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Avec lui, les militaires assumaient leur débâcle et plaçaient à la
tête du pays un véritable Spartacus du temps jadis. Il était dit
que le combat n’était pas fini.
Des photos de ce maréchal traînaient sur tous les murs.
Dans les journaux. Dans les bâtiments publics. Dans les
administrations. Aux coins des rues.
Son sourire se mettait à me hanter, dès que, les yeux fermés, je
m’apprêtais à rejoindre les bras de Morphée. Avec lui à mes
côtés, je ne pouvais croire qu’en un avenir radieux. Il avait su
être si courageux dans son passé qu’il nous dirait ce qu’il
faudrait faire pour ne plus nous tromper. En plus, il admirait
tant la jeunesse et sa capacité à braver les dangers, tous les
dangers qui menaçaient notre nation déboussolée, que j’avais
avec lui encore de quoi rêver. Ce Maréchal avait dans ses yeux
un éclat si valeureux que tous les contes merveilleux semblaient
pour de vrai. Il déclarait même, à qui voulait l’entendre, que
tous les Français étaient ses enfants. Il se proposait donc d’être
notre père, notre grand-père ou notre arrière-grand-père à tous.
Comment aurais-je pu résister à de tels arguments ?
En ancien âne têtu, petit pion perdu, n’ayant plus de parents,
plus d’autorité à respecter ou à contredire, il me fallait bien
croire en quelqu’un. La mode de l’époque faisant, je me sentais
prêt à me livrer aux bras de ce vieux papi si rassurant.
Pourtant certains opposants, qui ne purent ni faire entendre leur
voix durant les déménagements successifs de notre
gouvernement depuis Paris jusqu’à Vichy via la Touraine puis
Bordeaux, ni se soumettre à une telle nomination, ont préféré
agir en souterrain et préparer la réorganisation d’une rébellion à
venir. Ils voulaient garder la tête droite dans leurs bottes.
Droite. Oui, mais ailleurs. C’est ainsi qu’un dénommé De
Gaulle, supputé filleul de Pétain lui-même - soit dit en passant
pour le côté m’as-tu vu ce que je t’ai lu de l’histoire - lança un
appel à la résistance depuis une île où il était parti se réfugier,
lui ; au pays du « cup of tea l’auriculaire en l’air» : l’Angleterre !
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