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Un petit retour en arrière s’impose alors à nous.
C’était un après-midi. Je promenais mon regard dans les recoins cachés
d’un jardin aux allures abandonnées et m’arrêtais pour contempler les
nonos du chienchien, une niniche au caniche à sa mémère, un arbre
excentrique cherchant la lumière, la couleur des volets scellés dans les murs
de pierres ou la forme des fleurs en train de s’effeuiller dans les airs…
Un rien m’épatait. J’étais avide de tout ; de tout saisir – par les mains, les
pieds et le nez que le Créateur m’avait offerts.
Un bout de bois prolongeait parfois mon bras et rythmait ma progression
de portail en grille, de maison en pavillon le long des rues et avenues.
L’orchestration, telle était l’unique objet de toute mon attention. Valait
mieux d’ailleurs, car côté discrétion, mon déplacement laissait plutôt à
désirer et je n’observais que fort peu de comportements inopinés. Mais
bon… chaque promenade a ses raisons d’admiration pour peu qu’on sache
garder les yeux bien ronds.
Une fois d’ailleurs, ma déambulation me fit tomber face à un homme
tout fripé par le vent, assis à même un solide banc de racines toutes vertes.
Surpris par la présence de cet humain si étrangement fagoté, j’ai pris place
à ses côtés comme si de rien n’était, le dévisageant craintivement par à
coups, comme pour mesurer les risques que je prenais. N’allait-il pas me
mordre par derrière les mollets ?
La nuit étant tombante, l’éclat de ses yeux se commuta en un laser à
infrarouge. Il semblait m’examiner, puis me sourire discrètement. Moi,
qui n’étais qu’une pauvre petite souris s’ébahissant devant un morceau de
gruyère accroché à un fil de fer, je n’en menais pas large, car, malgré cette
inspection dans les règles de l’art, le papi paraissait sur la défensive, tel un
chat prêt à bondir.
Un nouveau sourire de biais ? De moi. De lui. Tentative de séduction
pour ferrer une proie ?
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