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Le pain dur - Théâtre du Passage

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Synopsis<br />

C’est le portrait d’un monde qui n’hésite pas à brader son héritage spirituel<br />

en transformant un antique monastère cistercien en fabrique de pâte à<br />

papier. C’est le portrait d’un régime qui bazarde un vieux crucifix au prix <strong>du</strong><br />

bronze pour le remplacer par l’effigie triomphante d’un roi bourgeois, Louis-<br />

Philippe, dont le mot d’ordre est : « Enrichissez-vous ! ». C’est le portrait<br />

d’une époque imbue de sa modernité, où l’essor conjugué de la technologie,<br />

de l’in<strong>du</strong>strie et de la finance couvre le territoire de voies ferrées, pendant<br />

que l’aventure coloniale prospère dans une Algérie fraîchement conquise.<br />

Dans un tel contexte de férocité économique et de cynisme politique, où les<br />

idéaux collectifs issus des Lumières et de la Révolution sont en voie de<br />

liquidation accélérée, la société se trouve ré<strong>du</strong>ite à une arène où<br />

s’entredéchirent les intérêts particuliers.<br />

Au sein <strong>du</strong> microcosme familial, les secousses telluriques qui agitent<br />

l’ensemble de la société sont souvent amplifiées et l’affrontement y devient<br />

sans merci dès lors que les appétits concurrents ne trouvent aucun terrain de<br />

conciliation. Il s’avère alors que le parricide peut être la façon la plus rapide<br />

de résoudre les conflits de générations et vider les querelles financières.<br />

C’est en tout cas la solution qui finit par s’imposer au capitaine Louis<br />

Napoléon Turelure de Coûfontaine, dont le patronyme improbable résume à<br />

soi seul les bouleversements sociaux d’une époque. Mais la tragédie est ici<br />

ironique, car si le fils prodigue tire deux coups de feu sur son géniteur, c’est<br />

de peur qu’il fait mourir le vieux Toussaint Turelure, l’ancien boucher de 93<br />

promu préfet de l’Empire, puis devenu capitaine d’in<strong>du</strong>strie, réactionnaire et<br />

avare.<br />

La virile empoignade <strong>du</strong> père et <strong>du</strong> fils ne serait au fond que le énième<br />

remake d’un immémorial combat de coqs, n’était-ce la présence de deux<br />

admirables personnages féminins, la maîtresse juive de l’un et la fiancée<br />

polonaise de l’autre, qui, pour des motifs certes fort différents, se coalisent<br />

pour armer et guider le bras <strong>du</strong> fils et confèrent ainsi à son geste homicide<br />

une complexité et une portée inatten<strong>du</strong>es, chacune de ces deux Electre étant<br />

en quête d’un bien infiniment plus difficile à obtenir que l’argent, quelque<br />

chose que l’on pourrait définir comme un lieu à soi sur terre.<br />

<strong>Le</strong> Pain Dur fût mis en scène pour la première fois en France en 1949<br />

au théâtre de l’Atelier sous la direction d’André Barsacq, qui en assura<br />

également la scénographie et les costumes, avec Pierre Renoir (Turelure),<br />

Germaine Montéro (Sichel), Jany Holt (Lumir), Jean Servais (Louis), Paul Oettly<br />

(Ali) et P.-J. Moncorbier (Mortdefroid).

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