Juin 2010 - Ballad'Ain

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Ballad’Ain - <strong>Juin</strong> / 10 - Page n°2 Un centre de marques à Bellegarde : la polémique Après un long combat, la CNAC (Commission Nationale d’Aménagement Commercial) vient d’autoriser la mise en place du projet de construction d’un centre de marques sur la commune de Châtillon-en-Michaille (01) : « le Village des Alpes » dont le concept est de vendre des invendus à des prix minorés. Mais ce type d’aménagement ne plaît pas à tout le monde et pour cause ; l’impact négatif sur les commerces existants. La FEUDAC, fédération des unions d’artisans et de commerçants de l’Ain qui regroupe actuellement 19 associations de Commerçants et d’Artisans de l’Ain et représente plus de 1 000 chefs d’entreprises du commerce, des services et de l’artisanat de ce département, s’est opposé fermement à ce projet. Mme Damelet, commerçante de Belley et aussi présidente de l’association (FEUDAC) nous explique : « Notre fédération s’est toujours positionnée pour l’aménagement d’un territoire marchand équilibré entre toutes les formes de distribution. Le département de l’Ain a su garder un maillage commercial dense et harmonieux. Les commerçants qui sont des chefs d’entreprises se battent pour maintenir et développer leurs entreprises, dynamiser l’activité économique de la commune et préserver l’emploi et la vie sociale locale. Malheureusement, ce type d’équipement crée plus de problèmes économiques que d’avantages ». Les commerçants s’inquiètent pour les centres ville qui deviendraient alors quasi-désertiques, et surtout pour la disparition de nombreux emplois : « De manière systématique, les promoteurs de ces projets surestiment les emplois créés (surtout à temps partiel d’ailleurs), ceci sans tenir compte de tous les emplois qui viendront à disparaître, sans bruit et de façon diffuse, dans l’ensemble des commerces de la zone de chalandise et au delà du fait de cette implantation, accentuant ainsi l’impact de la crise économique ». Michèle Damelet a été interviewé vendredi 28 mai par France 3 afin d’exprimer sa ferme opposition vis-à-vis de ce projet. Propos recueillis par Lucie Lambey Photo : Michèle Damelet EDITO Hymnes, drapeaux, équipes nationales, présence de chefs d’Etat, langage quelque peu guerrier…les rencontres sportives de ce mois de juin vont laisser traîner une apparence de guerre. De guerre pacifique, bien entendu ! La coupe du monde de football, telle un substitut pacifique aux conflits entre les nations, restera sûrement vécue comme une humiliation générale en cas de défaite de l’équipe arborant les couleurs de son pays de rattachement administratif ou de cœur. Mais quel enthousiasme en cas de victoire. Les passions vont donc être exacerbées ce mois-ci et la dérive nationaliste va menacer. « Dissimulés issimulés dans dans les les collines collines verdoyantes verdoyantes du du Bugey, Bugey, de de nombreux nombreux chemins chemins serpentent serpentent entre entre les les villages. villages. Leurs Leurs empreintes empreintes tracent tracent la la trame trame séculaire séculaire qui qui unissait unissait les les populations populations rurales. rurales. Ils Ils ont ont le le caractère caractère des des saisons, saisons, les les couleurs couleurs de de l’ombre l’ombre ou ou l’éclat l’éclat de de la la pleine pleine lumière. lumière. Parfois Parfois ils ils se se bordent bordent de de vieux vieux murs murs ou ou débouchent débouchent sur sur le le calme calme d’un d’un petit petit lac. lac. En En les les parcourant, parcourant, au au pas pas mesuré mesuré du du promeneur, promeneur, nous nous sommes sommes transportés transportés vers vers les les plaisirs plaisirs du vagabondage. On se prend à rêver, L’art de la guerre… pacifique ! Le lien entre nationalisme et jeux sportifs semble moins évident aujourd’hui puisque les meilleurs athlètes français évoluent dans des clubs étrangers. Gageons, alors, pour cette coupe du monde, qu’aucun excès de chauvinisme ne soit à déplorer. Parions que le spectacle avant tout soit privilégié, qu’il soit agréable et peu importe le triomphe ou non de nos couleurs. L’essentiel est peut-être ailleurs. L’essentiel est peut-être dans la cohésion du pays lors de ces compétitions, ou dans l’affirmation des pays les plus pauvres à chaque victoire ou bien dans la représentation des minorités au seing même des équipes nationales. De façon générale, ce « nouvel opium du peuple » reste une distraction pour tous. Alors, que les équipes rentrent vite dans l’arène ! Valérie Lombard Le Bugey « Terre de légendes » l’imagination s’éveille et naissent contes et légendes. » Avec cette présentation, toute de fraîcheur et bucolique, l’auteur nous invite à retrouver la lenteur du passé, quand le caractère paisible et immuable de nos campagnes laissait au temps le soin de broder de belles histoires... Paul Gamberini « Le Bugey Terre de légendes » est disponible en librairie et dans les maisons de la presse aux Editions Cabédita, ISBN 978-2-88295-582-1
Un jour, dans une rue de Belley, j’ai fait une rencontre insolite. Je marchais distraitement aux abords du promenoir quand j’ai été abordé par une note de musique. Je ne l’aurais jamais reconnue si un ami guitariste ne m’en avait pas parlé auparavant. Il m’avait prévenu : « Si tu rencontres une créature qui chemine doucement, telle une funambule sur une corde vocale, ou si tu ressens sur son passage le souffle délicat et monocorde d’une flûte à bec, d’un basson ou d’une clarinette, alors, tu auras affaire à une note de musique ! » C’était tellement fantaisiste qu’à l’époque j’avais remisé ses élucubrations au rang de ses délires habituels. Pourtant elle était bien là, belle et puissante, avec l’exubérance, les couleurs vives et baroques d’une note d’opéra bien ronde, bien droite et fière. Sans hésiter je la situais dans une des partitions de Puccini ou de Verdi. Elle avait la mesure des passions insoutenables, lesquelles basculaient souvent dans le désespoir des fins tragiques. C’était une lyrique, peut être une « fa » ou une « mi » ? Mais c’était une soprano parfaite, d’une très grande pureté. Ce qu’elle avait à me dire relevait presque de l’abattement dépressif. Elle avait réussi à s’extraire d’un air émouvant de Tosca et de l’école de musique pour retrouver la liberté des espaces extérieurs. J’étais le premier qu’elle croisait et sans trop savoir pourquoi elle s’adressa à moi. Sans manière, avec la même confiance qu’elle aurait accordée à une amie très « croche », elle me livra tout ce qu’elle avait sur le cœur. Il faut beaucoup de courage pour écouter, sans s’émouvoir, le récit d’une note de musique d’opéra. Rapidement les esprits s’émerveillent des ors et des enluminures des plus grandes scènes mythiques. Entraîné par la musique de Puccini on accède à la Scala ou à la Fenice, dans l’un de ces écrins, minutieusement ouvragés, faits pour magnifier davantage la perfection des grandes œuvres lyriques. Le rideau s’ouvre et peu à peu on est gagné par l’imaginaire des amours impossibles, puis, pénétré par des accents plus violents, on sombre rapidement dans le tragique de l’ouvrage. C’est le déchirement des passions extrêmes… Tout cela, la note de musique l’avait vécu pendant de très longues années puis, pour atténuer ses souffrances répétées, elle avait décidé de se retirer dans une petite ville de province. Par un heureux hasard son choix s’était porté sur la ville de Belley. Mais là, dans l’obscurité de l’école de musique, elle avait été rattrapée par des orientations tenaces qui la ramenaient, inlassablement dans les mêmes partitions aux évocations douloureuses. Ce qu’elle voulait, maintenant, c’était oublier, ne plus avoir à chanter des airs aux accents traumatisants. J’étais embarrassé, ne sachant pas où la diriger, je lui citais toutes les associations musicales de la ville : de la chorale à l’accordéon sans oublier les clarinettes, les guitares et la batterie fanfare de la Jeanne d’Arc. -« Voilà, c’est cela qu’il me faut ! C’est la batterie fanfare ! » Me dit-elle. J’étais un peu stupéfait par son choix, puis elle renchérit : -« J’ai toujours aimé les batteries fanfares, leurs sons vifs, le souffle de leurs cuivres, les roulements de tambours et les longues promenades au cours des manifestations de plein air. Voilà ce qu’il me faut ! ». Puis elle insista à plusieurs reprises : « Toutes les musiques sont belles ! » Par chance, je connaissais très bien l’un des vétérans de la batterie fanfare de Belley, un musicien aussi généreusement fourni en partitions de fanfare qu’il l’était en poils de moustaches. A coup sûr, il pourrait lui faire une place respectable parmi ses notes de musique. Elle se montra enthousiaste. Il me fut très facile de faire les arrangements nécessaires. Le jour de la fête de la musique alors que toutes les associations musicales se manifestaient, presque simultanément, dans les rues de Belley, elle trouva le moyen de s’esquiver d’un groupe lyrique pour rejoindre les rangs de la fanfare. Ce jour là, personne ne remarqua les défaillances vocales de la soprano mais tout le monde fut charmé par les accents exceptionnels de l’une des trompettes de la batterie fanfare de la Jeanne d’Arc. Depuis, je n’ai jamais rencontré cette note de musique dans les rues de la ville. Pourtant, il me semble qu’un jour elle m’a souri, à distance. Elle était sur l’autre trottoir de la Grande Rue et elle paraissait être très heureuse…Mais était-ce bien elle, je n’en suis pas sûr ? C’était peut-être une autre note de musique ? Paul Gamberini Ballad’Ain - <strong>Juin</strong> / 10 - Page n°3
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