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Charbonnier<br />
Les charbonniers formaient une communauté à<br />
part. Jamais ils ne se mêlaient aux autres corporations. Ils<br />
avaient leurs propres lois, réglaient leurs affaires entre eux<br />
et lorsqu’ils avaient besoin de main-d’œuvre, faisaient<br />
appel à un gars du « pays », un Auvergnat comme eux, qui<br />
saurait perpétuer la tradition.<br />
Le dimanche, ils se réunissaient chez l’un ou l’autre<br />
pour danser la bourrée, chanter et manger l’aligot.<br />
Les mariages se faisaient entre Auvergnats et rares étaient<br />
ceux qui dérogeaient à cette tradition.<br />
Les charbonniers, ou bougnats, prirent l’habitude<br />
d’ouvrir de petits bistrots à côté de leur commerce de bois<br />
et charbon. Ces débits de boisson attiraient les<br />
débardeurs, les ouvriers et tous les lève-tôt de la capitale.<br />
L’ambition de tout charbonnier était de gagner<br />
assez d’argent à Paris pour pouvoir retourner vivre en<br />
Auvergne, y ouvrir un café et mourir respecté de tous.<br />
Chasse-marée<br />
Ce métier remonte au Moyen-Age. C’était un marchand-voiturier qui approvisionnait la<br />
capitale en poissons. Le Parisien friand de poisson, en faisait une grande consommation. Pas<br />
seulement le poisson d’eau douce, mais aussi le poisson péché en haute mer au large des côtes<br />
de Picardie et Normandie.<br />
Au débarquement, le chasse-marée entrait en action : il emplissait des mannequins d’osier,<br />
de forme longue et ronde appelés, des torquettes. Chaque torquette contenait une seule sorte de<br />
poisson. Son poids était fixe, ce qui évitait les fraudes. Puis le chasse-marée attelait ses chevaux<br />
et fouette cocher ! Il partait à bride abattue vers la capitale. On disait alors : aller d’un train de<br />
chasse-marée, ce qui signifiait aller du train du diable, rouler trop vite.<br />
Le chasse-marée était tenu d’être à Paris pour l’ouverture de la halle aux poissons. Il roulait<br />
le plus souvent de nuit, agitant au passage le grelot suspendu au harnais des chevaux.<br />
Le chasse-marée occupait dans la société une place enviée et enviable. L’obligation était<br />
faite aux services municipaux des villages traversés d’entretenir les rues, afin qu’il puisse circuler<br />
plus commodément. Des corvées étaient organisées pour payer les routes, et nul n’y pouvait y<br />
échapper.<br />
Au point du jour, le chasse-marée arrivait à Paris. Sa traversée de la capitale suivait<br />
toujours le même parcours. Il traversait le faubourg Poissonnière et se dirigeait vers les Halles ou<br />
vers le pont au Change.<br />
Des débardeurs s’occupaient aussitôt des torquettes et répandaient le poisson sur des<br />
pierres immenses en guise d’étals. La vente ne pouvait toutefois commencer tant que le cuisinier<br />
du roi n’était venu choisir les meilleurs poissons. Pendant ce temps, vite toujours plus vite, le<br />
chasse-marée était reparti vers la mer et sa prochaine livraison.<br />
Chauffe-cire<br />
C’était l’officier royal qui apposait le sceau du roi sur les actes officiels. Au nombre de<br />
quatre, ils accompagnaient le roi dans les grandes cérémonies, et marchaient, à cette occasion,<br />
tête nue de chaque côté d’une jument blanche portant le sceau royal.<br />
La cire utilisée était une gomme appelée cire d’Espagne, qui servait aussi à sceller les<br />
lettres. Cette cire provenait de la gomme d’un prunier des Indes orientales.<br />
Ils existaient trois couleurs de cire : verte pour les arrêts, jaune pour les expéditions, rouge<br />
pour tout ce qui concernait le Dauphiné et la Provence.<br />
Nouvelles Racines n°93 26<br />
Gravure de Bonnart, vers 1680