Attention et vieillissement - Psychologie - M. Fouchey
Attention et vieillissement - Psychologie - M. Fouchey
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É. Siéroff, A. Piquard<br />
tion, tout d’abord le <strong>vieillissement</strong> normal, puis les pathologies<br />
associées au <strong>vieillissement</strong> (lésions<br />
dégénératives ou autres).<br />
L’attention, fonction<br />
psychologique de contrôle<br />
Une définition opérationnelle de l’attention<br />
Presque tous les ouvrages ou les articles sur l’attention<br />
se réfèrent à la définition donnée en 1890 par<br />
William James, psychologue <strong>et</strong> physiologiste américain.<br />
Selon lui, l’attention est liée à l’expérience consciente<br />
de l’individu : l’attention est la sélection d’une<br />
information extérieure ou d’une pensée sous une forme<br />
claire <strong>et</strong> précise <strong>et</strong> son maintien dans la conscience.<br />
C’est la concentration de l’activité mentale sur un obj<strong>et</strong><br />
déterminé (en latin, attentio = tension de l’esprit vers<br />
un obj<strong>et</strong>). L’obj<strong>et</strong> de l’attention, c’est-à-dire le contenu<br />
du foyer attentionnel, va, selon LaBerge [1] emplir l’esprit<br />
(mindfulness). L’état attentionnel se distingue donc<br />
du simple état d’éveil par « l’obj<strong>et</strong> » qu’il perm<strong>et</strong> de<br />
sélectionner.<br />
La sélection est rendue nécessaire dans la mesure<br />
où l’individu est confronté simultanément à une multitude<br />
d’informations potentiellement intéressantes.<br />
Ainsi, nous ne pouvons pas identifier deux choses en<br />
même temps <strong>et</strong> nous ne pouvons pas exécuter deux<br />
actions élaborées <strong>et</strong> complexes en même temps. Il faut<br />
donc bien établir une priorité <strong>et</strong> faire une sélection. De<br />
plus, l’information sélectionnée doit être maintenue à<br />
un haut niveau de traitement pendant un temps prolongé<br />
afin de s’en faire une représentation claire <strong>et</strong><br />
précise <strong>et</strong> de déclencher une stratégie d’action appropriée.<br />
À ce titre, l’attention est fortement liée à la mémoire<br />
de travail, conceptuellement <strong>et</strong> anatomiquement,<br />
<strong>et</strong> de nombreux travaux soulignent ces liens. En<br />
résumé, l’attention demande en premier lieu une opération<br />
de sélection (faire attention « à » quelque chose)<br />
<strong>et</strong> une augmentation de l’intensité de traitement alloué<br />
à l’obj<strong>et</strong> sélectionné (fonction du « maintien »).<br />
Notion de système attentionnel<br />
La majorité des théories cognitives actuelles sont<br />
causales <strong>et</strong> reposent sur l’existence d’un système attentionnel,<br />
contrairement aux théories de l’eff<strong>et</strong> qui considèrent<br />
l’attention comme un simple épiphénomène du<br />
traitement de l’information, un index passif de la complexité<br />
du traitement en cours [2]. Deux domaines peuvent<br />
être distingués selon la théorie causale. Le premier<br />
domaine ou système préattentionnel perm<strong>et</strong><br />
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l’analyse de l’information (encodage <strong>et</strong> catégorisation,<br />
accès au code sémantique) à des niveaux multiples.<br />
Son mode de fonctionnement est automatique <strong>et</strong> non<br />
conscient. Sa capacité est grande (beaucoup d’informations<br />
peuvent être traitées). Le deuxième système est le<br />
système attentionnel lié à la conscience. Sa capacité<br />
est limitée (on ne peut traiter à un haut niveau de<br />
traitement qu’un nombre limité d’informations) <strong>et</strong> il<br />
sélectionne les informations qui entreront dans le premier<br />
domaine ou qui en sortiront.<br />
Mise en jeu de l’attention<br />
L’attention, perm<strong>et</strong>tant de former des représentations<br />
sur lesquelles une réflexion ou une décision d’action<br />
peuvent être prises, intervient dans toutes les activités<br />
pour lesquelles une routine de traitement ou une<br />
réponse automatique n’est pas possible ou peu souhaitable.<br />
Ainsi, l’attention est mise en jeu chaque fois que<br />
la tâche est complexe ou que les conditions contextuelles<br />
sont inhabituelles, ou encore quand l’information à<br />
traiter est nouvelle ou quand une stratégie de réponse<br />
à l’information doit être élaborée.<br />
En fait, l’attention peut être mise en jeu de deux<br />
manières [3]. La première manière correspond à un<br />
biais interne qui ne dépend pas directement de la réalité<br />
actuelle du monde extérieur, c’est la mise en jeu<br />
endogène de l’attention : c’est le suj<strong>et</strong> lui-même qui<br />
dirige volontairement son attention vers une certaine<br />
information. C<strong>et</strong>te mise en jeu perm<strong>et</strong> d’assurer la cohérence<br />
<strong>et</strong> la continuité du comportement par rapport à<br />
des buts prédéfinis (<strong>et</strong> contenus dans la mémoire de<br />
travail). La deuxième manière de m<strong>et</strong>tre en jeu l’attention<br />
est exogène : l’attention peut être attirée vers un<br />
événement soudain du monde extérieur (capture attentionnelle).<br />
C<strong>et</strong>te attention exogène perm<strong>et</strong> de rendre le<br />
comportement flexible en fonction des modifications<br />
de l’environnement. Néanmoins, ces modifications ne<br />
modifient le comportement du suj<strong>et</strong> que si celui-ci décide<br />
d’en tenir compte.<br />
Eff<strong>et</strong> de l’attention<br />
Plus ou moins d’attention détermine l’efficience de<br />
l’esprit <strong>et</strong> la plupart des auteurs reconnaissent le rôle<br />
majeur de l’attention dans le développement de l’intelligence.<br />
Selon Lucrèce, les choses ne sont pas vues<br />
n<strong>et</strong>tement à moins que l’esprit s’y soit préparé. Pour<br />
Descartes, la clarté <strong>et</strong> le caractère distinctif des choses<br />
sont des caractéristiques phénoménologiques qui peuvent<br />
être améliorées quand l’attention est dirigée vers<br />
une idée. En fait, selon les modèles actuels, s’il est<br />
indéniable que la sélection attentionnelle perm<strong>et</strong> un<br />
Psychol NeuroPsychiatr Vieillissement 2004 ; vol. 2, n° 4 : 257-69