armées qui se précipitent, d'autres qui s'attardent, certaines qui<br />

tombent, d'autres qui se détériorent, certaines qui se rebellent <strong>et</strong> d'autres qui sont<br />

vaincues. Ce ne sont pas là des coups du sort, mais les erreurs des généraux.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Remarque : c<strong>et</strong>te bataille est disponible grâce à l'option Batailles historiques <strong>et</strong> non pas<br />

Campagnes historiques.<br />

Pendant de nombreuses années, les Ikko-ikki avaient été une épine dans le pied de<br />

Nobunaga lorsqu'en 1573, il décida de s'en occuper personnellement. Sachant qu'ils ne se<br />

soum<strong>et</strong>traient jamais à son autorité, il se devait tôt ou tard de régler définitivement la<br />

question...<br />

Son armée avait principalement été levée dans la province d'Isé, mais on ne connaît pas le<br />

nombre exact d'hommes dont elle était composé. On sait en revanche que Nobunaga<br />

envoya une force constituée d'arquebusiers le long de la route principale menant à<br />

Nagashima, espérant qu'ils pourraient se frayer un chemin à travers l'ennemi. C<strong>et</strong>te force<br />

était couverte à l'ouest par les troupes dirigées par Sakuma Nobumori <strong>et</strong>, une fois de plus,<br />

par son fidèle général ashigaru, Toyotomi Hideyoshi.<br />

Son proj<strong>et</strong> tourna court car le temps ne fut pas son allié. Une averse soudaine trempa ses<br />

arquebuses qui devinrent <strong>total</strong>ement inutilisables. Les Ikko-ikki fanatiques ne perdirent pas<br />

de temps pour attaquer, repoussant les hommes de tête de Nobunaga dans le gros de<br />

l'armée. Le temps changea une nouvelle fois, <strong>et</strong>, lorsqu'il s'éclaircit, les Ikko-ikki purent faire<br />

feu de leurs arquebuses sur Nobunaga <strong>et</strong> ses troupes.<br />

Les forces du clan Oda furent finalement obligées de se r<strong>et</strong>irer, <strong>et</strong> Oda Nobunaga lui-même<br />

faillit être tué. L'un de ses fidèles partisans reçut une balle mortelle, ce qui montre que<br />

Nobunaga se trouvait dans le feu du combat, étant donné la courte portée d'une arquebuse.<br />

Même les forces de l'ouest furent repoussées, <strong>et</strong> pour la deuxième fois en deux années,<br />

l'armée Oda avait été chassée du champ de bataille.<br />

Nobunaga avait-il perdu la main ?<br />

Dans ce cas précis, certainement pas, sa pénible malchance ayant été un facteur décisif pour<br />

76<br />

le combat. Aucun général, même le meilleur n'aurait pu faire mieux avec un handicap de<br />

c<strong>et</strong>te taille. Il vous faut cependant faire mieux qu'Oda Nobunaga pour vaincre les moines<br />

combattants Ikko-ikki. N'oubliez pas qu'il s'agit de fanatiques <strong>et</strong> que l'unique moyen de les<br />

arrêter est d'en tuer le plus possible – il faut compter au moins 50 % de victimes pour avoir<br />

un résultat valable. Les troupes Ikko-ikki sont très motivées <strong>et</strong> se révèlent être de bien<br />

meilleur niveau que les forces du clan Oda.<br />

nagashino, 1575<br />

"La victoire est assurée aux généraux parés au combat qui affrontent des ennemis non préparés."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La bataille de Nagashino eut lieu alors que Nobunaga se trouvait à la tête d'une force<br />

destinée à briser le siège du château de Nagashino. Takeda Katsuyori, dont les troupes<br />

encerclaient le château, quitta le siège pour affronter les forces nouvellement arrivées, <strong>et</strong> ce<br />

alors que ses hommes étaient en infériorité numérique à un contre trois. Le clan des Takeda<br />

était renommé pour ses cavaliers <strong>et</strong> appréciait probablement le fait de pouvoir mener<br />

bataille sur un terrain ouvert plutôt que de soutenir un siège prolongé. Le temps avait l'air<br />

d'être en leur faveur, comme nous le verrons bientôt.<br />

Oda Nobunaga dans ses préparatifs de bataille s'assura que les Takeda pourraient facilement<br />

attaquer, mais seraient battus dans leur avance. La position qu'il avait choisie se trouvait<br />

derrière la rivière lente <strong>et</strong> peu profonde nommée Rengogawa, laquelle avait cependant des<br />

berges escarpées malaisées pour les chevaux. De plus, il s'était bien assuré qu'un nombre<br />

respectable d'arquebusiers se trouvent derrière une palissade provisoire. Il avait l'intention<br />

de profiter de leur nombre pour envoyer un tir continu à l'approche des Takeda, <strong>et</strong> non pas<br />

les faire tirer tous en même temps <strong>et</strong> les rendre inutiles le temps de recharger leurs armes.<br />

Les Takeda comptaient utiliser leur tactique habituelle – une charge de cavalerie écrasante<br />

suivie d'une opération de n<strong>et</strong>toyage de leurs fantassins. Ce plan n'était pas aussi écervelé<br />

qu'il se révéla par la suite. La nuit avait apporté de lourdes pluies <strong>et</strong> la journée suivante<br />

semblait devoir en prom<strong>et</strong>tre d'autres. Takeda Katsuyori avait de bonnes raisons d'espérer<br />

<strong>et</strong> de croire que la plupart des arquebuses des hommes de Nobunaga étaient trempées <strong>et</strong><br />

inutiles. Lorsque les arquebusiers auraient tiré, pensait-il, ils seraient sans défense jusqu'à ce<br />

qu'ils aient rechargé leurs armes, <strong>et</strong> sa propre cavalerie profiterait de ce moment pour les<br />

approcher <strong>et</strong> les massacrer.<br />

Les choses ne se passèrent malheureusement pas ainsi, <strong>et</strong> à l'endroit qu'il choisit pour<br />

attaquer, se trouvaient trois arquebusiers postés derrière une palissade pour chacun des<br />

samouraï à cheval des Takeda qui chargeait depuis le haut. Les arquebusiers avaient pour<br />

ordre de faire feu par groupes distincts <strong>et</strong> non pas en <strong>total</strong>ité, réalisant ainsi un tir de<br />

barrage, il n'y avait donc aucun temps mort. C<strong>et</strong> affrontement à trois contre un était très<br />

inégal, <strong>et</strong> à plus forte raision si on se rappelle que le clan Takeda devait s'approcher à portée<br />

de sabre pour pouvoir tuer leurs adversaires, le tout sous une pluie ininterrompue de balles<br />

de plomb.<br />

Les guerriers du clan Takeda essayèrent vainement de vaincre. Leurs pertes furent terribles,<br />

ils perdirent environ les deux tiers des forces engagées. Même les armées de samouraï<br />

perdaient rarement autant de guerriers dans un seul affrontement <strong>et</strong> peu de forces<br />

occidentales auraient pu résister à de telles pertes. Plus de la moitié des 97 samouraï du clan<br />

<strong>et</strong> dont on connaît les noms périrent, ainsi que huit des célèbres "Vingt-quatre généraux".<br />

Le triomphe de Nobunaga était <strong>total</strong>.<br />

77


Dans la version de la bataille comprise dans le jeu, vous devrez infliger une défaite<br />

équivalente au clan Takeda, ce qui n'est pas forcément aussi facile que vous le pensez.<br />

N'oubliez pas que le temps peut changer d'un moment à l'autre <strong>et</strong> rendre vos troupes<br />

armées d'arquebuses inutilisables pendant un certain temps !<br />

les batailles de toyotomi<br />

hideyoshi, 1582-1590<br />

“Quand les adversaires sont nombreux, on ne peut les obliger à combattre. Etudiez-les<br />

afin de connaître leurs plans, ceux qui sont bons comme ceux qui sont mauvais.<br />

Incitez-les à agir afin de savoir comment ils manoeuvrent <strong>et</strong> comment ils se reposent.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

D'origine très humble – il était ashigaru <strong>et</strong> non pas samouraï de naissance – Toyotomi<br />

Hideyoshi devint le premier daimyo à régner sur tout le Japon. Etant le fidèle général<br />

ashigaru d'Oda Nobunaga, Hideyoshi le servit loyalement <strong>et</strong> combattit toujours à ses côtés.<br />

Il vengea l'assassinat de Nobunaga en écrasant Akechi Mitsuhide. Il se r<strong>et</strong>rouva donc dans la<br />

meilleure position, celle qui le posait comme successeur "naturel" de Nobunaga, mais de<br />

nombreux partisans de Nobunaga choisirent de soutenir Tokugawa Ieyasu dans c<strong>et</strong>te lutte<br />

pour le pouvoir. C<strong>et</strong>te lutte resta indécise <strong>et</strong> lorsqu'une trêve fut conclue, Hideyoshi se<br />

consacra surtout à la destruction du clan Hojo, chose qui lui importait davantage. Il était<br />

aussi un peu trop ambitieux dans ses proj<strong>et</strong>s d'<strong>invasion</strong> de la Corée, <strong>et</strong> son expédition<br />

maritime ne mena à rien – il ne réussit pas à créer un empire sur le continent. Sa mort<br />

survenue en 1598 ne mit pas fin à la lutte entre son clan <strong>et</strong> celui de Tokugawa Ieyasu, mais<br />

personne ne possédait la stature de Hideyoshi pour prendre la tête du clan.<br />

Les batailles de Shogun: Total War – Gold Edition comprenant des forces de Toyotomi<br />

Hideyoshi ont toutes lieu après la mort d'Oda Nobunaga. Toyotomi Hideyoshi apparaît bien<br />

sûr comme allié de Nobunaga dans certaines de ses batailles, mais celles qui suivent sont<br />

consacrées à sa propre carrière de chef exceptionnel.<br />

Lors de la bataille de Yamazaki en 1582, Hideyoshi se vengea de l'assassinat d'Oda<br />

Nobunaga, en écrasant définitivement le général rebelle Akechi Mitsuhide, celui qu'on<br />

appelait le "Shogun de treize jours”.<br />

La bataille de Shizugatake en 1583 lui permit de régler ses compte avec l'un de ses rivaux<br />

à la succession de Nobunaga. Puis il consolida sa position comme héritier du pouvoir<br />

militaire <strong>et</strong> politique de Nobunaga en affrontant le fils de ce dernier à la bataille de Kanie en<br />

1584 ! Hideyoshi attaqua en 1585 à Negoroji une secte de moines combattants afin de les<br />

punir parce qu'ils avaient choisi de soutenir un autre que lui. En 1597, à Takajo <strong>et</strong> à<br />

Sendaigawa, Hideyoshi lança sa formidable puissance militaire contre le clan Shimazu.<br />

Enfin, en 1590 à Oda<strong>war</strong>a, il réussit à écraser le clan Hojo une bonne fois pour toutes. Sa<br />

position comme "homme fort" du Japon était assurée, bien qu'il ne puisse jamais espérer<br />

devenir <strong>shogun</strong>…<br />

78<br />

yamazaki, 1582<br />

"Avoir recours à la violence pour ensuite devoir se méfier de ses propres amis est la<br />

quintessence de l’incompétence."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Après le meurtre d'Oda Nobunaga par les troupes d'Akechi Mitsuhide, Hideyoshi ne perdit<br />

pas de temps pour se venger. Akechi Mitsuhide avait marché sur le château de Nijo à Kyoto<br />

<strong>et</strong> avait tué le fils <strong>et</strong> héritier de Nobunaga, puis s'était nommé régent. Lorsque ces<br />

événements parvirent à la connaissance de Hideyoshi, ils se rendit compte qu'il ne disposait<br />

que de quelques jours pour s'opposer à Akechi Mitsuhide, sinon le pouvoir passerait aux<br />

mains du traître, quelle que soit la manière dont il s'en était emparé. Mitsuhide avait<br />

prudemment attendu que ses rivaux potentiels se soient éloignés du centre du pouvoir<br />

avant de s'attribuer le titre de <strong>shogun</strong>.<br />

Dix jours après l'assassinat, Mitsuhide apprit que l'armée de Hideyoshi s'approchait. Il décida<br />

de l'affronter sur le champ de bataille pour éviter d'être assiégé dans son château, à la merci<br />

de forces supérieures. La confrontation aurait lieu sur la route de Kyoto. En rencontrant<br />

Hideyoshi au cours d'une bataille ouverte, avec ses châteaux lui perm<strong>et</strong>tant de se replier,<br />

Mitsuhide estimait qu'il avait de bonnes chances de gagner.<br />

Hideyoshi de son côté avait également décidé qu'une bataille valait mieux qu'un siège. Son<br />

sens tactique lui dicta le choix d'une colline boisée à Tennozan, près du village de Yamazaki.<br />

Les forces de Mitsuhide prirent position le long d'une p<strong>et</strong>ite rivière proche, appelée<br />

Enmyojigawa. C<strong>et</strong>te nuit-là, des ninja semèrent la confusion dans le camp de Mitsuhide,<br />

provoquant des incendies <strong>et</strong> un désordre <strong>total</strong>. Les choses s'annonçaient mal pour<br />

Mitsuhide.<br />

Le matin suivant, le treizième jour après la mort de Nobunaga, l'armée de Hideyoshi avança<br />

sur la rivière <strong>et</strong> une violente bataille s'engagea à Tennozan. Les troupes de Hideyoshi<br />

réussirent à tenir la colline <strong>et</strong> leur flanc droit s'avança dans un mouvement encerclant. La<br />

manoeuvre réussit <strong>et</strong>, alors que l'aile gauche de l'armée de Hideyoshi avancait à son tour, les<br />

forces d'Akechi cédèrent <strong>et</strong> prirent la fuite. La panique se propagea jusqu'à la tente de<br />

Mitsuhide <strong>et</strong> ce dernier tenta de sauver sa vie. Mais le sort ne lui était décidément pas<br />

favorable <strong>et</strong> il fut pourchassé <strong>et</strong> massacré par des bandits, du genre de ceux qui<br />

dépouillaient les samouraï blessés ou mourants.<br />

Hideyoshi avait réussi à éliminer radicalement le "Shogun de treize jours”. Sa tactique au<br />

cours du combat avait été assurée, son armée facilement dirigée depuis la colline de<br />

Tennozan <strong>et</strong>, même avant la bataille, son approche en marche forcée avait été un modèle<br />

d'efficacité stratégique. Hideyoshi termina la journée en imprimant dans l'esprit de chacun<br />

son image de vengeur de Nobunaga. Cela constituait un avantage politique indéniable.<br />

C<strong>et</strong>te bataille plus que toutes les autres montre à quel point le vainqueur gagne sur toute la<br />

ligne ! La légitimité du pouvoir laissé par Oda Nobunaga appartiendrait à celui qui<br />

remportait c<strong>et</strong>te bataille.<br />

79


shizugatake, 1583<br />

“Cinq caractéristiques sont dangereuses pour les généraux. Ceux qui sont prêts à<br />

mourir peuvent être tués, ceux qui comptent survivre peuvent être capturés, ceux qui<br />

sont prompts à la colère peuvent perdre la face, ceux qui sont nobles peuvent être<br />

disgrâciés, ceux qui aiment leurs guerriers peuvent être perturbés. Voilà les cinq<br />

défauts des généraux.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Il y avait encore d'autres prétendants au titre de "successeur" d'Oda Nobunaga. Parmi eux se<br />

trouvait Shibata Katsuie qui s'opposait à l'ambition de Hideyoshi.<br />

Hideyoshi construisit une ligne de forts le long des montagnes bordant le nord du lac Biwa,<br />

afin de se prémunir contre toute action militaire menée par Shibata Katsuie. Sur l'un des<br />

somm<strong>et</strong>s se trouvait le fort de Shizugatake, commandé par Nakagawa Kiyohide. Malgré un<br />

terrain difficile, Shibata Katsuie envoya à l'attaque des forces dirigées par son neveu Sakuma<br />

Morimasa. Shizugatake était le deuxième fort qu'il devait attaquer. Sakuma Morimasa savait<br />

que Hideyoshi était occupé à assiéger le château de Gifu <strong>et</strong> estima qu'il disposait de trois<br />

jours pour prendre le fort de Shizugatake avant que Hideyoshi n'envoie du renfort. Il ignora<br />

complètement l'ordre de r<strong>et</strong>raite donné par son oncle.<br />

Hideyoshi, de son côté avait aussi fait ses calculs <strong>et</strong> réussit à envoyer une armée de cavaliers<br />

au fort en un seul jour. Malgré la mort du chef de la garnison, Nakagawa Kiyohide, les<br />

défenseurs de Shizugatake tenaient toujours la place, tout comme la garnison proche de<br />

Tagami. Sakuma Morimasa fut obligé d'abandonner le siège <strong>et</strong> de prendre une position<br />

défensive pour contrer l'attaque.<br />

La bataille se passa très mal pour Sakuma Morimasa <strong>et</strong> se transforma rapidement en<br />

poursuite sanglante. Les troupes de Sakuma abandonnèrent leurs armes <strong>et</strong> leurs armures<br />

afin de pouvoir se cacher plus vite dans les forêts épaisses des environs. Shibata Katsuie fut<br />

profondément affecté par l'état de son armée lorsqu'elle revint <strong>et</strong> se suicida par hara-kiri.<br />

A la tête des troupes de Hideyoshi, il vous appartient d'infliger une défaite à Sakuma<br />

Morimasa, à la hauteur de celle qui est rapportée par l'histoire.<br />

negoroji, 1585<br />

“Que votre subtilité soit extrême, au point même d'être insaisissable. Faites grand cas<br />

du mystère, jusqu'au silence <strong>total</strong>. C'est ainsi que vous serez le maître du destin de<br />

l'ennemi…”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Les moines combattants de diverses sectes ont toujours gêné les daimyo à un moment ou à<br />

un autre. Ils pouvaient tantôt être des alliés précieux, mais aussi, <strong>et</strong> c'était plus fréquent,<br />

être des ennemis redoutables. Hideyoshi possédait des alliés parmi les moines combattants<br />

d'Ishiyama <strong>et</strong> de Kyoto, mais il avait mené de dures batailles contre les Ikko-ikki aux côtés<br />

de Nobunaga.<br />

En 1585, il restait des sectes qui ne soutenaient pas Hideyoshi <strong>et</strong> qui avaient eu la<br />

malencontreuse idée d'appuyer Tokugawa Ieyasu. Parmi celles-ci se trouvaient les moines de<br />

Negoroji <strong>et</strong> de Saiga, qui aidèrent Ieyasu lors de ses campagnes en 1584. Hideyoshi mit un<br />

an avant de réagir, mais lorsqu'il le fit, ce fut avec une brutale efficacité. Ses armées<br />

80<br />

pénétrèrent dans la province de Kii <strong>et</strong> détruisirent quatre avant-postes mineurs, puis<br />

avancèrent sur Negoroji à partir de deux directions différentes. Les moines combattants<br />

étaient aguerris, mais nombre d'entre eux choisit de s'abriter dans le puissant château d'Ota.<br />

Les autres s'apprêtèrent à se battre.<br />

La tactique de Hideyoshi fut primitive mais efficace. Il mit le feu aux constructions en bois<br />

de Negoroji. Ceux qui restèrent à l'intérieur furent brûlés vifs, ceux qui s'enfuirent furent<br />

massacrés.<br />

Les conditions de la victoire pour c<strong>et</strong>te bataille sont d'une simplicité radicale : il faut détruire<br />

<strong>total</strong>ement l'ennemi.<br />

takajo, 1587<br />

"J’ai entendu parler de campagnes maladroites mais rapides, mais jamais d’une<br />

campagne qui soit habile mais longue. Il n’est jamais bon de prolonger les opérations<br />

militaires plus que de raison."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

L'attention de Hideyoshi se fixa ensuite sur la destruction du clan Shimazu.<br />

Il avait envoyé une armée sous les ordres de son demi-frère Hashiba Hidenaga à Kyushu,<br />

afin d'affronter directement les Shimazu, mais ils s'étaient r<strong>et</strong>irés au-delà du château de<br />

Takajo dans la province de Hyuga. Hashiba Hidenaga prit l'initiative d'assiéger Takajo, mais à<br />

ce moment les Shimazu firent demi-tour pour briser le siège.<br />

Hidenaga fit face à l'armée des Shimazu derrière une palissade rudimentaire. Une partie de<br />

l'armée Shimazu reçut l'ordre de démolir les barrières puis de servir de leurre pour<br />

perm<strong>et</strong>tre à la cavalerie de pénétrer dans la brèche. C'était un bon plan qui semblait devoir<br />

marcher jusqu'à ce que les Shimazu soient eux-mêmes trompés par une ruse. Hidenaga<br />

envoya un p<strong>et</strong>it détachement de guerriers Toyotomi sur l'arrière de l'ennemi. Ils installèrent<br />

une armée factice qui semblait couper tout espoir de r<strong>et</strong>raite aux forces Shimazu. Face à<br />

c<strong>et</strong>te menace, les Shimazu reculèrent jusqu’ à Satsuma tout en combattant, malgré le fait<br />

qu'ils étaient bien plus nombreux que leurs adversaires !<br />

sendaigawa, 1587<br />

“L'invincibilité est en vous-même. La vulnérabilité est dans votre adversaire. C'est<br />

pourquoi les généraux peuvent être invincibles, mais ils ne peuvent pas rendre l'ennemi<br />

vulnérable.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Après la réussite de Hidenaga, Hideyoshi le rejoignit <strong>et</strong> leurs forces unies se dirigèrent vers<br />

la rivière Sendaigana qui formait une douve naturelle au nord de Kagoshima. C'est là que<br />

Niiro Tadamoto mena une armée Shimazu contre celle de Hideyoshi.<br />

Bien qu'étant en infériorité numérique à un contre trente (si ce n'est plus), Niiro Tadamoto<br />

n'était pas impressionné. Il mena une charge sauvage sur l'armée Toyotomi. Ce fut une<br />

attitude vaine mais indéniablement courageuse. Lorsque la nuit tomba, les survivants se<br />

replièrent sur Kagoshima qui allait être encerclé par les Toyotomi.<br />

Kagoshima ne fut finalement jamais assailli, la campagne se solda par des négociations.<br />

81


oda<strong>war</strong>a, 1590<br />

“Si vous ne pouvez pas distinguer la position de l'ennemi, donnez des signes que vous<br />

allez attaquer pour découvrir ses ressources. Il vous sera alors facile de le vaincre<br />

d'une façon ou d'une autre quand vous connaîtrez ses ressources.”<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

L'an 1590 vit l'accomplissement du destin des Hojo. Le troisième <strong>et</strong> dernier siège<br />

d'Oda<strong>war</strong>a était le plus important <strong>et</strong> le plus impressionnant.<br />

Quand le daimyo Hojo se rendit compte de ce qui allait se passer, il eut recours au travail<br />

forcé des villageois alentour pour fortifier ses défenses, alors même qu'elles avaient<br />

constamment été améliorées depuis 1582.<br />

L'armée de Hideyoshi était énorme. Hideyoshi écrivit à son épouse : "Nous avons entouré<br />

Oda<strong>war</strong>a de deux ou trois cercles <strong>et</strong> avons construit des murs <strong>et</strong> des douves, nous n'avons<br />

pas la moindre intention de laisser sortir un seul ennemi”. De nombreuses personnes<br />

accompagnaient l'armée <strong>et</strong> le camp des assiégeants prit l'aspect d'une p<strong>et</strong>ite ville posée à<br />

l'extérieur de la forteresse. Des distractions de toutes sortes étaient proposées aux<br />

guerriers Toyotomi <strong>et</strong> les cris de joie <strong>et</strong> les éclats de rire qui en provenaient étaient<br />

sûrement une puissante arme psychologique à l'égard des assiégés !<br />

Pendant le siège, le nombre énorme de troupes engagées aurait mis sur la paille n'importe<br />

quel état occidental de l'époque <strong>et</strong> qui aurait essayé de m<strong>et</strong>tre autant d'hommes au combat.<br />

En tout, les forces Toyotomi comptaient 200 000 hommes ! Alors que le siège lui-même<br />

était une chose longue <strong>et</strong> lente, de nombreuses escarmouches éclataient près des murailles<br />

du château, en particulier lorsque l'un des mineurs de Toyotomi, originaire de la province de<br />

Kai, réussit à en abattre une partie suffisamment large pour perm<strong>et</strong>tre une incursion à<br />

l'intérieur.<br />

Après trois mois de siège, les Hojo se rendirent compte qu'ils avaient peu de chances de<br />

gagner <strong>et</strong> encore moins de s'échapper. Le château se rendit à Hideyoshi.<br />

“Pour prendre à coup sûr ce que vous attaquez, attaquez là où il n'y a aucune défense.<br />

Pour que vos défenses résistent à coup sûr, défendez là où il n'y a aucune attaque.<br />

Ainsi, pour ceux qui sont habiles à l'attaque, l'ennemi ne saura où se défendre. Pour<br />

ceux qui sont habiles à la défense, l'adversaire ne saura où attaquer.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

les batailles de tokugawa<br />

ieyasu, 1564-1600<br />

Tokugawa Ieyasu, le vainqueur final de la lutte pour le titre de <strong>shogun</strong> eut une carrière<br />

remarquable pour son époque.<br />

Il débuta son expérience militaire en qualité d'otage du clan Imagawa afin de garantir le bon<br />

comportement de sa famille. Cela ne l'empêcha pas de faire campagne avec l'armée des<br />

Imagawa <strong>et</strong> il affronta même des soldats d'Oda Nobunaga ! La mort d'Imagawa Yoshimoto le<br />

libéra de toutes ses obligations <strong>et</strong> il devint un partisan fidèle d'Oda Nobunaga. Se rendant<br />

compte que le vieil homme ne vivrait pas éternellement, il voyait une occasion de s'emparer<br />

82<br />

du pouvoir à la mort de ce dernier. Quand Oda mourut, il affronta souvent Hideyoshi avec<br />

des moments de gloire partagés, comme décrit dans la rubrique Le destin du daimyo. Ce fut<br />

pourtant Ieyasu qui devait s'emparer du titre de <strong>shogun</strong>, <strong>et</strong> ses descendants gouvernèrent le<br />

Japon pendant 250 ans.<br />

"Devenir l'ennemi signifie se m<strong>et</strong>tre dans la position de l'ennemi. Les hommes ont<br />

tendance à considérer le voleur piégé dans une maison comme un ennemi r<strong>et</strong>ranché.<br />

Mais si nous devenons l'ennemi, nous pensons alors que le monde nous est hostile <strong>et</strong><br />

qu'il n'y a pas de fuite possible.”<br />

- Miyamoto Musashi, Ecrit sur les cinq cercles<br />

Les batailles de Tokugawa Ieyasu dans Shogun: Total War – Gold Edition montrent combien<br />

d'adversaires différents il eut à affronter <strong>et</strong> voient réapparaître certains ennemis familiers.<br />

En 1564 à Azukizaka il se mesura aux vieux ennemis d'Oda Nobunaga, les Ikko-ikki <strong>et</strong> s'en<br />

tira honorablement. En 1569 à Kakegawa, il dut faire face à ses anciens alliés, les Imagawa.<br />

En 1572 à Mikata ga hara il se heurta au puissant clan Takeda <strong>et</strong> leurs chemins se croisèrent<br />

à nouveau à Yoshida en 1575 <strong>et</strong> à Temmokuzan en 1582. La dernière des batailles d'Ieyasu,<br />

celle de Sekigahara en 1600, a été le moment crucial de la lutte pour le contrôle du Japon<br />

après la mort de Hideyoshi, celle qui vit de triomphe d'Ieyasu.<br />

azukizaka, 1564<br />

"Les règles de la guerre sont simples : ne jamais espérer que l’ennemi ne viendra pas<br />

mais se préparer à le recevoir ; ne jamais espérer que l’ennemi n’attaquera pas mais<br />

faire en sorte de ne pas pouvoir être attaqué."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

La bataille de Tokugawa Ieyasu contre les Ikko-ikki eut lieu à Azukizaka dans la province de<br />

Mikawa. En sa qualité de fidèle lieutenant d'Oda Nobunaga, il éprouvait peu de sympathie<br />

pour les moines fanatiques qui s'opposaient à lui.<br />

Le combat fut certainement violent <strong>et</strong> Ieyasu y prit personnellement part. Il fut touché de<br />

nombreuses fois, mais heureusement pour lui, il ne subit rien d'irrémédiable. En fait, son<br />

armure arrêta les balles qui furent ralenties au point de se loger dans ses vêtements !<br />

Connaissant la gravité des blessures infligées par des balles mal fabriquées, Ieyasu pouvait se<br />

targuer d'avoir de la chance. Les balles contenaient fréquemment des bulles d'air qui<br />

provoquaient la rupture du plomb en touchant la cible ou à l'intérieur de celle-ci. L'eff<strong>et</strong><br />

provoqué sur un être vivant ressemble assez à une balle explosive moderne ou une balle à<br />

fragmentation.<br />

Comme toujours avec les Ikko-ikki, vous avez intérêt à vous rappeler que les moines<br />

combattants sont des fanatiques. C'est ce qui les rend si dangereux, car leur détermination<br />

<strong>et</strong> leur moral d'acier sont extrêmement difficiles à anéantir. Le seul moyen de les vaincre<br />

consiste la plupart du temps à leur faire énormément de pertes.<br />

C<strong>et</strong>te bataille est souvent appelée la seconde bataille d'Azukizaka, la première ayant eu lieu<br />

en 1542 entre les clans Oda <strong>et</strong> Imagawa. De nombreux champs de bataille furent "réutilisés"<br />

de c<strong>et</strong>te façon, ne serait-ce qu'en raison des guerres incessantes <strong>et</strong> du fait qu'il était difficile<br />

de trouver des lieux adaptés pour un bon combat !<br />

83


kakegawa, 1569<br />

“Ne suivez pas une r<strong>et</strong>raite feinte. N'attaquez pas les guerriers d'élite. Ne consommez<br />

pas les aliments laissés par l'ennemi. N'arrêtez aucune armée rentrant chez elle.<br />

Laissez une échappatoire à une armée encerclée. Ne harcelez pas un ennemi acculé.<br />

Telles sont les règles des opérations militaires.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Ce fut probablement pour régler de vieux comptes, pour les années de souffrance qu'il avait<br />

vécues sous la férule des Imagawa, que Tokugawa Ieyasu assiégea Imagawa Ujizane dans le<br />

château de Kakegawa. Ujizane était le fils d'Imagawa Yoshimoto qui avait détenu Ieyasu en<br />

otage.<br />

En plus de l'enjeu personnel, Ieyasu savait parfaitement qu'il importait avant tout de prendre<br />

le château plutôt que de tuer ses ennemis. Des négociations commencèrent <strong>et</strong> un accord<br />

fut finalement trouvé. Les Imagawa abandonnèrent le château sans combattre en échange<br />

de l'aide d'Ieyasu sur un autre problème : le r<strong>et</strong>our d'Ujizane dans son territoire perdu de<br />

Suraga. Le pouvoir <strong>et</strong> l'influence d'Ujizane étaient déjà sur le déclin à ce moment <strong>et</strong> il fut<br />

obligé de se r<strong>et</strong>irer un an plus tard en raison d'une défaite infligée par le clan Takeda. Ieyasu<br />

avait certainement tiré son épingle du jeu en remportant le château !<br />

Lorsque vous menez c<strong>et</strong>te bataille, n'oubliez pas que l'occupation <strong>et</strong> le contrôle du château<br />

importent avant tout. La bataille de Shogun: Total War – Gold Edition emprunte les mêmes<br />

voies qu'Ieyasu qui avait l'intention de prendre le château par la force plutôt que par les<br />

négociations. Il faut aussi penser qu'il ne sert à rien de prendre le château si vous perdez<br />

trop d'hommes dans l'opération.<br />

mikata ga hara, 1572<br />

"Toute action militaire implique une pointe d’imposture. Si vous êtes compétent,<br />

donnez l’impression d’être un incapable. Si vous êtes efficace, ayez l’air désorganisé."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Une confrontation avec les Takeda implique inévitablement une nombreuse cavalerie.<br />

La bataille de Mitaka ga Hara découla directement de l'assaut mené par Takeda Shingen sur<br />

la forteresse de Hamamatsu tenue par Tokugawa Ieyasu.<br />

Le clan Takeda se regroupa au nord de la forteresse sur les hauteurs de Mitaka ga Hara en<br />

formation gyorin ou écailles de poisson, comme le rapporte le Koyo Gunkan. C<strong>et</strong>te<br />

disposition est censée provoquer l'attaque ennemie. Ses forces devant affronter une armée<br />

trois fois plus importante, Tokugawa Ieyasu les disposa en ligne <strong>et</strong> attendit. Sur sa gauche se<br />

trouvaient trois excellents généraux de Mikawa : Matsudaira I<strong>et</strong>ada, Honda Tadakatsu <strong>et</strong><br />

Ishikawa Kazumasa ; sur sa gauche étaient postées des troupes fournies par Oda Nobunaga.<br />

Malgré son infériorité numérique, Tokugawa déclencha le combat, mais à la fin de la journée<br />

alors que la lumière commençait à manquer <strong>et</strong> que la neige se mit à tomber. En tirant sur<br />

les samouraï des Takeda, les guerriers Tokugawa les poussèrent à l'action. A la gauche de<br />

Tokugawa, les troupes de Takeda eurent le dessus <strong>et</strong> Takeda Shingen remplaça<br />

tranquillement ses troupes fatiguées par de nouveaux hommes pour continuer<br />

l'affrontement ! A la nuit tombante, les troupes de Tokugawa étant repoussées, Shingen<br />

lança une attaque générale avec le gros de son armée. L'armée de Tokugawa ne tarda pas à<br />

se r<strong>et</strong>irer le long de la ligne de front.<br />

84<br />

C'est à ce moment que Tokugawa Ieyasu donna l'ordre de lever son étendard personnel<br />

frappé d'un éventail d'or pour servir de point de ralliement, ce qui fut fait sur les pentes<br />

menant vers Hamamatsu. En ce qui le concernait, il était prêt à charger sur les guerriers de<br />

Takeda <strong>et</strong> d'en tuer autant que possible afin d'atteindre son compagnon encerclé, Mizuno<br />

Tadashige. Ses partisans l'en empêchèrent <strong>et</strong> le mirent à l'abri du château. La défaite<br />

semblait <strong>total</strong>e à son arrivée au château avec seulement cinq hommes.<br />

Il était cependant assez intelligent pour tenter de préserver le château. Il ordonna de laisser<br />

les portes ouvertes, pour perm<strong>et</strong>tre à son armée d'entrer si elle réussissait à revenir <strong>et</strong><br />

d'allumer des brasiers en guise de signaux. Il fit également battre un énorme tambour.<br />

Quand l'avant-garde de l'armée Takeda atteignit le château, elle fut trompée par l'apparente<br />

confiance régnant dans la garnison <strong>et</strong> soupçonna une ruse. La ruse existait bel <strong>et</strong> bien, mais<br />

pas celle qu'ils escomptaient. L'armée Takeda n'attaqua pas mais établit son campement à<br />

Saigadake. Elle s'imaginait probablement être en lieu sûr puisque la bataille était terminée,<br />

mais Mikata ga Hara comporte un étroit défilé. Deux partisans de Tokugawa menèrent une<br />

attaque éclair sur le camp Takeda <strong>et</strong> réussirent à pousser les samouraï <strong>et</strong> leurs chevaux dans<br />

la gorge où ils constituèrent une cible facile. L'armée des Takeda se r<strong>et</strong>ira le lendemain,<br />

laissant Hamamatsu à Ieyasu, mais de justesse.<br />

Dans Shogun: Total War – Gold Edition, c<strong>et</strong>te bataille risque fort de se transformer en bain de<br />

sang. Il est pratiquement impossible de vaincre le clan Takeda, ils sont bien trop nombreux<br />

pour pouvoir les combattre en une fois. Une stratégie prudente consiste à tenir le plus<br />

longtemps possible avec une partie de l'armée puis de faire une r<strong>et</strong>raite ordonnée vers le<br />

château avec le reste. Une r<strong>et</strong>raite en combattant n'est jamais facile, mais la bataille est<br />

perdue si le château est capturé.<br />

yoshida, 1575<br />

"Un bon meneur d’hommes ne mobilise pas ses troupes en vain, ne se lance pas dans<br />

l’action s’il ne peut en tirer avantage <strong>et</strong> ne se bat qu’en cas de danger."<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

En 1575, Tokugawa Ieyasu continuait à se battre contre le clan Takeda, malgré la mort de<br />

son ennemi Takeda Shingen. Shingen ayant été le principal artisan du succès de son clan, sa<br />

disparition fut indubitablement un soulagement pour ses nombreux ennemis !<br />

Le fils de Shingen, Takeda Katsuyori, restait cependant un ennemi violent, même s'il n'avait<br />

pas les talents <strong>et</strong> l'énergie de son père. En 1575, Katsuyori attaqua la province de Mikawa <strong>et</strong><br />

assiégea le château de Yoshida qui avait l'air – quand c<strong>et</strong>te attaque fut proj<strong>et</strong>ée – d'avoir une<br />

garnison plutôt faible. Mais Tokugawa Ieyasu avait anticipé l'attaque <strong>et</strong> massivement renforcé<br />

les effectifs. Au lieu de rencontrer une p<strong>et</strong>ite force, le clan Takeda tomba droit sur une<br />

armée professionnelle <strong>et</strong> aguerrie. Les corps-à-corps violents qui eurent lieu hors des murs<br />

du château ne réussirent pas à donner l'avantage aux Takeda <strong>et</strong> la garnison Tokugawa était<br />

trop rusée pour abandonner les lieux pour une bataille rangée. Finalement, frustré par son<br />

incapacité à prendre le château ou à mener une bataille "convenable", Takeda Katsuyori leva<br />

le camp <strong>et</strong> prit la direction de Nagashino, vers le nord.<br />

Dans c<strong>et</strong>te bataille de Shogun: Total War – Gold Edition vous devez r<strong>et</strong>arder les forces<br />

Takeda aussi longtemps que possible <strong>et</strong> leur infliger le plus de victimes possible. Le clan<br />

Takeda peut être repoussé en usant sa patience <strong>et</strong> en éliminant quelques uns de ses<br />

membres ! Evidemment, pour y réussir pleinement, vous devez empêcher votre propre<br />

armée d'être détruite par des forces supérieures.<br />

85


temmokuzan, 1582<br />

“Quand une armée se déplace rapidement, elle est comme le vent ; quand elle se<br />

déplace lentement, elle est comme une forêt ; elle est aussi terrible que le feu, aussi<br />

immuable qu'une montagne. Elle est aussi impénétrable que la nuit, ses mouvements<br />

sont comme des coups de tonnerre.”<br />

- Sun Tzu, L'art de la guerre.<br />

Ieyasu dut attendre un certain temps pour savourer son triomphe compl<strong>et</strong>, mais il finit par<br />

réussir à détruire les Takeda.<br />

Comme les forces jointes d'Oda Nobunaga <strong>et</strong> de Tokugawa Ieyasu tombaient sur le clan<br />

Takeda, Katsuyori se rendit compte qu'il avait perdu la partie. Il avait brûlé son château de<br />

Shinpujo pour éviter qu'il ne tombe aux mains ennemies <strong>et</strong> lui-même s'était réfugié dans les<br />

montagnes. Il espérait trouver sécurité <strong>et</strong> protection au château d'Iwadono, tenu par un<br />

partisan de longue date, Oyamada Nobushige. Mais il trouva porte close. Ses fidèles<br />

revinrent en arrière pour arrêter les armées Oda <strong>et</strong> donner à Tokugawa le temps de lui<br />

perm<strong>et</strong>tre de se suicider. Bien que Nobunaga <strong>et</strong> Ieyasu n'eurent pas le plaisir de tuer leur<br />

adversaire, il est peu probable que cela les ait ennuyés, ils avait tous deux l'esprit trop<br />

pratique. Un ennemi qui se tuait de sa propre main était tout aussi mort que s'ils l'avaient<br />

tué eux-mêmes.<br />

Les conditions pour gagner c<strong>et</strong>te bataille sont simples : écrasez les Takeda <strong>et</strong> j<strong>et</strong>ez-les hors<br />

du champ de bataille. Le mieux serait même de tuer Takeda Katsuyori avant qu'il ne s'en<br />

charge lui-même ! Vous ne pourrez pas donner d'ordres aux unités menées par Nobunaga,<br />

bien qu'elles se battent avec bravoure aux côtés de vos hommes.<br />

sekigAhara, 1600<br />

La bataille de Sekigahara fut la plus décisive en un siècle de guerre continue. Ce jour vit la<br />

fin de l'ère Sengoku, "le pays en guerre" <strong>et</strong> vit l'avènement de Tokugawa Ieyasu comme<br />

Shogun. Ce fut aussi un jour de brouillard, de boue, de confusion <strong>et</strong> de trahison.<br />

Tokugawa Ieyasu commandait l'armée de l'est, une alliance formée par les fidèles de<br />

Toyotomi <strong>et</strong> d'Oda, ainsi que d'autres alliés préférant voir l'un des leurs gouverner le pays<br />

plutôt qu'un courtisan impérial. L'armée de l'ouest sous les ordres d'Ishida Mitsunari, le<br />

courtisan impérial en question, était composée de clans tout aussi décidés à ne pas laisser le<br />

pouvoir absolu à Tokugawa Ieyasu.<br />

A la fin du mois d'octobre 1600, les premiers affrontements entre armées avaient eu lieu, en<br />

une série de marches, de contre-marches, ainsi que des sièges. Pour prendre un exemple, la<br />

garnison de Tokugawa (de l'est) du château de Fushimi se distingua par une magnifique<br />

défense. Quand les deux cents derniers défenseurs se rendirent compte qu'ils ne pourraient<br />

plus tenir davantage, ils quittèrent le château <strong>et</strong> chargèrent les assiégeants.<br />

Au château de Tanabe par contre, le vénéré sage Hosokawa Yusai Fujitaka était assiégé avec<br />

sa garnison de l'est. Les attaquants n'étaient pas très enthousiastes dans leurs efforts pour<br />

prendre une place abritant un homme si respecté. Plusieurs généraux de l'ouest "oublièrent"<br />

de charger les boul<strong>et</strong>s de canon avant de faire feu sur le château, ce qui n'avait aucun eff<strong>et</strong><br />

sur le siège <strong>et</strong> en outre laissait planer des doutes sur leur volonté de mener une bataille<br />

rangée si nécessaire !<br />

Pour finir, le gros des troupes des deux camps se rencontra dans l'étroit défilé de Sekigahara<br />

86<br />

dans la province de Mino. Tôt dans la matinée du 21 octobre 1600, les deux armées furent<br />

prêtes à se rencontrer, Ishida Mitsunari ayant effectué une marche forcée de nuit pour<br />

atteindre l'endroit. Ishida Mitsunari avait choisi les lieux afin de pouvoir rencontrer l'armée<br />

de l'est menée par Tokugawa Ieyasu, <strong>et</strong> ce, avant qu'elle puisse se déployer convenablement.<br />

Il posta ses forces de manière à pouvoir attaquer quiconque s'engagerait dans l'étroit défilé.<br />

Le temps était épouvantable, les deux armées trempées <strong>et</strong> frigorifiées n'y voyaient goutte à<br />

cause du brouillard. Le combat éclata à l'heure du p<strong>et</strong>it-déjeuner, avec une rafale envoyée au<br />

milieu de l'armée de l'est. Ceux de l'est furent légèrement repoussés mais réussirent à se<br />

rallier <strong>et</strong> les combats se transformèrent en une immense bagarre dans la boue. Puis ceux de<br />

l'est commencèrent à se diriger sur Ishida Mitsunari.<br />

Presque toute son armée de l'ouest étant engagée, Ishida Mitsunari alluma des feux pour<br />

appeler les renforts commandés par Kobayakawa Hideaka. Les troupes de Kobayakawa était<br />

postées sur les hauteurs situées à droite de l'armée de l'ouest <strong>et</strong> devaient venir très<br />

rapidement pour écraser le flanc gauche des forces de l'est de Tokugawa. Mais Kobayakawa<br />

Hideaka ne fit rien du tout.<br />

Tokugawa Ieyasu avait eu des renseignements selon lesquels les forces de Kobayakawa se<br />

préparaient à déserter, mais le fait de ne pas bouger n'avait pas la même signification que<br />

changer de camp. Il envoya un p<strong>et</strong>it détachement pour "pousser" Kobayakawa à l'action en<br />

lui tirant dessus. Acculé à prendre une décision quelconque, Kobayakawa Hideaka changea<br />

de côté <strong>et</strong> attaqua le flanc d'Otani, son allié de la veille. Otani Yoshitsugu semble s'attendre à<br />

une trahison, car ses hommes ne furent pas surpris <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>ournèrent contre le traître qu'ils<br />

réussirent à battre. A ce même moment, Tokugawa Ieyasu ordonna une nouvelle attaque <strong>et</strong><br />

deux autres factions de l'armée de l'ouest, les Kuchiki <strong>et</strong> les Wakizaka, changèrent<br />

également de camp. Les Otani ne tardèrent pas à être attaqués sur trois côtés <strong>et</strong> Otani<br />

Yoshitsugu demanda à l'un de ses fidèles de le tuer, ne pouvant le faire lui-même car il était<br />

atteint de la lèpre.<br />

Le désarroi était compl<strong>et</strong> dans l'armée de l'ouest, sauf celle de Shimazu qui réussit à se<br />

frayer un passage en direction des réserves d'Ishida Mitsunari. Les réserves de l'ouest étaient<br />

déjà en train de fléchir ou de se déclarer en faveur de Tokugawa Ieyasu <strong>et</strong>, la bataille étant<br />

perdue, ces mêmes renforts qui auraient permis à Ishida Mitsunari de la remporter<br />

quittèrent Sekigahara. La bataille avait été épique <strong>et</strong> elle avait décidé du sort du Japon.<br />

Dans l'après-midi, Tokugawa Ieyasu pouvait compter les têtes de ses ennemis. Presque tous<br />

ceux qui auraient sérieusement pu menacer son autorité avaient disparu, leur puissance<br />

brisée. La menace représentée par Ishida Mitsunari n'existait plus. Les daimyo survivants<br />

profitèrent directement de leur allégeance donnée au cours de la bataille. Il faudra<br />

cependant encore trois années avant que Tokugawa Ieyasu soit nommé <strong>shogun</strong>, mais aucun<br />

doute ne subsistait plus pour savoir qui était le maître du Japon.<br />

87


5 : les <strong>mongol</strong>s<br />

“La horde des Tartares est innombrable. Quand l'un d'entre eux est tué, dix autres surgissent de<br />

l'enfer d'où il est sorti. Ils ont des têtes de chien <strong>et</strong> chacun d'entre eux porte assez d'armes pour<br />

équiper trois ou quatre guerriers.”<br />

— Ecrit en 1240 par Benoît le Polonais.<br />

Benoît le Polonais, comme d'autres Occidentaux de son époque, a peut-être commis une<br />

erreur technique en qualifiant tous les barbares des steppes de "Tartares", mais il avait de<br />

bonnes raisons d'éprouver une telle frayeur. Tous les peuples, de la Pologne à la Chine,<br />

donnaient la même description : les Mongols ne ressemblaient pas au reste de l'humanité.<br />

C'étaient des sauvages, à peine humains, des démons sortis de l'enfer. Mais avant tout, rien<br />

ne leur résistait.<br />

Les Mongols ont été décrits comme les Khmers Rouges de leur époque, tuant tous ceux qui<br />

leur résistaient <strong>et</strong> réduisant toute civilisation urbaine (ce qui en pratique signifiait la<br />

civilisation tout court) à son niveau premier, celui du paysan peinant dans son champ.<br />

Que les Mongols étaient cruels, inflexibles <strong>et</strong> brutaux ne fait pas de doute. Il faut se rappeler<br />

que ce ne sont pas les Mongols qui ont rapporté eux-mêmes leurs exploits, mais il est<br />

difficile de s'imaginer que l'histoire les ait maltraités. Ils ont battu des records historiques<br />

pour ce qui est du nombre de victimes, <strong>et</strong> même en prenant en compte une certaine<br />

exagération, leur réputation semble être méritée. Etre conquis par les Mongols était une<br />

expérience traumatisante, en supposant bien sûr qu'il restait des survivants qui puissent être<br />

traumatisés…<br />

qui étaient les <strong>mongol</strong>s ?<br />

Comme les Huns quelques siècles plus tôt, les Mongols faisaient partie des nombreux<br />

peuples des steppes, des tribus nomades parcourant les plaines d'Asie <strong>et</strong> envahissant<br />

régulièrement leurs voisins sédentaires plus civilisés. Ceci se reproduisit pendant des<br />

générations, avec parfois des situations étonnantes au cours desquelles le chef de la tribu<br />

réussissait à maintenir la cohésion après les pillages <strong>et</strong> au cours desquelles les nomades<br />

s'installaient afin de devenir la nouvelle élite. L'empire Kin dans le nord de la Chine avait été<br />

créé de c<strong>et</strong>te façon.<br />

Comme les Huns dont le chef redouté fut Attila, les Mongols donnèrent le jour à un grand<br />

conquérant en la personne de Gengis Khan. Ils partageait tous deux la même vision <strong>et</strong> un<br />

désir irrépressible de créer un empire, seuls les événements qui eurent lieu après leur mort<br />

furent différents. L'empire des steppes d'Attila s'écroula avant même que le banqu<strong>et</strong><br />

funéraire fut digéré. Au contraire, les fils <strong>et</strong> p<strong>et</strong>its-fils de Gengis Khan gardèrent l'empire<br />

intact <strong>et</strong> les états conquis restèrent dangereux <strong>et</strong> expansionnistes.<br />

temujin<br />

Au début de sa carrière, Gengis Khan était loin d'être le conquérant, voire le chef de son<br />

peuple. Né aux environs de 1155-67, il fut nommé Temujin d'après un chef Tatar (sans “r”<br />

au milieu) tué par son père. Les tribus <strong>mongol</strong>es, Naiman, Kerait, Uirat, Merkit <strong>et</strong> Jalair<br />

menaient une vie difficile, mais guère plus que d'autres peuplades nomades. Ils étaient<br />

88<br />

cependant les ennemis héréditaires des Tatars, ces derniers étant soutenus par l'empire Kin.<br />

Il prit la tête de sa famille vers 12 ou 13 ans quand les Tatars tuèrent son père. Les hommes<br />

de son père n'étaient pas disposés à suivre un enfant <strong>et</strong> il fut obligé de mener un dur<br />

combat pour sa survie avec ses frères. Les neuf chevaux constituant toute la fortune de sa<br />

famille furent volés, mais il réussit à les récupérer de la même manière. Un autre récit<br />

illustre son caractère violent : en compagnie de son jeune frère Qasar, il tua son demi-frère<br />

Bektar. Son seul crime avait été de voler un oiseau <strong>et</strong> un poisson dans les pièges tendus par<br />

Temujin. Avoir une nature impitoyable faisait partie de la tradition <strong>mongol</strong>e…<br />

Grâce à ses talents de chef <strong>et</strong> à la générosité avec laquelle il récompensait la loyauté, il<br />

réussit à rassembler une force de fidèles guerriers. La légende rapporte qu'il se serait<br />

dépouillé de son propre manteau. Ses premières campagnes eurent lieu en tant qu'allié de<br />

Togrul, le Khan de la tribu Kerait, contre ses ennemis héréditaires, les Tatars. (Le terme<br />

Tatars fut déformé en "Tartares" lors de sa traduction en Occident <strong>et</strong> fut – à tort – appliqué<br />

aux Mongols. Les Occidentaux soupçonnaient peut-être les barbares des steppes d'être en<br />

réalité originaires de Tartarus, l'enfer décrit par Homère !)<br />

Temujin <strong>et</strong> Togrul finirent par soum<strong>et</strong>tre les Tatars avec l'aide de l'empire Kin. Les Tatars<br />

furent pratiquement exterminés, seuls quelques uns échappèrent à la mort <strong>et</strong> furent<br />

intégrés dans les tribus <strong>mongol</strong>es. C'est à peu près à c<strong>et</strong>te époque que Temujin adopta le<br />

titre de Gengis ("Océanique") Khan des tribus purement <strong>mongol</strong>es. La rupture avec les<br />

Keraits de Togrul ne tarda pas <strong>et</strong> Gengis Khan <strong>et</strong> ses fidèles furent obligés de se réfugier en<br />

Sibérie <strong>et</strong> d'attendre que l'alliance entre Keraits se brise. Ceci se produisit lorsque Togrul fut<br />

tué accidentellement parce qu'il n'avait pas été reconnu en traversant le territoire des<br />

Naimans <strong>et</strong> les Keraits acceptèrent Gengis Khan comme chef. De son côté, il était assez<br />

sceptique sur leur loyauté <strong>et</strong> fit de grands efforts pour disperser la tribu.<br />

Gengis se tourna ensuite vers les Naimans, la seule tribu capable de résister à son ascension.<br />

Après une campagne sanglante, ils se soumirent en 1206 <strong>et</strong> Gengis Khan fut proclamé Khan<br />

suprême de toutes les tribus turques <strong>et</strong> <strong>mongol</strong>es d'Asie, avec la bénédiction divine acquise<br />

grâce à l'intervention d'un chaman. Se posait à présent le problème de ce qu'il allait faire<br />

ensuite. Gengis Khan était à la tête d'une superbe machine de guerre qu'il fallait utiliser <strong>et</strong><br />

sans tarder, avant que les tribus ne se m<strong>et</strong>tent à se battre entre elles selon leur coutume.<br />

D'une certaine façon, la décision de continuer la conquête de nouveaux territoires – ou<br />

même du monde entier – représentait une solution à ce problème. Pour commencer, toutes<br />

les autres tribus nomades d'Asie centrale, par exemple les Kirghizes, pouvaient être<br />

soumises. D'autres, comme les Ouigours sentirent le vent tourner <strong>et</strong> se soumirent<br />

volontairement. En agissant ainsi, les Ouigours l<strong>et</strong>trés <strong>et</strong> cultivés s'épanouirent dans l'empire<br />

<strong>mongol</strong>.<br />

en chine<br />

A c<strong>et</strong>te époque, la Chine était loin d'être un état monolitique. Les Mongols en profitèrent <strong>et</strong><br />

lancèrent une expédition sur les empires Kin (autour de Pékin) <strong>et</strong> Si-Hia dans l'ouest du<br />

pays. Ces premières attaques en territoire chinois obligèrent les Si-Hia à accepter Gengis<br />

Khan comme suzerain, mais les campagnes furent loin d'être un succès <strong>total</strong>. La tactique<br />

habituelle des Mongols consistant à massacrer les ennemis vaincus était très efficace contre<br />

des nomades où les peuplades constituaient l'essentiel de la "richesse" <strong>et</strong> des ressources<br />

d'une tribu, mais face aux millions de Chinois, quelle en était l'utilité ? Il ne servait par<br />

ailleurs à rien de recruter les paysans chinois dans l'armée car ils n'avaient aucune capacité<br />

guerrière. Les empereurs Kin étaient belliqueux, étant eux-mêmes des conquérants<br />

89


nomades, mais ils étaient aidés par la science chinoise <strong>et</strong> avaient d'excellentes aptitudes<br />

guerrières. Même le sac de Pékin de 1215 ne brisa pas leur résistance qui persista contre<br />

Gengis Khan <strong>et</strong> ses successeurs.<br />

Vers l'ouest, les Kara Khitai tombèrent <strong>et</strong> les généraux de Gengis Khan utilisèrent<br />

astucieusement des tensions religieuses à leur profit. Les musulmans de la région étaient<br />

persécutés <strong>et</strong> les Mongols y mirent fin. Ils furent donc accueillis comme des libérateurs par<br />

une bonne partie de la population. Au-delà des montagnes du Pamir s'étendaient d'autres<br />

pays musulmans : la Perse <strong>et</strong> l'Oxianie.<br />

le premier assaut sur l'Islam<br />

“…Tailler mes ennemis en pièces, les pousser devant moi, m'emparer de leurs biens, contempler<br />

les larmes de ceux qui leur sont chers <strong>et</strong> tenir leurs filles <strong>et</strong> leurs femmes dans mes bras.”<br />

Le plus grand plaisir de Gengis Khan, selon l'historien Rachid al Din<br />

Au-delà des montagnes, Gengis Khan dut faire face à un homme aussi belliqueux que lui, le<br />

Khârezmshah Ala ed-Din Mohammed. Ayant battu les Khitais <strong>et</strong> ses rivaux en Afghanistan,<br />

Ala ed-Din n'était pas d'humeur à se soum<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> à devenir vassal du Grand Khan. Quelles<br />

qu'en soient les raisons, ses suppositions semblent avoir été erronées, car il s'attendait<br />

seulement à une expédition prolongée des Mongols en 1219 (il pensait peut-être que ces<br />

derniers attaqueraient plutôt la Chine). Bien que l'armée khârezm était supérieure à l'armée<br />

<strong>mongol</strong>e, elle fut bloquée dans des tâches de défense des garnisons.<br />

Toutes les villes de garnison furent détruites les unes après les autres. Boukhara tomba <strong>et</strong><br />

tous les hommes furent tués jusqu'au dernier. Ceci se reproduisit de nombreuses fois <strong>et</strong><br />

lorsqu'une ville se rendait, les chefs militaires, civils <strong>et</strong> religieux étaident passés au fil de<br />

l'épée. Si une ville résistait, tous ses habitants étaient mis à mort, quel que soit leur âge ou<br />

leur sexe. Les seuls épargnés étaient les artisans qui en raison de leurs capacités utiles<br />

étaient immédiatement enrôlés pour le siège suivant. Les villes furent incendiées, soit<br />

accidentellement lors des pillages ou délibérément. C<strong>et</strong>te stratégie de terreur systématique<br />

finit par détruire <strong>total</strong>ement le moral du peuple khârezm <strong>et</strong> de son armée.<br />

Pour finir, même Ala ed-Din Mohammed prit la fuite <strong>et</strong> mourut d'épuisement en 1220, brisé<br />

<strong>et</strong> désespéré par ces événements. Mais les déprédations des Mongols ne s'arrêtèrent pas<br />

pour autant. Gengis Khan fit même détruire les tombes des ancêtres de ses ennemis. Rien<br />

ne semblait devoir rester intact. Ce fut à Djelal ed-Din, le fils d'Ala ed-Din, qu'incomba la<br />

tâche de continuer le combat. Il réussit à infliger une défaite à une colonne <strong>mongol</strong>e, mais<br />

fut tout de même acculé contre le fleuve Indus. Bizarrement, Gengis Khan, permit à Djelal<br />

ed-Din de s'échapper, arguant que celui-ci était un héros digne d'être imité par ses fils. Les<br />

Mongols ravagèrent l'Inde musulmane avant de s'en r<strong>et</strong>ourner au nord.<br />

A ce moment, la ville d'Hérat se révolta, espérant que Djelal avait réussi à vaincre. Ce n'était<br />

pas le cas. Toujours aussi impitoyables, les Mongols assiégèrent la ville pendant qui, après<br />

une résistance désespérée de six mois, se résigna. On prétend que 1 600 000 personnes<br />

trouvèrent la mort lorsque la cité tomba.<br />

En 1223, Gengis Khan r<strong>et</strong>ourna dans les steppes <strong>mongol</strong>es accompagné de milliers de<br />

prisonniers. N'ayant aucun moyen de nourrir autant de bouches, les Mongols les<br />

massacrèrent méthodiquement, même les artisans les plus habiles <strong>et</strong> les l<strong>et</strong>trés qui avaient<br />

été utilisés furent purement <strong>et</strong> simplement tués maintenant qu'ils n'étaient plus d'aucune<br />

utilité. Massacrer les gens était l'un des outils du pouvoir de Gengis Khan.<br />

Ses armées continuaient à chevaucher. La force qui avait été envoyée afin de pourchasser<br />

90<br />

Ala ed-Din Mohammed continuait son avance, pillant l'ouest de la Perse <strong>et</strong> pénétrant en<br />

Géorgie chrétienne. Elle atteignit la côte de la mer Caspienne dans le territoire actuellement<br />

constitué par le sud de la Russie. Là se trouvaient des nomades, les Kipchaks turcs qui<br />

tentèrent de s'allier aux Mongols. Ce fut un échec <strong>et</strong> les Kipchaks se virent contraints<br />

d'appeler les Princes russes à l'aide. Le Prince de Kiev fut capturé <strong>et</strong>, après avoir été traité<br />

avec les honneurs requis, fut étouffé sous une pile de tapis. Pour les Mongols c<strong>et</strong>te<br />

exécution était tout à fait honorable car le sang du Prince n'avait pas été répandu. Les<br />

colonnes <strong>mongol</strong>es continuèrent leur route, écrasant tout ce qui se trouvait sur leur<br />

passage, pour rejoindre leur Khan.<br />

la mort de Gengis Khan<br />

En 1226, Gengis Khan était un vieillard, mais il avait toujours le ferme proj<strong>et</strong> de conquérir la<br />

Chine. C<strong>et</strong>te fois-ci, il conquit l'empire Si-Hia, à l'aide des mêmes méthodes qui avaient si<br />

bien fait leurs preuves contre les musulmans. Mais avant de pouvoir continuer, Gengis Khan<br />

mourut, apparemment des conséquences d'une chute de cheval. Sa mort fut tenue secrète<br />

jusqu'à la fin de la campagne contre les Si-Hia. Son cortège funéraire se dirigeant vers les<br />

Monts Kentei, tous ceux qui croisèrent son chemin furent tués, afin que le Grand Khan ne<br />

soit pas en manque de serviteurs dans sa vie dans l'au-delà. Quarante belles jeunes filles<br />

issues de familles nobles furent également sacrifiées afin de l'accompagner. Le Grand Khan<br />

fut enterré avec des servantes, des chevaux, <strong>et</strong> tout ce dont il pourrait avoir besoin. Sur sa<br />

sépulture qui ne fut jamais r<strong>et</strong>rouvée, le massacre final des Si-Hia fut annoncé.<br />

Les rênes du pouvoir de l'Empire <strong>mongol</strong> étaient dans les mains des parents de Gengis<br />

Khan, la Famille d'Or. Son fils Ogadaï, ses p<strong>et</strong>its-fils Kuyuk <strong>et</strong> Mongke allaient régner avant<br />

son p<strong>et</strong>it-fils le plus célèbre : Koubilaï Khan.<br />

Pendant tout ce temps, les Mongols ne cessèrent jamais leur expansion. Ils marchèrent sur<br />

le Moyen-Orient <strong>et</strong>, traversant les steppes en direction de l'ouest, ils se dirigèrent sur<br />

l'Occident.<br />

l'ouest épargné<br />

Le 9 avril 1241, une force composée de Germains, de Polonais <strong>et</strong> de Chevaliers Teutoniques<br />

quittèrent Legnica pour attaquer l'armée <strong>mongol</strong>e qui avançait rapidement vers l'ouest. Tout<br />

d'abord, il sembla que les chevaliers puissamment armés <strong>et</strong> revêtus d'armures avaient brisé<br />

les Mongols qui prirent la fuite. Mais ils commirent l'erreur de les poursuivre <strong>et</strong> tombèrent<br />

dans une embuscade.<br />

Les chevaliers moururent presque jusqu'au dernier.<br />

Un jour plus tard, à des centaines de kilomètres de là, le roi Béla de Hongrie <strong>et</strong> son armée<br />

furent encerclés par une autre force <strong>mongol</strong>e. C<strong>et</strong>te dernière faisant semblant de se r<strong>et</strong>irer,<br />

les Hongrois furent piégés dans une forteresse. Un autre désastre était en préparation. Les<br />

Mongols encerclaient les Hongrois mais semblaient avoir laissé une brèche dans leurs rangs.<br />

Les Hongrois tentèrent une échappée <strong>et</strong> alors qu'elle allait réussir, une r<strong>et</strong>raite affolée<br />

détruisit toute semblance d'ordre dans les positions hongroises. Les Mongols foncèrent sur<br />

la foule en désordre <strong>et</strong> ce fut la fin d'une autre armée d'Occident. Quelques uns seulement<br />

en réchappèrent : le Roi Béla n'arrêta sa fuite que lorsqu'il atteignit une île dans l'Adriatique.<br />

Il ne fallait pas moins qu'une mer entre lui <strong>et</strong> les Mongols pour qu'il se sente enfin à l'abri !<br />

Ayant également pris la Hongrie, les Mongols s'arrêtèrent pour se reposer <strong>et</strong> engraisser<br />

leurs chevaux. Tout l'Occident semblait devoir plier sous les hordes barbares une fois de<br />

91


plus. Vienne <strong>et</strong> le Danube étaient devant eux <strong>et</strong> au-delà les riches territoires de la<br />

Germanie, du Royaume des Francs <strong>et</strong> des Pays-Bas. Il y avait peu de chances qu'un<br />

monarque d'Occident soit capable de lever une armée pouvant leur résister, l'avenir<br />

semblait effectivement très noir. Pour les Occidentaux, attendant l'inévitable massacre, la<br />

colère de Dieu semblait sur le point de frapper. Les Mongols ne s'arrêteraient pas avant<br />

d'avoir atteint l'Atlantique.<br />

Mais, contre toute attente, les Mongols changèrent de cap au dernier moment. Bien que<br />

contrôlant un empire s'étendant du Danube jusqu'à la Chine, ils restaient un peuple nomade.<br />

Un événement survenu par hasard les ramena chez eux : Ogadaï, le troisième fils de Gengis<br />

Khan était mort. C<strong>et</strong> héritier, brillant mais intempérant, avait réussi non seulement à<br />

maintenir le territoire de son père, mais également à poursuivre la conquête jusqu'au<br />

Moyen-Orient <strong>et</strong> aux frontières de l'Occident.<br />

A force de boire, il termina sa vie ivre-mort au vrai sens du terme. Sa disparition mit à jour<br />

la faiblesse inhérente au système politique des Mongols. Ils étaient restés des nomades liés<br />

personnellement au Khan <strong>et</strong> non pas à une notion moderne de fidélité à l'état ou à la nation.<br />

Leur Khan étant mort, les Mongols rentrèrent dans leur patrie pour choisir un nouveau chef<br />

dans la Famille d'Or. Au moment où l'Occident aurait pu être <strong>total</strong>ement envahi, ils<br />

rentrèrent chez eux <strong>et</strong> ne revinrent plus. A ce propos, les Polonais considèrent toujours la<br />

défaite de Legnica comme celle qui sauva l'Occident.<br />

Les Mongols concentrèrent donc leurs efforts sur la Chine <strong>et</strong> l'est…<br />

koubIlaï khan<br />

92<br />

Koubilaï Khan à Xanadu<br />

Ordonna d'ériger une demeure majestueuse<br />

La où coule Alph, la rivière sacrée<br />

Dans des cavernes pour l'homme démesurées<br />

Jusqu'à une mer ténébreuse<br />

Voix ancestrales prophétisant la guerre<br />

— Samuel Taylor Coleridge<br />

Au faîte de sa gloire, Koubilaï Khan était l'homme le plus riche <strong>et</strong> le plus puissant du monde.<br />

Sa richesse était incommensurable <strong>et</strong> il possédait effectivement une "demeure majestueuse"<br />

à Xanadu. Le palais d'été de Koubilaï Khan se trouvait dans sa capitale Tchong-tou, entouré<br />

d'une immense réserve de chasse <strong>et</strong> était d'une magnificence extraordinaire. Marco Polo en<br />

fut impressionné au plus haut point, ainsi que par bien d'autres choses qu'il découvrit à la<br />

cour du Khan.<br />

Koubilaï Khan régnait sur un territoire s'étendant du Danube à l'ouest à la côte du Pacifique<br />

en Chine à l'est, de la Sibérie au nord à l'océan Indien au sud. Il était le suzerain reconnu de<br />

tous les khanats <strong>mongol</strong>s. En digne p<strong>et</strong>it-fils de Gengis Khan, il fut un conquérant tout aussi<br />

prodigieux. Cependant, contrairement à son grand-père, il se consacra essentiellement à<br />

prendre la Chine puis à étendre l'influence chinoise (sous domination <strong>mongol</strong>e) sur de<br />

nouvelles possessions. Il unifia également la Chine sous un empereur unique <strong>et</strong> fonda une<br />

nouvelle dynastie.<br />

la conquête de la chine<br />

La résistance aux Mongols s'était renforcée immédiatement après la mort de Gengis Khan.<br />

En 1234, pratiquement toutes les forces <strong>mongol</strong>es avaient été mobilisées pour détruire la<br />

dernière province Kin au nord. Les Kin étaient restés des nomades des steppes eux aussi.<br />

L'empire Song, au sud du fleuve Hwai était une nation chinoise très ancienne <strong>et</strong> très<br />

civilisée, <strong>et</strong> pas un adversaire facile. Il faudra plus de 40 ans pour vaincre les Song.<br />

A la mort d'Ogadaï en 1241 (l'abus de boisson finit par le tuer), l'Empire <strong>mongol</strong> semblait sur<br />

le point d'éclater entre une multitude de tribus adverses. Mongke, l'un des p<strong>et</strong>its-fils de<br />

Gengis Khan, finit par prendre le pouvoir <strong>et</strong> fut proclamé grand Khan. Guerrier impitoyable,<br />

Mongke reprit immédiatement le chemin de la conquête. Son frère Koubilaï eut le choix<br />

parmi les territoires conquis en Chine. Un autre frère, Hülegü, reçut le commandement des<br />

Mongols au Moyen-Orient, bien que le grand Khan n'eut jamais pour priorité la conquête de<br />

ces territoires <strong>et</strong> que l'<strong>invasion</strong> de l'Occident ne se renouvela pas.<br />

Mongke <strong>et</strong> Koubilaï entreprirent une campagne pour conquérir l'empire Song. La guerre fut<br />

longue <strong>et</strong> difficile. Le sud de la Chine était très peuplé, riche, <strong>et</strong> possédait nombre de cités<br />

bien fortifiées. Le terrain n'était pas idéal pour la stratégie d'une armée basée principalement<br />

sur des archers à cheval très rapides. Même le climat les frappait durement avec d'étranges<br />

maladies qu'ils ne connaissaient pas. Ils furent obligés d'adopter des méthodes de guerre<br />

chinoises <strong>et</strong>, c'est ce qu'ils firent de façon remarquable. Ils avaient déjà fait connaissance<br />

avec certaines idées chinoises à travers les Ouigours, <strong>et</strong> ils se mirent à recruter des<br />

fantassins <strong>et</strong> autres spécialistes chinois.<br />

Avant d'affronter les Song, Mongke envahit l'empire de Nanchou, dans l'espoir de leur<br />

couper la route du commerce vers l'Inde <strong>et</strong> la Birmanie. Koubilaï reçut le commandement<br />

suprême <strong>et</strong> prépara soigneusement sa campagne, ce qui devait devenir le signe distinctif de<br />

ses guerres ultérieures sur le continent. Lorsque les Mongols arrivèrent rapidement à Ta-li,<br />

la capitale du Nanchou, ils ne suivirent pas leurs habitudes consistant à passer tout le monde<br />

au fil de l'épée, bien au contraire. Koubilaï, semblant avoir été influencé par un récit qui lui<br />

avait été narré par son précepteur chinois à propos d'un général ayant pris une ville sans<br />

tuer un seul de ses habitants, déclara qu'il pourrait faire de même. Ses troupes pénétrèrent<br />

dans Ta-li accompagnées d'une bannière portant ces mots "Ne tuez pas, sous peine de<br />

mort". Les commandants de la ville tuèrent les émissaires <strong>mongol</strong>s venus demander la<br />

reddition de la ville <strong>et</strong> furent à leur tour exécutés lorsque les Mongols y pénétrèrent sans<br />

résistance. Ce furent les seules victimes de la prise de Ta-li. La terrible réputation des<br />

Mongols sur le sort réservé à tous ceux qui leur résistaient a peut-être aidé à la réussite du<br />

stratagème de Koubilaï, mais il était assez intelligent pour s'apercevoir que la bienveillance<br />

était une arme aussi puissante que le massacre.<br />

En 1257, les Mongols étaient en mesure d'attaquer les Song. Ils firent une brève incursion en<br />

Annam, au nord du Vi<strong>et</strong>nam, certains la qualifièrent d'insensée. L'expérience des Mongols au<br />

Vi<strong>et</strong>nam aurait pu servir de leçon à toutes les grandes puissances ayant jamais eu affaire à ce<br />

pays. Les Mongols gagnèrent plusieurs batailles, y compris contre une force d'éléphants<br />

93


annamites ! Mais des 100 000 hommes ayant été envoyés en campagne, seuls 20 000<br />

survécurent à la jungle, aux maladies <strong>et</strong> aux harcèlements constants. Le Vi<strong>et</strong>nam a été la<br />

tombe de plus d'une armée au cours de l'histoire. Les Mongols tentèrent plusieurs fois de<br />

conquérir le Vi<strong>et</strong>nam, mais ne réussirent jamais.<br />

Koubilaï Khan passait également beaucoup de temps à gouverner ses possessions au nord de<br />

la Chine <strong>et</strong> construisit une nouvelle capitale, à environ dix jours de marche de Pékin à<br />

Tchong-tou (le Xanadu du poème de Coleridge). Il accorda également un pouvoir plus grand<br />

à ses conseillers chinois mais garda le commandement absolu de l'armée. C<strong>et</strong>te politique<br />

accordant des pouvoirs accrus aux Chinois ne le rendait pas populaire parmi les Mongols<br />

aux idées traditionnelles <strong>et</strong> Mongke, après avoir pris des renseignements sur le<br />

gouvernement de son frère, fit exécuter de nombreux fonctionnaires chinois de rang élevé.<br />

Une guerre fratricide semblait sur le point d'éclater entre Koubilaï <strong>et</strong> Mongke, mais le bon<br />

sens prévalut <strong>et</strong> ils se mirent d'accord pour attaquer les Song.<br />

Leur nouvelle stratégie était intéressante. Ils ne comptaient pas simplement envahir le<br />

territoire des Song en détruisant tout sur leur passage comme d'habitude. Ils voulaient isoler<br />

les Song dans leur territoire à l'est de la Chine <strong>et</strong> les obliger à se rendre. On était loin de la<br />

stratégie appliquée généralement par les Mongols, <strong>et</strong> cela prouve qu'ils n'étaient plus les<br />

barbares d'antan. La campagne se passant bien, Koubilaï faisait le siège de Wouchang lorsqu'il<br />

apprit que Mongke avait été tué lors de la conquête de Ho-chou, par la dysenterie ou par<br />

une flèche (les récits sont contradictoires).<br />

Les Song semblaient devoir échapper à leur sort, car les Mongols seraient paralysés du point<br />

de vue militaire le temps de choisir un nouveau chef, ou ils risquaient la guerre civile. Mais<br />

les choses ne se passèrent pas ainsi. Malgré sa convocation au grand kouriltaï, l'assemblée<br />

des Mongols, afin de choisir leur nouveau chef, Koubilaï continua sa campagne sur les Song.<br />

Il avait compris qu'un succès militaire éclatant lui assurerait le titre de Khan. Il réussit à<br />

traverser le Yang-Tsé malgré une violente résistance <strong>et</strong> malgré les convocations au kouriltaï,<br />

sachant que ce dernier ne commencerait pas sans lui. Il y avait d'autres prétendants au<br />

khanat, mais seuls Koubilaï <strong>et</strong> son frère Arik-Böke possédaient des armées proches du lieu<br />

de l'assemblée. Koubilaï n'était pas forcément le candidat parfait pour devenir Khan : aux<br />

yeux des Mongols, il était trop intéressé par la Chine <strong>et</strong> tout ce qui en provenait, <strong>et</strong> Arik-<br />

Böke était aussi déterminé que lui à devenir le prochain Grand Khan.<br />

Koubilaï se fit finalement nommer Grand Khan par son armée à Tchong-tou en 1260. Arik-<br />

Böke quant à lui persuada les chefs des tribus de Mongolie de l'élire au poste suprême. Une<br />

guerre civile éclata gagnée par Koubilaï qui refusa de pourchasser son jeune frère. Ce<br />

dernier se rendit en 1264 <strong>et</strong> fut r<strong>et</strong>enu prisonnier jusqu'à sa mort deux ans plus tard.<br />

Pendant ce temps, Koubilaï Khan s'était couronné "Fils du ciel", le titre traditionnel porté par<br />

les Empereurs chinois. Il déclara également que, bien que les Mongols étaient de meilleurs<br />

guerriers, ils avaient besoin de l'habil<strong>et</strong>é chinoise pour gouverner. Ces deux actions<br />

établirent clairement que l'avenir des Mongols se trouvait en Chine <strong>et</strong> à l'est, reléguant au<br />

second plan les campagnes vers le Moyen-Orient <strong>et</strong> l'Occident. Les hordes <strong>mongol</strong>es<br />

resteraient une menace à l'ouest, mais musulmans <strong>et</strong> chrétiens n'affronteraient plus vraiment<br />

leur férocité.<br />

94<br />

la conquête des song<br />

Koubilaï Khan reprit son attaque de l'empire Song en 1264. Il avait méticuleusement calculé<br />

ses plans, car il désirait prendre ce territoire intact <strong>et</strong> non pas réduit à un désert dévasté.<br />

La campagne fut longue, éprouvante <strong>et</strong> difficile. Le climat ne jouait pas en leur faveur, car<br />

sur ce territoire humide les Mongols furent victimes d'infections <strong>et</strong> de parasites variés. Il n'y<br />

avait pratiquement pas de pâturages pour leurs chevaux <strong>et</strong> très peu de champs de bataille<br />

étendus pour la cavalerie. L'infanterie chinoise fut utilisée en grand nombre, <strong>et</strong> c'est<br />

exactement ce qu'il fallait étant donné les conditions climatiques <strong>et</strong> l'état de siège. Les<br />

Mongols furent aussi obligés de recruter dans tout l'empire (jusqu'en Irak !) un nombre<br />

énorme de troupes car il fallait assiéger individuellement chaque cité Song avant de la<br />

prendre. Le siège de Hsiang-yang fut historique : les Mongols l'encerclèrent durant cinq<br />

années avant que la ville tombe. Ce fut l'événement décisif de la campagne, bien qu'il fallut<br />

attendre jusqu'en 1276 avant que l'Impératrice Douairière Song rem<strong>et</strong>te les sceaux de la<br />

ville de Hangchou.<br />

La défaite définitive des Song nécessita encore trois années <strong>et</strong> eut lieu en 1279 lorsque le<br />

dernier Empereur Song, un enfant de neuf ans, fut pris avec ce qui restait de sa flotte.<br />

L'amiral en chef des Song sauta par dessus bord avec l'enfant, refusant d'être capturé par les<br />

Mongols. Avec c<strong>et</strong>te défaite, le Chine fut réunifiée pour la première fois depuis la chute de<br />

dynastie Tang au Xe siècle <strong>et</strong>, malgré une histoire chaotique, le resta jusqu'à nos jours.<br />

Pendant ce temps, évidemment, les Mongols de Koubilaï Khan continuaient leur expansion<br />

dans d'autres régions. Les Coréens avaient entamé une pénible lutte contre les Mongols<br />

après avoir vainement essayé de les soudoyer. Leur résistance dura un certain temps mais la<br />

Corée fut finalement soumise <strong>et</strong> intégrée dans l'Empire <strong>mongol</strong>, la famille royale garda<br />

cependant ses prérogatives <strong>et</strong> gouverna au nom du Grand Khan. La dynastie des Ch'oe avait<br />

été si impopulaire en Corée que la population avait accueilli les Mongols comme des<br />

libérateurs !<br />

l'<strong>invasion</strong> du japon<br />

Ce fut la Corée qui donna l'idée à Koubilaï Khan de conquérir le Japon. Les pirates japonais<br />

avaient toujours attaqué les navires coréens ainsi que la côte, mais ces expéditions cessèrent<br />

lorsque les Mongols furent maîtres du pays : personne n'était assez fou pour provoquer le<br />

Grand Khan. Koubilaï Khan ne s'en contenta pas <strong>et</strong>, en 1266 <strong>et</strong> en 1268, il envoya des<br />

ambassades au Japon afin de se faire reconnaître comme suzerain. Les Japonais furent<br />

surpris, car après tout, ils possédaient un Empereur d'origine divine <strong>et</strong> n'avaient nul besoin<br />

d'un étranger.<br />

le japon au temps des <strong>mongol</strong>s<br />

Au moment des <strong>invasion</strong>s <strong>mongol</strong>es, le Japon était encore une nation belliqueuse, bien que<br />

la lutte pour le pouvoir était confinée à la Cour Impériale. Les samouraï quant à eux<br />

dirigeaient le pays au jour le jour, leurs aptitudes guerrières étant devenues inutiles depuis<br />

de nombreuses années.<br />

En vérité, la structure du pouvoir suprême cachait la réalité des faits. L'Empereur, toujours<br />

auréolé de son statut divin, était un homme de paille pour les Shogun. Lorsque les<br />

ambassadeurs de Koubilaï Khan firent leur apparition, le Shogun était en fait lui aussi un<br />

95


homme de paille <strong>et</strong> le véritable pouvoir se trouvait ailleurs. Le véritable dirigeant du pays<br />

était le shikken, le régent. La famille Hojo contrôlait le pays, ayant éliminé les Shogun<br />

Minamoto au cours d'une campagne de conspirations <strong>et</strong> de meurtres. Ils n'étaient<br />

certainement pas d'humeur à abandonner le pouvoir, même à quelqu'un d'aussi puissant que<br />

Koubilaï Khan.<br />

En 1274, la première tentative d'<strong>invasion</strong> du Japon fut préparée en Corée, mais le pays<br />

n'était pas en état de soutenir une telle opération alors qu'il se rem<strong>et</strong>tait à peine de la<br />

conquête <strong>mongol</strong>e. Une flotte relativement p<strong>et</strong>ite fut envoyée au Japon, elle était composée<br />

de Mongols <strong>et</strong> de quelques Coréens. Il faut dire que les Coréens étaient loin d'être<br />

enthousiasmés à la perspective de combattre pour Koubilaï Khan ou contre les Japonais.<br />

L'expédition accosta dans la baie de Hakata <strong>et</strong>, après avoir remporté quelques succès sur les<br />

p<strong>et</strong>ites îles de Tsushima <strong>et</strong> Iki, elle battit les forces japonaises venues les repousser dans la<br />

mer. Mais les Mongols se révélèrent incapables d'étendre c<strong>et</strong>te p<strong>et</strong>ite tête de pont.<br />

Lorsque le temps changea <strong>et</strong> qu'une énorme tempête s'annonça à l'horizon, les officiers<br />

coréens persuadèrent les Mongols qu'il valait mieux réembarquer <strong>et</strong> éviter l'ouragan en mer.<br />

Ce conseil s'avéra désastreux <strong>et</strong> on estime à 13 000 le nombre d'hommes noyés. Les<br />

survivants firent voile pour rentrer chez eux une fois la tempête calmée <strong>et</strong> les Japonais<br />

fêtèrent l'événement.<br />

Le temps était responsable de la défaite Mongole, pas les Japonais. Les samouraï n'avaient<br />

plus l'entraînement nécessaire à la guerre à grande échelle, car ils n'avaient plus combattu<br />

depuis des décennies !<br />

Les façons de se battre des Mongols <strong>et</strong> des Japonais différaient profondément, ces derniers<br />

n'étant pas vraiment en mesure d'affronter une armée <strong>mongol</strong>e. Les Mongols étaient une<br />

force professionnelle disciplinée pour laquelle l'honneur individuel ne signifiait rien du tout.<br />

Ceci constitua un choc pour les samouraï. Pour eux, ce n'était pas une façon décente de<br />

faire la guerre. La guerre était une affaire d'honneur, ou faute d'un terme plus adéquat, de<br />

guerriers gentilshommes, car, sur le champ de bataille, les samouraï étaient fiers de<br />

proclamer leur nom, leurs exploits <strong>et</strong> leur valeur. Ils cherchaient avant tout à affronter un<br />

adversaire de la même valeur en tant qu'individu ; le concept de se battre comme une<br />

armée organisée était compris, mais n'avait pas grande importance. Le deuxième choc fut de<br />

constater que leurs adversaires avaient un arsenal supérieur au leur. L'arc <strong>mongol</strong> surpassait<br />

sur bien des points l'arc japonais, sans compter que les Mongols possédaient des armes à<br />

feu.<br />

Ceci dit, la première <strong>invasion</strong> ne fut pas une réussite. Lorsque les Mongols revinrent, ce<br />

serait en plus grand nombre <strong>et</strong> avec une détermination accrue.<br />

les kamikaze<br />

La seconde <strong>invasion</strong> dut attendre la défaite des Song, <strong>et</strong> pendant un moment, il sembla que<br />

les Japonais allaient leur rendre la politesse <strong>et</strong> attaquer la Corée. Ce fut Koubilaï Khan qui<br />

organisa la seconde <strong>invasion</strong> en 1281.<br />

Le corps expéditionnaire était bien plus important, malgré le fait que les préparatifs aient<br />

été quelque peu précipités, contrairement à l'habitude. Deux flottes furent levées dans le<br />

sud <strong>et</strong> le nord de la Chine, elles devaient se rencontrer sur l'île d'Iki avant d'attaquer les îles<br />

principales. Les commandants des deux flottes se querellèrent <strong>et</strong> les forces d'<strong>invasion</strong> ne<br />

coordonnèrent jamais véritablement leurs actions. Les deux flottes accostèrent aux deux<br />

extrémités de la baie de Hakata où les Japonais avaient construit un mur de 20 kilomètres<br />

de long.<br />

96<br />

Bien que les deux forces d'<strong>invasion</strong> mirent pied à terre, les Japonais réussirent à les arrêter.<br />

Les troupes chinoises <strong>et</strong> coréennes, se trouvant parmi les envahisseurs, ne se battirent pas<br />

violemment, <strong>et</strong> les Japonais infiltrèrent leurs p<strong>et</strong>its navires là où ceux des Mongols étaient<br />

ancrés. Les combats durèrent du 23 juin au 14 août 1281 puis, du 15 au 16 août, un autre<br />

typhon frappa la flotte <strong>mongol</strong>e. Environ la moitié de la flotte du sud fut détruite, ainsi que<br />

le tiers de celle du nord. Tous ceux qui ne purent se sauver <strong>et</strong> ceux qui furent ramenés sur<br />

la côte furent tués sans autre forme de procès ou réduits en esclavage. Les Mongols ne<br />

pouvaient en aucune façon se rem<strong>et</strong>tre d'un tel désastre <strong>et</strong> le Japon avait été sauvé par les<br />

"vents divins" ou kamikaze (d'où le nom des pilotes suicide de la Seconde guerre mondiale<br />

qui devaient également sauver le pays <strong>et</strong> détruire les ennemis du Japon).<br />

Malgré les pertes horribles subies lors de la seconde campagne, Koubilaï Khan tenait<br />

absolument à faire une troisième tentative. Seuls l'entêtement de ses subordonnés<br />

s'opposant à c<strong>et</strong>te idée puis sa mort évitèrent une troisième <strong>invasion</strong>. Avec tous ses autres<br />

exploits, Koubilaï Khan n'avait pas à regr<strong>et</strong>ter que le Japon reste hors de sa portée. Mais le<br />

mythe de l'invicibilité des Mongols avait été sérieusement mis à mal dans toute l'Asie.<br />

“que se serait-il passé si ?” l'<strong>invasion</strong><br />

<strong>mongol</strong>e dans Shogun: Total War –<br />

Gold Edition<br />

Dans Shogun: Total War – Gold Edition une question simple mais cruciale est posée.<br />

Que se serait-il passé si l'ouragan du 15 <strong>et</strong> 16 août n'avait pas eu lieu ? De c<strong>et</strong>te question en<br />

découle une autre : que se serait-il passé si les Mongols avaient réussi à rester au Japon ?<br />

Auraient-ils vaincu ? Le Japon serait-il devenu un nouvelle province de l'Empire <strong>mongol</strong> ?<br />

Avec un temps plus clément, les Mongols auraient eu de meilleures chances de faire venir<br />

des renforts à volonté depuis la Chine. Ils auraient également pu s'enfoncer davantage dans<br />

les terres <strong>et</strong> porter les combats plus loin. Face à une armée professionnelle, extrêmement<br />

disciplinée <strong>et</strong> habituée à utiliser la terreur comme stratégie, les Japonais auraient-ils pu<br />

résister ?<br />

Quarante années auparavant, les Mongols avaient détruit une armée de chevaliers chrétiens<br />

à Legnica en Pologne. Ces chevaliers ressemblaient énormément aux samouraï à l'époque<br />

de Koubilaï Khan : des guerriers qui n'étaient certainement pas prêts à sacrifier leur honneur<br />

<strong>et</strong> leur statut personnels à une quelconque notion abstraite de discipline militaire. Le<br />

"système" des samouraï produisait des guerriers de grand talent <strong>et</strong> redoutables. Par contre,<br />

il ne produisait pas d'armées capables de résister aux Mongols. Les samouraï auraient<br />

certainement combattu jusqu'à la mort, leur code d'honneur leur aurait dicté c<strong>et</strong>te<br />

résistance, mais c'est exactement le genre de comportement susceptible de provoquer un<br />

massacre général de la part des Mongols...<br />

Il est généralement admis que l'armée <strong>mongol</strong>e de Koubilaï Khan n'était pas celle dont<br />

disposait son grand-père. Pour commencer, elle était beaucoup plus variée du point de vue<br />

<strong>et</strong>hnique. Elle était cependant tout aussi disciplinée <strong>et</strong> probablement plus flexible au niveau<br />

tactique que l'ancienne horde <strong>mongol</strong>e. Comme nous le verrons dans un instant, c'était<br />

également une force d'une modernité incroyable.<br />

97


l'impact des Mongols<br />

Les eff<strong>et</strong>s de l'<strong>invasion</strong> <strong>mongol</strong>e ne peuvent pas être ignorés dans les territoires qu'ils ont<br />

conquis, pillés <strong>et</strong> détruits. Là où ils passaient, les indigènes avaient l'impression que tout avait<br />

été détruit, que la vie s'était arrêtée. Ils étaient ressentis comme une épidémie de peste.<br />

Les Mongols étaient parfaitement capables de massacrer avec méthode une partie des<br />

peuples conquis, d'en emmener d'autres en captivité <strong>et</strong> de laisser le reste à leur triste sort<br />

dans un pays dévasté. C<strong>et</strong>te brutalité calculée semble être encore plus cruelle que s'ils<br />

avaient exterminé tout le monde. La méfiance des Russes envers les étrangers trouve<br />

probablement sa source dans la façon dont ils ont été traités par les Mongols. Des cités<br />

entières furent rayées de la carte <strong>et</strong> d'immenses régions furent systématiquement<br />

dépeuplées.<br />

Quand les Mongols prirent Bagdad sous le commandement de Hülegü (le frère de Koubilaï<br />

Khan), le centre de la culture islamique disparut. Le Calife fut ficelé dans un sac en cuir <strong>et</strong><br />

piétiné à mort par les cavaliers <strong>mongol</strong>s, m<strong>et</strong>tant fin à des siècles de tradition religieuse.<br />

Pour les Mongols, c<strong>et</strong>te mort fut respectable, puisque son sang n'avait pas été versé. Le<br />

même sort aurait peut-être frappé l'Empereur du Japon ou bien le Pape si les Mongols<br />

avaient atteint Edo ou Rome.<br />

Au Moyen-Orient, les Mongols détruisirent également tout le savoir-faire perm<strong>et</strong>tant la<br />

circulation de l'eau dans les qanats (canaux) sous le désert. Ils avaient déjà brûlé les récoltes<br />

<strong>et</strong> les entrepôts afin de provoquer des famines <strong>et</strong> de tuer leurs ennemis, mais sans eau, la<br />

privation continue était certaine. Sans irrigation, l'agriculture ne pouvait pas reprendre, les<br />

pluies étant trop faibles dans c<strong>et</strong>te région. Certains chercheurs sur l'Islam affirment que la<br />

région ne s'est jamais véritablement remise des dommages infligés par les Mongols il y a des<br />

siècles.<br />

On estime à 30 pour cent la diminution de la population chinoise pendant la conquête<br />

<strong>mongol</strong>e, <strong>et</strong>, étant donné son niveau élevé, le chiffre est énorme. C<strong>et</strong>te diminution prend en<br />

compte non seulement ceux qui furent tués purement <strong>et</strong> simplement, mais également ceux<br />

qui sont morts de faim, ainsi que les "générations manquantes" qui n'ont pas pu naître. La<br />

destruction à court terme <strong>et</strong> ponctuelle a certainement été pour quelque chose dans ce<br />

processus, mais il fut également accéléré par les nombreuses maladies accompagnant<br />

toujours les états de guerre.<br />

Si les Japonais avaient échoué dans leur tentative de résistance, si le temps avait été meilleur,<br />

il se peut qu'ils aient eu à souffrir eux aussi de la même manière. Les rizières sont plus<br />

difficiles à détruire que des qanats, <strong>et</strong> la plupart des Japonais seraient probablement morts<br />

au cours de l'<strong>invasion</strong> ou en raison de la cruauté certaine des Mongols. Là où la résistance se<br />

prolongea, peu de personnes survécurent, quelle que soit leur résistance <strong>et</strong> les chances<br />

auraient été grandes pour que les samouraï se battent jusqu'à la dernière extrémité.<br />

Ils n'auraient pas compris que l'on puisse agir autrement.<br />

98<br />

l'armée <strong>mongol</strong>e<br />

“La sentinelle inattentive sera mise à mort. Le messager-flèche qui s'enivre sera mis à mort.<br />

Quiconque abrite un fugitif sera mis à mort. Le guerrier qui s'approprie le butin sans permission<br />

sera mis à mort. Tout chef incompétent sera mis à mort.”<br />

— le Yasak, code des lois de Gengis Khan<br />

Quand Gengis Khan mourut en 1227, son armée était estimée à 130 000 hommes ainsi que<br />

des troupes annexes destinées à la garde ou aux communications comptant 60 000 hommes<br />

de plus. Ce chiffre de 130 000 doit être considéré avec prudence, les chiffres concernant les<br />

armées médiévales étant généralement inexacts. Ceci n'empêcha pas les ennemis des<br />

Mongols de les qualifier "d'innombrables" car personne n'aime à penser qu'il a été battu par<br />

des guerriers qui étaient simplement supérieurs.<br />

C<strong>et</strong>te "horde innombrable" était une arme utilisée par les Khans successifs. Gengis Khan se<br />

contenta de déclarer que ses armées étaient innombrables <strong>et</strong> semble avoir été cru. (Il se<br />

peut aussi que quiconque m<strong>et</strong>tait c<strong>et</strong>te affirmation en doute risquait probablement la mort.)<br />

A ce propos, le terme "horde" vient du turc "ordu", signifiant un camp fait de tentes, sans<br />

aucune idée de taille.<br />

Il y eut encore d'autres raisons pour lesquelles les observateurs éprouvaient des difficultés à<br />

juger la taille de l'armée <strong>mongol</strong>e. La vitesse des Mongols en marche ne facilitait pas les<br />

choses, car la plupart des gens ne pouvaient tout simplement pas croire qu'ils se déplaçaient<br />

aussi rapidement – ils réussirent par exemple à couvrir 430 kilomètres en trois jours <strong>et</strong> en<br />

plein hiver lors de leur <strong>invasion</strong> de la Hongrie. Même une armée moderne aurait du mal à<br />

réussir un tel exploit <strong>et</strong> à être prête au combat, même avec des moyens de transport<br />

mécanisés. Il était d'autant plus facile d'imaginer qu'il y énormément de Mongols dans les<br />

parages puisqu'ils avaient été vus à des centaines de kilomètres en l'espace de quelques<br />

jours. Les autres armées n'opéraient pas de c<strong>et</strong>te façon à l'époque, ni actuellement d'ailleurs<br />

!<br />

Les Mongols utilisaient également des "stratégies de désinformation" afin de dissimuler leur<br />

nombre. Chaque Mongol avait quatre ou cinq chevaux afin de pouvoir changer de monture<br />

<strong>et</strong> ceci donnait également l'impression d'une force plus importante. De plus, ils attachaient<br />

des branchages aux queues des chevaux pour soulever des nuages de poussière <strong>et</strong> fixaient<br />

des mannequins de paille sur les montures de rechange afin de faire croire qu'ils étaient plus<br />

nombreux qu'en réalité. Ces simples ruses firent apparemment leur eff<strong>et</strong>, mais ils en<br />

utilisaient d'autres encore. En 1204 par exemple, avant la bataille de Chakirma’ut, chaque<br />

guerrier <strong>mongol</strong> reçut pour instruction d'allumer cinq feux dès que l'ennemi pourrait les<br />

voir. Le doute <strong>et</strong> la frayeur semés dans les esprits ennemis furent toujours une marque<br />

distinctive des Mongols.<br />

En raison de l'organisation sociale propre à la vie nomade, le pourcentage d'adultes pouvant<br />

être considérés comme des guerriers actifs était extrêmement élevé, soit environ 60 %. Les<br />

peuples nomades sont plus faciles à mobiliser pour la guerre que les peuples sédentaires<br />

attachés à leurs champs. Les femmes également jouaient un rôle très actif dans la société,<br />

libérant ainsi les hommes pour leurs activités guerrières. Certaines d'entre elles participaient<br />

même au combat <strong>et</strong> formaient des unités propres. En fait, les hommes étaient des guerriers<br />

uniquement parce qu'ils étaient nés Mongols. Ils apprenaient à monter à cheval <strong>et</strong> à chasser<br />

dès qu'ils savaient marcher, ce qui leur était très utile en qualité de guerriers. Plus tard, sous<br />

Koubilaï, c<strong>et</strong> entraînement fut systématisé <strong>et</strong> garantissait une réserve de guerriers<br />

exceptionnels aux Khans.<br />

99


Dès le début, les Mongols étaient organisés comme une armée très disciplinée en unités de<br />

10, 100, 1 000 <strong>et</strong> 10 000 hommes. A tous les niveaux, le commandement était donné à des<br />

hommes expérimentés. Le fait d'être un noble n'assurait en aucun cas une position de chef<br />

(contrairement à ce qui se passait pratiquement dans toutes les autres armées de l'époque)<br />

<strong>et</strong> même les membres de la Famille d'Or devaient prouver leur valeur. Lorsqu'il recevait le<br />

commandement, un chef <strong>mongol</strong> pouvait s'attendre à une obéissance <strong>total</strong>e de ses troupes.<br />

Encore une fois, ceci n'était pas le cas dans les autres armées. La discipline sur le champ de<br />

bataille était l'un des grands avantages des Mongols par rapport à leurs adversaires plus<br />

civilisés !<br />

Avec l'élargissement de l'Empire <strong>mongol</strong>, la nature de l'armée changea également. Elle fut<br />

diversifiée du point de vue <strong>et</strong>hnique puisque d'autres tribus nomades y furent ajoutées <strong>et</strong><br />

aussi parce que des Chinois ainsi que des ressortissants d'autres pays furent recrutés comme<br />

spécialistes. Du temps de Koubilaï Khan, l'armée "<strong>mongol</strong>e" comprenait non seulement des<br />

nomades <strong>mongol</strong>s d'origine, mais aussi des tribus colonisées, des fantassins chinois <strong>et</strong> autres<br />

troupes enrôlées, des ingénieurs <strong>et</strong> artilleurs musulmans, des Kirpaks des steppes russes,<br />

des Alains chrétiens <strong>et</strong> iraniens dans la garde personnelle de Koubilaï, des Coréens <strong>et</strong> bien<br />

d'autres encore.<br />

Entr<strong>et</strong>enir toutes ces troupes était un cauchemar logistique <strong>et</strong> rien que le fait d'avoir réussi<br />

c<strong>et</strong>te tâche doit compter comme étant un succès pour Koubilaï Khan. A plus forte raison,<br />

c<strong>et</strong>te réussite lors de la campagne contre les Song fut une véritable prouesse. Les chevaux<br />

constituaient à la fois une obsession <strong>et</strong> un problème, spécialement en Chine. L'élevage de<br />

grands troupeaux n'a jamais été le fort des Chinois (une bonne partie du territoire ne s'y<br />

prête pas), mais leurs suzerains <strong>mongol</strong>s avaient absolument besoin de chevaux. Un cheval<br />

sur cent devait être vendu au gouvernement <strong>mongol</strong> à un prix (bas) fixé d'avance. Il arrivait<br />

parfois que les chevaux soient purement <strong>et</strong> simplement confisqués. Ceux qui cachaient des<br />

chevaux ou essayaient de les sortir de Chine en contrebande étaient sévèrement punis.<br />

Malgré ces problèmes, les annales citent les chiffres de 10 000 chevaux envoyés d'un coup<br />

aux armées.<br />

stratégie, tactiques <strong>et</strong> armes<br />

Comme d'autres nomades, les Mongols se fiaient avant tout à leurs archers à cheval <strong>et</strong> à leur<br />

superbe cavalerie pour faire la guerre. Le gros de leurs troupes combattait comme cavalerie<br />

légère, avec une armure légère (ou même sans) <strong>et</strong> avec un arc composite. C'était la<br />

stratégie ancestrale adaptée aux grandes steppes – Attila n'aurait eu aucun mal à<br />

commander une armée <strong>mongol</strong>e. Ceci dit, les Mongols étaient, sur de nombreux aspects,<br />

une armée étonnamment moderne dans un monde médiéval.<br />

Leur stratégie <strong>et</strong> leur tactique étaient basées sur leurs troupes très mobiles. Comme nous<br />

l'avons vu, ils étaient capables d'avancer sur des distances énormes (même d'après les<br />

normes modernes) en quelques journées à peine. Pour un observateur moderne, les<br />

Mongols n'avaient pas un équipement important <strong>et</strong> chaque homme avait toujours des<br />

chevaux supplémentaires à sa disposition. Le niveau des cavaliers <strong>mongol</strong>s était tel qu'un<br />

homme pouvait changer de cheval en plein galop. Mais c<strong>et</strong>te incroyable vitesse n'aurait servi<br />

à rien si les Mongols n'étaient passés maîtres dans ce que l'on appelle aujourd'hui C3R –<br />

commandement, contrôle, communications <strong>et</strong> renseignement.<br />

Le commandement était attribué à l'homme le plus capable.<br />

Le contrôle sur les subordonnés était absolu <strong>et</strong> appliqué de façon réglementaire.<br />

Les communications étaient aux mains des "messagers-flèches" qui couvraient régulièrement<br />

100<br />

190 kilomètres par jour (Marco Polo affirme qu'ils réussissaient à chevaucher pendant 480<br />

kilomètres par jour, mais ceci semble exagéré). Leur rôle était de maintenir le contact entre<br />

les colonnes éloignées de cavaliers pour leur perm<strong>et</strong>tre de manœuvrer comme une force<br />

unique, une chose impossible à réussir par les autres armées de l'époque. A l'intérieur de<br />

l'empire, ces mêmes cavaliers assuraient un service postal, filant à toute allure entre les<br />

divers postes sur toutes les routes principales, même les plus éloignés. Dans la plupart des<br />

armées, le commandement, le contrôle <strong>et</strong> les communications étaient directement<br />

proportionnels à la puissance de voix de l'aristocrate à la tête des troupes !<br />

Les chasses menées constamment par les Mongols firent que la collecte de renseignements<br />

devint une seconde nature pour eux.<br />

Même à l'époque de Koubilaï Khan, lorsque les armées <strong>mongol</strong>es comportaient une bonne<br />

proportion de fantassins chinois, elles réussirent à se déplacer d'un pied "rapide <strong>et</strong> léger"<br />

d'après les normes en vigueur chez d'autres. Les Mongols appliquaient déjà le dicton<br />

militaire "le plus vite possible avec le plus possible".<br />

Sur le champ de bataille, la tactique des Mongols était inévitablement basée sur leur<br />

cavalerie légère d'archers. Ces troupes disciplinées pouvaient exécuter des manœuvres<br />

complexes sans prendre des "initiatives" intempestives (comme c'était le cas des samouraï<br />

ou des chevaliers qui ignoraient les ordres <strong>et</strong> les plans de bataille dans l'espoir d'affronter un<br />

ennemi de valeur). Les Mongols essayaient d'abord d'encercler l'ennemi, <strong>et</strong> si cela ne<br />

réussissait pas, ils attaquaient avec un tir de flèches <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>iraient pour être remplacés par<br />

de nouvelles unités. Ils utilisaient également largement les feintes, les r<strong>et</strong>raites simulées <strong>et</strong><br />

les fausses directions afin d'attirer l'ennemi sur un terrain où il pourrait être attaqué <strong>et</strong><br />

annihilé. C<strong>et</strong>te méthode de combat amenait d'énormes disparités dans le nombre de<br />

victimes comptées parmi les Mongols <strong>et</strong> leurs ennemis. Les forces <strong>mongol</strong>es ne<br />

combattaient pratiquement pas au corps à corps, elles tuaient toujours à longue portée.<br />

C<strong>et</strong>te manière de combattre nécessitait tout de même des troupes pour les affrontements<br />

rapprochés, <strong>et</strong> les Mongols avaient toujours une cavalerie lourde d'élite. Son rôle était le<br />

même que celui de toutes les troupes de choc : écraser l'ennemi sur le point de succomber<br />

<strong>et</strong> l'achever.<br />

Toutes ces tactiques requéraient des armes <strong>et</strong> de l'équipement adéquats, <strong>et</strong> les Mongols<br />

pouvaient compter sur leurs solides p<strong>et</strong>its chevaux <strong>et</strong> leurs arcs composites. Les chevaux<br />

des steppes ont toujours eu la réputation d'être des animaux résistants <strong>et</strong> les Mongols<br />

étaient des éleveurs <strong>et</strong> des cavaliers hors du commun.<br />

L'arc composite des steppes était une arme véritablement superbe, bien plus efficace que<br />

l'arc long anglais ou l'arc asymétrique des samouraï. Il n'était pas taillé dans une seule pièce<br />

de bois mais fabriqué à partir de couches de corne, de tendons <strong>et</strong> de bois, ce qui lui donnait<br />

une puissance incroyable. Il était court afin de pouvoir être utilisé à cheval, mais il avait<br />

cependant une portée impressionnante : un bon archer pouvait facilement envoyer une<br />

flèche à 275 mètres. La puissance mortelle de l'arc composite tirait parti de la vitesse de la<br />

flèche <strong>et</strong> non pas de son poids. C<strong>et</strong>te vitesse, combinée au déclenchement aisé de la<br />

puissance inhérente à la conception composite de l'arc en faisait une arme très précise dans<br />

les mains d'un expert <strong>et</strong> les Mongols étaient, pratiquement sans exception, tous des experts.<br />

A l'époque des Khans, toutes ces tactiques <strong>et</strong> techniques étaient conservées <strong>et</strong> de nouvelles<br />

y étaient ajoutées. Les Mongols ne tardèrent pas à apprendre les nouveautés en usage chez<br />

les peuples conquis <strong>et</strong> s'adaptèrent parfaitement à la tactique des sièges ou à l'utilisation de<br />

l'infanterie de masse. Ces techniques étaient avant tout copiées sur les musulmans <strong>et</strong><br />

principalement sur les Chinois.<br />

101


la poudre à canon<br />

La poudre à canon mérite une place à part, ne serait-ce que par le choc terrible subi par les<br />

samouraï <strong>et</strong> le danger provoqué par l'utilisation de la chose !<br />

Les origines de la poudre à canon sont inconnues, mais les guerriers chinois utilisaient<br />

certainement, aux environs de l'an mille, une sorte de lance-flammes – quelque chose<br />

comme les "feux grégeois" utilisé par les Byzantins. Environ 100 ans plus tard, les guerriers<br />

chinois se servaient de tubes de bambou remplis de poudre incendiaire. Les utilisateurs<br />

n'étaient pas non plus à l'abri ! Il fallut attendre encore environ 100 ans pour voir l'apparition<br />

d'une arme à feu, toujours basée sur un tube de bambou mais tirant de p<strong>et</strong>ites balles.<br />

C'étaient effectivement des armes à main, primitives <strong>et</strong> probablement aussi dangereuses<br />

pour l'utilisateur que leurs ancêtres !<br />

A la même époque, on utilisait déjà une sorte de pétard, mais pas simplement pour faire du<br />

bruit. Ce type de pétards explosait <strong>et</strong> répandait un nuage de chaux lors des batailles <strong>et</strong> des<br />

sièges <strong>et</strong> il peut être considéré comme l'une des premières armes chimiques du monde. Les<br />

eff<strong>et</strong>s caustiques sur les êtres humains <strong>et</strong> les animaux étaient plus que désagréables, sans<br />

parler de la difficulté à les soigner.<br />

A moment de l'<strong>invasion</strong> <strong>mongol</strong>e au Japon, ces armes chimiques avaient été développées<br />

pour produire un énorme bruit <strong>et</strong> beaucoup de fumée lors de l'explosion. Ces véritables<br />

grenades étaient appelées huo-p’ao. On ignore encore si elles comportaient des morceaux<br />

de fer ou de pierre pour obtenir un eff<strong>et</strong> de fragmentation ou si elles se contentaient de<br />

l'eff<strong>et</strong> assomant de l'explosion. Quoi qu'il en soit, sur un champ de bataille au treizième<br />

siècle, les grenades huo-p’ao étaient une arme dangereuse <strong>et</strong> l'on comprend la mauvaise<br />

surprise faite aux samouraï lorsqu'ils les virent apparaître. D'autres sources mentionnent un<br />

obj<strong>et</strong> appelé hui-hui p’ao, semblant être une sorte de lance-grenades envoyant un projectile<br />

rempli de limaille de fer, bien que l'on ne sache pas exactement s'il était lancé par une<br />

arbalète ou une arme à feu.<br />

Bizarrement, Koubilaï Khan n'eut pas l'air de porter grande attention à la nécessité de se<br />

défendre des explosifs, des boul<strong>et</strong>s de canon ou de l'artillerie en général à l'aide de<br />

fortifications. Les Mongols utilisaient les catapultes contre les cités Song mais, pour citer un<br />

exemple, Pékin n'était protégée que par un rempart en terre <strong>et</strong> deux murs intérieurs <strong>et</strong> non<br />

pas par des fortifications plus importantes. L'utilisation efficace d'une artillerie, même<br />

primitive, aurait pu facilement ouvrir une brèche perm<strong>et</strong>tant à une force d'attaque d'y<br />

pénétrer, en supposant évidemment que l'ennemi parvienne jusqu'à la cité. Ceci peut<br />

indiquer que la poudre à canon était une invention chinoise, mais son utilisation comme<br />

combustible pour une arme à projectile a été r<strong>et</strong>rouvée au Moyen-Orient. Il se peut aussi<br />

que les Mongols se sentaient en sécurité dans leur empire <strong>et</strong> ne s'inquiétaient pas de savoir<br />

si des agresseurs pouvaient parvenir jusqu'à leurs cités.<br />

102<br />

les unités militaires <strong>mongol</strong>es<br />

dans Shogun: Total War<br />

Les unités <strong>mongol</strong>es ne sont pas créées de la même façon que les unités japonaises. Elles<br />

sont directement envoyées en convois depuis le continent. Le nombre <strong>et</strong> le type d'unités<br />

pouvant être créées dépend des secteurs de la carte contrôlés par les Mongols. Mais<br />

n'oubliez pas que la réserve de guerriers disponibles en Chine <strong>et</strong> en Mongolie n'est pas<br />

inépuisable.<br />

La cavalerie légère <strong>mongol</strong>e<br />

C'est l'archétype des guerriers nomades. Ce sont d'excellents cavaliers <strong>et</strong><br />

des archers habiles. Ils sont destinés à harceler l'ennemi <strong>et</strong> à tendre des<br />

embuscades <strong>et</strong> conviennent parfaitement à des tactiques de guérilla telles<br />

que les Mongols les pratiquent. Leur liberté de mouvement exceptionnelle<br />

leur perm<strong>et</strong>tent d'attaquer rapidement <strong>et</strong> en masse, de se r<strong>et</strong>irer puis de<br />

répéter c<strong>et</strong>te tactique aussi souvent qu'il le faut. Ils ne sont ni lourdement<br />

armés ni protégés <strong>et</strong> ne savent pas bien combattre en mêlée.<br />

La cavalerie lourde <strong>mongol</strong>e<br />

La cavalerie lourde constitue "l'aristocratie" du champ de bataille <strong>et</strong> son<br />

rôle consiste à écraser les troupes sous l'impact de sa puissance. Les<br />

membres de c<strong>et</strong>te unité sont tous de superbes cavaliers armés de lances<br />

<strong>et</strong> bien protégés par des armures <strong>et</strong> des boucliers. Ils donnent les<br />

meilleurs résultats lorsqu'ils attaquent les formations d'infanterie sur le<br />

point de s'écrouler.<br />

Les piquiers coréens<br />

Les piquiers sont des troupes lourdement protégées munies d'une pique,<br />

d'un bouclier <strong>et</strong> d'un sabre, bien que n'ayant pas pour vocation le combat<br />

en corps-à-corps. La meilleure utilisation de ces troupes consiste à<br />

attaquer avec une pluie de javelots, elles seront (en principe) protégées<br />

des projectiles reçus en r<strong>et</strong>our. Leurs javelots peuvent être des armes<br />

redoutables, mais les piquiers ne peuvent en porter que trois à la fois.<br />

Lorsqu'ils ont été lancés, ils se r<strong>et</strong>irent.<br />

Les piquiers ne sont pas d'origine <strong>mongol</strong>e, ce sont probablement des Chinois, étant donné<br />

qu'ils forment une partie substantielle des armées de Koubilaï Khan.<br />

Les lanciers coréens<br />

Les lanciers coréens constituent, comme leurs homologues japonais, une<br />

bonne force défensive contre la cavalerie. En termes de qualité, il<br />

n'arrivent pas à la hauteur des lanciers samouraï, mais on peut leur faire<br />

confiance pour donner le maximum d'eux-mêmes en toutes circonstances.<br />

103


les hallebardiers coréens<br />

Les hallebardiers coréens sont les unités d'assaut de fantassins dont<br />

disposent les Mongols. Bien qu'étant relativement lents à se déplacer, ils<br />

sont mieux armés <strong>et</strong> mieux équipés que les piquiers <strong>et</strong> sont armés d'une<br />

grande hallebarde. C'est une arme montée sur un long manche de 2,50<br />

mètres <strong>et</strong> munie d'une large lame, mais elle n'est pas aussi efficace que le<br />

naginata des samouraï. Ces troupes sont fort capables si elles sont<br />

déployées au cours d'une mêlée, mais subiront des pertes si elles affrontent des troupes<br />

munies d'armes à projectiles.<br />

les combattants éclair<br />

Les grenades dont sont munies les combattants éclair demandent à ceux<br />

qui les utilisent du sang-froid <strong>et</strong> beaucoup d'habil<strong>et</strong>é ou alors une absence<br />

de peur <strong>et</strong> un manque <strong>total</strong> de bon sens ! Ces unités peuvent provoquer<br />

des dégâts incroyables, mais leurs armes explosives ont une portée très<br />

courte. Ces grenades peuvent parfois être quelque peu rétives (c'est un<br />

euphémisme) car rien ne garantit que seules les cibles ennemies seront<br />

mises en pièces ! En fait, les combattants éclair peuvent fort bien se faire sauter eux-mêmes<br />

ou des unités amies proches. Ils sont aussi très vulnérables lors des mêlées <strong>et</strong> seront<br />

rapidement écrasés si une unité ennemie réussit à s'en approcher.<br />

les unités japonaises lors des<br />

campagnes <strong>mongol</strong>es<br />

les arbalétriers ashigaru<br />

L'arbalète était une arme chinoise copiée par les Japonais <strong>et</strong> qu'il utilisaient<br />

épisodiquement. Comme d'habitude, ils en comprirent rapidement les<br />

avantages <strong>et</strong> les inconvénients. Contrairement à l'arc, l'arbalète ne<br />

nécessite aucun long entraînement ni même une pratique continue pour<br />

s'en servir correctement. Pratiquement n'importe qui peut apprendre à<br />

l'utiliser, il faut juste être assez fort pour armer le mécanisme, mais ce<br />

dernier est muni de nombreux leviers, de paliers <strong>et</strong> autres dispositifs perm<strong>et</strong>tant de le<br />

déclencher facilement. Cependant, contrairement à l'arc, l'arbalète est lente à faire feu. Le<br />

procédé laborieux de chargement <strong>et</strong> de mise à feu en est la cause.<br />

Les arbalétriers ashigaru sont une unité peu chère, mais ils ne peuvent être créés que si<br />

vous disposez d'un dojo des archers. Ils peuvent infliger de gros dégâts <strong>et</strong> ce, malgré leur<br />

cadence de tir lente, mais ils sont loin d'être efficaces en mêlée. Si d'autres troupes<br />

réussissent à les approcher, les arbalétriers ashigaru périront en grand nombre !<br />

les unités "manquantes" : arquebusiers ashigaru,<br />

fusiliers <strong>et</strong> autres<br />

Les lanceurs de grenades <strong>mongol</strong>s furent une vilaine surprise pour les samouraï qui n'avaient<br />

jamais vu aucune arme à feu. Evidemment, ces derniers n'en possédaient pas.<br />

Les batailles de la campagne <strong>mongol</strong>e eurent lieu environ 300 ans avant l'ère Sengoku <strong>et</strong><br />

l'arrivée des premières armes à feu occidentales au Japon. Les armées japonaises ne<br />

104<br />

comportaient donc pas d'unités d'arquebusiers ou de fusiliers. C'est pour c<strong>et</strong>te raison que<br />

les Japonais ne pouvaient pas créer ces unités ni les bâtiments qui les produisaient.<br />

D'autres types d'unités disponibles dans Shogun: Total War ne peuvent pas être créées quand<br />

les samouraï affrontent les Mongols. Par exemple, en plus des troupes équipées d'armes à<br />

feu, les Japonais ne peuvent pas créer les moines combattants, ni les ninja ni les ashigaru<br />

lanciers.<br />

CREATIVE ASSEMBLY<br />

Project Director: Mike Simpson<br />

The Production Team<br />

Programming: A.P.Taglione (Tag), Matteo Sartori,<br />

Shane O’Brien, Dan Parkes, John McFarlane,<br />

Dan Laviers, Dan Triggs, Charlie Dell<br />

Art: Joss Adley, Ho<strong>war</strong>d Raynor, Greg Alston,<br />

Ester Reeve, Nick Smith, Al Hope,<br />

Nick Tresadern, Jude Bond<br />

Supporting Roles<br />

Project Management: Mike Simpson,<br />

Luci “Loki” Black, Ross Manton,<br />

Tim Ansell<br />

QA Manager: Graham Axford<br />

Testers: Chris Morphew, Jeff Woods,<br />

Jason Ong, James Buckle<br />

Historical Research: Dr Stephen Turnbull<br />

Dialog & Additional Content: Mike Brunton<br />

Scenario Editing: Tony Sinclair<br />

Motion Capture<br />

Lead Technician: Alan Ansell<br />

Editing & Processing: Greg Alston, Leonor Juarez<br />

Motion Capture Actors: Angela Kase,<br />

Emmanuel Levi, Daley Chaston<br />

Coding: Mike Simpson, Tim Ansell<br />

Tools: A.P.Taglione (Tag), Nick Tresadern,<br />

Charlie Dell<br />

Installer: Lee Cowen<br />

Testing<br />

QA Manager: Richard Chamberlain<br />

Testers: Anthony Simcock, Tony Sinclair<br />

Audio<br />

Music: Jeff van Dyck<br />

Audio Management: DNA Multimedia Audio<br />

(www.dnama.com)<br />

Sound Effects: Sam Spanswick @ GMD,<br />

Karl Learmont @ GMD,<br />

Jeff van Dyck<br />

Movie Post Production: Jeff van Dyck,<br />

Angela Somerville<br />

Audio Director: Jeff van Dyck<br />

CRÉDITS<br />

105<br />

Casting & Voice Production: Philip Morris @<br />

AllintheGame Ltd<br />

Voices: Togo Igawa, Eiji Kusuhara,<br />

Daniel York, Simon Greenall,<br />

Kentaro Suyama<br />

Public Relations: Jason Fitzgerald,<br />

Cathy Campos @ Panache PR<br />

SEGA EUROPE LIMITED<br />

CEO of SEGA Europe / SEGA America Naoya Tsurumi<br />

President/COO of SEGA Europe Mike Hayes<br />

Development Director Gary Dunn<br />

Head of Development – Europe Brandon Smith<br />

Producers James Brown<br />

Darius Sadeghian<br />

Creative Director Matthew Woodley<br />

Director of European Mark<strong>et</strong>ing Gary Knight<br />

Head of Brand Mark<strong>et</strong>ing Helen Nicholas<br />

European PR Lynn Daniel<br />

Kerry Martyn<br />

Brand Manager Darren Williams<br />

International Brand Manager Ben Stevens<br />

Creative Services Tom Bingle<br />

Keith Hodg<strong>et</strong>ts<br />

Akane Hiraoka<br />

Arnoud Tempelaere<br />

Alison Warfield<br />

Online Mark<strong>et</strong>ing Manager Morgan Evans<br />

Web Editor Romily Broad<br />

Senior Web Designer Bennie Booysen<br />

Head of Development Services Mark Le Br<strong>et</strong>on<br />

QA Supervisor Marlon Grant<br />

Stuart Arrowsmith<br />

Master Tech. John Hegarty<br />

Lead Testers Denver Cockell<br />

Phongtep Boonpeng<br />

Testers Rickard Kallden<br />

Andrzej Lubas<br />

Dominic Taggart<br />

Hercules Bekker<br />

Hany Gohary<br />

Dave George


CONTRAT DE LICENCE DU LOGICIEL<br />

VEUILLEZ LIRE attentivement les informations suivantes qui définissent les termes par lesquels Sega<br />

Corporation de 1-2-12, Haneda, Ohta-ku, Tokyo, 144-8531 Japon <strong>et</strong> ses sociétés affiliées ("Sega") vous<br />

autorisent à utiliser le Logiciel de Jeu incorporé dans le jeu.<br />

SI VOUS N'ACCEPTEZ PAS CES TERMES, vous n'aurez pas la possibilité d'utiliser le Logiciel de Jeu. Sega vous<br />

invite à contacter un des services clientèle publiés dans les informations accompagnant le Logiciel de Jeu. Veuillez<br />

noter que l'appel donné au service clientèle peut vous être facturé.<br />

1. Licence d'utilisation du Logiciel<br />

Le terme "Logiciel de Jeu" comprend le logiciel inclus dans ce jeu, les médias associés, tout logiciel associé au<br />

mode en ligne du jeu, tout document imprimé <strong>et</strong> toute documentation en ligne ou électronique <strong>et</strong> toutes copies<br />

<strong>et</strong> oeuvres dérivées du logiciel <strong>et</strong> des documents mentionnés.<br />

Sega vous accorde le droit <strong>et</strong> la licence non exclusifs, non cessibles <strong>et</strong> limités d'installer <strong>et</strong> d'utiliser une copie du<br />

Logiciel de Jeu, uniquement pour votre usage personnel. Sega conserve tous les droits qui n'ont pas été<br />

transférés de façon spécifique par c<strong>et</strong>te Licence. Le Logiciel de Jeu vous est cédé mais pas vendu.<br />

C<strong>et</strong>te licence ne vous accorde aucun titre ou propriété du Logiciel de Jeu <strong>et</strong> ne devrait pasêtre considérée comme<br />

une vente ou un transfert des droits de propriété intellectuelle du Logiciel de Jeu.<br />

2. Propriété du Logiciel de Jeu<br />

Vous acceptez <strong>et</strong> reconnaissez que tous titre, attributs du droit de propriété <strong>et</strong> droits de propriété intellectuelle<br />

en relation avec le Logiciel de Jeu <strong>et</strong> toutes copies (en particulier tous titres, code informatique, thèmes, obj<strong>et</strong>s,<br />

personnages, noms de personnages, histoires, dialogues, expressions, lieux, concepts, graphismes, animation,<br />

sons, musique, eff<strong>et</strong>s audiovisuels, texte, modes opératoires, droit moral <strong>et</strong> toute documentation assimilée) sont<br />

la propriété de Sega ou ses concédants de licence. Le Logiciel de Jeu <strong>contient</strong> certains documents licenciés <strong>et</strong> les<br />

concédants de licence de Sega peuvent protéger leurs droits dans le cas d'une violation de c<strong>et</strong> Accord.<br />

3. Utilisation du Logiciel de Jeu<br />

Vous acceptez de n'utiliser tout ou partie du Logiciel qu'en conformité avec c<strong>et</strong>te Licence <strong>et</strong> IL EST INTERDIT :<br />

(a) d'utiliser tout ou partie du Logiciel de Jeu, sans la permission de Sega, à des fins commerciales, comme par<br />

exemple dans un cybercafé, une salle de jeux électroniques ou tout autre établissement commercial ;<br />

(b) d'utiliser le Logiciel de Jeu ou de perm<strong>et</strong>tre l'utilisation du Logiciel de Jeu, sur plus d'un ordinateur, une<br />

console de jeu, un appareil portatif ou un ordinateur de poche de façon simultanée sans une licence<br />

supplémentaire ;<br />

(c) de reproduire des copies de tout ou partie du Logiciel de Jeu ;<br />

(d) d'utiliser le Logiciel de Jeu ou demperm<strong>et</strong>tre l'utilisation du Logiciel de Jeu, sur unmréseau, un système<br />

multiutilisateur ou d'accès à distance, y compris toute utilisation en ligne, à moins d'y avoir été autorisé<br />

explicitement par Sega <strong>et</strong> sous réserve d'acceptation des termes <strong>et</strong> conditions d'utilisation ;<br />

(e) de vendre, louer, prêter, céder, distribuer ou transférer ce Logiciel de Jeu ou toute copie sans le<br />

consentement préalable explicite de Sega par écrit ;<br />

( f ) de faire de l'ingiénerie inverse, d'obtenir le code d'origine, de modifier, décompiler, désassembler ou créer<br />

des oeuvres dérivées du Logiciel de Jeu, en tout ou en partie à moins d'avoir été autorisé dans la section (j)<br />

ci-dessous ;<br />

(g) de r<strong>et</strong>irer, désactiver ou éluder tous avis confidentiels ou labels contenus sur ou dans le Logiciel de Jeu ;<br />

(h) d'exporter ou ré-exporter le Logiciel de Jeu ou toute copie ou adaptation en violation de toute<br />

réglementation ou loi applicable ; <strong>et</strong><br />

(i) de créer des données ou des programmes exécutables qui simulent des données ou fonctionnalités du<br />

Logiciel de Jeu à moins d'avoir été autorisé dans la section (j) ci-dessous.<br />

(j) d’utiliser la partie du Logiciel de Jeu qui vous perm<strong>et</strong> d’effectuer de nouvelles variations (« Editeur ») afin de<br />

créer de nouveaux niveaux<br />

(i) qui peuvent être utilisés autrement relativement au Logiciel de Jeu ; (ii) pour modifier un fichier exécutable<br />

; (iii) pour créer des documents calomnieux, diffamatoires ou illégaux ou des documents scandaleux ou qui<br />

empiètent sur les droits de la vie privée ou de la publicité pour un tiers ; (iv) qui utilisent les marques, droits<br />

d’auteur ou droits de propriété intellectuelle d’un tiers ; (v) à des fins commerciales (facturation à l’utilisation<br />

ou partage de temps ou autre). L’utilisateur assume donc l’entière responsabilité de toutes réclamations<br />

faites par un tiers résultant de l’utilisation de l’Editeur.<br />

Vous acceptez de lire <strong>et</strong> de vous conformer aux mesures de précautions <strong>et</strong> aux instructions d'entr<strong>et</strong>ien du disque<br />

<strong>et</strong> aux informations de sécurité indiquées dans la documentation jointe au Logiciel de Jeu.<br />

4. Garantie<br />

Le Logiciel de Jeu est fourni sans aucune garantie mis à part celles spécifiées dans ces conditions <strong>et</strong> dans la<br />

mesure permise par la loi applicable.<br />

C<strong>et</strong>te Licence ne nuit en rien à vos droits statutaires en tant que consommateur.<br />

5. Responsabilité<br />

Sega ne pourra être tenu pour responsable des risques liés à une perte de profit, des dommages à la propriété,<br />

des données perdues, une perte de fonds commercial, la console, la défaillance d'un ordinateur ou d'un appareil<br />

portatif, des erreurs <strong>et</strong> la perte d'entreprise ou d'informations résultant de la possession, l'usage ou le<br />

dysfonctionnement du Logiciel de Jeu, même si Sega a été informé de la possibilité de tels risques.<br />

Sega ne pourra être tenu pour responsable de tout dommage, accident corporel ou perte (sauf si cela entraîne<br />

la mort ou un préjudice corporel) résultant de votre négligence, un accident ou ou un usage abusif, ou si le<br />

Logiciel de Jeu a été modifié d'une manière quelconque (non par Sega) après son achat. Sega ne cherche pas à<br />

exclure ou limiter sa responsabilité en cas de décès ou accident corporel résultant de sa négligence.<br />

La responsabilité de Sega restera dans la limite du coût d'origine du Logiciel de Jeu.<br />

Si l'une des conditions de c<strong>et</strong>te Licence est déclarée invalide ou nulle selon toute loi applicable, les autres<br />

dispositions de ces conditions resteront inchangées <strong>et</strong> conserveront leur plein eff<strong>et</strong>.<br />

6. Résiliation<br />

En plus des autres droits de Sega qui peuvent être applicables, c<strong>et</strong>te Licence sera résiliée automatiquement si<br />

vous manquez d'observer ses termes <strong>et</strong> conditions. Dans un tel cas, vous devez détruire toutes les copies du<br />

Logiciel de Jeu <strong>et</strong> toutes ses parties constituantes.<br />

7. Injonction<br />

Sega pourrait subir des dommages irréparables si les termes de c<strong>et</strong>te Licence n'étaient pas respectés <strong>et</strong> par<br />

conséquent vous devez avoir conscience que Sega prendra les mesures nécessaires, y compris obtenir une<br />

injonction <strong>et</strong> autres recours judiciaires, <strong>et</strong> fera usage de tout autre recours disponible selon la loi applicable.<br />

8. Indemnité<br />

Vous acceptez d'indemniser, défendre <strong>et</strong> ne pas tenir à couvert Sega, ses associés, affiliés, entrepreneurs,<br />

dirigeants, directeurs, employés <strong>et</strong> agents de toute réclamation, coût <strong>et</strong> frais (y compris des frais de justice)<br />

résultant directement ou indirectement de vos actions <strong>et</strong> omissions d'agir, lors d'une utilisation du Logiciel de Jeu<br />

non conforme aux termes de c<strong>et</strong> Accord.<br />

9. Généralités<br />

C<strong>et</strong>te Licence ainsi que l'Accord de l'Abonné que vous signerez si vous souhaitez participer au Logiciel de Jeu en<br />

ligne représente la <strong>total</strong>ité de l'accord entre Sega <strong>et</strong> vous-même en relation avec l'utilisation du Logiciel de Jeu<br />

<strong>et</strong> annule tous accords <strong>et</strong> représentations, garanties ou arrangements précédents (qu'ils soient de nature<br />

négligente ou innocente mais exceptés ceux de nature frauduleuse).<br />

Si l'une des dispositions de c<strong>et</strong>te Licence est déclarée non exécutoire pour quelque raison que ce soit, c<strong>et</strong>te<br />

disposition sera réformée uniquement dans la mesure nécessaire pour la rendre exécutoire <strong>et</strong> cela ne nuira en<br />

rien aux autres dispositions de c<strong>et</strong>te Licence.<br />

C<strong>et</strong>te Licence n'accorde nullement ni ne prétend accorder à un tiers des avantages ou droits d'appliquer un des<br />

termes de c<strong>et</strong>te Licence <strong>et</strong> les dispositions des Contrats (Droits de tiers) Loi 1999 (en accord avec les<br />

amendements <strong>et</strong> modifications occasionnels) sont expressément exclues.<br />

C<strong>et</strong>te Licence est assuj<strong>et</strong>tie aux lois d'Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> soumise à la juridiction non exclusive des Tribunaux<br />

d'Angl<strong>et</strong>erre.<br />

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GARANTIE<br />

GARANTIE : SEGA Europe Limited garantit à l’ach<strong>et</strong>eur original de ce jeu que son fonctionnement sera,<br />

pour l’essentiel, conforme à la description contenue dans le manuel du jeu pour une période de 90 jours<br />

à compter de la date du premier achat. Si vous constatez au cours de c<strong>et</strong>te période de 90 jours que le<br />

jeu présente un défaut couvert par la présente garantie, votre revendeur devra, à sa discrétion, réparer<br />

ou remplacer le jeu sans frais, conformément au processus stipulé ci-dessous (interdictions strictes).<br />

C<strong>et</strong>te garantie limitée: (a) ne s’applique pas si le jeu est utilisé dans une entreprise ou à des fins<br />

commerciales; (b) est nulle si le jeu a été endommagé suite à un accident, un usage abusif, un virus ou<br />

une utilisation inappropriée. C<strong>et</strong>te garantie limitée vous accorde des droits spécifiques, auxquels<br />

peuvent s’ajouter d’autres droits légaux ou autres, qui varient selon la juridiction.<br />

POUR BÉNÉFICIER DE LA GARANTIE : Les demandes de réparation sous garantie doivent être<br />

présentées au revendeur auquel vous avez ach<strong>et</strong>é le jeu. Vous devez lui fournir le jeu accompagné d’un<br />

exemplaire du tick<strong>et</strong> d’achat d’origine <strong>et</strong> expliquer en quoi le jeu est défectueux. Le revendeur devra, à<br />

sa discrétion, réparer ou remplacer le jeu. Tout jeu fourni en remplacement sera garanti pour le reste de<br />

la période de garantie d’origine ou pour une période de 90 jours à compter de sa réception, la période<br />

la plus longue s’appliquant. Si pour quelque raison que ce soit, le jeu ne peut être ni réparé ni remplacé,<br />

vous aurez droit à être remboursé des dommages directs (<strong>et</strong> uniquement directs) encourus en situation<br />

de confiance raisonnable, le montant <strong>total</strong> des dommages <strong>et</strong> intérêts étant limité au prix d’acquisition<br />

du jeu. Les mesures susmentionnées (réparation, remplacement ou dommages <strong>et</strong> intérêts limités)<br />

constituent votre seul recours.<br />

LIMITATIONS : DANS LES LIMITES PRÉVUES PAR LA LOI, SEGA EUROPE LIMITED, SES REVENDEURS<br />

ET SES FOURNISSEURS NE POURRONT ÊTRE TENUS POUR RESPONSABLES DES DOMMAGES<br />

SPÉCIAUX, ACCIDENTELS, PUNITIFS, INDIRECTS OU CONSÉCUTIFS LIÉS À LA POSSESSION, À<br />

L’UTILISATION OU AU DYSFONCTIONNEMENT DE CE JEU.<br />

Les prix peuvent faire l’obj<strong>et</strong> de modifications sans préavis. Ce service peut être indisponible dans<br />

certaines zones. La longueur de l’appel est déterminée par l’utilisateur. Les messages peuvent faire<br />

l’obj<strong>et</strong> de modifications sans préavis. Les informations contenues dans ce document, y compris les URL<br />

<strong>et</strong> autres références à des sites Web Intern<strong>et</strong>, peuvent faire l’obj<strong>et</strong> de modification sans préavis. Sauf<br />

mention contraire, les exemples de sociétés, d’organisations, de produits, de personnes <strong>et</strong><br />

d’événements décrits dans le jeu sont fictifs <strong>et</strong> toute ressemblance avec des sociétés, des organisations,<br />

des produits, des personnes ou des événements réels serait tout à fait fortuite. L’utilisateur est tenu<br />

d’observer la réglementation relative aux droits d’auteur applicable dans son pays. Sans limitation des<br />

droits issus des droits d’auteur, aucune partie de ce document ne peut être reproduite, stockée ou<br />

introduite dans un système de restitution, ou transmise à quelque fin ou par quelque moyen que ce soit<br />

(électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autre) sans la permission expresse <strong>et</strong> écrite<br />

de SEGA Europe Limited.<br />

SUPPORT PRODUIT<br />

Pour en savoir plus sur le Support produit disponible dans<br />

votre région, visitez www.sega-europe.com.<br />

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