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Emmanuel Coux - Ballad'Ain

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Ballad’Ain - Mars / 11 - Page n° 8<br />

Côté jardin<br />

Les plaisirs<br />

du printemps<br />

On a beaucoup raconté de choses sur le<br />

printemps. Des poètes aux écrivains en passant<br />

par d’innombrables émerveillés, tous se sont<br />

emparés du sujet. Comme si les encriers dégelaient<br />

soudainement, dès les premières violettes, pour<br />

exciter des plumes nerveuses et impatientes. Des<br />

petites fleurs aux petits oiseaux, sans oublier les<br />

montées de sève, les bourgeons, les morilles et le<br />

retour des hirondelles, tout aura été évoqué avec<br />

emphase. Tout, sauf le jardin potager.<br />

Avec les primevères, le côté bucolique du<br />

printemps s’éveille lentement pour nous tirer<br />

d’une longue torpeur hivernale et pour nous<br />

rappeler qu’il est grand temps de se bouger<br />

un peu…C’est l’époque où les outillages,<br />

négligemment abandonnés dans les remises,<br />

nous reviennent en mémoire, où les souvenirs<br />

de courbatures dissuasives nous invitent à la plus<br />

grande modération. Passé le cap d’une mise en<br />

condition laborieuse on se retrouve hébété, par un<br />

matin ensoleillé, en compagnie d’une bêche, d’un<br />

râteau, et de quelques sacs de fumier compressé,<br />

cela au beau milieu d’un potager en friche.<br />

Histoire de saluer le printemps, avec la<br />

solennité qui convient, on entame une longue<br />

phase d’hésitation. On se trouve partagé entre<br />

une contemplation passive d’un environnement<br />

nouveau, comme si l’on découvrait l’Amérique, et<br />

le profond désir de regagner, bien vite, le confort<br />

de nos doux pénates. Bref, on se demande bien<br />

ce que l’on fait là. Puis, enfin courageux, avec<br />

la volonté farouche d’un défricheur énergique,<br />

on y va d’un premier coup de bêche, puis d’un<br />

deuxième et c’est le démarrage irréversible d’une<br />

nouvelle saison de jardinage. De façon presque<br />

inconsciente on s’engage dans une aventure,<br />

chargée d’angoisses et de satisfactions, dans les<br />

incertitudes du potager.<br />

Après les saines fatigues d’un labourage prudent,<br />

la surface est enfin égalisée, prête à recevoir les<br />

premières graines ou les premiers plançons. C’est<br />

alors que le potager retrouve ses dimensions<br />

quasi cosmiques et que les caprices de la lune<br />

interviennent sur les séquences de plantation.<br />

Pas question d’éviter les lunes montantes ou<br />

descendantes, tout doit être fait dans un ordre<br />

conforme aux variations astronomiques. On scrute<br />

le ciel avec l’attention d’un adorateur primitif pour<br />

savoir quand reviendra le temps des chicorées<br />

frisées, des laitues pommées ou des radis colorés.<br />

Puis, quand tout est prêt à germer, à croître et à<br />

s’épanouir, sous le soleil du printemps, c’est à ce<br />

moment-là que « l’Empire contre-attaque » avec<br />

sa lune rousse et ses implacables saints de glace<br />

: Saint Servais, saint Pancrace et saint Mamert,<br />

une bande de frigides compères, malicieusement<br />

associés, pour nous ramener l’hiver.<br />

Passées ces premières angoisses climatiques, les<br />

plantations rescapées se trouvent confrontées à<br />

d’autres fléaux redoutables. On appréhende les<br />

doryphores, les limaces ou les chenilles, toute<br />

une faune spécialisée, patiemment dissimulée,<br />

avant d’apparaître sur des lambeaux de feuilles<br />

goulûment grignotées. Tenaillé par une humeur<br />

vengeresse, on cherche les parades dans les<br />

magasins spécialisés, là où il n’est pas rare de<br />

rencontrer d’autres confrères contrits, victimes<br />

des mêmes envahisseurs. Entre nous les relations<br />

relèvent d’une sorte de comité de soutien.<br />

Nos échanges sont une sorte de connivence de<br />

sinistrés qui nous rend solidaires et qui donne à<br />

nos discutions un caractère particulier. Lorsque<br />

l’on se retrouve nos salutations adoptent des<br />

usages particuliers :<br />

- Alors, Marcel, ça va, ça pousse ?<br />

- Oui, oui, ça pousse mais l’herbe aussi. Je<br />

vais devoir sulfater…puis butter en attendant de<br />

repiquer… puis labourer avant de replanter et<br />

mettre les premiers piquets….<br />

- Marcel, si ça pousse, c’est que tout va bien !<br />

- Mais faudrait pas que ça gèle !<br />

Après les agressions climatiques régulières, qui<br />

vont de la grêle à la sécheresse, lesquelles nous<br />

font voyager dans les couleurs du Sahel, on récolte<br />

nos premiers légumes ou fruits de saison. Rien<br />

n’est plus satisfaisant que de savourer ses propres<br />

tomates, elles sont toujours exceptionnelles.<br />

Différentes de formes, de couleurs ou de goûts,<br />

on les déguste en éprouvant une sorte de fierté<br />

d’amateur ou de père adoptif gâteux. On est<br />

étonné qu’elles aient pu réussir à croitre malgré<br />

l’acharnement déconcertant de nos maladresses<br />

d’apprentis pour finir en rondelles de salades ou<br />

en sauces à pizzas. Avec elles nos relations sont<br />

presque sentimentales, on les aime d’emblée,<br />

tout en exagérant le pouvoir des éléments nutritifs<br />

qu’elles doivent nous apporter. Des compléments<br />

alimentaires indispensables, lesquels viennent<br />

compenser, partiellement, ceux que l’on a<br />

longuement épuisés dans les plaisirs du jardinage.<br />

Sans doute contribuent-ils à nous maintenir<br />

en forme pour pouvoir affronter les frimas de<br />

l’hiver, dans une bonne humeur de jardinier, et<br />

recommencer, après beaucoup de tentatives, dès<br />

l’année suivante.<br />

Vive le printemps et les plaisirs du potager !<br />

Paul Gamberini<br />

Les fleurs compagnes<br />

des légumes…<br />

Le « compagnonnage végétal » a toujours<br />

fait ses preuves au jardin. Ainsi, les fleurs au<br />

potager, grâce à leurs propriétés attractives<br />

ou répulsives, vont remplacer allègrement la<br />

plupart des pesticides et autres traitements. Les<br />

odeurs, les gaz ou les acides dégagés par les<br />

fleurs déstabilisent les parasites en tout genre,<br />

les repoussent ou les attirent, protégeant en<br />

définitive vos légumes de leurs ravages. C’est<br />

là tout le principe des « jardins de curé » qui,<br />

en étant très productifs, n’en demeurent pas<br />

moins un modèle d’esthétique « verte »…<br />

Pour un mariage fleuri heureux…<br />

Le souci : il éloigne et détourne les insectes<br />

attirés par les salades, carottes et autres<br />

choux.<br />

Le myosotis : installé au pied des framboisiers,<br />

il chasse les mouches pondeuses des vers qui<br />

attaquent les baies délicates.<br />

La capucine : idéale contre les mouches<br />

blanches (aleurodes) qui attaquent tomates,<br />

choux, haricots, carottes et pommes de terre.<br />

L’œillet d’Inde : particulièrement efficace<br />

pour lutter contre les nématodes (des vers<br />

minuscules friands de racines), il protégera la<br />

plupart des légumes.<br />

Le pois de senteur : il attire les insectes<br />

pollinisateurs et permet une meilleure<br />

production de haricots lorsqu’il est planté à<br />

leurs pieds.<br />

La bourrache : particulièrement décorative,<br />

elle attire les insectes pollinisateurs et éloigne<br />

les mouches des légumes-fruits.<br />

Le saviez-vous ?<br />

Les vignerons plantent souvent un rosier au<br />

départ de chaque rang de vigne. Les rosiers,<br />

très sensibles à la plupart des maladies de la<br />

vigne, servent de précieux baromètre aux<br />

attaques parasitaires et autres maladies…<br />

Et pourquoi pas des aromatiques<br />

« compagnons » ?<br />

Elégantes, odorantes et délicieuses, nos plantes<br />

aromatiques sont pourtant souvent cantonnées<br />

au carré qui leur est réservé. Associées à certains<br />

légumes dans tout le potager, elles mettent en<br />

fuite elles aussi bien des prédateurs et parasites<br />

du potager ! Petite revue de détail…<br />

La lavande et la menthe repoussent pucerons<br />

et fourmis.<br />

La ciboulette protège les rosiers contre<br />

l’oïdium et la maladie des taches noires.<br />

Le thym et le romarin protègent les choux<br />

de la piéride.<br />

Le basilic éloigne les mouches et les moustiques<br />

des pieds de tomates tout en renforçant le goût<br />

de ces légumes-fruits.<br />

La sauge repousse les limaces des jeunes<br />

pousses de carottes.<br />

Fabienne Bouchage

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