You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Ange gardien<br />
LES PETITS METIERS OUBLIES DE PARIS<br />
Et leurs anecdotes<br />
Annie AUGÉ, adhérente n°6<br />
Jamais les marchands de vin n’ont autant prospéré qu’au XIXe siècle. Ce succès fut à<br />
l’origine d’un nouveau métier. L’ange gardien était chargé de raccompagner chez eux les clients<br />
éméchés.<br />
Sur un signe du patron, l’ange gardien prenait son homme à bras-le-corps et le reconduisait<br />
à son domicile. Il fallait être patient et fin psychologue ; il devait d’abord rassurer son client – non,<br />
sa femme ne lui en voudrait pas…, oui, le vin était bon pour la santé…, essuyer sans broncher ses<br />
colères, ses pleurs, ramasser son chapeau jeté dans le ruisseau et pour finir, affronter les<br />
remontrances de l’épouse.<br />
En récompense, il recevait quelques pièces du client et avait table ouverte chez le<br />
marchand de vin. La plupart des anges gardiens opéraient à Montmartre et autour de la place<br />
Maubert.<br />
Marchande d’arlequins<br />
Voici un des plus étonnants des métiers oubliés ! Dès la fin du XVIIIe siècle, on vit<br />
apparaître sur les marchés et les places publiques de fières matrones armées d’une louche, qui<br />
pour 25 centimes, vendaient poulardes farcies, chapons à la braise, homards et turbots, cuissots<br />
de chevreuils ou lapereaux aux truffes. Le malheur était que ces mets délicieux bouillaient et<br />
rebouillaient dans la même marmite. C’était la tambouille de la marchande d’arlequins.<br />
Cette dernière devait son nom à la pratique de mélanger toutes sortes de plats à la manière<br />
de l’habit d’arlequin.<br />
Le brouet indigeste qui en résultait était fait des restes de repas des maisons bourgeoises<br />
ou des grands restaurants. Celui qui pouvait envisager un déjeuner et qui avait de la chance, la<br />
louche lui offrait un morceau mangé seulement à moitié. Si c’était un jour de déveine, il devait se<br />
contenter d’un rogaton nageant dans de l’eau clair. Cette loterie du pauvre s’est maintenue<br />
jusqu’au début du XXe siècle.<br />
Tireur à la blanque<br />
Le mot blanque dérive de l’italien bianca qui signifie<br />
loterie. Il s’agissait d’une espèce de roulette, assez semblable à<br />
celles des forains, où le hasard permettait de gagner des lots<br />
suspendus dans la boutique.<br />
Si l’on perdait, on avait « trouvé blanque », l’expression<br />
signifiant qu’on n’avait pas trouvé ce que l’on cherchait. Le jeu<br />
de la blanque, introduit en France par les Italiens de la suite de<br />
Catherine de Médicis, disparut quand Casanova, inventa la<br />
loterie.<br />
La formule « à la blanque » subsista quant à elle,<br />
signifiant « à tout hasard ».<br />
« la petite loterie » gravure de Poisson<br />
vers 1775<br />
Nouvelles Racines n°93 24