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Johann Riche, accordéon - Beltuner

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douceur des mots en feu. B(r)ouillonante euphorie qui progressivement s’emparera de la<br />

scène, qui voguera en un va et vient haletant, jusqu’à la jouissance des mots sortis enfin,<br />

et qui permettra une dernière histoire d’amour apaisée. s’en défie aussi comme visage<br />

écrit et crié d’une haine sourde où l’oubli des uns attaque la faiblesse des autres. Quand il<br />

chante la vie, il en rappelle la violence, le viol, la p(eine)étration qui en sont les noirs<br />

corollaires. La douleur du poète s’achoppe à la douceur des mots en feu. B(r)ouillonante<br />

euphorie qui progressivement s’emparera de la scène, qui voguera en un va et vient<br />

haletant, jusqu’à la jouissance des mots sortis enfin, et qui permettra une dernière histoire<br />

d’amour apaisée.<br />

Ghérasim Luca, poète–polyglotte, revit dans le corps d’Alain Fromager, lui même acteur<br />

polymorphe, capable de faire le grand écart entre mauvaises productions<br />

cinématographiques et très belles interprétations théâtrales. Spectacle tout entier porté<br />

par un jeu de miroir entre corps à corps et mots bouche, entre les pleins de vide et les<br />

virginales pénétrations… Le comédien devient double de lui-même, galopant avec les mots<br />

du désespoir, sa silhouette vieillissante se redressant soudain pour une dernière danse<br />

légère et emportée, femme en laquelle le peuple du voyage tout entier s’incarne en cet<br />

instant magique. Une performance impressionnante et amoureusement portée par la<br />

douce voix de <strong>Johann</strong> <strong>Riche</strong> et son <strong>accordéon</strong>.<br />

La scénographie, rappelant quelques bars cubains désertés, avec pour tout décor des<br />

chaises usées, une table et un coffre en fer, est habillée d’une mise en lumière subtile, où<br />

les sonorités algébriques volantes et immersives viennent s’accrocher à ces zHéros limites,<br />

les embourbant dans un marais de lettres blanches, une noyade au fond d’un lac…où l’on<br />

ne sait pas si la vie l’emportera sur la mort…à la fin.<br />

Une audace. Une réussite.<br />

Marion Oddon<br />

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