Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
LES ŒUFS DE PÂQUES<br />
Nouvelles Racines n°93 5<br />
Marcelle GRISELLE, adh. 610<br />
Pâques, Pascua, Pasqua, Pascoa, Påske,<br />
Påskdagen, Pasen, Paste, Pasxa, quelle que soit la<br />
langue, tous les noms de Pâques se rapportent à<br />
Pessah, la Pâque juive.<br />
Bien avant l’avènement de l’ère chrétienne, les<br />
œufs étaient colorés, bénis, échangés et<br />
consommés dans le cadre des rituels soulignant<br />
l’arrivée du printemps.<br />
Au printemps, les Égyptiens et les Perses avaient<br />
pour habitude de teindre des œufs et de les offrir<br />
pour symboliser le renouveau de la vie. Dans<br />
l'antiquité gauloise, les druides teignaient les œufs<br />
en rouge en l'honneur du soleil. Dans les rituels<br />
païens anglo-saxons, on offrait des œufs colorés à<br />
la déesse Eostre. - Plusieurs cultures païennes<br />
disposaient des œufs dans les tombes ou les<br />
sépultures pour demander la renaissance de la<br />
personne décédée.<br />
L'œuf est symbole de vie et de renouveau, la victoire de la lumière sur les ténèbres, il était tout<br />
désigné pour être associé à Pâques et à la résurrection du Christ.<br />
Il est admis que l'origine des œufs de Pâques date de l'instauration du carême. L'Église interdit la<br />
consommation d'œufs pendant cette période de quarante jours. Il s'agissait donc à l'issue du jeûne<br />
de consommer les œufs qui s'étaient accumulés pendant le carême, en les mangeant<br />
normalement pour les plus récents et en les cuisant puis en les décorant pour les plus vieux.<br />
Si les Occidentaux ne découvrent le rite des œufs chez les coptes d'Alexandrie qu'à l'occasion des<br />
Croisades, c'est parce que l'Église romaine l'avait fait interdire aux Ve et VIe siècles. En France,<br />
les textes qui parlent de cette tradition concernent l'Alsace et remontent au XVe siècle.<br />
Chez les catholiques, les cloches cessent de sonner à partir de la messe du Jeudi qui précède<br />
Pâques, dit « Jeudi Saint », en signe de deuil pour la mort du Christ. On les entend à nouveau à la<br />
fin de la veillée de Pâques, qui précède le jour de Pâques proprement dit. La tradition prétend que<br />
les cloches ne sonnent plus car elles sont parties à Rome. Elles reviennent dans la nuit, chargées<br />
d'œufs en chocolat qu'elles déversent dans les jardins. Le lendemain, les enfants vont chercher les<br />
sucreries qui y sont dissimulées. Avant la démocratisation du chocolat, les œufs étaient naturels et<br />
décorés par les enfants.<br />
Progressivement cette coutume populaire va aussi s'instaurer dans les cours royales, mais elle y<br />
perdra le véritable symbole qui est le sien. A la Renaissance, l'œuf décoré populaire inspira des<br />
artistes : après l'œuf de poule ordinaire, on en confectionna en verre, en porcelaine, en bois... En<br />
l'an 1200, sous Edward I en Angleterre, on retrouve, dans la comptabilité du palais royal, la<br />
somme de 18 pences versée pour l'achat de 450 œufs qui devaient être peints à la feuille d'or<br />
avant d'être distribués aux membres de la famille royale. Les œufs recouverts d'or apportent la<br />
richesse à ceux qui les reçoivent.<br />
500 ans plus tard le roi Louis XIV en fait aussi une institution. D'une part, ses gens devaient lui<br />
apporter le plus gros œuf pondu en son royaume durant la Semaine Sainte et, lui-même, le jour de<br />
Pâques, entouré de grandes corbeilles, distribuait en personne des œufs peints à la feuille d'or à<br />
ses courtisans aussi bien qu'à ses valets.<br />
La surprise contenue dans l'œuf est une tradition qui remonte au XVIème siècle, et certaines sont<br />
même passées à l'histoire tant elles étaient exceptionnelles : c'est le cas de la statuette de<br />
Cupidon renfermée dans un énorme œuf de Pâques offert par Louis XV à Madame du Barry, du<br />
brûle-parfum trouvé en 1770 par Catherine II ou encore de la minuscule poulette cachée dans un<br />
oeuf précieux conservé à Copenhague dans les collections royales du château de Rosemborg.