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î LA GUERRE DE SUCCESSION D'ANTIOCHE (1201-1216) 605<br />
ques arméniens; le roi et le nouveau catholicos, Jean le Magni¬<br />
fique, lui firent un brillant accueil; puis on décida que la sou¬<br />
mission de l'Église arménienne à Rome serait traduite par l'envoi<br />
annuel d'un représentant du Catholicos au Pape et qu'en revanche,<br />
le Catholicos étant introduit dans la communion romaine, aucun<br />
i concile latin ne se tiendrait en Orient sans qu'il y fût invité (13).<br />
"i<br />
i<br />
*<br />
On en revint alors à la question d'Antioche et là Pierre, esprit<br />
j méthodique mais rigide, allait plutôt l'envenimer que l'apaiser.<br />
j Après avoir constaté l'impossibilité d'un accord à l'amiable et<br />
: attendu trois mois en vain que les deux parties se fussent mises<br />
d'accord à sa demande sur la désignation d'un arbitre, le légat<br />
i décida de se constituer juge de lui-même, en vertu du pouvoir que<br />
lui en avait donné le Pape par une lettre qu'il montra au souverain<br />
i arménien. Mais l'attitude des deux adversaires ne facilitait pas la<br />
tâche de Pierre. Léon commença par prétendre que, pour établir<br />
l'égalité indispensable à l'impartialité de la justice, on obligeât<br />
\ Bohémond à abandonner Antioche préalablement au procès, alors<br />
! que le légat se refusait à envisager cette mesure autrement que<br />
I comme une conclusion éventuelle du jugement; Léon finit par rei<br />
noncer à cette attitude mais, à chaque convocation, passait son<br />
J temps à invoquer la juridiction du Pape, à souligner qu'il ne con-<br />
j sidérait le légat que comme son représentant, ce qui, sous couleur<br />
! de manifester son respect pour la cour romaine, n'avait d'autre<br />
objet que de refuser toute soumission à son délégué, ou de la subor¬<br />
donner au degré de satisfaction ju'il lui donnerait. Quant à Bohé¬<br />
mond, trois fois sommé, il trouva trois fois le moyen de se dérober,<br />
d'obtenir de nouveaux délais, si bien que Pierre, se refusant à juger<br />
j sans' avoir entendu les deux parties, remettait sans cesse sa déci<br />
sion; Léon finit par croire qu'il se jouait de lui et avait partie liée<br />
\ avec ses adversaires; il en appela à Rome en repoussant la juri-<br />
j diction du légat (14).<br />
j Du moins, Pierre de Saint-Marcel aurait-il voulu régler la question<br />
subsidiaire de Baghrâs; mais les deux questions étaient liées.<br />
! Par mesure de représailles contre les Templiers qui l'avaient fait<br />
i échouer dans sa dernière tentative contre Antioche, Léon avait fait<br />
(13) Lettre de Léon, Migne, II, 687; Sicard, Migne, CCXIII, 535.<br />
(14) Lettre des Légats (Migne, CLI sq.), et lettre de Léon (Migne, II, 687);<br />
versions souvent contradictoires.