Projet_Domination_T4..

Projet Domination (Tome 4) - Apocalypse Roman pour POLARIS
EPILOGUE
Sur la passerelle de l'Argonaute régnait un silence de mort. Les mains dans le dos,
Telkran contemplait le spectacle de désolation qui accueillait l'Argonaute dans la plaine
abyssale de Bellingshaussen. La flotte de la Ligue du Cap Horn et les mercenaires de Légion
avaient été taillés en pièces. Les corsaires arrivaient trop tard. Ils avaient dû naviguer hors des
eaux du territoire de la Ligue Rouge pour éviter les navires ennemis mais les rares
renseignements collectés sur les combats dans cette région du monde faisaient froid dans le
dos. La frontière sud de Parasema n'était plus qu'un champ de ruines et il en allait de même
pour Mornington.
L'Argonaute croisa pendant plusieurs heures dans ces eaux transformées en cimetière
puis il mit le cap vers la base de Bellingshaussen où l'attendait le même paysage
apocalyptique. Il ne restait plus rien des installations secrètes des corsaires, pulvérisées par
l'assaut des troupes coralliennes.
- Quels sont vos ordres ? demanda Kmar à Telkran.
Le chef des corsaires retourna s'asseoir dans son fauteuil de commandement. Il semblait
las et souffrant.
- Je ne sais pas, murmura-t-il. Le monde est devenu fou, je ne sais même plus pour qui
me battre ni contre qui. Allons dans les eaux les plus profondes de l'Atlantique et attendons.
Laissons-les s'entre-tuer s'ils le veulent, je suis las de ces combats inutiles. Peut-être devrionsnous
revenir à la piraterie ?
Kmar n'osa pas contredire son capitaine. Ces dernières semaines avaient été éprouvantes
pour tout le monde. Ils avaient tous besoin de repos pour y voir plus clair. Il donna ses ordres
à l'équipage et aida Telkran à regagner sa cabine. Le capitaine de l'Argonaute avait changé. Il
semblait tourmenté et dépressif. Kmar espérait que cela s'arrangerait, qu'il ne sombrerait pas
dans une folie destructrice qui le pousserait à mener ses corsaires sur la voie de la simple
piraterie.
Dans les noires profondeurs de l'océan, l'Argonaute glissa lentement vers les abîmes sans
fond de l'océan Atlantique. Nul ne sait quand il en ressortira.
*****
Karl Voïl, contrairement à bon nombre de hauts responsables de la République, ne
s'inquiétait pas vraiment des derniers bouleversements. Les arsenaux avaient peut-être été
neutralisés mais ils disposaient d'une flotte suffisamment puissante et d'assez d'hommes pour
gagner la guerre. Le pouvoir était stable et les derniers opposants avaient été arrêtés ou
avaient fui. Il était d'ailleurs en train de signer quelques ordres d'exécution pour se
débarrasser des plus gênants.
Même si, sur le front, la situation s'était stabilisée, leurs ennemis étaient tellement
affaiblis qu'ils ne pouvaient envisager une contre-attaque. Cela laissait amplement le temps
aux généraux et aux amiraux de repenser leurs offensives. La guerre serait longue, il n'en
doutait pas mais il était certain qu'ils la gagneraient.
Mais Karl s'inquiétait de la brusque rupture du lien empathique qu'il partageait
jusqu'alors avec sa maîtresse, Conscience. Cette dernière se faisait d'ailleurs appeler Nisalia et
s'était proclamée Impératrice de l'Empire du Corail. Bien qu'elle fut encore entourée de ses
empathes, il semblait évident qu'une partie de sa puissance avait disparu. Les proteus avaient
déserté en masse les troupes coralliennes pour se réfugier dans les profondeurs des océans, le
corail restait inerte et n'était plus sous le contrôle des coralliens et tous les individus dotés
d'implants de coraux ne semblaient plus soumis comme avant à la toute-puissante Conscience.
Karl ignorait ce que cela impliquait mais il s'en souciait peu. L'important était désormais
d'imposer l'ordre corallien au reste de l'humanité.
*****
Quand Déméter avait réintégré son corps, il avait eu la surprise de se réveiller dans la
morgue, aux côtés d'autres prêtres du Trident morts au cours des combats. Ceux et celles qui
le croisèrent quand il regagna ses appartements furent encore plus surpris. Mais Déméter avait
d'autres soucis. Au cours de l'affrontement contre Conscience, une partie de sa puissance, une
Auteur : Philippe TESSIER Page 46 / 48