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Attention et vieillissement - Psychologie - M. Fouchey

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É. Siéroff, A. Piquard<br />

• Sous-système de vigilance<br />

Il décrit d’abord un sous-système de vigilance<br />

(incluant alerte <strong>et</strong> attention soutenue), correspondant<br />

aux voies neurochimiques ascendantes, notamment<br />

noradrénergiques, <strong>et</strong>, sur le plan cortical, aux régions<br />

frontales droites. Ce sous-système assure un aspect<br />

quelque peu « primitif » de l’attention, la mise en disponibilité<br />

non spécifique du système de réponse. Ce<br />

système se développe très tôt perm<strong>et</strong>tant au nourrisson<br />

de réagir aux stimulus de l’environnement.<br />

• Sous-système d’attention sélective<br />

Il décrit ensuite le sous-système postérieur de l’attention<br />

sélective, qui perm<strong>et</strong> d’effectuer la sélection.<br />

Les régions postérieures du cerveau perm<strong>et</strong>traient<br />

d’orienter l’attention de manière sélective vers les informations<br />

[12]. Ce sous-système se développerait dès les<br />

premiers mois de l’enfance <strong>et</strong> utiliserait essentiellement<br />

l’acétylcholine comme neuromédiateur. La mise<br />

en jeu de ce sous-système peut être évaluée grâce à<br />

des tests de recherche spatiale ou d’indiçage spatial.<br />

Posner décrit même des composantes différentes de<br />

l’orientation faisant intervenir des structures anatomiques<br />

variées, comme le colliculus, le pulvinar (pour<br />

l’engagement de l’attention) ou les régions pariétales<br />

postérieures (pour le désengagement de l’attention).<br />

• Sous-système de commande attentionnelle<br />

Enfin, le sous-système de commande (ou contrôle)<br />

ferait intervenir les régions préfrontales <strong>et</strong> la partie<br />

antérieure du gyrus cingulaire [13, 14]. Ce soussystème,<br />

essentiellement dopaminergique, se développerait<br />

plus tardivement que les deux autres, débutant<br />

lors de la deuxième moitié de la première année <strong>et</strong> se<br />

poursuivant lors de la deuxième année de la vie. Il<br />

perm<strong>et</strong>trait de sélectionner ou de distribuer son attention<br />

en fonction des besoins (faire attention à une localisation,<br />

à un certain type d’obj<strong>et</strong>, à une phrase entendue,<br />

au contenu de la mémoire de travail, à un plan<br />

d’action, <strong>et</strong>c.), de modifier son attention <strong>et</strong> de résoudre<br />

des conflits cognitifs. La notion de commande attentionnelle<br />

est très proche des notions de système attentionnel<br />

superviseur [15], de système de coordination<br />

des programmes moteurs [10] ou des actions, ou encore<br />

d’administrateur central de la mémoire de travail<br />

[16]. Sa mise en jeu peut être évaluée par les tests de<br />

type double tâche ou apparentés <strong>et</strong> les tests de<br />

« conflit ». Différentes composantes ont été décrites par<br />

les auteurs (comme l’inhibition comportementale, la<br />

flexibilité, la planification, <strong>et</strong>c.). Cependant, comme le<br />

souligne Duncan [17], ces composantes ne semblent<br />

correspondre ni à des régions anatomiques distinctes,<br />

262<br />

ni aux performances à des tests spécifiques (même si<br />

l’on a tendance à parler de trouble d’inhibition lors de<br />

déficit au Stroop <strong>et</strong> de trouble de la flexibilité lors de<br />

déficit au Wisconsin). Il est difficile d’affirmer, par exemple,<br />

qu’un déficit dit « d’inhibition » soit de nature fondamentalement<br />

différente d’un déficit dit « de flexibilité<br />

». En fait, les théories actuelles sur l’attention ne<br />

nous perm<strong>et</strong>tent pas encore de donner une image<br />

claire des différentes composantes de la commande<br />

attentionnelle.<br />

Selon LaBerge [1, 14], le contrôle attentionnel (ou<br />

commande) repose sur la sélection de l’obj<strong>et</strong> d’intérêt<br />

<strong>et</strong> son maintien. Les régions préfrontales perm<strong>et</strong>traient<br />

donc la sélection <strong>et</strong> le maintien de l’attention. En ce<br />

sens, le sous-système « d’attention sélective » décrit<br />

par Posner ne serait en fait, selon LaBerge, que « l’expression<br />

» de l’attention, contrôlée par les régions préfrontales,<br />

dans un domaine précis (localisation, obj<strong>et</strong>)<br />

au niveau du cortex postérieur. De plus, le maintien<br />

pourrait correspondre à l’attention soutenue (ou<br />

concentration), notion souvent confondue dans la littérature<br />

avec la vigilance ou alerte tonique. Ce maintien<br />

demanderait une forte quantité de contrôle, donc l’intervention<br />

des régions préfrontales.<br />

Différenciation endogène/exogène<br />

Plusieurs hypothèses anatomiques ont été formulées<br />

sur la distinction entre l’attention endogène <strong>et</strong> l’attention<br />

exogène. Pour certains, ces deux types de mises<br />

en jeu correspondraient aux mêmes réseaux<br />

anatomiques. Pour d’autres, ils correspondraient à des<br />

réseaux au moins partiellement distincts, mais tous ne<br />

s’entendent pas sur le type de distinction. Pour Gainotti<br />

[18] par exemple, l’hémisphère droit, spécialisé dans<br />

l’alerte <strong>et</strong> l’orientation de l’attention spatiale, perm<strong>et</strong>trait<br />

à l’attention d’être mise en jeu de manière exogène.<br />

Une telle hypothèse est congruente avec celle de<br />

Posner qui relie, inversement, l’hémisphère gauche<br />

avec la commande endogène de l’attention, ce qui rejoint<br />

l’idée de Luria d’une importance particulière du<br />

langage comme régulateur du comportement. Beaucoup<br />

d’auteurs considèrent plutôt que la commande<br />

endogène repose sur les structures préfrontales <strong>et</strong> la<br />

mise en jeu exogène sur les structures postérieures,<br />

notamment les aires secondaires des différentes modalités<br />

sensorielles. D’autres enfin, comme Corb<strong>et</strong>ta <strong>et</strong><br />

Shulman [19], voient plutôt une distinction entre un<br />

réseau fronto-pariétal dorsal pour l’attention volontaire<br />

(donc endogène), la recherche <strong>et</strong> la détection, <strong>et</strong> un<br />

réseau fronto-pariétal ventral pour la capture attentionnelle<br />

(exogène) <strong>et</strong> la mise à jour du contenu du foyer<br />

attentionnel.<br />

Psychol NeuroPsychiatr Vieillissement 2004 ; vol. 2, n° 4 : 257-69

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