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N°093 - shage

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Ange gardien<br />

LES PETITS METIERS OUBLIES DE PARIS<br />

Et leurs anecdotes<br />

Annie AUGÉ, adhérente n°6<br />

Jamais les marchands de vin n’ont autant prospéré qu’au XIXe siècle. Ce succès fut à<br />

l’origine d’un nouveau métier. L’ange gardien était chargé de raccompagner chez eux les clients<br />

éméchés.<br />

Sur un signe du patron, l’ange gardien prenait son homme à bras-le-corps et le reconduisait<br />

à son domicile. Il fallait être patient et fin psychologue ; il devait d’abord rassurer son client – non,<br />

sa femme ne lui en voudrait pas…, oui, le vin était bon pour la santé…, essuyer sans broncher ses<br />

colères, ses pleurs, ramasser son chapeau jeté dans le ruisseau et pour finir, affronter les<br />

remontrances de l’épouse.<br />

En récompense, il recevait quelques pièces du client et avait table ouverte chez le<br />

marchand de vin. La plupart des anges gardiens opéraient à Montmartre et autour de la place<br />

Maubert.<br />

Marchande d’arlequins<br />

Voici un des plus étonnants des métiers oubliés ! Dès la fin du XVIIIe siècle, on vit<br />

apparaître sur les marchés et les places publiques de fières matrones armées d’une louche, qui<br />

pour 25 centimes, vendaient poulardes farcies, chapons à la braise, homards et turbots, cuissots<br />

de chevreuils ou lapereaux aux truffes. Le malheur était que ces mets délicieux bouillaient et<br />

rebouillaient dans la même marmite. C’était la tambouille de la marchande d’arlequins.<br />

Cette dernière devait son nom à la pratique de mélanger toutes sortes de plats à la manière<br />

de l’habit d’arlequin.<br />

Le brouet indigeste qui en résultait était fait des restes de repas des maisons bourgeoises<br />

ou des grands restaurants. Celui qui pouvait envisager un déjeuner et qui avait de la chance, la<br />

louche lui offrait un morceau mangé seulement à moitié. Si c’était un jour de déveine, il devait se<br />

contenter d’un rogaton nageant dans de l’eau clair. Cette loterie du pauvre s’est maintenue<br />

jusqu’au début du XXe siècle.<br />

Tireur à la blanque<br />

Le mot blanque dérive de l’italien bianca qui signifie<br />

loterie. Il s’agissait d’une espèce de roulette, assez semblable à<br />

celles des forains, où le hasard permettait de gagner des lots<br />

suspendus dans la boutique.<br />

Si l’on perdait, on avait « trouvé blanque », l’expression<br />

signifiant qu’on n’avait pas trouvé ce que l’on cherchait. Le jeu<br />

de la blanque, introduit en France par les Italiens de la suite de<br />

Catherine de Médicis, disparut quand Casanova, inventa la<br />

loterie.<br />

La formule « à la blanque » subsista quant à elle,<br />

signifiant « à tout hasard ».<br />

« la petite loterie » gravure de Poisson<br />

vers 1775<br />

Nouvelles Racines n°93 24

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