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MUSIQUE ET POUVOIR ENTRE LA PÉRIODE CAROLINGIENNE ET LOUIS XIV
Ce pouvoir, plus particulièrement celui de la melopeia, fut
totalement occulté par saint Augustin, Père de l'Église dont l'influence
s'étendit jusqu'au XIII e siècle ; dans son De Musica, il n'est question que de
rythme. L'auteur des Confessions n'accordera à la mélodie pure que le droit
de traduire par un élan de la voix, le jubilus, la joie immense dont déborde le
cœur de l'homme lorsqu'il contemple sa Divinité et que les mots sont
impropres à la décrire 26 . Or c'est justement parce qu'elle sait exprimer
l'indicible et le non-dit que le pouvoir l'a utilisée.
Charlemagne en fit l'instrument favori de l'unification de son regnum
et Louis XIV celui de son insoumission à Rome, tandis que Jean XXII avait
souhaité en faire un outil de soumission et un chemin vers l'humilité. Propre
à donner une image de puissance par la splendeur de ses polyphonies, elle a
aidé des groupes sociaux laïcs, composés d'individus sans réel pouvoir
personnel à se faire reconnaître par la société de leur temps. Media de
prédilection enfin, elle a permis à la critique satirique de se faire entendre
haut et fort.
26 ... Gaudens, homo in exultatione sua ex verbis quibusdam quae non possunt dici et
intelligi, erumpit in vocem quamdam exultationis sine verbis..., Saint Augustin, Expositio in
Ps. IC.