Recueil des textes primés 2010 - Encres Vives
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jamais… Il n’y a pratiquement pas de circulation sur l’autoroute. C’est surtout dans le sens<br />
inverse que le trafic est encore intense, en direction de Paris, mais de son côté, en route pour<br />
le sud, il n’y a presque personne. Dans son rétroviseur, elle distingue les phares de deux ou<br />
trois voitures, qui ne roulent pas très vite. Elle philosophe, un léger sourire de contentement<br />
sur les lèvres : la pluie rend les gens prudents.<br />
Minuit ! Déjà ! Elle étouffe un bâillement. Elle fait un bref calcul dans sa tête. Ça fait plus de<br />
quatre heures qu’elle roule ! Surprise par sa propre persévérance, elle baîlle franchement cette<br />
fois. Elle peut bien faire une petite pause maintenant, tout marche comme prévu, malgré la<br />
pluie. Un petit café lui fera du bien.<br />
Quelques kilomètres plus loin, elle aperçoit l’enseigne du restaurant « L’Arche ». Elle sourit.<br />
Elle met de suite son clignotant et quitte l’autoroute. Il n’y a pratiquement personne, elle n’a<br />
aucun mal à trouver une place de parking située directement devant l’entrée du restaurant. A<br />
l’intérieur, presque toutes les tables sont vi<strong>des</strong>.<br />
Seul, un employé s’active auprès du distributeur de boissons. « Un café, s’il vous plaît. Bien<br />
serré ».<br />
Elle choisit une place près d’une fenêtre et s’installe confortablement. Dehors, la pluie tombe<br />
toujours, plus fort que jamais et on ne distingue pratiquement rien. Ah si, les phares d’une<br />
voiture qui vient de se garer là-bas. Le serveur lui apporte son café et un sucrier. Elle s’étonne<br />
et sourit en même temps. Elle prend deux morceaux de sucre qu’elle fait fondre dans son café.<br />
Comme c’est curieux, ces morceaux de sucre, d’habitude, on a <strong>des</strong> petits sachets de sucre en<br />
poudre, avec <strong>des</strong> caricatures rigolotes <strong>des</strong>sus parfois. A cette pensée, elle ne peut s’empêcher<br />
de s’esclaffer un peu.<br />
Elle ne prête pas attention à l’homme qui vient d’entrer dans le restaurant. Elle porte sa tasse<br />
de café à ses lèvres, encore amusée par ses propres petites réflexions. Ce n’est que lorsqu’il se<br />
tient droit devant elle qu’elle le reconnaît, atterrée.<br />
« T’aurais pas dû me dire que tu n’voulais plus m’voir », lui dit-il, tout en s’asseyant sur la<br />
banquette en face d’elle.<br />
Catherine CASTIN<br />
Köln – Allemagne<br />
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