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Mais revenons maintenant à ce que la
Dent-Blanche a apporté dans la vallée.
J’affirme d’abord que ce sommet a
davantage contribué à faire connaître
notre vallée et l’ouvrir au monde
extérieur que tous les efforts qu’une
population réunie aurait pu réaliser
en 1862 et encore bien après. Cette
évolution, l’a-t-elle voulue cette
population? On peut en douter!
Surtout si on se rapporte à ce qu’était
la vie quotidienne au fond de nos
vallées à l’époque. Mais l’histoire était
en marche … rien ne l’arrêtera.
La Dent-Blanche a été le phare de
cette évolution, le moteur imprévisible
de ce tournant avec une
population qui n’a pas seulement
compris son rayonnement mais saisi
cette opportunité pour sortir de son
isolement en allant vers le tourisme!
Tout cela à une époque où Zermatt
prenait son élan 3 ans plus tard – avec
la conquête du Cervin en 1865.
Dans cette vallée d’Hérens, qu’il fallait
d’abord parcourir à pied pendant deux
jours avant d’accéder aux contreforts
de ce géant. Il est édifiant de relire
les divers reportages de sa conquête,
généreusement accompagnés de la
description exceptionnelle du patrimoine
de cette région. Ces éléments
réunis ont fait connaître Evolène à
l’échelle du continent. Cela s’oublie.
Evolène doit beaucoup de son identité
à la Dent-Blanche.
Ce sommet flamboyant, étoile ou phare
unique, est resté inexploité. Vaste
débat repris par chaque génération et
… resté sans réponse.
Quelques brèves notes sur les étapes
des ascensions de la Dent-Blanche.
Dans la période qui a suivi la conquête
des Alpes subsistait l’énigme de l’arête
nord, finalement résolue en 1928 par
le guide Joseph Georges. A partir des
années 1960, les courses hivernales
ont donné un nouveau départ aux
aventures alpines avec, en 1968, la
course en solitaire dans la face nord
de la Dent-Blanche, une expérience
extraordinaire et un tournant dans la
vie. Tout cela à une époque où n’existait
pas encore le culte du palmarès. Puis
dans les années 1980/2000 le guide
André Georges, dans d’originales et
élégantes combinaisons, a complété
l’exploration du «caillou».
Il y a souvent un symbole à l’origine de
chaque effort consenti dans la vie. Ici
en mémoire du guide Cyrille Pralong,
tombé au Mt-Collon en décembre
1970, nous avons réalisé avec les
guides M. Sigenthal, L. Brigger et S.
Sermier la 1ère hivernale de la face
ouest les 6, 7 et 8 février 1973.
Ou ce texte éloquent tiré du livre de cabane
à la pose de la Croix en 1966: «Ami
alpiniste, ta fierté sera bien légitime
quand tu arriveras auprès de cette
croix, mais qu’elle te fasse songer que
même solitaire, tu es accompagné».
Silencieuse elle nous réunit en ce
moment avec tous ceux que cette
montagne a immortalisés à travers ces
passions et tragédies.
Aujourd’hui en regardant les participants,
il ne reste que peu de visages
présents en 1966 à la bénédiction de
la croix derrière la cabane. Il y avait
là l’histoire avec Miss Richard, participante
à la 1ère de l’arête nord en 1928.
Puis, toujours indissociable de la
Dent-Blanche, sa cabane implantée
à 3507 m, sa situation, sa distance,
son isolement, une des rares cabanes
à répondre si parfaitement à l’étape
de l’alpiniste vers le sommet. Pour
ce motif, je préfère le mot refuge
au mot cabane. Dans les bulletins
de la section de Jaman apparaît ce
commentaire éloquent: «La cabane est
depuis toujours l’enfant terrible de la
JAMAN 5