SFIO 54ème Congrès national des 30, 31 mai, 1 et 2 juin ... - Ourouk

Nous avons été d'accord Guy Mollet et moi. Je ne sais pas qui a pensé le premier
à cela de moi ou de Georges Brutelle, mais il s'agit d'un triptyque pour nos deux
publications qui vivaient séparément ; une seule équipe avec un traitement
unique dans un local unique. Nous étions d'accord sur cela, mais il y a eu un
désaccord que je ne veux pas passer sous silence car il est fondamental et il a
provoqué entre Guy Mollet et moi une séance dure, orageuse, pendant laquelle
Guy Mollet m'a dit : "Mais nous allons te chasser du Parti !... Tu partiras avec la
caisse".
Moi, je suis sûr que ces mots-là (je ne veux pas dire qu'ils dépassaient la pensée
de Guy Mollet) ils ne reflétaient pas la pensée de Guy Mollet.
Ils étaient lancés dans le feu de la discussion, et je dois dire que je lui en ai lancé
d'autres !
Je suis néanmoins certain que personne, de toi ou de moi, ne retiendra ces
violences verbales, ces violences inutiles !
Quel était notre désaccord ? Et pourquoi Guy Mollet me disait-il "nous te
chasserons" ?
Eh bien, parce que j'avais dit, tout d'abord, à Gérard Jacquet, qui est directeur
politique du journal : "Vois tu, pour sauver le Populaire, il faut l'ouvrir". Non
pas ouvrir cette tribune libre dont on a une fois discuté longuement et
inutilement ici, contre laquelle je me suis opposé, cette tribune qui consistait à
donner des colonnes à d'excellents militants qui, sur des points plus particuliers
de notre doctrine, de notre tactique, de ceci ou de cela, ne sont pas d'accord sur
des qualificatifs ou sur l'emplacement d'une virgule, ou à certains qui veulent
surtout avoir leur signature dans le journal du Parti.
Donc, pour cette tribune là, je ne suis pas d'accord, mais je voudrais voir le
journal du Parti ouvert à ceux qui ne sont pas Socialistes, et j'avais trouvé cette
formule, à ceux qui vont des radicaux nuance Président Monerville ou
Maroselli, à l'électeur Communiste.
Et je dis bien "l’électeur Communiste", car comme Guy Mollet dit : nous
pourrons nous entendre avec eux lorsqu'ils ne seront plus inconditionnellement
soumis à Moscou, à ce moment-là il n'y aura pas de raison de s'entendre avec
eux, car ils n'existeront plus, ils ne seront plus au Parti Communiste.
Mon opposition aux Communistes, elle n'est que spirituelle, mais pour n'être que
spirituelle, elle n'est que plus formelle.
Et je pense que parmi les millions de suffrages Communistes, de suffrages
portés aux candidats du Parti Communiste, il y a une proportion infime de
suffrages Communistes. Par conséquent, ces électeurs Communistes ne les
écartons pas.
Et, je rapporte cela au hasard, Brutelle, puis, Jacquet, les deux, m'ont dit : va
proposer cela au Comité directeur, tu auras du mal à l'obtenir !
Je me suis dit : je vais toujours en parler à Guy Mollet, avant d'aller plus loin, et
quand j'ai dit à Guy Mollet quelle était mon intention et que j'ai vu qu'il était
contre, j'ai dit tout de suite au Président directeur de la Société - car je tiens mes