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ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE LOUIS-LUMIÈRE<br />

Mémoire de Recherche<br />

Delphine Chapuis<br />

Elaboration de négatifs noir et blanc à double usage<br />

par l’utilisation <strong>du</strong> révélateur colorant Pyrocat-HD<br />

Application au procédé Ziatype et au procédé Multigrade<br />

Tome 1 /2<br />

Sous la direction de Jean-Paul Gandolfo et Bernard Leblanc<br />

Membres <strong>du</strong> jury<br />

Françoise Denoyelle, professeur d’histoire de la photographie à l’E.N.S.L.L<br />

Pascal Martin, professeur d’Optique à l’E.N.S.L.L<br />

Jean-Paul Gandolfo, professeur de laboratoire noir et blanc à l’E.N.S.L.L<br />

Jean-Pascal Laux, tireur spécialiste des procédés au Platine/Palladium<br />

Bernard Leblanc, professeur de Sensitométrie à l’E.N.S.L.L<br />

Promotion 2005


Sommaire<br />

Note aux lecteurs 6<br />

Remerciements 7<br />

Résumé 8<br />

Abstract 9<br />

Intro<strong>du</strong>ction 10<br />

I. HISTORIQUE DU PYROCAT-HD 13<br />

1. Apparition et utilisation <strong>du</strong> premier révélateur colorant 13<br />

2. Les raisons de l’abandon <strong>du</strong> pyrogallol 14<br />

3. Evolution des formules de révélateurs colorants 15<br />

4. Apparition et utilisation des révélateurs colorants à la pyrocatéchine 18<br />

5. Les dangers de la pyrocatéchine 22<br />

6. La pyrocatéchine en photographie aujourd’hui 23<br />

7. Sandy King et le Pyrocat-HD 24<br />

II. PARTIE THEORIQUE 27<br />

1. Les films 27<br />

A. Ilford FP4 Plus 27<br />

B. Bergger BPF 200 28<br />

2. Le traitement des films 28<br />

A. Le développement à la pyrocatéchine 28<br />

a. Propriétés chimiques et physiques de la pyrocatéchine 28<br />

b. Caractéristique de la pyrocatéchine en tant que ré<strong>du</strong>cteur 29<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 2


c. Toxicité de la pyrocatéchine 32<br />

d. Le Pyrocat-HD : composition et propriétés 32<br />

B. Le bain d’arrêt 36<br />

C. Le fixateur 36<br />

a. Fixateur acide (Kodak F-24) 37<br />

b. Fixateur alcalin (TF-2) 38<br />

D. Auxiliaire de lavage 39<br />

E. Isolation de l’image secondaire colorée 39<br />

3. Le tirage Palladium 43<br />

A. Le procédé Ziatype 44<br />

B. Les négatifs destinés au tirage Ziatype 46<br />

a. Dynamique des négatifs 46<br />

b. Densitométrie 47<br />

C. Les paramètres de tirage 48<br />

a. Le papier 48<br />

b. Le couchage de l’émulsion 48<br />

c. Le séchage de l’émulsion 48<br />

d. L’humidification 49<br />

e. L’exposition 49<br />

D. Le traitement 50<br />

4. Le tirage Multigrade 51<br />

A. Le papier Ilford Multigrade IV 51<br />

B. Les négatifs destinés au tirage multigrade 52<br />

C. Exposition et traitement 53<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 3


III. EXPÉRIMENTATIONS 54<br />

1. Protocole expérimental 54<br />

A. Exposition des sensitogrammes 54<br />

a. Exposition avec une simple gamme 54<br />

b. Exposition avec une double gamme 55<br />

B. Traitement des sensitogrammes au Pyrocat-HD 56<br />

a. Recherche <strong>du</strong> temps de développement correct 56<br />

b. Traitement correct des sensitogrammes 57<br />

c. Comparaison de l’activité des deux révélateurs 57<br />

d. Sous et surexpositions 57<br />

e. Variation <strong>du</strong> fixateur 58<br />

f. Isolation de l’image secondaire colorée 58<br />

g. Tirage des sensitogrammes sur procédé Ziatype 59<br />

h. Tirage des sensitogrammes sur procédé à contraste variable 60<br />

i. Application sur des images réalisées à la chambre 61<br />

2. Observation des négatifs traités au Pyrocat-HD 62<br />

A. Etude des ren<strong>du</strong>s 62<br />

a. Observation de la clause de contraste 62<br />

b. Calcul de la sensibilité des films 64<br />

c. Choix <strong>du</strong> révélateur 65<br />

d. Changement de dilution <strong>du</strong> révélateur 67<br />

e. Traitement des sensitogrammes destinés au tirage 67<br />

B. Variation <strong>du</strong> couple exposition/développement 68<br />

3. Variation <strong>du</strong> fixateur utilisé 72<br />

4. Isolation de l’image secondaire colorée 74<br />

A. Observation <strong>du</strong> processus d’affaiblissement 74<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 4


B. Exploitation 75<br />

a. Efficacité des différentes formules 75<br />

b. Caractéristique de l’image secondaire 75<br />

c. Effet de l’image secondaire sur le tirage Ziatype 77<br />

d. Effet de l’image secondaire sur le papier Multigrade IV 78<br />

5. Tirage des sensitogrammes sur procédé Ziatype 82<br />

A. Caractéristiques <strong>du</strong> papier émulsionné 82<br />

B. Détermination <strong>du</strong> mode de mesure approprié 83<br />

C. Tirages des sensitogrammes développés au Pyrocat-HD 85<br />

6. Tirage des sensitogrammes sur procédé à contraste variable 87<br />

A. Détermination de la sensibilité <strong>du</strong> papier Ilford Multigrade IV 87<br />

a. Calcul de la sensibilité ISO P 87<br />

b. Calcul de l’éten<strong>du</strong>e ISO R 88<br />

B. Détermination <strong>du</strong> mode de mesure approprié 88<br />

C. Tirage des sensitogrammes développés au Pyrocat-HD 90<br />

7. Adaptation à des images réalisées à la chambre 92<br />

A. Choix <strong>du</strong> sujet 92<br />

B. Exposition / développement 93<br />

C. Caractéristiques des négatifs 94<br />

D. Tirage Ziatype 96<br />

E. Tirage sur papier Multigrade 96<br />

Bibliographie 100<br />

Glossaire 104<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 5


Note aux lecteurs<br />

Il est important de préciser que le révélateur qui fera l’objet de ce <strong>mémoire</strong> est<br />

composé d’une substance appartenant au groupe des polyphénols et peut à ce titre<br />

être nocif pour la santé et même présenter des risques cancérigènes.<br />

Toute manipulation de ce pro<strong>du</strong>it doit donc être appréhendée de manière<br />

rigoureuse et effectuée impérativement avec des gants sous une hotte de laboratoire.<br />

Vous trouverez de plus amples informations concernant la toxicité de la<br />

pyrocatéchine dans le contenu de ce <strong>mémoire</strong> ainsi que dans ses annexes.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 6


Remerciements<br />

Je tiens à remercier particulièrement mes directeurs de <strong>mémoire</strong>, Monsieur<br />

Bernard Leblanc, professeur et directeur <strong>du</strong> département Sensitométrie à l’<strong>Ecole</strong><br />

Nationale Supérieure <strong>Louis</strong> Lumière et Monsieur Jean-Paul Gandolfo, professeur et<br />

directeur <strong>du</strong> département Noir et Blanc à l’<strong>Ecole</strong> Nationale Supérieure <strong>Louis</strong> Lumière<br />

pour avoir accepté de diriger ce <strong>mémoire</strong> et pour leur aide tout au long de sa<br />

réalisation.<br />

Je remercie également Monsieur Jean-Pascal Laux, gérant de l’atelier <strong>du</strong> même<br />

nom et spécialiste <strong>du</strong> procédé de tirage Platine/Palladium, pour avoir accepté de<br />

réaliser les tirages Ziatype nécessaires à mon <strong>mémoire</strong> ainsi que pour tous ses<br />

conseils.<br />

Je voudrais également témoigner ma gratitude<br />

à Monsieur George-Eric Royer et Madame Sylvie Tence de la société X-Rite<br />

pour avoir mis un de leurs densitomètres à ma disposition à l’<strong>Ecole</strong> Nationale<br />

Supérieure <strong>Louis</strong> Lumière ainsi qu’à Monsieur Hugues Pascal pour les<br />

renseignements qu’il m’a fournit.<br />

à Monsieur Guy Gérard, Président Directeur Général de la société Bergger,<br />

pour m’avoir fourni des informations concernant le film BPF 200.<br />

Je remercie profondément ma mère Francine Masson, ma sœur Joanne<br />

Chapuis ainsi que Serge Pommier pour leur soutien.<br />

soutien.<br />

Merci aussi à Antoine Barret et Pascale Leboeuf pour leur patience et leur<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 7


Résumé<br />

Le Pyrocat-HD utilisé lors de notre étude, est un révélateur formulé<br />

récemment par Sandy King, à base de pyrocatéchine. Ce développateur confère au<br />

révélateur des propriétés particulières car son oxydation provoque le tannage ainsi<br />

qu’une coloration de la gélatine <strong>du</strong> film. D’après les informations circulant à son<br />

sujet, cette coloration viendrait se superposer à l’image argentique et sa densité lui<br />

serait même proportionnelle. Elle permettrait donc de renforcer le contraste des<br />

films, en particulier vis à vis des Ultra-violets.<br />

C’est en se basant sur cette caractéristique que nous avons réalisé des négatifs<br />

à double usage directement avec un film de prise de vue. Le négatif obtenu bénéficie<br />

alors d’un contraste suffisant pour être tiré sur un procédé alternatif comme le<br />

Ziatype, tout en conservant les propriétés compatibles avec le tirage sur papier<br />

classique multigrade. Le photographe peut donc réaliser des tirages sur procédé<br />

alternatif, sans étape de contretypage et sans être contraint de dédier ses images à un<br />

unique procédé.<br />

Les résultats obtenus lors de notre étude tendent tout de même à relativiser les<br />

répercussions de cette coloration sur le contraste <strong>du</strong> tirage bien qu’ils montrent la<br />

possibilité d’obtenir d’après un même négatif, deux tirages satisfaisants dans des<br />

procédés très différents l’un de l’autre.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 8


Abstract<br />

The Pyrocat-HD used in our work is a developper recently formulated by<br />

Sandy King and is based on pyrocatechin. This molecule confers particular properties<br />

to the developper because its oxydizing causes the tanning and the staining of the<br />

image. With regard to the informations existing on that matter, this stain would<br />

overlap the silver image, and its density would be proportionnal. It would allow to<br />

improve image’s contrast, particularly in the U.V field.<br />

With that basis, we have directly made double use negatives from a<br />

conventionnal film. The resulting negative is contrasty enough to be directly printed<br />

with an alternative Ziatype process, without losing its compatibility with<br />

multicontrast classical paper. Thanks to this method, the photographer could print<br />

directly with an alternative process, without any <strong>du</strong>plicating, and without the need<br />

to create its pictures to a dedicated process.<br />

The results of our work lead to question the consequences of this stain on<br />

contrast ‘s print, although they prove it is possible to obtain good results from two<br />

different processes.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 9


Intro<strong>du</strong>ction<br />

La photographie a entamé depuis les années quatre vingt dix un virage<br />

important qui modifie considérablement les sphères économiques et techniques. Le<br />

passage d’une image matérielle à une image virtuelle n’est pas sans conséquence sur<br />

son statut. L’image photographique se dématérialise peu à peu, l’étape <strong>du</strong> tirage<br />

devenant facultative.<br />

Le développement de la photographie sur le marché de l’art montre que le<br />

tirage n’est pas encore une étape historique. Ici l’objet photographique est conçu et<br />

élaboré avec attention, puis valorisé par sa rareté. Le tirage de qualité reste en effet le<br />

meilleur moyen d’apprécier une photographie et de la mettre en valeur.<br />

Dans le domaine <strong>du</strong> tirage d’art, et en particulier en ce qui concerne le noir et<br />

blanc, les techniques traditionnelles restent très présentes en raison de leurs qualités<br />

en terme de ren<strong>du</strong> et de conservation. Les techniques de tirage que nous allons<br />

aborder dans ce <strong>mémoire</strong> en font partie. La première, commerciale et très répan<strong>du</strong>e,<br />

est le tirage sur papier baryté à contraste variable. Le second procédé, le Ziatype, est<br />

dit alternatif : le papier est sensibilisé de façon artisanale et le tirage se fait<br />

nécessairement par contact, la taille <strong>du</strong> tirage dépend donc de la taille <strong>du</strong> négatif. Il<br />

s’agit d’un procédé non argentique, l’image étant formée de palladium, ce qui lui<br />

permet d’offrir des caractéristiques particulièrement qualitatives en terme de<br />

conservation de l’image. Ces deux méthodes de tirage sont généralement opposées<br />

d’un point de vue technique. En effet le tirage à contraste variable peut se faire par<br />

agrandissement avec une grande liberté dans le format <strong>du</strong> tirage, et une grande<br />

souplesse dans la gestion <strong>du</strong> contraste, alors que dans un procédé par contact comme<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 10


le Ziatype, le format et le contraste <strong>du</strong> tirage dépendent en grande partie <strong>du</strong> négatif<br />

qui devra donc être adapté à ses caractéristiques particulières.<br />

Ce négatif peut être obtenu en laboratoire par le biais <strong>du</strong> contretypage, qui<br />

demande une procé<strong>du</strong>re assez longue et un film onéreux dont la disponibilité semble<br />

peu sûre, ou encore en réalisant des négatifs numériques. Une autre méthode, qui est<br />

celle que nous étudierons, consiste à utiliser directement le négatif issu de la prise de<br />

vue, effectuée à l’aide d’une chambre grand format afin que le tirage soit d’une taille<br />

respectable. Le contraste est alors contrôlé par la gestion <strong>du</strong> couple exposition-<br />

développement, ce qui permet d’éviter les manipulations supplémentaires au<br />

laboratoire. Cette méthode a les inconvénients et les avantages <strong>du</strong> système de prise<br />

de vue qu’il nécessite. Lourde, encombrante, mal adaptée aux prises de vues<br />

instantanée, la chambre photographique de format 20x25 permet, en revanche, en<br />

photographie de paysage, d’architecture et en photographie de studio, d’accéder à<br />

une définition d’image et à une qualité de flou incomparables. Cependant, on<br />

constate une grande difficulté à obtenir à partir de film de prise de vue classique un<br />

négatif suffisamment contrasté pour un procédé à noircissement direct, notamment<br />

pour les scènes dont le contraste est faible. Dans les cas où ce contraste est atteint, le<br />

négatif obtenu est, en contrepartie, délicat à tirer sur papier argentique classique.<br />

Certains révélateurs semblent présenter des caractéristiques intéressantes<br />

notamment grâce à la particularité qu’ils possèdent, d’entraîner une coloration de la<br />

gélatine, et ce de manière proportionnelle à la densité de l’image argentique. Cette<br />

image secondaire pourrait renforcer l’opacité des densités élevées <strong>du</strong> négatif aux<br />

rayonnements ultra-violets utilisés lors <strong>du</strong> tirage Ziatype, en ayant très peu d’effet<br />

sur les zones de faible densité. Mais un tel négatif pourrait-il être tiré facilement sur<br />

papier argentique classique, autrement dit quel effet la coloration in<strong>du</strong>ite par le<br />

révélateur a-t-elle sur le système à contraste variable? L’objet de ce <strong>mémoire</strong> sera<br />

d’explorer la possibilité d’obtenir des négatifs mixtes, c’est à dire adaptés<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 11


simultanément au tirage sur papier à contraste variable et au tirage sur un procédé<br />

alternatif.<br />

Une telle tentative, à l’aide de révélateur colorant au pyrogallol, avait déjà fait<br />

l’objet de recherches de la part d’Edward Weston. Nous tenterons de rééditer ces<br />

recherches avec les matériaux photographiques modernes. Le révélateur utilisé sera<br />

le Pyrocat-HD, dont la formulation est récente, tout comme la mise au point <strong>du</strong><br />

Ziatype que nous utiliserons comme procédé alternatif de référence.<br />

Ces deux procédés proviennent des Etats-Unis où il subsiste encore un grand<br />

intérêt pour le tirage artisanal, notamment à base de métaux nobles. C’est encore sur<br />

un aspect de la culture photographique anglo-saxonne que se base cette recherche,<br />

avec la mise en relation de la prise de vue, <strong>du</strong> développement et <strong>du</strong> tirage, afin de<br />

contrôler le ren<strong>du</strong> final. Le photographe est alors le tireur de ses images, puisque les<br />

décisions relatives au contraste doivent être prises dès la prise de vue.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 12


I. HISTORIQUE DU PYROCAT-HD<br />

La première partie de ce <strong>mémoire</strong> sera consacrée à l’histoire des révélateurs<br />

colorants notamment au travers des témoignages des premiers usagers. Nous<br />

verrons la manière dont l’utilisation de ce type de révélateur a pu évoluer depuis la<br />

fin <strong>du</strong> 19 ème siècle jusqu’à nos jours, en fonction des préoccupations des utilisateurs.<br />

Tantôt appréciées, tantôt décriées, les particularités propres aux révélateurs<br />

colorants sont sujettes à controverse, ce qui ne les a pas empêché de susciter un<br />

intérêt jusqu’à aujourd’hui, comme en témoigne l’apparition de la formule <strong>du</strong><br />

Pyrocat-HD, qui fera l’objet de ce <strong>mémoire</strong>.<br />

1. Apparition et utilisation <strong>du</strong> premier révélateur<br />

colorant<br />

C’est en 1851 que Victor Régnault émet les premières instructions quant à<br />

l’utilisation <strong>du</strong> pyrogallol comme développateur 1 . Le pyrogallol est un<br />

développateur obtenu par la distillation de l’acide gallique qui provient lui-même de<br />

la fermentation des tanins sous l’effet de la chaleur. Il fut alors exploité dans le<br />

domaine photographique, notamment par Hippolyte Bayard et par Frederick Scott<br />

Archer pour le développement des premières plaques au collodion humide.<br />

Le pyrogallol connaît alors un succès quasi-immédiat, il est largement utilisé,<br />

notamment aux Etats-Unis, par un grand nombre de photographes travaillant avec le<br />

1 Bulletin de la Société française de photographie, Paris, 1865, p. 307.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 13


procédé au collodion humide 2 comme William Henry Jackson, T. H O’Sullivan,<br />

Carlton E. Watkins et bien d’autres encore. Cette ascension est <strong>du</strong>e aux propriétés<br />

avantageuses <strong>du</strong> développateur, réputé pour offrir une définition et une acutance<br />

plus élevée que d’autres développateurs comme le génol ou l’hydroquinone, de part<br />

l’intensité de l’effet de bord qu’il pro<strong>du</strong>it.<br />

2. Les raisons de l’abandon <strong>du</strong> pyrogallol<br />

Néanmoins, l’intérêt des photographes pour le révélateur le plus populaire <strong>du</strong><br />

19 ème siècle commença à décliner vers les années 1910, et ses inconvénients prirent le<br />

pas sur ses avantages.<br />

C’est son oxydation excessive qui amène les utilisateurs à délaisser le<br />

pyrogallol : elle pro<strong>du</strong>it une coloration jaune <strong>du</strong> négatif qui est alors considérée<br />

comme un défaut perturbant lors <strong>du</strong> tirage. On trouve d’ailleurs bien souvent des<br />

formules visant à la faire disparaître accompagnant celles <strong>du</strong> révélateur. L’oxydation<br />

<strong>du</strong> révélateur in<strong>du</strong>it également sa faible conservation. Enfin, on lui reproche de<br />

colorer la peau et les ongles des utilisateurs.<br />

L’un des inconvénients <strong>du</strong> pyrogallol concerne sa préparation et son emploi<br />

qualifiés à l’époque de « cuisinages compliqués » et « tripatouillages continuels » 3 par<br />

Eugène Pitois.<br />

Plus grave encore, le pyrogallol, on le sait désormais, est fortement toxique, il<br />

tua d’ailleurs en 1891, un utilisateur ayant bu par erreur, un verre <strong>du</strong> révélateur<br />

préparé pour le développement.<br />

2<br />

Sandy King, “The Mystery and Science of Pyro”, The World Journal of Post Factory Photography, n°4, 1999,<br />

p. 20.<br />

3<br />

Eugène Pitois, La Photographie, Delagrave, Paris, 1925, p. 34.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 14


D’autre part, on voit à cette époque apparaître un certain nombre de<br />

développateurs comme par exemple l’hydroquinone ou la para-phénylènediamine,<br />

qui détournent l’attention portée au pyrogallol. Cependant le pyrogallol n’a pas été<br />

totalement abandonné : La formule classique de l’ABC Pyro de Kodak est toujours<br />

utilisée aujourd’hui bien que ce révélateur soit considéré comme très capricieux.<br />

D’autres formules, spécialement adaptées aux films modernes, ont vu le jour à partir<br />

de 1977 avec le WD2D de John Wimberly 4 , qui combine deux développateurs, le<br />

pyrogallol et le génol, le PMK mis au point par Gordon Hutchings 5 dont la formule<br />

fut publiée en 1991 dans un article de View Camera puis dans son livre 6 consacré au<br />

pyrogallol et enfin le Rollo Pyro présenté en 1997 par Harald Leban sous le nom<br />

d’ABC+ et qui est réputé pour être plus énergétique que les précédents révélateurs.<br />

3. Evolution des formules de révélateurs colorants<br />

Comme nous venons de le voir, le premier révélateur colorant à apparaître est<br />

constitué de pyrogallol. Ce type de révélateur a par ailleurs subi un certain nombre<br />

de modifications depuis son apparition dans le domaine photographique.<br />

L’origine des révélateurs colorants remonte à 1839, alors que Fox Talbot utilise<br />

l’acide gallique associé à <strong>du</strong> nitrate d’argent, ce qui en fait un révélateur physique,<br />

dans lequel il trempe son papier sensibilisé avant et après l’exposition. Utilisé seul,<br />

l’acide gallique n’est encore qu’un ré<strong>du</strong>cteur très faible.<br />

Le pyrogallol est quant à lui très ré<strong>du</strong>cteur, les photographes chercheront<br />

d’ailleurs à modérer son action par l’ajout d’un acide, sur lequel les avis divergent :<br />

on voit donc apparaître une diversification des formules avec l’ajout d’acide acétique,<br />

d’acide citrique et d’acide tartrique, tous trois des acides organiques.<br />

4 La formule a été modifiée depuis et renommée WD2D+<br />

5 PMK pour Pyrogallol Metol Kodalk<br />

6 Gordon Hutchings, The book of pyro, Ralph Talbert, Granite Bay Californie, 1991<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 15


En 1862, le Major C. Russel associe l’ammoniaque au pyrogallol et démontre<br />

qu’un pH alcalin diminue considérablement le temps de développement en<br />

comparaison au développement acide employé auparavant. Ce composé basique a<br />

été utilisé jusque dans les années 1870 puis a été abandonné pour plusieurs raisons :<br />

premièrement à cause de sa volatilité qui empêche de connaître le degré d’alcalinité<br />

réel <strong>du</strong> révélateur ce qui, par conséquent, rend le traitement non répétable, et<br />

deuxièmement à cause de l’oxydation <strong>du</strong> pyrogallol qu’il pro<strong>du</strong>it simultanément au<br />

voile qu’il crée sur le négatif.<br />

L’année suivante, Sutton remplace l’ammoniaque par <strong>du</strong> carbonate de<br />

potassium en ayant pour but d’éliminer l’apparition <strong>du</strong> voile.<br />

Dès lors, les formules ne cessent de se diversifier et l’on voit apparaître des<br />

composants comme la glycérine, employée pour accélérer le développement, l’alcool,<br />

employé comme conservateur et le carbonate de potassium comme composé alcalin<br />

en plus de l’ammoniaque.<br />

C’est en 1880 que la pyrocatéchine apparaît pour la première fois dans une<br />

utilisation photographique. J.M Eder et V. Toth découvrent alors ses qualités de<br />

développateur : c’est l’apparition <strong>du</strong> second révélateur colorant 7 .<br />

Ce n’est cependant qu’en 1882 qu’ Herbert Bowyer Berkeley améliore les<br />

formules de révélateur au pyro et celles des révélateurs modernes 8 de manière<br />

radicale 9 : il découvre en effet, grâce à l’ajout de sulfite de sodium, le moyen<br />

d’éliminer le voile coloré que provoquent le pyrogallol et la pyrocatéchine, mais<br />

aussi celui d’augmenter la conservation des révélateurs. Deux années plus tard<br />

7<br />

Bulletin de la Société française de photographie, Paris, 1880, p. 284.<br />

8<br />

Sa découverte profite au pyrogallol, à la pyrocatéchine mais également à l’hydroquinone, au métol et aux autres<br />

développateurs modernes.<br />

9<br />

J. M. Eder, History of Photography, trad. ang. E. Epstean, Columbia University Press, New-York, 1945, p. 433.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 16


Mawson et Swan 10 intro<strong>du</strong>isent le métabisulfite de potassium dans les révélateurs en<br />

tant que conservateur.<br />

On utilisera par la suite les développateurs colorants en association avec un<br />

autre développateur afin d’optimiser les caractéristiques <strong>du</strong> révélateur, on trouvera<br />

par exemple des formules combinant pyrogallol et génol.<br />

Ce n’est que plus tard, au cours <strong>du</strong> 20 ème siècle, que l’on commence à apprécier<br />

les effets de la coloration <strong>du</strong> négatif et que l’on ne cherche plus systématiquement à<br />

s’en débarrasser. D’une part, la coloration jaune-verte des négatifs développés avec<br />

un révélateur au pyrogallol fonctionne avec les papiers contraste variable « comme un<br />

masque variable en continu qui ré<strong>du</strong>it le contraste <strong>du</strong> tirage, spécialement dans les hautes<br />

valeurs. Ceci permet donc aux ombres et aux gris moyens de se tirer sans compresser ou<br />

bloquer les hautes lumières, ré<strong>du</strong>isant donc le temps passé à maquiller .» 11 , et d’un autre<br />

côté, les négatifs développés dans un révélateur à la pyrocatéchine, possèdent une<br />

coloration plutôt brune qui semble améliorer le micro-contraste et le contraste<br />

d’ensemble leur donnant par conséquent des caractéristiques favorables au tirage sur<br />

les procédés alternatifs qui nécessitent un fort contraste 12 . Enfin, tous les négatifs<br />

développés avec un révélateur colorant, quel qu’il soit, possèdent une « acutance<br />

accrue » et donnent « une meilleure tonalité sur le tirage final » 13 .<br />

De nombreux photographes ont d’ailleurs su tirer parti de ces avantages,<br />

comme par exemple Edward Weston, qui allie cette technique de développement au<br />

genre photographique qu’il pratique dès 1922, la ʺstraight photographyʺ ou<br />

photographie pure. « A partir de ce moment, Weston ne fit plus que des photographies<br />

10<br />

Ibidem, p. 433.<br />

11<br />

Sandy King, An Intro<strong>du</strong>ction to Pyro Staining Developpers, http://www.unblinkineye.com, trad. fr. Jimmy<br />

Péguet, http://www.galerie-photo.com, 2003.<br />

12<br />

Ibidem.<br />

13 Ibidem.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 17


nettes et piquées avec une très grande précision dans le détail » 14 et c’est en partie<br />

l’utilisation <strong>du</strong> pyrogallol qui contribua à restituer ce détail.<br />

4. Apparition et utilisation des révélateurs colorants à la<br />

pyrocatéchine<br />

C’est Reinsch qui obtint le premier la pyrocatéchine par la distillation sèche<br />

<strong>du</strong> cachou (sorte d’Acacia), mais c’est à la suite des observations de Zwenger que<br />

cette molécule est alors nommée brenzcatéchine 15 .<br />

Bien que son utilisation ait été bien moins importante que celle <strong>du</strong> pyrogallol,<br />

on entend parler de la pyrocatéchine en photographie dès 1857. En effet, même si ce<br />

n’est pas directement à cette substance que l’on fait référence, c’est à une substance<br />

identique , l’acide oxyphénique découvert par M. R. Wagner. Il propose donc de<br />

remplacer l’acide pyrogallique dans le développement des clichés au collodion<br />

humide, par cet « acide jouissant de propriétés analogues, et dont la préparation pourrait<br />

sans doute être entreprise plus économiquement que celle de ce dernier » 16 .<br />

Ce n’est cependant qu’en 1880, à la suite de la publication <strong>du</strong> capitaine Abney<br />

traitant de sa découverte de l’hydroquinone en tant que développateur, que M. Eder<br />

et M. Toth étudient les propriétés de la pyrocatéchine et découvrent qu’en<br />

l’additionnant à de l’ammoniaque, celle-ci peut « aussi servir de révélateur pour les<br />

plaques au gélatino-bromure » 17 .<br />

En 1888, on attribue désormais certains avantages à la pyrocatéchine et M.<br />

Benoît, professeur de physique et de chimie au lycée de Toulouse, trouve « que la<br />

14 e<br />

Marianne Bieger-Thielemann, La Photographie <strong>du</strong> 20 siècle, trad. fr. Catherine Henry, Taschen, Cologne,<br />

2001, p.732.<br />

15<br />

Henry-Enfield Roscoe, A treatise on Chemistry, Macmillan, London, 1881, p.133.<br />

16<br />

Bulletin de la Société française de photographie, Paris, 1857, p. 192.<br />

17<br />

Bulletin de la Société française de photographie, Paris, 1880, p. 284.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 18


pureté et l’harmonie des clichés étaient plus grandes, et que le révélateur, composé comme<br />

celui à l’hydroquinone, avec, cependant un peu plus de sulfite de soude, se conservait bien<br />

mieux au contact de l’air » 18 .<br />

Cependant, on trouve à cette époque la pyrocatéchine encore chère, c’est<br />

pourquoi M. Benoit conseille par exemple, plutôt que d’utiliser le pro<strong>du</strong>it pur, de le<br />

mélanger à l’hydroquinone, qui elle, est moins coûteuse.<br />

Deux nouvelles formules de révélateur à la pyrocatéchine (brenzcatéchine)<br />

voient le jour l’année suivante et sont communiquées dans le bulletin de la Société<br />

française de photographie 19 . L’une est développée par le Dr. Arnold qui reconnaît au<br />

révélateur certains avantages :<br />

« 1. La bonne coloration des clichés<br />

2. Les images ne se voilent pas. La sensibilité disparaissant en grande partie<br />

dans le révélateur, on peut se servir d’une faible lumière diffuse.<br />

3. L’action est bonne même avec les basses températures<br />

4. Il ne tâche pas les doigts<br />

5. Il est meilleur marché que presque tous les autres »<br />

18 Bulletin de la Société française de photographie, Paris, 1888, p. 88.<br />

19 Bulletin de la Société française de photographie, Paris, 1889, p. 202.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 19


Sa formule est alors composée de :<br />

Solution de réserve A<br />

Pyrocatéchine 1 gr<br />

Eau 100 ml<br />

Solution de réserve B<br />

Carbonate de sodium 0,20 gr<br />

Eau 100 ml<br />

Le carbonate de sodium est alors employé comme composé basique. Pour<br />

développer une grande plaque, le Dr. Arnold recommande de mélanger un millilitre<br />

de solution A et dix millilitres de solution B avec soixante à quatre-vingt millilitres<br />

d’eau.<br />

L’autre formule est développée par J. M Eder, qui poursuit alors seul ses<br />

recherches sur le révélateur et lui attribue des qualités <strong>supérieure</strong>s à celles de<br />

l’hydroquinone. Elle se compose de la manière suivante :<br />

Solution de réserve A<br />

Pyrocatéchine 1 gr<br />

Sulfite de sodium 4 gr<br />

Eau 40 ml<br />

Solution de réserve B<br />

Hydroxyde de potassium 4 gr<br />

Eau 40 ml<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 20


L’hydroxyde de potassium est ici employé comme composé basique de la<br />

solution et le sulfite de soude comme conservateur. Le mélange conseillé est de un<br />

volume de A pour deux volumes de B. J. M. Eder remarque d’ailleurs que ce<br />

révélateur est plus actif qu’un révélateur à l’hydroquinone préparé dans les mêmes<br />

proportions et qu’il « donne plus de détails avec une pose moindre » 20 .<br />

Enfin, en 1894, les frères Poulenc déclarent qu’ils sont parvenus à fabriquer<br />

« la pyrocatéchine à l’état de pureté absolue » 21 , c’est à dire par synthèse. Ils parviennent<br />

par la même occasion à ré<strong>du</strong>ire le coût <strong>du</strong> développateur de 0, 80 Fr à 0,15 Fr le<br />

gramme. La formule qu’ils préconisent comporte à la fois <strong>du</strong> sulfite de soude (25 gr)<br />

et <strong>du</strong> carbonate de soude (50 gr) en plus de la pyrocatéchine (10 gr) qu’ils complètent<br />

avec neuf-cents millilitres d’eau.<br />

En 1896, M. Liesegang emploie la pyrocatéchine pour le développement de ses<br />

négatifs destinés à être tirés sous forme d’Aristotypes, premier procédé à<br />

noircissement direct sur papier à être commercialisé, et instauré par William de<br />

Wiweleslie Abney.<br />

D’autres substances entrent ensuite dans la composition des formules à base<br />

de pyrocatéchine comme la soude caustique ou encore le phosphate de soude comme<br />

composé basique de la solution.<br />

Ce développateur a cependant été principalement utilisé pour fabriquer des<br />

révélateurs tannants en deux bains séparés ne contenant pas de sulfite, et par<br />

conséquent, ne se conservant pas une fois mélangés, « ce qui oblige leur préparation au<br />

moment de l’emploi car le pro<strong>du</strong>it d’oxydation <strong>du</strong> développateur par l’air provoquerait le<br />

tannage de la gélatine dans les régions où il ne s’est pas pro<strong>du</strong>it d’argent ré<strong>du</strong>it » 22 .<br />

20 Ibidem, p. 202.<br />

21 M.M Poulenc, Bulletin de la Société française de photographie, Paris, 1894, p. 381.<br />

22 Pierre Glafkidès et Pierre Montel, Cours de chimie photographique, LTA, Paris, 1992, p. 155.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 21


Bien qu’elle soit considérée comme plus stable que le pyrogallol, la<br />

pyrocatéchine n’a jamais obtenu le même succès aux Etats-Unis, mais son utilisation<br />

fut plus importante en Allemagne.<br />

5. Les dangers de la pyrocatéchine<br />

La pyrocatéchine, est, tout comme le pyrogallol, extrêmement toxique.<br />

Cependant, les risques peuvent facilement être évités puisqu’en photographie, ils<br />

concernent essentiellement l’absorption cutanée et l’inhalation de la poudre ; il suffit<br />

donc de porter des gants et un masque, et de travailler sous une hotte de laboratoire<br />

pour éviter tout danger.<br />

En revanche, il existe d’autres applications pour lesquelles des personnes sont<br />

susceptibles d’être exposées à la pyrocatéchine : par exemple lors de la pro<strong>du</strong>ction de<br />

la molécule elle-même, lors de la pro<strong>du</strong>ction d’insecticides, de parfums ou encore de<br />

médicaments mais également dans la fabrication des revêtements en métal et<br />

l’extraction <strong>du</strong> charbon.<br />

On dénombre par ailleurs un certain nombre d’accidents avec cette substance :<br />

En 1985, un entrepôt des usines Rhône Poulenc s’enflamma et l’eau amenée par les<br />

pompiers entraîna le pro<strong>du</strong>it toxique jusqu’au Rhône, provoquant la mort de<br />

plusieurs milliers de poissons 23 .<br />

23 Alain Pelosato, www.ecologie-et-progres.com, 2002.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 22


6. La pyrocatéchine en photographie aujourd’hui<br />

Comme Stephen G. Anchell et Bill Troop l’ont fait remarquer 24 , la<br />

pyrocatéchine tanne et colore aussi bien la gélatine que le pyrogallol et est souvent<br />

considérée comme plus stable et plus fiable. Cependant, il semble qu’aucune formule<br />

à base de pyrocatéchine n’ait connu le même succès que celle <strong>du</strong> PMK.<br />

Cela peut être en partie dû au fait que la base utilisée dans la plupart des<br />

formules est l’hydroxyde de sodium (soude caustique), qui possède un pH trop élevé<br />

pour être bien adapté aux émulsions modernes et qui à tendance à provoquer la<br />

montée d’un voile inutile et d’un grain trop prononcé.<br />

Les formules utilisant un autre composé basique, par exemple le carbonate de<br />

sodium, comme celle de Maxime Muir n’ont pas obtenu plus de succès puisque<br />

l’intervention de cette substance provoque, elle, une baisse de sensibilité.<br />

Si les révélateurs à base de pyrocatéchine sont actuellement encore moins<br />

employés que ceux à base de pyrogallol, il existe néanmoins quelques formules<br />

contemporaines comme le DiXactol ou le Pyrocat-HD.<br />

Le DiXactol a été présenté par Barry Thornton (décédé depuis) et sa formule<br />

est la suivante :<br />

Solution de réserve A<br />

Pyrocatéchine 10 g<br />

Sulfite de sodium 2 g<br />

Bromure de potassium 0.5 g<br />

Eau q.s.p.f 100 ml<br />

24 Stephen G. Anchell et Bill Troop, The Film Developping Cookbook, Focal Press, Boston, 1998, p. 79.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 23


Solution de réserve B<br />

Hydroxyde de potassium 10 g<br />

Bromure de potassium 0.5 g<br />

Eau q.s.p.f 100 ml<br />

Dans la solution A, le sulfite de sodium est employé comme conservateur ou<br />

anti-oxydant et le bromure de potassium comme anti-voile. Dans la solution B,<br />

l’hydroxyde de potassium (qui n’est autre que la potasse) est employé comme<br />

élément basique de la solution.<br />

7. Sandy King et le Pyrocat-HD<br />

Le Pyrocat-HD 25 fut présenté en 1999 dans la revue américaine The World<br />

Journal of Post-Factory Photography 26 par Sandy King, professeur d’espagnol à<br />

l’Université de Clemson en Caroline <strong>du</strong> Sud, photographe, historien de la<br />

photographie et spécialiste <strong>du</strong> tirage au charbon. Le Pyrocat-HD est un révélateur<br />

colorant à base de pyrocatéchine mais comportant également de la phénidone<br />

comme second développateur.<br />

Avant l’élaboration de la formule <strong>du</strong> Pyrocat-HD, Sandy King utilisait un<br />

autre révélateur colorant, le PMK. Pratiquant le ʺminimal developmentʺ et le ʺsemi-<br />

stand developmentʺ (respectivement développement avec agitation ré<strong>du</strong>ite et<br />

développement avec très faible agitation), il ne parvint pas à obtenir des négatifs<br />

exempts de zébrure et de moutonnement, qui sont les conséquences d’un<br />

développement non uniforme. C’est principalement ce qui le poussa à formuler un<br />

révélateur colorant possédant les avantages <strong>du</strong> PMK (acutance, effet compensateur,<br />

25<br />

HD = High Definition (Haute Définition)<br />

26<br />

Sandy King, “The Mystery and Science of Pyro”, The World Journal of Post Factory Photography, 1999,<br />

p.24.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 24


solubilité) qui pourrait être utilisé avec différents types de traitements comme le<br />

traitement rotatif et le traitement en cuvettes.<br />

La formule <strong>du</strong> Pyrocat-HD n’a évidemment que très peu évolué depuis son<br />

apparition récente mais a tout de même été révisée.<br />

La formule originale <strong>du</strong> Pyrocat-HD est la suivante 27 :<br />

Solution de réserve A<br />

Eau distillée 75 ml<br />

Bisulfite de sodium 1 g<br />

Pyrocatéchine 5 g<br />

Phénidone 0.2 g<br />

Bromure de potassium 0.2 g<br />

Eau distillée q.s.p.f 100 ml<br />

Solution de réserve B<br />

Eau distillée 75 ml<br />

Carbonate de sodium 10 g<br />

Eau distillée q.s.p.f 100 ml<br />

Dans la solution A, on peut trouver deux ré<strong>du</strong>cteurs, la pyrocatéchine et la<br />

phénidone, en quantité moins importante. Le rôle d’anti-oxydant est joué par le<br />

bisulfite de sodium, qui, étant neutralisé par la solution basique, pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong> sulfite<br />

de sodium. Dans la solution B, on retrouve une base qui permet à la ré<strong>du</strong>ction<br />

d’avoir lieu, avec le carbonate de sodium.<br />

27 Ibidem, p.24.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 25


Cette formule a par la suite subi une modification remplaçant les dix grammes<br />

de carbonate de sodium de la solution B par cent grammes de carbonate de<br />

potassium.<br />

On peut aussi trouver des variantes : En effet, on retrouve quelquefois la<br />

formule <strong>du</strong> Pyrocat-HD avec seulement 75 grammes de carbonate de potassium dans<br />

la solution B au lieu de 100 grammes.<br />

Dans la solution A <strong>du</strong> révélateur, la phénidone peut être remplacée par 0.25<br />

grammes de métol, au prix d’une petite baisse de sensibilité.<br />

Dans tous les cas de figure, la solution standard de travail est obtenue en<br />

mélangeant une part de solution A et une part de solution B pour 100 parts d’eau<br />

(1 :1 :100).<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 26


II. PARTIE THEORIQUE<br />

Dans la deuxième partie de ce <strong>mémoire</strong>, notre attention se portera sur les trois<br />

grands paramètres à maîtriser afin de pouvoir répondre à notre problématique, à<br />

savoir le traitement <strong>du</strong> film, le tirage Ziatype et le tirage sur papier à contraste<br />

variable.<br />

Nous tenterons d’apporter les informations nécessaires à la compréhension de<br />

ces techniques photographiques et de ce qui fait leurs spécificités, tout en essayant<br />

d’émettre des hypothèses quant aux résultats qu’elles pourraient fournir en ce qui<br />

concerne nos préoccupations, à savoir la réalisation de négatifs adaptés au deux<br />

techniques de tirages d’après un développement au Pyrocat-HD.<br />

1. Les films<br />

A. Ilford FP4 Plus 28<br />

Le film Ilford FP4 Plus est un film noir et blanc de sensibilité moyenne (ISO<br />

125/22°). Le FP4 Plus est un film à grain fin qui est particulièrement apprécié des<br />

utilisateurs de révélateurs au pyrogallol ou à la pyrocatéchine comme le PMK ou le<br />

Pyrocat-HD. Il est réputé pour favoriser l’image secondaire colorée engendrée par ce<br />

type de révélateur sans pour autant pro<strong>du</strong>ire de voile excessif.<br />

28 Annexe n°5, p. 11.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 27


B. Bergger BPF 200 29<br />

Le film Bergger BPF 200 est lui aussi d’une sensibilité moyenne (ISO 200/24°).<br />

Son emploi est fréquemment recommandé pour certains procédés alternatifs.<br />

2. Le traitement des films<br />

A. Le développement à la pyrocatéchine<br />

a. Propriétés chimiques et physiques de la pyrocatéchine 30<br />

On nomme communément en photographie ʺ pyrocatéchine ʺ, ʺ catéchine ʺ ou<br />

ʺ pyrocatéchol ʺ, le catéchol. Les noms scientifiques <strong>du</strong> catéchol sont<br />

1,2-Orthodioxybenzène ou encore 1,2-Orthodiphénol.<br />

La pyrocatéchine fait partie des diphénols c’est à dire qu’elle possède deux<br />

fois la fonction phénol. Ses deux isomères sont l’hydroquinone (paradiphénol) et la<br />

résorcine (métadiphénol). Pour ces trois isomères, deux fonctions phénols sont donc<br />

placées sur un carbone <strong>du</strong> noyau benzénique en position ortho (comme c’est le cas<br />

pour la pyrocatéchine), para ou méta. C’est d’ailleurs la position des fonctions qui<br />

leur donne une utilité ou non en photographie : seuls les dérivés ortho et para ont<br />

des propriétés ré<strong>du</strong>ctrices compatibles avec un développement photographique.<br />

La formule non développée de la pyrocatéchine est : C6H4(OH)2 1.2 ou C6H6O2<br />

Sa formule développée est :<br />

29 Annexe n°6, p. 17.<br />

30 Pierre Glafkidès et Pierre Montel, Cours de chimie photographique, LTA, Paris, 1992.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 28<br />

HO<br />

OH


Sa masse moléculaire est : 110,11 g.<br />

Son point de fusion est : 104°C<br />

Son point d’ébullition est : 242°C<br />

La pyrocatéchine se présente sous forme de lamelles incolores ou légèrement<br />

roses. Elle est très soluble dans l’eau, l’alcool et l’éther.<br />

La pyrocatéchine est obtenue<br />

- par fusion alcaline orthophénolsulfonique<br />

HO 1 —C6H4—SO3H 2 + Na OH HO 1 —C6H4—OH 2 + NaHSO3<br />

- par fusion alcaline de l’orthoclorophénol<br />

HO 1 —C6H4—Cl 2 + Na OH HO 1 —C6H4 —OH 2 + NaCl<br />

- à partir <strong>du</strong> gaïacol, par action de l’acide bromhydrique à chaud<br />

HO 1 —C6H4—OCH3 2 + BrH HO 1 —C6H4 —OH 2 + CH3Br<br />

b. Caractéristique de la pyrocatéchine en tant que ré<strong>du</strong>cteur<br />

La pyrocatéchine possède un fort pouvoir ré<strong>du</strong>cteur. C’est pourquoi, en ce qui<br />

concerne sa période d’in<strong>du</strong>ction et sa vitesse de développement, elle est classée dans<br />

le groupe ʺbʺ 31 , qui comporte également les développateurs aux aminophénols et qui<br />

31 Ibidem, p.163.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 29


egroupe les développateurs dont la vitesse maximum de développement est très<br />

rapidement atteinte et reste longtemps constante.<br />

La pyrocatéchine est généralement employée en solution contenant peu ou pas<br />

de sulfite. Ce pro<strong>du</strong>it jouant le rôle de solvant <strong>du</strong> bromure d’argent, son absence<br />

évite la solubilisation partielle des cristaux d’argent comme c’est le cas pour les<br />

révélateurs à grains fins (ou solvants). Les révélateurs dans lesquels la pyrocatéchine<br />

est employée sont donc non solvants, et procurent une granulation mieux définie.<br />

Mais le sulfite est avant tout un anti-oxydant qui élimine la forme oxydée <strong>du</strong><br />

révélateur au fur et à mesure qu’elle se forme. Il n’est généralement associé à la<br />

pyrocatéchine qu’en faible quantité, son action reste donc modérée et permet une<br />

oxydation importante <strong>du</strong> développateur, dont les pro<strong>du</strong>its ont « la propriété de tanner<br />

la gélatine de manière sélective » 32 . La pyrocatéchine entre donc dans la composition de<br />

révélateurs tannants.<br />

Le tannage de la gélatine s’accompagne d’une autre particularité qui résulte<br />

d’un phénomène bien distinct mais qui est également dû à l’oxydation <strong>du</strong><br />

développateur : Une image secondaire colorée se forme dans la gélatine par réaction<br />

chromogène primaire (sans coupleur) et se superpose à l’image argentique.<br />

En vérité, on doit distinguer deux types de colorations 33 : La ʺcoloration<br />

imageʺ, qui se forme autour des grains d’argent partout où ils ont été ré<strong>du</strong>its et qui<br />

est proportionnelle à la densité de l’image (il y a d’autant plus de révélateur oxydé<br />

qu’il y a d’argent ré<strong>du</strong>it) . La ʺcoloration généraleʺ, quant à elle, affecte l’ensemble de<br />

la couche de gélatine indépendamment de la densité d’argent et peut être comparée à<br />

un voile. Elle est associée à une oxydation globale et uniforme <strong>du</strong> développateur au<br />

contact de l’air qui provoque la fixation des molécules colorantes dans la gélatine.<br />

32<br />

Jean-Paul Gandolfo, Le procédé argentique noir et blanc, (polycopié), <strong>Ecole</strong> <strong>nationale</strong> <strong>supérieure</strong> <strong>Louis</strong>-<br />

Lumière, Avril 2003, p.10.<br />

33<br />

Stephen G. Anchell et Bill Troop, The Film Developping Cookbook, Focal Press, Elsevier, 1998, p. 73.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 30


Seule la ʺcoloration imageʺ ou ʺimage secondaireʺ présente un intérêt pour<br />

l’utilisateur puisqu’elle augmente non seulement le micro-contraste 34 , ce qui renforce<br />

l’effet de netteté, mais aussi le contraste général de l’image ce qui est très bénéfique<br />

lorsque l’on tire sur des procédés alternatifs qui nécessitent des négatifs fortement<br />

contrastés. En revanche, la ʺcoloration généraleʺ, qui est pro<strong>du</strong>ite par l’oxydation<br />

aérienne <strong>du</strong> développateur, peut être assimilée à un voile inutile et même gênant<br />

puisqu’il augmente le temps d’exposition au tirage et diminue le contraste <strong>du</strong><br />

négatif.<br />

Chaque développateur génère sa propre teinte et celle pro<strong>du</strong>ite par la<br />

pyrocatéchine varie <strong>du</strong> brun au brun-noir. Cette teinte n’aura donc pas les mêmes<br />

conséquences sur le tirage que la coloration jaune-verte d’un négatif développé au<br />

pyrogallol. Ainsi, un négatif teinté en brun laissera moins passer la lumière bleue et<br />

verte qu’un négatif teinté en jaune-vert, ce qui aura bien évidemment une incidence<br />

au tirage sur un papier argentique classique, qui est sensible à ces deux types de<br />

lumière. De la même manière, une coloration brune laissera moins passer les U.V<br />

qu’une coloration jaune-verte, ce qui devrait avoir une incidence au tirage sur un<br />

papier sensible aux U.V comme le sont certains procédés alternatifs comme le<br />

Platinotype, le Palladiotype ou encore le papier salé. Dans les deux cas, la coloration<br />

brune entraînera un contraste sur le tirage plus important que la coloration jaune-<br />

verte. Les conséquences de la coloration brune pro<strong>du</strong>ite par la pyrocatéchine seront<br />

étudiées en détail ultérieurement.<br />

34 Sandy King, An Intro<strong>du</strong>ction to Pyro Staining Developpers, http://www.unblinkineye.com, 2001, p.3.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 31


c. Toxicité de la pyrocatéchine 35<br />

La pyrocatéchine est une substance mutagène, elle peut donc entraîner des<br />

modifications de notre patrimoine génétique, non contrôlable, et peut par conséquent<br />

être cancérigène.<br />

Le contact de la pyrocatéchine est susceptible d’entraîner des irritations et des<br />

brûlures de la peau et des yeux. A un haut niveau d’exposition, elle peut avoir des<br />

effets sur le transport de l’oxygène dans le sang, qui se manifestent par une<br />

coloration de la peau en bleu, et peut également entraîner des maux de tête, des<br />

nausées et des tremblements.<br />

Tous ces risques peuvent néanmoins être évités en ne manipulant la<br />

pyrocatéchine que sous une hotte, en se munissant de vêtements adaptés, de gants et<br />

de lunettes.<br />

d. Le Pyrocat-HD : composition et propriétés<br />

Le Pyrocat-HD, dont la formule a été développée et présentée par Sandy King<br />

en 1999, est un révélateur tannant et colorant dont le principal ré<strong>du</strong>cteur est la<br />

pyrocatéchine. Nous avons pu constater lors de la première partie de ce <strong>mémoire</strong> que<br />

la formule initiale avait subi quelques variantes.<br />

35<br />

New Jersey department of Health and senior services, Hazardous substance fact sheet, Trenton, 1999. (voir<br />

annexes n°11, p.29)<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 32


La formule qui fera l’objet de cette étude est la suivante :<br />

Solution de réserve A<br />

Eau distillée 75 ml<br />

Bisulfite de sodium 1 g<br />

Pyrocatéchine 5 g<br />

Phénidone 0.2 g<br />

Bromure de potassium 0.2 g<br />

Eau distillée q.s.p.f 100 ml<br />

Solution de réserve B<br />

Eau distillée 75 ml<br />

Carbonate de potassium 75 g<br />

Eau distillée q.s.p.f 100 ml<br />

La solution de travail est obtenue par mélange d’une part de solution A, une<br />

part de solution B pour 100 parts d’eau (1 :1 :100).<br />

La pyrocatéchine<br />

La pyrocatéchine est le principal agent ré<strong>du</strong>cteur <strong>du</strong> Pyrocat-HD. Nous avons<br />

vu ses caractéristiques précédemment.<br />

La phénidone<br />

La solution de réserve A de ce révélateur contient un autre ré<strong>du</strong>cteur en plus<br />

de la pyrocatéchine, la phénidone. Ce développateur possède un noyau<br />

hétérocyclique fixé à un noyau benzénique, son nom scientifique est 1. Phényl - 3<br />

pyrazolidone. La phénidone a un très grand pouvoir ré<strong>du</strong>cteur : Selon le tableau<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 33


établi par Nietz-Chibissoff 36 , elle aurait environ 20 fois plus d’énergie que<br />

l’hydroquinone, développateur pris comme référence.<br />

Cette association entre deux développateurs permet une activité <strong>supérieure</strong> à<br />

celle qu’aurait procuré l’emploi de la pyrocatéchine ou de la phénidone seule. C’est<br />

ce que l’on appelle le phénomène de surraditivité. La phénidone, qui, utilisée seule<br />

« développe rapidement mais donne des images sans contraste » 37 compense le contraste<br />

élevé issu des images développées à la pyrocatéchine.<br />

Le disulfite de sodium<br />

D’autre part, la faible quantité de sulfite acide de sodium (disulfite) entrant<br />

dans la composition <strong>du</strong> Pyrocat-HD en fait un révélateur non solvant et superficiel. Il<br />

permet la conservation à un pH acide de la solution contenant les ré<strong>du</strong>cteurs et<br />

garantit leur conservation. Une fois les deux solutions mélangées, le sulfite de<br />

sodium est neutralisé par le pH basique de la solution B, ce qui implique que le<br />

révélateur ne puisse se conserver que quelques minutes. La solution de travail doit<br />

donc être préparée juste avant le développement.<br />

Le bromure de potassium<br />

Le bromure de potassium est utilisé comme anti-voile dans tous les<br />

révélateurs. Comme son nom l’indique, l’anti-voile permet de retarder la ré<strong>du</strong>ction<br />

des halogénures d’argent qui n’ont pas été exposés ou qui sont auto-développables.<br />

La proportion de bromure soluble augmente naturellement au fur et à mesure <strong>du</strong><br />

développement, diminuant l’activité <strong>du</strong> bain. La quantité de bromure qui entre dans<br />

la constitution d’un révélateur varie selon le développateur employé. Elle est ici<br />

assez importante en raison de la forte activité de la pyrocatéchine et de la phénidone.<br />

36 Pierre Glafkidès et Pierre Montel, op. cit., p.162.<br />

37 Ibidem, p.160.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 34


Le carbonate de sodium<br />

La solution B <strong>du</strong> Pyrocat-HD contient uniquement <strong>du</strong> carbonate de sodium<br />

dilué avec de l’eau distillée. C’est la base ou alcali, qui permet à la ré<strong>du</strong>ction pro<strong>du</strong>ite<br />

lors <strong>du</strong> développement d’avoir lieu. En effet, cette ré<strong>du</strong>ction ne s’opérant qu’en<br />

milieu basique, c’est le carbonate de sodium qui permet de maintenir le pH à une<br />

valeur basique. C’est la base la plus fréquemment utilisée pour les révélateurs.<br />

La formule <strong>du</strong> Pyrocat-HD a été élaborée par Sandy King dans le but d’obtenir<br />

des caractéristiques <strong>supérieure</strong>s à celles procurées par le révélateur de Gordon<br />

Hutchings, le PMK. Il lui attribue donc, les qualités suivantes :<br />

- La pro<strong>du</strong>ction d’un micro-contraste élevé sur les négatifs<br />

- Un niveau de coloration générale très faible<br />

- Un développement régulier : absence de zébrure et de moutonnement<br />

même avec un développement rotatif.<br />

Selon lui, ce révélateur nécessite des temps de développement plus courts que<br />

les autres révélateurs colorants, de par l’activité de la pyrocatéchine, et fait<br />

légèrement gagner en sensibilité. D’autre part, le Pyrocat-HD procurerait, lors d’un<br />

développement avec agitation minimale, des effets de bords très marqués et donc<br />

une meilleure impression de netteté.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 35


B. Le bain d’arrêt<br />

Le pH <strong>du</strong> bain d’arrêt est déterminant lorsque l’on traite un film dans un<br />

révélateur tannant. En effet, l’emploi d’un bain d’arrêt neutre, à l’eau, est<br />

recommandé par les utilisateurs de ce type de révélateur, qui conseillent<br />

généralement 38 de conserver une basicité ou une neutralité sur l’intégralité <strong>du</strong><br />

traitement car l’acidité à tendance à diminuer le niveau de coloration de l’image, ce<br />

qui peut être préjudiciable quand ce type de coloration est souhaité.<br />

D’autre part, l’étude s’attachera à montrer l’influence <strong>du</strong> fixateur sur cette<br />

coloration, c’est pourquoi il est préférable d’utiliser un bain d’arrêt qui n’aura aucune<br />

incidence sur celle-ci.<br />

Néanmoins, l’emploi de ce type de bain d’arrêt implique la nécessité de<br />

ré<strong>du</strong>ire légèrement les temps de développement, de bien égoutter les négatifs et de<br />

les laver pendant une minute en renouvelant l’eau <strong>du</strong> bain, car le pH de l’eau n’est<br />

pas assez faible pour arrêter le développement de manière instantanée 39 .<br />

C. Le fixateur<br />

Le pH <strong>du</strong> fixateur peut avoir une influence sur la coloration <strong>du</strong> négatif, ainsi,<br />

un fixateur acide aura tendance à diminuer sa densité alors qu’un fixateur alcalin<br />

aura tendance à mieux la préserver. Mais le choix de l’un ou l’autre de ces fixateurs<br />

ne se résume pas simplement à ce paramètre.<br />

38 Stephen G. Anchell et Bill Troop, op.cit., p. 104.<br />

39 Sandy King, An Intro<strong>du</strong>ction to Pyro Staining Developpers, http://www.unblinkineye.com, 2001, p.2.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 36


Formulation<br />

a. Fixateur acide (Kodak F-24)<br />

Eau 500 ml<br />

Thiosulfate de sodium 200 g<br />

Sulfite de sodium anhydre 10 g<br />

Bisulfite de sodium 50 ml<br />

Eau q.s.p.f 1000 ml<br />

Le thiosulfate de sodium ou hyposulfite de sodium joue le rôle de solvant des<br />

halogénures d’argent. Le fixateur est ensuite acidifié par un sel acide qui neutralise la<br />

base <strong>du</strong> révélateur et qui est ici le bisulfite de sodium. Le sulfite de sodium empêche<br />

le thiosulfate d’être décomposé par les acides en une autre forme comme le souffre<br />

ou le dioxyde de souffre 40 .<br />

Le fixateur F-24 est donc acide, mais ne contient pas d’agent tannant<br />

contrairement à beaucoup de fixateurs de ce genre. Cette particularité le rendant<br />

moins acide, son incidence sur l’image secondaire colorée <strong>du</strong> négatif devrait être<br />

moindre, il ne devrait donc pas ou moins l’affaiblir. Il a d’ailleurs principalement été<br />

recommandé pour le fixage des films développés avec un révélateur tannant au<br />

pyrogallol ou à la pyrocatéchine. Cependant, certains utilisateurs désapprouvent 41<br />

tout de même l’emploi de ce fixateur dans ce cas de figure à cause de son acidité<br />

toujours trop forte et de son taux de sulfite trop élevé, et préfèrent l’usage d’un<br />

fixateur alcalin.<br />

40 Pierre Glafkidès et Pierre Montel, op. cit., p. 174.<br />

41 Stephen G. Anchell et Bill Troop, op. cit., p. 120.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 37


Formulation 42<br />

b. Fixateur alcalin (TF-2)<br />

Eau 750 ml<br />

Thiosulfate de sodium 250 g<br />

Sulfite de sodium anhydre 15 g<br />

Métaborate de sodium 10 g<br />

Eau q.s.p.f 1000 ml<br />

La capacité de ce fixateur est de 20 plan-films 20 x 25 cm par litre. Le<br />

thiosulfate de sodium joue le même rôle que dans le fixateur acide. Le sulfite de<br />

sodium est présent également dans cette formule de fixateur et a la même fonction<br />

que dans le fixateur acide. Le composé alcalin <strong>du</strong> fixateur est le métaborate de<br />

sodium, souvent commercialisé sous le nom de Kodalk.<br />

Ce fixateur est recommandé, entre autres, par Sandy King, dans le cas de<br />

négatifs révélés au Pyrocat-HD. L’emploi d’un fixateur alcalin après un révélateur<br />

colorant semble laisser l’image secondaire colorée totalement indemne, ré<strong>du</strong>isant les<br />

risques liés à un fixage trop important 43 .<br />

L’usage de ce type de fixateur est en revanche susceptible de provoquer<br />

l’apparition d’un voile dichroïque sur le film : En effet, contrairement à un fixateur<br />

acide, le pH <strong>du</strong> fixateur alcalin ne permet pas de stopper l’action <strong>du</strong> révélateur. Le<br />

révélateur encore présent dans la gélatine peut alors poursuivre lentement son<br />

action. Ce risque apparaît à plus forte raison lorsque le bain d’arrêt employé est<br />

uniquement constitué d’eau et donc non acide.<br />

42 Stephen G. Anchell, The Darkroom Cookbook, Focal Press, Elsevier, 2000, p. 215.<br />

43 Annexe n°13, p. 36.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 38


D. Auxiliaire de lavage<br />

Formulation<br />

Eau 750 ml<br />

Sulfite de sodium anhydre 20 g<br />

Eau q.s.p.f 1000 ml<br />

Ce bain s’emploie avant le lavage dont il permet de ré<strong>du</strong>ire la <strong>du</strong>rée, grâce à<br />

la présence de sels (ici sulfite de sodium). « Les ions sulfite ou sulfate se substituent aux<br />

ions thiosulfates présents dans la photographie ; au cours <strong>du</strong> lavage ces ions permutés<br />

s’élimineront plus rapidement. » 44<br />

La <strong>du</strong>rée de traitement dans ce bain doit être courte (environ 1 minute) pour<br />

éviter un risque d’affaiblissement de l’image secondaire lié à la présence de sulfite.<br />

E. Isolation de l’image secondaire colorée<br />

Afin de mieux observer l’image secondaire colorée <strong>du</strong> négatif, il est possible<br />

de l’isoler avec un post-traitement chimique. Les affaiblisseurs que nous allons<br />

utiliser sont habituellement employés pour diminuer la densité des négatifs<br />

surexposés ou sur-développés. Les affaiblisseurs continuent d’agir tant que le<br />

traitement n’est pas interrompu par un lavage ou un fixage et c’est pourquoi ils<br />

devraient permettre d’isoler l’image secondaire en éliminant l’image argentique.<br />

Nous allons comparer trois formules et déterminer laquelle permet la meilleure<br />

observation de l’image secondaire colorée.<br />

Le premier affaiblisseur est, à l’origine, utilisé pour blanchir les négatifs très<br />

denses, puis les re-développer afin d’obtenir la densité souhaitée. Il fait partie des<br />

44 Jean-Paul Gandolfo, op. cit., p.19.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 39


affaiblisseurs superficiels et diminue par conséquent toutes les densités de l’image de<br />

la même manière. Cet affaiblisseur permet de transformer l’argent <strong>du</strong> négatif en<br />

bromure d’argent et en ferrocyanure d’argent, qui pourront ensuite être éliminés<br />

dans un bain de thiosulfate de sodium.<br />

Formulation 45<br />

Ferricyanure de potassium 35 g<br />

Bromure de potassium 10 g<br />

Eau q.s.p.f 1000 ml<br />

La deuxième formule que nous testerons est celle d’un autre affaiblisseur<br />

superficiel, le plus couramment utilisé de nos jours, en particulier dans le cas des<br />

négatifs surexposés, c’est à dire l’affaiblisseur R4-a, plus connu sous le nom<br />

d’affaiblisseur de Farmer. Il se compose de deux solutions à mélanger et à diluer avec<br />

de l’eau au moment de l’emploi. « Au cours <strong>du</strong> traitement, le ferricyanure de potassium<br />

transforme l’argent en ferrocyanure d’argent qui se dissout au fur et à mesure qu’il se forme<br />

dans la solution d’hyposulfite de sodium » 46 Le négatif doit ensuite être lavé<br />

abondamment afin que l’affaiblissement ne se poursuive pas.<br />

Formulation 47<br />

Solution de réserve A<br />

Ferricyanure de potassium 37,5 g<br />

Eau q.s.p.f 500 ml<br />

Solution de réserve B<br />

Thiosulfate de sodium 480 g<br />

Eau q.s.p.f 2000 ml<br />

45 Stephen G. Anchell, op. cit, p. 240.<br />

46 Pierre Montel et Pierre Glafkidès, op. cit., p. 182.<br />

47 Stephen G. Anchell, op. cit, p. 241.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 40


La solution de travail se prépare en mélangeant 30 ml de solution A à 120 ml<br />

de solution B et en complétant avec de l’eau pour obtenir 1 litre.<br />

La dernière formule choisie est celle d’un affaiblisseur sur-proportionnel, celle<br />

<strong>du</strong> R-15 de Kodak. Cette formule est habituellement employée sur des négatifs ayant<br />

subi un important sur-développement. Elle présente l’intérêt d’être moins polluante<br />

qu’une formule composée de ferricyanure.<br />

Formulation 48<br />

Solution de réserve A<br />

Persulfate de potassium 30 g<br />

Eau q.s.p.f 1000 ml<br />

Solution de réserve B<br />

Eau 250 ml<br />

Solution d’acide sulfurique à 10% 15 ml<br />

Eau q.s.p.f 500 ml<br />

La solution de travail est obtenue par mélange de deux parts de solution A à<br />

une part de solution B. Pendant le traitement, l’argent passe à l’état de sulfate<br />

d’argent soluble dans l’eau. Le négatif doit être ensuite fixé avec un fixateur acide qui<br />

arrêtera l’affaiblissement, puis lavé.<br />

L’élimination de l’image argentique permet d’effectuer des mesures sur<br />

l’image secondaire colorée uniquement et, par conséquent, de connaître son domaine<br />

d’absorption spectrale. En isolant cette image colorée, nous pourrons mieux<br />

comprendre l’effet qu’elle provoque sur un procédé sensible aux U.V mais également<br />

48 Stephen G. Anchell, op. cit, p. 242.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 41


sur un procédé à contraste variable en la comparant aux différents filtres employés<br />

pour ce genre de tirage.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 42


3. Le tirage Palladium<br />

Le tirage au platine et au palladium est considéré comme un des procédés<br />

photographiques non argentique les plus prestigieux qui soient, ceci en raison des<br />

subtiles tonalités de gris obtenues, de la finesse des nuances, mais surtout en raison<br />

des propriétés <strong>du</strong> matériau constituant l’image, qui rend la <strong>du</strong>rée de vie <strong>du</strong> tirage<br />

bien <strong>supérieure</strong> à un tirage argentique.<br />

Le platine et le palladium sont des métaux dits nobles, très proches l’un de<br />

l’autre. Situés dans la même colonne et l’un au dessus de l’autre dans le tableau<br />

périodique 49 , ils ont la même valence et ont donc des réactions chimiques<br />

comparables. De nombreuses formules proposent d’ailleurs d’associer les deux<br />

métaux ou d’en substituer partiellement un par un autre afin de modifier la tonalité<br />

de l’image. La dénomination ʺtirage au platineʺ correspond donc rarement à la<br />

réalité, notamment en raison <strong>du</strong> coût plus faible <strong>du</strong> palladium, et de ses qualités<br />

similaires 50 , on parle plus généralement de tirages platine/palladium. Le Ziatype,<br />

dans la forme pour laquelle nous avons opté ici, c’est à dire sa forme la plus simple,<br />

n’est composé que de palladium et de lithium qui n’est pas un ʺmétal nobleʺ.<br />

Grâce à ses avantages déjà cités, le tirage au platine/palladium est une<br />

tradition bien ancrée notamment aux Etats-Unis. La méthode majoritairement<br />

pratiquée reste celle <strong>du</strong> procédé classique à développement basé sur les travaux de<br />

William Willis qui en avait fait la découverte en 1873. Cependant depuis ces vingt<br />

dernières années, de nouvelles solutions se développent, notamment avec le procédé<br />

mis au point en 1986 par Michael Ware et Pradip Malde. Ce procédé est en fait une<br />

ʺremise au goût <strong>du</strong> jourʺ d’un procédé de la fin <strong>du</strong> 19 ème siècle, inventé par Giuseppe<br />

Pizzighelli. Ce dernier avait en effet découvert comment obtenir, sur la base <strong>du</strong><br />

49<br />

Annexe n°12, p. 35.<br />

50<br />

Pour Dick Sullivan l’utilisation de platine à la place <strong>du</strong> palladium n’améliorerait ni la qualité de l’image, ni sa<br />

conservation dans le temps.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 43


procédé de Willis, un noircissement direct <strong>du</strong> papier et avait même entrepris de le<br />

commercialiser.<br />

Le Ziatype apparaît quant à lui en 1997 grâce aux recherches de Richard<br />

Sullivan. Son intention était d’améliorer le procédé à noircissement direct et<br />

notamment sa répétitivité. Il cherchait à obtenir une meilleure maîtrise <strong>du</strong> contraste<br />

et de la tonalité qui sont dans le procédé de Ware et Malde très dépendants de<br />

l’humidité <strong>du</strong> papier, paramètre difficile à ajuster. Le Ziatype est un procédé en<br />

devenir, car s’il n’est pas encore très répan<strong>du</strong> en raison de sa récente formulation, il<br />

présente de nombreux avantages comme sa constance, et la possibilité d’accéder à<br />

une gamme très éten<strong>du</strong>e de tonalités, contrôlées chimiquement, ou encore d’utiliser<br />

<strong>du</strong> palladium moins onéreux que le platine.<br />

A. Le procédé Ziatype<br />

Le procédé Ziatype fait partie des procédés exploitant la sensibilité à la<br />

lumière des sels ferriques (Fe 3+ ) comme c’est le cas pour le Cyanotype, l’Argyrotype,<br />

le Kallitype, le tirage Van Dyke et les autres différents procédés au platine et au<br />

palladium. Le Ziatype permet de nombreuses variantes, puisque le palladium peut<br />

être remplacé par <strong>du</strong> platine jusqu’à une hauteur de 50%, et que la tonalité et le<br />

contraste sont entièrement contrôlés par le biais d’additifs 51 . Nous utiliserons ici la<br />

formule de base, à laquelle nous ajouterons un additif dont le rôle concerne<br />

uniquement la tonalité de l’image. Il est important de préciser ici qu’aucun additif<br />

concernant le contraste n’est ajouté, puisque notre but est dans un premier temps de<br />

pro<strong>du</strong>ire un négatif adapté aux procédés alternatifs réclamant un fort contraste.<br />

51 Christopher James, The Book of Alternative Photographic Processes, Delmar, New-York, 2002, p.192.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 44


Formule <strong>du</strong> Ziatype 52<br />

Partie A<br />

Partie B<br />

Partie C<br />

Oxalate de fer ammoniacal 40 g<br />

Eau q.s.p.f 100 ml<br />

Sodium Tungstate 16 g<br />

Eau q.s.p.f 100 ml<br />

Chlorure de lithium 6,8 g<br />

Chlorure de palladium 9,2 g<br />

Eau q.s.p.f 100 ml<br />

La solution de travail s’obtient en mélangeant une part de solution A,<br />

quelques gouttes de solution B (selon le choix de la teinte) et une part de solution C.<br />

La solution B doit impérativement être ajoutée avant la solution C car dans le cas<br />

contraire, sa dissolution ne s’effectuerait pas complètement.<br />

L’oxalate de fer ammoniacal est le composant photosensible <strong>du</strong> procédé. Sous<br />

l’effet de la lumière, le métal est ré<strong>du</strong>it et passe d’un état de sel ferrique (Fe 3+ ) à celui<br />

de sel ferreux (Fe 2+ ). Le groupe oxalate est, lui, oxydé et passe à l’état de dioxyde de<br />

carbone volatile.<br />

2 Fe 3+ + C2O4 2- 2Fe 2+ + 2CO2<br />

52 Roger Kockaerts, Procédés nobles en photographie, Editions pH7, Bruxelles, 2001, p. 30-31.<br />

Chloropalladite<br />

de lithium<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 45


Le fer, maintenant à l’état ferreux, constitue un puissant ré<strong>du</strong>cteur,<br />

notamment en présence d’un groupe comme l’oxalate 53 . Ce potentiel ré<strong>du</strong>cteur est<br />

aussitôt utilisé pour permettre la ré<strong>du</strong>ction en particules métalliques des ions<br />

palladium présents dans la couche sensible déposée à la surface <strong>du</strong> papier (et qui<br />

composent la partie C).<br />

2 Fe 2+ + Pd 2+ 2Fe 3+ + Pd<br />

Le palladium formé est insoluble et va former l’image photographique 54 . Il est<br />

important de noter que cette dernière réaction nécessite la présence d’eau, bien que<br />

H2O n’apparaisse pas dans le bilan réactionnel. Cette présence est en fait nécessaire<br />

afin que les ions Fe 2+ et Pd 2+ se rencontrent et qu’ainsi la réaction ait lieu. C’est<br />

pourquoi le papier doit être humide pendant l’exposition.<br />

Le tungstate de sodium est un additif permettant de modifier la tonalité de<br />

l’image finale. Son emploi a ici pour but de réchauffer légèrement sa tonalité.<br />

La partie C contient les sels de palladium qui formeront l’image finale. Il est ici<br />

possible de remplacer le chlorure de lithium par <strong>du</strong> chlorure de césium qui permet<br />

d’obtenir des tons encore plus bruns.<br />

B. Les négatifs destinés au tirage Ziatype<br />

a. Dynamique des négatifs<br />

La dynamique des négatifs utilisés pour un tirage sur un procédé alternatif<br />

doit, dans la grande majorité des cas, être éten<strong>du</strong>e par rapport à un négatif voué à<br />

être tiré sur papier au gélatinobromure d’argent. Cela signifie que l’écart de densité<br />

53 Michael Ware, “Platinum reprinted”, The british journal of Photography, 1986, p. 1190.<br />

54 On constate donc qu’en ce qui concerne le Ziatype, et comme c’est également le cas pour d’autres procédés<br />

aux sels de fer, il y a transfert d’énergie d’un métal à l’autre, puisque le métal sensible à la lumière n’est pas<br />

celui qui va former l’image finale.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 46


entre les ombres (zones les plus transparentes <strong>du</strong> négatif) et les hautes lumières<br />

(zones les plus denses sur le négatif) doit être particulièrement important. Ceci est dû<br />

en partie au fait que ces procédés sont généralement à noircissement direct, et qu’ils<br />

bénéficient (ou subissent) <strong>du</strong> phénomène d’auto masquage. En effet, au cours de<br />

l’exposition, l’image métallique qui se forme la première masque le matériau sensible<br />

qui n’a pas encore été ré<strong>du</strong>it. Dans le cas <strong>du</strong> Ziatype, le palladium qui se forme au<br />

cours de l’exposition masque le fer resté à l’état ferrique. Cela ralentit donc la<br />

formation d’une forte densité métallique sur le papier et permet l’apparition de<br />

détails dans les hautes lumières alors que les ombres ne sont toujours pas bloquées. Il<br />

en résulte une très grande dynamique, autrement dit le papier accepte des écarts de<br />

lumination très importants. En conséquence, si on désire obtenir sur le tirage les<br />

valeurs extrêmes que le papier peut offrir (le blanc et le noir), le négatif devra lui-<br />

même présenter une gamme de densité éten<strong>du</strong>e.<br />

b. Densitométrie<br />

L’utilisation <strong>du</strong> révélateur Pyrocat-HD doit nous faire accéder à ces écarts de<br />

densité en associant la densité argentique à une densité colorée, qui permet de<br />

bloquer les ultra-violets non pas de manière uniforme, mais de manière indexée à la<br />

densité argentique. Cette densité est difficile à mesurer, car on connaît mal la<br />

sensibilité spectrale <strong>du</strong> papier au Ziatype, qu’il est notamment possible de préparer<br />

sous un éclairage de type tungstène, et dont l’exposition est réalisée sous des tubes<br />

émettant un rayonnement ultra-violet. Le pic de sensibilité des sels de fers se situerait<br />

selon Michael Ware, aux alentours de 365 nm 55 .<br />

Nous disposons pour notre recherche d’un densitomètre particulier, le X-Rite<br />

361 T 56 , qui dispose d’un canal U.V. Le fabricant indique que cette lecture se fait pour<br />

55 Michael Ware, www.mikeware.demon.co.uk, 2001.<br />

56 Annexe n°2, p. 4.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 47


une longueur d’ondes de 380 nanomètres 57 . Nous chercherons par la suite grâce à la<br />

construction d’un diagramme de Jones, à montrer la pertinence de cette mesure dans<br />

le cas précis de nos conditions expérimentales, c’est à dire pour un procédé, une<br />

source d’éclairement et un film possédant une image colorée.<br />

C. Les paramètres de tirage<br />

a. Le papier<br />

Afin de garantir une conservation optimum des tirages réalisés, le papier<br />

employé doit être dépourvu de toute acidité, qui pourrait interagir sur les éléments<br />

chimiques de l’émulsion, et doit être entièrement fabriqué en coton. Le papier<br />

Bergger que nous utiliserons remplit ces deux conditions puisque c’est un papier<br />

100% coton et sans acide. Son grammage est de 320 g /m 2 .<br />

b. Le couchage de l’émulsion<br />

L’émulsion est couchée sur le papier à l’aide d’un pinceau sans virole (ou avec<br />

une virole en plastique) pour éviter qu’un métal n’entre en contact avec l’émulsion et<br />

la modifie. La quantité nécessaire pour émulsionner le papier est d’environ 2 ml pour<br />

un tirage 20 x 25 cm.<br />

c. Le séchage de l’émulsion<br />

Le séchage <strong>du</strong> papier émulsionné peut être effectué à l’air libre ou avec un<br />

séchoir électrique possédant la fonction air froid, pour ne pas risquer de brûler<br />

l’émulsion.<br />

57 1 nanomètre = 10 -9 m<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 48


d. L’humidification<br />

Le taux d’humidité ambiant a une influence indéniable sur la qualité des<br />

tirages Ziatype, et ce en dépit des efforts de Richard Sullivan pour en minimiser<br />

l’emprise. Bien que la particularité de ce procédé permette de contrôler la plupart des<br />

paramètres par le biais de la chimie, l’humidité relative n’est pourtant pas<br />

négligeable en ce qui concerne la teinte et le contraste des épreuves. Cette humidité<br />

indispensable au procédé reste donc un paramètre à maîtriser, même si elle ne joue<br />

plus une fonction de contrôle. Selon Christopher James 58 , le taux d’humidité relative<br />

idéal pour ce procédé se situe entre 50% et 70%. Cela signifie donc qu’il est nécessaire<br />

de se procurer une étuve ou d’humidifier le papier à la vapeur d’eau avant de<br />

l’exposer ce qui est plus difficile à contrôler. Il est en revanche inutile de faire varier<br />

l’hygrométrie si l’on souhaite modifier le contraste ou la teinte, puisqu’il suffit de<br />

modifier la composition de l’émulsion.<br />

e. L’exposition<br />

Les tirages sont exposés dans une insoleuse réalisée par Jean-Pascal Laux et<br />

comportant dix tubes Philips TL 20 W 05. La plage d’émission spectrale de ces tubes<br />

se situe entre 300 nm et 460 nm avec un maximum à 365 nm 59 . Cette plage concerne<br />

les grandes longueurs d’ondes <strong>du</strong> domaine ultra-violet, c’est à dire le plus proche <strong>du</strong><br />

domaine visible, puisque celui-ci s’étend d’environ 400 nm à 700 nm. Les tubes<br />

émettent donc une partie de leurs radiations lumineuses dans le domaine visible.<br />

L’utilisateur doit bien évidemment être prudent quant à l’utilisation de cette<br />

source de lumière, c’est à dire ne pas s’y exposer trop longtemps et éviter de la<br />

regarder sans paire de lunette appropriée.<br />

58 Christopher James, op.cit., p. 197.<br />

59 Annexe n°4, p. 8.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 49


D. Le traitement<br />

Avant tout traitement, le tirage est soigneusement rincé à l’eau courante afin<br />

d’éliminer la coloration orange de l’émulsion qui n’a pas été noircie à l’exposition. La<br />

suite <strong>du</strong> traitement varie selon les utilisateurs mais les pro<strong>du</strong>its utilisés sont<br />

généralement les mêmes. En effet, si Dick Arentz 60 préconise seulement un bain<br />

d’EDTA pour éliminer les rési<strong>du</strong>s d’émulsion sensible, Christopher James 61 , lui, en<br />

recommande deux. Le traitement appliqué aux tirages réalisés pour ce <strong>mémoire</strong> sera<br />

celui habituellement pratiqué par Jean-Pascal Laux, c’est à dire un bain d’acide<br />

citrique, puis de sulfite de sodium et enfin d’EDTA 62 .<br />

Les tirages sont donc premièrement immergés dans une solution d’acide<br />

citrique à 10% pendant 5 minutes afin d’éliminer la plus grande partie des composés<br />

ferreux rési<strong>du</strong>els. C’est un bain de clarification ou agent de lavage. L’acide citrique<br />

remplit également le rôle de conservateur.<br />

Le sulfite de sodium est également employé comme agent de lavage et permet<br />

également l’élimination des sels de fer. Enfin, l’EDTA achève de débarrasser le<br />

papier des sels de fer et permet ainsi de retrouver des blancs purs aux endroits de<br />

l’image qui n’ont pas été exposés.<br />

Selon le classement 63 de Dick Arentz, ces pro<strong>du</strong>its sont ici employés par ordre<br />

croissant d’efficacité.<br />

60 Dick Arentz, Platinum and Palladium Printing, Focal Press, Boston, 2000, p. 150.<br />

61 Christopher James, op. cit., p. 198.<br />

62 EDTA = Ethylene Diamine Tétraacétique Acide<br />

63 Dick Arentz, op. cit, p. 33.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 50


4. Le tirage Multigrade<br />

A. Le papier Ilford Multigrade IV<br />

Après des débuts difficiles en 1940, le papier à contraste variable a commencé<br />

à concurrencer les papiers à grade fixe en terme de qualité d’image. Plus souple<br />

d’utilisation, il permet notamment d’aller plus loin dans l’interprétation <strong>du</strong> négatif<br />

grâce à la combinaison de plusieurs poses avec des filtrages différents. Le papier à<br />

contraste variable joue un rôle de référence dans la problématique que nous avons<br />

posée, car la question est de savoir s’il est possible d’obtenir un négatif adéquat pour<br />

un tirage Ziatype, sans pour autant se priver de la possibilité de réaliser un tirage<br />

standard.<br />

Le papier Multigrade IV fonctionne sur le principe d’un mélange de trois<br />

émulsions de chlorobromure d’argent, de contraste équivalent 64 . Le chlorobromure<br />

est naturellement sensible au bleu mais les trois émulsions se différencient par une<br />

sensibilité différente à la lumière verte grâce à l’ajout de colorants sensibilisateurs, en<br />

plus ou moins grande quantité. Ainsi une partie <strong>du</strong> mélange est sensible presque<br />

exclusivement au bleu, une seconde est sensible au bleu et en partie au vert, alors que<br />

la troisième est sensible à la fois au bleu et au vert. Ainsi quand on expose le papier à<br />

une lumière bleue, les trois émulsions réagissent et les noircissements s’ajoutent pour<br />

donner rapidement <strong>du</strong> noir. Mais si la lumière est au contraire riche en<br />

rayonnements verts, le noircissement global est plus modéré, les différentes couches<br />

réagissent en fonction de leur sensibilité au vert qui est globalement plus faible que<br />

celle au bleu, puisque seule la troisième est sensible de manière identique aux deux<br />

types de rayonnement. Ainsi, alors que les trois émulsions ont le même contraste et<br />

la même sensibilité au bleu, le contraste <strong>du</strong> papier varie en fonction de la<br />

composition spectrale de la lumière qui l’impressionne. Dans la pratique cette<br />

64 Annexe n°7, p. 20.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 51


variation <strong>du</strong> ratio de bleu et de vert contenu dans la lumière est contrôlée grâce aux<br />

filtres de tirage. Le grade 00 est de couleur jaune : Opaque majoritairement à la<br />

lumière bleue, il permet une exposition <strong>du</strong> papier à une lumière comportant une<br />

forte proportion de vert, ce qui permettra d’obtenir un tirage faiblement contrasté. La<br />

couleur <strong>du</strong> filtre évolue en fonction <strong>du</strong> grade pour aboutir au magenta <strong>du</strong> filtre 5, qui<br />

va permettre de pro<strong>du</strong>ire une lumière contenant une plus grande proportion de bleu<br />

et donc d’obtenir des tirages plus contrastés.<br />

B. Les négatifs destinés au tirage multigrade<br />

Le système de tirage multigrade est adapté au tirage d’une grande variété de<br />

négatifs grâce au large panel de contraste qu’il offre. En outre, l’épaule très arrondie<br />

de la courbe caractéristique <strong>du</strong> papier aux différents grades permet de compenser le<br />

pied assez long des films modernes 65 .<br />

Cependant les négatifs modernes sont très peu colorés, alors que ceux<br />

développés dans le Pyrocat-HD comportent une image secondaire dont la coloration<br />

pourrait interférer avec le filtrage multigrade et avoir un effet sur le contraste <strong>du</strong><br />

tirage, notamment si le filtrage occasionné n’est pas uniforme dans le bleu et le vert.<br />

La coloration n’étant pas homogène, l’éventuelle modification de contraste pourrait<br />

être différente dans les ombres et les hautes lumières. Nous connaissons notamment<br />

l’exemple <strong>du</strong> pyrogallol, dont la coloration jaune des hautes lumières pro<strong>du</strong>it un<br />

adoucissement des zones correspondantes, et permet de tirer plus facilement les<br />

images de sujets fortement contrastés.<br />

65 Roger Kockaerts, op. cit., p. 63.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 52


C. Exposition et traitement<br />

Les sensitogrammes ainsi que les images réalisées lors de ce <strong>mémoire</strong> seront<br />

tirés par contact sous un agrandisseur Devere à lumière dirigée, équipé d’une<br />

ampoule à incandescence (tungstène). Le contraste <strong>du</strong> tirage sera contrôlé par le biais<br />

de filtres Ilford allant de la couleur jaune pour le grade le plus doux, à magenta très<br />

saturé pour le plus <strong>du</strong>r, comme nous l’avons expliqué auparavant.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 53


III. EXPÉRIMENTATIONS<br />

La dernière partie de ce <strong>mémoire</strong> dressera en premier lieu le protocole<br />

expérimental que nous suivrons pour tenter de répondre à notre problématique. Les<br />

tests effectués auront pour but de valider ou non les hypothèses avancées lors de la<br />

partie précédente en s’appuyant sur les résultats obtenus à la suite de nos<br />

expérimentations.<br />

Nous étudierons par conséquent tous les paramètres susceptibles d’influencer<br />

les résultats finaux en qualifiant et en quantifiant leurs effets éventuels.<br />

Les tests effectués dans des conditions de recherche seront ensuite appliqués à<br />

un cas pratique de photographie qui permettra d’illustrer notre étude.<br />

1. Protocole expérimental<br />

A. Exposition des sensitogrammes<br />

Les plans-films 20 x 25 cm sont découpés dans la longueur en 6 bandes de 3,3<br />

cm pour optimiser l’emploi de la surface de film et pour pouvoir être correctement<br />

exposés au sensitographe Type VI.<br />

a. Exposition avec une simple gamme<br />

L’exposition des films au sensitographe Type VI permet d’explorer leur<br />

éten<strong>du</strong>e utile. Cette exposition se fait au travers d’une gamme carbone de 21 plages<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 54


incrémentée en densité selon la formule Dn = 0,15 (n- 1) + 0,23. Cette gamme permet<br />

d’étudier le film sur une dynamique de ∆ logarithme lumination = 3,22.<br />

Le logarithme lumination appliqué sur la plage 11 grâce à l’ajout de densité<br />

neutre est de – 1, 35 pour le film Ilford FP4 Plus et de –1,50 pour le film Bergger BPF<br />

200. Notons que le logarithme lumination appliqué à la plage 11 <strong>du</strong> film Ilford FP4 +<br />

devrait normalement être de – 1.3 puisque la sensibilité annoncée par le fabricant est<br />

de 125 ISO. Par conséquent, le film subit une très légère sous-exposition, ce qui est<br />

inévitable, les filtres de densité neutre disponibles ne permettant pas de s’approcher<br />

plus de la valeur correcte.<br />

Les réglages <strong>du</strong> sensitographe sont les suivants :<br />

Lampe B092<br />

Tension : 90 volts<br />

Distance de la lampe : 20,6 cm<br />

Filtre : 4B (Lumière <strong>du</strong> jour)<br />

Temps d’exposition : 1/50 ème sec<br />

b. Exposition avec une double gamme<br />

En superposant deux gammes carbone, nous obtenons une gamme qui permet<br />

d’étudier les films sur une dynamique plus importante qu’avec une simple gamme,<br />

c’est à dire sur un ∆ logarithme lumination = 6,46.<br />

Aucun filtre de densité neutre n’est employé ici en raison <strong>du</strong> faible éclairement<br />

qu’imposent les nouveaux réglages. Par conséquent, tous les films de sensibilité<br />

inférieure à 400 ISO sont exposés de la même façon.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 55


Les réglages <strong>du</strong> sensitographe sont les suivants :<br />

Lampe B092<br />

Tension : 90 volts<br />

Distance de la lampe : 15 cm<br />

Filtre : 4B (Lumière <strong>du</strong> jour)<br />

Temps d’exposition : 1/10 ème sec<br />

B. Traitement des sensitogrammes au Pyrocat-HD<br />

Nous avons choisi dans un premier temps de travailler avec deux révélateurs :<br />

l’un préparé et commercialisé par la société Photographers-Formulary, et l’autre,<br />

préparé à l’école selon la formule fournie par cette même société 66 . Nous prenons<br />

ainsi comme référence le révélateur préparé à l’école puisque nous sommes sûrs de<br />

sa composition alors que nous ne pouvons pas l’être totalement avec un révélateur<br />

commercial. Nous pourrons observer les résultats pro<strong>du</strong>its par ces deux révélateurs<br />

ce qui nous permettra de quantifier leurs différences et de n’en retenir qu’un pour la<br />

suite des expériences.<br />

a. Recherche <strong>du</strong> temps de développement correct<br />

Les premiers sensitogrammes seront traités de la même manière et avec les<br />

mêmes temps de développement pour les deux révélateurs. Les solutions A et B <strong>du</strong><br />

Pyrocat-HD sont préparées avec de l’eau distillée et la solution de travail avec de<br />

l’eau courante. Le pH de la solution de travail est d’environ 12,1. Le traitement<br />

débute dès que cette solution a été préparée. Sa température est de 20°C. Les temps<br />

de développements testés sont basés sur les recommandations de Sandy King dans<br />

son article ʺAn Intro<strong>du</strong>ction to Pyro Staining Developpersʺ et sont les suivants : 14,<br />

66 Annexe n°10, p. 27.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 56


16, 18, 20 et 22 minutes pour la FP4 Plus, comme pour la BPF 200. L’agitation est<br />

continue pendant les 30 premières secondes <strong>du</strong> traitement puis toutes les 30 secondes<br />

pendant 10 secondes. Elle doit être régulière et énergique.<br />

Le bain d’arrêt utilisé est de l’eau courante, son pH est de 6,7. La <strong>du</strong>rée <strong>du</strong><br />

passage est de 1 minute avec renouvellement de l’eau.<br />

Le fixateur utilisé est le fixateur F-24 et son pH est de 7. La <strong>du</strong>rée <strong>du</strong><br />

traitement est de 7 minutes.<br />

b. Traitement correct des sensitogrammes<br />

Une fois le temps de développement adéquat déterminé à l’aide des différents<br />

tests, de nouveaux sensitogrammes sont exposés et traités à ces temps de<br />

développement, et ceci dans les deux révélateurs.<br />

c. Comparaison de l’activité des deux révélateurs<br />

Afin de comparer les deux révélateurs, normalement préparés selon la même<br />

formule, nous tracerons des courbes à partir de la moyenne des séries de<br />

développements effectuées, pour les deux films et les deux révélateurs. Nous<br />

mesurerons également leur pH respectif qui pourraient expliquer une éventuelle<br />

différence d’activité.<br />

d. Sous et surexpositions<br />

Pour observer l’évolution <strong>du</strong> contraste <strong>du</strong> film et afin d’obtenir le contraste<br />

maximum possible avec les films Ilford FP4 Plus et Bergger BPF 200 développés dans<br />

le Pyrocat-HD, nous souhaitons effectuer une progression <strong>du</strong> couple exposition /<br />

développement. Le développement sera effectué de manière à ce que la densité de la<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 57


plage 11 soit très proche de celle obtenue avec le couple exposition / développement<br />

normal.<br />

Cette méthode permet de garder des valeurs de gris moyens identiques à<br />

celles procurées par le traitement normal, tout en modifiant les densités <strong>du</strong> pied et de<br />

l’épaule de courbe. En clair, ce type de traitement permet d’augmenter ou de<br />

diminuer le nombre de valeurs entre le blanc et le noir.<br />

L’intérêt de ce type de traitement réside ici principalement dans le fait<br />

d’obtenir des négatifs très contrastés, qui conviennent particulièrement bien au<br />

procédé de tirage Ziatype que nous emploierons par la suite.<br />

e. Variation <strong>du</strong> fixateur<br />

Nous évaluerons l’influence <strong>du</strong> pH <strong>du</strong> fixateur sur l’image secondaire colorée<br />

en comparant deux sensitogrammes, exposés de la même manière et développés<br />

ensemble mais fixés dans deux fixateurs différents, l’un acide (F-24) et l’autre alcalin<br />

(TF-2). Le test sera effectué pour le film Ilford comme pour le film Bergger afin<br />

d’observer leur réaction respective.<br />

f. Isolation de l’image secondaire colorée<br />

A l’aide de trois affaiblisseurs différents, nous tenterons d’ôter l’image<br />

argentique d’un sensitogramme Ilford et Bergger pour avoir la possibilité d’étudier<br />

l’image secondaire colorée, seule. Les tests seront effectués sur des sensitogrammes<br />

exposés avec une gamme simple et une double gamme, pour permettre d’étudier<br />

l’image secondaire sur une plus grande dynamique. Les sensitogrammes seront<br />

mesurés au densitomètre en visuel et en U.V, avant et après affaiblissement, afin de<br />

comparer leur ren<strong>du</strong>. Nous effectuerons également des mesures sur les<br />

sensitogrammes blanchis au spectrophotomètre HP en analysant deux plages<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 58


différentes, l’une s’étalant de 300 à 460 nm et l’autre de 400 à 600 nm afin d’évaluer<br />

l’effet que peut avoir la coloration de l’image secondaire sur un tirage Ziatype et un<br />

tirage papier Multigrade.<br />

g. Tirage des sensitogrammes sur procédé Ziatype<br />

Nous effectuerons un tirage par contact d’une gamme carbone possédant un<br />

écart de densité de 3,13 afin d’évaluer les caractéristiques <strong>du</strong> papier de la manière la<br />

plus conforme à la norme ISO 6846, et notamment pour connaître sa plage de<br />

mo<strong>du</strong>lation avec un film neutre.<br />

Nous pourrons ensuite tirer les 5 sensitogrammes de chaque type film sur le<br />

procédé Ziatype, en exposant de manière à obtenir le plus fort noircissement <strong>du</strong><br />

papier. Les mesures densitométriques de ces tirages nous permettront d’obtenir la<br />

courbe de noircissement <strong>du</strong> papier en fonction de chaque sensitogramme. Tous les<br />

sensitogrammes sont exposés de la même manière afin d’évaluer l’effet des différents<br />

couples exposition / développement sur le tirage.<br />

A la suite de ces tirages, nous étudierons l’utilité <strong>du</strong> canal Bleu (status M), <strong>du</strong><br />

canal U.V et <strong>du</strong> canal visuel, pour ce type de tirage, en calculant les densités de tirage<br />

réelles, par le biais d’un diagramme de Jones. En traçant la droite de tirage pour<br />

chaque système et en calculant l’inverse de sa pente, nous pourrons alors connaître le<br />

facteur de spectre à appliquer à chaque type de mesure pour connaître les densités<br />

réelles.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 59


h. Tirage des sensitogrammes sur procédé à contraste variable<br />

Les caractéristiques <strong>du</strong> papier Ilford Multigrade IV FB seront déterminées à<br />

partir <strong>du</strong> tirage contact de la gamme carbone avec les grades entiers 00, 0, 1, 2, 3, 4 et<br />

5. L’éclairement sera mesuré sous chaque filtre pour calculer la lumination. Les<br />

sensitogrammes développés au Pyrocat-HD seront ensuite tirés sur ces mêmes<br />

grades. La lumination sera gardée constante pour chacun des tirages pour permettre<br />

de comparer l’effet de chaque filtre sur chaque tirage. La pose devra permettre<br />

d’obtenir le maximum de mo<strong>du</strong>lation sur le tirage <strong>du</strong> sensitogramme normalement<br />

exposé et développé, afin d’observer la capacité <strong>du</strong> papier à restituer les écarts de<br />

densité. Les sensitogrammes exposés seront développés en cuvettes avec le<br />

révélateur Ilford ID-62 à 20°, pendant 2 minutes. Les tirages seront ensuite placés<br />

dans un bain d’acide acétique pour stopper le développement puis seront fixés<br />

pendant 4 minutes.<br />

Comme c’est le cas pour le tirage Ziatype, aucune mesure densitométrique<br />

n’est adaptée au tirage multigrade, nous procéderons donc de la même manière mais<br />

avec les canaux visuel, ortho et bleu <strong>du</strong> status M, pour connaître les densités de<br />

tirage réelles de chaque type film, et ce, pour chaque grade (00, 0, 1, 2, 3, 4 et 5).<br />

Courbe caractéristique <strong>du</strong> papier<br />

Droite de tirage<br />

Densité<br />

Courbe de ren<strong>du</strong> au grade ʺxʺ<br />

Courbe H&D <strong>du</strong> film en canal<br />

ʺxʺ<br />

Log Lumination film<br />

Figure 1 - Diagramme de Jones simplifié dʹun système argentique n&b<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 60


i. Application sur des images réalisées à la chambre<br />

Nous réaliserons ensuite une prise de vue à la chambre sur les deux types<br />

d’émulsion et à laquelle nous appliquerons la progression d’exposition /<br />

développement déterminée lors des tests.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 61


2. Observation des négatifs traités au Pyrocat-HD<br />

A. Etude des ren<strong>du</strong>s<br />

Les premiers sensitogrammes sont mesurés en densitométrie Standard diffuse<br />

visuelle, afin de connaître le temps de développement adéquat pour chaque couple<br />

film/révélateur. Selon la norme ISO 6 intitulée ʺCalcul de la sensibilité ISO des<br />

systèmes film/traitement négatifs Noir et Blanc photographiquesʺ, le temps de<br />

développement correct doit permettre « d’obtenir un contraste tel que DN-DM = 0,80 ».<br />

a. Observation de la clause de contraste<br />

Les résultats obtenus sur ce premier développement nous montrent qu’un<br />

contraste de 0,80 peut être obtenu avec un développement aux alentours de 16<br />

minutes pour le film Ilford FP4 Plus et aux alentours de 19 minutes pour le film<br />

Bergger BPF 200 avec le révélateur préparé. Nous effectuons donc une deuxième<br />

série de développements en resserrant la progression de temps autour de ces valeurs.<br />

Après tracé des courbes H&D pour chaque combinaison film / révélateur / temps de<br />

développement, nous trouvons les valeurs de DN-DM suivantes :<br />

Pyrocat-HD commercial Photographers-Formulary<br />

Ilford FP4+ 14 min 15 min 16 min 17 min 18 min<br />

DN-DM 0,80 0,82 0,86 0,88 0,89<br />

Bergger BPF 200 17 min 18 min 19 min 20 min 21 min<br />

DN-DM 0,77 0,79 0,81 0,82 0,83<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 62


Pyrocat-HD préparé à l’école<br />

Ilford FP4+ 14 min 15 min 16 min 17 min 18 min<br />

DN-DM 0,76 0,78 0,80 0,83 0,85<br />

Bergger BPF 200 17 min 18 min 19 min 20 min 21 min<br />

DN-DM 0,77 0,79 0,80 0,81 0,82<br />

Nous effectuons une nouvelle série de développements à 16 minutes pour le<br />

film Ilford et 19 minutes pour le film Bergger pour pouvoir confirmer que ces temps<br />

de développement sont corrects.<br />

Etant donné que les résultats diffèrent légèrement d’un développement à un<br />

autre (ceci étant dû à un traitement manuel), nous calculons la moyenne des résultats<br />

pro<strong>du</strong>its par ces trois séries de développement, pour chaque film et pour chaque<br />

révélateur. Ces nouvelles valeurs nous permettent de tracer une courbe sur laquelle<br />

nous pourrons évaluer le contraste (DN-DM) ainsi que le gamma et le contraste index.<br />

Ilford FP4 Plus / 16’ Pyrocat-HD Commercial Pyrocat-HD Préparé<br />

DN-DM 0,85 0,84<br />

Gamma γ 0,65 0,64<br />

C.I 0,65 0,64<br />

D min 0,07 0,07<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 63


Bergger BPF 200 / 19’ Pyrocat-HD Commercial Pyrocat-HD Préparé<br />

DN-DM 0,81 0,8<br />

Gamma γ 0,65 0,63<br />

C.I 0,66 0,65<br />

D min 0,09 0,08<br />

Les courbes tracées à partir des moyennes respectives nous permettent de<br />

constater que 19 minutes est bien le temps de développement correct pour le film<br />

Bergger BPF 200 dans le révélateur préparé. En revanche, un développement de 16<br />

minutes pour le film Ilford FP4 Plus dans le même révélateur est, semble-t-il, trop<br />

long, puisque le contraste (DN-DM) qui en résulte est trop élevé. Afin de connaître le<br />

temps exact correspondant à un DN-DM = 0,8 pour ce couple film/révélateur nous<br />

traçons une courbe DN-DM en fonction <strong>du</strong> temps de développement. Nous<br />

considérons alors que le temps de développement correct est de 15 minutes et demie.<br />

b. Calcul de la sensibilité des films<br />

La sensibilité des films est calculée à partir de la courbe respectant la clause de<br />

contraste, toujours d’après la norme ISO 6. Cette sensibilité correspond à une<br />

exposition avec un type d’illuminant et à un révélateur. Pour cette raison, la<br />

sensibilité des films Ilford et Bergger peut éventuellement différer selon qu’ils ont été<br />

développés dans le révélateur commercial ou dans celui préparé à l’école.<br />

Ilford FP4+ Pyrocat-HD Commercial Pyrocat-HD Préparé<br />

Sensibilité arithmétique 115 soit 125 ISO 121 soit 125 ISO<br />

Sensibilité logarithmique 21,6 soit 22° 21,8 soit 22°<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 64


Nous pouvons tout d’abord constater que la sensibilité <strong>du</strong> film Ilford FP4 Plus,<br />

une fois sa valeur normalisée en fonction de l’échelle ISO, est conforme aux données<br />

fournies par le fabricant. En revanche, la sensibilité <strong>du</strong> film Bergger BPF 200 est<br />

nettement inférieure à celle annoncée par le fabricant, en particulier avec l’emploi <strong>du</strong><br />

révélateur commercial, où elle se trouve diminuée de moitié.<br />

Cependant, il ne nous est pas permis de tirer des conclusions sur la sensibilité<br />

de ces films en général, celle-ci dépendant en grande partie <strong>du</strong> traitement qui leur est<br />

apporté. En revanche, nous pouvons dire que contrairement à ce qui est annoncé par<br />

Sandy King, le Pyrocat-HD ne procure pas de gain de sensibilité mais semble plutôt<br />

provoquer une perte.<br />

Pour la suite de ce <strong>mémoire</strong>, nous considérerons que la sensibilité nominale<br />

<strong>du</strong> film Bergger est de 200 ISO et nous continuerons à l’exposer comme tel, afin<br />

d’être au plus proche des conditions réelles des utilisateurs. Aussi, les résultats<br />

obtenus ne nous permettront pas de juger de la supériorité d’un film par rapport à<br />

l’autre en terme d’aptitude au contraste mais auront uniquement pour but de<br />

diversifier l’étude.<br />

c. Choix <strong>du</strong> révélateur<br />

Les courbes tracées 67 permettent de constater une faible différence d’activité<br />

entre les deux révélateurs. Le calcul de la sensibilité ISO précédent nous indique que<br />

le révélateur préparé semble procurer un gain de sensibilité par rapport au<br />

révélateur commercial. Cependant, le pH mètre nous a indiqué une valeur de 12,12<br />

67 Annexe n°17, p. 48.<br />

Bergger BPF 200 Pyrocat-HD Commercial Pyrocat-HD Préparé<br />

Sensibilité arithmétique 94 soit 100 ISO 113 soit 125 ISO<br />

Sensibilité logarithmique 20,7 soit 21° 21,5 soit 22°<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 65


pour le révélateur préparé à l’école et de 12,09 pour le révélateur commercial. Nous<br />

considérons alors les deux pH identiques, la variation pouvant être <strong>du</strong>e au degré<br />

d’incertitude de mesure de l’appareil.<br />

Par conséquent, nous considérons que les écarts entre les courbes de ren<strong>du</strong>s<br />

pro<strong>du</strong>ites par les deux révélateurs sont <strong>du</strong>s aux variables de traitement et<br />

notamment au fait que le traitement soit manuel.<br />

Densité<br />

Densité<br />

2,00<br />

1,50<br />

1,00<br />

0,50<br />

0,00<br />

-3 -2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5<br />

Log Lumination<br />

2,00<br />

1,50<br />

1,00<br />

0,50<br />

Pyrocat-HD <strong>Ecole</strong><br />

Pyrocat-HD Photographers-<br />

Formulary<br />

Figure 2 - Comparaison des 2 révélateurs avec le film Ilford FP4+ développé 16ʹ<br />

0,00<br />

-3 -2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5<br />

Log Lumination<br />

Pyrocat-HD <strong>Ecole</strong><br />

Pyrocat-HD Photographers-<br />

Formulary<br />

Figure 3 - Comparaison des 2 révélateurs avec le film Bergger BPF 200 développé 19ʹ<br />

Si le pH <strong>du</strong> révélateur commercial avait été plus bas que celui <strong>du</strong> révélateur<br />

préparé, il aurait été nécessaire de trouver un moyen de le remonter pour que les<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 66


deux révélateurs aient le même niveau d’activité. Nous aurions alors pu rajouter <strong>du</strong><br />

carbonate de sodium jusqu’à ce que les deux pH soient totalement identiques.<br />

l’école.<br />

La suite des expériences sera donc effectuée avec le révélateur préparé à<br />

d. Changement de dilution <strong>du</strong> révélateur<br />

Afin de minimiser les temps de développement, nous choisissons de changer<br />

la dilution <strong>du</strong> révélateur en augmentant sa concentration. Nous recherchons donc le<br />

temps de développement correct pour une dilution de 2 :2 :100. Le pH de la nouvelle<br />

solution de travail est de 12,4. Après trois développements consécutifs et exploitation<br />

des sensitogrammes, le temps de développement correct s’avère être 8 minutes et<br />

demie pour le film Ilford et 12 minutes pour le film Bergger.<br />

e. Traitement des sensitogrammes destinés au tirage<br />

Les caractéristiques suivantes sont déterminées à partir des courbes H&D des<br />

sensitogrammes destinés au tirage.<br />

Ilford FP4 Plus Bergger BPF 200<br />

Sensibilité ISO 127 = 125 ISO 127 = 125 ISO<br />

DN-DM 0,79 0,78<br />

Gamma γ 0,63 0,64<br />

C.I 0,6 0,65<br />

D min 0,08 0,09<br />

Les deux révélateurs donnent des résultats similaires en adéquation<br />

avec leur pH respectif proche l’un de l’autre. Nous poursuivons donc l’étude<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 67


avec le révélateur préparé à l’école. Les temps de développement de base avec<br />

le Pyrocat-HD dilué à 2 :2 :100 sont de 8 minutes et 30 secondes pour le<br />

film Ilford FP4 Plus et de 12 minutes pour le film Bergger BPF 200. L’usage<br />

<strong>du</strong> révélateur Pyrocat-HD n’accroît pas la sensibilité des films utilisés pour<br />

notre étude, contrairement à ce qui est indiqué par son formulateur.<br />

B. Variation <strong>du</strong> couple exposition/développement<br />

Notre première intention était d’exposer le film jusqu’à 2 Ev en dessous et au<br />

dessus de la valeur initiale 68 (E.I 125 pour le film Ilford et E.I 200 pour le film<br />

Bergger) par pas de demi Ev. Pour être plus exact, les paliers d’exposition ne<br />

correspondent pas à des demis Ev et cela à cause de la petite imprécision liée au<br />

logarithme lumination appliqué à la plage 11 pour l’exposition à E.I 125.<br />

Dans la pratique, nous avons dû constater que les négatifs sous-exposés de<br />

plus d’un Ev nécessitent des temps de développement trop long pour le type de<br />

révélateur employé, qui s’oxyde très rapidement. En effet, le temps de<br />

développement nécessaire à un négatif sous-exposé de un Ev et demi est de 60<br />

minutes, <strong>du</strong>rée à partir de laquelle la densité <strong>du</strong> support + voile augmente<br />

considérablement, diminuant fortement le contraste. Les résultats obtenus en<br />

diminuant la dilution <strong>du</strong> révélateur à 4 :4 :100 pour ré<strong>du</strong>ire le temps de<br />

développement sont similaires, l’oxydation <strong>du</strong> révélateur étant d’autant plus rapide<br />

que celui-ci est concentré. Les tests effectués en augmentant la température <strong>du</strong> bain<br />

ne nous apportent pas de meilleur résultat. Le révélateur ne nous permettant pas de<br />

traitement poussé de plus d’un Ev, nous avons choisi d’arrêter la progression<br />

également à cette valeur pour les traitements retenus, le cas des négatifs peu<br />

contrastés n’étant pas d’un intérêt prépondérant pour cette étude.<br />

68 1 Ev = 0,3 en logarithme lumination<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 68


Les sensitogrammes ont donc été exposés et traités de la manière suivante :<br />

Ilford FP4 Plus E.I 64 E.I 100 E.I 200 E.I 320<br />

Tps de développement 6 min 8 min 20 min 30 min<br />

Bergger BPF 200 E.I 100 E.I 125 E.I 320 E.I 400<br />

Tps de développement 8 min 10 min 20 min 30 min<br />

Les valeurs d’indice d’exposition (E.I) données ci-dessus correspondent aux<br />

valeurs de l’échelle normalisée. En réalité, la sous-exposition d’un Ev pour le film<br />

Ilford et la sous-exposition d’un demi Ev pour le film Bergger correspondent à un E.I<br />

300, normalisé à 320.<br />

Les courbes tracées à partir des mesures des sensitogrammes au densitomètre<br />

en visuel et en U.V permettent de visualiser le gain ou la perte de contraste<br />

engendrée par ces différents couples exposition / traitement.<br />

Le tableau et les courbes ci-après nous montrent que le contraste augmente<br />

lorsque l’exposition diminue et que le temps de traitement augmente, ceci étant<br />

encore plus visible lorsque les négatifs sont lus en densitométrie U.V 69 .<br />

Ilford FP4 Plus (visuel) E.I 64 E.I 100 E.I 125 E.I 200 E.I 320<br />

69 Annexe n°16, p. 46.<br />

DN-DM 0,67 0,72 0,79 0,97 0,96<br />

Gamma γ 0,53 0,57 0,63 0,8 0,9<br />

C.I 0,51 0,59 0,6 0,78 0,81<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 69


Bergger BPF 200 (visuel) E.I 100 E.I 125 E.I 200 E.I 320 E.I 400<br />

DN-DM 0,64 0,67 0,78 0,86 0,94<br />

Gamma γ 0,55 0,6 0,64 0,7 0,76<br />

C.I 0,56 0,57 0,65 0,69 0,73<br />

Si l’on considère que la différence entre la mesure en visuel et la mesure en<br />

U.V est <strong>du</strong>e à la présence de l’image secondaire colorée, nous pouvons alors<br />

constater que celle-ci augmente bien proportionnellement à la densité argentique.<br />

Les courbes nous montrent que le film Ilford est plus sensible aux variations<br />

<strong>du</strong> couple exposition / développement puisque le contraste augmente de manière<br />

notoire en visuel et en U.V entre les différents tests alors que ce n’est pas le cas pour<br />

le film Bergger. L’écart entre la mesure en visuel et la mesure en U.V augmente plus<br />

rapidement suivant le couple exposition / développement sur le film Ilford que sur le<br />

film Bergger.<br />

Il semble cependant qu’à densité visuelle équivalente, la proportion d’image<br />

secondaire est plus importante pour le film Bergger puisque la différence entre la<br />

mesure en visuel et la mesure en U.V est toujours plus importante sur ce film que sur<br />

le film Ilford, quel que soit le couple exposition / développement.<br />

Le film Ilford FP4 Plus est plus sensible que le film Bergger BPF 200<br />

aux variations d’exposition et de traitement, ce qui favorise sa montée en<br />

contraste et lui confère des propriétés intéressantes vis à vis <strong>du</strong> procédé<br />

Ziatype. L’image secondaire semble, en contrepartie plus importante sur le<br />

film Bergger.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 70


Densité<br />

Densité<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

3,5<br />

3<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

ILFORD FP4+<br />

0<br />

-3,5 -2,5 -1,5<br />

Log Lumination<br />

-0,5 0,5<br />

E.I 125/8'30''<br />

E.I 320/30'<br />

E.I 200/20'<br />

E.I 100/8'<br />

E.I 64/6'<br />

BERGGER BPF 200<br />

0<br />

-3,5 -2,5 -1,5<br />

Log Lumination<br />

-0,5 0,5<br />

Figure 4 – Courbe de densité ʺvisuelleʺ pour chaque couple exposition/développement<br />

ILFORD FP4+<br />

0<br />

-3,5 -2,5 -1,5<br />

Log Lumination<br />

-0,5 0,5<br />

E.I 125/8'30''<br />

E.I 320/30'<br />

E.I 200/20'<br />

E.I 100/8'<br />

E.I 64/6'<br />

Figure 5 - Courbe de densité ʺU.Vʺ pour chaque couple exposition / développement<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 71<br />

Densité<br />

Densité<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

3<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

BERGGER BPF 200<br />

0<br />

-3,5 -2,5 -1,5<br />

Log Lumination<br />

-0,5 0,5<br />

E.I 200/12'<br />

E.I 400/30'<br />

E.I 320/20'<br />

E.I 125/10'<br />

E.I 100/8'<br />

E.I 200/12'<br />

E.I 400/30'<br />

E.I 320/20'<br />

E.I 125/10'<br />

E.I 100/8'


3. Variation <strong>du</strong> fixateur utilisé<br />

Les sensitogrammes sont lus au densitomètre en visuel et en U.V et les<br />

courbes correspondantes sont tracées. Dans le cas <strong>du</strong> film Ilford comme pour le film<br />

Bergger, nous pouvons observer une légère différence de densité sur l’ensemble des<br />

courbes. L’exemple de courbe H&D ci-dessous montre que la densité est plus<br />

importante dans le cas <strong>du</strong> sensitogramme fixé au fixateur alcalin TF-2, et ceci dans<br />

tous les canaux de lecture. Nous pouvons donc en conclure que le fixateur alcalin ne<br />

favorise pas plus l’image secondaire que le fixateur acide, puisque si cela avait été le<br />

cas, seule la mesure en U.V ou en Bleu aurait été <strong>supérieure</strong>. La différence entre les<br />

deux sensitogrammes se situe ici sur la densité argentique globale. Nous pouvons<br />

alors penser que la variable est <strong>du</strong>e au traitement en cuvette irrégulier et non<br />

uniforme, puisque le fixateur n’a pas pu influer sur la densité argentique. L’effet est<br />

similaire sur le film Ilford dont la courbe est jointe en annexe.<br />

Densité<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

0<br />

-3,5 -3 -2,5 -2 -1,5<br />

Log h<br />

-1 -0,5 0 0,5<br />

D visuel F-24<br />

D vert F-24<br />

D rouge F-24<br />

D bleu F-24<br />

D u.v F-24<br />

D ortho F-24<br />

D visuel TF-2<br />

D vert TF-2<br />

D rouge TF-2<br />

D bleu TF-2<br />

D u.v TF-2<br />

D ortho TF-2<br />

Figure 6 - Courbe de ren<strong>du</strong> <strong>du</strong> film Bergger en fonction <strong>du</strong> fixateur utilisé<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 72


Par ailleurs, compte tenu des risques encourus par l’utilisation d’un fixateur<br />

alcalin concernant la conservation de l’image, nous pouvons dire qu’il semble inutile<br />

de privilégier ce type de fixateur dans le but d’optimiser le contraste <strong>du</strong> négatif.<br />

Le fixateur acide ne diminue pas la proportion d’image secondaire<br />

colorée, en comparaison avec le fixateur alcalin. L’étude sera donc<br />

poursuivie avec le fixateur acide F-24, afin d’éviter les problèmes de<br />

conservation.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 73


4. Isolation de l’image secondaire colorée<br />

A. Observation <strong>du</strong> processus d’affaiblissement<br />

Les trois formules d’affaiblisseur testées dans le but d’isoler l’image<br />

secondaire colorée provoquée par le Pyrocat-HD en éliminant l’image argentique<br />

nous ont apporté trois résultats très différents.<br />

Dans la première formule d’affaiblisseur, la densité des négatifs a fortement<br />

chuté puis s’est stabilisé progressivement. Le traitement a été interrompu après 15<br />

minutes, l’apparence <strong>du</strong> négatif n’évoluant plus.<br />

Dans le bain d’affaiblisseur de Farmer, la densité des négatifs n’a pas diminué<br />

de manière visible et est restée en apparence identique jusqu’à 5 minutes de<br />

traitement. Nous avons ensuite effectué un autre test en augmentant la concentration<br />

de la partie A de l’affaiblisseur (celle contenant le ferricyanure de potassium), en<br />

triplant sa proportion par rapport à la formule de base et en gardant les autres<br />

identiques. La densité des films a alors diminué fortement en créant des zones puis<br />

s’est uniformisée. L’apparence <strong>du</strong> négatif a ensuite cessé d’évoluer et le traitement a<br />

été arrêté au terme de 10 minutes.<br />

En ce qui concerne l’affaiblisseur R-15, la densité n’a évolué que très lentement<br />

en formant des zones qui ne se sont pas estompées même en agitant le bain de façon<br />

constante. De plus, dans les zones ou l’argent semble avoir été éliminé, nous ne<br />

pouvons constater aucune séparation entre les plages de ʺhautes densitésʺ, ce qui<br />

signifie probablement que le traitement a eu également une incidence sur l’image<br />

secondaire, rendant les sensitogrammes inexploitables. Le traitement a été<br />

interrompu après 25 minutes.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 74


B. Exploitation<br />

Les sensitogrammes blanchis sont mesurés sur la 1 ère , la 11 ème et la 21 ème plage<br />

au spectrophotomètre HP afin d’obtenir leur courbe de densité spectrale respective et<br />

ainsi déterminer d’une part l’efficacité des différents affaiblisseurs et d’autre part les<br />

caractéristiques de l’image secondaire isolée.<br />

a. Efficacité des différentes formules<br />

Comme nous l’avons déjà dit, la dernière des trois formules employées, c’est à<br />

dire l’affaiblisseur R-15, ne nous a pas permis d’observer l’image secondaire, en<br />

raison d’artéfacts importants.<br />

Il semble que le premier affaiblisseur superficiel n’ait, quant à lui, pas<br />

totalement éliminé la couche d’image argentique : En effet, nous avons pu constater<br />

que la courbe tracée en U.V après l’affaiblissement était, en particulier dans le cas <strong>du</strong><br />

film Bergger, très proche de celle tracée avant l’affaiblissement. La progression de<br />

densité est d’autre part très visible à l’œil nu ce qui laisse supposer que<br />

l’affaiblissement n’est que partiel. L’observation de l’image secondaire colorée sera<br />

donc effectuée à partir des sensitogrammes blanchis à l’affaiblisseur de Farmer.<br />

b. Caractéristique de l’image secondaire<br />

Les données fournies par le spectrophotomètre et le densitomètre U.V nous<br />

permettent de comparer l’image secondaire propre au film Ilford et celle <strong>du</strong> film<br />

Bergger. Les courbes de densité spectrale 70 nous montrent que les deux images<br />

secondaires possèdent les mêmes caractéristiques spectrales dans le domaine des U.V<br />

et <strong>du</strong> bleu, mais à des niveaux d’absorption différents. En effet, l’image secondaire<br />

<strong>du</strong> film Bergger est globalement plus dense que celle <strong>du</strong> film Ilford.<br />

70 Annexe n°19, p. 51.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 75


Par ailleurs, nous avons établi précédemment qu’en exposant et en<br />

développant à la sensibilité annoncée, le contraste en U.V était plus important sur le<br />

film Bergger que sur le film Ilford : nous pouvons ici le confirmer par les courbes<br />

tracées au densitomètre en U.V avant et après blanchiment.<br />

Densité<br />

3,5<br />

3<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

0<br />

-5 -3 -1<br />

Log Lumination<br />

1 3<br />

Visuel avant<br />

affaiblissement<br />

U.V avant<br />

affaiblissement<br />

U.V après<br />

affaiblissement<br />

Figure 7 - Courbe H&D <strong>du</strong> sensitogramme Ilford avant et après affaiblisseur R4-a<br />

Densité<br />

3,5<br />

3<br />

2,5<br />

2<br />

1,5<br />

1<br />

0,5<br />

0<br />

-5 -3 -1<br />

Log Lumination<br />

1 3<br />

Visuel avant<br />

affaiblissement<br />

u.v avant<br />

affaiblissement<br />

u.v après<br />

affaiblissement<br />

Figure 8 - Courbe H&D <strong>du</strong> sensitogramme Bergger avant et après affaiblisseur R4-a<br />

Les mesures au spectrophotomètre 71 confirment cette tendance : en effet,<br />

l’écart de densité spectrale pour une longueur d’onde de 380 nm (à laquelle le canal<br />

71 Annexe n°3, p. 6.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 76


U.V <strong>du</strong> densitomètre X-Rite 361 T effectue sa mesure) entre la plage 1 et la plage 21<br />

est plus important pour le film Bergger.<br />

Enfin, nous sommes en mesure de dire que l’image secondaire <strong>du</strong> film Ilford<br />

atteint rapidement un plafond de densité, alors que celle <strong>du</strong> film Bergger continue<br />

d’évoluer à mesure que la densité argentique augmente. L’augmentation <strong>du</strong><br />

contraste sur le film Ilford lors des variations <strong>du</strong> couple exposition / développement<br />

était donc principalement <strong>du</strong>e à l’augmentation <strong>du</strong> contraste de l’image argentique.<br />

c. Effet de l’image secondaire sur le tirage Ziatype<br />

Dans le cas des deux films, l’image secondaire absorbe totalement les<br />

radiations en dessous de 310 nm. La plage 1, c’est à dire la moins dense <strong>du</strong><br />

sensitogramme, commence à transmettre une information à partir de 315 nm et sa<br />

courbe de transmission augmente rapidement en fonction de la longueur d’ondes. En<br />

revanche, sur la plage la plus dense, c’est à dire la plage 21, le taux de transmission<br />

reste très faible dans le domaine <strong>du</strong> proche U.V et continue de progresser lentement<br />

dans le bleu. La courbe de transmission spectrale de la plage 1 présente une forme<br />

arrondie dans le domaine <strong>du</strong> proche U.V alors que celle de la courbe 21 est plutôt en<br />

forme de creux.<br />

En résumé, nous pouvons dire que l’écart entre les faibles et les hautes<br />

densités est renforcé par l’image secondaire puisque celle-ci diminue encore plus la<br />

transmission des U.V et <strong>du</strong> bleu des hautes densités alors qu’elle n’agit que<br />

faiblement sur les faibles densités.<br />

L’image secondaire apportée par le Pyrocat-HD ajoutée à la densité argentique<br />

semble donc permettre un tirage Ziatype plus contrasté qu’un négatif développé<br />

dans un révélateur classique.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 77


d. Effet de l’image secondaire sur le papier Multigrade IV<br />

En ce qui concerne les faibles densités, les résultats pour l’Ilford FP4+ et la<br />

Bergger BPF 200 sont équivalents puisque l’image secondaire colorée est presque<br />

inexistante. Le film est en effet resté quasiment neutre dans les ombres et le support<br />

plus voile, et ce pour les deux émulsions, mais on observe cependant une<br />

transmission très légèrement inférieure de la lumière bleue. La transmission spectrale<br />

de la plage 1 <strong>du</strong> sensitogramme (la moins dense) varie régulièrement de 50% à 60%<br />

entre 400 et 600 nm pour la BPF 200, et de 70% à 78% pour la FP4 Plus sur la même<br />

plage de longueurs d’ondes. Les deux films se distinguent donc surtout au niveau <strong>du</strong><br />

support plus voile qui est assez nettement supérieur sur la Bergger.<br />

Pour ce qui est de la plage 21 <strong>du</strong> sensitogramme, le taux de transmission <strong>du</strong><br />

film Ilford varie de 20% à 57% entre 400 et 600 nm, alors que la Bergger passe de 4% à<br />

16%. Il y a donc dans les deux cas une opacité qui touche davantage les<br />

rayonnements bleus que le reste <strong>du</strong> spectre. Ce phénomène correspond à l’apparition<br />

d’une coloration jaune qui se développe dans les hautes densités. Cette transmission<br />

non régulière <strong>du</strong> spectre coloré va entraîner au tirage une modification <strong>du</strong> ratio de<br />

lumières bleues et vertes exposant le papier. On peut donc envisager que le filtrage<br />

dû à l’existence de l’image secondaire puisse modifier le contraste <strong>du</strong> tirage. Etant<br />

donné que l’image secondaire absorbe davantage de lumière bleue, on peut prévoir,<br />

sans pouvoir pour l’instant la caractériser, une baisse de contraste majoritairement<br />

dans les hautes lumières.<br />

Il est également important de comprendre l’effet de cette image secondaire<br />

associée aux filtres de tirages dont la couleur varie <strong>du</strong> jaune au magenta.<br />

La transmission dans le bleu <strong>du</strong> filtre de contraste 00 est quasiment nulle, la<br />

transmission relativement faible de l’image secondaire dans ce domaine n’aura donc<br />

pas d’incidence. En effet la courbe de transmission de l’image secondaire est<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 78


quasiment plate dans le domaine de longueurs d’ondes qu’elle va recevoir, c’est à<br />

dire dans le vert et le rouge.<br />

Le filtre n°2 <strong>du</strong> système multigrade pro<strong>du</strong>it une lumière qui se compose de<br />

bleu et de vert, l’effet de filtrage de l’image secondaire va donc avoir un effet sur le<br />

ratio bleu/vert de la lumière pro<strong>du</strong>ite et donc sur le contraste.<br />

Le filtre n°5 absorbe la lumière verte vers 480 nm, la lumière pro<strong>du</strong>ite a un<br />

ratio bleu/vert très favorable au bleu puisque la part de vert est totalement absorbée<br />

au-delà de 500 nm. Le quotient bleu/vert est donc quasiment infini si on considère<br />

que le vert auquel sont sensibles les couches <strong>du</strong> papier est de plus de 500 nm de<br />

longueurs d’ondes.<br />

Figure 9 - Sensibilité spectrale relative <strong>du</strong> papier Ilford Multigrade IV FB (données fabricant)<br />

Ainsi, bien que le filtrage de l’image secondaire diminue la quantité absolue<br />

de lumière bleue impressionnant le papier, il change très peu la quantité relative de<br />

lumière bleue par rapport à la lumière verte. Dans le cas théorique où toute la<br />

lumière verte serait absorbée (celle à laquelle le papier est sensible), le filtrage aurait<br />

pour seul effet de diminuer la transmission globale <strong>du</strong> système. Du seul point de vue<br />

des plages denses l’effet sur le contraste serait donc nul.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 79


Transmission (%)<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

370 400 430 460 490 520 550 580<br />

Longueur d'ondes (nm)<br />

Filtre 00<br />

Filtre 2<br />

Filtre 5<br />

image secondaire p1 Ilford<br />

image secondaire p1<br />

Bergger<br />

image secondaire p 21<br />

Ilford<br />

image secondaire p21<br />

Bergger<br />

Figure 10 - Transmission spectrale des filtres de contraste et de lʹimage secondaire isolée<br />

Nous constatons donc que l’effet en terme de contraste de la coloration de<br />

l’image secondaire, dans le cas d’un tirage sur papier Ilford Multigrade IV, est<br />

maximal pour les valeurs de filtrage moyennes.<br />

La courbe de transmission spectrale <strong>du</strong> film Bergger étant plus plate que celle<br />

de l’Ilford, autrement dit l’effet <strong>du</strong> filtrage par l’image secondaire étant moindre sur<br />

le ratio bleu/vert, la modification de contraste dans les hautes lumières est également<br />

moindre. En outre on constate que les valeurs de transmission sont globalement<br />

moins élevées pour la BPF 200 que pour la FP4 Plus, des expositions plus longues<br />

seront donc nécessaires.<br />

Pour une densité visuelle équivalente, la proportion d’image<br />

secondaire <strong>du</strong> film Bergger est plus importante que celle <strong>du</strong> film Ilford.<br />

L’image secondaire colorée atteint un plafond sur le film Ilford alors qu’elle<br />

continue d’augmenter en fonction de la densité argentique sur le film<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 80


Bergger. Les deux films présentent une image secondaire colorée totalement<br />

opaque aux U.V de longueurs d’ondes inférieures à 310 nm et qui absorbe<br />

une partie des radiations bleues. A ce titre, le contraste <strong>du</strong> film sera plus<br />

important pour un procédé sensible aux U.V que pour un autre, sensible à<br />

la lumière visible.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 81


5. Tirage des sensitogrammes sur procédé Ziatype<br />

A. Caractéristiques <strong>du</strong> papier émulsionné<br />

L’axe des logarithmes lumination papier est ici gra<strong>du</strong>é de manière arbitraire<br />

puisque la lumination a été calculée à partir de l’éclairement dans le domaine <strong>du</strong><br />

visible alors que le papier est également sensible aux U.V. Pour avoir les valeurs<br />

exactes des luminations reçues et prises en compte par le papier, il aurait été<br />

nécessaire d’avoir un radiomètre intégrant ce domaine de longueur d’ondes, matériel<br />

qui n’est malheureusement pas à la disposition de l’école.<br />

Il est par conséquent impossible de déterminer la sensibilité ISO P <strong>du</strong> papier<br />

selon la norme ISO 6846. En revanche, nous pouvons relever les caractéristiques au<br />

niveau de la sensibilité ISO R, qui nous donneront une idée de ce que peut être<br />

l’éten<strong>du</strong>e d’un tel procédé par rapport à celle <strong>du</strong> multigrade. Notons toutefois que la<br />

norme ISO 6846 n’est pas réellement applicable à ce genre de procédé.<br />

D T(0,04 +S+V) S (9/10 ème Dmax nette) Dmax nette<br />

0,09 1,2 1,33<br />

Log hS 5,38<br />

Log hT 3,62<br />

ISO R 180<br />

Cette éten<strong>du</strong>e ISO R n’est bien enten<strong>du</strong>e valable que dans le cas <strong>du</strong> tirage de<br />

négatifs neutres, c’est à dire ne présentant pas d’image secondaire colorée.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 82


B. Détermination <strong>du</strong> mode de mesure approprié<br />

Nous avons pu, en traçant les diagrammes de Jones 72 des tirages Ziatype,<br />

calculer les facteurs de spectres correspondant aux deux types d’émulsions mesurées<br />

avec plusieurs modes : visuel, Bleu et U.V.<br />

Le but de cette manœuvre est principalement de constater si le canal U.V est<br />

réellement adapté à la mesure des densités de tirage pour un procédé Ziatype, et ce<br />

avec des négatifs pourvus d’une coloration. Il serait logique que le canal le plus<br />

approprié dans ce cas soit le canal U.V, puisque c’est à ce type de rayonnement que le<br />

procédé Ziatype est sensible.<br />

Tableau 1 - Facteurs de spectre pour le tirage Ziatype<br />

Le tableau 1 nous montre qu’au contraire, le canal U.V est le plus éloigné des<br />

densités réelles aussi bien avec le film Ilford qu’avec le film Bergger. En effet, c’est le<br />

mode visuel qui semble procurer les densités les plus exactes dans le cas <strong>du</strong> film<br />

Ilford et le canal Bleu dans le cas <strong>du</strong> film Bergger.<br />

Cela peut éventuellement être expliqué par le fait que la mesure effectuée<br />

(prélevée à 380 nm) par le densitomètre X-Rite 361T ne corresponde pas réellement à<br />

la sensibilité spectrale des sels de fer employés pour le Ziatype, dont le pic se<br />

situerait aux alentours de 365 nm. Le simple fait que la valeur 380 nanomètres se<br />

situe juste après le pic de sensibilité <strong>du</strong> papier rendrait la mesure totalement inutile<br />

72 Annexe n°22, p. 58.<br />

Visuel Bleu U.V<br />

Ilford FP4 Plus 1,03 0,87 0,8<br />

Bergger BPF 200 1,15 0,97 0,78<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 83


dans notre cas. Par ailleurs, le procédé étant sensible en partie à la lumière bleue, il<br />

est moins surprenant que le canal Bleu <strong>du</strong> status M soit proche de la réalité <strong>du</strong> tirage<br />

dans le cas <strong>du</strong> film Bergger, dont la proportion d’image secondaire est relativement<br />

importante.<br />

D’autre part, la mesure en visuel prend en partie en compte l’image<br />

secondaire colorée, qui est d’ailleurs relativement faible sur le film Ilford, ce qui<br />

pourrait expliquer un facteur de spectre proche de 1. Par ailleurs, si un des canaux<br />

était réellement adapté au tirage multigrade, la droite de tirage correspondante serait<br />

placée à 45° et le facteur de spectre 73 serait égal à 1. Il n’y aurait donc aucune<br />

correction à appliquer pour connaître les densités de tirages réelles, ce qui est<br />

quasiment le cas ici.<br />

Nous pouvons une fois de plus faire la distinction entre les densités des deux<br />

films, qui ne permettent pas d’obtenir leurs densités de tirage respectives avec un<br />

seul mode de mesure. Selon leurs facteurs de spectre, le contraste réel est plus<br />

important que celui indiqué par la mesure en visuel mais moins important que ce<br />

que procure la mesure en Bleu.<br />

Notons toutefois que les facteurs de spectres calculés sont issus des courbes<br />

caractéristiques et de ren<strong>du</strong>s tracées manuellement, ce qui entraîne une incertitude<br />

au niveau des densités de tirage. En effet, les densités re-calculées à partir des trois<br />

mesures ne nous donnent pas des résultats identiques.<br />

Des données plus précises sur les filtres utilisés sur les densitomètres auraient<br />

notamment permis d’expliquer plus précisément les résultats obtenus. La sensibilité<br />

spectrale exacte <strong>du</strong> procédé Ziatype nous aurait permis de fournir de plus amples<br />

explications aux résultats établis. Pour pouvoir nous-mêmes la déterminer, nous<br />

73 tan α = pente, FS = 1/pente<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 84


aurions eu besoin d’un spectrographe incluant le domaine U.V, que l’école n’a pas en<br />

sa possession.<br />

C. Tirages des sensitogrammes développés au Pyrocat-HD<br />

Le temps de pose des tirages Ziatype a été déterminé à partir <strong>du</strong><br />

sensitogramme exposé et développé à la sensibilité annoncée <strong>du</strong> film, le but étant<br />

d’atteindre le plafond de noircissement <strong>du</strong> papier émulsionné pour pouvoir tracer la<br />

courbe dans sa totalité. Ainsi, les différences de mo<strong>du</strong>lation entre les couples<br />

exposition / développement sont directement perceptibles puisque l’on peut<br />

directement compter le nombre de plages de gris entre le blanc et le noir.<br />

De manière générale, nous pouvons constater que le procédé Ziatype offre une<br />

large plage de mo<strong>du</strong>lation. En effet, si l’on observe le tirage <strong>du</strong> sensitogramme<br />

exposé et développé normalement, on peut constater que le tirage mo<strong>du</strong>le sur les 21<br />

plages. Cela reflète bien l’allure générale de la courbe caractéristique <strong>du</strong> papier qui<br />

est particulièrement plate et typique de ce genre de procédé.<br />

L’écart maximum de densité sur le film restituable par le papier est donc<br />

calculé à partir des sensitogrammes exposés avec la gamme dynamique plus, qui<br />

fournissent un écart plus important. La plage de mo<strong>du</strong>lation est déterminée d’après<br />

les courbes de noircissement des tirages Ziatype, mais également d’après la sensation<br />

visuelle qu’ils fournissent. En effet, pour être intéressante sur des cas pratiques, la<br />

mo<strong>du</strong>lation doit être visible à l’œil nu et pas uniquement au densitomètre.<br />

Après observation, nous sommes en mesure de dire que le Ziatype est capable<br />

de restituer correctement un écart de densité visuelle sur les sensitogrammes Ilford<br />

d’approximativement 1,72, ce qui correspond sur la courbe caractéristique à un écart<br />

de logarithme lumination de 3 à l’exposition <strong>du</strong> film, soit 10 Ev. La mo<strong>du</strong>lation est<br />

légèrement plus faible en ce qui concerne le film Bergger, puisqu’il correspond à un<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 85


écart de logarithme lumination de 2,4 à l’exposition <strong>du</strong> film, soit 8 Ev. Nous pouvons<br />

donc dire que le film Bergger présente un contraste plus élevé vis à vis <strong>du</strong> procédé<br />

Ziatype que le film Ilford, dans le cas d’un développement normal.<br />

En ce qui concerne les variations d’exposition et de développement sur le film<br />

Ilford, l’écart de mo<strong>du</strong>lation varie environ de 4 plages de densité (avec la gamme<br />

simple) et donc 0,6 en logarithme lumination (soit 2 Ev), lorsqu’on passe d’un<br />

sensitogramme à un autre, alors que pour le film Bergger, la mo<strong>du</strong>lation varie<br />

environ deux fois moins rapidement. Les écarts Ev restituables par le procédé<br />

Ziatype en fonction <strong>du</strong> film utilisé, <strong>du</strong> couple exposition / développement sont les<br />

suivants :<br />

Expo/dev E.I 64/6’ E.I 125/8’30’’ E.I 320/30’<br />

Ilford FP4 Plus 12 Ev 10 Ev 7 Ev<br />

Expo/dev E.I 100/8’ E.I 200/12’ E.I 400/30’<br />

Bergger BPF 200 9 Ev 8 Ev 7 Ev<br />

L’éten<strong>du</strong>e ISO R <strong>du</strong> procédé Ziatype est relativement importante, ce<br />

qui est caractéristique des procédés à noircissement direct sensibles aux<br />

U.V. Dans le cas <strong>du</strong> tirage sur procédé Ziatype, la mesure en Bleu des<br />

négatifs Bergger BPF 200 développés au Pyrocat-HD est relativement bien<br />

adaptée. En revanche, c’est la mesure en visuel qui donne les densités les<br />

plus réalistes dans le cas <strong>du</strong> film Ilford FP4 Plus.<br />

Les tirages des sensitogrammes normalement exposés et surexposés<br />

sont plus contrastés pour le film Bergger alors que c’est le film Ilford qui<br />

procure le plus de contraste le plus élevé avec le sensitogramme sous-exposé.<br />

Ceci est en adéquation avec les caractéristiques des négatifs.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 86


6. Tirage des sensitogrammes sur procédé à contraste<br />

variable<br />

A. Détermination de la sensibilité <strong>du</strong> papier Ilford<br />

Multigrade IV<br />

La sensibilité ISO <strong>du</strong> papier Ilford Multigrade IV FB est déterminée pour<br />

chaque grade entier (00, 0, 1, 2, 3, 4 et 5). Les calculs sont effectués à partir des<br />

courbes tracées d’après les tirages de la gamme carbone et selon la norme ISO 6846<br />

sur les papiers noir et blanc. Rappelons que les caractéristiques déterminées sont<br />

valables uniquement pour nos conditions expérimentales, c’est à dire avec l’emploi<br />

<strong>du</strong> révélateur ID-62 dilué à 1:5, pendant 2 minutes à 20°. Elles ne sont donc pas<br />

généralisables à toutes les conditions de tirage et de développement possibles avec ce<br />

papier.<br />

a. Calcul de la sensibilité ISO P<br />

La sensibilité ISO P est déterminée « à partir de la lumination nécessaire ʺHmʺ<br />

pour obtenir une densité de 0,60+S+V : ISO P = 1000 / H 0,60 +S+V » 74 . La sensibilité qui en<br />

résulte est ensuite arrondie suivant l’échelle ISO.<br />

74 Norme ISO 6846<br />

Grade 00 0 1 2 3 4 5<br />

Log Hm 0,77 0,71 0,68 0,57 0,50 0,90 1,04<br />

ISO P 160 200 200 250 320 125 100<br />

Tableau 2 - Sensibilité ISO P <strong>du</strong> papier Ilford Multigrade IV FB<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 87


Comme nous pouvons le constater, la sensibilité ISO varie bien en fonction <strong>du</strong><br />

filtre utilisé lors <strong>du</strong> tirage et donc de la nature spectrale de la lumière qui vient<br />

exposer le papier.<br />

b. Calcul de l’éten<strong>du</strong>e ISO R<br />

L’éten<strong>du</strong>e ISO R définit l’écart de densité <strong>du</strong> négatif enregistrable par le<br />

papier. Cet écart dépend également <strong>du</strong> filtre employé.<br />

Tableau 3 - Eten<strong>du</strong>e ISO R <strong>du</strong> papier Ilford Multigrade IV FB<br />

B. Détermination <strong>du</strong> mode de mesure approprié<br />

Nous avons, de nouveau à l’aide de diagrammes de Jones 75 , calculé le facteur<br />

de spectre intervenant lors <strong>du</strong> tirage sur le papier Multigrade IV FB pour les grades<br />

00, 0, 1, 2, 3, 4 et 5, et ceci avec les deux types de films.<br />

75 Annexe n°23, p. 61.<br />

D T(0,04 +S+V) S (9/10 ème Dmax nette) Dmax nette<br />

0,09 1,83 2,03<br />

Grade 00 0 1 2 3 4 5<br />

Log hT 0,16 0,12 0,12 0,08 0,07 0,61 0,88<br />

Log hS 1,83 1,60 1,38 1,09 0,94 1,25 1,33<br />

ISO R 170 150 130 100 90 60 50<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 88


Tableau 4 - Facteurs de spectre avec le film Ilford FP4+<br />

Tableau 5 - Facteurs de spectre avec le film Bergger BPF 200<br />

Nous pouvons dire qu’aucun mode de mesure n’est adapté au tirage à<br />

contraste variable des films développés dans le Pyrocat-HD, et ce, quel que soit le<br />

filtre employé.<br />

Grade 00 0 1 2 3 4 5<br />

Visuel 0,81 0,81 0,8 0,81 0,8 0,82 0,85<br />

Ortho 0,77 0,77 0,75 0,78 0,74 0,77 0,8<br />

Bleu 0,71 0,71 0,66 0,7 0,67 0,69 0,71<br />

Grade 00 0 1 2 3 4 5<br />

Visuel 0,8 0,78 0,78 0,84 0,92 0,9 0,88<br />

Ortho 0,74 0,71 0,71 0,73 0,81 0,8 0,8<br />

Bleu 0,65 0,63 0,64 0,64 0,71 0,71 0,7<br />

Dans nos deux cas, c’est à dire le tirage <strong>du</strong> film Ilford et <strong>du</strong> film Bergger, les<br />

facteurs de spectre sont toujours inférieurs à 1, ce qui signifie que les densités de<br />

tirages réelles sont inférieures à celles mesurées au densitomètre dans les trois<br />

canaux. Par exemple, une densité de 0,60 lue sur le film Ilford en visuel, sera en fait<br />

égale à 0,49 (0,60 x 0,81) dans le cas d’un tirage au grade 00. Le contraste <strong>du</strong> négatif<br />

est par conséquent toujours plus faible, vis à vis <strong>du</strong> papier multigrade, que celui<br />

indiqué par la mesure au densitomètre, quelle qu’elle soit.<br />

La mesure en visuel se révèle être la moins éloignée des densités de tirages<br />

réelles, particulièrement dans le cas <strong>du</strong> tirage <strong>du</strong> film Bergger au grade 4, bien qu’elle<br />

ne soit pas vraiment adaptée à ce type de tirage.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 89


C. Tirage des sensitogrammes développés au Pyrocat-HD<br />

Comme pour le tirage Ziatype, les tirages des sensitogrammes seront<br />

caractérisés en terme de mo<strong>du</strong>lation restituable par le papier et en fonction <strong>du</strong> grade<br />

utilisé. Pour chaque émulsion, la plage de mo<strong>du</strong>lation sera repérée grâce au tirage de<br />

la gamme simple et de la gamme dynamique exposées et développées au temps de<br />

base. La gamme dynamique + (double gamme) ayant une incrémentation en<br />

logarithme lumination de 0,3 entre chaque plage, nous considérons qu’une plage<br />

restituée en valeurs de gris sur le papier correspond à un Ev à l’exposition.<br />

Nous pouvons alors relever les écarts d’Ev restituables par le papier en<br />

fonction de l’émulsion, de son couple exposition / développement et <strong>du</strong> grade de<br />

tirage :<br />

Ilford FP4 Plus Grade 00 Grade 0 Grade 1 Grade 2 Grade 3 Grade 4 Grade 5<br />

E.I 64/6’ 11 Ev 11 Ev 9 Ev 8 Ev 6 Ev 5 Ev 3 Ev<br />

E.I 125/8’30’’ 10 Ev 10 Ev 8 Ev 7 Ev 5 ½ Ev 4 ½ Ev 2 ½ Ev<br />

E.I 320/30’ 8 Ev 8 Ev 6 Ev 5 Ev 4 Ev 3 Ev 2 Ev<br />

Bergger BPF 200 Grade 00 Grade 0 Grade 1 Grade 2 Grade 3 Grade 4 Grade 5<br />

E.I 100/8’ 8 ½ Ev 8 ½ Ev 7 ½ Ev 6 ½ 6 ½ 4 ½ Ev 3 ½ Ev<br />

E.I 200/12’ 8 Ev 8 Ev 7 Ev 6 Ev 5 Ev 4 Ev 3 Ev<br />

E.I 400/30’ 7 ½ Ev 7 ½ Ev 6 ½ Ev 5 ½ Ev 4 ½ Ev 3 ½ Ev 2 ½ Ev<br />

Remarquons que la progression n’est pas la même pour les tirages des<br />

sensitogrammes Ilford et ceux des sensitogrammes Bergger. Cela correspond en effet<br />

à la variation des deux films en terme de contraste, en fonction <strong>du</strong> couple exposition /<br />

développement.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 90


Dans le cas des grades doux, c’est à dire de 00 à 1, la fin de la mo<strong>du</strong>lation<br />

intervient avant que le noircissement maximal <strong>du</strong> papier ne soit atteint. La Dmax<br />

n’est pas atteinte non plus dans les zones <strong>du</strong> papier qui ont été directement exposées<br />

à la lumière de l’agrandisseur. En effet, l’exposition sous un filtre doux sollicite<br />

uniquement les émulsions <strong>du</strong> papier qui sont sensibles au vert, ce qui ralentit le<br />

noircissement.<br />

L’éten<strong>du</strong>e ISO R <strong>du</strong> papier Multigrade IV en grade 00 est proche de<br />

celle <strong>du</strong> procédé Ziatype, bien que légèrement inférieure. Aucun mode de<br />

mesure disponible n’est approprié au tirage des négatifs développés au<br />

Pyrocat-HD sur papier Multigrade IV, et ce, quel que soit le grade utilisé.<br />

La mesure qui fournit le résultat le moins éloigné de la réalité est celle<br />

effectuée en visuel. Le tirage en grade 00 ou 0 donne le ren<strong>du</strong> le plus proche<br />

de celui fournit par le tirage Ziatype. Cependant, même avec ces filtres, la<br />

perte de mo<strong>du</strong>lation en terme d’Ev par rapport à un tirage Ziatype est de 1<br />

en ce qui concerne le film Ilford et de 2 pour ce qui est <strong>du</strong> film Bergger.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 91


7. Adaptation à des images réalisées à la chambre<br />

A. Choix <strong>du</strong> sujet<br />

Le sujet de prise de vues a été choisi en fonction de l’écart de luminance sujet<br />

important qu’il présente. Le but de cette mise en pratique est pour une part de<br />

montrer concrètement les ren<strong>du</strong>s engendrés par le choix de l’un ou l’autre des<br />

différents couples exposition / développement : cela est plus facilement visualisable<br />

avec un sujet relativement contrasté, dont le ren<strong>du</strong> des hautes et des basses lumières<br />

variera de manière plus évidente que sur un sujet mou, c’est à dire peu contrasté.<br />

Le sujet choisi pour illustrer la partie pratique de ce <strong>mémoire</strong> se situe à<br />

l’intérieur d’une friche in<strong>du</strong>strielle. Il est éclairé<br />

par la lumière extérieure qui passe par de petits<br />

carreaux de verre. L’image constituée peut se<br />

diviser en trois parties : la première, qui n’est<br />

pas directement éclairée par l’extérieur, est<br />

dans la pénombre, la deuxième est un mur bien<br />

éclairé, et enfin la dernière partie est constituée<br />

par les carreaux eux-mêmes. Le sujet rassemble<br />

donc à la fois une partie très peu lumineuse, et<br />

la source de lumière elle-même.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 92


B. Exposition / développement<br />

Comme nous venons de le dire, le sujet a été photographié plusieurs fois en<br />

exposant à la sensibilité annoncée <strong>du</strong> film puis en effectuant des sous et<br />

surexpositions de un Ev par pallier de demi Ev.<br />

Lors de la mesure de l’exposition, nous avons pu prendre en compte un<br />

paramètre qui n’intervient pas dans le cas de l’exposition des films au sensitographe<br />

Type VI, il s’agit <strong>du</strong> flare, c’est à dire « un éclairement parasite qui provient<br />

essentiellement des réflexions et diffusions à l’intérieur de l’objectif et de l’appareil photo » 76 .<br />

Ce flare a pour conséquence de modifier le contraste de l’image, sans que cela soit<br />

pris en compte par la mesure de lumière avec un posemètre à main classique. Nous<br />

avons donc choisi d’installer un dispositif spécial qui permet d’intégrer le flare à la<br />

mesure de lumière. Nous avons alors mesuré directement les éclairements images<br />

extrêmes à l’aide d’une sonde Booster Minolta, en retirant le dépoli de la chambre et<br />

en laissant une plaque de verre transparente. Les éclairements ainsi mesurés nous<br />

ont permis de connaître l’écart éclairement réel reçu par le film de prise de vue.<br />

Ce dispositif a d’autant plus d’importance que le sujet choisi présente un<br />

potentiel assez élevé de flare étant donné la présence de la source de lumière dans le<br />

champ. Selon les mesures effectuées avec le Booster Sekonic, l’écart en Ev entre la<br />

partie la plus claire c’est à dire les fenêtres, et la partie la plus sombre qui se trouve<br />

sous un établi, est de 10 Ev. La zone d’intérêt se situe entre ces valeurs, et présente<br />

donc un écart d’environ 9 Ev. Les mesures effectuées au spotmètre nous indiquent,<br />

elles, un écart de 12 ½ Ev. Les deux mesures effectuées nous permettent donc de<br />

quantifier l’effet <strong>du</strong> flare, puisque la mesure au spotmètre indique un écart de 3 ½ Ev<br />

en plus. Nous pouvons par ailleurs noter que cet écart est particulièrement important<br />

et qu’il correspond bien au type de sujet photographié.<br />

76 Bernard Leblanc, “Le flare”, Le photographe, n°1444, 1987, p. 99.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 93


Par ailleurs, le temps de pose de base pour l’exposition normale étant d’ ½<br />

seconde à f:11.5 pour le film Ilford et à f:16 pour le film Bergger, la progression a été<br />

effectuée en faisant varier l’ouverture <strong>du</strong> diaphragme et non la vitesse d’obturation,<br />

afin de ne pas s’écarter de la loi de réciprocité des films.<br />

Le temps de pose a donc été de ½ seconde pour toutes les expositions et nous<br />

avons fait varier l’ouverture <strong>du</strong> diaphragme de la manière suivante:<br />

Exposition Ilford FP4 Plus Bergger BPF 200<br />

- 1 Ev f:16.5 f:22<br />

- ½ Ev f:16 f:16.5<br />

N f:11.5 f:16<br />

+ ½ Ev f:11 f:11.5<br />

+ 1 Ev f:8.5 f:11<br />

Ce choix entraîne donc une modification de la profondeur de champ qui<br />

permet de renseigner directement le spectateur sur les conditions d’exposition mais<br />

qui peut en contrepartie perturber lors de la comparaison des images.<br />

C. Caractéristiques des négatifs<br />

Pour aller dans le sens de nos résultats, les mesures sur les négatifs sont<br />

effectuées en visuel pour le film Ilford et en visuel et Bleu pour le film Bergger, afin<br />

de s’approcher au mieux des densités de tirage Ziatype et Multigrade.<br />

FP4+ E.I 320 E.I 200 E.I 125 E.I 100 E.I 64<br />

Dmin v. 0,11 0,11 0,09 0,11 0,11<br />

Dmax v. 2,51 2,33 1,73 1,59 1,46<br />

s+v v. 0,09 0,08 0,07 0,07 0,06<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 94


BPF 200 E.I 400 E.I 320 E.I 200 E.I 125 E.I 100<br />

Dmin v. 0,15 0,14 0,13 0,14 0,14<br />

Dmin B 0,19 0,15 0,15 0,16 0,17<br />

Dmax v. 1,94 2 1,9 1,75 1,66<br />

Dmax B 2,33 2,38 2,26 2,1 1,98<br />

s+v v. 0,14 0,13 0,13 0,1 0,1<br />

s+v B 0,17 0,14 0,14 0,11 0,11<br />

La variation de contraste d’un négatif à l’autre est encore une fois plus<br />

importante avec le film Ilford qu’avec le film Bergger. De plus la densité <strong>du</strong> support<br />

plus voile augmente plus avec la <strong>du</strong>rée de traitement sur le film Bergger, ce qui<br />

diminue la sensation de contraste. Cependant, son contraste est plus important dans<br />

le cas de l’exposition et <strong>du</strong> développement normal.<br />

Dans le cas <strong>du</strong> film Bergger, le contraste est plus important avec une sous<br />

exposition d’un demi Ev qu’avec celle d’un Ev entier. Ceci est probablement dû à une<br />

agitation trop faible lors <strong>du</strong> développement, faisant intervenir l’effet compensateur<br />

<strong>du</strong> révélateur.<br />

Tous les négatifs présentent relativement peu de détails dans les ombres<br />

limitant l’appréciation de la variation <strong>du</strong> contraste dans ces zones, ce qui est dû à une<br />

erreur d’appréciation <strong>du</strong> sujet et de calcul <strong>du</strong> temps de pose de base. Une<br />

surexposition appliquée à cette mesure aurait permis d’éviter ce problème, puisque<br />

les zones sombres se seraient retrouvées dans la partie rectiligne de la courbe <strong>du</strong> film,<br />

c’est à dire la partie ʺutileʺ, ce qui aurait permis d’obtenir plus de détails.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 95


D. Tirage Ziatype<br />

Afin de mieux observer les différents contrastes issus des négatifs, nous avons<br />

choisi d’exposer les tirages de la même manière que pour les sensitogrammes, c’est à<br />

dire, en gardant le même temps de pose à chaque fois. Aucun additif n’a été ajouté à<br />

la formule de base <strong>du</strong> Ziatype, afin d’observer la particularité de chaque négatif à<br />

donner un contraste suffisant ou non pour ce type de tirage.<br />

Selon les résultats établis d’après les tirages de sensitogrammes, le Ziatype est<br />

capable de restituer l’écart Ev que présente le sujet, et cela même si le film a été sous<br />

exposé d’un Ev et sur développé. Les tirages des négatifs sont donc tous exposés de<br />

la même manière, afin que la progression de mo<strong>du</strong>lation soit visible et que le<br />

spectateur puisse choisir un ren<strong>du</strong> avec ses propres critères d’appréciation.<br />

E. Tirage sur papier Multigrade<br />

Notre intention étant de savoir s’il est réellement possible d’obtenir un tirage<br />

appréciable <strong>du</strong> même négatif avec les deux procédés, les tirages multigrade sont<br />

effectués en cherchant à uniformiser les ren<strong>du</strong>s les uns par rapport aux autres, en<br />

employant les différents filtres de contraste. Aucun maquillage n’est effectué afin de<br />

ne pas fausser le ren<strong>du</strong>. Les tirages sont effectués uniquement pour les variations<br />

d’exposition et de développement d’un Ev entier.<br />

Enfin, une progression de filtrage est effectuée sur le tirage <strong>du</strong> film Ilford<br />

exposé et développé normalement, pour permettre d’observer le ren<strong>du</strong> des différents<br />

grades sur une image.<br />

Toujours d’après les résultats obtenus grâce au tirage des sensitogrammes,<br />

nous pouvons dire que seuls les grades 0 et 00 sont aptes à restituer les différentes<br />

valeurs <strong>du</strong> sujet photographié avec le film Ilford. Le film Bergger doit en revanche<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 96


être exposé et développé normalement (E.I 200/12’) ou en effectuant une<br />

surexposition et un sous développement (E.I 320/10’ et E.I 400/8’), pour que les<br />

valeurs <strong>du</strong> sujet puissent être restituables, et cela uniquement avec les grades 00 et 0.<br />

Même si les toutes les valeurs <strong>du</strong> sujet sont restituées, l’appréciation <strong>du</strong> ren<strong>du</strong><br />

est subjective et ne peut se résumer aux chiffres. Ainsi, les ren<strong>du</strong>s doux<br />

caractéristiques <strong>du</strong> grade 00 et <strong>du</strong> procédé Ziatype, ne seront pas appréciés au même<br />

titre. Aussi, le fait que le tirage au grade 00 ne permette pas d’obtenir de noir lui sera<br />

certainement défavorable.<br />

En théorie, il semble possible d’aligner le ren<strong>du</strong> <strong>du</strong> tirage Multigrade<br />

sur celui <strong>du</strong> procédé Ziatype, mais l’absence de noir profond qui le<br />

caractérise ne sera pas aussi bien tolérée dans les deux cas. En effet, pour<br />

obtenir une sensation visuelle de contraste satisfaisante avec ces négatifs, le<br />

filtre de contraste utilisé doit être au minimum de 2, ce qui implique<br />

inévitablement de ne pouvoir restituer toutes les valeurs <strong>du</strong> sujet. Il est<br />

également possible de contrôler le ren<strong>du</strong> <strong>du</strong> tirage dès la prise de vue,<br />

puisque nous connaissons les écarts d’Ev restituables par le système, en<br />

fonction de l’exposition et <strong>du</strong> traitement appliqué aux films. L’emploi d’un<br />

système de type Booster est nécessaire puisque les écarts Ev indiqués sont<br />

ceux lors de la mesure sur le verre dans le plan image de la chambre.<br />

L’application aurait d’ailleurs été plus probante si nous n’avions<br />

effectué aucune erreur à l’exposition des films. En effet, le sujet présente un<br />

écart qui n’a pas pu être restitué à cause d’une sous-exposition.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 97


Conclusion<br />

Les tests effectués lors de la partie pratique de ce <strong>mémoire</strong> nous ont permis de<br />

réunir les informations nécessaires pour pouvoir répondre à notre interrogation<br />

principale, en démontrant la possibilité de réaliser des négatifs mixtes, adaptés à<br />

deux procédés très différents l’un de l’autre à partir de l’utilisation d’un révélateur<br />

colorant, le Pyrocat-HD.<br />

Nous avons dans un premier temps exploré les possibilités de modifier le<br />

contraste <strong>du</strong> négatif à travers le choix de son exposition et de son développement.<br />

Cette expérience nous a permis de voir que les deux films employés ne réagissent pas<br />

<strong>du</strong> tout de la même manière à ces variations, sans pour autant prendre de position<br />

quant à la supériorité de l’un ou de l’autre par rapport à nos intérêts.<br />

En recherchant par la suite à caractériser l’image secondaire résultant de ce<br />

type de développement, nous avons pu anticiper sur les résultats obtenus plus tard<br />

en pratique. Cela nous a permis de comprendre l’effet qu’elle pouvait pro<strong>du</strong>ire sur<br />

les différentes techniques de tirages. Nous avons notamment pu constater que la<br />

coloration de l’image secondaire a une influence non négligeable sur le procédé<br />

Ziatype, puisque sa faculté à absorber les radiations U.V permet d’accroître son<br />

contraste. En revanche, en tirage Multigrade, son association à des filtres de contraste<br />

minimise sa portée, allant dans certains cas jusqu’à l’annuler totalement.<br />

Pour compléter l’étude il aurait été nécessaire de connaître précisément la<br />

sensibilité spectrale <strong>du</strong> Ziatype, ce qui nous aurait permis d’expliquer la nature des<br />

facteurs de spectre déterminés au cours de l’étude. Il nous aurait pour cela fallu un<br />

spectrographe U.V, que l’école ne possède malheureusement pas.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 98


Nous avons pu observer qu’il était possible d’obtenir des ren<strong>du</strong>s semblables<br />

avec les deux techniques de tirages, en utilisant les filtres les plus doux en tirage<br />

Multigrade. Cela ne signifie par autant que les deux ren<strong>du</strong>s soient bons puisque la<br />

nature même <strong>du</strong> procédé Ziatype et de son support, imposent un certain ren<strong>du</strong> qui<br />

serait considéré comme trop doux sur un tirage classique en papier baryté.<br />

Mais notre but n’étant pas d’obtenir des ren<strong>du</strong>s similaires avec les deux<br />

techniques de tirages, nous avons donc pu constater qu’il était possible d’obtenir à<br />

partir <strong>du</strong> même négatif, un tirage correct avec les deux procédés étudiés, sans user<br />

des possibilités supplémentaires qu’ils peuvent offrir, notamment par le biais<br />

d’additifs dans l’émulsion <strong>du</strong> Ziatype, et par celui <strong>du</strong> maquillage et des poses<br />

multiples, dans le cas <strong>du</strong> tirage Multigrade. L’appréciation d’un tirage étant<br />

subjective, le système laisse la possibilité d’anticiper sur le résultat, en déterminant à<br />

partir de la dynamique <strong>du</strong> sujet, la manière d’exposer et de développer le négatif<br />

pour obtenir le ren<strong>du</strong> souhaité.<br />

Par ailleurs, les résultats obtenus ont été qualifiés et quantifiés sans intégrer<br />

une quelconque comparaison avec un négatif issu d’un développement classique.<br />

Nous connaissons donc les propriétés de notre système, qu’il serait intéressant de<br />

repro<strong>du</strong>ire avec un révélateur non colorant, afin de prouver, d’une manière<br />

différente, l’intérêt <strong>du</strong> révélateur Pyrocat-HD.<br />

D’autre part, le système pourrait éventuellement, par le biais de tests<br />

supplémentaires, être appliqué à d’autres procédés alternatifs aux sels de fer comme<br />

le procédé au platine / palladium de Michael Ware ou encore le Cyanotype, qui<br />

possèdent des caractéristiques similaires en terme de dynamique. Les possibilités<br />

offertes par un même négatif seraient alors démultipliées et ouvriraient l’image à<br />

autant de ren<strong>du</strong>s différents.<br />

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Bibliographie<br />

Ouvrages<br />

- ANCHELL Stephen G. et TROOP Bill, The Film Developping Cookbook, Focal<br />

Press, Elsevier, 1998.<br />

- ANCHELL Stephen G., The Darkroom Cookbook, Focal Press, Boston, 1994.<br />

- ARENTZ Dick, Platinum and Palladium Printing, Focal Press, Boston, 2000.<br />

- BARNIER John, Coming into Focus, Chronicle Books, San Francisco, 2000.<br />

- BESSIS Amandine, Influence de l’image secondaire des négatifs traités au pyrogallol<br />

lors <strong>du</strong> tirage sur papier à grade variable, <strong>mémoire</strong> de recherche sous la direction<br />

de M. Bernard Leblanc, E.N.S.L.L, 1998.<br />

- BIEGER-THIELEMANN Marianne, tra<strong>du</strong>ction de Catherine Henry, La<br />

Photographie <strong>du</strong> 20 e siècle, Taschen, Cologne, 2001.<br />

- CRAWFORD William, Keepers of light, New-York, Morgan&Morgan, 1979.<br />

- EDER J.M., History of Photography, trad. ang. Epstean Edward, Colombia<br />

University Press, New-York, 1945.<br />

- GLAFKIDÈS Pierre, Chimie et physique photographique (5 ème édition), L’Usine<br />

Nouvelle, Paris, 1987.<br />

- GLAFKIDÈS Pierre et MONTEL Pierre, Cours de chimie photographique, LTA,<br />

Paris, 1992.<br />

- HUTCHINGS Gordon, The Book of pyro, Ralph Talbert, Granite Bay Californie,<br />

1991.<br />

- JAMES Christopher, The Book of Alternative Photographic Processes, Delmar,<br />

New-York, 2002.<br />

- KOCKAERTS Roger, Procédés nobles en photographie, Editions pH7, Bruxelles,<br />

2001.<br />

- PITOIS E., La Photographie, Delagrave, Paris, 1925.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 100


- ROSCOE Henry-Enfield, A Treatise on Chemistry, Macmillan, London, 1881.<br />

- SULLIVAN Richard et WEESE Carl, The New Paltinum Print, Working Pictures<br />

Press, Westfield, 1998.<br />

- WEBB Randall et REED Martin, trad. fr. et adaptation Bouillot René, L’Esprit<br />

des sels, Editions VM, Paris, 2000.<br />

Articles<br />

- CHAPMAN Robert, « Pyro developper », PHOTO Techniques,<br />

Novembre/Décembre 1999.<br />

- DEXTER King, «Rotary Drum Processing and Pyro», View Camera magazine,<br />

Janvier/Février 1992.<br />

- GANDOLFO Jean-Paul, «Le procédé argentique noir et blanc», polycopié,<br />

<strong>Ecole</strong> Nationale Supérieure <strong>Louis</strong>-Lumière, Avril 2003.<br />

- HARMON Clay, «Pyrocat-HD, a new phenidone-pyrocatechin staining<br />

developper : a useful substitute for PMK», http://www.unblinkingeye.com,<br />

2002.<br />

- HARMON Clay, «Testing Pyrocat-HD», http://www.unblinkingeye.com, 2002<br />

- HERBST Bob, «The Effects of Pyro Stain in Platinum Printing», View Camera<br />

magazine, Juillet/Août 1999.<br />

- HERBST Bob, «A Densitometer for Reading Pyro Negatives», View Camera<br />

magazine, Mars/Avril 2003.<br />

- KING Sandy, «An Intro<strong>du</strong>ction to Pyro Staining Developpers, With Special<br />

Attention to the Pyrocat-HD Formula», http://www.unblinkingeye.com, 2000.<br />

- KING Sandy, tra<strong>du</strong>ction de , «Une intro<strong>du</strong>ction aux révélateurs colorants au<br />

Pyro, avec une attention particulière pour le Pyrocat-HD»,<br />

http://www.galerie-photo.com, 2003.<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 101


- KING Sandy, «The Mystery and Science of Pyro», The World Journal of Post<br />

Factory Photography, n°4, 1999.<br />

- LEBLANC Bernard, « Densitométrie noir et blanc », Photologie, n°2, 1980.<br />

- LEBLANC Bernard, « Ilford FP4 Plus », Le Photographe, n°1480, 1982.<br />

- LEBLANC Bernard, « La sensibilité ISO des films négatifs noir-blanc »,<br />

Photologie, n°11, 1982.<br />

- LEBLANC Bernard, « Le papier Ilford Multigrade FB », Le Photographe, n°1432,<br />

Mars 1986.<br />

- LEBLANC Bernard, «Le flare », Le Photographe, n°1444, 1987.<br />

- LEBLANC Bernard, « Ilford Multigrade IV FB et FB Warmtone », Le<br />

Photographe, n°1549, 1997.<br />

- SIMMONS Steve, DAVIS Phil, HUTCHINGS Gordon, «The Black and White<br />

Corner», View Camera magazine, Janvier/Février 1997.<br />

- SULLIVAN Richard, «The Ziatype Compared to the Ware-Malde Process»,<br />

http://www.bostick-sullivan.com, 2002.<br />

- WARE Michael J., «Platinum Reprinted», The British Journal of Photography, 17<br />

Octobre 1986.<br />

- WARE Michael J., «An Investigation of Platinum and Palladium Printing» ,<br />

The Journal of Photographic Science, Vol. 34, 1986.<br />

- WEESE Carl, «Pyro Development for Dual-Purpose Negatives», PHOTO<br />

Techniques, Nov/Dec, 1999.<br />

Sites internet<br />

- www.ilford.fr<br />

- www.bergger.fr<br />

- www.xrite.com<br />

- www.galerie-photo.com<br />

Delphine Chapuis-ENSLL-2005 102


- www.bostick-sullivan.com<br />

- www.photoformulary.com<br />

- www.unblinkingeye.com<br />

- www.<strong>du</strong>ke.usask.ca<br />

- www.permadocument.be<br />

- www.mikeware.demon.co.uk<br />

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Glossaire<br />

Acutance ou effet Eberhard : Provoqué par les variations locales de concentration <strong>du</strong><br />

révélateur, pro<strong>du</strong>it des pics de densités aux lignes de séparation qui accentuent la<br />

netteté.<br />

Affaiblissement : diminution chimique de la densité argentique dʹune image.<br />

Distillation : opération qui consiste à débarrasser un corps solide de ses composants<br />

gazeux ou liquides.<br />

Effets de bord : Ils concernent ce qui se pro<strong>du</strong>it à la limite de séparation des zones de<br />

forte et de faible densité au cours <strong>du</strong> développement. Ce sont eux qui augmentent ou<br />

modifient la définition, sans aucun rapport avec le pouvoir résolvant. Les effets de<br />

bord sont au nombre de trois dont le plus important est l’effet Eberhard.<br />

E.I : Exposure index ou Indice dʹexposition, valeur de sensibilité à laquelle le film est<br />

exposé.<br />

Epaule de courbe ou curviligne <strong>supérieure</strong> : zone de surexposition <strong>du</strong> film.<br />

Ev : Exposure value, exemple: sous exposer dʹun Ev équivaut à sous exposer dʹun<br />

diaphragme.<br />

Flare : Terme anglais pour ʺlumière parasiteʺ : il sʹagit de rayons lumineux qui ne<br />

forment pas dʹimage, mais viennent s’y superposer à lʹimage.<br />

Isomères : Se dit de composés chimiques, très nombreux en chimie organique, ayant<br />

la même formule brute mais des propriétés différentes <strong>du</strong>es à des fonctions<br />

différentes.<br />

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Lumination : Quantité de lumière incidente, en E (éclairement) x temps (sec).<br />

Ecart à la loi de réciprocité ou Effet Schwarzshild: Lorsque que lʹon sʹécarte des<br />

conditions de réciprocité, cʹest à dire pour des temps de pose au dessus de 1/8ème de<br />

seconde ou en dessous de 1/1000ème de seconde, la sensibilité <strong>du</strong> film décroît et le<br />

noircissement de lʹémulsion diminue. La réponse <strong>du</strong> film sera différente même si<br />

l’éclairement est constant.<br />

Ré<strong>du</strong>cteur : espèce chimique capable de libérer des électrons. Permet de faire passer<br />

les halogénures dʹargent exposés à l’état d’argent métallique.<br />

pH : potentiel dʹhydrogène. Coefficient utilisé pour définir lʹacidité ou la basicité<br />

(alcalinité) dʹune solution aqueuse.<br />

Phénols : Dérivés oxhydrylés des hydrocarbures aryliques (cycliques), donc<br />

caractérisés par la fonction –OH rattachée au noyau et conférant des propriétés<br />

particulières.<br />

Pied de courbe ou curviligne inférieure : zone de sous exposition <strong>du</strong> film, elle se<br />

situe en dessous de la partie rectiligne de la courbe.<br />

Spectre : Représentation de la contribution (énergétique par exemple) des<br />

composantes monochromatiques dʹune onde (onde sonore, onde électromagnétique<br />

ou rayonnement), en fonction de la fréquence (ou longueur dʹonde) de ses<br />

composantes.<br />

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