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Le pain dur - Théâtre du Passage

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Publié le 18/01/2010 à 15:44 <strong>Le</strong> Point.fr - Culture<br />

SORTIR<br />

THÉÂTRE /ATALANTE<br />

<strong>Le</strong> <strong>pain</strong> <strong><strong>du</strong>r</strong>, un Claudel âpre<br />

Par Nedjma Van Egmond<br />

"<strong>Le</strong> Pain <strong><strong>du</strong>r</strong>" est le deuxième volet d'une trilogie composée par Paul Claudel entre 1908 et 1916 © Photo Lot<br />

Après L'Otage et avant <strong>Le</strong> Père humilié , le Pain <strong><strong>du</strong>r</strong> est le deuxième volet d'une trilogie composée<br />

par Paul Claudel entre 1908 et 1916. Si, comme il le dit, "il y a drame là où il y a lutte d'hommes,<br />

de passions, ou d'idées", celui-là en est assurément un, traversé d'éclats d'ironie. La saga retrace le<br />

destin de la famille Coûfontaine, pendant le XIXe siècle. Derrière leur histoire, la grande histoire.<br />

Louis Philippe règne - et son mot d'ordre Enrichissez-vous ! -, l'Algérie fraîchement conquise est<br />

mise en valeur, le pays est in<strong>du</strong>strialisé avec la construction de voies ferrées, la Pologne est<br />

démembrée. Colonialisme, capitalisme, matérialisme, à chaque personnage son dieu et maître.<br />

<strong>Le</strong> vieux domaine familial ? Il sera transformé en papeterie. <strong>Le</strong> fils tue le père - malgré lui - pour<br />

garder sa fortune et sa promise polonaise et finit par lui prendre sa maîtresse juive. <strong>Le</strong>s ambitions<br />

prennent le pas sur les idéaux : héros cyniques et manipulateurs féroces, femmes qui tirent les<br />

ficelles. L'auteur délaisse - en partie - son lyrisme effréné pour une pièce plus âpre, ancrée dans le<br />

temps et illustrant le cours de l'histoire. Plus d'épure, ici ren<strong>du</strong>e par une sobre scénographie. Pluie<br />

ininterrompue. Plateau presque nu, blanc, seulement habité, d'une table, de chaises. Sur le côté, un<br />

imposant Christ sur sa croix qui sera monnayé pour quelques francs. C'est la fin d'une époque...<br />

La langue est virtuose et la mise en scène à l'avenant, avec changements de décor stylisés, quasi<br />

chorégraphiés. Si Lumîr se montre très théâtrale et grandiloquente, Turelure (Hervé van der<br />

Meulen) et Sichel (Agathe Alexis) forment un <strong>du</strong>o de choix. Lui ex-révolutionnaire un peu brut<br />

devenu capitaine d'in<strong>du</strong>strie conservateur, elle femme en quête d'émancipation qui titille le fer dans<br />

la plaie. Agathe Alexis, comme toujours brillante, lui amène sa force et sa grande finesse.

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