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Attention et vieillissement - Psychologie - M. Fouchey

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La maladie de Parkinson<br />

L’innervation dopaminergique du cortex préfrontal<br />

joue un rôle fondamental dans les tâches attentionnelles.<br />

Par ailleurs, l’engagement automatique ou exogène<br />

de l’attention <strong>et</strong> le maintien de l’attention dépendraient<br />

des ganglions de la base. La maladie de<br />

Parkinson est donc susceptible de perturber plusieurs<br />

composantes de l’attention associant des eff<strong>et</strong>s consécutifs<br />

aux lésions frontales (contrôle volontaire de l’attention)<br />

à des eff<strong>et</strong>s consécutifs au dysfonctionnement<br />

sous-cortico-frontal [47, 48].<br />

• <strong>Attention</strong> sélective<br />

Les patients souffrant de maladie de Parkinson présenteraient<br />

des difficultés d’attention sélective, se traduisant<br />

par une baisse de performance dans des épreuves<br />

de catégorisation perceptive <strong>et</strong> de jugement<br />

d’orientation de lignes.<br />

Dans des tâches utilisant des indices spatiaux centraux,<br />

les patients atteints de maladie de Parkinson,<br />

mais non déments, présentent un eff<strong>et</strong> moindre de<br />

l’indiçage [49, 50] : leurs temps de réponse à la cible ne<br />

sont pas meilleurs dans la condition valide que dans la<br />

condition non valide. C<strong>et</strong>te absence de différence a été<br />

interprétée comme le refl<strong>et</strong> d’un ralentissement dans le<br />

mouvement de l’attention spatiale. Une plus grande<br />

« facilité » dans le désengagement de l’attention a également<br />

été observée <strong>et</strong> interprétée comme un déficit<br />

dans le maintien de l’attention ou comme un déclin<br />

rapide de l’inhibition [50].<br />

Parfois, les eff<strong>et</strong>s d’indiçage seraient au contraire<br />

anormalement grands, par exemple lors d’indiçage périphérique<br />

pour les SOA courts, suggérant une possible<br />

orientation de l’attention exogène exagérée vers<br />

des stimulus périphériques [51]. Ce trouble de l’attention<br />

exogène interviendrait dans d’autres déficits cognitifs<br />

rencontrés dans la maladie de Parkinson comme<br />

les déficits visuoperceptifs ou les déficits d’apprentissage.<br />

Par ailleurs, Filoteo <strong>et</strong> al. [50] ont observé une<br />

réduction des eff<strong>et</strong>s d’indiçage périphérique pour les<br />

SOA les plus longs (1 000 ms), qu’ils ont attribué à une<br />

réduction de l’inhibition de r<strong>et</strong>our. Le déficit dans le<br />

maintien de l’inhibition serait peut-être à l’origine du<br />

déficit général d’attention sélective chez ces patients.<br />

• Commande attentionnelle<br />

Dans la maladie de Parkinson, des déficits attentionnels<br />

sont rencontrés dans les tâches qui m<strong>et</strong>tent en jeu<br />

le conflit ou l’inhibition : test de Stroop, paradigme de<br />

Brown-P<strong>et</strong>erson [52], catégorisation perceptive, paradigmes<br />

d’alternance entre deux s<strong>et</strong>s [48]. Des études<br />

ont montré, par ailleurs, des eff<strong>et</strong>s anormaux d’amorçage<br />

négatif, mais les résultats sont contradictoires<br />

puisque certains auteurs ont rapporté une exagération<br />

des eff<strong>et</strong>s [53], <strong>et</strong> d’autres des eff<strong>et</strong>s moindres. Certaines<br />

différences de caractéristiques dans les tâches (position<br />

des stimuli, type de stimuli, feedback donné ou<br />

non sur la performance, réponse unimanuelle ou bimanuelle,<br />

<strong>et</strong>c.) peuvent expliquer en partie ces divergences.<br />

Conclusion<br />

<strong>Attention</strong> <strong>et</strong> <strong>vieillissement</strong><br />

L’attention est une fonction particulièrement fragile<br />

lors du <strong>vieillissement</strong>. Des déficits massifs sont r<strong>et</strong>rouvés<br />

lors de lésions dégénératives ou non, avec, par<br />

exemple, des troubles précoces de l’attention sélective<br />

spatiale dans la maladie d’Alzheimer, mais aussi des<br />

troubles de la commande attentionnelle (fonction régulatrice<br />

de contrôle) dans beaucoup de processus dégénératifs.<br />

Dans le <strong>vieillissement</strong> normal, des difficultés<br />

attentionnelles pourraient contribuer au ralentissement<br />

fréquemment observé chez les suj<strong>et</strong>s âgés. Ainsi, les<br />

fonctions de contrôle déclinent avec l’âge, comme en<br />

témoignent les performances aux tests m<strong>et</strong>tant en jeu<br />

plusieurs tâches (simultanées ou séquentielles), ou aux<br />

tests de résolution de conflit (dans lesquels une information<br />

interférente doit être inhibée), ainsi que les difficultés<br />

à prendre en compte les informations contextuelles<br />

(ce qui doit perm<strong>et</strong>tre normalement de garder<br />

en vue un but donné lors du déploiement de l’attention).<br />

Actuellement, les modèles séparant attention sélective,<br />

commande attentionnelle <strong>et</strong> vigilance perm<strong>et</strong>tent<br />

de produire un tableau relativement clair de ces<br />

troubles attentionnels. Il reste toutefois quelques résultats<br />

discordants qui pourraient dépendre des différences<br />

entre les tests utilisés <strong>et</strong> de la variabilité des populations<br />

étudiées (chez les patients, mais aussi chez les<br />

suj<strong>et</strong>s normaux en fonction de la tranche d’âge). Cependant,<br />

les théories cognitives <strong>et</strong> les modèles anatomiques<br />

évoluent <strong>et</strong> devraient perm<strong>et</strong>tre, à l’avenir, de<br />

préciser les mécanismes intimes du contrôle attentionnel<br />

<strong>et</strong> de son déclin avec le <strong>vieillissement</strong>.<br />

Psychol NeuroPsychiatr Vieillissement 2004 ; vol. 2, n° 4 : 257-69 267

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