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siecle - Accueil - Université Paris-Sorbonne

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LES MESSES ECCE SACERDOS MAGNUS ET UT RE MI FA SOL LA DE PALESTRINA DANS LE<br />

MANUSCRIT BOURDENEY<br />

différentes chantent en même temps, quoiqu’en parties séparées, les<br />

imprimeurs ont choisi de présenter les quatre voix en vis-à-vis sur deux<br />

pages.<br />

Ce dispositif n'est certes pas anodin : dans un contexte de constantes<br />

innovations technologiques, l'imprimerie musicale a développé depuis le<br />

début du siècle une abondante littérature musicale en parties séparées : le<br />

retour à une présentation fortement connotée, que l'on peut qualifier dans ce<br />

contexte de traditionnelle, coïncide avec les tensions idéologiques du second<br />

XVI e siècle. Dans l'effort de reconstruction catholique, la seconde moitié du<br />

siècle voit se développer tout un arsenal de mesures de contrôle de<br />

l'imprimerie, pas seulement de contrôle de l'imprimerie musicale.<br />

L'évolution mondiale du nombre de livres imprimés s'en ressentira<br />

d'ailleurs. Même si cet effort de présentation des imprimeurs n'a pas de<br />

lendemain, on peut sans hésiter le rattacher à une forme de refondation et de<br />

recentrement sur des valeurs traditionnelles. Le volume entier est adressé à<br />

Jules III, notamment par le biais de la dédicace. Rappelons que ce premier<br />

livre de messes est la première grande publication du tout nouveau maître de<br />

chapelle de Saint-Pierre de Rome. Dans ce recueil emblématique, la<br />

première messe est précisément la messe Ecce sacerdos magnus. La<br />

dédicace est en outre renforcée par l’apposition du blason de Jules III à<br />

chaque nouvelle entrée de l'antienne au cantus firmus.<br />

Ce marquage de la personnalité du destinataire est tout à fait<br />

représentatif d'une pièce de circonstance avant 1550. Tout se passe comme<br />

si le geste musical devait être rendu sensible aux mécènes, ou patrons, par la<br />

juxtaposition de signes visuels permettant une meilleure compréhension des<br />

efforts du musicien pour remplir son rôle. Non que le mécène soit incapable,<br />

tant s'en faut, d’apprécier une œuvre musicale de grande qualité. Mais la<br />

question est plutôt celle de savoir s'il y a « une étiquette sur le cadeau ».<br />

C'est une chose que de savoir décrypter une délicate attention artistique, c'en<br />

est une autre de pouvoir la manifester aux yeux de son entourage proche ou<br />

plus lointain. Il est sans doute encore souhaitable, en 1550, d'accumuler les<br />

signes par lesquels l’œuvre se rattache au destinataire. D'une certaine<br />

manière, la disposition même de cet imprimé, ainsi que l'utilisation<br />

signalétique du blason de Jules III, correspondent en réalité à une vision<br />

archaïque du support imprimé, si l'on entend par archaïque une vision<br />

proche que celle du manuscrit : voix séparées mais en vis-à-vis, lettrines<br />

historiées, enluminures, personnalisation du support.<br />

En 1570, l'histoire a considérablement complexifié et radicalisé les<br />

pensées et les sentiments religieux des hommes du XVI e siècle. Pour<br />

Clément VIII, Palestrina écrit une messe extraordinaire, la messe Ut Re Mi<br />

Fa Sol La à six voix, publiée à la fin de son troisième livre de messes<br />

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