TerraModana n°64

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Le glacier de Chavière pourlèche encore la Pointe
Rénod (3384 m) et l’Aiguille de Peclet (3561 m),
entre 3000 m et 3300 m d’altitude. Si l’on en juge
les indications de la carte IGN 35 34 OT de 1998,
il a reculé de plus de 500 mètres en une décennie.
Il y a dix ans, il avançait jusqu’au premier des
deux lacs Café au Lait... Il en est loin aujourd’hui...
Ce n’est pas le plus grand des glaciers de la
Vanoise, loin s’en faut, mais c’est le plus accessible
depuis Modane. Pour s’y rendre, on emprunte le
GR 55 qui traverse le vallon de Polset. On a ensuite
le choix entre un itinéraire classique empruntant le
col de Chavière, puis bifurcation vers le pied du
glacier de Polset et le lac de Chavière, ou un
itinéraire plus rapide empruntant, après la balise
indiquant la zone centrale du Parc national de la
Vanoise, une zone d’éboulis sur la gauche, qui
remonte assez raide, emprunte le passage des
Epilobe, le couloir des Edelweiss, avec sortie au
petit col de la Bartavelle (passages non mentionnés
sur la carte). Passé le col, on tire ensuite sur la
gauche, à flanc, jusqu’à une petite crête d’où le
paysage s’ouvre tout à coup sur les petits lacs
Café au Lait. Au fond, le glacier de Chavière, s’étire
comme un vieux boa fatigué contre les cirques de
la Pointe du Bouchet, de la Pointe de Thorens et de
l’Aiguille de Péclet. Vieux, mais encore beau, avec
de l’allure même, et tout montagnard indigène
peut être fier de lui. Fier de le posséder encore un
peu, en dépôt de la nature... Curieux de ses
rimaye, de ses crevasses et de ses moraines... Et
dubitatif en constatant son recul affirmé ! La fonte des
glaciers n’est malheureusement plus une galéjade
d’écologistes en mal de notoriété. C’est une réalité,
que l’on peut constater un peu plus chaque année.
Un jour, il n’y en aura plus. La montagne deviendra
sèche.
Mais pour l’heure, réjouissons-nous de ce spectacle
boréal, à quelques encablures de la civilisation.
Le glacier, c’est de l’eau à l’état solide, et dans la
journée même, soumis au rayonnement solaire, il
Les dernières
glaces
Photos Christian SIMON
fond et grossit d’heure en heure le ruisseau noir,
qui coule de son sein, franchit la brèche puis
s’élance dans le vide en longues cascades échevelées
vers le vallon de Polset. Ne cherchez pas l’origine
de son nom : chargé des poussières des pierres
cisaillées par le mouvement du glacier, il sourd,
sombre et fougueux dans la pente, et rejoint plus
bas le ruisseau blanc. L’un est yin, l’autre yang !
En passant les ressauts, le Ruisseau Noir devient
nébuleux et crache ses vapeurs qui s’élèvent dans
l’air surchauffé. Il est midi. Son débit a déjà doublé
et il écumera loin autour de son lit, jusque dans la
soirée ; jusqu’à ce que la température s’abaissant, la
fonte du glacier se ralentisse. En attendant cet
accalamie, plus bas, les eaux noires et les eaux
blanches unissent leurs destins pour former le Ruisseau
Saint Bernard, qui gicle vers Loutraz et embrasse
le projet de l’Arc au pont de la Rizerie. Promeneur, si
tu vas là-haut, réjouis-toi de l’eau sourdant des flancs
du glacier. Car c’est preuve, encore, qu’il existe...
B.C.
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Plus d’infos sur les photos et les ouvrages de Christian et Myriam SIMON sur le site www.duodescimes.com